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  • RIP TRIANGLE RECORDS

    Si la fin d' année 2019 fut marquée par la fermeture du label tant adoré par ici Blackest Ever Black, 2020 restera quant à elle marquée par une autre disparition importante dans le petit monde des labels dits Indies. Et pas des moindres. Probablement l' un des labels parmi les plus déterminants et influants dans l' histoire de ce blog. Sans Tri Angle Dancing With The Noise n' aurait certainement pas été le même. Et pour cela il n' aura suffit que quelques mots à son créateur Robin Carolan pour nous annoncer la fin de l' une des plus belles aventures des 10's. Ce n' est pas réellement une surprise puisque 2019 n' avait vu qu' une seul sortie chez Tri Angle Records, qui plus est datant de la première moitié de l' année. Le très bon "And deppart from mono games" de Aya Sinvlair aka LOFT. La rumeur persistante est donc confirmée et 'l heure est tristement venue de la nécro. La légende débute, parce qu' immanquablement ce label est appelé à devenir légendaire comme les 4AD ou Warp, en 2010 quand l' un des rédacteurs du tout autant mythique site 20 jazzfunkgreats se décide à passer à l' acte. UNE BOUFFÉE D' OXYGÈNE EN PLEIN MARASME RETROGAGA La première sortie par sa nature annonce ce qui va suivre. La compilation "Tri Angle Records Presents : Let Me Shine For You " fait aussitôt parler d' elle par sa thématique et les artistes y participant. Il s' agit de remix de la chanteuse Dance Pop mainstream Lindsay Loan par la frange avant gardiste d' alors. Choc des cultures entre d' un côté une copine des Britney Spears et Lady Gaga, et de l' autre des grands noms de l' expérimentation tel Laurel Halo ou Oneohtrix Point Never. Robin Carolan met sur un disque ce qui sera sa vision et celle de son label. C 'est l' exemple type de ces rares individus qui vont réenclencher la marche avant au moment où l' indie et un pan de l' électro se vautrent dans la rétromanie stérile et les niches stylistiques de se cloisonner irrémédiablement. Si l' exercice n' était pas une nouveauté (remember "If i were a Carpenter") cette "Tri Angle Records Presents : Let Me Shine For You " apporta un grand bol d' air frais. Carolan offrait une visibilité à la nouvelle relation qu' une minorité en quête de solutions entretenaient avec le mainstream face aux appréhensions et les pinces nez franchement isolationnistes de la majorité indie. Avec Carolan, fan inconditionnel des Boards Of Canada, et les signatures du label il sera donc question pendant 10 années de subversion de pop par une avant garde souvent électro abreuvée d' Hip Hop bancale et cybernétique, de R'n'b spectral, et d' expérimentations en tout genre comme un goût affiché pour les territoires Dark de l' indus et de la Noise Atonale. Le tout avec une mentalité punk ou post-punk adepte du DO It Yourself. A moins que parfois ce fut l' inverse en matière de perversion. Ouverture d' esprit totale, curiosité et goût du risque. Tri angle naquit donc en pleine montée de sève Witch House (Salem) et ça se verra immédiatement et les idées perverses de l' Hypnagogic Pop et de la Vaporwave s' infusant fortement dans son catalogue par leurs influences revigorantes. Balam Acab ("See Birds") et o0o00 ("o0o00") sont les premiers artistes a attiré les projecteurs sur le label avec deux ep gavés de styles musicaux alors novateurs, Chillwave et Chillstep pour le premier et Trip Hop remis au goût du jour 2.0 pour le second. En 2011 How To Dress Well tenant le rôle du passeur entre Pop et l' underground tendance ambient pour le premier album du label ("Love Remains"). Rajoutez à la recette de ce dernier du Dub et vous obtenez le premier grand titre du label, celui du dépucelage Tri Angle pour votre serviteur, l' immense "Yr Love" de l'un des artistes phare, Holy Other. Clams Casino confirme l' importance et 'linfuence de Dj Screw et de son Chopped & Screwed sur Tri Angle en participant à la création du Cloud Rap pillé plus tard par LIL B et A$AP Rocky. Les Waters Boys poursuivront la trajectoire des premiers et en à peine un an Tri Angle se pose en étendard de la modernité et du futur. 2012 débute avec des tentations Footwork chez Evian Christ ("Kings and Them") , l' apparition furtive du R'n'b alternatif d' Aluna George et une remise en avant de l 'lDM par Howse (l' influence Warp chez Carolan réaffirmée). Mais ce sera surtout le premier album d' Holy Other et celui d'un nouveau venu, Vessel, qui marqueront les esprits. Ce dernier offre une relecture Post Punk à mille lieu du R'n'b de ses congénères et dévoile ce qu' aurait pu être Cabaret Voltaire 40 ans plus tard. Son "Order of Noise" marque un tournant dans l' histoire de Tri Angle avec ses ambiances dark et claustro bien plus prononcées que chez les collègues. Le suivant, "Punish, Honey" en 2014 confirmera et sera l' album de la consécration pour son auteur. Le tournant se fera encore plus magistral avec le deuxième LP de The Haxon Cloak. Bobby Krlic avec "Excavation" apporte un nouveau contingent d' influences multiples et variées dans la génèse du label, SunnO))) et Hearth se retrouvent réactualisés par des manières très Demdike Stare. A peine remis le label balance le ep "Preparations" de FIS dans lequel le Néo Zélandais Oliver Peryman convie la nature, la permaculture et toutes formes de vivant dans les ambiances dark des deux autres. Avec ces trois derniers disques Tri Angle élargit encore plus son public et il devient de plus en plus difficile aux critiques un brin curieux d' ignorer ce label devenu un radar à innovation en tout genre sans la moindre œillère. Votre serviteur est alors définitivement conquis et cherche par tous les moyens d' obtenir le Graal , un T-Shirt avec le fameux logo vite devenu iconique. Après 4 années d' existence à peine les promesses de Carolan sont tenues. Des délicatesses d' Holy Other ou Balam Acab en passant par les aspiration Pop How To Dress Well jusqu' aux coup de boutoir Dark de Vessel et Haxan Cloak c' est une véritable explosions de nouveautés passant du coq à l' âne tout en gardant une solide et réelle cohésion. Suivront UN LABEL PIONNIER DE LA DECONSTRUCTED CLUB Tous les grands labels par leurs influences au cours de l' histoire sont intimement liés à un nouveau courant. Factory était dans un premier temps porteur d'une vision Post-Punk typiquement Mancunienne avant de devenir un étendard Baggy et de la culture Dancefloor vers 1988-89. Warp aura l' idm quand Rough Trade symbolisera la naissance de l' indie et les aspiration électro via le Post punk. Mais si on doit trouver une filiation à Tri Angle avec une légende du passé ce sera 4AD à mon humble avis. Parce que le goût des ambiances Dark (This Mortal Coil), d'une pop rêveuse et aventureuse (Cocteau Twins) et les tentations dancefloor (M/A/R/S/S). La même soif de nouveauté absolue, d' ouverture totale et l' envie furieuse de secouer le cocotier sont décelables dans leur dirigeant respectifs. Il faut aussi rajouter qu' Ivo Watts Russel de 4AD a commencé par les fanzines, ancêtre des sites tel celui de Robin Carolan. Vers 2012-2013 un nouveau terme va apparaître progressivement dans le milieu électro quelque soit les lieux sur la planète. Une certaine vision déconstructivisme va débouler sur les Dancefloors. Et très vite ce petit monde va se rencontrer pour produire une petite révolution musicale. La deconstructed Club ou Post-Club (ici) va se propager et Tri Angle Records joue un rôle fondamental. Les artistes du label tournaient autour du pot depuis les débuts, ils ont même préfiguré ou mieux, influencé dans cette direction. Carolan ne va pas louper le Post-Club. 2014 voit Evian Christ s' en approcher définitivement mais c' est surtout un illustre inconnu qui va offrir au label son premier véritable jalon Post-Club. L' américain SD Laïka avec son "That's Harakiri" prend la mélancolie de Burial pour la passer par le filtre de la modernité dystopique égarée sur le dancefloor de Logos. Et les zombies airèrent sans danser sur les dancefloors. Il sera suivi immédiatement par le mancunien BoothRoyd faisant percuter Coil avec Evian Christ. Le Post-Club est né en partie à Berlin avec la clique Janus, Carolan va faire très fort en y dégotant Lotic et son pote précurseur et grand penseur du genre, Rabit ! En Mars 2015 , en à peine quelques jours ce sont les coups de tonnerres "Heterocetera" de Lotic et "Baptizm" de Rabit . Deux ep essentiels dans l' histoire de ce blog. Les questions de genre, les revendications Queer et Trans elles aussi depuis sa création flottant sur le label apparaissent aux grands jours et le label devient en la matière aussi un étendard. Deux mois après Tri Angle Records fête par une soirée ses 5 ans à New York. Une soirée légendaire. La plus part des artistes du labels sont là et les observateurs présents raconteront que ce jour-là ils ont tous ressentis que quelque chose de spécial s' était produit. Quelque chose d'unique et rarement atteint dans le petit monde de la musique depuis des années. Et puis il y aura la cerise sur le gâteau, l' invité surprise mythique qui par sa seule présence constituera un adoubement pour Tri Angle Records. Bjork en personne pour un Dj set dans lequel elle mariera ses vieilles lubies à son rôle de radar musical en flairant la piste du futur, le Post-Club. Et honneur suprême, elle embauchera The Haxan Cloak pour son "Vulnicura" et Rabit pour "Utopia" aux côté du plus grand rendez-vous manqué de Tri Angle, Arca. De gauche à droite : Forest Swords,The Haxan Cloak, Robin Carolan, Vessel Holy Other,Evian Christ Lotic et Bjork UN DECLIN AVEC HONNEUR Après cette soirée en guise de sacre, lentement mais surement, l' élément de surprise et quelque chose d' autre indéfinissable va décliner le long des sorties du label. Rabit sortira son premier album et filera fonder son propre label Halcyon Veil captant un grand nombre d' artistes souvent Post-Club et potentiellement signataires chez Tri Angle. Le label passera aussi à côté de la mouvance NON Worldwide et des innovations africaines ou Portugaise. Les nouvelles signatures se feront plus tournées vers une certaine Art Pop plus assagie que le Post-Club, Katie Gately, WIFE et Serpentwithfeet avec un petit succès quand Adult Jazz ne laissera pas de grandes traces, Et le Glitch Hop de Hanz ne convaincra pas grand monde. De 2015 à 2020 Tri Angle n' atteindra les sommets qu' avec ses artistes plus expérimentateurs et décomplexés. 2016 sera don l' année des bruitistes et tapageurs Brood Ma et du merveilleux "Third Law" de Roly Porter, deux réussites absolues! MMPH avec son idm lorgnant sur le Post-Club sera la dernière découverte majeur d' un label qui pourra se reposer sur ses deux valeurs sûr avec à la clé deux grands disques, le "Queen of Golden Dogs" de Vessel en 2018 et l' immense "Power" de Lotic la même année. Et enfin 2019 ne verra plus qu'une seule sortie, le ep d' AYA déjà décrit plus haut. Au final le dernier grand acte de Tri Angle aura été son suicide. Son fondateur préférant mettre la clé sous la porte avec panache plutot que devenir une institution ronronnante se contentant de voler à la concurrence les pépites. En préparant cet article je savais déjà le rôle joué par ce label dans la petite histoire de Dancing With The Noise. En allant piocher dans mes archives et celles du label je me suis rendu compte que par pondération je sous estimais à quel point le label avait changé le fan de musique que je suis. Il faut remonter à Warp ou Creation dans les 90's pour retrouver une tel claque et influence inespérée chez un vieux routier de la passion musicale. C' était une évidence factuelle. Le label avait sorti le jour de l' annonce 48 références, et bien sur les 48, 25 (!!!) ont été classées dans les tops annuels du blog. Et encore, les références prennent en compte des singles non classé parce que issus d' album classés! Alors oui, que ce soit à mon petit titre personnel ou celui du monde underground mondial, Tri Angle fut l' un des plus grands label "Indies" de la décénie écoulées. TOP ALBUM & EP TRI ANGLE RECORDS 1. LOTIC Power (2018, 4ème du top DWTN) 2. ROLY PORTER Third Law (2016, 1er du top DWTN) 3. THE HAXAN CLOAK Excavation (2013, 3ème du top DWTN) 4. VESSEL Queen of Golden Dogs (2018, 13ème top DWTN) 5. RABIT Baptizm ep (2015, top ep DWTN) 6. LOTIC Heterocetera ep (2015, top Ep DWTN) 7. BROOD MA Daze (2016, 27ème top DWTN) 8. HOLY OTHER WITH U ep (28ème top LP&Ep 2011) 9. FIS Preparations (2013, 2ème top ep DWTN) 10 ex æco . BALAM ACAB See Birds SD LAÏKA That's Harakiri

  • SARAH DAVACHI, les sons en liberté.

