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DANCING
WITH
THE
NOISE

Trish Keenan, Broadcast

La Femme, bastard pop chez les sociaux-démocrates.


Deuxième album pour ce groupe français en provenance de Biarritz. Parler de cet album sereinement se révèle difficile tellement l'emballage médiatique les concernant est gigantesque. Un emballage qui floute, qui attise, qui aveugle et divise faussement. Les réactions du publique sont tout autant révélatrices et symptomatiques. La nature même de ce phénomène est à décrire et devient ainsi passionnant par ce qu' elle révèle de notre vieux pays et des fractures en son sein. Et celà dépasse le simple domaine musicale. Des fractures cachées depuis longtemps sont devenues béantes mais certains ne les voient que par instant quand à d' autres moment ils proposent d' y remédier (via La Femme) d' une manière totalement infertile si pas contre-productive. Tout dépend de quel coté on se trouve. Parlons musique d' abord et on verra le reste ensuite .



LA MUSIQUE


Ce qui marque dès l' entame du disque c 'est sa production. Très propre, soignée en apparence. Un semblant de modernité. Comme l' impression que donnent certaines ressortie remasterisée de classiques du passé. "Refait à neuf". Mais cela a peut être aussi à voir avec le contenu comme on le voit plus bas.

L' album est long. Très long. 16 titres. Plus d'une heure de musique. Cela me rappelle le passage du format vinyle au format CD dans les 90's quand les groupes se sont sentis obligé de remplir à tout prix le nouveau format bien plus grand que le précédent. Ce mode opératoire est vite passé de mode pour de bonnes raisons. Ils sont rares de nos jours ceux qui s' y osent. Courageux les La Femme. Mais l' exercice est loupé et comme il était facile à prévoir une sensation de vide côtoie celle de la répétition. L' état d' esprit qui nous est offert est rock et punk mais avec le vocabulaire pop et le tout dans la plus pure coutume de la chanson française avec son amour irraisonnable de l' humour et de la dérision. Une phrase dit "En France on n'a pas beaucoup d' humoriste mais qu'est-ce qu'on a de comiques". Je rajouterai "en France on a pas beaucoup de talent musicaux mais qu'est ce qu'on a de musiciens comiques". La tarte à la crème et une certaine "impertinence" cachent beaucoup de vide en matière d' idée purement musicales. Peut être un complexe d' infériorités et un abandon. La Femme est plus à classer chez les humoristes façon Dutronc ou Ferrer que chez les comiques. Mais malheureusement ils tombent aussi ou, vont être perçus, du mauvais coté. Un peu comme Katerine en son temps. La Femme apporte un petit renouveau en France. Du moins, ils offrent une rareté. On n' est pas dans une niche stylistique préhistorique bien définie (cf Jean Claude Satan et d' autres). Certains toxico de la caricature rock et de l' étroitesse d' esprit vont s'y casser les dents. Des influences un brin plus large qu' à l' habitude en France. Une érudition qui peut étonner. On va vite voir pourquoi cela n' est plus gage d' originalité ou un outil précis pour le jugement et l' appréciation. Le curseur s' est déplacé si le regard vient du passé. Cette érudition était peut-être systématiquement synonyme d' ouverture d' esprit, d'une forte volonté de changer les choses. Mais c' était il y a longtemps, avant internet. Et puis observer bien les références et les emprunts de La Femme. Les plus récentes ont plus de vingt ans! Plus vieilles que les membres du groupe et ça explique bien des errements. Parce qu' aussi le lien que ce pays entretient avec sa musique populaire dévoile par exemple une très faible érudition dans chacune des chapelles sur la musique des autres. Et encore moins une approche globale sociologiquement et géographique, intergénérationnel et sur le long terme historiquement. Une approche refusant l' intégration d' autres domaine de réflexion que celles purement divertissante. Et quand ça arrive, ça manque de pratique

.Sur la longueur ce disque donne l' amer impression qu'une recette facile est répétée. Systématique.

Vous vous rappelez de la Bastard-pop (ou mash-up). Cet art de mélanger des musiques bien référencées pour le plus grand nombre pour créer la surprise via des associations surprenantes et booster nos soirées. C' est à cela que me fait penser ce disque et le charme que certains peuvent lui trouver. Un certain art ni trop grossier mais aussi ni trop subtile pour que cela se voit suffisament du carambolage des références. Mais comme avec le Mash-up on est très loin de l' art et de la réflexion du détournement des nouveaux courant avant-gardistes (Vaporwave, Lopatin, Post-club, Post-internet etc etc). Le but n' est pas du tout le même et si cela l' était c' est encore loupé.


