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- ZULI, quand la modernité sape la caricature. L' égyptien qui pousse les frontières musicales enc
Le premier album d' Ahmed El Ghazouli aka Zuli se nomme Terminal. Il ne pouvait pas mieux trouver tant à l'instar de la zone aéroportuaire et les voyageurs qui y transitent son disque évoque le mystère, l' insaisissable. Comme le "Khonnar" de Deena Abdelwahed "Terminal" va être très difficile à classer. L' homme dit détester " l' exotisation" dont est victime trop souvent toutes les musiques venant de son pays non occidental. Difficile tache aussi que de parler de son quotidien sans que cela ne soit trop facile aux mauvaises interprétations souvent guidées d' a-priori de fausser le message. Ardu donc de lutter contre ces maux sans ne pas fuir son quotidien et se recrocquevilier sur tout autre sujet anodin. Zuli nous parle de sa ville, Le Caire. Ou plus exactement de la "mort et la renaissance de l' égo" des hommes et femmes en son sein. Pour lui, artiste producteur dans la société égyptienne, la caricature de cette dernière accentue un peu plus la marginalisation de gens comme lui. Et le serpent n' en fini pas de se mordre la queue. Si la démarche se rapproche fortement de celle de Deena Abdelwahed celle de Zuli a encore plus à voir avec la Deconstructed-Club des NON Worldwide et Janus. Elle est encore plus futuriste tant les us et coutumes ont disparu. Des traces de son héritage musicale égyptiens il n'y en a plus. L' aspect oriental ne se retrouve plus que dans l' utilisation de sa langue maternelle. Et encore. La langue arabe est ici tordue, maltraité, désorientée. Zuli est fan de Rap et a donc invité une pelleté de MC. Mais attention, ici le MC s' apparente le plus souvent qu'à un simple instrument permettant à Zuli son propre langage bien personnel. Mais le Rap chez lui ne peut pas ressembler de près ou de loin à un pastiche des ricains tant Zuli voit plus loin. Tant sa culture est riche et son ouverture d' esprit grande. Côté instrumentation l' Egypte n' est plus qu' un souvenir oublié, l' Egypte du passé, pas celle de 2018. Celle qui a passé ses journée sur Napster et les sites de streaming à l' heure d' internet. La révolution numérique continue de faire son oeuvre et si ses aspects sombres se sont dévoilés très tôt, les positifs, la mondialisation heureuse, après avoir déambuler dans les sous-terrain du net ose apparaître en plein jour de plus en plus. Eblouïssement assuré pour les bas du front. Seul le phrasé Rap peut leur servir de branche à se raccrocher. Branche qui cassera quand les velléités ambient ou noisy du bonhomme reprendront le pouvoir. Etiqueter sa musique est tout bonnement impossible tant ses sources d'inspirations sont lointaine géographiquement comme culturellement.. Encore un malaxage de rap, d' IDM très Autechre, d' ambient et d' expérimentation. Sans parler du contingent de traces d' UK Bass, grime, jungle et de techno. Zuli comme à Mexico (NAAFI), San Francisco (Club Chai), Lisbonne (Principe) a fréquenté le dancefloor mais c' est pour mieux s' en échapper à son grès. Et il va bien plus loin dans l' art de la déconstruction. Pas étonnant alors de le retrouver signé par Lee Gamble sur son label UIQ après d' autres grands espoirs tel Lanark Artefax ou RKSS. En quatorze titres l' auditeur est plongé dans un marécage de Bass d' où d' étranges et aériennes mélodies l' extirpe pour ne pas sombrer. Zuli dit avoir apporter le plus d' attention aux mélodies justement, et ça se ressent fortement tant elle sont magistrales. Moins de senteurs industriel comme chez Abdelwahed mais bien plus de mélencolie et de dystopie post-club avec utilisation de glitch noisy et certains relicats de drones perdus. Zuli va donc très loin et signe le parfait premier album. Je racontais au sujet de Deena Abdelwahed que la boussole de l' électronique mondiale partait dans tous les sens. Zuli vient de lui faire faire trois fois le tour sur elle-même jusqu' à la démagnétiser. Oublions-la. Il existe un grand spécialiste du cassage de règle, maître incontesté pour déboussoler, qui n' est pas passer à côté du talent de l' égyptiens jusqu' à le programmer à chacune de ses prestations live. Aphex Twin himself. Plus rien à ajouter.
- FATIMA AL QADIRi, poésie arabe dématérialisée
Fatima Al qadiri, une habituée de ce blog et ses Tops annuels (ici), revient enfin avec son troisième album intitulé "Médiéval femme". Musicienne incontournable de la décennie précédente avec son univers mêlant hyper réalité, futurisme sonore et histoire contemporaine elle avait participé à poser les bases de la Deconstructed Club. Après la guerre du golf en mode jeux vidéos et ses souvenirs d' expatriée Koweitienne ("Desert Strike"), sa vision personnel toujours hypermoderniste de l' Asie ("Asiatisch"), ses prédictions révélées si juste sur la surveillance généralisée et les états policiers ("Brute") et enfin la culture Camp et Dancefloor de son Koweit d' origine, on pouvait encore s' attendre à un choix de sujet d' actualité récent si pas brulant. Fatima Al Qadiri surprend son monde et décide de se plonger dans un passé poétique et musicale lointain mais susceptible par le sujet traité de taper là où ça fait toujours mal de nos jours. Al Qadiri met en musique la poésie classique du Moyen Âge arabique. Et plus précisément de remettre à jour celle traitant du désir et de l' amour écrite par des femmes. Evidemment avec Al Qadiri la poésie médiévale et les instruments d' époque tel que le luth subissent un reliefting futuriste et les œuvres enfouies dans la mémoire collective réapparaissent en version 3D parée à affronter le futur. "Médiéval Femme" est probablement le disque le plus onirique de Al Qadiri. Le plus touchant, apaisé et le plus pure. L' instrumentation classique tient par instant le premier rôle aux côtés des synthés et des logiciels. L' électro sert juste ce qu' il faut à booster la tradition musicale en évoquant par instant un autre spécialiste du brassage Passé-Présent oriental , Sote (ici). 10 ans après ses débuts discographiques, Fatima Al Qadiri vient de nous offrir l' un de ses plus beaux joyaux.
- LOW, quand des vétérans offrent l' avenir.
Que cette photo est trompeuse. Que voyons-nous? Deux icônes vieillissantes de l' Indie music à guitare posant dans ce qui semble être des vignes avec leur toutou. Bref on peut penser que Mimi Parker et Alan Sparhawk sont en retraite après moult services rendus à la cause Indie. Un papi et une mamie pour qui on a de l' affection et envers qui les fans de cette musique se sentent redevables pour toujours après une carrière parfaite. Entre respect mais aussi le sentiment que le nom Low ne sera plus associé à ceux de nouveauté, de fraîcheur et de surprise. Repos bien mérité. Une fois l' observation terminée le fan, jeune ou vieux, et pas trop obnubilé par le passé se doit par fidélité d' écouter leur dernier disque comme il se fait depuis 28 ans. Bien sûr pour certains ce sera avec l' envie nostalgique de retrouver le cocon Slowcore reposant sur la base Guitare/Basse/Batterie. Mal lui en prend. Surtout si il avait laissé Low de côté depuis "Ones and Sixes" en 2015 et qu' il échappa au chef d' oeuvre de 2018, "Double Negative" (voir ici). Les Low ne cessent depuis leur rencontre avec le producteur BJ Burton (Bon Iver) de se réinventer. Mieux. De réinventer le rock. On pouvait se demander ce qu' ils pouvaient bien faire tant "Double Negative" avait pousser leur démarche en matière de renouvellement au maximum. Avec ce précédent ils avaient franchement dépoussiéré les us et coutumes indies en adoptant les technique issues de la Pop Mainstream. Transposition des voix, compressions et manipulations numériques. "Hey What" poursuit la démarche tout en allant fouler d' autres territoires sonores que "Double Negative". Sur "Hey What" Low se dévoile encore plus abrasif, hostile et austère. Tout au long de l' album les junkies des guitares Slowcore du Low des débuts et sommets artistiques vont considérablement peiner pour les retrouver leurs doses de guitares. Nous ne savons plus vraiment quel instrument produit les sons entendus. Guitare ou pas guitare? Et ne parlons pas de la disparition de la basse de Steve Garrington ou que Mimi Parker a du remiser sa batterie au grenier. La plus part des titres nous laissent entendre des sortes d' hymnes composées de dissonances et de distorsions qui submergent l' auditeur tel des vagues d'un océan en colère. Au milieu d' un élément sonore liquide déchaîné l' auditeur peut s' accrocher et monter à bord du solide navire constitué par les harmonies vocales de Sparhawk et Parker. Et les flots de l' emporter et tournoyer tout autour. Émotionnellement l' impact est peut être l' un des plus fort d'une très longue carrière. Il y a un petit truc de Deconstructed Club dans l' art nouveau de Low et leur pote Burton de sculpter cet océan sonore sans aucune limite. A l' instar de la Deconstructed Club "Hey What" voit alterner une succession de moments calmes et fragiles bousculés par des sortes de drones et d' attaques sombres ou effrayants en provenance de l' indus. Bref de très grosses sensations Post Industrielles. 28 ans de carrière, 14 albums et Low a encore des choses passionnantes à nous dire pour nous émouvoir. Alors que nous fêtons les trente années de disques révolutionnaires tel "Loveless" et "Screamadelica", des albums qui changeaient en profondeur de ce qu' était en 1991 l' art de faire de la musique "rock", on peut se demander si Low ne nous a pas offert un énième grand disque en guise de cadeau d' anniversaire suprême et parfait à My Bloody Valentine et Primal Scream. Comme si, à de très rares exceptions, l' indie music avait repris une marche en avant après des années de rétromanie timorée. Et Low tel des syndicaliste en pré retraite de se lancer à la tête d' un dernier combat rendu plus que jamais nécessaire.
- HTRK, pépite Sophisti-folk d'un des groupes les plus sous estimés.