    Parfois il faut savoir être patient. Prendre son temps et laisser le temps aux artistes de développer leur oeuvre. Au sujet de Sarah Davachi cette banalité tellement galvaudée de nos jours reprend toutes ses lettres de noblesse. Son premier album date de 2013 et depuis 7 lui ont succédé. Si ses premiers efforts peinait à la faire sortir du peloton de la scène d' avant-garde mondiale on ne peut plus négliger la belle canadienne depuis peu. Parti de la case de gentille outsider elle est devenue un phare majeur pour le reste des troupes et au delà. Premier coup de semence, "All my circles run" l' an dernier. Découvert trop tardivement par votre serviteur ce disque échappa injustement au traditionnel top annuel. Depuis ce loupé votre serviteur avait fermement l' intention de guetter la moindre actualité concernant Davachi histoire de remettre les pendules à l' heure via une chronique devenue obligatoire par la progression hallucinante de la canadienne. Coup de bol en matière de timming, le suivant déboule ces jours-ci. "Let night comes on bells end the day" confirme que Sarah Davachi a franchi un palier supérieur en terme d' intérêt et de beauté et tutoie les sommets. Pour décrire les écoutes des deux derniers albums de Sarah Davachi en 2018 on peut évoquer des souvenirs vieux de 30 ans. Tomber sur ces disques risque d'en laisser plus d'un sur les carreaux de la forte stimulation numérique musicale actuelle et sur ses effets indésirables ainsi que ceux du consumérisme musicale. Ici le "CONsommateur" de musique ne va pas trouver le culte de l' immédiateté dont certains l'ont rendu dépendant. La musique de cette canadienne est une véritable ôde à la lenteur, au silence et à l' art minimaliste. Pour les plus vieux comme pour ceux ignorant qu'on invite fortement à s' y plonger, Davachi refait dans un certain sens le coup du Talk Talk fin 80's début 90's. Quand Mark Hollis et sa clique décidèrent d' abandonner les charts pour un virage à 180° miraculeux et salvateur. Ce qui marquait le plus chez les anglais à la sortie de "Spirit of Eden" et surtout quand ce "monstre" instigateur du terme "post-rock" de "Laughing Stock" apparu c' était ce ressenti de lenteur commun avec Davachi. Un coup d' arrêt net après les folles courses poursuites pop des tueries tel "Such of Shame" ou "It's my life" qui symbolisaient ce groupe pour une grosse majorité. On peut certes dire que le goût affirmé pour la lenteur et le minimalisme est une bien plus une norme dans l' ambient et le drone que dans la synth-pop anglaise des 80's mais avec ses deux derniers album Davachi réussit par sa maestria à provoquer le même choc inattendu en un lieu pourtant fait pour ça. Davachi qui n'en a pas fini avec son doctorat de musicologie à UCLA voue un grand amour depuis longtemps pour les musiques ésotériques. Amour qui entraîna un intérêt tout aussi grand pour la phénoménologie des sons. Ce qu'ils peuvent révéler comme surprises et imprévisibilité quand on daigne leur laisser un peu plus de liberté au lieu de les dompter beaucoup trop. Dans "All my Circles Run" c' étaient ceux provenant d'un piano, des cordes et des voix. Dans le récent "Let Night comes on Bells end the day" c' est au tour du mellotron et de l'orgue électronique d' être sur le devant la scène. A chaque fois Davachi adore isoler totalement les instruments pour guetter et travailler les surprises qui pourraient passer sous silence dans des musiques favorisant un peu trop l' immédiateté. Elle se concentre beaucoup plus sur les espaces et les tons au cours de ses improvisations. Fait important, elle peut tout aussi bien délivrer une musique tonale ou atonale. Le plus souvent on se retrouve donc face à des sortes de jaillissements flegmatiques de vaguelettes harmoniques qui se révèlent totalement imposantes quand on daigne observer avec méticulosité. La référence à Mark Hollis et ses potes se justifie amplement tellement le post-rock auquel ils ont dans un sens donné naissance transpire de ces drones minimalistes. Par contre on est très loin de leurs manières jazzy et plus près de la musique Baroque et du coup du progressive rock. La musique de Davachi a une puissance insoupçonnée quand on ne se borne qu' aux apparences. C 'est l'une des plus belles de 2018 et devient donc depuis quelques mois une expérience sonore et personnelle à ne surtout pas rater. Une fois de plus l' ambient se révèle être l'un des genres majeurs en plein renouvellement après quelques années de statu-co. Comme le montre sa présence de plus en plus forte dans ce blog l' ambient à la patate et attire de nouveau parce qu'elle se pose comme l'une des plus parfaite alternative au marasme ambiant.

  • 2814 ou, Vaporwave mutante chez Wong Kar Wai et mode d' emploi de la Vaporwave.

