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- Jackie Lynn ou Circuit Des Yeux? Haley Fohr pour toujours.
Haley Fohr aka Circuit Des Yeux nous revient. Elle s' habille en cowboy et est passé chez le coiffeur pour une teinture. Mais c'est bien sûr encore plus compliqué que ça. Tel un Bowie Haley Fohr s 'est construite une nouvelle identité. Énième virage artistique pas aisé et énième réussite vicieuse pour cette artiste qui plait tant à DWTN (ici et par là sans parler des classements de fin d' année où chaque album y figure ). Le pseudo nouvellement adopté par Fohr mérite qu'on s'y attarde par l' importance et même la nécessité qu'il comporte au moment d' écouter ce disque. Un disque concept racontant une histoire fortes au senteurs féministes. Une sorte de moyen métrage discographique où une fois de plus l' américaine nous bluffe par sa capacité à toucher avec peu. L' histoire crée de toute pièce sur cette fameuse Jackie Lynn est bien représentative de la folie douce de Fohr. Une sorte d' histoire personnelle un brin fantasmée avec emprunt à la vie de la musicienne. Elle serait née dans l' Indianna (comme Fohr dans la vraie vie), et ce au cours d'un accouchement assez rocambolesque. Partie de son trou perdu la jeune fille est montée à la ville pour bien évidemment faire une mauvaise rencontre amoureuse. Elle et son mec seraient devenus dealer de cocaïne aux alentours de Chicago (lieu de résidence actuel de Fohr). Le destin tragique susceptible d' être l' épilogue de ce comte de l' americana moderne laisse toutefois planer le doute sur ce qu'est devenue Jackie Lynn. Le couple aurait disparu suite à une dispute en ne laissant que des traces de cocaïne et ce disque en guise de "testament". A l'image du costume folklorique un brin kitch la musique de Fohr quitte le folk sombre et expérimental de Circuit des Yeux pour la country pop. Mais attention comme toujours c' est du Fohr tout craché, le prévisible devient intriguant. Ensorcelant. Une country pop avec sa guitare bien sûr mais aussi avec une instrumentation analogique faite de synthés et toujours cette voix si "Nico-esque".Résumé comme ça on peut prévoir un disque Lynchien. Ça l'est un peu mais pas seulement. Badalamenti parfois mais bien d' autres nom sont à citer. Group Rhoda ou Tropic Of Cancer reprenant Johnny Cash par un triste soir dans un club Troisième âge rural. Le coté pastiche et caricatural ne tient jamais longtemps avec une tel artiste. Soit l' émotion ou soit son pure talent de musicienne originale brisent apparences sur la longueur. Comme avec Circuit des Yeux les premières secondes d' écoutes laissent entrevoir une déception et un sentiment de déjà entendu rapidement oubliés et évaporés. Une seule envie vous prend à la fin des huit titres, réécouter les trois premiers titres si "kitch" et tant trompeurs, "Bright Lights" , "Chicken Picken" et "Smile". L' univers de Lana Del Rey vous plaît mais vous aimeriez moins de grandiloquence putassière? Jackie Lynn est l'originale, Del Rey un produit aseptisé tape à l' oeil. Un aspect sombre provenant d'un post-punk glacial et synthétique l' emporte sur la caricature country à partir d' "Alien Love" après l' intermède "O". L' usage de boites à rythmes plus "modernes" et "machinique" n'y est pas pour rien. Jacjie Lynn avait bien quitté sa campagne natale pour la ville industrielle. Le disque se clôture sur le seul titre réellement Folk drapé de nappes synthées ce qui signifie probablement le proche retour de Circuit des Yeux n'ayant plus de nouvelles de Jackie Lynn et de son type. Et qui sait, un jour, on retrouvera un autre disque testamentaire si touchant.
- KABLAM:"Dans le gang Janus, la fille? C' est la pire!" et, "Est-on obligé de danser dans un club"
Depuis le temps que son nom était cité régulièrement dans ce blog il lui fallait bien un article rien que pour elle. Malheureusement depuis deux ans pas une seule "vraie" sortie de disque. Rien, nada ! Si ce n'est des mixtapes et des remix en veux-tu en voilà la belle se faisait discrète concrètement mais son nom dopé par la proximité des Lotic et M.ES.H. était sur tous les bons radars. Au tour donc de Kablam de balancer de grosses torgnoles sur le dancefloor . Avertissement. Méfiez-vous. Derrière cette photo hyper travaillée proprette se cache la plus fêlée, la plus guerrière et la plus grande fouteuse de merde de toute la clique Janus. Son rictus n'est rien comparé à ce qu'elle inflige. Avec ce génial "Crisis" les amis de la robotique vont être ravis. Le brassage entre la nature et la technologie continue de plus belle. Le post-club persiste et signe. Langage du dancefloor carrément passé à la hacheuse pour offrir un vocabulaire mutant. Nouveau ! A ce propos, j' ai lu dans une interview que Lotic méprisait ce terme juste parce qu'il voulait que sa musique soit dans le club et non pas après. On va pas tortiller du cul pour le faire rentrer dans le bocal mais fallait bien trouver un nom pour définir vaguement cette nouvelle musique sans pour autant tomber dans les travers de l' estampille. Pour moi le "post" a bien sûr une connotation de temporalité mais elle concerne plutot l' histoire du genre. Pas de la tranche horaire de la journée. "Post-punk", "post-rock" et à présent "Post-Club". Les deux premiers "post" désignaient des artistes qui ont cherché à sortir des carcans et des règles établies des termes qu'ils précèdent. La musique de Janus et des Rabit ou d' autres c'est exactement la même démarche. C'est même le faît que justement un type comme Lotic veuille rester dans les clubs qui justifie l' affiliation à ce terme et donc son cousinage aux deux autres. Les post-punks et les post-rock allaient au front en utilisant les salles, les circuits de tournée et les médias rock et punk. Il y avait une sorte de confrontation voulue ou non avec ce qui avait précédé. Une réaction progressiste. Pour Lotic ou M.E.S.H. c'est la house au kilomètre, la techno qui tabasse en se répétant. Bref le mot d'ordre : faut danser! Les dancefloors de 2015-16 ont fini par oublier qu'au tout début du phénomène on parlait de Chill Out. Dans l'inconscient collectif dancefloor = mouvement. Daniel Loop dans son ouvrage "Ocean of Sound" parle très bien de ça en tissant un lien entre la danse immobile et le voyage immobile quand il évoque Debussy et ses fantasmes asiatiques. Ces gamins connaissent-il des nuits Chill out du Land of Oz? Lotic en est un héritiers ou plutot un cousin éloigné. De l' électro mais pas pour danser. Enfin, danser si, mais statiquement. Assis, debout ou coucher on s' en tape. Il se trouvait vers 1989 des endroits dans l' arrière-salle des club où la musique se devait d' être relaxante, hypnotique donc tout simplement ...ambient. Peu à peu elles ont disparue. Écoutez les premiers albums de The Orb ou de KLF. C'est loin d' être un scoop ce que je vous dis mais cette vieille habitude de ne pas danser systématiquement en club s'est évaporée au fur et à mesure que le statut de DJ et la culture dancefloor se popularisait dans les grands médias. La force caricaturiste des uns nuit toujours au besoin de complexité des autres. David Guetta oui, The Orb non ! Avec la clique Janus et d' autres c'est sûr que l'on est loin des trip psyché de The Orb et KLF . Je parlerai plutot de trip science-fiction technologie/nature. Alors bien sûr l' aspect artificiel ça peut parfois devenir un peu brutal et froid. Mais le post-club comme c'est le cas avec ce "Prière" de Kablam inspiré de Jordi Savall se révèle bien plus proche de