En 2019 à l' occasion de la parution de "Venus In Leo" je m' étais dit que le moment était venu le temps pour honorer HTRK par une chronique dithyrambique. Celle de "Psychic 9-5 Club" (ici) franchement légère en regard à l' importance de ce disque et du groupe. Et puis...rien. Faut dire que "Venus In Leo" était une petite déceptions après le chef d' oeuvre "Psychic...". "Rhinestones" vient de sortir et il est grand temps de parler de ce duo australien tant ils remettent un peu les pendules à l' heure. Probablement l' un des groupes les plus sous-estimés de la décennie écoulée. Probablement? Non, assurément! Apparu dans la queue du revival Post Punk version 00's les HTRK, alors un trio, ont toujours semblé appartenir à la deuxième division du gotha Indie si on se référait au prisme médiatique. Très vite mon esprit les associa à d' autres jeunes Post Punk appelés à dépasser l' étiquetage facile et le revival bêta, eux aussi apparus discrètement, These New Puritans. Leur ep "Nostalgia" de 2007 me fit l' effet d'un pervers coup de fraîcheur après les revival proprets et très sages Post Punk tel Interpol ou la cohorte d' amateur de danse début 80's comme Bloc Party et Franz Ferdinand. Une version moins énervée des Liars et bien moins aguicheuse que les Yeah Yeah Yeahs. Du Post Punk HTRK préférait la version proto du No Wave qui l' avait précédé et l' agression sonore de l' Industriel. Le regards sur les friches européennes et le spectre New Yorkais du Velvet, les australiens revendiquait également haut et fort leur héritage national, Birthday Party. Leur musique a toujours porté en elle un je ne sais quoi de Gothique. Parfois des relents Pop dans une ambiance sérieusement Noise qui reluquait aussi sur l' électro expérimentale d' un Pita, l'une de leurs passions assumées et revendiquée. Ils délivraient une version étrange du Slowcore des Low avec leurs habitudes en matière de rythme lent qu' ils développeront progressivement. Après des débuts un brin chaotiques et finalement énigmatiques, peut être aussi avions-nous après des années de linéarité rétrogaga perdu l' habitude du complexe et du non évident, HTRK poursuivit son chemin de traverse. Autre grande habitude australienne expliquée en grande partie par l' éloignement géographique et l' insularité. "Marry Me Tonight" en 2009 produit par le légendaire Rowland S Howard des Birthday Party est une nouvelle pièce à un édifice appelé à devenir monumental pour son influence et sa singularité. HTRK dès son premier album annonce ce qui vont devenir leurs deux leitmotivs, le dépouillement continuel et la liberté stylistique sans perdre leur personnalité. Moins Indus le trio lorgne sur le Post Rock et sur les rythmes primitifs électro à la Suicide. Parfois c' est un Dub lourd qui transparaît dans les rythmiques.La magnifique voix de Jonnine Standish assure sa place d' élément fondamental avec ses mantras appelés à devenir addictifs. Au fil des sorties discographiques toutes intéressantes et singulière dans une époque qui manquait d' originalité HTRK devint culte au point de devenir l' une des références en matière de musique réellement originale parmi le troupeau indie de l' époque. Un nom pas franchement banal dans les discussions mais qui permettait de savoir à qui on avait à faire en matière de fran de musique. Simple consommateur culturel ou réel passionné curieux. En 2010 c' est un drame qui va avoir de très grandes répercussions sur la musique et la vie du groupe. Sean Stewart à qui on devait la basse et les programmations se suicide. Jonnine Standish et Nigel Yang se retrouvent en un duo et leur "Work Work (Work)" le voit évoluer vers encore plus de minimalisme. Dystopique et glacial. Le chant détaché de Standish devient encore plus ensorcelant et envoûtant. Bien sûr que la tristesse est palpable mais étrangement le duo la délivre d' une façon érotique. Une froideur charnelle pour décrire les relations humaines. Chez HTRK les personnes troublantes, étranges, sont souvent celles qui vous marqueront le plus. Ils se rapprochent alors bien plus d'une forme Ambient traversée par des crochets pop fantomatiques. Leur son devient plus synthétique. Le chef d' oeuvre arrive trois ans plus tard. "Psychic 9-5 Club" est un disque venu de nul part. On a beau le sentir arriver dans les deux précédents il demeure une vraie claque d' étrangeté quand il sort. Le duo l' a enregistré à Melbourne après avoir vécu sur Londres pour les prédécesseurs et ce détail peut expliquer pourquoi les HTRK semblent avoir définitivement larguer les amarres du petit monde indie. Toujours dystopique le duo laisse une nouvelle fois se développer son sens aiguë de la dysphorie. Yang continue d' étaler ses talents de producteurs pointilleux réinterprétant le Dub. Sa musique rencontrant les mantras de Standish devenues des gémissements troublants évoque irrémédiablement un Trip Hop mutant. La version austral du spleen de Bristol. Les HTRK après avoir cité la No Wave et l' indus ont progressé dans le temps et nous délivre donc une sorte de Portishead ayant préféré sampler la Synth Pop 80's avec la netteté sonore de la Sophisti Pop. Le chant de Standish n' en finissant de se rapprocher d' une Sade et les guitares effectuant un retour inattendue évoquant parcellairement The Blue Nile. Il se passe une éternité de cinq ans entre "Psychic 9-5 Club" et sa suite. On les croit perdus mais entre temps leur influence s' est étendue. Malgré un silence coupable de bon nombre de médias. Peut être que leurs senteurs ambient et électro en a refroidi plus chez Pitchork et compagnie puisque la sortie du disque sera beaucoup moins suivi par les médias Indies classique mais se retrouvera mis en avant par ceux plus portés sur l' électro et l' expérimental. Influents d' abord chez eux en Australie puisque toute une scène s'y crée et puise dans leurs goûts pour le downtempo minimal et éthérée. Carla Dal Forno (ici), F Inger (là), Tarcar et CS + Kreme (par ici). Leur influence s' étend également en Europe et leur destin sans jamais y publier sera lié avec celui du label Blackest Ever Black (ici) via de très fortes affinités (Rowland S Howard, l' aspect Dark) en commun. Standish participera au disque du collectif gauchiste Tomorrow The Rain Will Fall Upwards (ici). Leur penchant électro expérimentaux et Indus amène même Jonnine Standish à apparaître sur le premier album de Powell (ici) et plus tardivement sur celui de Not Waving (là). De quoi consolider son statut discret d' égérie d' une certaine scène. "Venus in Leo" en 2015 laisse entendre que l' évolution des HTRK s' est quelque peu stoppé et le duo de consolider la recette du précédent sur un mode encore plus triste et angoissant. On les découvre plus ouvertement Dream Pop que jamais et perdent, peut être par cela, en originalité. Eux qui jouaient de l' ennuie à merveille le deviennent un brin et si ""Psychic 9-5 Club" culminait à la 4ème place du Top DWTN 2014, "Venus in Leo" se verra dans les profondeurs de l' exercice 2019. La même année le duo offre la Bande Originale d' un documentaire sur la Scientologie et assume enfin totalement leurs passions ambient. Pas de voix et pas de boite à rythme sur "Over The Raonbow". C' est dans un projet parallèle à leurs disques officiels que les HTRK poursuivent leur velléités de dépouillement jusqu' en arriver à l' épine dorsale de leur art. Et "Venus In Leo" de devenir qu' une belle parenthèse de stagnation. En 2021 "Rhinestones" reprend là où Standish et Niger Yang s' était arrêtés avec "Over The Raonbow". Mais cet album nous réserve une sacrée surprise. Et même deux. Ancré dans la logique d' amaigrissement et de quête de l' essentiel il surprend parce qu' il est le grand retour chez HTRK des guitares qui redeviennent prédominantes ou au moins faisant jeu égale avec la voix de Standish. Deux surprises en une puisqu' il ne s' agit pas de guitares Indus/Noise mais acoustiques. HTRK redevient plus que jamais passionnant et ensorcelant après le petit ennuie "Venus in Leo". Les voilà devenu Folk voir Country comme tant d' autres qui ont la côte en ce moment, Big Thief par exemple. Mais que les fans des ricains prennent garde. Déjà, HTRK c' est du Folk ou de la country mais ils portent en eux comme écrit plus tôt le lourd héritage australiens Gothique. HTRK sur les terres Big Thief c' est un cataclysme de singularité et au final une offre d' originalité et d' émotions qui va bousculer leur train train rétro et conformiste. Quand j' écoute du Folk à la Big Thief j' ai l' impression que l'on m'impose quelque chose, du présent par le prisme unique du passé. "Rhinestones" c' est tout autre chose, on me suggère du passé mais pour obtenir une oeuvre profondément encrée dans le présent c' est le prisme de ce dernier que l' on perçoit le passé. Les us et coutumes de Big Thief ne deviennent qu' une matière pour produire une Ambient un tantinet Pop. Pas de parasitage rétrogaga. Big Thief se glisse dans mes oreilles mais subtilement comme une musique lointaine venue de loin et portée par les vents pour finalement mieux parler à mon âme. La musique est spacieuse à force d' échos sépulcraux. L' album débute par la simple association guitare/voix et les touches subtiles de production. Pendant presque trois titres HTRK se présente à nu comme jamais et il faut attendre "Reak Headfuck" pour retrouver la boite à rythme de Yang la basse du mari Colin de Standish que l'on connait bien ici avec CS+ Kreme. La deuxième partie du disque voit HTRK se rapprocher le plus du HTRK époque "Psychic..." mais on sent bien que les aspirations folk ont réellement changé certaines choses. HTRK n' a eut de cesse en évoluant de se démarquer d' une démarche rétrogaga et conformiste. De toute façon dès que leur nom est apparu on devait s' attendre à une démarche quasi révolutionnaire remettant en question le songwritting classique Indie et les aspirations rétrogaga. HTRK signifie "Hate Rock". HTRK a ceci de charmant et génial qu' ils viennent pourtant du rock devenu classiciste et l' évoquent à présent via une version Folk avant gardiste et innovante. Ils dépassent leur héritage et leurs influences ce qui permet que certains citent au sujet de "Rhinestones" des groupes très anciens de l' âge d' or Indie tel Mazzy Star, Cocteau Twins ou Mojave 3 des ex Slowdive au sujet des senteurs désertiques et nocturnes qu' ils dégagent. A côté de ça on peut penser à des artistes plus récents tel Grouper ou Dean Blunt pour la volonté avant gardiste et innovante. HTRK vient de sortir peut être le plus digne successeur de "Psychic..." et il est étonnant de s' apercevoir que ces anciens (18 ans de carrière!) perpétuels adeptes de l' évolution et la remise en question partagent et dominent l' actualité musicales avec leurs cousins américains encore plus expérimentés de Low qui eux pour le coup rénovent en faisant le chemin inverse instrumentalement. Si en 2021 tu n' as toujours pas écouté "Psychic 9-5 Club", alors tu as peut être (un peu) loupé ta vie de fan Indie.