    Voici le grand disque de l' été. Mais aussi un des grands disques de la décennie pour tout ce qu'il représente. Dans quelques années lorsque l'on parlera des courants musicaux importants des 10's à coup sûr il en sera question. Ses origines ne sont pas seulement artistiques, elles sont politiques, sociétale et technologiques. "Rain Temple" est peut-être l' aboutissement suprême de ce que l'on a nommé la Vaporwave. L' étendart à dresser face aux contradicteurs caricaturiste d'un mouvement artistique parmi l' un des plus représentatifs et pertinents de notre époque. Un courant appelé à être majeur à l' avenir pour son rôle mais jusqu'ici traité de sous-genre et connu d'un très faible nombre. Et pourtant. Tout le monde a déjà croisé la Vaporwave. Ce disque est le fruit d'un long processus maintes fois croisé dans l' histoire de la musique. Un processus qui se résume (rapidement) à l' apparition d'un courant de pensée artistique dans l'underground, à son évolution lente et loin des projecteurs, à sa réception pas toujours facile par le reste du monde et enfin à un aboutissement, sa mort programmée. Disparition suivie d' une vie post-mortem sous l' apparence d'une influence sur tout ce qui suivra. La Vaporwave souvent moquée, décriée et méprisée tape l'incruste partout. Son esthétique est pillée et on en retrouve même dans une multitude de pochette d' album pour des musiques très éloignées si ce n'est totalement opposées dans la pensée.L' histoire de 2814 avec DWTN est un peu similaire au mode de vie des courants underground et aussi très représentative de l' accueil réservé à la Vaporwave. Entre enthousiasme, perplexité et prudence excessive au moment de la partager.Le duo 2814 a déjà été classé par ici en fin d'année 2015 puis, lamentablement,déclassé et oublié au profit d' autres disques. Oubli et erreur finalement pas si grave puisque leur disque s' est vu réédité cette année chez Not Not Fun. Oubli surtout bien symbolique des questionnements, de l' emballement, des réflexions puis parfois de la lassitude entraînés par ce courant underground souvent défini comme le "punk de l' ère internet".Il se disait dans le petit monde vaporwave que le prochain disques des 2814 serait encore meilleur que le deuxième, l' essentiel "新しい日の誕生". Certains ayatollahs de la cause vaporwave criaient aussi au scandale et à la récup. Jugements un brin exagéré au vue du catalogue conséquent du label Dream Catalogue créé par le duo et de leur rôle dans l' historique Vaporwave. Il est vrai que depuis leurs débuts le projet 2814 était perçu par sa facilité d' accès comme une version "aseptisée" pour les ultras ou comme un agréable "accident" pour les plus circonspects ou ceux qui méprisaient le genre. En tout cas il s' agissait surtout d' un bon marche-pied pour rentrer dans l'univers vaporwave. Intrigué par les annonces et le commérage internet j' attendis donc alors qu' au fond de mon cervelet les deux compères de 2814 ne réussiraient pas à sortir du cercle restreint des afficionados du courant. Je me disais qu' à la limite ils pouvaient tout juste faire craquer les fans de la chose asiatique, bref quelques âmes adolescentes solitaires égarés après une overdose de J-pop. Bref des geeks, donc même moi je sortais pas de la caricature. Et puis autant être honnête en vous offrant le fil de ma pensée trop influencée par le libéralisme culture. C'est par manque de temps et surtout de fainéantise que je n' écrivais pas sur eux et aussi parce que j' attendais sournoisement une formation plus susceptible de faire passer le message au plus grand nombre. Surtout qu'à chaque fois que j' avais parlé de vaporwave depuis 2012 ce fut un bide ou tout simplement de l'incompréhension autour de moi. Autant que cet adorable petit jardin secret le reste. Jardin secret bien caché derrière les colosses que sont "Far side Virtual" de James Ferraro et l' oeuvre complète d' Onéohtrix point Never. Deux colosses où les traces de Vaporwave et de ses variantes sont sans cesse visibles. Normal Lopatin est même considéré comme l'un des pères spirituels de la vaporwave.Et puis voila que ce "Rain Temple" est sorti. Imaginez qu'un groupe d'un genre underground récemment apparu, le shoegaze vers 1992 au hasard, un groupe jugé sans grand intérêt au vu de son originalité et de son talent si ce n'est d' être bien représentatif de ce nouveau courant. Les Telescopes ou les Lylies par exemple pour ceux qui connaissent. On ne peut pas vraiment dire que leur reformation à chacunes de ses formations remplisse les festivals comme ce fut le cas avec celles des Slowdive ou Ride. Imaginez donc que ce groupe anecdotique se réinvente sans vraiment renier son genre d' origine et devient un équivalent des Boards Of Canada. Passage direct de la troisième division à la champion's league. C'est ce qui vient de se passer avec "Rain Temple". Marche-pied ultime et encore plus efficace que son prédécesseur. L'une des difficultés rencontrées avec la Vaporwave a toujours été son manque de charme en terme d' accroches novatrice à son écoutes. Pas vraiment de sonorités nouvelles. Ou du moins des sons déjà croisés mais finalement peut-être pas vraiment exploités à leur juste valeur. Rien de plus normale pour ce courant usant et abusant de sample de musiques croisées tout au long de la fin du vingtième siècle et au début du suivant. Et des musiques pas vraiment symboliques de rébellion, de cool, fête ou d' émotions "authentiques". L' art du recyclage et du détournement de la culture capitaliste et de ses symboles au profit de l'une des ses critiques les plus acerbes et pertinentes. Pour les habitués de ce blog tout ceci a été déjà écrit au sujet de Daniel Lopatin (ses echo jams déjà abordées ici sont généralement considérées comme de la Vaporwave) ou de Ferraro. L' Hypnagogic-pop fonctionnait également à peu près de la même façon et dans une certaine mesure c' est ce qu'a fait Ariel Pink avec la pop music. Cette manière surprenante d' utiliser ce que l'on dénonce. L' hypnagogic-pop et l' hauntologie avec leur approche de la nostalgie musicale sont devenues au fil des années la plus perspicace des critiques du phénomène revival nostalgico-gaga-à coté de la plaque d' une indie musique pétrie de déni, une indie dépassée et fermée d' esprit car trop souvent cloisonnée sur son glorieux passé. Les premiers nous disaient "il y a un problème" pendant que les autres créent et s' empêtrent dans LE "problème" depuis trop longtemps. Donc pas de choc de la nouveauté mais pas non plus d' accroche pop en terme purement musicale et surtout pas de démagogie et de facilité populiste. Le discours politique et sociétal n' était pas non plus très explicite au premier abord. La Vaporwave c' est pas vraiment le truc qui va scotcher un public de festival ou de salle de concert. La Vaporwave n' hurle pas bêtement dans un micro "les capitalistes c'est que des méchants". Elle a su se faire plus subtile. Inutile non plus d'en passer sur les radios sous peine de moquerie et tout simplement d' usage à simple but ironique et sarcastique. En France plus qu' ailleurs même si il y a de ça quelques années on avait un truc télévisuel qui s'en rapprochait sur feu Canal + ,"Les messages à caractère informatif". Vrai critique du capitalisme et de sa culture de l' entreprise. La vaporwave ne fait donc pas dans le concret, l' assimilable, l' abouti et le facilement consommable. Invendable. Les titres vaporwave ressemblait plus à un tableau inabouti, à une sorte d' expressionnisme satirique et critique de son époque ne cherchant surtout pas à être trop vindicatif et compréhensible. L' auditeur devait entamer une démarche. Pas de début, pas vraiment de fin. Plus proche de l' ambient, de la noise ou de l' industriel. Sans le goût de l' agression sonore des deux derniers. Pourtant la critique est tout autant acerbe et agressive d'une certaine manière. Elle tape là où cela fait le plus mal par détour et échappe à la récupération facile. Certains y ont vu une sorte de punk. Ou du moins le successeur du punk et du post-punk en évitant donc le cliché musique rebelle= musique agressive. Une musique rebelle sur mode zen, new-age ou muzzack. Pas facile à comprendre pour le neuneu fan de garage-rock empêtré dans les clichés récupérés et édulcorés par le libéralisme. Un brave couillon surtout loin d' imaginer qu'il est une sorte de réac malgré lui des temps présents. Un type qui voudrait lui aussi changer le bordel du monde mais qui ne comprends pas qu'il est contre-productif. La version pathétique de l' éternel candide jamais sorti de sa caste sociale qui n' a pas vu que les héros d' autrefois ont un petit peu mal vieilli sur certains aspect. Dans 2814 on va retrouver tout ce qui faisait la caractéristique faussement inoffensive de la Vaporwave. Sample ralenti, sali de glitch, réverbération à donf, répétition hypnotique. Les voix sont transformée et salies, les gouttes de pluie jouent le même rôle que les voix chez Burial et les craquement vinylesques chez The Caretaker aka James Leyland Kirby. La palette stylistique de la Vaporwave est bien plus large que ce pense ses détracteurs et n'est donc pas seulement la fille cachée de la new-age et de ses synthétiseurs passés au numérique. Le shoegaze est sans cesse évoqué. Un shoegaze à la fois noisy et vaporeux des My Bloody Valentine pour l' aspect éthéré tout comme l' hyper-réalité cristalline des Cocteau Twins , tuteurs spirituels des premiers. Surtout dans le cas 2814 un sentiment de mélancolie et de nostalgie urbaine fait le lien avec ce courant des 90's et ses cousins. Ainsi les deux 2814 évoquent régulièrement leur passion pour le post-rock de Mogwai et Sigur Ros tout comme leur amour irraisonné pour Vangelis (Blade Runner évidement) et la proto-hauntologie des Boards Of Canada. Les artefacts du passé musicale sont détournés et transformés pour évoquer, provoquer (?) ou mettre en avant une séparation de la réalité. Parler d'un monde terrible en appuyant sur la déconnexion de notre réalité du maquillage abrutissant du capitalisme. La Vaporwave c'est un gauchiste qui se moque et détourne les stages zen et les formations cache-misères offertes par le patron pour faire passé la pilule libérale à ses employés. Pour faire oublier la terrible hiérarchie aussi. Pour faire cela plutot que s'y refuser et opter pour le boycott trop facilement assimilable et récupérable par l'ennemi qui vous stigmatisera comme réac et anti-évolution (le comble) notre gauchiste en remet donc une couche. Français du printemps 2016 ça vous rappelle pas certains propos gouvernementaux? Le cégétiste, oups, le gauchiste je veux dire, propose donc au patron moult projet plus stupides et caricaturaux les uns que les autres pour le comité d' entreprise. Son but caché c' est forcer la caricature en rendant le mensonge encore plus gros donc plus visible afin d' accélérer le processus de désintégration du système patronal. En concepte idéologique on a appelé ça "l' accelerationnisme". Accélérer la mort du capitalisme. La Vaporwave a fait exactement ça. Utiliser le mensonge et les promesses non tenues du capitalisme en forçant le trait pour lutter contre lui. Le riff de guitare a été détourné par le capitalisme à son profit. Il n'est plus vraiment dangereux pour lui, tout juste ghettoïsant pour ses derniers adeptes. Par contre s' emparer des armes musicale de mensonges massifs de ce dernier se révèle bien plus efficace. Par quel miracle la Vaporwave a-telle opéré pour retourner l' arme contre son utilisateur? En ajoutant la dystopie tout simplement. Et puis aussi en s'inspirant d' un autre courant abusant de l' aspect dystopique, le cyber-punk. La dystopie est souvent définit comme une façon romancée de décrire une société faite de manière à ce que de toute façon tout le monde ne sera pas heureux. A ce qu' à un moment ou un autre ça parte en quenouille, en catastrophe, misère etc etc . La couille était dans le potage mais certains ont cru bon de nous le vendre pour gagner leur vie en nous expliquant bien qu'il n'y avait pas d'autres choix au menu. Joli résumé du capitalisme. Le sujet du mensonges ou de la fausse promesse est vraiment le plus important dans la culture Vaporwave. C'est en quelque sorte son message. Y' a comme qui dirait un sacré foutage de gueule joliment orchestré. Mais un foutage de gueule énorme qui marche systématiquement et nous tombons tous dans le panneau plus ou moins. Le terme Vaporwave vient de l'informatique et désignait à son origine un logiciel existant et annoncé comme bientot disponible mais qui finalement ne sera jamais diffusé et vendu. Une fausse annonce. Une hype parasite. La Vaporwave pour son art du détournement n' a eut de cesse de récupérer et de saloper les mensonges précédents du capitalisme pour prévenir des prochains. Par exemple bien des lubies de la culture yuppie (son culte pour l' Asie industrielles et urbaines), une certaines pop music proprette et tape à l' oeil (devrais-je dire tout juste bonne à nous vendre un matériel hi-fi hors de prix, le culte de la publicité ). Vous vous rappelez cette connerie qu'on a voulu nous faire gober, PUB = Art !!! Il y avait aussi le culte de l'info continue (CNN c'était cool en 1988) avant qu'on se rende compte de ses dérives et ses mensonges vulgaires (BFM en 2016 c'est beaucoup moins cool). Avec la Vaporwave on se retrouve dans la tête de Patrick Bateman le héros de Brett Easton Ellis. Nez à nez avec le mensonge Bateman/Néo-Libéral Hyper cool et sophistiqué en apparence mais foncièrement mauvais et barbare quand il devient serial-killer. La première fois que je suis tombé sur une ecco jam de Lopatin j' ai tout de suite pensé à un type jouant avec les souvenirs de Bateman. L' esthétique visuelle Vaporwave est peut être encore plus explicite que sa musique. Plus facilement compréhensible et donc la critique plus abordable. Ce mélange de couleurs fluos et clinquantes, symboles absolues du cool dans les cours de récrée 80's. Le stylo tape à l' oeil du patron capitaliste. Oups, je voulais dire le Stabilo "Boss" de quand on était petit et tous voués à devenir des Bernard Tapie. Les signes asiatiques symbole du futur (tous les progrès technologique venaient du Japon tel le CD et il fallait prendre modèle sur la société niponne), le design informatique des 80's et 90's, quand on nous disait que ça allait révolutionner le monde, les super ordinateurs. Ça la fait, mais on peut pas vraiment dire que la révolution fut prolétarienne et le capitalisme a su trouver de quoi le rassasier au détriments des autres comme d' hab. Le truc originale des artistes vaporwave a été l' idée lumineuse et si symbolique de la dystopie à venir que l' apparition de la figure antique. Statut ou temple tout était bon pour stigmatiser le mensonge. On veut nous vendre le paradis capitaliste en expliquant qu'il est bon. C'est LA solution. Les peuples vont mieux vivre, la paix va dominer et le capitalisme va nous refaire vivre un âge d' or digne de celui de l' antiquité en se référant à la philosophie et aux arts des grecques. Plus c' est gros plus ça passe. C' était cool les grecques et bien le capitalisme vous l' offrent ce machin qui depuis la renaissance est symbole de sagesse,d'humanité et de démocratie. Il a juste oublié de dire que les grecques c' était pas toujours si cool que ça (esclavagisme, colonialisme) et au final on peut vraiment dire que ce que l'on a bien pris dans la figure et dont on souffre c' est bien la vision impérialiste de certains. Socrate oublié c'est Néron qui tient les cordons de la bourse. J' oserai dire qui tient les cordons de nos bourses par intimidation tellement plus beaucoup osent remettre en question quoique ce soit à la vision de ses incessants bug(glitch). Et les mensonge dénoncés par la Vaporwave d' assommer encore plus les autres face à d' éventuelle catastrophe si prévisible parce que inhérentes au système inégale et suicidaire. Hong Kong Express et T E L E P A T H, les deux gars de 2814, ne sont pas apparus tout de suite dans le premier wagon de la Vaporwave. Mon radar personnel ne les a repéré que vers 2013 et 2814 n' est formé que depuis 2014. Ce qu' il faut bien se rendre compte c'est que tout s'est joué en très peu de temps et la rapidité avec laquelle la Vaporwave a proliféré prouve bien qu'elle répondait à des envies d'une population nombreuses et variées sur toute la planète. Les Eccojams de Lopatin datent de 2009-10, "Far Side Virtual" de Ferraro est sorti en fin 2011. Très vite une tripotée de noms fit son apparition durant l' explosion vaporwave de 2011. Les 骨架的, Saint Pepsi, 18 Carat Affair, Internet Club pour ne citer que quelques uns sans omettre bien sûr la reine Vaporwave, Ramona Andra Xavier et ses multiples pseudos (Macintosh Plus, PrismCorp Virtual Enterprises, Laserdisc Visions, 情報デスクVIRTUAL, New Dreams Ltd). La fameuse pochette rose avec la statut antique maintes fois reprises, trafiquée et plagiée , c'est elle ! Si le style originel Vaporwave domina 2011 le genre muta très vite et un florilège de variantes toutes plus intrigantes les unes que les autres apparurent. La Vapornoise, la Segahaze, la VaporTrap, Signalwave, FutureFunk, le Post-Internet (le nom de celui-ci fut le plus repris, à tord ou à raison),la MuzzakCore(Ferraro est classé dans celui-ci tout comme Giant Claw). La Vaporwave semble avoir pris ces derniers mois deux chemins bien distinct si ce n'est la perte de la légèreté sonore des débuts. Elle tape l'incruste sur les dancefloors pointus (Vaportrop, FutureFunk) et se fait plus agressive (Vapornoise et la HardVapor). Elle fricotte même avec le rap clairement via Ramona Andra Xavier par sa collaboration avec Siddiq. Puis, c'est le cas des 2814, elle devient encore plus atmosphérique, mélencolique et plus fortement dystopique et anxiogène. En bon punk qui se respecte les fans de la Vaporwave aiment bien inventer une nouvelle désignation et un nouveau genre dès que les médias s'y intéresse et récupère un peu trop le truc. C'est ce qui s'est passé avec les crétins de MTV (ce qui est assez cocasse quand on connait le passif de la chaine dans l' esthétique 80's et de son utilisation et détournement dans la Vaporwave) Tous ces genres ont une définition plutot vague et on s'y perd souvent mais quand on tombe sur la liste des formations et des artistes recensés ça donne le tournie face à un tel nombre et son internationalisation. Surtout quand on vit dans notre cher pays si ouvert et curieux musicalement de ce qui se passe ailleurs. Dès 2012 le parfum de la Vaporwave dépassa ses frontières et d' autres courants et artistes l' utilisèrent. Influences des uns sur les autres ou tout simplement l' ère du temps et une volonté de changement qui a amené des genres et des artistes très différent à utiliser les même armes? Certainement pour la deuxième hypothèse; Le point commun reste bien sûr internet. Mode de diffusion préféré de la Vaporwave pour éviter et se passer de l'industrie musicale classique (le rôle de Soundcloud fut prépondérant). Quand on vous dit que ce sont les punks du 21ème siècle. L' Hyper-réalité de ses sons s'est retrouvés un peu partout, la scène grime et Uk Bass cités par ici (Rustie, Logos,Visionist), l' epic-collage d'une Elysia Crampton, Fatima Al Qadiri, Holly Herndon, Janus ou la clique de PC Music etc etc. Et que dire Donc fatalement, vous ètes tombés sur de la Vaporwave à un moment ou un autre. En conclusion sur ce long mais important rappel sur la Vaporwave revenons à nos deux 2814. Si les Hong Kongais ont une chance de toucher un plus grand nombre avec beaucoup de reste Vaporwave dans leurs musique c' est aussi parce que la Vapourwave avec ses origines urbaines, son spleen post-internet et lui aussi urbain, sa dénonciation des mensonges du capitalisme et de ses conséquences sur nos vies, sans parler de son attirance pour l' Asie et ses symboles, et bien la Vaporwave de 2814 rappelle une autre oeuvre elle aussi née à Hong Kong. Comment ne pas penser aux films de Wong Kar Waï, et plus particulièrement "Chungking Express" en écoutant "Rain Temple" et en regardant les pochettes du duo. Il y pleut souvent chez Kar Waï, l' individu y est aussi souvent seul et perdu dans l'immensité urbaine. TOP VAPORWAVE Petite sélection rapide des disques les plus importants. Foncièrement Vaporwave ou pas. Bien évidemment si la Vaporwave originelle est morte selon ses fans ses multiples mutations n' en finissent de nous offrir du très bon. Cette liste est donc vouée à changer perpétuellement. CHUCK PERSON (LOPATIN himself) Chuck person Eccojams vol. 1 JAMES FERRARO Far side virtual MACプラスフローラルの専門店 (Floral Shoppe) INTERNET CLUB Vanishing Vision SAINT PEPSI Hit Vibes NAPOLIAN Guns & Synths 骨架的 Holograms SACRED TAPESTRY Shader 2814 新しい日の誕生 DAN MASON Miami Virtual