la nature humaine et rempli de vraie émotions que du diktat des rythmes dansant aux kilomètres dans un sens. Et encore j' aborde pas le sujet de "sur quel musique dansent-on en dancefloor" parce que là aussi il y a du grain à moudre question ouverture d' esprit des caricaturistes. Kablam en parle très bien lorsqu'elle dit préférer une musique "dégoûtante" que de la house "confortable" au kilomètre. Une volonté d' affronter l' extérieur du club et de ne pas s' enfermer dans une coquille hédoniste à tout prix. Dans ses mix vous allez donc retrouver beaucoup de "ghetto music" en plus des potes berlinnois. Des musiques qui tabassent comme la vie sait faire. Pas de chichi pas de calin à la "maman Hipster" donc, pas de rétro pour danser. Du r'n'b crado, de la grime, de l' epic-collage de Total Freedom ou la grande Elysia (E+E) Crampton, du latin castagneur comme Kamixlo et bien sûr une bonne dose de kuduro portugais (cf à la fin). Kablam vous remue physiquement quand elle le veut. Vous balance des chants orientales déchirants ou des jingle latinos tapageur (coucou Elysia!) pour vous trainer dans un bouge de Lisbonne et remuer du cul. On sait où se finira cette histoire. A Cracovie en Pologne. Fini Berlin. Je m' égars. Mais rappelez-vous de cette phrase. Quand Berlin va devenir hors de prix tout ce monde de dépravés géniaux va voir là où c' est moins cher. Unsound (le festival) n'est que l'introduction d'une histoire fort probable. Kajsa Blom aka Kablam aime la confrontation qui est toujours le début du dialogue. Pas froid aux yeux la suédoise. Elle évoque une jeunesse passé dans un trou du monde scandinave où tous les néo-nazi et nationaliste du coin s' étaient donnés rendez-vous. Elle raconte que, politisée très tôt, adolescente elle ne cessait de se prendre la tête verbalement avec ses voisins du village alors que toujours d' après-elle le suédois évite toute discussion politique. Faudra lui dire qu'en France c' était pareil. Et comme d' habitude, qui dit frustration dit musique. Elle parle de ses première formations indie-rock anti-capitaliste et féministe. Limite punk. Tiens donc !?? L'indie rock à guitare était anti-capitaliste à un moment??? Appellez pépé Kurt Vile ou James Murphy je crois bien qu'eux et leurs successeurs nous ont menti. Ou lobotomisé. Kablam parle de la volonté de faire une musique "conflictuelle". Bref, foutre la merde ? Ok pas de prob, DWTN sera toujours là pour ça. Conclusion, Kablam n' a pas fini d' être sur écoute. PS: Quelqes titres en référence avec ce qu' affectionne la suédoise. Classés souvent dans les top ep de ce blog mais comme souvent ça passe innaperçu à cause des vieilles manies de vieux cons française, "Le ep? Un format que pour Dj". Petit truc à signaler. Le regroupement multinational NON (souvent abordé ici mais jamais cité dans ce blog depuis 3 ans faute de temps) s' intéresse de plus en plus au Gqom. Kablam ou Total Freedom commencent à en balancer la version la plus brutal, celle qui est la plus proche de leur son cinglant. La clique de Rudeboyz. Et en France, toujours rien ou si peu sur le Gqom à l' exception de Low Jack qui vient de s'y mettre via une mixtape. Mais ça, c' était prévu (cf l' article DWTN le concernant ). Sinon dans NON vous y retrouverez des habitués de ce blog (Rabit, Elysia Crampton, Rudeboyz, Chino Amobi). Dès que vous tombez sur leur logo allez-y !
- KANE IKIN ou, un diable de Tasmanie nous ouvre les portes de l'enfer et... c'est la vie de 2016 !
Il est toujours frustrant de tomber sur un disque génial et de s' apercevoir que son auteur a derrière lui une longue carrière. Il est encore plus frustrant d' écouter des dizaines de disques panurgiques qui au final ne parlent pas ou si peu de la vie en 2016 et nous font justement passer à coté de merveilles comme le "Modern Pressure" de l' australien Kane Ikin. Jamais nos existence n' ont autant été sujettes à l' imprévisible depuis bien longtemps. Un sentiment d' insécurité constant s'empare de nous et il nous faut lutter constamment pour ne pas sombrer dans les travers que ce sentiment si humain peut engendrer. Le cloisonnement ou le désir d' oublier, de fuir. En musique ça peut donner les niches ,stylistiques ou temporelles, mais aussi la fuite en avant dans une débauche de divertissements hédonistes à outrance sans réel ancrage dans le présent. L' opium du peuple depuis toujours. Sans un réel fond critique ou tout juste illustratif. Kane Ikin est encore un musicien de dark ambient pour la faire courte. Encore un cousin de Dominick Fernow, Haxan Cloak, Demdike Stare, Raime ou tant d' autres cités dans ce blog. Mais comme les autres ce dernier ajoute à sa musique ce qu'il faut comme idées et de personnel pour éviter l' exercice de style. La niche. Et comme les autres il prouve que la dark ambient comme la noise, le drone , l' industriel ou les musiques dites "de ghetto" ne sont pas des coquilles dans lesquels les fans et musiciens se renferme pour ne pas affronter le monde. C'est tout le contraire. Une musique comme la leur colle parfaitement à 2016 parce qu'elle a les yeux braqués vers ce qui les entourent. D'autres depuis bien longtemps ont capitulé dans ce rôle. Je n' avais jamais entendu parler de ce putain d' australien venu donc de si loin pour me balancer cette foutue musique stimulante au possible. Pas de ses ep et ses deux premiers albums (dont un en collab avec David Wenngren) et encore moins de son groupe Solo Andata. "Modern Pressure" porte très bien son titre. Disque oppressant, stressant et sombre. Moins dans la répétition du dernier Raime qui joue sur d' infimes détails. L ' oeuvre de l' australien est bien plus vindicative si j'ose le dire. Le climat est patraque, lentement mais sûrement il se modifie. Joue avec nous. Jamais dans le bon sens. L' orage arrive. Il est irréversible. "Tout ce beau temps, fallait bien le payer ma pauvre dame". Il va éclater mais avant cela Ikin développe une palette de nuage tous plus énormes et terrifiant que les autres. Cette sensation de voir s' assombrir le ciel à l' horizon. Plus c 'est noir, plus ça va péter. Comme bien souvent Carpenter et ses synthés sont dans les parages. Ikin joue beaucoup avec le rythme et les beats. Il n'y pas l' évidence de la simplicité, du "faux rachitisme", de Raime. Des synthés pas vaporeux, pas planant. Des synthés qui déchire au loin le ciel noir tel les éclairs . Un d'eux va pas tarder à nous tomber dessus. Il va être pour notre gueule. Ikin offre un disque urgent. Net et précis. Lui nous raconte que ce disque s'est fait alors que l' imprévu avait frapper à sa porte. L' insécurité, la vrai, s' était pointé dans sa vie. Crise économique, restriction, vente forcée d'une partie de son matériel pour subvenir à ses besoins. Ce putain d' orage que certains n'ont pas vu, ou ne veulent plus voir arriver. Certains aveugles et inconscients dansent sous les arbres ou jouent au basket quand d' autres s' enferment dans leur cave à triple tour en veillant à ce que les premier paient pour leur retard. Et puis il y a ceux qui s' y préparent. Observent l' orage pour y faire face. Ils savent que lorsqu'il éclatera il faudra être sur ses gardes pour ne pas rater une miette. C'est beau un orage. Les instants qui le précèdent encore plus aux goûts de quelques uns. Quand le vent se met à souffler en nous sortant de la langueur estival assommante. Ça va péter. Et c'est tant mieux. Cela ne pouvait plus durer Après?
- ASHER LEVITAS & SILK ROADS ASSASSINS ou, Planet Mu est-il dans sa plus grande année ?
