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Nico

SQUID, grandiose porte de secours du Post-Post-Punk?



C 'était la grosse hype depuis des mois et encore plus assurément depuis leur étonnante et courageuse signature chez Warp. Le petit monde indie et dorénavant d' autres cliques surveillaient le groupe formé à l' université de Brighton. Pour résumer les attentes et doutes on écrira juste que Squid depuis ses débuts laissait espérer beaucoup. Peut être beaucoup trop pour un énième groupe Post-Post Punk était-on tenter aussi de penser. "Bright Green Field" leur premier album vient de sortir et il apparaît clair que si un groupe du revival post-punk entamé il y a quelques années veut ou peut changer enfin la donne de ce courant qui stagnait c' est dans ce disque que ça va se jouer tant il est une réussite et un petit choc dans ce monde-là.


Très vite les débuts de Squid furent accompagnés d'un micro buzz indie grossissant au fur et mesure des sorties de disques et des concerts. Doucement mais surement pour un groupe qui a pris son temps avant de publier leur premier album. Formé bien avant leurs congénères Post-Post-Punk ou autres tel les Fontaines DC ou Black Midi en 2015 il aura fallu attendre donc 6 ans. Et six ans au pays de la hype et des météorites indie c' est très long. Au bout de quatre ans ils sortent enfin un premier ep "Town Centre" qui récolte immédiatement l' attention des médias indie alors en plein abreuvement post-punk. Mais tout de suite quelque chose les différenciait avec une entame instrumentale ("Savage") lorgnant fortement sur le jazz et un magistral exercice Post Punk ("The Cleaner") post Lcd Soundsystem post Talking Heads avec crochet pop à la Wire. Avec, cerise sur le gâteau, des cuivres inédit chez leur compagnons britannique d' alors.


Surprenant par sa diversité stylistique au milieu du peloton mais pas de nature à immédiatement en prendre la tête pour y mettre le feu voir à s' en échapper immédiatement. Alors que les Shame et Fontaines DC brillaient et que les Idles leur suçaient les roues les Squid semblaient en mode réglage et concentré sur l' aspect tactique. Concentré surtout sur l' expérimentation comme le confirmera par un certain arrière goût leur single "Sludge" qui ouvre leur collaboration surprise avec Warp. Au premier rapport ce qui pouvait passer pour une resucée de LCD Soundsystem qui n' a cessé de sucer' approprier lui aussi le Post Punk originel devenait bien plus intrigant et rustre pour s' avérer inoffensif. Au sujet de la signature chez Warp la surprise ne relevait que du choix du groupe parce que le label étiqueté IDM à ses débuts et surtout électro expérimentale avait depuis belle lurette diversifié son catalogue, Broadcast, Maximo Park, Battles, Grizzly Bear, Yves Tumor et d' autres.


Squid semblait donc se situer entre la grosse vague Post Punk, portés par l' énergie de cette dernière, et les francs tireurs de Black Midi mais aux visions bien plus larges.

Des affinités pour une certaine perversion expérimentale et un gros penchant pour l' aspect pop du Post Punk tendance Wire et Talking Heads. De quel côté aller pencher l' album? Ou allait-ils choisir de ne pas changer la formule gagnante quitte à ne pas évoluer.

"Bright Green Field" offre le visage d' un groupe courageux qui ne pouvait se contenter de se reposer sur ses lauriers rapidement tressés. Avec l' aide du cador de la production anglaise , Dan Carey (Fontaines DC, Black Midi), Squid offre une musique jubilatoire n' hésitant pas à aller dans les sens et oser encore plus qui plus est avec le Control Total* (*: petit clin d' œil à un très grand groupe post-punk qui avait précédé les Fontaines et compagnie, par ici) des artistes solides.

