Le voici enfin le premier album de Powell. cette huluberlu à l' humour caustique qui fait de l' électro post-punk NO Wave. Une nouvelle fois il va foutre le bordel. Certains vont le haïr ou juste, ne pas comprendre. D' autres vont adorer parce que c'est "cool" sans réellement piger. D' autres encore vont aimer parce que ce disque, ce personnage, sa musique, sa vision, son label, ses collaborations, son art du marketing, absolument tout chez lui nous sont "nécessaire" en 2016. Plutot que d' écrire encore une fois sur sa musique comme d' autres sont capable de vous parler d' un plat en sauce ou d' un pinard pendant des heures à grand coup d' adjectifs vides de sens piqués dans les communiqués publicitaires j' ai préféré vous donner seulement des clés .
C' est quoi ce "Sport" . C' est l' équivalent d' un livre (une revue en fait) publié fin des années 50 et au cours des années 60. Plus précisément, de sa couverture. Un jour des types ont décidé que l' art c' était une arnaque. Qu'il ne changerait rien à un monde qui devait déjà l' être à l' époque. L' art devait faire partie du quotidien et sortir des musée dans lesquels on l' enferme à double clé pour pas que ça donne des idées au bon peuple. Qu'il fallait en quelque sorte faire table rase du passé. Pour celà et afin d' annoncer clairement leurs intentions avant même que vous ouvriez et lisez le livre ils ont fait faire une couverture à nul autre pareil. Une couverture métallique imitant le papier de verre aux qualités abrasives très agressives afin d' effacer les couvertures des autres livres dans les bibliothèque. La musique de Powell c' est ça. Faire table rase du passé. Le prendre et le charcuter. Sampler et massacrer. Faire du boucan inaudible et surtout pas une musique "agréâble". Ou du moins une musique fonctionnel à simple vocation hédoniste. Quelque soient les goûts. Faire réfléchir par l'inconfort. Trouver de la beauté ou de la pertinence dans l'inconfort. Une musique anti-confort consumériste. Ses armes sont le bruit,la cacophonie et l' atonalité . Le détournement et les fausses accroches. Désappointer le "client". Le violenter dans ses attentes et son individualisme, il accepte bien au quotidien d' autres formes de violences bien plus vicieuses et destructrices. Il joue avec vos réflexes pavlovien de bon petit consommateur de musique pas comme les autres. Ici on veut quelque chose qui ne ressemble à rien d' autres et ne soit pas assimilable par le premier hipsters venu. On a dépassé le cadre opposant Mainstream/Underground. Mais peut-être est-on dans le cadre Passivité et activisme. De toute façon, Powell a lui aussi compris que le curseur bouge en permanence. Que ce qui faisait rebel et contestataire en musique est vite récupéré et plus du tout pertinent. Sauf à tomber dans la ghettoïsation. Et ce n' est pas parce qu'elle ne touche qu'une minorité qu' elle est fatalement non-conformiste. Vous croyez que vous êtes un rebel en écoutant Thee oh Sees? Cette musique n' a plus rien de l'inconfort de l' anticonformisme du rock en 67 ou du punk en 76. Elle est assimilée, digérée, recrachée, institutionnalisée et caricaturée. Vous ètes surtout très CON-servateur. Vous répondez par un choix discipliné et autant grégaire que la majorité. A la différence de cette dernière vous assumez inconsciemment le chacun chez soi. C' est votre dogme. Votre religion. Et votre défaite. Vous dites que Picasso est un génie mais n' avouez jamais à quel point vous trouvez ses tableaux "moche". Votre culte et votre dépendance de la religion du goût individuel perdra votre sens critique.
Le fameux livre pour nettoyer votre bibliothèque
Ce disque est inaudible et génial. Tout pourri et fantastique. Débile et intelligent. Il va nul-part et pourtant indique le chemin à suivre. Désagréable et utile. Powell fait de la musique comme ceux cité plus haut, Powell fait comme la No Wave New Yorkaise. Il le revendique. Ecoutez au moins une fois DNA, Theoretical Girls, James Chance & the Contortions, Teenage Jesus and the Jerks, Mars et d' autres. Ecoutez ces actes de bravoure et d' honnêteté vieux de 40 ans. Powell est leur enfant et un lointain descendant de Captain Beefheart. Sa différence est son époque et celle qui l'ont précédé. Il détourne ce que l'on appelle l' électro et sa culture dancefloor. En Allemagne c' est Janus d'une autre façon. La culture pop subit le même outrage et cette table rase des habitudes par ferraro et Onéohtrix Point Never. De la musique dance indansable. Certains vous diront que ce disque est "punk" mais inabouti. "Punk" mais mal foutu. "Punk" mais raté. "Punk" mais inécoutable sur la longueur. Ils n' ont rien compris au punk. Ils ne comprendront jamais rien parce qu' ils sont le problème. Pour conclure et démontrer tout ce qui précède et pourquoi certains ne comprendront donc jamais rien voici un extrait de chronique. Au début l' auteur nous explique qu' il avait adoré un des tous premiers titres de Powell, le très sage et passe-partout "The ongoing significance of steel and flesh". Puis ça se gate. Et arrivé à la fin le masque tombe et le seul argument offert tient dans ces quelque lignes:
"Maybe I’m missing the point in this, or maybe I’m not sarcastic enough to get it, or too much of a dweeb to get the reference points and the deliberate shonky warping, but in all honesty, it gave me a headache. If it’s a true spirit-of-punk vibe he’s going for, then again, mission well and truly accomplished."
Soit approximativement : "Peut-être que je manque le point dans ce domaine, ou peut-être je ne suis pas assez sarcastique pour l'obtenir, ou trop bête pour obtenir les points de référence et la déformation voulue, mais en toute honnêteté, il m'a donné un mal de tête. Si c' est dans le vrai état d' esprit punk, alors oui, là encore, la mission bel et bien accompli." L' éternel excuse et chantage de ceux qui ne veulent ou peuvent pas comprendre quand une chose leur échappe ou risque les remettre en question. "Prend moi pour un con" en guise d' argumentation. Auquel il va falloir dorénavant répondre: "Un con, peut-être, mais un connard pour l' avenir, certainement !"