Asher Levitas n'est pas vraiment un inconnu. Repéré au sein d' Old Apparus, collectif spécialisé dans la dark-Ambient, on aurait pu imaginer cet anglais signer pour sa nouvelle carrière solo chez Hospital Production ou Blackest Ever Black. Finalement ce sera Planet Mu qui aura l' occasion de se vêtir tout de noir. Outre l' aspect Dark dépoussiéré avec talent par les artistes des labels cités plus haut sa musique s'inscrit parfaitement dans la lignée de tout ce qui s'est fait de novateur ces derniers mois. On retrouve ainsi des beats bafouillant lacérés à grand coup de synthés tranchants. Bref, je dois l' écrire pour la 208ème fois, un sacré travail de déconstruction du vocabulaire dancefloor plongé ensuite dans le côté obscure de l' ambient. Mais chez Asher Levitas il y a un truc qui rend l' ensemble surnaturel. Étrange. Ou plutot, émotionnellement fort et en même temps flou. Comme le sont nos rèves et nos cauchemars. Du Demdike Stare surréaliste passé par le Berlin de Janus. Il explique ce fait parce qu'il aborde dans sa musique en recherchant des sentiments humains comme "la folie, l' anxiété, la paix". Il dit rechercher les émotions produites par la pathologie dont il est victime. Encore une "particularité physique/psychique" d'un musicien arrivée en sauvetage de la musique expérimentale après Ash Koosha et sa synesthésie (voir ici). Le problème du bonhomme c' est une forme de paralysie du sommeil dont ce trentenaire est victime depuis ses vingts ans. Il lui arrive de se réveiller en partie sans pouvoir bouger. Scotchés dans son lit. Par contre son cerveau, l'organe le plus pervers de notre corps, et bien celui-ci il s' active et l' esprit est en mouvement. Levitas se retrouve à devoir gérer de sacrée hallucination. On est pas loin des rèves hypnagogiques. Perso j' ai déjà vu ce cas chez des personnes atteintes d' Alzheimer et je peux vous affirmer que de l'extérieur c' est puissant et fortement troublant comme expérience. Un sacré trip. Alors de l' intérieur même pas envie de savoir. Mais un sacré trip qui mis en musique devient totalement additif. Asher Levitas n'est pas vraiment un inconnu. Repéré au sein d' Old Apparus, collectif spécialisé dans la dark-Ambient, on aurait pu imaginer cet anglais signer pour sa nouvelle carrière solo chez Hospital Production ou Blackest Ever Black. Finalement ce sera Planet Mu qui aura l' occasion de se vêtir tout de noir. Outre l' aspect Dark dépoussiéré avec talent par les artistes des labels cités plus haut sa musique s'inscrit parfaitement dans la lignée de tout ce qui s'est fait de novateur ces derniers mois. On retrouve ainsi des beats bafouillant lacérés à grand coup de synthés tranchants. Bref, je dois l' écrire pour la 208ème fois, un sacré travail de déconstruction du vocabulaire dancefloor plongé ensuite dans le côté obscure de l' ambient. Mais chez Asher Levitas il y a un truc qui rend l' ensemble surnaturel. Étrange. Ou plutot, émotionnellement fort et en même temps flou. Comme le sont nos rèves et nos cauchemars. Du Demdike Stare surréaliste passé par le Berlin de Janus. Il explique ce fait parce qu'il aborde dans sa musique en recherchant des sentiments humains comme "la folie, l' anxiété, la paix". Il dit rechercher les émotions produites par la pathologie dont il est victime. Encore une "particularité physique/psychique" d'un musicien arrivée en sauvetage de la musique expérimentale après Ash Koosha et sa synesthésie (voir ici). Le problème du bonhomme c' est une forme de paralysie du sommeil dont ce trentenaire est victime depuis ses vingts ans. Il lui arrive de se réveiller en partie sans pouvoir bouger. Scotchés dans son lit. Par contre son cerveau, l'organe le plus pervers de notre corps, et bien celui-ci il s' active et l' esprit est en mouvement. Levitas se retrouve à devoir gérer de sacrée hallucination. On est pas loin des rèves hypnagogiques. Perso j' ai déjà vu ce cas chez des personnes atteintes d' Alzheimer et je peux vous affirmer que de l'extérieur c' est puissant et fortement troublant comme expérience. Un sacré trip. Alors de l' intérieur même pas envie de savoir. Mais un sacré trip qui mis en musique devient totalement additif. Deuxième signature récente chez Planet Mu, le trio Silk Road Assassins. Composés de Chemist, Tom E Vercetti et du dénommé Loverdroid. Si Asher Levitas nous plonge dans des tréfonds hypnagogiques d'une dark ambient noisy les trois jeunes gens avec leur premier ep s' approchent du grime dystopique de Logos ou de Visionist. Comme avec ce dernier les poils se redressent face à une musique hyper chargée en affectivité. Ils offrent bel et bien du grime futuriste cher à Logos mais à l' image de la pluie clôturant "Defect" c'est une version moins agressive que celle martelant une vitre dans son "Cold Mission" d' anthologie. Leurs synthés rappellent Vangelis mais eux évoquent aussi bien les BO de mangas ou celle des jeux vidéos. Une sorte de Gatekeeper sous tranxene dans l'espace. A la fois proche et éloigné des Roly Porter et Jebenasam. Avec un soupçon de trap.
- KLARA LEWIS, quand sculpter la peinture devient une musique. Quand "une fille de" fait comme papa.
Petit coup de coeur du moment. Par honnêteté je vais vous avouez qu' avec cette suédoise brune, le cliché en prend un coup et il ne va pas être le seul, donc je devais vous dire que cette Klara Lewis et bien ... j' avais pas trop aimé son premier disque. De plus, c 'est une "fille de". Fatalement on devient suspicieux. Vicieusement ma réception peu enthousiaste de "Eet" en 2014 et son statut hérité génétiquement s' entremêlaient. Du coup l' attention diminua et un aspect de son travail ne m' apparu pas tel l' évidence qu' il aurait du revêtir. "Too" a considérablement changé mon point de vu et le charme opère définitivement. Qu'est ce qu'il ne m' avait plus plu dans "Eet" ? Peut être, son apparence de travail scolaire. Je retrouvai trop les marques du professorat de Tim Hecker ou de Matmos. Trop carré, peu de surprises, peu de risques ? Deux ans plus tard cette impression a totalement disparu. Et "Too" confirme. Pas vraiment scolaire au sens du terme "copiage" ou "rabâchage" mais plutot symbolique de ce truc des jeune ados qui se replient derrière leurs leçons et habitudes comportementales scolaires plus par timidité que mimétisme et sagesse sous l' autorité. "Too" nous offre la belle musique d'un jeune femme de 23 ans. Elle devait alors avoir à peine 20 ans au moment de l' enregistrement de "Eet". En trois ans on change, surtout au début de la vie adulte. Elle s' affirme considérablement sur son dernier album. Ne passe plus par des repères "pop" ou plutot mélodiques. Elle ose franchement mettre au premier plan son travail minimaliste sur l' aspect multidimensionnel de la musique et renforce d' autant et miraculeusement la capacité d' évocation des atmosphères crées. Elle travaille beaucoup à partir de sons venus de n'importe où. Cinéma, radio, nature etc etc. Sa musique repose également beaucoup sur des rythmiques bien de notre époque. Ni putassières, ni ennuyeuses. On est à cheval entre quelque chose de très Boards of Canada pour les ambiances facilement assimilables et ludiques d'une part et de l' autre un aspect défricheur plus intellectuel et conceptuel de l' expérimentation pure. Le dernier "Love Streams" de Tim Hecker mais réenregistré avec les matériaux de "Ravendeath, 1972". Ainsi des instants imperméables s' intègrent, se lient, se succèdent parfaitement les uns aux autres et donnent ainsi naissance à une musique ambient réellement hédoniste et sans compromis. A déguster sans modération. Je sais comment fonctionne l' âme humaine. Faut vous aguicher avec du people. C'est une "fille de ". Mais la fifille à qui ? Faut vous donnez la motivation de plonger dans une musique inconnu ou peu appréciée. Le truc qui fait que vous allez écouter la belle Klara. En même temps son papa justement sort un disque avec ses copains. Pas plus mauvais ou meilleur que les précédents. Je chérie surtout ce groupe pour l' apport des concepts artistiques dans le post-punk de leurs premiers disques. Disques présents dans tous les livres référentiels et classement historique. Leur manière de récupérer la rage punk et de la faire mariner avec des notions philosophiques, littéraires, politique et artistiques. De faire une musique originale, révolutionnaire et avant-gardiste. Une musique belle par la forme et encore plus grande sur le fond. 40 ans après la fifille fait exactement la même chose que le groupe paternel en son temps sauf qu' à présent "tout le monde" aime ce groupe. Sa musique parait moins étrange. Plus "abordable". Il est souvent cité ou évoqué, il est devenu une référence à prononcer en société pour se la péter aussi. Tout peut s' approprier et être détourné. Mais peu vont vouloir écouter celui de la fille. Peu vont être en mesure de l' apprécier la fifille. De la partager au plus grand nombre. Et pourtant. Écouter "Too", ou des disques contemporains similaires comme Huerco S ou Raime, a la même teneur, participe de la même volonté, du même engagement en terme d' effort et d' abandon des manies de consommateur feignant que cette société du spectacle nous a rendu. C'est ça la patine du temps. C'est ça qui fait que faire du Pavement ou du Bowie ou encore du shoegaze des années après sera toujours moins pertinent que les originaux. "Plus facile". Même si c'est "super bien fait". Moins intéressant, moins juste et surtout un brin faux et opportuniste. Contre productif? Le curseur de ce qui est underground, novateur, pertinent, rebelle ou dangereux s' est déplacé. Il se déplacera toujours. Tout le monde dit aimer le groupe du papa Lewis. Mais l'aurait-il vraiment aimé ce putain groupe en 1978. Aurait-il seulement chercher à trouver et écouter ce genre de musique beaucoup moins facile que maintenant. Question très difficile et certains vont vous dire qu'elle est impossible. Inutile même. Est-il si inutile de savoir si votre comportement en 2016 est digne ,ou du moins semblable, à celui des héros du passé auxquels vous vous référez pour différentes raisons. En privé comme en public. La réponse est finalement dans la façon qu'on les gens d' apprécier les "nouvelles" musiques ou celle jugé plus "expérimentales". Leur désir de nouveauté, leur façon d' écouter, parler et diffuser de la musique. Certains vont dire, ou plutot penser de la musique de Klara Lewis (par peur d' être pris pour un fermé d' esprit) qu'elle est "pour salle d' expo d' art moderne", "chiante car trop intello", "chiante car faussement intello", "de snob", "prétentieuse", "pas cool", "pas facile", "peu divertissante", "remplira pas une salle ou un festival" ou que sais-je encore. Sachez que ces gens aurait détester le groupe de papa Graham Lewis en leur temps. Ou tout au juste les auraient méprisé. Tout les termes cités plus haut c'est ce qui était reprocher par la presse et une grosse partie du public vers 1977-80. Et oui. Vous connaissez tous son papa. Son groupe ou sa musique. Car cette belle suédoise est aussi anglaise par son papa. Et son papa jouait donc dans ...ça! PS : Un super live de Klara Lewis.