- MOIN & BLACK MIDI: 2021, confirmation d' un grand cru pour les guitares après des années de disette.
A peine arrivé à la moitié de l' année il faut se pincer pour y croire mais l' évidence est là. 2021 est probablement déjà à classer comme une grande année pour les guitares. Après des années de rétrogaga parsemées de pépites novatrices isolées. En cet été ce sont à nouveaux deux grands disques qui vont conforter cette constatation. Le tant attendu Black Midi et enfin la surprise venue du monde électro plus habitués aux louanges de ce blog que les guitares auparavant, les Raime devenus Moin. Black Midi, retour bluffant d 'un groupe hors norme . Bien sûr par ici on avait pressenti ce regain de forme surtout présent dans le Post Post Punk depuis quelques temps mais alors que le début 2021 était marqué par un point d' arrêt si ce n'est un début d' effondrement de ce courant avec un ras le bol naissant (Idles, Shame), trois disques par leur origines stylistiques via une prise de distance du Post-Punk originel viennent de rebooster ces satanées guitares rétrogaga. Le premier album des Black Country, New Road avait annoncé ce regain de forme avec son rock plus expérimental que scolairement Post Punk mais malgré des qualités assez solides et un goût du risque absent chez les autres depuis longtemps on pouvait tout de même lui trouver des tendance un brin trop revivaliste. Parfois également quelques moments sans réel intérêt pour qui connaissait bien l' histoire. A cela il faut rajouter un sentiment fortement atténué de surprise deux ans après la détonation Black Midi qui déjà avait déjà pris de sacrées distances du tout venant Post-Post Punk un brin étriquée dans sa diversité. Black Country, New Road se faufilant derrière les Black Midi ne n' hésitant pas à faire partouzer nombre de variantes extrêmes qu' avait connu le rock après le Post-Punk. Un zeste de Math Rock par-ci sortant de la caricature dans laquelle il s' était enfermé pendant les succès des Battles et Foals avec un envahissant contingent plus ou moins inspirés de suiveurs. Un zeste de Noise Rock par-là et un goût fort pour l' expérimentation façon Talking Heads, Sonic Youth voir This Heat. Mais la tendance s' approchant d'un sursaut des guitares aventureuses et curieuses s' est bel et bien accélérée cette année coup sur coup avec l' approche maximaliste tout terrain issue d' une révolution Hardcore sans œillères de The Armed (ici) et le monument Art Punk brassant tout ce qui passe avec une sens rares de l' indédit en matière d' hybridation en tout genre des Squid (là). Il semble loin le temps où en matière de courage guitariste un brin novateur nous n' avions que le Girl Band à se mettre sous la dent. Black Midi risquait beaucoup tant ils avaient tutoyaient les sommets avec "Schlagenhaim" quite à se griller leurs ailes. Étaient-ils encore une énième version de petits rats malins de discothèque qui ont trouvé le disque oublié des autres mais incapable d' aller plus loin par exemple? Ou bien encore un de ces nombreux habiles du travestissement de style musicale capable de se déguiser en mille et une versions revivaliste des illustres ancêtres mais à peu de frais en terme de personnalité et d' originalité? Le deuxième album des Black Midi confirme leur réel talent et une solide personnalité mais surtout une volonté farouche de ne pas faire comme les autres. Bien sûr "Calvacade" provient de personnes ayant étudié avec assiduité l' histoire mais plutot que recracher les références ils les dépassent largement et confirment les espérances. En plus de leur volonté d' évoluer et changer la recette gagnante du premier album au risque de manquer de cartouches le destin s' est aussi chargé de leur glisser quelques chausses trappes qui en définitive leur aura servi de tremplin vers un nouvel inconnu. Et ça ce n'est que les plus grands groupes ou artistes qui en sont capable. Leur guitariste Matt Krasniewski-Kelvin atteint d'une maladie mentale a été obligé de prendre du recule et peut être bien que cet aléas poussa encore plus le groupe à sortir de son confort acquis par le succès. L' embauche de Kaidi Akinnibi au saxophone et de Seth Evans aux claviers fait souffler sur "Calvacade" une tornade jazzy version avant garde avec Sun Ra en guide suprême. Le Math Rock qui les avait vu grandir perd de sa prédominance au profit de l' épouvantail absolu des punk et post-punk caricaturaux, le Prog Rock. Evidemment pour quiconque connait le Post Punk originel ce n' est pas une surprise (WIre, This Heat, The Resident) mais pour certains neuneus Post Punkeux devenu tel depuis qu' ils ont vu Idles à la télé ça risque piquer ou bien et plus positivement juger à leur juste valeur des fripouilles d' Idles et consorts. Si on rajoute le confinement propice à la réflexion et au prises de recule en lieu et place des heures d' improvisation la tête dans le guidon durant les tournées avortées les Black Midi avaient tout pour ne pas pondre la redite et se sortir du piège du deuxième album. Inclassable ils le restent, voir encore plus qu' il y a deux ans. Quoiqu' ils fassent leur musique est immédiatement identifiable. Bien sûr que la voix du déjà très grand Geordie Greep jouent un rôle déterminant dans cette particularité mais pas seulement tant ce dernier osant également dans le chant de nouvelles pistes surprenantespar des variations osées . Et même quand c' est le bassiste Cameron Picton qui s' y colle le son, le fond et la forme reste du pure Black Midi. Dire que Black Midi avec leurs manières Prog-Rock poursuive le chemin entrepris par King Crimson peut être juste mais avancer qu' ils font du King Crimson s' avère complètement hors de propos. Black Midi ne ressemble à rien et si il emprunte une démarche il ne s' agit absolument pas de la technique ou du savoir faire. Même quand certains spectres intouchables et sacrés planent fortement tel celui d' un Scott Walker sur la ballade "Marlene Dietrich" et l' apothéose "Ascending Forth" il faut admettre que l'original est lointain. Ailleurs une petite particularité auquel on n' avait pas tout de suite prêté attention nous revient en pleine figure à grand coup de ferveurs gospel et d' une certaine quête de spiritualité rappelant Alice Coltrane référentiel jazzy oblige. Greep et le génial batteur Simpson ont grandi et jouer dans les églises et ça se sent comme jamais. MOIN, et RAIME se rappela ses souvenirs guitaristiques 90's. Comme je vous l' écrivais en début d' article c' est peu de le dire mais les 10's qui ont vu naître ce blog n' ont pas franchement marqué nos mémoires en matière de guitares. Peureuses, rétrogagas, bafouillantes et bedonnantes la plus part du temps. Les rares pépites novatrice étaient plus que rare et ainsi les Girl Band de tenir le rôle du héros quasi solitaire de ceux grandis pendant leur dernière grande décennie en terme de créativité, les 90's. Alors plutot que de perdre son temps à la recherche des heures glorieuse alors devenues lointaines DWTN alla voir ailleurs si l' herbe était plus fraîche et parcourir les presque 10 années de blog nous le prouve. Si il y a un label symbole des verts pâturages où il nous arriva de recroiser des guitares sur un mode original c' est bel et bien le regretté Blackest Ever Black (ici). Et l' une des tête de gondole de ce label passionnant fut le duo électro Dark Ambient Raime (ici). Raime avec son chef d' oeuvre original "Quarter Turns Over a Living Line" plongeait à la suite des Demdike Stare le Dancefloor qui les avait vu grandir dans dans un bain de sorcellerie Indus et Ambient. Pas de guitares où alors en arrière fond tant une approche Post Punk semblait transpirer de leur musique électro. Leur deuxième album "Tooth" confirma ce penchant. Mais pour vraiment rencontrer leur passion pour les guitares, les amours de jeunesse 90's des deux Raime, Joe Andrews et Tom Halstead, il fallait aller jeter une oreille sur le 1er ep de Moin en 2013. Moin ou la rencontre des deux Raime avec Valentina Magaletti sous le haut patronage d' un axe This Heat/ Steve Albini. Magaletti est une percussionniste fan de musique concrète, d' Ambient Tribale et d' improvisation en tout genre. Croisée à de multiples reprise dans ce blog quand il s' agissait de Shit & Shine, Vanishing Twin et Tomaga. Quand Tom Halstead se charge de la guitare qui est enfin la star de leur musique son compère Joe Andrews s' occupe du sampler et de l' électro. Magaletti s' occupant de l' ossature rythmique et participant grandement à l'une des caractéristique détonante de la musique de Moin. Un groove agressif et malsain susceptible de vous emporter très loin. Entre austérité et puissance. La musique que délivre cet album intitulé "Moot!" est tendue au possible et angoissante mais absolument entrainante. Les sample flippants ou agressifs rajoutent à la tension tout comme les retouches électro d' enregistrements live du duo Halstead/Magaletti. En terme d' influences pouvant aguicher le fan de rock indie 90's des évidences sautent aux oreilles. 30 ans après "Spiderland" le poids des Slint est encore gigantesque sur ce qui se fait d' interessant et un brin moderne en guitare. Ils sont omniprésent sur "Moot!". On rajoute évidemment Steve Albini, Shellac, Fugazi etc etc. Ce post-punk version 90's naviguant entre post-Hardcore, Post Rock et Math-Rock. Avec leur copine également présente derrière Raime les deux gars assument totalement leur parti pris sans aucuns compromis ni faiblesses. Dans le monde électro ils passaient déjà comme des gens à part alors leur choix d' influence par une certaine radicalité ne souffre d' aucun illogisme. Si ils nous offrent une autre porte de sortie que Black Midi et compagnie on peut constater qu' elle est particulièrement complémentaire et peut même avoir une influence prochaine sur la clique poussant fortement derrière les Black Midi. Moin réussit un tour de force par une prise risque que les groupes précédemment cités ont sagement évité. Moin s' empare d' un courant stylistique très précis et appartenant à une époque elle aussi très concise sans tenter l' hybritation d' une palette plus large. Evidemment c' est leur culture électro/dancefloor particulièrement large et sans frontière qui leur donne les capacités d' innover sans s' enfermer dans le pastiche. CONCLUSION Que ce soit avec le dernier Black Midi ou l' échappée "Moot!" des Raime on peut sans prendre de risque qu' en cette année 2021 les guitares ont soldiement repris goût à l' aventure et à un certain sens de l' innovation ou du moins du changement. Gageons que ce ne soit pas un feu de paille emporté à nouveau par une tempête Rétrogaga stérile comme l' industrie musicale nous a malheureusement habitué depuis les années 2000.
