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DANCING
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Nico

THE CARETAKER, le gardien de la mémoire. Musicale et autre.


Leyland James Kirby vient de réactiver son pseudoThe Caretaker et ce pour un projet immense et passionnant. DWTN vous a souvent parlé de cet artiste symbole de la musique Hauntologique, cousine ou fille trans-Atlantique de l' hypnagogic-pop. On ne sait plus trop très bien, la mémoire est floue. Et en parlant de la mémoire et des sales tours qu'elle nous joue autant vous le dire tout de suite, il ne sera question que de ça. Kirby et et ses collègues nommés haunthologiques par leurs réappropriations du passé et leur travail sur sa mémoire ont considérablement fait bouger les choses à la fin des terrible nostalgico-gaga années 2000. On peut citer The Focus Group, Boards Of Canada, Demdike Stare, Burial (et oui ça aussi ça en est!) mais aussi, quite à remonter dans le temps encore plus loin, papy Philip Jeck avec Grand-Papy Gavin Bryars. Comme je ne le notais récemment il est assez ironique qu' eux et l' hypnagogic-pop d' Ariel Pink, Ferraro et Lopatin, ont finalement réussit à réenclencher la marche avant de la musique. Ces types ressortant des tranches entières du passé d'une manière totalement assumée ont provoqué une prise de conscience sur le revivalisme dominant et ainsi, indirectement ou directement, réenclenché le besoin de modernité et de nouveauté chez beaucoup. Le tout en se revendiquant ou évoquant indirectement Jacques Derrida et surtout son "Spectres de Marx" avec sa réflexion sur les souvenirs et leur transformation du passé qui tape l' incruste et influe sur notre présent "filetage du présent par le passé".

Kirby va encore plus loin avec son dernier projet. Il s' attaque à la démence. Alors bien sûr votre serviteur qui est un fan de musique mais aussi un aide-soignant travaillant auprès des personnes atteintes d' Alzheimer depuis 9 ans ne pouvait qu' être aux aguets. Et ce n'est pas une première avec l' anglais car il avait déjà traité de la démence et de la perte de mémoire après son "Watching Dead Empires In Decay" traitant plus précisément d' Alzheimer. Il est à remarquer que la sortie d' "Everywhere At The End Of Time" coïncide avec la semaine internationale de la lutte contre Alzheimer. Cet album n' est donc que le premier chapitre d'un très grand projet de six albums qui va s' étalonner sur 3 ans. Kirby est coutumier des projets dantesques à long terme comme quand il avait sorti un titre par jour en 2006.

Pour accompagner la sortie du disque Kirby nous a fait un joli cadeau avec cette vidéo nous faisant déambuler parmi les souvenirs et les fantômes d'un vieux dancing abandonné. Je vous conseille vivement de l' écouter en lisant cette chronique. "Progressively falling further and further towards the abyss of complete memory loss and nothingness". Les six albums représenteront chacun une étape dans ce processus de désintégration. Si chaque individus atteint ne développe pas la maladie d' une seule et unique manière l' aide-soignant apprécie Kirby pour sa prise en compte des différentes phases d' évolution de la pathologie. C' est le meilleur moyen de comprendre la démence. Toute démence est progressive sauf quand elle arrive suite à un accident. Avec "Everywhere At The End Of Time" on en est qu'au premier stade mais déjà si on prête attention bien des signes sont remarquablement décrit par The Caretaker. Plus on progresse dans l'album et plus ces "signes" apparaissent. Les craquements vinylesque comme d' habitude chez lui symbolisent la vieillesse. Le choix de la musique, fatalement représentative d'un lointain passé (année 20 à 50). Si ce procédé n' est pas nouveau le sens du détail de Kirby va le pousser encore plus loin dans la perfection et ses capacités d' illustration. Même si le sujet principale est la démence il ne faut pas oublier que l' anglais comme ses confrêres hauntologiques sont parmis les plus pertinents des archéologues et analystes de la machinerie pop. Il est à préciser que Kirby à l'instar des Demdike Stare ne se borne pas à une époque précise comme par exemple il avait puisé dans des archives bien plus récentes pour certains de ses travaux ("Watching Dead Empires In Decay sous le nom de The Stranger" ou ses relecture d' Aphex Twin et de Franki Goes To Hollywood). Seul bémol pour ce disque, avoir réduit les démences à la vieillesse par l'utilisation de musiques symbolisant une seule génération. Alzheimer s' attaque parfois à des gens à peine quadra et les conséquences peuvent s' avéré encore plus dramatiques. Autre caractéristique du bonhomme apparue dès l' entame du disque c' est la chaleur du son monochrome tant représentatif de la nostalgie qui s' empare de nous tous avec l' âge. Procédé bien connu du coté de l' hypnagogic-pop.