- Magic est mort. Je n'irai pas aux obsèques de ce vieil instituteur trop gentil mais devenu gateux
Alors comme ça un de mes vieux instituteurs est mort. J' ai vu son acte de décès dans les journaux du net. Acte de décès sous forme de couverture trafiquée d'un disque vieux de ...35 ans. Il était si vieux que ça mon "maître" ? Ben non, il avait pas 21 ans. Les disparitions c'est toujours une bonne occase de parler du mort. Et d'autres choses. Faut que je vous avoue qu'il y avait longtemps que je ne l' avais pas vu mon instituteur Monsieur Magic. Mes dernières visites à son hospice m' avaient refroidi. Le spectacle de sa vieillesse prématurée n' était pas beau à voir. Peut-être aussi qu' au travers de sa vieillesse j' apercevais la mienne si je ne prenais garde. Toujours à ressasser les vieilles histoires (guitare, pop, rock, punk, chansons française de qualité). Toujours ces même goûts esthétiques, ces même références culturelles depuis 21 ans . Toujours a ne suivre que l' actualité du petit village où nous l' avions laissé. Vous savez bien ce petit village de notre enfance peuplé d' irréductibles devenu attraction pour touristes culturels et sociétaux dans un monde qui a tellement changé tout autour. Indie-Music city le nom du village si vous voulez voir à quoi ressemblait ma jeunesse. Le pays d' où je viens mais dont je n' ai surtout pas envie d'y revivre tellement il s'est figé dans un passé lointain . Tellement l' industrie touristique l'a dénaturé. Tellement il est devenu un musée propret sans vie à présent. Un truc en carton pâte synonyme de charme désuet aux yeux de ceux qui l' avaient méprisé à sa grande époque. Aux yeux de ceux qu'il nous avait appris à se méfier notre bon maître. Avant ils nous traitaient de cul-terreux ou d' anormaux. Maintenant ils s' habillent et écoutent comme nous. C'est même eux qui ont le pass VIP payé au prix fort à la colonie de vacance de Saint Malo. Veulent bien aller la-bas mais pas boire à la même cantine que les autres enfants. Fayoter auprès des surveillants pour que l'on ne voit pas trop qu'ils sont des cancres carriéristes. Pourtant le bougre, c' était le haut du panier des instituteurs quand il a débuté dans la carrière Monsieur Magic. Un peu gentillet et naïf mais il avait bon fond et surtout il était resté fidèle à ses convictions politiques/artistiques. Il avait pris la suite de l' instite précédent qui avait voulu devenir prof à la grande école (Format hebdo). Celui-là aussi a mal tourné . Même si il a voulu faire le contraire de l' autre. Tricher sur l' apparence. Monsieur Inrock veut faire jeune à grand coup de lifting hipster. Et ça sonne faut et toc bien sûr. Il reste comme Monsieur Magic à coté de la plaque. Et j' ai beaucoup moins d' affection pour lui. Monsieur Magic aux dires des dames qui s' occupaient de lui a parfois eu des regains de formes. Il lui arrivait de re-suivre les actualités mondiales. Une couve sur Julia Holter, une passion pour Ariel Pink et John Maus. Il comprenait bien sûr pas tout parce que ces jeunots parlaient trop vite avec un nouveau langage inconnu mais au moins il faisait l' effort de ne pas trop s' enfermer dans sa coquille et ses certitudes. Parfois. RIP Monsieur Magic. Vous resterez un phare dans notre vie face à ce monde si difficile. Vous pouvez citer ma phrase cliché mille fois entendues aux obsèques. Je ne m'y rendrez pas. Préfère la vie. Et puis je m' étais rendu assez souvent à sa passion de jeune retraité. La reconstitution historique. Celle de 2001 avec pour sujet la préhistoire punk/rock m' avait même refoutu un petit coup de jeune temporaire. Je me demande d' ailleurs si ces reconstitutions n' avait pas un peu accéléré le processus de vieillissement de notre bon maître. Sa plus belle reconstitution historique, 2001 Du temps où les fayots n' étaient pas là. L'un de ses derniers soubressauts. Domage qu'il n' a pas écouté la leçon de l' élève au vieux maître. Je ferai aussi bien attention à sa dernière leçon. C 'était peut être bien ça ces reconstitutions un brin trop nostalgique de temps devenus inaccessibles. La vieillesse peut être belle à condition de continuer à être ouvert d' esprit, à s' intéresser aux autres et à ne pas mépriser ce que je risque de ne plus comprendre. A ne pas vendre son âme aux dieux de l'industrie musicale. Et comme vous le faisiez dans votre école les nouveaux venus dans la classe auront toujours la meilleur des places. Surtout si ils viennent de très loin et qu 'ils ne parlent pas le même langage. Ce sont eux qui ont les nouvelles solutions. PS : La petite nouvelle dans l' école nous vient de Suède et a un fort accent allemand depuis un séjour Berlinois. Elle aurait peut être fait peur à notre vieux maître mais il 'laurait adopté et fait participer au tableau. Qu'est-ce qu'elle est intelligente et surtout que de belles histoires sur Berlin et ses copains de Janus qu' elle nous raconte. De belles histoires toutes plus nouvelles les unes que les autres.
- HUERCO S ou, devoir mémoriel pour l' ambient
Huerco S revient et a définitivement quitter le dancefloor opaque de son génial "Colonial Patterns" (cf ici). Le brouillard l' a suivi et ce sont les plaines de son Kansas natal que nous découvrons encore plus profondément au cours d'un voyage méditatif passionnant. Et ce coup-ci le souvenir du tumulte techno de la lointaine Detroit s 'est définitivement estompé laissant la place à d' autres encore plus enfouis dans l' histoire des musiques. "For Those Of You Who Have Never (And Also Those Who Have)" sortira le 24 Juin et je peux déjà vous assurez qu'il sera un parfait compagnon pour nos siestes ou nos soirées étoilées cet été. Si votre corps ne risque pas vraiment sursauter ou se trémousser contre votre grès devant l' aspect ankylosé des titres votre esprit non perturbé ne risque pas non plus la lassitude au cours de son périple. Cet album de neuf titres est un ensemble de musiques plus variées qu'il n'y parait sans que cela ne perde en cohérence. Beaucoup moins porté sur la rythmique, ou du moins moins caché derrière, ce disque comporte encore bien la signature Huerco S. Depuis ses débuts il s' inscrit dans la suite logique de l' hypnagogic-pop ou de l' Hauntology. Esthétiquement on retrouve encore sur une majorité de titres ce souffle qui donne la sensation d'une musique étouffée. Les craquements semblant provenir d'un très vieux vinyl ou les glitchs électroniques d'une technologie récentes déjà dépassées. L' utilisation des synthés en mode new age et lo-fi. Le détournement encore et toujours. La curiosité toujours. "Hear Me Out" et son motif dominant renvoie à un passé et à des zones géographiques musicales bien éloignées de la culture occidentale actuelle. Origines africaine ou asiatiques ? Peu importe. Ce titre plus ancré dans les musiques dites "authentiques" et plus "ancienne" est suivi par ""On the Embankment" où la modernité via l' électro apparaît. Mais comme toujours chez Huerco S. ce qui semble symboliser un passé plus proche, encore présent même, est traité ou plutot représenté lui aussi comme un artefact. Travail mémoriel comme dans "Colonial Patterns". L' influence amérindienne moins évidente se retrouve tout de même sur "Marked for life". "Promise of Fertility" et "The Sacred Dance" renvoie au Onehtrix Point Never des débuts et surtout à Laurel Halo pour l' aspect aquatique produit par les sons étouffés. La nostalgie, ou serait-ce qu' un intéret pour le passé dénué de regret, est ici un sujet de fond et non pas le médium utilisé habilement ou naïvement par les revivalistes qui tentent de se faire une place au soleil. Plus portée sur l' ambient, ou du moins plus sur un désir de faire une musique ambient plus assumé, Huerco S. vient de s'inscrire dans la grande histoire de ce genre en y apportant une pierre à l' édifice pas prête de s' effacer par l' érosion.