Comme avec beaucoup de leur génération c' est à un véritable problème psychiatrique et psychologique que l'on est confronté. Le "Transfert". Passer de la variété yéyé à la New Wave en mariant France Gall avec les synthés ou faire rentrer au chausse pied la culture indie des 90's en plein milieu d'un hit de Plastic Bertrand ("Tatatiana") ça peut le faire une fois. Ca peut épater et surprendre.

Leur art démontre une certaine intelligence et malice absente chez les bas du front mais c'est donc un art résumable en une simple recette. Recette symptomatique du déni face au Transfert. La Femme se fait ou, nous fait, parfois très très mal quand la névrose saute enfin aux yeux par des anachronismes défaisant les bonnes volonté du groupe. Un malaise prend l' auditeur quand il voit un Daniel Darc revenu des 80's déambuler dans "SON" Paris de 1980 et se mettre à parler de réseau sociaux ("SSD"). Dans "Psyzook" c'est un prénom venu d'un lointain passé et plus du tout utilisé (sauf dans certains milieux aisés adorant le vintage) qui jette le froid de l' anachronisme. Un anachronisme voulu ou pas mais un anachronisme qui trahit une certaine maladresse. A force de la jouer avec la France de Roger Giquel et Giscard (la France de Darc) pour tenter de décrypter notre époque le transfert émotionnel a accouché d'une horreur. De plus la recette a déjà été faite avant. Et les petits enfants répètent ce que leur parent avait déjà emprunté aux grands-parents. Sauf que les parents en avaient conscience. Ainsi le goût prononcé du vintage et du kitch, de toute époques ou genres (glam, variété yéyé), évoquera immanquablement des gens comme Stereolab ou même Pulp. Pulp oui, mais en moins working-class. Et puis si Darc et Jacno (moins clairement) sont présents indirectement ou pas c' est l' hombre du père des deux qui plane. Le roi de la pop française des 60's et 70's. Une ombre que des types comme Dominique A par exemple avait su éviter. Quand la pop anglo-saxonne version française va tuer le père? Il faut tuer Gainsbourg. Ou du moins son souvenir. Bruler l' héritage. Les basse de mélodie Nelson pullulent et quand la recette facile consistant à marier Gainsbourg avec des synthés un brin rétro-futuristes sensés être la nouveauté alors on tombe encore sur du déjà vu. Air !

Ce problème est typique de ce qu'est La Femme. Un groupe de la génération post-internet qui ne le sait pas ou ne l' assume pas, et en ignore (le déni) l' une de ses caractéristiques. Un groupe nourri du passé musicale disponible sur internet. Abreuvé jusqu'à l' overdose et incapable de gérer l' omniprésence du passé. Incapable de voir son époque avec SON regard plutot que celui du père et du grand-père. Si Tout désirs créatifs, de nouveautés ou d' innovation sont réels chez La femme ils sont tués dans l'oeuf. Ne penser que par la passé. Ce disque me fait penser à un autre dans un tout autre style mais qui semble avoir des similitudes dans la démarche. Le "Redacted" de Not Waving. Les La Femme puisent dans le référenciel culturel 60's et 70's pour parler de notre époque. Comme je le dis dans la chronique concernant Not Waving (par ici) l' italien fait aussi ça mais le résultat dévoile toute l' erreur et la contre-productivité des français. LE RESTE

