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Nico

SHAME, deuxième album mi-figue, mi-raisin et mauvais timing.


Que le deuxième album des Shame était attendu est le moins que l' on puisse dire. Leur premier "Songs Of Praise" nous avait bien ébranler avec son post-punk piochant dans tout ce qui avait succédé au courant original de la fin 70's-début 80. Un post-punk bien personnel dans lequel l' énergie juvénile de ces gamins londoniens laissait percevoir des traits communs avec de vieilles gloires adulés par ici. Sans se prendre trop au sérieux faussement façon Idles les Shame par passion viscérale et innocence mêlées à une réelle lucidité politique et une forte tendance à la raillerie se démarquaient et touchaient droit au coeur. Bref ils nous offraient en 2018 ce qu' aurait donné les Stone Roses en plein post-punk. "Drunk Tank Pink" déboule enfin, un an après qu' il fut achevé. Et ce détail a toute son importance. Il se dégage du disque comme un sentiment de décalage après tout ce qui s' est passé en 2020. Très certainement ce disque serait autrement si il avait été créé en plein confinement ou cet automne. Et encore plus surement les Shame auraient su coller bien plus à l' état d' esprit du moment . Ce fait est une des faiblesses du disque mais peut se révéler être une qualité pour ceux qui dans un geste de protection ont décidé de nier la triste réalité ou sont hors sol. Il existe aussi une autre raison à ce sentiment de décalage et cette fois-ci plus musicale et liée à la concurrence Post-Post Punk dont on doit bien l' avouer depuis quelques mois par sa profusion de "next big thing" hebdomadaire a tendance à gaver sérieusement. Parti de la ligne de départ avant les Irlandais les Shame se sont fait carrément éjecter de leur petit trône par les Fontaines DC et d' autre jeunots tel The Murder Capital. Les deux formations irlandaises ont non seulement conquis les cœurs par leur simple talent respectif mais aussi par leur version du post-punk encore plus ouverte sur l' extérieur. Shame depuis ses débuts avaient pourtant parfaitement su intégrer d' autres influences externes au Post-punk afin de se démarquer du rétrogaga improductif. Des traces de Glam, de Britpop ou d'un Nick Cave en prédicateur prépubertaire suffisaient à les rendre un brin originaux. On retrouve encore un peu de tout ça sur "Drunk Tank Pink" mais les Shame semblent avoir beaucoup trop écouté les classique du genre tel les Talking Heads, PIL et Esg. Et c' est là que les londoniens perdent un poil de leur superbe. Parce que le post-punk tendance funky on n' en a que trop bouffé depuis des années. Ce qui les sauve un petit peu est le talent de l'un des guitaristes qui distille des riffs funk pas si usés que cela par les pilleurs. On sent chez lui une vrai volonté de sortir des carcans Punk et Post-Punk mais le reste de la troupe semble peu suivre. Ainsi les façons d' y arriver évoquent souvent les tentatives d' autres à l' image de "Human For A Minute" qui n' est ni plus ni moins quand Shame s' évertuant à imiter leurs mentors, les Fat White Family. Bien sûr depuis 2018 les Shame ont mûri en vieillissant. Recherchant moins l' accroche simpliste punk systématique il peuvent par exemple lorgner sur les terres vaguement Math Rock des Black Midi le temps d'un beau "Snow Day". Leur musique est devenue bon grès mal grès plus lourde, introspective et profonde. Ils réussissent par instant à égaler les Fontaines DC ou Murder Capital dans la description du désespoir existentiel contemporain avec humanité. On ressent également très bien les méandres du passage de l' adolescence à l' âge adulte. Si on veut être plus précis sur le retard que semble avoir pris Shame face aux Irlandais et d' autres c' est au travers des paroles de leur chanteur charismatique qu 'il faut y voir de plus près.

C 'est peut être ça la plus grande déception du disque. Charlie Steen semble avoir perdu de sa superbe de poète. Aucun renouvellement. Le prédicateur naît sous l' ère Iceage et élevé dans le culte Nick Cave des Birthday Party parait lui aussi être en roue libre trop souvent. Et ses éructations deviennent trop attendue. Il n' ose qu'à de rare occasion se faire plus calme ou faire évoluer son chant. Et comme par hasard ce sont ces moments-là que Shame devient à nouveau passionnant. Pas encore le niveau des Fontaines en la matière mais ils démontrent qu' ils ont garder leur potentiel originel intact. Toujours politique le Steen mais ses paroles à force d' être interprétables de toutes les manières portent beaucoup moins et parfois on flirte avec la Miss Monde Touch de Talbot des Idles. C' est dire! Au moins il nous épargne l' aspect moralisateur de Talbot mais ça c' est peut être certainement une question de classe sociale. Sujet largement abordé par ici au sujet des Idles, Fat White Family et Sleaford Mods. Le rythme incessant et l'usure des tournée liés à la découverte d' un monde malade est abordé et encore une fois cela semble hors contexte et dépassé après le Covid. Et enfin mais surtout Grian Chatten des Fontaines DC l' a précédé de toute sa splendeur poétique sur ce domaine. Deuxième album réussit tout de même mais franchement on pouvait s' attendre à bien mieux et surtout à être une nouvelle fois surpris. Gageons qu'il ne s' agisse réellement que d' un mauvais timing et une petite fatigue due à l' incessante tournée à laquelle se sont livrés ces petits garnements un brin trop enthousiaste. Une erreur de jeunesse en somme. A suivre en espérant qu' ils ne deviennent le deuxième naufrage après celui des Idles.

Et pendant ce temps-là les deux papys qui ont influencé toute cette scène aux côtés des Fat White Family sont en très grande forme et niquent tous ces jeunots A voir ici





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