- HUERCO S ou, devoir mémoriel pour l' ambient
Huerco S revient et a définitivement quitter le dancefloor opaque de son génial "Colonial Patterns" (cf ici). Le brouillard l' a suivi et ce sont les plaines de son Kansas natal que nous découvrons encore plus profondément au cours d'un voyage méditatif passionnant. Et ce coup-ci le souvenir du tumulte techno de la lointaine Detroit s 'est définitivement estompé laissant la place à d' autres encore plus enfouis dans l' histoire des musiques. "For Those Of You Who Have Never (And Also Those Who Have)" sortira le 24 Juin et je peux déjà vous assurez qu'il sera un parfait compagnon pour nos siestes ou nos soirées étoilées cet été. Si votre corps ne risque pas vraiment sursauter ou se trémousser contre votre grès devant l' aspect ankylosé des titres votre esprit non perturbé ne risque pas non plus la lassitude au cours de son périple. Cet album de neuf titres est un ensemble de musiques plus variées qu'il n'y parait sans que cela ne perde en cohérence. Beaucoup moins porté sur la rythmique, ou du moins moins caché derrière, ce disque comporte encore bien la signature Huerco S. Depuis ses débuts il s' inscrit dans la suite logique de l' hypnagogic-pop ou de l' Hauntology. Esthétiquement on retrouve encore sur une majorité de titres ce souffle qui donne la sensation d'une musique étouffée. Les craquements semblant provenir d'un très vieux vinyl ou les glitchs électroniques d'une technologie récentes déjà dépassées. L' utilisation des synthés en mode new age et lo-fi. Le détournement encore et toujours. La curiosité toujours. "Hear Me Out" et son motif dominant renvoie à un passé et à des zones géographiques musicales bien éloignées de la culture occidentale actuelle. Origines africaine ou asiatiques ? Peu importe. Ce titre plus ancré dans les musiques dites "authentiques" et plus "ancienne" est suivi par ""On the Embankment" où la modernité via l' électro apparaît. Mais comme toujours chez Huerco S. ce qui semble symboliser un passé plus proche, encore présent même, est traité ou plutot représenté lui aussi comme un artefact. Travail mémoriel comme dans "Colonial Patterns". L' influence amérindienne moins évidente se retrouve tout de même sur "Marked for life". "Promise of Fertility" et "The Sacred Dance" renvoie au Onehtrix Point Never des débuts et surtout à Laurel Halo pour l' aspect aquatique produit par les sons étouffés. La nostalgie, ou serait-ce qu' un intéret pour le passé dénué de regret, est ici un sujet de fond et non pas le médium utilisé habilement ou naïvement par les revivalistes qui tentent de se faire une place au soleil. Plus portée sur l' ambient, ou du moins plus sur un désir de faire une musique ambient plus assumé, Huerco S. vient de s'inscrire dans la grande histoire de ce genre en y apportant une pierre à l' édifice pas prête de s' effacer par l' érosion.
- Ital Tek ou, le curateur du présent et du futur.
Ital Tek nous est revenu cette année avec "Hollowed". Disque génial dont je vous avais déjà parlé dans l' article concernant un autre "curateur" du présent et du futur, Antwood. Ital Tek est un "curateur" mais un bon "curateur". Le terme curateur fait référence aux commissaires d' expositions. Quelqu'un qui regroupe les oeuvres, étudie un art ou un artiste pour les offrir au public. Simon Reynolds écrivait il y a quelques années que bon nombres de musiciens étaient des curateurs du passé. Il piquait dans l' histoire et nous recrachait ce qui leur y avait plu. Tel quel sans aucunes originalité. Les yeux dans le rétroviseur et surtout pas porté sur le mur qui approchait. Choc imminent à prévoir. Quand Reynolds développa sa thèse sur le constat peu reluisant de l'industrie musicale et du rôle de la musique post-internet on était pas nombreux à s'y retrouver. Personnellement il prêchait un convaincu depuis la fin des 00's qui était déjà passé à l' attaque avec la création de ce blog. Il me confirma donc et renforça ma volonté d' aller en quête de musique du future et mon refus du "déjà fait". Fallait chercher outre le déballage nostalgico-gaga-commercial et les niches stylistique que nous offrait les médias et l'indiustrie du disque. Ou du moins Reynolds m' aida à assumer totalement et à agir, donc à lutter en logique au quotidien dans notre façon de parler, écouter et partager notre passion. DWTN c'est ça tout simplement. On l'est toujours pas, nombreux. La majorité se contentant de faire l' autruche et de ne pas voir le danger pour la musique dont Reynolds faisait l' amer description. Avant ou après ce sont des musiciens qui entreprirent la marche vers du futur arrêté par d' autres. Ital Tek n'est pas journaliste mais musicien. Lui aussi s' inspire de son savoir, de ses connaissances pour les remettre dans sa musique. Sauf qu'il est exactement le contraire des passéiste/réac vilipendés dans ce blog et cités par Reynolds. La première fois qu'il est apparu dans ce blog c' était déjà en 2012 (voir ici ). Il y était question de footwork, du maximalisme de Rustie, du détournement stylistique des jeux vidéos par Gatekeeper avec ses nappes de synthés vintage tellement utilisés d'une nouvelle manière. Tout sur quoi DWTN avait craqué depuis 2010. Des musiques nouvelles, porteuse de nouvelles approches ou d' esthétique anti-rétro-indie. Reynolds voyait dans la rétromanie un truc de la middle-class blanches occidentales. Celle qui par exemple détient les clé des médias indies actuels (Pitchfork, Inrocks, New Noise). Et curieusement, le footwork, le post- grime anglais et l' UK Bass dans son ensemble. Tout ces truc "ghetto" étaient ou sont toujours à peine traités par nos journalistes. Comme du reste des genres "difficiles" comme la noise, l' indus ou la dark ambient. Genre surtout non commerciaux par excellence. Complexe de supériorité raciale et social? Je vous laisse juge mais retenez que souvent ces genre sont nommés par le terme de ..."sous genre". Un jour la presse musicale blanche devra m' expliquer comment un sous-genre peut devenir un "genre" à part entière dans l' océan de musique et d' information qu'est le net. N'ont-ils pas un rôle de défricheurs à jouer? Rôle pédagogue de passeurs? Rôle abandonné depuis longtemps. Ital Tek s' est souvenu que ce rôle pouvait être tenu par les artistes. Pas de "sous-genre' pour Ital Tek (Alan Myson) en 5 albums et énormément de ep. Tout est bon à prendre. A écouter. A découvrir. Ital Tek est apparu à la fin des 00's dans la queue du dubstep, genre certes teinté de nostalgie par son esthétique (comme l' hypnagogic-pop ou l' haunthologie) mais genre totalement novateur par son approche et ses techniques artistiques. Ital Tek devint avec ses trois premiers albums un lien entre la musique originale des 90's (l'idm) et celle de cette décennie, le dubstep. Il y mêlait bien d' autres chose toutes issues de cette musique urbaine anglaise ou américaine (techno underground, house déviante, glitch, dub bruitiste, grime, jungle). A partir de 2010 la trajectoire de Ital Tek continua a s'inspirer du passé mais s' accéléra et pris un virage brutal en direction des dancefloors et du futur en devenant une vitrine d'un nouveau courant apparu en Europe via son label Planet Mu. Lui et ses potes avaient découvert le footwork. Sa musique devint plus dansante, plus vigoureuse. Elle lorgna aussi plus sur l' Uk Dance. L' idm et le dubstep n' étaient présents que par des traces résiduelles des décennies passées. Il devena un réceptacle parfait de tout ce qui faisait en nouveauté dans l'underground urbain des 10's. "Nebula Dance" fut une claque et démontra en quoi le Footwork à peine cité dans les médias n' était pas qu'un simple "sous genre". Son aspect avant-gardiste et les possibilités créatrices qu'il offrait étaient chez Ital Tek exploitée avec succès. "Control" en 2013 confirma l' amour du bonhomme pour la musique de Chicago et sa volonté de tenter toutes les possibilités offertes. Le footwork se trouvait confronté au Purple Sound que l'on nomma aussi le "Maximalisme". Ital Tek tissa les liens évident entre l' enfant des Rashad, Rp Boo ou Traxman avec le grime ou la Trap et la Wonky. Ital Tek est quelqu'un qui refuse de se reposer sur ses lauriers doublé d'une insatiable curiosité. Toujours en quête de nouveauté, de nouveaux univers. Surtout ne pas se répéter. Avec "Hollowed" il opère un nouveau virage. Gardant toujours des traces de ce qu'il utilisa pendant les deux première périodes de sa carrière Ital Tek s' intéresse à une avant-garde musicale quasi absente des dancefloor. A d' autres ambiances. Le climat du disque est peut être pas autant énergique que les précédents mais il est plus lourd. Plus dark. A la fois plus hypnotique, planant et étouffant. Plus spatiale. Encore plus futuriste. Plus spirituel. Un violoncelle très Haxan Cloak clôture l' inaugural "A delicate Balance" après une très lente montée synthétique. Les voix numérisées des choeurs médiévaux de "Redeemer" terminent leur chemin dans un no man's land industriel. "Beyond Steel", lui aussi lente montée en direction l' espace, confirme l' abandon des pistes de dance pour des laboratoires planqués dans des usines désaffectées et sinistres. Il y a du croisé Roly Porter et Paul Jebanasam. "Terminus" et "Cobra" c' est du Vatican Shadow en light mais autant terrifiant. "Memory shard" a plus à voir avec Oneohtrix Point Never que Rustie ou Dj Rashad. Arrivé à la fin du disque on ne peut que constater l' étendue du changement et le fait qu' Ital Tek a peut être fait de la meilleur des façons son travail de curateur d' artistes et de musiques. Il vient de pondre son oeuvre la plus abouties, futuriste, avant-gardistes et importante jusqu'à ce jour. Un bon passe pas trop contraignant pour le présent et le futur à l'intention des retardataires.