Comme pour les proches d'une personne atteinte si l' auditeur n'écoute pas attentivement les "vrais" signes échapperont cachés par les a-priori et la caricature sur la vieillesse au travers d'une musique jugée dépassée,"ringarde". Mais pourtant, les avertissements "sautent" aux yeux. Enfin plutot aux oreilles dans cet album qui tient haut la main son rôle du parfait documentaire artistique sur la démence et son évolution. Comme chez un individu nous voilà face à une suite de musiques référencées "vieillottes" semblant se dérouler trop comme on s' y attend face à un "vieux". Un vieux racontant ses souvenirs. Des titres symbolisent la danse et la joie des bon moments envolés. D' autres l' enfance, la tristesse, la mélancolie, ses amours, ses problèmes, ses tristesses. Bref, rien d' étonnant. Tout semble aller comme cela devrait et la monotonie règne sauf qu' un malaise s'installe. Elle est déjà là. Le sentiment de déjà vu devient de plus en plus étouffant et pour les avertis il prend insidieusement l' apparence d'une évidence suspecte. La routine des "vieux" mais une "routine" qui va bientôt se fissurer de toute part. Les personnes atteintes peuvent ne rien paraître pendant très longtemps aux regards des proche. Pour cela ils usent de la "routine". Se raccrochant à ces "putains" de rites et habitudes du quotidien. Le cerveau lutte. Les personnes atteintes d' alzheimer peuvent ressentir qu'ils sont atteint. Consciemment ou pas et leur témoignage au moment où ils reviennent à la réalité/au présent sont les plus poignants que je connaisse. Ainsi Kirby, vicieusement, dévoile des titres qui se font de plus en plus simpliste dans leur structure. De plus en plus "attendus". Leur aspect répétitif devient de plus en plus évident. Parfois ça déraille. D' autres fois un écho et la réverbération paraissent démesurés. La tête de lecture de la platine saute. C'est le tourne disque ou Le vinyl qui est abîmé? Kirby joue des codes et des idées reçues avec les rythmes et la nature des mélodies. De vieilles "rengaines" ennuyeuses cachent une future catastrophe. Comme je l' expliquais plus haut la maladie se cache très longtemps et l' utilisation de vieilles musiques pouvaient entraîner les même erreurs d' appréciation que celles éprouvées par les proches ou les soignants au quotidien à cause des certitudes. C'est la plus grande réussite du malicieux Kirby grace à son principal talent qui est de pervertir et de détourner afin de faire dire tout et son contraire à une pop-song.

L' Hauntologie ? Petit top et rapide explication du pourquoi du comment de son importance musicale, politique et sociétale.

Bien souvent on attribue à la musique Hauntologique le terme de "version anglaise" de l' hypnagogic-pop. C' est parfois franchement exagéré même si les interviews des Lopatin et Pink ne cessent d' avancer des similitudes avec leurs collègues anglais. L' écoutes des disques en rajoutant aussi pour le paralèlle. Donc il ne sera ici question que d' anglais avec un petit ajout ricains. Comme je vous l' ai dit L' Hauntologie et l' Hypnagogic-pop ont ironiquement fait germer chez bon nombre une plus grande envie de nouveauté. Ces deux courants distinct à leur naissance se sont rapproché par la suite par le contenu politique et critique qu'ils exprimaient. Kirby et Lopatin ou Ariel Pink ont appuiyé là où ça faisait mal chez les fans de musique. Plus rien ne se créait, tout se recyclait et de plus en plus caricaturalement. La lubie de ce blog pour ceux qui le découvrent. Le terme Hauntology n' est pas qu'utilisé par les critiques musiques. Le terme a souvent été utilisé par d' autres tel que Mark Fisher. Ce théoricien culturel à la fin des années 00 avait lui aussi fait ce constat et l' explication qu'il a avancé se révèle des années plus tard plus que pertinente. Si les artistes et la pop culture n' offre que du revivalisme et du rétro, qu'ils sont incapable de parler de leur présent qu' avec le regard et le vocabulaire musicale du passé et devenir réellement convaincant, efficace dans la contestation et avant-gardiste c' est, (encore!), une conséquence du néo-libéralisme. Ce satané Néo-libéralisme apparu vers 1970 qui a selon lui (et on ne peut que constater chaque jour): "gradually and systematically deprived artists of the resources necessary to produce the new."

"progressivement et systématiquement privé les artistes des ressources nécéssaire pour produire du neuf" Souvent je parle ici de la "tarte à la crème post-moderniste" pour vilipender les pourfendeurs du rétro en musique (Voir le PS pour le rapport avec l' article sur La Femme et la sociale-démocratie dominante en France musicale). Je vous conseille vivement de lire les travaux sur le sujet de l' américain Fredric Jameson publiés il y a un bon moment mais qui depuis ne cessent d' être vérifiés et facilement reliables avec ceux de Fisher. Quand je regarde les programmations des festivals, les post sur facebook, les chroniques et la majorité des choix éditoriaux des critiques, je ne peux ne pas penser à son " le film de la nostalgie ". Et lui aussi fait le lien entre les différentes formes artistiques apparu et l' influence des phases du capitalisme. Le "post-modernisme" étant le fruit du néo-libéralisme, de ce que Jameson appelle "le capitalisme tardif ou multinational ou de consommation".

Leyland Kirby Sadly, the Future Is No Longer What It Was (voir aussi ses autres pseudos: The Caretaker, V/Vm, The Stranger)

Boards of Canada Music Has the Right to Children

Belbury Poly The Willows (jetez-vous sur le catalogue du label Ghost Music)

Burial Untrue

The Advisory Circle Other Channels

Philip Jeck Surf (le papy)

Broadcast and The Focus Group Broadcast and The Focus Group Investigate Witch Cults of the Radio Age

The Focus Group Hey Let Loose Your Love

Actress Splazsh

Mordant Music SyMptoMs

Pye Corner Audio Stasis

Gavin Bryars The Sinking of Titanic (l' arrière grand père, ce disque est une merveille publié par le label ambient de Saint Brian Eno)

Oneohtrix Point Never Rifts

James Ferraro On Air

Ariel Pink's Haunted Graffiti Worn Copy


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