- En repassant : Dean Blunt frappe encore et continue d' être un bien étrange héros.
Dean Blunt ne fait rien comme tout le monde mais le fait toujours très bien! Pour les épisodes précédents, ici. En cette année 2013 nous avons vu une véritable avalanche d' idées en tout genre pour amener le fan de musique a acheter un disque. Les stratégies les plus réfléchies et orchestrées d'une main de maître se sont succédées pour faire monter la sauce. Boards of Canada, Daft Punk et tant d' autres ont (ou leurs labels) usé jusqu' à la corde la grosse ficelle des effets d' annonce façon compte-goutte. Bribes par bribes. Les vidéos de BOC, les extraits d' à peine 20 seconde pour Daft Punk au cours du Superbowl etc. L'industrie est toujours et, bien plus qu' avant, aux abois en 2013. Et même si on peut penser qu'elle a cette fois-ci bien intégré une partie des changements apportés par Internet je crains pour elle que ces histoires de grosses ficelles et de cordes ne prennent à moyen terme les contours funèbres dont ces objets ont été porteurs pour la fin tragique d'un Ian Curtis et tant d' autres. La lassitude finit toujours par arriver. Il y a aussi ceux qui se permettent de la jouer sans l' infrastructure des labels, juste en s' appuyant sur le désir suscité par la simple évocation de leur nom et en faisant un gros doigt à tout ce système, My Bloody Valentine. Et puis il y a ... Dean Blunt. Dean Blunt appartient à la nouvelle génération et par bien des aspects il diffère terriblement de l' ancienne représentée par les grands noms cités précédemment. Déjà son rythme de production. En à peine deux ans c'est 4 albums et je vous parle même pas des ep et diverses collaborations. Comme d' autres de sa génération, par exemple Vatican Shadow ou Demdike Stare. Et avec lui la quantité ne nuit pas à la qualité. Loin de là. Dean Blunt vient de surprendre tout le monde en sortant un album disponible gratuitement sur internet. Il bouscule les habitudes. Death Grips l' avait fait également en 2012 et ce en snobant les labels (avec mise à la porte du label en conséquence). Mais là où Dean Blunt va plus loin c'est que plutot que passer par les sites ou les blogs réputés (surtout anglo-saxons) l' anglais a choisi ...la Russie via l' exclusivité pour un blog du pays de Poutine. Dean Blunt est l'un des artistes les plus insaisissables, intelligents et malicieux du moment et cet acte le confirme encore. Ses interviews sont de véritables exercices d' arrachage de cheveux pour les journalistes et parfois elles nous font du bien parce que Blunt aborde des sujets que beaucoup d' autres préfèrent éviter. Par exemple dans celle qu'il a donné au site Russe Blunt parle du phénomène des Revival tant de fois abordé par ici. Quand on lui demande pourquoi ne fait-il pas comme la majorité des formations en reproduisant un peu trop une musique du passé l' anglais se contente de ces quelques mots qui sont certes, que des évidences, mais des évidences laissées volontairement ou involontairement à l' abandon par bon nombres de ses contemporains. "Cela a été fait auparavant" "si je veux écouter de garage rock, je vais écouter les Sonics." Il existe à présent un mystère "Dean Blunt". Mystère concernant bien sûr les manière de faire et la pensée du bonhomme mais aussi, et comme avec le précédent "The Redeemer", un ensorceleur mystère enveloppant sa musique. Ce nouvel album s' appelle "Каменный остров". En version anglaise, et parce que je suis de bonne humeur, il semble que ça fait "Stone Island". D' après les sites bien informés Blunt l' aurait enregistré dans un hôtel de Moscou en une semaine au mois d' août. Et une nouvelle fois la magie opère à nouveaux. Comme sur "The Redeemer" la recette de la potion Blunt reste la même. Nappe de synthés évoquant Angelo Badalamenti, collages sonores venant de nul part (bombe de peinture, chien), climat très sombre des chansons et choeurs féminins. Le tout avec une production faite de bric et de broc au son très pure. Le chant du bonhomme est encore plus présent, toujours une diction très calme relatant des choses parfois brutales. "Stone Island" est un merveilleux brassage de la soul avec une pop très arty qui ne peut pas être désigné comme une simple compilation de rebus de son prédécesseur . C'est une suite logique fruit d' un séjour à l' étranger qui égale en tout point "The Redeemer" avec pour faire le lien des réminiscences dans certaines chansons et la présence de la voix magnifique de Joanne Robertson. PS numéro 1 : Dean Blunt a donc séjourné en Russie, et qui dit Russie pour les fidèles de DWTN, dit un compositeur russe évoqué dans un article de DWTN de cet été. Le dinguo Meditation-estivale-tordue-1913-2013. Blunt aussi c'est souvenu qu'en 2013 nous avons fêté le centenaire du ballet de Stravinsky, "Le sacre du Printemps". Et de quelle belle manière avec la chanson intitulé "Six".
- DEAN BLUNT, musique inclassable au centre de tout
L' empêcheur de tourner en rond préféré de ce blog effectue enfin son grand retour sur un vrai album. Il était un peu moins question de Dean Blunt ces dernières années si ce n' est moult collaborations et activités artistiques extra musicale. Mais au fil des 7 années séparant ses deux derniers albums son poids en terme d' influence n' a fait que grandir. Attendu au tournant le taquin Blunt allait-il se planter? Il se sera donc écoulé 7 ans entre son récent "Black Metal 2" et le précédent. Une attente vite devenue une éternité pour le fan de l' anglais icône de ce blog à ses débuts (ici). Récemment j' ai réécouté l' ensemble de ses disques sortis au début des 10's et la sentence est évidente. En l' espace de deux ans Blunt en solo ,ou accompagné, nous a alors offert quatre trésors intemporels qui n' ont pas pris une ride, et à présent on constate le poids évident sur des artistes ou disques apparus depuis. On se contentera de citer Arca et Yves Tumor. Pour les retardataires Blunt en à peine 15 mois nous offrit l' hypnagogic Pop "Black is Beautiful" avec Inga Copeland (9ème top DWTN), son virage Art-Pop "The Redeemer"(4ème top DWTN), sa relecture Rap avec réappropriation des rites Dream Pop indie selon un axe historique Factory Records/Rough Trade/4AD , "Black Metal" (8ème Top DWTN). Sans oublier le méconnu "Stone Island" dans lequel Blunt semble s' être muté en un étrange Gainsbourg indie perdu dans une chambre d' hôtel Moscovite. Bien sûr que Blunt n' a pas chômé entre temps, le projet collectif Babyfather (17ème top DWTN 2016) et une multitude de sorties numériques ont pu combler les attentes mais il était évident que la suite du premier "Black Metal" se faisait attendre. Et le fan du bonhomme d' espérer enfin pour son idole une réelle et solide reconnaissance critique. Un bruissement chez les critiques retardataires s' était déjà fait entendre à l' occasion de la sortie de la compilation "Roaches 2012-2019" En ce qui concerne la reconnaissance critique tardive il semblerait que Dean Blunt avec "Black Metal 2" recueille enfin ce qui lui est du depuis près de 10 ans. Un rapide regard sur l' évolution des notations Pitchfork (souvent représentatives des autres sites musicaux) apporte un petit éclaircissement sur un de leurs grands loupés en terme de vista. Le grand "The Redeemer" 6.1, "Black Metal" 7.3 et le monument hypnagogic Pop "Black is Beautifull" un tout autant sévère 7.4 et le comble de l' arrivisme ce fut quand la compile "Roaches 2012-2019" contenant certes des pépites mais évidemment moins essentiel que les albums parce que composée de chutes de studio et de "Face B" se voyait noter d' un supérieur 7.8. Et "Black Metal 2" de décrocher enfin une note supérieur à ce qui semble être un échelon supérieur chez Pitchfork, 8.1. Il est à noter que l'inverse se produit également chez Pitchfork & compagnie quand on constate que certaines grosses notes de la décennie écoulées ne figurent pas ou alors très mal classées dans les Top de la décennaux parus en 2020. "Black Metal 2" sans révolutionner sa musique consolide cependant une approche iconoclaste, pointue, intransigeante et incorruptible. Quelques petites évolutions certes mais Dean Blunt continue de délivrer une oeuvre inclassable appelée à laisser une trace indélébile et à influencer un grand nombre de ses successeurs. Le son parait encore plus cristallin et la voix semble plus assurée malgré les limites de son chant. Un chant aux dispositions étroites qui semble être celui de quelqu' un qui s' ennuie par sa monotonie mais qui au final régale par sa richesse et sa force quand on passe outre ces particularités. Mais est-ce ça le plus important quand on se retrouve face à un tel cri de liberté artistique? Pour ceux qui étaient passés à côté du premier "Black Metal" ou de ses autres disques je pense que ce dernier opus est peut être la porte d' entrée parfaite. Plus court par le nombre de titres mais aussi par la durée de ces derniers. Si il parait moins bordélique et peut être moins aventureux et surprenant Blunt y fait acte d' une concision absolue comme jamais et d' une assurance encore plus grande. Les thèmes abordés sont comme toujours plus proche du Hip Hop que des genres et courants présents musicalement. Un Hip Hop mélancolique mêlant à la fois le désespoir et la volonté de changer les choses qui dépasse largement les poncifs du genre. C' est de toute façon ce qui fait depuis ses débuts la pertinence de Blunt. Pas de gènes stylistique et un esprit libre total pour ce type défini comme "Arty" qui avait osé déclaré sa flamme pour les bas du front mais époustouflant lads de Oasis. Un type capable de faire du rap sans rapant sur des musiques fortement Lynchienne. Chez Blunt les revendications, les thématiques abordées et le discours sont indépendants des idées reçues associées des genres musicaux. Avec Blunt l' imperfection et la bizarrerie de sa musique ressentie par l' auditeur est finalement ce qui fait son intérêt en la différenciant de l' inertie et l' apathie produites par la majorité des sorties discographiques. Des musiques ,quelque soit leur style, se ressemblant que trop parce que trop "parfaite", trop facilement consommable et surtout, trop "anesthésiante". 7 ans après, Blunt semble avoir repris avec succès son odyssée artistique parcemée d' acte de bravoure en terres hostiles.