- Elon Katz ou, quand Diagonal Records trouve l' antidote à LCD Soundsystem et aux années 00's
Merci Oscar Powell et Diagonal Records d' exister. Merci encore une fois. Après Not Waving et son déjà classique "Animals" puis la déculotté infligée par In The Mouth of The Wolf en à peine trois titres c 'est au tour du dinguo Elon Katz de nous retourner l' esprit. Outre le fait que cet américains est un sacré comique au point d' accompagner son ep d' un mode d' emploi scato typiquement Jean Louis Costes il sera surtout et à tout jamais la première sortie Diagonal avec des des paroles. On reste tout de même chez Powell le fan d' EBM donc la touche pop venant des vocaux Katz ça va pas non plus plaire aux fillettes poppy ni aux drogués de songwritting classique (Pop, Rock, Chanson, Rap etc etc). En écoutant ce disque et surtout en y détectant certains points communs on pense très fort à l'un des pygmalions des années 00's revivalistes, James Murphy et son LCD Soundsystem. Et vous savez quoi? Le culte autour du petit père des peuples Bobo/Hipsters qu'est Murphy ne s' en relèvera pas tellement Kartz appuie là où ça fait mal. Si Murphy fut le roi dans années pastiches, Kartz, même dix après, devient bizarrement la version originale, sans compromis et donc révélatrice de bien des dénis ou mensonges véhiculés par ou autour de LCD. Le communiqué de presse de Diagonal parle de "citric pop". Par la référence à l' acide il faut éviter de ne voir que l' aspect destructeur de l' acide. Même si c'est aussi un peu le cas au point qu'un site a confondu et écrit "Critic Pop". L' acide citrique est aussi et surtout utilisée pour ses qualités d' exhausteur de goût, D' intensificateur. La musique de Katz c'est exactement ça. Il intensifie de vieilles références pour créait une pop fêlée qui repris la rigueur originelle perdu avec le fil du temps et des pastiches. Chez ce type on retrouve le même mode opérationnel que chez James Ferraro, OPN et bien d' autres croisés dans ce site. On fait les poubelles de l' histoire, celles des outsiders comme celles des champions, on détourne, on maltraite et on te recrache le tout en inventant un nouveau vocabulaire musical qui ne se limite surtout pas à l' excuse estampillé 00's, le "post-modernisme cache misère idéologique". Avec "Immovable" tout est là. Le début avec crachats électros et quelques notes synthés maximalist. Ce disque a son âge, celui des années numériques 10's. Du post-club ou du Onéohtrix Point Never dernière livraison. Un peu mais pas seulement. Le chant déboule et la voix y est transformée, "déshumanisée". Le phrasé qui suit évoque Prince, ou David Bowie ou... Un pastiche vocale....Ben en résumé Pépé James Murphy quoi! Mais attention, pas de montée lente débouchant sur un orgasme dancefloor comme chez LCD. Pas d' emprunt entier de l' espace sonore ou du style Brian Eno des débuts ou de sa collaboration avec Bowie comme LCD en a fait trop. De toute façon Katz n' est pas Murphy déjà parce que ses influences sont autant à chercher dans des musique plus agressives (indus), moins "divertissante" (la No-Wave), percutantes et flipantes car martiales (l' électro body music de DAF). Malgré tout ses hommages à Mark E Smiths de The Fall réécouter Murphy en 2016 donne la sensation vraiment frustrante de tomber sur du post-punk light. L' aspect anti-pop/rock donc anti-commerciale/divertissement de certaines formations y est bien mis de coté non sans un peu malhonnêtement se revendiquer de toute cette mouvance. Et tout ça sur le dos de la culture dancefloor. D 'ailleurs tout aspect politique, artistique ou sociétal du post-punk sont également absents ou rabotés . Pas étonnant que LCD pour sa reformation puisse taper l'incruste à Coachella parmi bon nombre de réprésentant mainstream et être demander par les gros festivals. No risque ! "Immovable" est donc un sacré travail de déstructuration d' éléments du passé en confrontation à des attaques sonores inopportunes. James Murphy est encore pris la main dans le sac et un truc auquel personne n' avait vraiment voulu voir chez lui apparaît. James Murphy aimait pasticher le passé, souvent fort bien, mais c' était un passé déjà bien éloigné. Sans risque. Fin 70's et un peu fin 80's. Soit Plus de quinze ans après les faits. Un passé bien rentré dans les habitudes d' écoute. Un passé finalement devenu inoffensif. Il disait adorer l' électro autant que le rock. Mais l' électro purement dansante. Curieusement pas une seul trace d' IDM Autechre ou Aphex Twin dans LCD. "On ne peut pas tout aimer" me direz-vous. Certes, je rajouterai on ne peux pas tout aimer et copier surtout si c' est un brin tordu et "pas facile" à relancer au plus grand nombre. C'est peut être ça que le ep de Kartz démontre le mieux au sujet de Murphy. Une musique refusant toute confrontation avec son époque et ne se contentant que de l' accompagner de coté avec pour étendard contestataire la nostalgie. Au sujet d' Aphex Twin j' ai lu ce truc si juste qu'il vient peut être du type lui même: «les débris de structure et la provocation» La grande différence là voilà. Et voilà pourquoi LCD n' a rien changer ou du moins tenter de changer. D'ailleurs quand on relit les vieilles interviews de Murphy on s' aperçoit de la gène du bonhomme dès que le mot originalité se pointait. Parfois il s'est même mis en colère. Si il n'y a pas d' originalité alors la musique sera fatalement hors de son époque et perd donc de son rôle "rebelle". Et voilà que cet inconnu d' Elon Katz (pas si inconnu que ça cf ses projets pour Hyppos in Tanks) nous offre du LCD Soundsystem rebel et revendicatif en version post-club et expérimentale. Du LCD original n' ayant plus besoin de maquillage moderne. Un journaliste a parlé d'un improbable LCD version PAN records. Revenons au titre "Immovable" et ce putain d' ep, "The Human Pet". Quand la voix évoque le plus celle que Murphy prenait après les montées au moment où LCD atteignait l' euphorie et bien Kartz dans un geste post-punk provocateur et tant Janus/Berlin fait dérailler le train pour conclure en eau de boudin. "You Are Alone" prend la suite. Toujours du LCD un peu étrange, répétition d'une phrase, petit pont et quand LCD poussait à la danse le titre s' arrête et nous plante en plein zone numérique planante et étrange. La phrase reprend mais transformée, parasitée par des sons venus d' ailleurs. Le fan de LCD venu pour danser va pas comprendre et l' organisateur de festival s' apeurer. Fin du spectacle ! Le morceau titre prend le relais et passe à la moulinette l' EBM. Coupure, rythme martial mis à mal. On ne peut pas danser encore une fois et Kartz ça le fait marrer de nous frustrer. Avec ce titre on comprend bien pourquoi Powell l' a signé. Plus loin "Unamed" et "Clean Cash" dévoile un Kartz jouant avec le passé de la même manière mais laissant une place des territoires encore plus étranges. Elon Kartz tape très fort. Son disque est à faire écouter d' urgence dans les hospice pour Indie-popeux/électro dans le déni de la vieillesse et de leurs actes manqués. Un déni qui les coupe du monde et des nouvelles musiques un peu plus chaque jour. Et une fois de plus avec un disque DWTN se dit que oui! Putain! Qu'elles furent horrible ces années 2000 totalement nostalgique et copieuse, ces filles du cynisme des 90's qui n'ont pas vu ou voulu voir arriver l' inévitable. La fin d'un système économique emportant tout sur son passage, le drame écologiste et la révolution numérique. Ces odieuses années où l' originialité et le courage artistique était balayé d'un revers de la main par des crétins au seul profit des aspects divertissants et commerciaux. Ces odieuses années où le libéralisme a fait entrer dans les têtes de toutes les couches de la société, et même de l' underground, que la musique n'était porteuse que de plaisir auditif et surtout pas de fond. Cerains se plongèrent dans le sectarisme stylistique comme d' autres crachait leur tune pour aller s' éclater en festival et ne surtout pas se poser de question. La redite était la norme. C' est de tout ça que LCD Soundsystem sera à toujours la parfaite bande-son. Une bonne bande son certes. Mais une bande-son faite par des autruches dansant la tête dans le trou. PS Retour rapide sur les deux tueries 2016 made in Diagonal déjà abordées par ici Et rassurez-vous! Comme Elon Kartz, Not Waving et In The Mouth Of The Wolf ne sont pas prêt d' être sur la grande scène de Coachella dans quinze ans après une réformation cynique.