  • NOT WAVING, malaxe les époques et les genres.

    DWTN vous avait déjà parlé précédemment d' Alessio Natalizia aka Not Waning à l' occasion de la sortie de son album. J' avais promis de revenir sur le cas du bonhomme et puis vous savez ce que c' est, d' autres bon disque à partager, le temps qui s' écoulent etc etc. Le service minimum était au moins fait. Cet été le label Ecstatic a décidé de rééditer l'un des anciens disques de l' italien. Judicieuse décision qui me donne enfin l' occasion de parler de celui qui nous aura offert en 2016 non pas, un album et un single parmi les meilleurs, mais en plus une ressortie à mettre au dessus du lot de la catégorie à la fin de l' année. Si "Animals" sorti chez Diagonal s' avèrent une sacrée machine taquine et psychotique faite de torgnoles électro vous avez peut -être remarqué qu'il n' était pas que rempli de tueries pour dancefloor fonctionnant sur courant alternatif à l' instar de son pote Powell. Quelques instant plus calmes et posés apparaissaient de-ci et de-la. L' artiste italien a de nombreuse facettes et même si il subsiste quelques lignes éditrices il faut avouer que sa musique est bien plus riche et variée que peut déjà le montrer "Animals". C'est que notre Italien a déjà un long parcourt derrière lui. Plusieurs disques au sein desquels il est habilement passé d' une musique fortement Hauntologique au shoeagaze, du dancefloor au psychédélisme et de ce dernier à l' iDM et l' industriel. C 'est encore plus évident avec ce "Redacted" dont il est question. Cet art de ne pas vouloir choisir de niche stylistique et temporaire lui vient justement d'une de ses lignes éditrice qui prend la forme de l'influence post-punk. Dans "Redacted" on croise aussi bien l' avant-post punk, Kosmich (Krautrock) music ou la proto électro, des styles qui ont influencé et été intégrés par le post-punk, que des techniques et des courant bien plus proche de nous dans le temps. L' EBM, la techno, l' ambient et le dub par exemple. La techno et l' EBM sont moins présent que sur Animals mais subsistent en laissant une plus grande place à l' ambient et le psychédélisme. Usage de synthés première génération (fin 70's) ou deuxième (80's), boite à rythme rudimentaire quasiment préhistorique. Mais attention, Not Waving n' est pas un passéiste arriviste comme notre idiot national, NONO Rebotini, maître incontesté du vide conceptuel et du pastiche en version aseptisée. Les pseudos réflexions intellectuelles mais franchement vides et réac de NoNo l' arriviste font pâle figure face à ce qu'il se joue dans la musique réellement neuve de Not Waving. Lui aussi utilise l' analogique d' autrefois mais son but n' est pas de surfer sur la nostalgie et le vintage avec leur désir caché d' authenticité utopique et morbide. En interview il réfute le fait d' être Nostalgique de même qu'il ajoute ne pas être non plus un fan de science fiction. Il dit préférer le réalité et s' en référer pour être pertinent. Ce discours était déjà tenu par certains champions de l' hauntologie tel Boards Of Canada, Lopatin, Leyland Kirby ou Ariel Pink. Ainsi on la vu collaborer pour un split ep avec Pye Corner Audio, un autre maître du genre récemment d' actualité avec un super album que je conseille aux amoureux de la vieillerie et de Stéréolab par exemple. Not Waving interroge l' histoire et tisse des liens plutot que la réciter. Il dit "vouloir faire le parallèle entre les atmosphères de la guerre froide qui donnèrent naissance au post-punk original, l' industriel et la proto techno" avec "la pâleur des troubles socio-politiques actuels". L' analogique vintage façon Not Waving est reformatée, modernisée, adaptée à notre époque. Progressivement Not Waving se démarque de l' hauntologie d' origine par son approche plus directe et l' intégration d' élément plus récents. Si "Animals" vous avait mis à terre, autant vous le dire, "Redacted" va vous faire planer très haut. Extraits d' "Animals"

  • PATTEN joue avec le réel et ses symboles

    Mais que ça fait du bien de retrouver Patten (Patten dans DWTN c' est par là)après s' être infligé le collage pataud de La Femme. Rien n' est identifiable et la surprise peut se faire délicate et non simplement tape-à- l'oeil. Patten demeure un mystère. Et son deuxième album pour WARP va pas éclaircir le sujet. Déjà l' identité. A présent ils sont deux et depuis 3 mois le membre original et la maison de disque ont oublié de nous le dire. Un truc à vous faire douter. Ils étaient deux et con comme on est on avait pas vu? Je rassure. Patten a toujours été une personne jusqu' à ce nouvel album nommé Ψ . Enfin, on croit... Mais c'est pas très grave. Patten on l' aime pour ça parce que sa musique est du même acabit. Indéchiffrables et au moment où les certitudes de certains gênent le décryptage d'un monde complexe, un peu de flou permet de faire le point et d' imaginer. Patten ne colle pas les époques et ne cherche pas à les rendre identifiables. Il est les époques. les genres ont formé un tout. Pas un domine et pas un ne précède systématiquement. Il conjugue à tous les modes. Passé, futur et bien sûr présent. Il parle bien des langues. Et plusieurs dans la même phrase. Trouve-t-il ça plus efficace. Ses précédents albums ou mixtapes démontraient déjà ça. On identifiait à peine et Patten jouait avec les symboliques. Ce mot revient sans cesse depuis toujours dans ses interviews. Ainsi après s' être présenté comme une seule personne "D" Patten se révèle être à présent un duo avec l' apparition d'une "A". "D" est suivi par "A" contrairement à l' alphabet. Etrange. Et "D" nous affirme que d' autres collaborateurs étaient présents sans qu'il ne juge opportun de l' annoncer. Flou identitaire. Flou stylistique. Dans son interrogation du ou des symbolismes et de leur force c' est bien sûr l' identité et des significations que l'on a attribue trop rapidement aux choses qui sont au coeur de ce gros bordel. Ce type, et sa collaboratrice, peuvent vous offrir de l' épique et l' instant d' après l' abstraction la plus froide. Un titre comme "Locq" est un exemple parfait. Est-on dans du glitch et quelque chose d' obédience r'n'b/rap ? Des émotions pas du tout associées à ses genres sont pourtant ressenties. Le suivant "Sonne" avec son coté trap voit nos certitudes et habitudes troublées par la voix parlé franchement symbolique de choses plus proche du post-punk et de l'industriel. Les deux sont perçus comme des genre rugueux et associables tous les deux dans la famille "musique agressive". Mais Patten en les mariant nous démontre que l'on ne peut pas les rejeter dans une même et seule boite. Trop différentes. Un peu comme chez Factory Floor disséquant le dancefloor avec leurs manies provenant des deux genres cités en dernier. La dissécation amène bien des surprises et casse les certitudes. Sauf qu' avec Patten on découvrirait un Factory Floor cessant de jouer avec ses machines et passant au software . Pour les fans il est assez évident que l' étrangeté de Patten a changée sans perdre de sa puissance. C' est peut être encore plus évident et fortement, "étrange". L' utilisation d'une multitude de sons disposés par couche donnant l' impression de brouillard léger est terminée en partie. On est face à quelque chose de plus tranchant en profondeur. Plus technologique. La chaleur fait place à la glaciation de la technologie. Mais qu'en apparence, parce qu' encore une fois la musique de Patten démontre que rien n'est vraiment simple. Ainsi il tire le même constat que des Holly Herndon ou Arca. La technologie dans les main humaines ne nous fait pas devenir pour autant des machines à simplification. La complexité demeure. L' humanité persiste. Avec ses qualités et ses travers qu'il faut dénoncer. Patten a toujours été très politique. Comme dans ses mixtapes passant du coq à l' ane sans que l'on ne sache plus trop qui est l' âne et le coq on trouve beaucoup de choses. Passé, présent et futur. IDM façon footwork ou footwork façon IDM. Ψ se fait plus dancefloor que les précédents mais c' est pour mieux défaire les codes de la musique dancefloor. "Doit-on danser?". Patten poursuit les travaux du Post-club ou d'un Lee Gamble. Son disque fait aussi penser à la récente collaboration d' Oneohtrix Point Never avec la clique footwork par le fait que lui comme Lopatin n' avait pas trop fait mumuse avec les dancefloor. Mais Patten fait subir au dancefloor ce qu'il avait fait au shoegaze ou à l'indie rock la plus identifiables et institutionnalisée. Rappelez-vous la relecture des Pixies et de Joy Division dans les mixtapes. Si Motion Graphics est un marche-pied de la coutume pop 80's analogique vers l' hyper-réalité et les software de post-internet alors Patten l' est pour celui de l' IDM 90's au même monde actuel. Ils sont beaucoup à avoir pris ce chemin et si certains peuvent le regretter et crier à l' effet mode en ne voulant pas voir l' évidente nouveauté alors on ne peut que se dire que certains naviguent franchement à contre-courant et deviennent gênant (cf article sur La Femme). Curieux de découvrir leur réaction face à ce virage formel de Patten. Alors comme d' habitude avec Patten, seul ou accompagné, on peut avoir le sentiment qu'il s' est perdu et qu'il ne sait pas trop ou il va. Mais est-ce nécessaire? N' était-ce pas si logiquement le prix à payer pour s' offrir la liberté qu'il nous offre? Liberté d' échapper aux évidences du symbolisme. Encore une fois l' appréciation d'un disque de Patten échappe à toute sentence définitive et simpliste. A tout symbolisme. Et c'est pour ça qu'on l'aime.

  • Silver Apples sort un disque!

