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DANCING
WITH
THE
NOISE

Trish Keenan, Broadcast

FIS, quand la technologie parle de la nature.


Dès l' annonce de la signature chez Subtex d' Oliver Peryman aka FIS je me suis fait une série de réflexions cocasses et franchement légères. "Nicolas le Jardinier chez Hubert Reeves" puis, "Mais que va foutre un biologiste écolo chez les astro-physiciens!". Ensuite j' ai plus pensé musique : "Si Roly Porter et Paul Jebanasam pouvaient lui refiler leurs méthodes et leurs équations mathématiques pour plus de concisions!". Dans les trois cas j' avais fait preuve de précipitation et même d' une sacrée malhonnêteté envers le Néo-Zélandais. Que FIS fricote avec Porter et Jebanasam n' a rien d' une bizarrerie et tient même d'une logique imparable quand on cherche de plus en plus en profondeur. Une fois passée en revue l' utilisation commune de drones et d' éléments noisy on pouvait effectivement se dire que le Néo-zélandais était à l' opposé des deux autres en n' ayant pas la tête dans les étoiles et leur amour des sciences physiques. FIS semble s' être toujours inspiré de ce qui se passe sur terre et préférer les sciences Naturelles ou ethniques. FIS n' a pas eu non plus besoin des deux autres pour me charmer et même me bluffer. Mais j' étais ressorti de son premier album "The Blue Quicksand Is Going Now" avec quelques infimes regrets malgré son classement dans le top 2015. Il n' atteignait pas les hauteurs promises par ses flamboyants eps précédents . "Iterations" et surtout "Preparations" (2ème dans le top 2013 de DWTN) avec le titre hallucinant "DMT Usher". Avec ce seul morceau il en avait retourné plus d' un au point que certains (même votre serviteur) se mirent à voir en lui le potentiel d'un Burial ou d'une Holly Herndon. Le deuxième essai sera le bon et FIS retrouve sa place en tête du peloton. "From Patterns to Details" sera dans les premières places en fin d' année et Subtext fait preuve d' une ligne directrice très forte et limpide avec leurs trois albums.

Pour bien parler d' Oliver Peryman et tisser le lien qui l' unit avec eux autant que je me laisse aller au recyclage des articles concernant les deux autres de Subtext (on tachera ne pas trop oublier Emptyset). De Porter et de Jebanasam j' écrivais sur leur "art d' évoquer la nature et l' humanité, le corps et l' âme, le tout via la technologie". Toujours sur eux l' expression "de l'infiniment grand à l' infiniment petit" était un leitmotif de mes chroniques. C 'est à peu de choses près valable pour Peryman comme le titre l' indique si justement,"From patterns to details". Dans ce dernier FIS offre comme jamais une musique aussi cinématique que celles de Porter et Jebanasam. Lui qui était bien plus marqué par la culture dancefloor et drum & bass à ses débuts dévoile dorénavant de solides structures narratives. C' est peut-être ça qui avait manqué pour un peu mieux organiser le bordel d' idées et de sons de son premier album. Les ambitions de Peryman semblaient trop lourdes à porter pour ses épaules sur long format. Sans les revoir à la baisse il réussit enfin à les affiner et à les atteindre avec succés.

Comme les deux autres son but est de représenter le monde organique dans sa complexité, de démontrer que tout est lié dans la nature, le corps externe et les émotions internes par exemple. Et ce, par l'utilisation de la technologie numérique en n' hésitant pas non plus à tisser des liens entre cette dernière et la nature. En nous montrant qu'il ne faut pas les opposer systématiquement, que l'on peut même percevoir une certaine coexistence pacifique parce qu' elles fonctionnent parfois de la même façon et que les similitudes sont nombreuses. Et ce ne sont pas de l' utopie et de la naïveté du savant fou enfermé dans son labo ou son observatoire vouant un culte irraisonné et irresponsable pour la technologie qui avance ceci. Peryman est aussi un concepteur en permaculture dans le civile. Un de ces types fin connaisseur de Mère Nature qui mêlent écologie et tradition pour concevoir des façon de faire plus respectueuses et applicables dans bien des domaines. Laisser la nature faire plutot que trop la forcer. Peryman dit agir de la même manière quand il crée sa musique via le numérique. Il laisse une certaine liberté à ses logiciels et par la suite observe méticuleusement ce que cela donne. Son disque prouve à quel point le résultat s' apparente aux fonctionnement organiques des choses.

Dans leur musique et leurs discours on peut entrevoir une certaine spiritualité chez Porter et Jebanasam. Encore une fois cette caractéristique est partagée dans FIS. Et encore une fois sa passion pour la science ethnique et les cultures du passé où il en est beaucoup question sautent aux oreilles. La permaculture étudie beaucoup et use également des traditions ancestrale pour atteindre l' équilibre dans les relations de l'homme avec la nature. Son passé d' ancien étudiant spécialiste sur la Colonisation et ses méfaits sur les peuples colonisés doit aussi rendre un sacré service à celui qui a choisit par goût pour le paganisme le nom d'un concept gaélique. FIS signifie "Connaissance secrète". Il est vrai que découvrir "From Patterns to details" s' apparente à percer les mystères et les structures d'un labyrinthe fait d' arbuste (le monde organique) pour ensuite en sortir et pouvoir le contempler d' en haut. Les drones par leur utilisations et la sensation de zoom bi-directionnel ressentie par les réverbérations et les montées puis les descentes agissent comme si Peryman utilisait un microscope dans la nature pour l' étudier, après (ou avant) l' observation à l' oeil nu. Peryman a l' art de nous expliquait par les sons comment un tout petit parasite en s' attaquant aux racines peut avoir des conséquences gigantesque sur la vue d' ensemble du labyrinthe. Un sens aiguisé du détail qui se voit également dans l' attention que le Kiwi porte aux textures et aux sound-system durant ses prestations scéniques. Il existe bien des différences avec Porter et Jabanasam qui par exemple alternent quant à eux le microscope et le télescope. Comme chez eux les drones apparaissent et disparaissent mais chez FIS la place du silence et les moments calmes sont plus rare. La vie, les sons, sont partout présents sur terre à la différence de l'espace. FIS à l' image des sons utilisés laisse entendre que la diversité est bien plus présente dans la nature terrestre que dans l' espace et la matière. Plus riche et variée. Plus fragile aussi quand un changement infime sur un drone change toute la narration d'un titre. "From patterns to details" est une totale réussite. Fruit d' une réflexion riche et ouverte ce disque un brin intimidant par son aspect bruitiste est paradoxalement un puissant baume agissant en profondeur avec précision pour soulager de la rudesse de notre époque. Par moment une certaine forme de psychédélisme bruitiste me rappelle les riches heures dronesques des Yellow Swans. Il est à noter que Peryman adore un autre artiste spécialiste des attaques sonores bien plus futées,pertinentes et justes que laissent croire leurs apparence barbares, Brood Ma (lui aussi classé en fin d' année assurément). Si son boucan vous fait peur et que vous trouvez ses manières musicales un peu frusques, détrompez-vous et faites lui confiance. FIS comme Brood Ma est un barbare de la civilisation alors que d' autres apparemment plus facile d' approche par un certain raffinement ne sont que des civilisés de la barbarie.

PS Je suis tombé sur ce que faisait la petite copine de Peryman et c' est pas mal non-plus. En attendant les futurs travaux de Peryman à base d' instrumentation traditionnelle réalisés en collaboration avec un anthropologue Maori. Leur live au CTM de Berlin cette année a parait-il fait très forte impression.


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