- PERILA, Ambient troublante
Par ici on est fan de Huerco S (ici) depuis longtemps et ça faisait quelques temps qu' un nom de son entourage revenait sans cesse. Perila. Dans le petit monde de l' Ambient peu propice au buzz il n' est pas exagéré de dire que l' annonce de son premier faisait un petit peu figure de Next Big Think. Aleksandra Zakharenko aka Perila est née à Saint Petersbourg mais réside sur Berlin depuis six années. Arrivée dans la capital allemande la petite russe s' est mise à fréquenter l' un des meilleurs producteurs d' ambient, Huerco S. Comme l' américain ou Ulla Perila s' est tout de suite spécialisée dans une ambient novatrice et rafraîchissante susceptible de bousculer un peu les idées reçues sur le genre. Confinée dans un petit village de montagne de France pendant le confinement 2020 elle s' est lancée dans l' enregistrement de "How much time it is between you and me" en désirant traiter du passage du temps plutot que l' érotisme, sujet récurent dans ses première oeuvres via des poésies mises en musique. Pour beaucoup, souvent ses détracteurs ou ceux qui n' écoutent pas, l' ambient est juste une musique un brin ennuyeuse parce que répétitive, plus un symbole de relaxation que d' art musical. Et encore plus depuis la pandémie et le climat anxiogène qui l' accompagna. L' ambient de Perila va casser définitivement cette image d' épinale. Perila est une petite vicieuse qui au premier abord va vous caresser, vous détendre et vous dorloter. Mais très vite le calme et la zénitude apparente vont s' envelopper d'un aura d' appréhension, d' étrangeté et de peur. Des forces obscures vont s' emparer de vous et creuser au plus profond de votre âme. L' exercice peut s' annoncer traumatisant mais chez Perila c' est juste un moindre mal pour atteindre une certaine élévation spirituelle. C' est peut être dans cette forme d' ésotérisme que l'on peut expliquer la différence entre Perila et l' ensemble du troupeau ambient devenu à la mode depuis le repli sur soi mondial de 2020. Un ésotérisme qui tient pour beaucoup du Post Punk façon Coil avec qui elle partage le goût prononcé pour les enregistrements de terrain et la variété des sources sonores parfois incongrues en matière de sample. Des sample crépitant, des boucles d' enregistrement souvent plus courte que chez la moyenne, une voix ensorcelante apparaissant puis disparaissant en un instant. Des synthés fantomatiques accompagnés de rythmiques jazzy ou autres franchement édulcorées. L' ensemble est utilisée avec une maîtrise absolue à la manière impressionniste. Avec ses petites intrusions d' électro-acoustiques, de musique concrète et son utilisation originale de Drones, Perila vient simplement de nous offrir l' un des plus beaux disques d' ambient entendu depuis longtemps quitte à tenir la dragée haute au champion 2020 du genre, Ulla.
- LAUREL HALO, première bande originale
Vivement Avril pour découvrir la première BO signée de l' une des reines de ce blog, Laurel Halo. The Vinyl Factory vient d' annoncer la sortie en numérique et en formats solides de son "Possessed". Cette bande originale avait été composée pour accompagner le film du même nom sorti en 2018. Pour accompagner cette annonce la belle nous offre un titre merveilleux et parfaitement adéquate en ces temps pluvieux, "Hyphae". Il semble que l' américaine poursuit son trajet entrepris avec le somptueux "Raw Silk Uncut wood" (Lire ici). Retour donc à une certaine forme de minimalisme et de drone accompagnée d' instruments classiques après l' ambient pop et ses passions techno ou House. Il est également prévu la participation une nouvelle fois de Oliver Coates et de Galia Bisengalieva. En attendant voici "Hyphae" et la bande annonce du film réalisé par le collectif hollandais Metahaven & Rob Schröder.
- BRIAN ENO & KEVIN SHIELDS, les vrais Super Heros sont inusables.
Le label de Saint Brian Eno vient enfin de rendre accessible au commun des mortels la collaboration du Maître de l' Ambient avec un autre Maître incontesté, celui du Shoegaze avec son groupe My Bloody Valentine. Comprenez le passage en format numérique d' un extrait des Saintes écritures. Pour les martiens qui débarquent et d' autres sachez juste que ces deux types sont ce que l'on nomme des Super Héros. Et pas de ceux imaginaires que peut produire le mainstream pour remplir le tiroir-caisse. Non. Des Super Héros bel et bien réels des arts, populaire ou pas d' ailleurs vu que l'on met ici les deux sur le même piédestal. Deux visionnaires qui ont tout simplement révolutionné les perspectives offertes par la musique moderne depuis 40 ans et qui ont produits des oeuvres à l' influence tentaculaire sur tout ce qui a suivi. Le ep sorti uniquement en vinyl à l' origine chez Opal comprends deux seuls titres mais quel titres. Malgré la notoriété des bonshommes il n' a reçu qu' un vague succés d' estime se résumant à des dépêches rapides servant plus en terme d' utilité de remplissage des fils d' actu internet ou juste de chasse au clic sur réseaux socios. Grand domage tant ce disque a à nous offrir. Des collaborations de vieux héros on en a vu des tonnes depuis longtemps et souvent elles se résument à une confrontation où chacun défend de son côté son pré-carré. Rarement de réelles hybridations de deux styles, univers ou personnalités. Celle de Brian Eno avec Kevin Shields appartient à la seconde catégorie et comme elle est rarissime il serait stupide de ne pas en parler plus longuement. Il y a un an quand le premier fruit tomba de la greffe de ces deux troncs je vous en avais déjà parlé ici. Il s' appelai "Only once away my soon" et s' approchait d'une sorte de poème épique débutant tambour battant pour ensuite devenir divagation. Il était une totale réussite et remettait à sa juste place dans l' histoire de la musique, l' une des plus hautes, le gamelan de Manille. Pour justifier cela je vous avais conseillé un de ces livres qui disent tout sur les musiques qu' il se peut que vous adorez. Ce sera refait ici. Le deuxième fruit vient de tomber lui aussi en numérique et est lui aussi un succès. Il s' appelle "The Weight Of History" et se résume comme le prédécesseur à la combinaison parfaite des aspirations de chacun , l' ambient du chauve et le goût pour le bruit du chevelu. Les deux prophètes nous emportent dans une exploration passionnante d' une grotte sombre faite de sons. Une grotte entièrement fabriquée par leurs mains expertes d' artisans méticuleux. Un Travail où il faut faire autant attention au moindre détails, et ils sont multiples, qu' au moindre changement informel pour l' apprécier à sa juste valeur. Ce titre avec sa voix peut évoquer pour les connaisseurs les travaux d' Eno avec David Byrne à la différence que le rythme y tient un rôle bien plus mineur. Une chanson avec des mots répétés jusqu' à ce que la voix disparaisse au profit de drone plus ou moins bruitistes. Seule demeurent une esthétique et des humeurs sombres. Un sentiment d' isolement et de lamentations teinté d' espoir par instant s' empare de nous. Il semble que nous assistons au spectacle de mage reclus en pleine incantation dans un monde post-apocalyptique . Des mantras envoyés vers les étoiles qui ont le don de nous y envoyer aussi. Pas sûr que cela débouche sur un travail plus important tel un vrai album mais goûtons dès à présent ces deux fruits tomber du domaine des dieux. Ils risquent bien de damner le pion à tous les jardiniers débutants en cette année 2018 dans la catégorie Ep.
- BLUE CHEMISE, nostalgie hantée.
C 'est bientôt Halloween et ça tombe plutot bien parce que ce disque venu de très loin, Australie ou le pays des esprits(?), va se révéler être la BO parfaite du 31 Octobre 2018. Voir même au delà. Un de ces disques dont on ne se défait réellement jamais. Certains adore la nostalgie enjolivée, d' autres en nous offrent une version non édulcorée. Mark Gomes aka Blue Chemise est donc australien comme la clique de Carla Dal Forno F INgers et les similitudes entre lui et le groupe adoré ici ne s' arrêtes pas là. Fan de musique hypnagogique un brin flippante vous allez très vite vous sentir bien face à sa musique comme face à celle des F Ingers. Gage de qualité s' il en est il faut préciser qu' en plus son "Daughters Of Time" sort chez Students Of Decay, un label américain qui ne cesse de dénicher des pépites. On leur doit Sarah Davachi, les débuts de Jefre Cantu-Ledesma ou encore la Turque Ekin Fil. Bref entre expérimentations ambient et shoegaze. En 16 petites vignettes s' apparentant à des élégies faux-fuyantes d' une mélancolie fortement addictive Blue Chemise va vous hypnotiser et voir faire frissonner comme de très rares disques. Il s' agit de très courte mélodies très accrocheuses laissant chez l' auditeur une sensation très intime. Si à la première écoute on peut sembler rencontrer un monde obscur et impénétrable très vite l' aspect poignant et jusqu' au boutiste de ses sentiments nostalgiques va hypnotiser même les plus fermés. Enregistrés sur dictaphone et bénéficiant de quasiment rien en terme de post-production ces 16 morceaux semblent nous venir d' un monde paranormal et désolé où les esprits airent parmi les souvenirs et les impressions accumulées au cours de leur vie antérieur. Chez Mark Gomes on se retrouve face à la même nostalgie hantée rencontrée chez les F Ingers, dans les travaux hauntologiques de Leyland Kirby (The Caretaker) ou dans certains drones d' Eric Chenaux. Certains titres ont même évoqué à certains des passages du "Selected Ambient Works Vol.2" d' Aphex Twin mais cette aspect rappelle plus surement la nostalgie infantile des Boards Of Canada. Disque étrange et totale réussite.
- FARAI, this is (other) England.