    L'un des groupes parmi les plus importants de la musique du vingtième siècle est encore actif. Au point de sortir un album qui méritera à coup sûr toute votre attention. Et rien que ça c'est une nouvelles franchement intéressante. Il se nomme "Clinging to a Dream" et sort le 2 Septembre. Mais c'est surtout une occasion en or de découvrir une légende, que dis-je, un monument de toutes les musiques . Le grand public ne les connait pas et c'est une injustice. Bien moins populaire que "Messe pour le temps présent" d' Henry et Colombier leur musique mériterait tout autant d' hommage et de diffusion. Si vous ne connaissez pas Silver Apples, pauvre de vous, il ne vous reste qu'une chose à faire. Allez sur un site de streaming et cherchez leurs deux premiers disques, "Silver Apples" et "Contact". Une fois trouvé, écoutez. Alors qu'une musique mêlant une envoûtante pop psychédélique à une électro brut et dansante titillera vos oreilles , regardez la date de sortie du-dit disque. Un choc va s' emparer de vous face à la modernité de cette musique pourtant si ancienne. Cette espèce de proto électro post-rock. Vous comprendrez pourquoi on cite Silver Apples comme l'une des formations les plus en avance de son époque. Ses deux membres fondateurs, Simeone Cox et Dan Taylor, sont perçus comme des précurseurs de l' électro moderne et bon nombre d' artistes modernes leur vouent un culte absolu.. Ces potes de Lennon, Warhol et d' Hendrix sont aimés par des gens comme Beck, Portishead, Stereolab ou les Beastie Boys. Malgré une certaine reconnaissance leur musique rencontra bien des réticences et le succès n' arriva pas. Disparus des écrans radar pendant 30 ans leur légende s' accroissant on les vit ressortir des disque dans les 90's avec notamment Steve Albini comme producteur. Si Dan Taylor nous a quitté en 2005 Simeone Cox semble toujours avoir la patate au point d' accompagner le petit dernier de quelques concerts.

  • THE MODERN INSTITUTE

    Il y a parfois des disques faussement simplistes et revivalistes qui se révèlent être des bombes de nouveauté et de vitalité. A la première rencontre vous vous croyez en terrain connu mille fois foulé puis vous êtes happés par l'inconnu. C' est exactement ce qu' il s' est passé pour votre serviteur à la découverte de ce disque. Comme son nom l' indique The Modern Institute est à l' origine une galerie d' art de Glasgow. Qui dit galerie dit souvent collectif. Et qui dit collectif d' artistes dit collectif de musiciens parfois. Richard Mc Master, Laurie Pitt et James Stephen Wright se sont donc rencontrés à la Modern Institute de Glasgow et ont décidé de faire de la musique ensemble. On a déjà croisé par ici Pitt et McMaster au sein du groupe dance-punk Golden Teacher. Si ce groupe nous a offert un très bon album en fin d' année dernières leur tout dernier projet l' emporte haut la main en comparaison. Le "No Lucious Life" des Golden Teacher était certes intéressant avec son post-punk dansant et parfois étrange mais contrairement à leur ep de 2015 "Sauchiehal Withdrawal" il manquait le supplément d' imprévu anti revival facile. Toujours les oreilles tournées vers la fin 70's et début 80's les deux écossais reluquent ce coup-ci l' indus et la proto-électro un poil plus rigide et froide. "Another Exhibition At The Modern Institute" ne se la joue pas la fête à neuneu du samedi soir. Le monde va mal et la dystopie salope toute envie de s' égayer et de se vautrer dans un hédonisme béat. Les synthés sont frénétique mais pas franchement caresseurs dans le sens du poil. La voix du troisième larron de l' affaire se révèle totalement monotone à mille lieux des cris et des envolées de Golden Teacher. Si on ne cesse de penser à Cabaret Voltaire pour l' aspect proto électro il faut bien avouer que la production hifi chromé rajeunit franchement les souvenirs laissés par les héros de de Sheffield. Côté indus on a l' impression que Genesis P Orridge s' est mis un nez de clown tant certaines harmonies étonnantes et un tantinet rigolotes se faufilent et détruisent la caricature glacial et rigide que d' autres offrent trop souvent. Mais c' est en toute discrétion et cela offre surtout la vitalité nécessaire pour ne pas se sentir enfermé dans un exercice de muséification. Sentiment de nouveauté renforcé quand par instant nous nous retrouvons face à des ressemblances et une méthode de production similaires à des aventuriers de notre présent tel Errorsmith ou encore face à des odeurs perçues également dans le dancehall expérimental des géniaux Equiknoxx. Bref après un premier ep passé inaperçu et un second totalement bluffant par sa singularité on a pas fini de reluquer cette bonne vieille Glasgow où il semble se passer beaucoup de choses passionnantes depuis quelques mois (voir par ici). Et une vieillerie des Golden Teacher

  • Les ingrédients de la potion magique des Demdike Stare

    On ne les arrêtes plus. Moins d'un mois après le passionnant "Wonderland" (top 5 2016 du blog) nos deux mancuniens préférés nous offrent à nouveau deux occasions de prendre notre dose de bonheur. D' abord sous la forme d'une cassette, "Circulation". Cette dernière regroupe deux mixtapes qu'il définissent comme un "Compagnon réfléchissant" de "Wonderland". Les extraits provenant de leur immense et légendaire collection d' étrangetés sonores tiennent parfaitement le rôle attribués . Et ce n'est pas seulement le dernier disque qui est concerné mais toute la carrière de ces musiciens hauntologiques et innovateurs qui se dévoile d'une manière passionnante. Si la recette et l'art de Demdike Stare restent toujours sujet au mystère "Circulation" dévoilent bien des ingrédients de la potion magique des deux sorciers. On s' aperçoit des multiples influences et de l' approche particulière dont ils font preuve. Ouverture totale et goût sûr pour la collision et le mélange. Entre la soul/funk, le jazz, le drone, le noise, la préhistoire électronique , les dancefloors de toutes époques et les enregistrement ethniques ou autres on a l' impression d' être à bord d'un planeur survolant les époques et les continents. Vol idyllique rêveur sans trou d' air et perturbation tant nos deux pilotes font une nouvelle fois preuve de délicatesse et de subtilité dans l' art d' ambiancer et de mixé des choses éloignées à priori sans liens possibles . Deuxième occasion de prendre notre pied grace à Demdike Stare leur magnifique mixtape (de plus en plus rare de leur part) qu' ils ont récemment fait pour le site The Fadder. On recroise des artistes maintes fois cités par nos deux gars, Morgan Buckley par exemple et qui fait figure à leurs yeux de génie mais aussi la pépite Anti-G dont il faudra un beau jour que je vous parle tant ce gamin avec sa relecture du Bubbling version house est à considéré comme un précurseur (Fan de Lorenzo Senni ou Rustie jetez-vous dessus). On y retrouve aussi des lubies de DWTN tel que la clique de Lisbonne Principe Discos, Dj Nervoso et Nigga-Fox. Mais le plus important et donc ultime raison de se plonger dans ce mix c'est qu'il y a aussi du Demdike Stare inédit et ça , c' est inratable!

  • LA REINE revient, tout le monde à genou !

    Combien de fois ai-je cité Bjork dans ce blog? Mais quoi de plus normal pour une reine. Elles ne sont pas nombreuses à pouvoir contester sa place de souveraine de la pop music avant gardiste. Et ça fait 24 ans que ça dure. (les fans de St Vincent ou de Grimes ne dites rien SVP sinon je m' étouffe de rire ). Mais ce qui n' était que de l' ordre d'une simple référence obligatoire et uniquement conjuguée (un certains temps court) au passé pour décrire les artistes actuels est devenu autre chose. Dépasse toutes les autres. Une chose combinée encore et encore au présent si ce n'est au futur. Et le futur, en Novembre sort son prochain album, s' annonce radieux! Ce n'est pas la seule dans la catégorie des références absolues en matière d' innovation. Brian Eno, Arthur Russel, le Velvet, My Bloody Valentine, les Cocteaux Twins etc etc ne cessent de servir d' engrais aux jeunes générations et d' être aussi utiles pour en parler. Pour faire les présentations en quelque sorte. Montrer le cap à suivre à qui veut s' en donner bien la peine. Souvent les artistes appartenant à cette catégories sont classés dans mon top intitulé Les Monuments Historiques. Parfois dans les failles spatio-temporelles. Car souvent aussi ils ont perdu de leur potentiel d' innovation et un peu de leur impact originel sans que cela n' affecte la qualité de leurs oeuvres. Ils ont été avalés et digérés par la machine à revival. L' usure du temps et le vieillissement. Deux choses qui paraissent inéluctables en musique. Parfois on a constaté des regains de forme (Bowie) mais avaient-ils réellement la force et l'impact des oeuvres de jeunesse? Bjork n' a été classé qu'une fois dans mes top depuis leur création mais surtout pas dans ces deux catés. Toujours avec les jeunots la vieille. C' est qu' elle en ferait même passer plus d'un pour de sérieux cas de gâterie avancées. Bjork est nul part et partout à la fois. Passé, présent et futur. Si les autres semblent être devenus des phares auxquels on accède par des chemins certes détournés mais à présent bien balisés, l' islandaise nous pousse sans arrêt à se retrouver en territoire inconnu. A prendre des risques . Son goût du danger artistique peut même la perdre " Biophilia ". Il lui est même arrivé de ne plus progresser " Volta". Il semble ,depuis trois ans et son prodigieux "Vulnicura (7ème de mon top), que sa carrière qui n' avait donc subi qu'un petit coup de mou vers la mi-00's soit reparti vers l' avant encore plus fortement. Faut dire pour l' excuser un peu que c' est toute la musique qui sembla s' être arrêtées en ces années dites revivalistes. Un redémarrage créatif prodigieux qui s' est vu dans la nature même de sa présence dans ce blog. D' abord elle n' était là que pour son influence passé sur les artistes chroniqués mais progressivement, de plus en plus, pour ses accointances et son rapprochement avec certains. De modèle passif en voix de stagnation elle est redevenu active et à nouveau phare à suivre dans la course à la l'originalité. D' abord sa fréquentation des Tri Angle Records, puis ses collaborations avec Rabit, Arca et Haxan Cloak pour "Vulnicura" montrèrent une artiste à la pointe du progrès dans une certaine mesure. Récemment elle déclarait sa flamme pour Jlin, Lanark Artefax et Karyyn. Cela a toujours été sa marque de fabrique comme d' autres mais il semble que Bjork possède une capacité d' endurance et de ténacité qui finit toujours pas s' essouffler chez la plus part. S'est-on rendu compte qu'elle a bientôt 57 ans !!!? Ceux de sa génération, et bon nombre de professionnels de la professions, sauf de rares exceptions, font preuve d'un largage complet en la matière. Englués qu'ils sont dans le passé et leur jeunesse. Même PJ Harvey semble s' être un brin éteinte. C' est dire! Et quoi penser qu' un Bowie mourant trouva de la matière à croire en ...LCD Soundsystem!!!??? C' était peut être une entourloupe de son égo qui vicieusement trouva une manière de montrer ainsi la grande importance artistique de son oeuvre via le pillage en règle de Murphy. L' autre le flattant tellement que le bon David s' aveugla un petit peu sur le sujet. Le Bowie de 77, le meilleur, aurait bien sûr préféré s' éclater sur du footwork ou du Arca et fricoter probablement avec une Elysia Crampton ou un Chino Amobi. La Bjork de 2017 comme celle de 1997 ne passe pas à côté et ne se trompe toujours pas. Bien souvent dans les médias français les nom défendus ici apparaissent tardivement uniquement semble-t-il grace à l' estampille "pote de Bjork" ou "adoré par Bjork". Elle tient donc parfaitement son rôle de phare. Avec "Vulnicura" c 'est aussi son rôle d' artiste en perpétuel développement qui était tenu haut la main. Au point de s' aventurer en terre footwork le temps d'un titre. Depuis quelques semaines le buzz n' en finissait pas. Une hype qui n' a plus rien à voir avec celle précédant ses derniers disques. On est repassé un cran au-dessus. L' attente était forte et le retour de baton quasiment prévisible. Les craintes aussi. Toutes ces belles fréquentation depuis "Vulnicura", toutes ces déclarations concernant des artistes novateurs et inconnus pouvaient cacher un manque d' inspiration et une appropriation de prestige avant gardiste et moderne. On l'a vu déjà par le passé chez certaines vieilles gloires. Pas de ça avec l' islandaise. Bjork vient de marquer un très grand coup moderne avec son dernier single "The Gate"et le merveilleux clip qui va avec. Elle en parle comme d'une "véritable chanson d' amour". Il semblerait que la séparation ayant participé à la matrice de "Vulnicura" voit enfin les plaies cicatrisées. La musique quant à elle porte les traces de la production électronique digitale d' Arca. Bien plus que par le passé. Au point de transformer totalement des synthés New Age en une chose nouvelle. Un très gros travail concerne les voix via une superposition de couche assez intrigante. Les rythmiques semblent de leur côté lorgner sus des territoires souvent abordés dans ce blog. C' est un titre pop en apparence mais profondément ambient et doit être apprécié de la même manière que les titres purement instrumentaux des représentants du genre. Les junkies de la pop risquent avoir du mal à déceler la beauté et le degré d' originalité que recèle The Gate. Sur ce titre Bjork ne met pas en avant ses trouvailles expérimentales comme par le passé mais à bien y regarder de plus on s' aperçoit que les jugements l' accusant d'un manque de renouvellement vont très vite se révéler hâtifs si pas franchement fumistes. De la nouveauté dans le dernier Bjork il y en a. Seulement à son grand âge et vu le passif, faut-il encore mettre dans la vitrine ce qui est l' essence même de la petite boutique islandaise. Une vraie boutique hi-tech, pas une brocante (cf l' adresse de James Purphy pour cela) Dégustez!

