top of page
trish-keenan.jpg
Music Blog
& OTHER

DANCING
WITH
THE
NOISE

Trish Keenan, Broadcast

Ian William Craig, chemin magnétique pour le paradis


Il ne faut vraiment pas grand chose pour offrir de la beauté. Ce canadien n' a besoin que de bandes magnétiques et de sa voix avec certes, quelques instruments, mais des machins si vieillots que l'investissement n' a du être que purement artistique, émotionnel et réflexif . Avec simplement ça, Ian William Craig vient de sortir une merveille hallucinante alliant étonnamment la clarté avec la cacophonie. Sorti cet été "Centres" risque d' en retourner plus d'un, voir même les faire pleurer. De bonheur bien sûr.

Jusqu'à présent Craig avait du mal à sortir du lot d' expérimentateurs. C' est avec son "A Turn Of Breath" que les projecteurs avaient commencé à se braquer sur lui en 2014. Le suivant "Cradle for the Wanting" m' avait refroidi mais le nom était resté dans un recoin du cerveau. Carrière débutée aux alentour de 2012 Craig a eu tout le temps de perfectionner et d' approfondir sa musique. Faut dire qu' avec deux albums par an en moyenne le bonhomme n' a rien d'un dilettante. Signé depuis peu chez les pionniers du post-classical, 130701 (Sous division de FatCat Records). Il a ainsi rejoint une bande d' artiste adorés par ici pour leurs ambitions de dépoussiérage du classique. Jóhann Jóhannsson, Max Richter, Set Fire To Flames et notre honneur national, Sylvain Chauveau.

Parmi tous ces instrumentistes talentueux Craig fait office de nouveauté, il possède une solide formation et les dons du chanteur d' opéra. Ce fausset a donc bien sa place avec les autres. Mais il l' aurait tout autant sa place dans la maison mère de 130701, Fatcat. Ces derniers avaient sorti un disque de Sigur Ros en 2001. Craig fait beaucoup penser aux Islandais. C' est peu de le dire. Le frisson intense ressenti et certains traits communs de son titre "A Single Hope" font irrémédiablement écho à leur classique "Svefn-g-englar". Le canadiens n' étonne donc pas quand il cite le post-rock comme étant l'un de ses amours de jeunesse en rajoutant Godspeed You! Black Emperor. Mais là où on ne pourrait s' attendre qu'à une redite d'un garçon un trop marqué par ses influences récitant ses Mogwai et Slint le machin se complique pour le meilleur. Dans la catégorie Post-Rock il n' a pas fait l' erreur de bon nombre. Il ne s' est pas arrêté à l' instrumentation "classique" du rock qui ne représentait qu'une petite partie du phénomène. Il a été plus loin et cite les spécialistes du Field-recording et de la manipulation de bande, The Stars Of The Lid. Des techniques des Texans, notre homme en use et en abuse comme un autre charmeur magnétique actuel dont il a été question par ici, Jefre Cantu-Ledesma. Un autre artiste pareillement adoré ici est régulièrement cité par le canadien pour son rôle de déclencheur dans sa carrière de chanteur, James Blake.

Comme pour le récent effort de l' anglais "Centres" est un disque long, très long. Plus d' une heure. Mais à la différence près, et non des moindres, on s' emmerde pas chez Craig. Paradoxalement ce sont les passages purement instrumentaux, souvent ambient et drone, qui par leur plus grande présence sauve le disque de la nausée provoqué chez Blake par l' omniprésence vocale. Le dernier Blake reste tout de même lui aussi au-dessus du lot en 2016; Cet adepte de la gravure adapte cette technique à la musique. Il façonne les sons ou plutot, les modèle et les assemble pour créer de splendides paysages. Il manipule pour cela sa voix sans pour autant en faire trop avec. De la même manière les synthés analogiques et la guitare (une nouveauté chez lui) passent par tous les états pour gagner eux aussi en rayonnement. Pour vous faire un avis et surtout trouver tout de suite ce que recèle de merveilleux ce disque je vous adjure d' écouter jusqu' au bout le premier titre, "Contain (Astoria version). Les allergiques aux épanchements vocaux de virtuose risquent être surpris par le résultat final. On peut s' imaginer tomber sur un énième truc lacrymal hyper classique d' Antony & The Johnson mais arrivé à la moitié c' est bien un drone noisy et un subtile jeu d' écho qui va vous précipiter dans les expérimentations de William Basinsky et Tim Hecker. Une patine vieillotte déjà croisée récemment chez The Caretaker finira de charmer. On va beaucoup entendre parler de Bon Iver cet automne au sujet de la rencontre entre un certain classicisme (folk dans son cas) et d' expérimentations sonores accentuées. Déjà certaines réactions, notamment sur le vocoder, dévoilent tout l'imperméabilité chez certains gentiment réac sans le savoir. Mais peut être que leur réaction est encore une fois une tragique conséquence de 10 ans de revival aux sonorités poussiéreuses et que trop conventionnelles. Dommage mais peut être là où Iver peine à séduire avec des compositions un brin archaïques (c' est peut-être ça le défaut de son dernier disque), le canadien va plus loin et charme grace à son esprit aventureux mêlé à un sérieux bagage classique.


 RECENT POSTS

bottom of page