Elle revient! Si vous avez le début de l' histoire d' amour de ce blog pour cette fille originaire du Zimbabwe jetez-vous sur le premier article la concernant (par ici).Farai vient d' annoncer la future sortie de son premier album intitulé "Rebirth" et pour fêter ça elle vient de nous offrir un glaçant single en amuse-gueule. Toujours accompagné de l' artiste pluri-disciplinaire Tone la jeune fille frappe fort une nouvelle fois. Les synthés sont toujours aussi flippants et puissants. Quant à sa voix, ce cri d' humanité devrais-je dire, tonitruante et railleuse à souhait. La philosophie sincère et spontanée du post-punk originel tutoie son vécu d' enfant de la diaspora africaine. Même si elle a quitté le giron NON Worlwide tant défendu ici ce diamant brut déniché par Chino Amobi emporte avec elle tout ce qui fait la particularité de ce collectif/label chez la filiale Big Data de Ninja Tune parmi ses grands noms comme Roots Manuva, Spank Rock, Visionist, Zombi et Young Fathers. Ici c' est résolument d'un certain post-punk pure des origines et non caricatural qu' il s' agit tant les deux artistes en dévoile l' une des caractéristique principale en opérant un important brassage d' éléments provenant de multiples cultures et qui plus est à forte connotation sociétale et politique. Si Shame et Idles nous parlent de l' Angleterre blanche dévastée après près de 40 années de néolibéralisme avec leur bagages punk/rock reposant sur les grosses guitares, Farai s' attaque à l' autre Angleterre, celle du multiculturaliste et de l' ère électronique et synthpop . Sur les deux titres du single elle délivre un parfait exercice d' observation sociétale avec un regard acéré teinté d'un humour décapant et d'une fureur digne des plus beaux actes punk. Un an et demi après son grandiose ep "Kisswell" elle n' a rien perdu de ses aspect chaleureux et enthousiastes. Elle vous prend toujours aux tripes par sa force et ce malgré une cure certaine du côté de la musique. "This is England" (certainement une référence au film culte devenu série qui lui aussi était un hommage à un titre des Clash) se démarque de Kisswell par son apparence dépouillée avec sa rythmique martiale et son synthé radicalement angoissants à force d' être déformé . Dans cette chanson elle s' adresse sans détours à Thérésa May depuis les quartiers Sud/Est londoniens et décrit parfaitement la dystopie contemporaine qui est son quotidien. "Punk Champagne" apparaît face à "This is England" un poil plus aimable mais ne vous y fiez pas. Si il parait plus coulant et fluide ce titre ne fait pas dans le tout-venant et vous agrippera tout autant. Une nouvelle fois, et ce coup-ci la chronologie est impeccable, Farai va rappeler à beaucoup la New Wave métissée du grand "Mezzanine" de qui vous savez. Si le prochain "Rebirth" est du même acabit que le single alors l' évidence et les grands espoirs placés en elle deviendront réalité. Le renouveau du post-punk britannique aura trouvé sa reine. Plus l' immanquable Kisswell et The Sinner sur la déjà légendaire première compile NON Worldwide
- JULIA HOLTER, chef d' oeuvre homérique.
C' est une semaine faste en matière de retour d' icone de ce blog. Hier je vous parlais des Demdike Stare et de leur puissant "Passion" (ici), aujourd' hui c 'est au tour d' une autre numéro 1 des top annuels. Le cinquième album officiel de Julia Holter vient enfin de sortir et marque un petit tournant dans sa carrière en nous offrant un autre chef- d' oeuvre. Autant le dire tout de suite "Aviary" est un disque colossal dans tous les sens du terme. Près de 90 minutes, d' une richesse et d'une diversité à faire pâlir plus d'un. Un acte artistique courageux s' apparentant à un retour aux sources expérimentales de l' américaine après avoir vu sur ses trois derniers disques conjuguer ses aspirations pop à toutes les sauces, Chamber Pop, Jazz pop, Ambient Pop, Art Pop, Progressive Pop, Dream Pop etc. Dans "Aviary" on retrouve tous les autres styles associés auparavant au mot pop mais celui de pop, bien plus rarement. Avant d' affronter ce monstrueux disque ce qu' il ne faut pas oublier c' est qu' avant son virage Pop plus assumé à la suite d' "Ekstasis" et les disques suivants qui lui ont offert une plus grande notoriété la belle fricotait allègrement avec la frange avant-gardiste. Passée par la California Institute of The Art en section musique électronique on peut citer deux de ses copains, John Maus et Ariel Pink. Plus tard on la croisa dans le sillage d' un Daniel Lopatin par son amitié avec une autre grande, Laurel Halo. Ses premiers enregistrements étaient truffés de drone, de Field Recording et de musique concrète. Son "Tragedy" restait ainsi jusqu' à aujourd' hui le parfait révélateur de ses premières aspirations. De ces débuts franchement aventureux Holter en garda la très forte habitude de toujours chercher à se renouveler et surtout de ne jamais tomber dans la facilité malgré les crochets pop dont elle trucha sa musique dans "Loud City Song" et "Have you in my wildness". "Aviary" marque donc un tournant parce qu' Holter semble être revenu à "Tragedy". Un retour en arrière certes mais enrichi de toutes ses expériences Pop. Si les deux précédents pouvaient satisfaire les auditeurs passifs "Aviary" va mettre à rude épreuve la patience et les certitudes des dilettants et des consommateurs culturels. C' est un colosse sans aucunes concessions. Sa musique baroque et oblique n' a jamais été autant ambitieuse et folle. Ses arrangements jamais autant exubérants. Il faut attendre 5 ou 6 titres pour retrouver de vrais habitudes pop et encore. Pas de ronronnement ni d' autoroute pop. Les climats développés peuvent à chaque instant changer totalement. On passe de l' euphorie à l' angoisse, de moments aérés à la sensation d' étouffement. Certains titres sont profondément intime et sobre quand d' autres font preuve d'un certain lyrisme et d' un regard porté sur l' extérieur. Des structures expansives délivrent des montées chimériques puis laissent la place à des langueurs dronesques ou des agressions digne de la musique concrète la plus ardue. L' électronique présente aux débuts refait un retour fracassant sans non plus chasser l' instrumentation classique. Comme à sa habitude Holter a puiser l' inspirations dans les arts de passés lointains souvent éloignés de la musique. "Ekstasis" en appelait à Euripide, "Loud City Song" au roman Gigi. Elle a donc pioché partout, Théâtre, Mythes et littérature. Et à présent, le cinéma avec une passion pour Blade Runner. Musicalement elle réaffirme son goût pour l' époque médiévale française. A ceci se rajoute "L' enfer de Dante" mais c' est surtout une oeuvre du poète Libano-américain Etel adnam qui a servi de trame. Le titre de l' album y fait référence comme le contenu de l' album. Face à un monde bordélique et totalement imprévisible Holter cherche à affronter le chaos ambiant pour mieux s' y échapper sans se recroqueviller. Ce disque est un manifeste absolu dans lequel elle explique comment y arriver, un profond désir de communiquer et une volonté absolue d' empathie. "Aviary" est une véritable épopée stimulante pour affronter un avenir bien sombre. Un chef d' oeuvre absolu d' avant garde qui à mes yeux devient immédiatement la pierre angulaire d' une carrière déjà riche en hauts faits.
- 1998, 20 ans.
Une fois n' est pas coutume DWTN se penche vers le passé. Un bond de 20 ans en arrière exactement. 1998 ? Une année pas si anodine que ça. Bien sûr 98 signifiera fatalement quelque chose à tous ceux vivant en France sauf si ils se terraient au fond d'une grotte. Les chanceux ! Pas réellement de rapport avec la musique si ce n'est deux biens curieux retours au sommet des charts français. Au point d' exploser les chiffres de leurs sorties originelles. Méprisés ou oubliés un temps puis devenu culte en un instant. Phénomène appelé à se reproduire bien des fois par la suite au sujet de l' indie music et de ses légendaires formations. Pour beaucoup le titre symbole de 98 c' est la scie disco "I will survive" mais en ce qui concerne votre serviteur ce sera "Atomic" de Blondie qui sert de clé à la malle aux souvenirs ambigue de la "grande illusion" nationale de Juillet 98. Mais on peut toutefois rajouter une petite chose en apparence extra-musicale mais qui changea pas mal la donne en musique. 98 voit la naissance de Google boostant encore plus l' essors d' un truc appelé internet. L' année suivante ce sera le site de téléchargement illégal Napster et plus rien ne sera comme avant. Ainsi en 1998 l' industrie musicale se goinfre encore s' en réellement voir ce qui lui pend au nez. Youtube n' existe pas comme également les sites de référencement. La musique se conjugue donc encore et plus que jamais au présent voir au futur et la nostalgie et les revivals ne sont que des épiphénomènes générationnels (les vieux) ou pour quelques gamins un tantinet réac et à la recherche d'une quelconque authenticité. Faut-il encore s'en donner la peine. Les 90's ont vu l' art du sample triompher et certains semblent le regretter ou, à l'instar du capitalisme face à la chute du mur de Berlin, de décider de la fin de l' histoire en lui accolant vicieusement le terme post-modernisme (cf cette chronique qui dévoile le tour de passe-passe d'une certaine critique en voie de replie sur soie et ses référence). En fait l' art du sample n' était pas fondamentalement ce que certains sous-entendaient, un recyclage facile du passé ne créant rien et un statu-quo créatif. Il y a aussi derrière tout ça un petit relent de la vieille guéguerre entre musiciens et "non -musiciens". En 1998 on est au sommet de la vague Trip Hop (Massive Attack) , l' électro et sa culture dancefloor n'en finissent pas d' envahir le monde et d' innover. La Drum & Bass explose du côté de Bristol , le feu jungle n'est pas encore éteint et l' IDM (Autechre, Boards Of Canada) tutoie les sommets de territoires inconnus et merveilleux. Le glitch (Pole,Fennesz) et la minimal techno (Plastikman) emboîtent le pas et l' ambient se mêle à tout ce qui passe sur le dancefloor (Gas). Tout ces nouveaux styles ne restent pas dans leur niche et continuent à muter et à se développer dans un mouvement perpétuel (Leila) contre la muséification dont d' autres commencent alors à être atteints . Les guitares indies semblent quant à elles être un peu en recule artistiquement même si elles semblent avoir encore la patate (commercialement) après la vague Britpop et ses derniers