  • THE NECESSARIES, quand Arthur Russel faisait de la jangle-pop.

    Parmi les rares photos d' Arthur Russel celle où on le voit de profil en t-shirt blanc coiffé d'un chapeau devenu mythique apparaît souvent au fil des nombreux articles hommages, des ressorties et des citations teintées d' idolâtrie (nombreuses) concernant l' artiste américain. Compliments et culte provenant souvent d' artistes modernes jugés à juste titre comme avant gardistes et régulièrement appréciés par ici pour leurs aspects novateurs. Par contre il est très rarement fait référence à la pochette dont elle est extraite, celle du premier album de son groupe "indie" à guitares The Necessaries . Et oui, le contre-bassiste fan de disco et à l'imagination débordante pas encore égalée s' est retrouvé un beau jour coincé sur scène et en studio entre un batteur, des guitareux et un bassiste. C' est peu connu, même parmi la myriade de nouveaux fans du bonhomme qui apparaît sans cesse depuis le gros et vital travail de ressorties effectué par ses ayants droits. En même temps comment cette collaboration pouvait faire le poids face à l' oeuvre solo gigantesque ou face à d' autres de ses collaborations. Et puis avouons-le tout de suite, jetez-vous avant tout sur ses albums "World of Echo", "Another Tought" et ses compiles "Calling out of Context" et "Love is overtaking me". Vous allez être propulsé loin , très loin, de la simple sphère indie/post-punk/synth-pop largement embouteillée actuellement par les redites plus ou moins sans intérêt, le revival ad nauseam et les pastiches frileux. Mais The Necessaries mérite justement que l'on s' y attarde tant il est le projet le plus facilement qualifiable de nos jours d' indie par ses guitares et ses composition. Une indie qui crève artistiquement mais qui domine par sa forte présence en terme d' éclairage médiatique (omniprésence dans les chroniques) et dans les festivals. La fameuse Rétromanie. The Necessaries offrent souvent cette sorte de power-pop légère facilement assimilable et non assumée en tant que tel tant appréciée par les snobes et les élitistes qui prolifèrent dans le petit monde indie. Le machin facile et complexe à la fois qu'il est bon de revendiquer. Une simple et belle rampe d' accès vers le plus "compliqué" sur laquelle se vautrent et butent tant de poseurs et de naïfs frileux ."Event Horizon" qui est certainement le meilleur des deux disques enregistrés par le groupe pour Sire est bel et bien un truc à placer entre toutes les mains de fan des Smiths ou d' XTC et Talking Heads pour les plus vieux, Parquets Court (son leader en est fan) ou Mac DeMarco pour les plus jeunes déjà vieux jusqu'à celles des adeptes bornés et égocentrés de la secte post-moderniste LCD Soundsystem. C 'est une pépite véritablement intemporel comme il en existe finalement que très peu. Tout de suite face à cette pochette les connaisseurs de l'indie et du post-punk, et plus particulièrement de la Jangle pop, vont immédiatement penser à un autre groupe de la côte Est des Etats Unis, The Feelies. La couleur bleue et cette façade de maison typiquement américaine accompagnée d'une typographie fine et étirée semble évoquer à la fois celles de "Crazy Rythms" et de "Only Life". A l'intérieur les jangle guitares et le son si particulier de cette époque sont partout. Mais avant de se pencher un peu plus sur la contribution de Russel on peut déjà constater que Necessaries en matière de jangle pop et de post-punk/"New Waaaaave" n' a rien du gentil petit groupe anecdotique pour junkies du vintage et snobinard élitistes. Les autres Necessaries ne sont pas de simple faire-valoir. Ce disque c' est du costaud reposant sur des bases solides touchées ensuite et furtivement par la grace de Russel qui y est rentré en dernier et ressorti très vite en premier. Le trésor caché par excellence. The Necessaries comportaient donc en leur sein de gros clients de la scène punk et post-punk New Yorkaise dont un Modern Lovers et un Red Crayola. Sans Russel ils étaient déjà aux avant-postes. Toujours bien accompagné le Russel. Ce génie attiraient à lui tous les autres talents tel son alter ego anglais, bref, un véritable aimant à la Eno (Bowie,U2). Avec ou sans lui ils n' étaient peut-être pas né du bon côte de l'océan pour devenir de nos jours de véritables icones indies et posséder ainsi un statut culte d' une importance bien plus grande. L' Amérique a toujours était plus ingrate que les britishs envers ses génies underground. De nos jours ce serait plutot l' exact inverse. Une déification franchement disproportionnée et trop rapide (Thee Oh Sees, Kurt Vile etc). Originaire d' Angleterre les Necessaries n'auraient pas juré sur le plateau de Top of The Pop, dans la prog de John Peel ou en couve du NME en ces temps reculés. Quite à ce que Russel se mette des oeillets dans le cul (The Smiths) ou porter des petites lunettes rondes en refusant toute prestation live (XTC). On pense beaucoup à XTC en découvrant ce disque et à d' autres formations britannique alliant pop, ouverture stylistique et rigueur artistique. Une sorte de Smiths aux oreilles plus larges ,moins complexées, surtout bien plus aventureuses stylistiquement et portées sur le futur. D' autres formations américaines cousines germaines des anglaises sont aussi à évoquer . Les Feelies bien sûr, des Feelies semblant être devenus fans du Bowie version Berlinoise. Mais aussi le REM première période (la meilleur !) ou DEVO. Du Blondie en mieux et en plus exigeant ("Sahara"). Mais attention ce disque n'est pas qu' un condensé oublié accidentellement du meilleur d'une époque déjà mille fois entendu qui peut très vite paraître daté faute de vraie personnalité. Les Necessaries avaient immédiat en eux la bonne dose d' originalité pour rencontrer si ce n'est un succès populaire tout au moins un sacré succès d' estime à long terme qui leur a tant manqué jusqu'à présent. C' est que la "touch" Russel flotte sur l' ensemble du disque, même les titres non composés par le bonhomme en portent les traces. Ce mec adorait collaborer à conditions que ça ne dure pas longtemps et encore moins que ça ne prennent pas trop la tête. L' histoire des Necessaries dura à peine deux-trois ans. Il ne lui en fallait pas plus pour hisser le talent de ses collaborateurs encore plus haut qu'à l'origine. Pour oser ce que les contemporains du genre n' avaient pas oser. Serait-ce même très discrètement. Les fans vont très vite le ressentir et les novices feront une excellente entrée en matière dans l' univers étrange et liquide du génie. Par le timbre de sa voix inimitable, par les petite touches expérimentales, son goût pour la diversité et son génie créatif Russel tire donc l' ensemble vers le haut et l' originalié. Si bien souvent le format couplet-refrain semble être la norme imposée Russel réussit à multiplier les échappées par la richesses de ses interventions souvent inattendues pour l' époque. Des tueries pop et post-punk il y en a plein. Le mélange des genres, culture rock et dancefloor, nous saute aux oreilles 20 ans avants LCD Soundsystem. Le parallèle entre ces deux formations est franchement évident au vue de leurs sorties discographiques concomitantes en cette rentrée. Si tous les gens s' exclamant sur le retour sur-côté du gros Murphy avec ses recettes éculées de cross over et de bastard-pop jouée avaient l' idée ne serait-ce qu'un instant d' écouter "Event Horizon" ils ravaleraient leurs louanges surjouées et les garderaient pour la formation de Russel et ses trésors enfouis. Quite à en faire des tonnes sur de la musique passéiste en 2017 autant lui préférer celle faite à la bonne époque plutot que l' anachronisme Murphiens. L' histoire s' est évidemment terminé en eau de boudin quand sur le trajet les menant à un concert Russel sauta, au sens littéral (!), du bus mettant fin au machin. Les deux disques étaient des flop totales mal défendus par Sire malgré le soutien du gotta (John Cale, Blondie). Plus de trente après nous découvrons une véritable merveille du passé à écouter entre deux tueries actuelles. Histoire surtout de comprendre à quel point Arthur Russel était l'un des plus grands génies créatifs de l' histoire de la musique moderne et s' apercevoir du poids de son héritage sur toutes les têtes chercheuses contemporaines.