- Peter Rehberg aka Pita ou, quand une légende revient chahuter l' expérimentation
Une légende de la musique d' avant-garde revient et nous rappelle qu'en 1995 il avait 20 ans d' avance. Le post-club de Berlin et d' ailleurs vient de trouver un autre grand-père avec Peter Rehberg aka Pita. Si son nom ne vous dit rien sachez que vous avez à faire à une quasi "institution", un truc obligatoire pour tout ceux qui disent aimer l' électro . L' homme de Mego est enfin revenu aux affaires sous son pseudo symbole de ses plus belles oeuvres. L' autrichien est un héros de la musique "d' ordinateur". Un des premiers a utiliser et à assumer le numérique d' une manière sidérante et réussie. Un terroriste sonore pour la bonne cause. "Get In" sort ces jours-ci et c' est une sorte de préquel à la nouvelle génération de musicien informaticien. Les Holly Herndon, Ash Koosha ou M.E.S.H. entre autres. Il y a beaucoup de trace de lui chez des Roly Porter ou Jenanasam par exemple aussi. Rehberg était apparu dans la trace de l'IDM des Autechre et APhex Twin. Avec ses albums "Get out","Get Down" et "Get Off" il influença et marqua bon nombre par son goût du glitch , du drone, de l'indus et d'une certaine noise expérimentale. "Get in". Si bien sûr le temps a fait son effet le type reste une tête au dessus du peloton des poursuivants. Il avait de toute façon une tel avance que seul les cadors contemporains pourront s' accrocher à sa roue. Sur "Get In" on alterne des instant planant et des décharges sonores toutes remplie de trouvailles plus hallucinantes les unes que les autres. Comme en 1999 ce type a le dont de vous faire aimer par ses idées géniales ce qui devrait vous faire fuir pour vous réfugier dans les mélodies si rassurantes de musique moins "difficiles". 20150609 c 'est du Rashad Becker "cool" et "flashy".. La recette reste la même. Alternance de l'aspect drone appaisant par de l' ambient glitch légère et progressivement on se retrouve dans l' industriel et l' électro-accoustique la plus étouffante et parfois brutale ("Aahn"). Le label Mego. Inutile de vous faire la liste totale de ses signatures tellement on lui doit bon nombres de joyaux. Oneohtrix Point Never, Fennesz, Iannis Xenakis, Jim O'Rourke, Mark Fell , Prurient etc etc. Pourquoi ce label attira tous ces grands noms? Simple. Allez écouter le dernier Pita et vous allez comprendre. Ticket obligatoire pour les tops de fin d' année.
- RAIME ou, le vide rebel orchestré
Le duo Raime sortira le 10 Juin la suite tant attendue de leur "Quarter Turns Over A Living Line". Enfin l' occasion d' écrire sur eux. De jeter à la face de ce monde tellement drogué de remplissage à tout va mon amour pour ces farouches créateurs de beautés avec presque rien. La musique de Raime est l'une des plus belles au point d' être devenue depuis 5 ans l' encre retenant mon petit navire personnel ballotté par la tempête. Comment définir la musique à la singularité miraculeuse depuis ses débuts de ce duo formé par Joe Andrews et Tom Halstead ? Comment expliquer la fascination de certains et comment faire partager ce bonheur et cette vision rebelle de la musique ? Écouter Raime c' est un peu comme écouter le bourdonnement sourd de votre système auditif rencontrant (enfin?) le silence après le déluge sonore d'un concert. Un bourdonnement sourd qui peut être accompagné d'une aura Dark après moult stimulus divertissants . Du Lugubre/sobre après le trop plein. Le lugubre et le sobre ne sont pas synonymes d' ennuie. Loin de là. C' est un peu aussi le même bourdonnement, en moindre peut-être, qui accompagne la sensation étrange d' apaisement que l'on ressent en rentrant dans notre appartement silencieux après avoir passé la journée enveloppé dans le bruit de la vie moderne. Du monde moderne. Circulation, machine, la musique omniprésente (bar, centre commerciaux), l' autre musique aussi, celle du flux d'information de toute forme médiatique (Internet, radio, télé, téléphone). La musique Raime semblant si glauque, étouffante et dark devient finalement sur la longueur une bouffée d' oxygène face au reste. Ces instants décrits plus haut sont importants. La musique de Raime l' est donc devenu naturellement. Surtout que le monde en accélérant sans cesse développe sur nous tous une pression irrésistible. On ressent une peur du vide. Peur de louper quelque chose, de ne pas profiter de la vie face à une offre pléthorique. Et pourtant, toutes ces sollicitations, par leur rythme effréné et leur accumulation remplissent-elle vraiment le "vide". Ce monde consumériste n 'aime pas le vide. Surtout il ne faut pas donner du temps pour écouter ce bruit sourd. Faut du storytelling. Du divertissement facile. De la joie et de la bonne humeur. Des histoires sans fin et surtout sans morale. Du divertissement imposé dans le seul et unique but de ne surtout pas se pauser sur le bord de la route. Ça pourrait donner des envies aux autres conducteurs et ça créerait un bouchon. En musique cela donne une avalanche de disque, de nouvelles formations, du buzz sans cesse. Surtout quand l' offre peine à combler le vide. Les artiste doivent difficilement s'y faire une place alors ils ne se pausent plus sur le bord de la route de peur de perdre leur place. Plus le temps de prendre son temps pour trouver l' originalité. Alors on tape dans le passé. Plus facile et plus assimilable comme divertissement. Écouter Raime c' est un peu dire stop et merde à la musique divertissante, mille fois entendue et remplisseuse. La première fois face à Raime on a l'impression de regarder un film consistant en un seul plan fixe. Sans dialogue. Sans action? Pas vraiment. Peut-être est-elle hors champ et risque traverser l' écran à tout instant. Une histoire sans but, un manque total de storytelling. Pas de quoi danser. Pas de quoi chantonner. L' héritage anti-pop/rock/divertissement obligatoire d'un certain post-punk est ici. Celui des Throwbing Gristle ou des This Heat par exemple. Il y a aussi du John Cage et son acte révolutionnaire à caractère zen ,4' 33". Le "fameux" coup du silence joué par un orchestre avec sa mise en scène et sa composition. La leçon de Cage c' était qu'il y a toujours du son . De la musique. Les premiers spectateurs de la chose s' aperçurent qu'il y avait bel et bien une musique malgré le silence de l' orchestre. Les gouttes de pluie tapant sur le toit du théâtre et même les bruits des spectateurs eux même. Respiration, toux, frottement des vêtements. Raime c' est une rythmique dub ou doom. Lourde , pesante et étouffante comme le silence épais décrit plus haut. Toujours dans la répétition. On pense à tous ces "fanfarons" de la musique du style gothique ou industrielle. "Faith" de Cure par exemple mais en encore plus désertique et fantomatique que l'original. . Elle ne va pas s' accélérer la rythmique . Pas s' arrêter non plus. A peine si elle va subir des soubresauts. Cette rythmique semble être squattée par des sons extérieurs. Tel ceux de l'expérimentation de Cage. Au tout début du groupe (ses deux premiers ep) ce n'était que sample trafiqués par l' électronique, des nappes de synthés terrifiantes, des cris ou encore des sons déjà aperçus dans le grime ou la Witch House. Comme dans ces deux dernières l' oeuvre de Raime est symbolique d' utopies brisées dans le futur. D' un avenir incertain où les grains de sables ont définitivement bazardé la machine à combler du vide. Plus envie de se divertir à moindre frais en terme d' investissement personnel. Dès leur premier album, "Quarter Turns Over A Living Line", l' acoustique s' est pointé. Grattages maladroits de corde de guitare. La boite à rythme remplacé par des sons