grands spasmes (Pulp, Black Box Recorder). Sans parler de l' apparition de l'overground avec le succès publique d' artistes underground tel Radiohead ou l' irréel présence d'un Elliot Smith perdu sur la scène des oscars. L' indie n'est plus le truc des "bizarres" et se trouve un nouveau publique comme le démontre le succès de la Route du Rock en cette même année. Pas sûr qu'un certain publique "indie" apparu à l' époque comprenne bien les histoires de loosers comme Smith ou Sparklehorse. Ils leur arrivent même à ces déjà très vieilles guitares et à l' esprit indie de se montrer optimistes et ouvertes d'esprit en copulant avec l' électronique ou d' autres genres (The Beta Band, Lo Fidelity Allstars). Même Massive Attack vient les sauver par l'intermédiaire de ses gènes post-punk Bristoliens mais elles semblent également se recroqueviller sur elle même et ses références historiques (Placebo). On peut ainsi traduire certains disques indie comme des crispations venant d'un pressentiment concernant son avenir, d'une gueule de bois post Britpop et dans la foulée d' un début de nostalgie envers le passé glorieux de la pop des 60's et 70's. Et vas-y que l'on se remémore le psychédélisme baroque (Mercury Rev) ou les grandes heures d'un Scott Walker (Pulp) et d'une certaine idée de la variété française de qualité (Air) Quand au "rock" et bien on s'en passe très bien et si jamais quelqu'un ose en refaire (Jon Spencer Blues Explosion) alors celà a tout au plus à nos oreilles que le goût exotique de la madeleine de Proust. Bref, un truc gentillet anachronique à ne pas oublier mais pas non plus à singer jusqu'à en faire devenir la norme. De toute façon en 1998 on parle pas de rock quand on vit avec son temps, on parle de post-rock (Tortoise, Gastr Del Sol et leur père à tous, Mark Hollis). Le rap lui a de toute façon mis une sacrée raclée et commence le squat des hit mondiaux (Beastie boys, Outkast). Comme autrefois l' illustre Robert Johnson les guitares se retrouvaient à nouveau face à un crossroad et devaient choisir. Manipulation et croisement génétique (Sonic Youth) ou consanguinité (Gomez). Malheureusement les choix faits par certains entraînèrent la "réaction" rock des 00's avec ses revival et son culte du vintage à gogo sans courage artistique qui polluèrent tous le reste. En fait en me replongeant dans 98 j' ai la curieuse impression que juste après 1997-2001 tout se gela en terme de nouveauté. On était rentré dans un âge glaciaire infécond pour la nouveauté. Il faudra attendre le dubstep et certaines autres choses vers 2007 pour assister au dégel et la réapparition des bourgeons de l' innovation. Visiblement certains sont encore pris dans les glaces du passé et si par chance elles fondent c' est de bien tristes et totalement déconnectés hibernatus qui squattent les scènes. 1. MASSIVE ATTACK Mezzanine 20 ans après face à ce subtil et toujours aussi moderne mélange de Trip Hop et de l' esprit post-punk avec ses guitares revivifiées on peut franchement rire du terme de post-modernisme accolé par certains idiots en voie de sénélité qui s' empressent de nous vendre à longueur d' année le premier pastiche venu des Smiths ou du tandem Bowie/Eno. 2 ex aequo. AUTECHRE LP 5 & BOARDS OF CANADA Music has the right to the children Quoi dire sur ces deux monstres étiquetés IDM ? Rien si ce n'est qu'ils ont été et restent essentiels pour s' ouvrir l' esprit et aller voir ailleurs plutot que rester dans la seule niniche indie. Et qu' aussi 7 ans après sa mort décrétée par la presse et les artistes Britpop le shoegaze revenait par la petite porte en dévoilant son influence appelée à devenir immense sur des artistes éloignées des guitares. 4. THE BETA BAND The Three E.P.'s L' un des groupes les plus sous-estimés des 90's. Ne cherchez pas leur meilleurs album studio c' est bel et bien cette compilation d' ep qui constitue le chef d' oeuvre de leur carrière. "Dry By The Rain" restera à jamais l'un des plus grands titres de l' histoire et tout le reste ,certes moins connu, est du même acabit. Un psychédélisme revenu de l' au delà ne sombrant jamais dans le cliché en développant un modernisme hallucinant à grand coup de métissages stylistique, de trouvailles mélodiques et d' une douce et enfumée folie. Tame Impala n' aura jamais cette folie et les Thee Oh Sees leur intelligence et ouverture d' esprit. 5. LO-FIDELITY ALLSTARS How To Operate With A Blown Mind 7 ans après et surfant sur le phénomène BigBeat et publié par son label phare Skint Records (Fatboy Slim) une bande de lads décida de réanimer Madchester. Et par une sorte de miraculeux crossover trans sociétal et musical comme seule l' Angleterre avait le secret en ces temps lointains les Lo Fidelity Allstars transporte le son Baggy du début de la décennie vers le futur et les terres avoisinante de la Drum & Bass et la culture dancefloor. On dit souvent qu' Oasis était à la fois le dernier chapitre de la glorieuse histoire Mancunienne et le "dernier grand groupe de rock". Faux! C' était ces branleurs-là à quelques petit détail près. Ils n' était pas de la cité du Nord mais en revendiquaient l' héritage avec honneur, il n'y avait pas de guitare (!) et l' expérimentation remplaçait l' érudition. La leçon sera perdue et un petit con de New York aura beau jeu de nous faire ingurgiter une version post punk datée du crossover dans les 00's. Bref, LCD Soundsystem à côté des Lo Fidelity Allstars, c 'est la version Disney. 6. ELLIOTT SMITH XO Souvenir de vieux con. Je l' ai croisé à cette époque du côté de la Villette et en quelques seconde ce type d' apparence bourru par une fragilité sidérante dès le premier regard vous émouvait au plus profond de votre âme sans que sa petite célébrité indie y soit pour quoi que ce soit. 7. POLE 1 "Quand un bruit vous ennuie, écoutez-le!" John Cage Même sur un dancefloor? Le glitch et la minimal Techno des Pole, Fennesz et Plastikman qui ennuyèrent tant certains de mes contemporains indie ont été les seuls lumières du futur à nous éclairer au début des 00's. A présent ils adorent mais refusent promptement de l' écouter quand ils se conjuguent au présent et qu' ils mutent. Autre exemple de l' effet pervers de la muséification et du référencement par internet des vieilles passions musicales devenue culte 8. LEILA Like Weather Bjork avait déjà le don de trouver les pépittes et l' avenir là où on ne les attendait pas, l' Iran. 9. BLACK BOX RECORDER England Made Me Si 2018 a King Krule 1998 avait les plus sensuels mais aussi plus vicelards Black Box Recorder. Un trio magique formé par Luke Haines (allumeur puis observateur et contradicteur de la Britpop), John Moore (ex Jesus & Mary Chain) et Sarah Nixey. Nixey avait le don magique de chanter comme les chanteuses Gainsbourienne les saloperies que Haines discernait dans la société anglaise. 10. Exaequo PJ HARVEY Is This Desire & PULP This Is Hardcore Bon ces deux-là on ne le présente pas. A ma gauche les vrais vainqueurs (artistiquement parlant) de la Britpop et du duel débile Oasis/Blur et à ma gauche la co-souveraine des 90's et des 00's avec Bjork. Point commun des ces disques sorti en 98, ils ne sont pas considérés comme les meilleurs de leurs auteurs mais 20 ans après, les faits sont là. Si PJ Harvey ne semble que s' auto-parodier et abandonner l' expérimentation "Is This Desire" damne le pion à toutes ses fifilles revendiquée que notre présent bégayeur nous offre. Le grand Jarvis Coker quant à lui surprit par ses velléités Walkeriennes (Scott) et Bowienesques encore plus assumées. "This is Hardcore" constitua une douche froide après le succès de "Different Class" et la fiesta qui accompagna leur tournée mais quoi de plus excusable pour un groupe qui avait tant ramé auparavant et constitue à l' échelle britanique l'un des plus parfait exemple de l' overground. Malgré quelques titres typiquement Britpop et euphoriques, parfois un brin caricaturaux dans l' évocation de leurs deux précédents classiques, il s' avéra immédiatement comme le clap de fin de l' euphorie Britpop. Coker empêtré dans la cocaïne et la célébrité devait également avec Pulp faire face au départ de l' autre génie du groupe Russel Junior, probablement le plus innovant et lucide de la bande. Le son se fit donc plus classique faute de Senior et de ses tours de passe-passe modernistes, les parole plus violentes et pessimistes. Cocker avait vu avant tout le monde que Tony Blair allait vite tuer les espoirs à grand coup d' arnaque Socio-libérale, le sex prenait l' apparence toc des sitcoms hollywoodienne et on abrutit le bon peuple à grand de pleurnicherie via la "vraie" première télé réalité, Lady Diana. 12. MERCURY REV Desert's Songs 13. PLASTIKMAN Consumed 14. MARK HOLLIS Eponyme 15. TORTOISE TNT 16. GAS Zauberberg 17. GASTR DEL SOL Camoufleur 18. BEASTIE BOYS Hello Nasty 19. WINDY & CARL Depths 20. NEUTRAL MILK HOTEL In The Aeroplane Over The Sea 21. SPARKLEHORSE Good Morning Speeder 22. AIR Moon Safari 23. OUTKAST Aquemini 24. SONIC YOUTH A thousand Leaves 25. ARAB STRAP Philophobia L' INCLASSABLE DISQUE GENIAL CAR JUGE TROP DANGEREUX POUR VOTRE SANTE PSYCHOLOGIQUE COIL Time Machines J' en ai déjà parlé mais si vous connaissez pas ce disque jetez-vous dessus. En à peine quatre titre nos deux cinglés vous détruise le cerveau à grand coup de boucles hypnotiques et empoisonnées. LES MYSTERES DES 90's Mais comment a-t-on pu les aimer ou ...y croire un seul instant?! GOMEZ Bring It On Alors eux ce sont bel et bien le prototype absolu de tous les revivalistes de la décennie suivante. Relecture poppy et aseptisée de tout ce qui a précédé le punk en se référant au blues des origines. Faire comme si de rien n' était et offrir une sorte de muzzack passe-partout déguisée sous des lambeaux d' authenticité. EELS Electro-Shock Blues PLACEBO Without You I'M Nothing Un premier album surprenant puis la caricature et une certaine propension à draguer les FM de tout pays auront raison du beau Brian. Malgré l' adoubement d' un Bowie alors un brin largué et en mal de reconnaissance de l' alternative de l' époque et de la jeunesse, Placebo restera faute de réel innovation et curiosité l'illustration 90's parfaite du proverbe, "n' est pas Bowie qui veut!". UNE SI BELLE HISTOIRE QUI SE TERMINA EN EAU DE BOUDIN. THE BOO RADLEYS Kingsize Groupe maudit par excellence et donc lui aussi l' un des plus sous estimés des 90's comme les Beta Band. A la différence c' est que ces derniers bénéficient d'un statut culte avec adoubement