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DANCING
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Nico

WORKING MEN'S CLUB, et si il existait deux formes de revival? Celui des bourges et celui des prolos.


C' est la dernière hype anglaise de l'indie . Comme souvent une formation au senteur rétrogaga. A l' instar de certaines formations apparues ces derniers temps tel les Shame, Idles, The Murder Capital ou les champions Fontaines.D.C., les Working Men's Club lorgnaient sévèrement sur l' âge d' or Post-Punk comme le prouvait leur premier single "Bad Blood". Un single à la recette revival franchement mille fois entendue depuis 20 ans tant les gamins piochaient sans gènes à la fois dans l' histoire américaine et anglaise du genre. Une voix et un phrasé rappelant un étrange mix entre Tom Verlaine de Television et un Mark E Smith jeunot. Des guitares aux senteurs Television (encore) rencontrant Joy Division avec un goût pour le funk rappelant les Talking Heads . Bref, que du classique rétro-gaga.

A ceci de particulier que les Working Men's Club avaient coché l' option Funk dans le catalogue de vente sur internet par le biais duquel bon nombre d' autres se contentent de piocher afin de monter un groupe tel des fashions victims dénuées de personnalité tentant de masquer leur manque en la matière. Et le conformisme de guetter.


Et pire que ça, on semblait tomber un peu plus dans les affres du rétro-gaga. Cette recette qui possédait des ingrédients amenant à la danse évoquait une formation plus récente et elle aussi grande adepte du pillage historique Post-Punk, LCD Soundsystem. Manquait l' électro pour s' afficher comme le "digne" successeur de James Murphy mais il était claire que les Working se différenciaient de la sorte de leurs contemporains britanniques et Irlandais plus adeptes d' un post-punk originel plus politisé et personnel. Plus encrés dans leur présent. Donc on pouvait dire des Working King's Men , et encore après l' écoute de leur récent album par instant, qu 'ils faisaient du LCD Soundsystem. Un LCD Soundsystem qui en son temps ne faisait rien d' autre que du Eno/Post-Punk post Daft Punk. Oui je sais, on est arrivé au truculent moment où des revivaliste pillent d' autres revivaliste et le rock indie de se mordre la queue. Mais depuis la sortie de leur premier album éponyme tout ce qui n' était qu' une redite de la triste régression indie à guitare entamée depuis 20 ans devient un sujet bien plus complexe. Et Les Working Men's Club de trouver chez votre serviteur une miraculeuse indulgence. A cela il y a plusieurs explications. D' abord l' attachante personnalité de leur leader, Syd Minsky-Sargeant. Un gamin d' à peine 20 ans. Né à Londres il se fait virer de ses logements sociaux pour atterrir dans un trou perdu du Nord de l' Angleterre, Todmorden. Bref passer en un rien de temps du tout au rien et le gosse de s' ennuyer ferme dans la campagne avec pour seule distraction les passages irréguliers du bus et la musique. Cette dernière va devenir sa bouée. Mais attention aux apparences si Todmorden semble éloignée de tout c' est aussi une petite ville où les habitants tentent de recréer une vraie vie communautaire rurale. Par exemple c' est là-bas qu' a vu le jour l' une des premières expérience mondiale d' autosuffisance alimentaire. Et en matière culturelle aussi ses habitants tentent d' échapper à la triste vie que leur réserve le Néo-libéralisme. Il existe deux salles de concerts à tendances selles aussi communautaires dont le fameux pub Golden Lion. Et jeune Syd a du pas mal y trainer. Passionné de musique et doté d'un sacré caractère que certain caractérise par le termes de "grande gueule" dans la plus pure tradition du "North", Syd part pour la proche Manchester afin d' y poursuivre ses études de musique mais visiblement les écoles d' arts aussi n' en ont plus voulu de lui par la suite. Douloureuse expérience mais vous avouez qu' en matière d' expérience musicale Manchester se révèle être un sacré puits de science au vu de son passif. D' après ce que l'on entend le petit Syd s' est entiché pour les périodes pré-Britpop plutot que l' ère Oasis avec ses guitares triomphantes. La Britpop qu' il semble mépriser au plus haut point.

Sa musique révèle surtout un fort penchant pour Factory Records. Et un large spectre Factory Records! Autant celui des début de Joy Division/Section 25 qui adoraient le Krautrock et fricotait avec l' indus/dark que celui synthpop de New Order et de l' Hacienda en pleine explosion Acide sous haute influence Detroit. Madchester devrais-je dire tant l' album surprend avec des voix oniriques et des guitares Baggy venues du tréfonds des 80's. Pour résumer un peu trop on a envie de dire que ces gamins tente d' offrir une mixtape New Order en ne puisant que dans "Movement" et "Technique", deux disques tellement différents l'un de l' autre. Mais à Factory et Manchester s' ajoute une autre ville référence du Nord. Sheffield! L' écoute des titres de l' album font tourner les regards vers Sheffield indubitablement. Encore une fois après l' album époustouflant dans un autre domaine de Rian Treanor (ici) . La proto électronique des Cabaret Voltaire et la synthpop de Human League y côtoient les senteurs mancunienne du "Technique" de New order. Et celà va jusqu' au chant de Minsky-Sargeant qui est l' épine dorsale du groupe et sa musique. Bien sûr que Mark E Smith reste une référence mais Ian Curtis est abandonné au profit d' un Jarvis Coker de Pulp, lui aussi de Sheffield. Comme ses illustres aîné il impose sa forte personnalité aux chansons allant jusqu' à pourrir un présentateur BBC avec tout le charme des grandes gueules du Nord. Cela n' a pas été dit ailleurs mais la North-Touch du gamin avec le traitement de sa voix et surtout son phrasé évoque en moi les souvenirs du chanteur de l' une de mes marottes ado, Dave "The Wrekked Train" Randall des Lo Fidelity Allstars. Ce n' est bien sûr pas du Big Beat et le disco/funk apparaît que fugacement via les touches Techno et Acid House mais écouter "Valleys" évoque des fantômes mutants des légendaires "Kasparov's Revenge" ou "Blister on my Brain".