  • LANARK ARTEFAX. Pépite d' idm moderne trouvée à Glasgow

    Imaginez un type d' à peine 23 ans. Un très jeune musicien qui réside à... Glasgow! Le nom de la ville doit vous faire dresser l' oreille. Comme je l' écrivais récemment au sujet des Kelora issu du même bled certaines villes sont des phares en musique et donc Glasgow c'est comme Manchester, Bristol, New York ou Berlin. Tu guettes. Label de qualité certifié. Supposer que ce type sorte il y a un an un ep chez UIQ, label dirigé par ... Lee Gamble. Premier nom qui doit automatiquement faire dresser l'oreille encore plus pour tout bon fan d' électro aventureuse. Pour toute bonne tête chercheuse du futur. Et en plus...il se dit fan total ...d' Oneohtrix Point Never etd' Arca!!! Deux des artistes les plus importants de la décennie. Ca part bien me direz-vous? Attendez la suite. Représentez-vous à l'esprit ce que doit signifier le fait que moins d'un an après son premier ep et alors que parait à peine son deuxième (et même avant pour le dernier nom), tentez que dis-je de rentrer dans votre esprit que ses titres sont joués au cours de dj set en l'espace de quelques jours par... BJORK et ... APHEX TWIN. Vous avez compris. Stoppez tout. Oubliez le futur LCD Soundsystem reluquant comme d' habitude le passé, oubliez l' état pathétique de la scène à guitare indie en voie de sénélité, les dj set kilométriques qui n' effrayeraient même pas votre grand mère, oubliez tout sauf vos plus beaux souvenirs de musiques courageuses, aventureuses, venues de nulle part et embrasant tout sur son passage. Votre cerveau comme votre corps. Je vous fais le pari que ce jeune artiste dont il va être question va signer chez WARP et que très bientôt pour se la péter son nom sera sur toutes les bouches. Celles des passionnés comme celles des plus indécrottables snob, élitistes, arrivistes, hipsters à la mort-moi le noeud, de Londres à New York, de Paris à Limoges. Calum Mac Rae aka Lanark Artefax est ce jeune type qui affole tous les radars depuis quelques semaines. Celui qui tire sublimement un trait d'union entre le passé glorieux de l' électro expérimental (Warp) et son présent revigorant (OPN, Holly Herndon et Lee Gamble). Beaucoup parle à son sujet qu' il serait la tête de pont d'un pseudo revival IDM et d'y inclure Rian Treanor (déjà aperçu dans ce blog au sujet du footwork), Second Woman (auteur notamment d'un remix de Jlin hallucinant) et Minor Science (les deux derniers promettent aussi). Pseudo revival parce que quiconque s' aventurait à tenter le coup sans faire trop d' effort constaterait à ses dépends que "vouloir faire comme" Autechre, Aphex Twin ou Boards Of Canada relève de l'illogisme et de la stupidité la plus primaire. Vouloir faire 20 ans après à l' identique une musique comportant dans ses gènes l' ordre absolu d'innover est à éviter. Sauf si le but ultime n' est qu'une posture. Mais en découvrant la musique d' Artefax on est forcé de constater des liens évidents et l'intéressé ne s' en cache pas. On ne remettra pas le couvert sur le débat inutile de l' appellation IDM, maladroite, détestée par les artistes justement pour la bonne raison qu'elle insinue un mépris pour les autres styles. Artefax raconte avoir passé sa jeunesse à écouter la musique de ses parents (un peu de tout mais surtout du punk) puis être fan vers 15 ans de ce qu'il nomme "shit indie". Relevons à cet instant que l'on connait actuellement un bon nombre de quadra qui sont encore loin du gamin en se vautrant dans un retour en arrière sous couvert de post-modernisme revendiqué . Macronisme version musique? Le mioche Artefax nous explique que la "Shit Indie" c' était avant. Avant sa découverte de "Drukqs" d' Aphex Twin. Ensuite bien sûr plus rien ne sera comme avant. Bidouillage à base de 4/4 en solo ou accompagné, désir de connaissance en concourant au Conservatoire Royal de Glasgow puis refus d'y aller par crainte probablement d'y perdre sa liberté. A peu près à la même époque il se découvre une passion pour les bandes originales de film. Il voue depuis une haute estime à tous les arts en général et au rôle de la musique en la matière. Désir de confrontation de son art avec d'autres, on y revient plus tard mais il s' agit bien d'un autre signe devenu récurent chez les artistes contemporain qui compte. Ca l' a toujours été mais il semble que certaines musiques se soient coupées du monde. Qu' elles se cloître refusant secrètement toute évolution. La découverte de Lee Gamble semble être selon l' écossais le deuxième déclic. On le comprend. Démos envoyée au toupet et immédiatement sortie du premier ep "Glasz". Première secousse. "Glasz" sort en 2016 et on repère dès ce disque ce qui a pu rapprocher Gamble et Artefax. Les structures de musique de club y sont présentes mais d'une manière bien particulière. Délocalisées, dénaturées, trempées dans la science fiction dystopique et vaporisées pour offrir une réécriture originale et personnelle. De manière ébouriffante il concasse tout mais subrepticement nous découvrons que ces structures hachées s' apparentent au spectacle des bourgeons qui éclosent dans les documentaires de sciences naturelles. On hésite en permanence entre se laisser submerger par l' émotion procurée par ce spectacle et le magnétisme de la recherche du comment que c' est fait. Comme chez ses illustres aînés. Mais oublions les Aphex , Autechre et compagnie. Lanark Artefax n'est pas de leur époque et il a connu bien d' autres choses par son jeune âge. Absent chez les vieux on se prend en pleine face la culture Grime. Et pas que la première version, son renouveau aussi. Logos et Mumdance ou Visionnist ne sont pas loin. Le titre éponyme en est la preuve ultime. A d' autres moment cette IDM évoque fortement Holly Herndon et nous comprenons bien que ce disque a été fait à l' époque d'un Arca. Pas en 1997. Sorti ce printemps chez les têtes chercheuses de Whities Records le ep "Whities 011" confirme au delà des espérances. Non, on n' est pas dans une redite IDM facile et fatalement répétitive. Artefax est bien trop passionné, curieux, authentique et talentueux. Pas un cynique mais plutot quelqu'un qui y croit encore à l' art et fait preuve de respect. Loin des assemblages grossiers référentiels. De toute manière pouvait-il en être autrement avec un gamin qui sans faux-semblant analyse parfaitement notre époque, sa génération est selon lui "malade du post-modernisme" au point d' avoir peur de la sincérité et d' exprimer réellement son ressenti personnel. Et d'enfoncer le clou en parlant de révolutionnaires bacleurs et fainéants. Certes les quatre titres de "Whities 011" avec leurs rythmes étirés parsemés de convulsions stimulantes évoqueront une nouvelle fois Autechre. Mais par exemple les mélodies angéliques des synthés et les vocaux élargissent encore plus le spectre des influences. La jouissance pointilliste de Lorenzo Senni et les senteurs célestes de certains Oneohtrix Point Never. Il y a donc de l' optimisme dans ce dernier ep après la mélancolie de "Glasz" . De l' énergie aussi quand le maximalisme crunk d'un Rustie pointe à l'appel. Une même passion pour l' abstraction et la déconstruction que celles des aînés coule dans les veines de l' écossais. Pour lui et d' autres si la musique abstraite au forme bizarres apparaît étrangère elle ressemble pourtant terriblement à l' émotion humaine jusqu' au point d' apporter aux courageux une clairvoyance intime. Jusqu' à une euphorie incompréhensible malheureusement à d' autres trop dépendant du divertissement facile. Certains parlent même d' empathie offerte par ces musiques. Tous les fans de noise, drone, IDM ou d' autres musiques jugées par d' autres comme "compliquées" ou du "bruit" comprendront. Pour lui la musique de club ne peut pas se permettre cela et le gamin afin d' expliquer ses choix de citer John Cage "Tout est échos de rien". Par exemple il explique très bien à quel point les voix synthétiques lui apparaissent plus humaines dans un sens que les "vraies voix humaines". Holly Herndon appréciera certainement. Malgré ses propos sur les limites de la musique pour club son "Touch Absence" y a toute sa place et remplie en même temps les objectifs de figuration d' émotions et pensées humaines qu'il ose se fixer. Ce gamin d' à peine 23 ans a tout pour lui et surtout un avenir radieux. Son avenir justement il le voit à persévérer dans le travail de conceptualisation au moment de composer (passion pour Daniel Lopatin oblige). "Whities 011" s' articule autour de sombres histoires de chasseurs de cyclones et autres tornades, chasseurs vouant un culte certain à la mort. Comme l' illustre parfaitement la couverture du disque, le clip de "Touch Absence" surfant sur le même sujet mais prend une tournure plus politique en évoquant la stratégie du chaos de Naomie Klein. Il explique aussi vouloir jouer pour des projets du type installation sonore et se confronter ainsi aux autres arts. Une manière de nous faire comprendre que son unique but n'est pas de décrocher la timbale d'une signature dans un gros label (Warp) pour nous pondre à la va-vite un album précoce et se la jouer. Il voit plus loin. Bien plus loin. Et il le peut! En Bonus les autres artistes trop rapidement étiquetés Revival IDM

  • ARIEL PINK, le grain sable de la machinerie indie toujours efficace.

    Enième article sur le bonhomme mais la passion dévorante ressentie pour le personnage et ses idées ne faiblit pas. On en est à près de quinze album mais l' intérêt ne semble pas s' essouffler. Depuis ma première rencontre discographique avec le bonhomme à la fin des 00's il y a certes des choses qui ont évolué. Sa popularité et son accueil dans le cercle restrinct de la faune indie planétaire par exemple. Souvenir ému des première tentatives de partage facebookienne ou en société du machin "Pink". Les incompréhensions, les allusions stupides sur le son "pourri", l' incompréhension face à l' art espiègle typiquement Pinkien de passer d'un style à l' autre, du coq à l' âne. Puis, vint le grand retournement de veste entamé au moment de "Before Today" comme l' illustre si bien la notation des albums par Pitchfork et le comportement de certains dans nos entourages. Ce moment de fan de musique à la fois si triste et un brin frustrant quand après avoir défendu un artiste et que vous n' aviez reçu que mépris, indifférence et quolibets, d' apercevoir sur un réseau ou au cours d'une conversation un étonnant enthousiaste sur le même artiste par les mêmes personnes tant méprisantes par le passé. Quand certaines questions se posent sur l' authenticité des passions pour la musique de certains pro ou simple fan. Ca tombe bien, l' authenticité a toujours été une dominante dans les travaux de Pink. Comme cette fois-là où j' exprimai mon enthousiasme pour John Maus et qu'un triste programmateur français s' empressa de me "gronder" parce que je n'avais pas parlé du "génial Ariel Pink". "Génial Ariel Pink" sur lequel il avait craché son dédain en le découvrant par mes soins quelques mois plus tôt en allant à une Route Du Rock. Arrivisme, je m'en foutisme et dilettantisme non assumé? A ce propos, trouvera-t-il le titre hommage à son "meilleur ami" John Maus sur le dernier disque de Pink? L'un des plus beaux du disque. Plus loin je vous laisse la fameuse psychanalyse de Pink par Maus. Jubilatoire! En rapport avec ces points si il y a bien une chose qui n'a pas changé avec Ariel Pink c' est son aspect clivant. Certains n'ont jamais cessé de le voir comme quelque chose de totalement étrange, d' incompréhensible ou de ne pas aimer et passer à côté sur certains trucs (la faute peut-être au parasitage des suivants?). D' autres se dépêchant de le caricaturer en bête de foire ou en junkie un brin misogyne et provocateur facile tout en lui vouant un culte arriviste. Mon respect ira toujours aux premiers. Pink en a peut être conscience d' ailleurs parce que le titre de son dernier disque "Dedicated to Bobby Jameson" fait référence à un artiste au parcours plus ou moins similaire. Intérêt au début, mépris d' abord puis caricature portant sur sa personnalité "bizarre" et enfin oubli jusqu'à ce que Pink, vrai rat de discothèque et drogué de la différence ne fasse braquer les projecteurs dessus. Pour ceux qui n'ont pas encore pris la peine d' aller écouter ce fameux "Bobby Jameson" sachez juste que si vous êtes fan de Love ça risque vraiment vous intéresser. Mouvement de culte en vue (à l' heure où j' écris ces lignes son nombre de vue ne dépasse pas les 2000 pour chaque vidéo sur youtube, à suivre donc l' effet "Pink" comme ce fut la cas pour R Steevie More). L' attitude des uns, plus saine car moins enclin à suivre directement ou pas la doxa journalistique et les modes indies, se comprend. Pink avec son filtre lo-fi assumé et sa boulimie d'influences et références ne rendait pas son véritable travail de recontextualisation des 70's et 80's assez compréhensible. On peut ainsi remarquer en France les terme d' Hypnagogic Pop ou de Hauntologie continuent d' être perçus chez bon nombre comme un délire intello de critique alors qu'il permet de bien mieux poser les enjeux de Pink et d' autres (Oneohtrix Point Never, Ferraro). Avec le précédent "PoomPoom" on voyait toutes les faces de l' art Pink. L'aspect Psyché-californiens sage faussement nostalgique et rétro comme l' abstraction subtile hypnagogic-pop et le délire enfantin du sale mioche qui saccage tout parce qu'il a pigé qu'un truc allait de travers et ça sonnait faux. Un vrai-faux post-modernisme pleinement conscient de son état et donc progressiste. Pink transforme, maltraite toujours les références et fait preuve d'un recule que les simples copieurs n'ont pas. Serait-ce même à grand coup d' auto-dérision en lieu et place de maquillage du vide (Mac DeMarco). Pink trouve toujours des pistes d' échappatoire à la simple redite. Les effleure, les souffle , les ébauche puis, les abandonne avec grande classe. A d' autres de reprendre le flambeau. Autant vous le dire tout de suite "Dedicated to Bobby Jameson" n' est pas révolutionnaire par rapport à un "The Doldrums" ou "Worn Copy", ses deux premiers "classiques" , moins tape à l' oeil que le feu d' artifice de "Poom Poom" et le manifeste édulcoré de "Before Today". Si révolutionnaire il est ce disque le reste face à tous les (Thee) Oh Sees, DeMarco ou Arcade Fire de la planête. Et si parfois le sentiment de monotonie émergeant se pointe ce n' est sans commune mesure avec les noms cités plus haut. Beaucoup de chansons sur le dernier opus rappellera aux fans d' autres mais n' oublions pas l' approche de la musique de Pink qui déteste le surplace et la simple redite. Pink se fait-il vieux? Oui, mais cela n'empêche d'y trouver deux-trois grands futurs classiques du gars. "Pour moi, le but est de trouver quelque chose que vous n'avez jamais entendu auparavant. C'est vraiment ce pour quoi je suis un toxicomane. Plus que tous ces titres inclus dans cette liste, j'aime entendre une chanson que je n'ai jamais entendue, que je ne sais pas comment ça se passe." Moins brut de décoffrage dans le coq à l' âne "Dedicated to..." reste et demeure une preuve flagrante de l' éclectisme stylistique de Pink. Seule les époques adulées par le type reste les mêmes. Gothic, Post-punk, glam, art-pop, prog, funk, nouveaux romantiques, tape-music, electronique, synth-pop, rap, musique du monde entier. Par exemple son amour pour le meilleur de Cure ( sa trilogie) ne semble pas s' amoindrir. La production est plus proprette sans pour autant perdre la "touch" hypna. Passer d' un titre à un autre se révèle moins rebutant et Pink perdra un peu moins les allergiques ou les arrivistes décrits plus haut. Ces derniers plus intéressés pour les apparences lo-fi (snobisme) et nostalgiques (réac et non curiosité par nature) et du coup d'une certaine "rentabilité divertissante et sociale" vont encore nous faire le coup des titres "qui ne servent à rien" ou qui ne sont que des "blagues"(mon pronostic va à "Time to Live" et le titre coécrit avec Dam Funk). Les années à venir nous aiderons pour affiner notre jugement sur la qualité du cru Pink 2017 mais est-ce vraiment comme cela qu'il faut aborder simplement l' oeuvre d' Ariel Marcus Rosenberg? Vous viendrait-til à l'esprit de résumer la carrière d'un Bowie, d'un Velvet Underground ou d'un Brian Eno par un simple classement sans passer par une analyse plus profonde? Bien sûr que non. Pink appartient à cette race. Celle des seigneurs de la musique moderne, les "brâves" comme se plait à dire Thurston Moore, ceux qui font avancer le monde en se posant des questions. "L' expérimentation est un état d' esprit. Disons que la musique, c' est une question. Cette question a toujours été présente,jusqu'à un certain moment.Et depuis plus rien." ARIEL PINK février 2010 (phrase dogmatique de ce blog ) Comment ça marche le Ariel Pink. Un autre cinglé génial répond et c'est ... comment dire... et si Pink était une jeune chiene nympho!!!!