comme il se doit des curateurs incultes ricains de Pitchfork. Visiblement les Boo Radleys n' ont pas du être écoutés de l' autre côté de l' Atlantique. A peine 40ème dans le top Britpop et côté top shoegaze "Giant Sant" se hisse péniblement à une honteuse 25 ème place. Quant à " Everything's alright forever" il est perdu dans les limbes du passé. Ces deux disques dans un monde meilleurs devraient cotoyer la fine fleur de l'indie 90's, les Pulp ou Oasis Britpopeux, les My Bloody Valentine et Ride shoegaze. Mais seulement voilà, Martin Carr et ses potes n'ont jamais voulu choisir de niche et le facile à ranger dans les rayonnages de la grand musée musical mondial. Plutot adepte du crossover et du renouvellement. Tout ce que les ricains de Pitchfork n' aiment pas trop et tentent de la cacher en misant sur une diversité stylistique feinte mais foncièrement créatrice de communautarisme. On écoute du rap et du rock indie mais surtout pas mélanger et encore moins avec tout autre chose. Avez-vous remarqué que sous la dictature hipster, vintage et Pitchforkienne l' exercice du crossover réel tente à disparaître ou qu'il ne se doit de n'être que conjugué au passé ? Début noisy et shoegaze ( "Ichabod and i" & "Everything...") puis premier virage dub avec Giant Step, nouveau virage britpop et grand publique avec "Wake up !" et enfin retour dans l'underground arty et noisy avec "C'mon Kids". "Kingsize" est leur dernier album et franchement prend souvent l' aspect d'une douloureuse agonie entre coupée de moment de grâce. C' est aussi le plus parfait des résumé d'une carrière riche en diversité stylistique et en pépites mélodiques. Si il y a une chose que l'on ne pourra jamais enlever aux Boo c'est bel et bien ce don typiquement Liverpoolien pour la mélodie. Ici le lyrique, pompier un brin mais franchement déchirant "Kingsize" se classe comme l'une de leur meilleur pépitte. On a même droit à un hommage émouvant à une de nos célébrité hexagonale. Si si ! Le beau "Adieu Cloclo". Les petits ratages se succèdent aux derniers exploits de valeureux guerriers de la cause indie à qui personnes semblent réellement vouloir offrir les hommages qu'ils méritent. LE EP QUI VAUT TOUS LEURS ALBUMS (dont une sacrée blague autrichienne anti rétrogaga nostalgiques) SUPER FURRY ANIMALS Ice Hockey Oser ne mettre que sur un ep l' un de ses plus beaux titres. Arcade Fire et consors vont pas comprendre le panache gallois. FENNESZ Plays Intituler ses deux premiers titres électro parus en singles du nom de grands classiques rock et pop et ainsi tromper les gogos réacs en offrant non pas de sage relecture mais un véritable travail de déconstruction innovant, voilà de quoi nous faire aimer le bonhomme et lancer sur les rail une carrière qui allait tutoyer les sommets Glitch et autres. LES 2 TITRES ADORES DONT ON N'A ABSOLUMENT PAS HONTE ! Et on avait de bonnes raisons. Pas toujours musicale je le reconnais! STARDUST Music Sounds Better With You THE CARDIGANS My Favorite Games FRENCHY BUT CHIC NTM SUPREME NTM Rarement entendu avec mes amis indies mais passionnément et intensément une fois rentrée à la maison. Depuis eux aussi sont devenus cultes même chez ceux qui ne les supportaient pas. YANN TIERSEN Le Phare MANU CHAO Clandestino Deux disques géniaux mais trop entendus et maintes fois copiés dans le désert musicale français jusqu'à en devenir des caricatures malheureusement.
- MOTION GRAPHICS, sophisti-pop 2.0
En cette rentrée c' est la bonne surprise en provenance de Domino Records. Premier album et belle petite réussite permettant à l'un des papis des label indépendant de coller un petit peu aux nouveaux sons actuelles. Très loin de l' indie à guitares de ses débuts. L' hyper-réalité tant aimée par ici c' est tout neuf chez Domino . Peut être aussi chez les afficionados du label. Motion Graphics offre ainsi à eux aussi de raccrocher le wagon du train de la contemporanéité. Je ne peux pas m' empêcher de vous raconter deux cocasseries histoire de bien poser les enjeux et ce que représente comme signe d' espoir la présence de ce disque dans le catalogue d'un label féru de musique aussi vieille que lui. Il y a quelques semaines au volant de mon véhicule j' écoutais distraitement une radio locale. Une sorte de rock indie mêlant tout ce que les 90's ont produit dans le genre était diffusée. Les genre de truc que Domino aurait signé fort classiquement. Bref, rien de vraiment passionnant. Jusqu'à ce que face à l' ennuie provenant du manque d' originalité musicale ce sont les paroles qui attirèrent mon attention. Il était question d' un jeune homme qui avait merdé avec sa copine et qui se lamentait de ne pas pouvoir trouver une cabine téléphonique pour recoller les morceaux. Plus loin dans la chanson il exprimait sa colère face au refus du tenancier de son bar préféré de lui passer quelque cents pour utiliser ce coup-ci la cabine du-dit lieu de cuite. Pas une fois il a été question de téléphone portable ni d' e-mail. A la voix du chanteur il était évidant qu'il avait à peine 20 ans et la production même lo-fi trahissait la jeunesse du disque. Je fus pris de rire et aussi d'un certain malaise. Il existe encore des jeunes en 2016 qui n' ont pas de portable. Et connaissent pas l' ordi avec internet? Le hic, on pourrait penser qu'il s' agit d'un type refusant la modernité et certains de ses travers, le hic donc, c' est qu'il n' en était nullement le cas. Au travers des autres paroles on comprenait que l' auteur parlait tout simplement des affres de l' amour dans son quotidien de 2016 sans exprimer un quelconque refus de la modernité. Et pourtant. Ce décalage limite comique si pas franchement embarrassant pour son auteur exprimait bien un refus de vivre avec son époque. Attitude tout de même surprenante mais aussi limite inquiétante pour l' avenir. Donc des gamins de vingts ans préfèrent vivre dans le passé en faisant une musique du passé plutot que changer la donne? Cet cocasserie me rappela une autre similaire survenue quelques mois plus tôt. Ce coup-ci on était dans un énième disque de garage-rock. Je ne sais plus quel était le sujet mais il s' agissait toujours de la description du quotidien par un groupe à peine plus vieux que le précédent. Et toujours question de communication téléphonique. Cette fois-là le personnage avait un téléphone. Ouf, il a pas utiliser le service du télégramme. Enfin ouf pas longtemps parce que la chanson incluait un sample de cadran téléphonique que perso (j' ai 42 ans), je n'ai plus entendu depuis 20 ans. Le bon vieux cadran rond que l'on tournait pour faire le numéro. Le comble du comique arriva quand le téléphone sonna. La tout aussi bonne vieille sonnerie stridente. Et encore plus drôle, les paroles expliquait que l' appelant préférait le son de la voix (la vieille quête futile d' authenticité du garage-rock) qu' aux e-mail. Le sujet de la chanson n' était absolument pas le goût du vintage face à ce monde qui nous dépasse. Et pourtant. Comme le précédant la chanson trahissait l' attitude Autruche de ses auteurs. Repli total involontaire. Trop influencé par les groupes du passé adulés, tous ces gamins avaient trop voulu faire comme sans y mettre un peu d' eux même. Donc de leur époque. Le danger du revival dans toute sa splendeur. Je vous invite à chercher car depuis ces découvertes les anachronismes de ce genre ne cessent de sauter à mes oreilles. Déjà que faire du garage-rock en 2016 est un anachronsime artistique si en plus le quotidien décrits ne colle pas avec la réalité alors autant jouer et en rire. Joseph Williams, aka Motion Graphics a déjà derrière lui une longue carrière sous le pseudo de White Willams débutée avant 2010. Donc bien plus vieux que les artistes cités plus haut. Lui aussi parle du quotidien 2016 mais les anachronismes sont absents. Les sons venus du quotidien sont symboliques de la vie numérique et robotique. Pas de bonnes vieilles guitares ou ampli à lampe chez lui. Le software est l' instrument de base. D ' autres plus "classique" sont présents également. Instruments à vent de toutes sortes mais certainement traités à la production avec le numérique. Motion Graphics s 'inscrit tout naturellement dans l' hyper-réalisme mis en avant par tout ce que DWTN défend depuis sa création. Mais si tenter de faire apprécier la vaporwave, James Ferraro, Oneohtrix Point Never ou Arca par exemple, au premier indie-boy venu, jeune ou vieux, un peu coincé dans le passé analogique et acoustique, dépendant de format plus direct question songwriting pop ou rock, c 'est loin d' être gagné. par contre ce disque se révèle être une passerelle parfaite pour s' acclimater au son de l' hyper-réalité. Les glitchs, bruits robotique et consorts sont ici mêlé à des sons "plus musicaux". Une mélodie lancinante, appaisée, est toujours facilement reconnaissable et donne le sens à suivre à l' auditeur malgré l' habillage un brin abstrait. On est également loin du tabassage sonore et de la profusion de stimulis numériques en tout genre exprimant l' afflux massif d' informations. L' ambiance est franchement plus calme et moins anxiogène pour ceux qui débarquent des temps lointains. Le choc moins rude. Même un ayatollah de Tweee Pop peut craquer. Si le passé est présent c' est un passé symbolique de progrès et de modernité dans le quotidien en son temps. Yellow Magic Orchestra et bien sûr Art Of Noise. On associe aussi et de tout temps à la modernité la clarté des sons, l' aspect sophistiqué de la composition. Un courant le symbolisait bien dans les 80's. Si vous étiez moderne sans passer par la surenchère tel Jean Michel Jarre et ses synthés hors de prix il y avait bien un truc pour vous plaire. La Sophisti-pop des Prefab Sprout, Blue Nile ou d' It's Immaterial. Et pourquoi pas, le Roxy Music d' Avalon. Motion Graphics en est un digne héritier tant il partage avec les illustres aînés un goût prononcé pour le jazz. Attention, il ne s' est pas borné à la recette facile d' associer deux époques sans trop se prendre la tête. C'est d' abord fait subtilement. Tout ce que l' électro nous a offert comme pop ou autre ces trente dernières années pointent son nez. Un titre comme Anyware" avec l' utilisation des voix et les sous-entendus de la rythmique évoque le footwork. Alors vous l' aurez compris que pour raccrocher au wagon rien de tel que Motion Graphics. Pas d' anachronisme mais plein de pépites sonores modernes permettant de mieux appréhender ce présent tant anxiogène et de se préparer pour le futur.