L' emballage médiatique autour de la sortie de ce disque n' est pas une nouveauté. C' est une habitude chez nos médias et l' industrie musicale (Woodkid, JC Satan par exemple). Mainstream comme underground. Cette dernière agissant comme la première alors qu'elle est censé critiquer et être une alternative. De plus les transfuges de la presse "underground" du net vers les médias mainstream sont une tradition. Il s' agit bien ici d'une caste dans laquelle pour rentrer il ne faut surtout pas faire de vague. Un peu, on est censé être dans le milieu culturel et "rock", mais pas trop quand même et le nivellement par le bas est la conséquence. Le Plan de carrière est à respecter sinon... D 'un coup tous semblent allez dans le même sens et un groupe pris au "hasard" (faux hasard mais vrai logique industrielle et commerciale) devient "Le sauveur". Et ça, ça agace un publique pas si dupe mais parfois trop résigné. "Résigné" jusqu'à quand? La grande question qui plane sur toute la société française du règne Hollande depuis quelques temps. La question que ne se posent pas ces gens-là. Ils devraient. Histoire de sauver leurs fragiles arrières. Mais le sauveur de quoi exactement? Le sauveur "de la musique" en France nous dit on. "De la musique"? "De quelle musique?" Là encore personne n'est dupe et tous savent que c' est une industrie et une classe professionnelle et sociale qui tente de sauver sa peau et un système après la révolution internet. De protéger ses acquis face au rebattage des cartes qu' elle ne cesse de stigmatiser quand elle ne tente pas la récupération maladroite. Pour qu'il y est un "renouveau", "un bol d' air frais" en art, faut qu'il y ait de la nouveauté. Un truc novateur ou révolutionnaire. Et curieusement, systématiquement, ils évitent ou loupent les opportunités d'une manière bien propice aux soupçons de tout genre. La confiance est rompu entre les critiques rocks et leur lecteurs (ce qu'il en reste). Comme pour les autres médias. Visiblement ça les gène pas eux aussi. Comme je l' ai écrit plus haut rien de "nouveau" dans La Femme et leur vision trop marquée par le passé. Tout le monde le voit et ce n'est pas qu'une question de goût. Enfin disons que certains ne veule pas trop voir ce fait évident. Les plus lucides sont justement ceux censés n' avoir pas goût ou d' érudition. La mode vintage est un exemple. Omniprésente dans la classe moyenne, elle est perçu comme ringarde chez les couches inférieurs. Regardez les baskets dans la rue. Elles disent beaucoup de choses sur le sujet de la nostalgie.

Notre presse est l'une des plus fébriles du monde. L' une aussi atteinte le plus fortement de panurgisme. Normal pour un si petit monde si peu diversifié. Et le publique est à son image faute d'un vrai travail indépendant de journaliste, défricheur et ! Pédagogue. Parlez avec eux et ils vous expliqueront pourquoi La Femme ou ses équivalents. Ils vous diront que le publique français est fermé d' esprit. C'est pas leur faute et rien ne pourra changer. Cette argumentation reposant sur rien d' autres que sur un manque de courage et une acceptation des faits établis est la même sur bien d' autres domaines comme cet article de Médiapart le démontre ("Les insidieuses oeillères des vieux mâles blancs programmateurs de musique"). Article que je vous conseille juste parce que le vieux quadra, blanc,hétéro du bas de la classe moyenne que je suis s' en tire avec les honneurs via son blog. Peut être aussi parce que ce blog était une réponse et un acte face à mes pathétiques congénères. Les liens entre mon article et celui de Médiapart sont évidents. Ces vieux quadras et leurs adeptes sont tellement coupé de la société et englués dans leurs certitudes et leur culture qu'ils sont capables d' écrire des phrases pathétiques bien révélatrice de leur vision égocentrique et fausse de la France en 2016: "En effet, à l’heure actuelle, difficile de trouver un groupe, qui plus est chantant en français, capable de fédérer un public extrêmement large et hétérogène, qui va des lecteurs des Inrocks aux auditeurs de France Inter en passant par les blogueuses mode, les loubards 2.0 qui vouent un culte à Born Bad Records ou les publicitaires français à la recherche d’ambiances sonores bon marché." Bravo Goûte mes Disques et on s' interrogera sur ce qu'ils entendent par "public extrêmement large et hétérogène". Se rendent-ils comptent qu'ils ne parlent que d' à peine 5% de la population? Le reste ne compte pas visiblement. Ou si peu.

Le mâle blanc programmateur ou journaliste est celui qui commande et qui a le pouvoir. Partout. Sa politique dans le mainstream est ultra-libéral et néo-conservatrice. Quand ça peut marcher et se payer une aura pseudo de gauche culturelle on suit les autres (Libération sous la plume d'un transfert carriériste de The Drone, cf juste après) . Dans le faux underground mais vrai regroupement de poseur c' est conservatisme et communautarisme religieux, guettoïsation voulu et assumé stupidement selon sa religion. Une religion pas monothéiste mais bel et bien "snobiste" . On aime la marge quel qu'elle soit. Enfin celle qu'on connait et digéré. Mauvaise ou bonne. Et quand on s' aperçoit que les chouchous d' hier sont un peu "vendus" ou juste acceptés par les vilains/les autres, alors fatalement on peine à assumer le fait que ses choix reposent sur pas grand chose à part une pose rebelle et des goûts souvent réacs (The Drone). Et on s' en va trouver une nouvelle marotte pas si éloignée que ça de la précédente (en ce moment c'est Jacques pour certains). Dans le pseudo underground majoritaire, celui qui porte à présent La Femme aux pinacles, leur politique a tous les attraits de cette utopie irréalisable et faux-cul qu'est la social-démocratie. Le si petit monde de la pseudo presse underground et de l'industrie est peuplé de Hollande. Une dénonciation mais non remise en question d'un système en place dans les actes malgré les promesses. Une minorité fatalement coupé de la majorité et agissant à contre-courant de l' histoire en marche avec le passéisme inné de ceux qui ont peur du futur pour leur place. Et comme il y a mensonge alors on en fait des tonnes sur sa politique et les effets d' annonce (leurs choix sur La Femme), "La Femme est l' avenir du Rock". Quitte à fausser le débat avec une formulation tapageuse et floue car jugée "hors sujet" par un publique manquant cruellement d' éducation et d' érudition en la matière. Et qui est censé remédier à l' inculture si ce n'est les même journalistes et programmateurs. En même temps mes fréquentations m'ont amené à constater que les plus cultivés et ouverts sont souvent les simples fans de musique restés tout aussi fort curieusement éloignés de ces professionnels de la profession.