  • KARYYN, message en provenance d' Alep transité par Reykjavik.

    Depuis quelques semaines son nom affole les radars. Surtout du côté des fans amateur de la pop au féminin un brin expérimentale et réellement "moderne" . KARYYN déboule donc au beau milieu des Jessy Lanza, FKA Twigs, d'une Kelela (cette dernière étant en passe de devenir reine du r'n'b d'ici la fin de l'année). KARYYN semble cependant être plus une sorte de chaînon manquant entre les synthés givrés de l'une des découvertes de l' année Kelly Lee Owens (voir par ici), les voix envoutantes de Gabi (la copine de Daniel Lopatin) et du binôme Julia Holter/Julianna Barwick et enfin la grandiloquence digitale des Arca et Holly Herndon entre autres. D' ailleurs pas étonnant que la grande copine islandaise du Vénézuélien ne cesse de couvrir la petite dernière d' éloge. Comprenez un adoubement officiel de cette jeunette par la reine mère à toutes les artistes citées plus haut, Bjork ! C 'était à l' occasion de la première de son opéra coécrit avec Samantha Slay. Plutot précoce la Karyyn non? Rajoutez à cela un parcours et des origines tout sauf anecdotiques tant le début de sa vie symbolise les soubresauts et les drames de notre monde. Alors que l' anti-immigration et l' anti-musulman pullulent partout cette jeune syrienne aux origines arméniennes qui a grandi à Alep et a du se réfugier aux Etats Unis avec sa famille risque bien de casser certaines visions étriquées. D 'apporter la plus belle réponse à l' égoïsme et la bêtise d'un Trump et d'un bon nombre d' européens. Suffira juste de leur balancer à leur figure le clip de "Aleppo" fait d' archives familiale du temps où cette ville n' avait pas été abandonnée par le monde pour devenir des ruines. Si sa carrière discographique ne se résume qu'à trois singles on est forcé de courber l' échine devant autant de talent aventureux. Outre "Aleppo" déjà cité pour son clip émouvant son dernier titre proposé est prodigieux et à placer d'office dans la catégories des plus beaux morceaux de l' année. Les voix sont parfois lyriques ou intimes à l'instar de l' ambiance mais toujours profondément touchantes et déjà maîtrisées. Si la pop n' est jamais loin les expérimentations issues d'un environnement électronique tour à tour agité ou cinématographique/ambient apporte la dose d' originalité et de forte personnalité. A suivre donc. De très très très près !

  • Rafael Anton Irisarri, mélodies sublimes en sous-sol bruitiste.

    Il y a très longtemps que l'on croise Rafael Anton Irissari. Membre des gentillets ambianceurs pop Orcas (avec Benoît Pioulard), il avait commencé à taquiner plus sérieusement nos oreilles avec son projet The Sight Bellow, occasion pour lui de bosser avec l'un de ses "dieux shoegaze", Simon Scott de Slowdive. Que ce soit sous ce dernier nom ou sous son identité de naissance sans rien révolutionner il avait cependant de plus en plus pris l' habitude de nous épater par sa capacité à communiquer une profonde et magnifique émotion. Si "It's all fart appart" sous le pseudo de Sight Below et "A Fragile Geography" demeuraient jusqu'à présent ses plus grandes réussites il se peut bien que le tout récent " The Shameless Years " ne lui fasse franchir un palier suplémentaire. Quelques mois après le retour réussi du GAS de Wolfgang Voigt il semblerait bien que Irissari en remette brillamment une couche en matière de mélodie enfouies sous des tonnes de drones plus ou moins bruitistes et ambient. "The Shameless Years" est une totale réussite d'une beauté sidérante. Si il ne brille pas autant qu'un Lawrence English en matière de gravité ou d'un Jefre Cantu-Ledesma dans l' art du jusqu'au boutisme ce dernier opus se révèle toutefois un sérieux candidat dans le domaine pour l'année 2017 déjà chargée (le Ben Frost arrive bientôt). Les circonstances de l' enregistrement et l' air du temps y sont peut être pour quelque chose. Irissari dit avoir vécu juste avant une "expérience proche de la mort". Ceci explique peut-être la sensation de voir le bonhomme se lâcher encore plus et accroître ses dons pour toucher avec des mélodies encore plus lacrymales et mélancoliques dorénavant totalement assumée . Le frisson est susceptible de capturer à tout instant le premier fan venu du lyrisme d'un Sigur Ros ou de GodspeedYou Black Emperor. Fan pas toujours facile à amener à la cause ambient et drone un brin plus opaque. Le contexte politique post-élection de sa patrie (les USA) y sont aussi pour quelque chose comme l'indique le titre de l' album qui selon lui symbolise l' impudicité de notre époque où tout peut être dit, tout peut être maquillé et dénaturé. Ainsi Il aborde ouvertement la montée anti-musulmane et anti-immigration dans les deux dernier titres du disques, deux collaborations avec le compositeur iranien Siavash Amini stupidement interdit d' aller aux Etats-unis par sa nationalité. Les titres ont été fait avec l' instrumentation habituelle du bonhomme, soit guitares, pédales, amplis et une multitude d' équipements analogique en tout genre, mais aussi avec l' aide de vieux logiciels de chez Native Instrument. Les tableaux sonores n'ont jamais été autant merveilleux, hypnotisant et complexe chez lui. Un sens du détails plus acéré et une imagination libérée sont peut être les raisons des progrès sidérant accomplis au cours de l'année 2016. Vous l'aurez compris, fans de Tim Hecker, Gas, Lawrence English et d' ambient un brin noisy, mais aussi de post-rock et de shoegaze, ce disque est fait pour vous!

  • PAN DAIJING, opéra noisy cathartique

    C' est le coup de poing sonore de l' été offert par PAN. Un disque au premier abord un brin flippant mais très vite un puissant révélateur de vie. Celle de son auteur bien sûr mais aussi de la notre ! Tout au long de "Lack 惊蛰" si on se sent donc profondément vivre on se sent aussi bien moins seul dans ce monde froid. Cette musique offre aux solitaires une présence forte, sur-puissante tant à tout instant elle risque vous exploser à la gueule. Pan Daijing est originaire de Chine où elle dit avoir passé son enfance sans internet en lieu et place de déversoir de savoirs institutionnalisés, uniformisés et aseptisés musicaux. Elle s' est donc d' abord construite seule avec uniquement la culture de sa région qu 'elle s' est empressée ensuite d' enrichir et remettre en question. Mais qu'ensuite! Le savoir faussement encyclopédique prémâché indie/vintage très peu pour elle. Peut-être l'une des caractéristiques qui font qu' actuellement le noise, l' ambient et l' expérimentale dans son ensemble se portent bien mieux que d' autres styles porteurs d'un héritage et de références un peu trop omniprésent pour développer le courage et l' originalité. Pan Daijing commença à faire parler d' elle il y a quelques années du côté de Berlin et sa scène Techno/indus comme le rappelle son ep " A Satin Sign" sorti en début d' année et tout autant intéressant (fan de Vatican Shadow/Prurient et de Perc jetez-vous dessus) que son premier album dont il est question ici. Reparti en Chine où elle travailla en tant que désigner sonore pour des expos, des ballet chorégraphiques et des performances, elle en profita pour entamer un voyage en vélo autour du Tibet. On croisa ensuite son chemin du côté de San Francisco puis retour à Berlin les valises remplies d' enregistrements extérieurs et d' expérimentations sonores en tout genre pratiquées pendant ses lives que l'on dit totalement dévastateurs, provocateurs et intrigants . Petit truc qui a son importance, il semblerait qu'elle ait eu la chance fantastique de collaborer avec la grand Pauline Oliveros (Bonus la concernant plus bas pour les malheureux ne connaissant pas la grande dame disparue il y aura bientôt un an). Avec sa voix, ses synthés et ses samples elle raconte avoir réalisé avec l' enregistrement de ce disque un véritable travail de catharsis mentale issu d'un lent et difficile processus psychanalytique. Le moins que l'on puisse dire c' est que par instant ce ne sont plus ses pulsions et ses états d' âmes que nous découvrons mais carrément ses viscères tant elle y va au scalpel et à la tronçonneuse. On est très loin de l' ambient douce amer que Daijing avait offert à la merveilleuse compilation du genre sorti plus tôt cette année par Pan et déjà classé ici dans le top mi-annuel. Elle passe tour à tour de titres acoustiques à d' autres bien plus électroniques. Si l' héritage des percussions asiatiques se fait parfois sentir c 'est véritablement le monde entier qui semble avoir nourri ce disque que l'on pourrait apparenter à un cri. Une boucle dancefloor par-ci, une travail de la voix digne d'une Holly Herdon par-là ("Practice of Hygiene"), des relents indus-dark-drone ("Act of The Empress") côtoyant du field-recording ailleurs et . Finalement il n'y a que la techno des débuts qui manque à l' appel. La grande révélation de "Lack 惊蛰" par rapport aux oeuvres antérieurs c' est les qualités de chant et la voix de la belle ("Plate of Order"). Mais la diversité dont elle fait preuve et qui nous épargne la monotonie parfois inhérente au genre ne semble pas non plus l' égarer sur plusieurs chemins à la fois. Peut-être parce que ce premier album fait preuve d' une cohésion digne d'un opéra, but recherché et avoué visiblement par la jeune fille. Premier album et premier chef- d' oeuvre pour la Chinoise. BONUS: Quelques titres classiques de Pauline Oliveros, la géniale créatrice du terme "deep listening" qui vous fera changer d' avis sur l' accordéon tout en vous étonnant sur sa proto-électronique en avance sur son temps.

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