C' était par une sombre soirée d' hiver. Je peux même vous affirmez avec certitude que c' était un vendredi d' octobre 2010. C 'est dire l' impact affectif et musicale. Comme bien souvent le choc provenait du hasard que les pérégrination numériques peuvent offrir. Pour tromper mon ennui je m' étais allé en quête des sorties du label de David Sylvian, Samadhysound. Et puis ce nom intriguant pour un français attira mon attention, Akira Rabelais. La pochette aussi. Un brin étrange et franchement discordante face à ses conccurentes à la fin des 00's. Mais sans commune mesure avec ce qui m' attendait à l' intérieur. Tout simplement l'un des plus beaux et étranges disques de tous les temps. Rien que ça!
Ce sont des voix venues de la nuits des temps qui m' agrippèrent, m' ensorcelèrent puis me firent plonger dans les profondeurs d'un obscure et glacial lac sonore perdu et oublié depuis le Moyen Âge. M'en suis-je sorti des années après? Jamais et chacune de mes rencontres avec ce disque rend l' expérience toujours plus addictive, essentielle et ... vitale ! C'est le genre de disque dont de toute façon vous ne vous en sortez jamais. Quand la musique s' apparente à un songe qui a tellement hanté votre nuit qu' au réveil et tout au long de votre journée vous les passerez sans interruption avec le ressenti de vos rêves quoiqu'il peut bien se passer. Comme un fantôme volant autour de vous même en plein jour. "Music for a new society" de John Cale, "Marble Index" de Nico, les derniers Scott Walker ou la face B de "Low" de Bowie sont des exemples. Mais stoppons-là les comparaisons. "Spellewauerynsherde" n'en a pas besoin. Ce disque possède depuis sa sortie en 2004 un véritable statut culte. C' est l'un des secrets les mieux gardés. Vous pouvez le chercher dans les nombreux livres spécialisés sur les trésors cachés de la musique, il n' y est pas! L' annonce suivie de sa ressortie suscite depuis quelques jours moult réactions. La toile bruisse de l' enthousiasme des initiés et de la stupéfactions des nouveaux. C' est que "Spellewauerynsherde" n' a pas pris une ride. Il ne peut pas de toute façon, c' est un putain de vrai disque intemporel! Akira Rabelais contrairement à son nom n' est ni asiatique, ni français. Un bon ricain du Texas ! On la déjà croisé accompagné de grands noms, David Sylvian bien sûr mais aussi Harold Budd et Bjork !!! Musicien bien sûr mais aussi créateurs de logiciels. Le laptop instrument de musique? Une évidence pour lui depuis des années. Une sorte de proto Holly herndon d' avant l' originale. Un génial aventurier? ? Assurément. "Spellewauerynsherde" c' est quoi au juste? Des enregistrements de chants traditionnels islandais passés à la moulinette numérique via l'un des logiciels créés par le bonhomme, le joliment nommé Argeïphontes Lyre. On peut dire que l'on est ici dans une ambient façonnée par le field recording et la manipulation de bande magnétique avant l' oeuvre machiavélique de l'ordinateur. Des voix venues de la nuit des temps apparaissent donc, porteuses d'une charge émotionnelle rarement rencontrée. Entre le bouleversement, le réconfort et l' hallucination. Il réactive des âmes du passé que l'on croyait disparue de nos jours à l' exception de traces sur de vieilles bandes. Le modernisme au secours de nos racines en train de disparaître. Parfois le chant apparaît claire et peu retravaillé en apparence. A d'autres moment les manipulations de Rabelais sont plus visibles et nous ne savons plus très bien si c'est le souffle de la bande magnétique ou celui d' un blizzard hivernal.
Voici le chef d'oeuvre avec sa nouvelle pochette enfin dispo facilement sur le net