Chez ce vieux quadra tout ce qui n' est pas vendable et irrémédiablement trop critique du système, qui ne vient pas de son milieu sociale et culturel, tout ce qui est trop neuf pour qu'il puisse se faire un avis et comprendre avec son regard du passé. Tout ça, ne compte pas. Culture post-internet , footwork, gqom de Durban, bass-music des cité anglaise, électro de Lisbonne, artiste revendiquant leur ethnisme en une critique post-colonial ou anti capitaliste (Elysia Crampton). Tout ça est moins important que la millionnième relecture des Smiths, des Clash ou de Gainsbourg. Moins important que les artefacts innofensifs de la culture rebelle blanche d' autrefois (le garage rock). Moins important que la énième nouvelle pépite hip hop américaine bien assimilable rapidement par le système. Le rap est au fan indie blanc ce que le "copain arabe" est au raciste. Moins important que la house dansable en festival. C 'est fatalement moins vendable. Moins "important". Du "sous genre". Marrant cet emploi de "sous" pour désigner des choses de moindre importance par des gens se revendiquant de l'underground.

CONCLUSION


Alors oui La Femme est un groupe important en cette rentrée 2016. Important non pas parce que cette oeuvre musicale peut favoriser ou décrire correctement un mouvement sociétale général, mais parce qu'elle dit beaucoup sur une infime partie de cette société. Celle qui a le pouvoir. Celle qui malgré ses revendications ne cesse de tout bloquer, de tout mépriser et de jouer le jeu d'un système qui le leur rend bien. Les Laurent Pujadas de la musique et leur nivellement par le bas. Bien sûr que La Femme "c'est bien foutu", mais cela n' apporte rien, tout au plus un divertissement de plus. Bien sûr que tous les critique musicaux et acteurs de ce petit monde ne sont pas comme je l' ai décrit. Mais si peu, et si mal organisés. Et si imprégnés eux aussi de cette triste époque au système tant omniprésent. Beaucoup de ceux dont il est question vous diront que cette "Nouveauté" tant recherchée par moi même et quelques autres n' existe pas et que ceci explique cela.Elle existe. Même en France. Mais c'est vrai que pour la partager il y a un gros travail de recherche, de volonté et de pédagogie pour rattraper des années de nivellement par le bas, d' obscurantisme capitaliste et de domination par ces "mâles blancs, hétéros ...".Deux exemples. Des gamins français qui adorent la même musique "NOUVELLE" que je défends inlassablement dans ces pages. Des gamins avec d' autre références que les vieux quadras et leur laquais.Une musique post-internet qui est tout le contraire de celle passéiste des La Femme. Qui parle de son époque. Qui s' approprie le passé pour faire du neuf.Ils s' appellent Aprile avec son label Permalnk et ses soirées Bye Bye Ocean pour l'un. Il cite Oneohtrix Point Never, la vaporwave de James Ferraro et l' uk bass teinté de footwork et de post-internet des Night Slugs et du Fade To Mind de Jam City. Il cite mais ça se sent aussi dans sa musique et ses choix qu'il ne s' agit pas d'une pose. L' autre c' est NINJA SWORDS, fan de la clique Janus, de NON et probablement d' Elysia Crampton, de ces nouvelles musiques que certains vieux cons dénigrent si rapidement ( par la ) en nommant pour proposer une "vraie" nouveauté, Autechre !!!Le futur existe, même en France.Faut-il juste le vouloir et oublier le passé.


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