L' autre raison de mon indulgence est le fait qu' entre le single et l' album le groupe continue d' évoluer et enrichit donc sa palette. On peut déceler des traces des débuts de Simple Minds New Wave par exemple ou des riffs typiquement Orange Juice. Visiblement Minsky semble avoir écouter les derniers album des Horrors. Mais ce sont surtout les synthés qui ont pris le pouvoir avec une vraie maîtrise en matière de production. C' est que Minsky-Sargeant conscient des limites d'un post-punk un peu trop limité en influence vira une partie des troupes au profit de la guitariste Mairead O'Connor Moonlandingz grande copine de la Fat White Family dont les Working Men's Club firent également la première partie. Si on rajoute le très judicieux choix comme producteur de l' ex Add N To X Ross Orton (Artic Monkeys, The Fall) on comprend très vite que la troisième raison de mon affection pour cette formation est qu' elle a compris qu' elle devait s' échapper du carcan Post-Post-Punk actuel pour ne pas par exemple suivre la pitoyable trajectoire des Idles. Ainsi cette jeune formation offre des hymnes flatteurs et palpitants tellement la petite surprise guette l' auditeur à chaque croisement de rue.

La musique sous haute influence de la personnalité de Minsky offre la sensation d' être coincé dans les carcans de la vie quotidienne du Nord mais de vouloir s' en sortir. Ses paroles nous plonge dans un océan d' émotions conflictuels à l' image de la vie mouvementée de son leader et on oscille entre espoir et désespoir. Espoir des lendemains qui chantent et dystopie. C' est ici que l'on peut voir ce qui sépare définitivement la démarche des jeunes Working Men's Club de celle d'un James Murphy déjà vieux à son apogée. Entre le revivaliste s des 00's et ceux des 20's. Chez LCD Soundsystem il n' y avait pas cette volonté de changement et de destruction que l'on perçoit chez Minsky-Sargeant. Peut-être que l' explication est que les revival se succédant n' ont pas tous les même caractéristiques. Que certains seraient plus porteur en terme d' espoir que d' autres plus teintés de cynisme et de désespoir. Peut être faut-il voir du côté des origines sociales. Même si ils ont écouté les même disques il y a un monde entre le Murphy New Yorkais trentenaire issu de la classe moyenne et ce gamin provenant la working-class anglaise grandi dans le Nord du pays. Comme il y a un monde entre les Strokes issues de la grande bourgeoisie New Yorkaise écoutant Television et les Fontaines.D.C. adulant aussi la clique de Tom Verlaine mais étant imprégné de la culture socialiste bohème de leur quartier populaire. Dans l' article sur les Idles dans lequel les classes sociales sont aussi abordées je mettais la citation suivante de Lias Saoudi:

"Pour moi, le post-post-punk classe moyenne représente un effondrement dans la nostalgie, né d'un refus du présent, dans un monde où le futur a été pratiquement annulé." Les Working Men's Club de Minsky-Sargeant à l' instar des Fontaines.D.C. démontrent que le post-post-Punk de classe inférieur est moins l' appel à la nostalgie et un cocon passéiste pour ne pas voir la catastrophe arriver que bel et bien le désir de participer à ce que doit être le futur tout en s' appuyant sur les grandes leçons du passé comme bases solides. Peut-être parce que ces gens-là ont plus rien à perdre dorénavant alors que tous les James Murphy du monde sans s' en rendre compte s' accroche à leurs acquis en passe de sombrer aussi.

L' album des Working Men's Club est profondément touchant même si il est imparfait, que parfois il sombre dans des redites trop entendues ou qu'il évoque un peu trop Lcd Soundsystem. Cette dernière remarque est à minimiser tant LCD Soundsystem s' est accaparé des pans entiers de l' histoire jusqu' à chasser dans nos esprits les originaux et ainsi parasiter notre référenciel par sa proximité historique. Touchant ce premier album parce que l'on y découvre des gamins qui n' ayant plus que pour bagage l' historique de la musique et pour modèle des prédécesseurs qui ont laisser tomber tout espoir, tentent malgré tout, de sortir du marasme rétro-gaga pour participer à nouveau à un futur probable. C' est parfois maladroit, pas encore abouti, mais ça a au moins le mérite d' avancer un timide pas là où d' autres courant ont définitivement pris leurs quartiers, l' inconnu et le combat.

Et pour la bonne bouche ma vieille marotte:


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