On est capturé par les tentacules d' une musique qui voit son groove encore plus puissant qu' auparavant. Ils n' hésitent pas à vous faire passer du calme au chaos en un claquement de doigts par une combinaison multicouche et multiforme. Le tempo fait de même et peut être lent ou rapide selon leur bon vouloir. Les genres s' entrechoquent ou dialoguent, se castagnent ou baisent ensemble. L' énergie punk originelle est bel et bien là mais elle booste des influences jazz plus vives que jamais chez eux. Le phrasé Post Punk à la Mark E Smith tant usé voir abusé par la conccurence bornée dans ses marottes côtoie des harmonies Soul irréelles venant de bien plus loin. L' électro aussi s' invite parfois avec des Fields Recordings venus du quotidien ayant parfaitement leur place dans ce bordel ennivrant. Peut être la grosse différence avec tous leurs contemporains Post Punk cités est que Squid délivre un message bien plus chatoyant et optimiste. Des façon de faire et de voire qui propulse ce groupe en éclaireur flamboyant dans les dures pentes qui nous attendent. Le Post Post Punk a deux doigts de sombrer dans le train train vient de trouver peut être ses premiers de cordées qui pour le coup semblent agir pour le bien commun.

Ce grand "Bright Green Field" ,désiré par le groupe comme plus profond émotionnellement que leurs disques précédents, est après les mois difficiles passés et avant les prochains guère enchanteurs ,et tout autant imprévisibles eux aussi, comme la bande originale parfaite d' un monde en constante évolution. Une solution parfaite pour vivre dans ces incertitudes qui ne cessent de se prolonger. Enregistré pendant la pandémie ce disque dévoile un groupe qui, plutot de se lamenter naïvement comme d' autres sur cette calamité, va chercher plus loin les raisons de nos malheurs et nous prépare à la lutte. Et le ton est donné par le groupe lui même quand il faut expliquer de quoi parle le disque :

«À propos de la dichotomie entre plaisirs simples et consumérisme décadent»


Et pas seulement parce que sont abordés aussi et d' une manière loin d' être caricaturale et cynique mais certainement combative la propagande de droite omniprésente dans nos vies ou la vision Darwinienne et cruelle véhiculée par le management et le triste "esprit d' entreprise". Plus loin on va se confronter à la crise du logement sur Londres, la santé mentale d'un type bossant dans un abattoir industriel et aborder l' anorexie, le trouble psychiatrique le plus mortel chez les ados avec conséquences à vie quand ils y survivent.


Sur certains titres si les influences "classiques" post-punk déjà énumérées apparaissent d' autres surgissent et participent à ce qui semble être un jeu de jeunes gens intelligents et engagés capables de ne pas se prendre au sérieux et devenir lourdingues comme d' autres (...Idles ? Oh que oui!!!).

Godspeed Black Emperor fait irruption par des violons surprenants quand ce n' est pas Talk Talk qui remet une louche de Post-Rock. La tuerie folle "Narrator" va plus loin que le gros Murphy en partant des terres labourés mille fois par LCD Soundsystem pour atteindre les sommets pop de Wire et finir dans un délire néo psychédéique digne des post-baggy Regular Fries. Ecoutez "Narrator" et leur "Anno Domini #2" ensuite, les deux titres semblent frères. Même Radiohead est cité via un "2010" qui transpose "Paranoid Android" dans l' ère Covid 2.0. Il est à noté qu' une nouvelle fois après les The Armed (voir ici) on constate encore chez les guitares les conséquence grandioses mais tardives de notre univers numérique inter connecté à la vitesse de la lumière et du zapping sans bornes des sources d' inspirations. En définitive ,même sans totalement révolutionner sur certains aspects tel la production ou l' utilisation des outils technologiques, les Squid nous offre un très grand disque susceptible de changer radicalement la donne d' un revival bénéfique et rafraîchissant à ses débuts mais tombant dans les travers de ses prédécesseurs tel la redite et le conformisme.






 

Bonus: Le titre des Regular Fries, espèce de dégénérés Post Baggy/Madchester fan de Trip Hop et d' arrogance Britpop.



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