de percussion en apparence "moins artificiels" mais toujours un peu trafiqués tout de même. C 'est devenu plus rêche, plus "rock" et c 'était prévisible. Parallèlement nos deux bonshommes ont copiné avec Pete Swanson le Pape du boucan noise. C'était le single/split "Positive/Elsie". Les Raime cachés sous le pseudo Moin y délivrait leur version lente et lourde du noise du père Swanson. Plus tard Moin s' offrit un ep pour lui tout seul et ainsi renda hommage au post-punk qu'ils chérissent. This Heat, comment pouvait-il en être autrement question intransigeance et indépendance d' esprit. Mais il y avait un fort relent Albinesque. Sur le prochain "Tooth" c'est encore plus le cas. Raime avec ses cordes de guitare hésitantes répétitives et leurs airs post-rock c 'est un peu comme du Godspeed Black Emperor ou du Mogwai qui bloquent ou refusent l' embrasement sonore obligatoire en festival pour finalement laisser la place à la musique de l' extérieur, celle de John Cage. Et qu'est-ce qui arriverait si ces deux formations faisaient ça? Leur post-rock redeviendrait ce qu'il a toujours été. Du post-punk. Raime a le cul entre deux chaises. L' électro moderne et le post punk. Qu'ils y restent ! C'est la meilleur des positions ! L' ennuie n'est pas au programme sur "Tooth" comme sur toute la discographies de ces enchanteurs des ténèbres. Les Raime sont maîtres absolus de la subtilité. Le détail qui va vous emporter vers les cieux. Le silence en modèle, le refus de la facilité et le goût de la lenteur pour toucher un raffinement devenu chez les autres utopique. Petit conseil : Tenter la découverte de ce groupe chronologiquement. Gardez Tooth pour la fin et débutez par les deux ep et le premier album. L 'effet va être une véritable claque. PS : BLACKEST EVER BLACK, un label droit dans ses bottes. Label fondé par Kiran Sande en 2010 BEB est devenu une référence en matière de musique dark et intransigeante. Créé à l' occasion du premier ep de Raime il n' a eut de cesse de nous offrir des merveilles jusqu'au point de concurrencer en terme de quantité et de qualité les autres labels chassant dans des styles plus variés. Chez BEB jamais de faute de goût. Bon nombre des artistes préférés de DWTN sont passés par ce label. Depuis deux ans le label est en permanence dans mon top perso. La liste est lourde, hallucinante: Raime, Pete Swanson, le génial Regis, la beauté glaciale de Tropic Of Cancer, Prurient/Vatican Shadow, Black Rain, Cut Hands, Dalhous etc etc Récemment le label est parti hors d' Europe et des USA pour dénicher une bande de copains australiens tous plus originaux et talentueux les un que les autres. Les hypnagogico-dark F ingers, la prometteuse Carla Dal Forno, les félés de Tarcar ou les bouffeurs de champignon Tarquin Magnet. On y trouve même Jac Berocal et les héros légendaires de Ike Yard et quelques autres pépites du passé.
- OLIVER COATES ou, un violoncelle sur le Dancefloor.
Violoncelle + Dancefloor= ? Oui je sais ! Les vrais aventuriers et les petits scarabées tombés de la dernière pluie (les inédits de "Corn") vont prononcé le nom magique de l'un des musiciens des 80's le plus sous-estimé et connu. Arthur Russel. Bien sûr que l'on va y penser fortement en découvrant le magnifique "Upstetting". Mais pas seulement. Oliver Coates dépasse largement le statut de simple suiveur recopiant le natif de Iowa. Par exemple, et en règle générale les deuxièmes ne la connaissent pas, dès qu'il faut parler de violoncelle novateur car sans oeillère "classique" et également trouver une autre référence dans la façon de travailler de Coates c'est la copine de Russian Circle et Mono qu'il faut connaître, Helen Money. Oliver Coates nous offre l'un des plus beaux cadeaux de cette année 2016. Un machin entendu nul-part et qui va resté durablement dans les panthéons de l'innovation musicale. Cordes classique + électro Oui je sais ! Les vrais aventuriers et les petits scarabées vont prononcé le nom des Islandais de Kiasmos. C 'est vrai que récemment ce sont eux qui ont remis au goût du jour ce mariage pas si improbable que ça. Aucun mariage n' est improbable en musique. Nos deux Kiasmos passent pour de gros bourrins un brin m'as-tu vu et franchement peureux face à Coates. Bien sûr qu' ils sont loin de cette description nos gars nordiques mais Oliver Coates fait tellement dans l' infini détail, dans la quête du son inconnu et dans les carambolages osé que l'on est obligé d' être tenter de voir exagérément les choses comme ça. Là où les Kiamos et d' autres se contentais d' utiliser les cordes "comme aux classiques" Coates maltraite, ausculte à la recherche du moindre son original son instrument et n' en joue surtout pas comme à l' école de musique. Et que ça pince, ça frotte et ça tape sur le bidule. Et c'est pas finit. Un peu comme un Colin Stetson en mode exploration de son saxo mais surtout un peu vachement beaucoup comme bon nombre d' expérimentateurs électro. Parce que voyez-vous brave gens, non seulement il tire de son malheureux instrument des sons rares, monsieur, tel un Ash Koosha ou M.E.S.H, vous les balance dans l' univers numérique en mode compressage. Tout l' intérêt du disque ne réside pas seulement dans l' artisanat 2.0 du musicien. Il y a aussi ce qu'il en sort. Et c'est un monde immensément vaste et riche. Oliver Coates nous explique que l' enregistrement de "Upstetting" s' est fait en plusieurs temps et fut marqué par bon nombres d' événements. D 'abord c 'est un mariage et un voyage de noces à New York. Retour à Londres et pan! Monsieur et madame Coates retrouve leurs appartement inondé et c'est parti pour les chambres d' amis et les hôtels londoniens sordides. Mais c' est pas tout. Y'a pas que dans sa vie privé que ça a été un brin perturbé au point d' avoir une influence certaine sur sa musique. Grand musicien classique réputé mondialement il est amené à pas mal partir voir chez les autres. Mais parfois il est au mauvais endroits, au mauvais endroits. Dans la ville du Caire quand l' Egypte décide de bombarder Daesh ou à Honk Kong pour qu' il observe les violences policières face aux manifs d' étudiants. Après tout ça fatalement ,il en avait des trucs à raconter. Il en avait vu des paysages, visuels ou sonores, à dépeindre. Tout le disque est truffé de la richesse et des souffrance du monde. Jamais on y retrouve ses petits et c' est une véritable malle aux trésors remplie de trouvailles insoupçonnée. Quand "Innocent Love" balance Arthur Russel (ce sera la seule fois que l'on peut le citer comme ressemblance) et qu'il nous le fout dans l' orchestre jouant les corde d'un Massive Attack alors déjà on a un peu largué les amarres du train-train. D'ailleurs Coates a joué pour Massive Attack. Il est aussi pote avec Mica Levi. Le monde du talent est bien petit. "Timelaps (Walrus)"c 'est le dernier trip House de l' Haçienda pour le triste jour de sa fermeture. Donc franchement léger et minimaliste. En fait Coates nous fait croire que ces gros branleurs de Factory ont du pousser Durutti Column à faire de la House de force et sous amphet. Coates prend le footwork et ses fameux beats sous-marins pour les associer à la mélancolie héroïque d' un Nils Frahm. Plus loin cette musique sans nul autre pareil passera par tout ce qu'il peut se faire sur terre. Ira dans tous les sens interdits. Un titre calme vraiment "classique" pour se reposer et en avant pour la science "dark" fiction de "The Irish Book Of Death & Flying Ships" pour finalement faire coucou à l' Afrique de "Stash". Oliver Coates en à peine 7 titres vient de nous ouvrir les portes d'un merveilleux Dancefloor inconnu pour une fiesta planétaire des sens.