Celà fait déjà 3 ans que "Terminal" (voir ici) nous a cueilli par une sombre soirée de Novembre. Pas vu le temps passé et surtout toujours pas lassé de ce disque. Trois ans et toujours pas de nouvel album pour cet artiste pourtant prolixe pouvait-on être amené à se demander. Mais il aura fallu un vol d' ordinateur contenant sa banque de son pour que ne notre chouchou égyptien doive repousser son deuxième long effort. Cet anecdote on l' a déjà croisé au cours des années comme par exemple la mésaventure arrivée à Aphex Twin autrefois. Aphex Twin grand fan de l' égyptien qui le lui rend bien. Quelle aurait été la direction prise par Zuli si le vol n' avait pas eu lieu? Personne ne sait même si certains affirme que le virage pris en direction des dancefloors semblait déjà bien entamé. Le titre "Penicilin Duck" semble avoir été composé avant le vol et 2020 avait vu le très dancefloor "3ankaboot" allumer la concurrence sur la compilation du Sneaker Social Club. Mais quelle sorte de dancefloor a décidé de s' attaquer Zuli? Pour une majorité de titres sur cet ep "All Caps" c' est la UK Bass et plus précisément la Jungle et le Breakbeat Hardcore. Encore une fois le spectre de Richard David James flotte sur l' art de Zuli mais toujours "encore une fois" ce n' est qu' une influence légère tant sa personnalité est forte. La Jungle entre les mains de Zuli n' a rien à voir foncièrement avec celle d' Aphex Twin. Les Breakbeat sont encore plus imprévisibles et surtout par un art du filtrage anarchique dont il a le secret il va bien plus loin que son illustre aîné. Sur "Bassous" il oublie un peu la Jungle pour appliquer au Footwork les mêmes techniques de distorsions et de déconstruction sans pour autant perdre le dancefloor de vue. L' intro de "Where do you go" semble d' abord vouloir calmer le jeu entamé à tambour battant avec "Tany" et "Bassous" en caressant dans le sens du poil les nostalgiques du très grand public "Inner City Life" de Goldie mais c' est pour mieux vous dévaster par la suite en incorporant une once de Prodigy en omettant pas surtout par des cassures de troubler les aficionados de l' autoroute linéaire Big Beat des anglais. "Penicillin Duck" représente le passage entre "Terminal" plus IDM et expérimental et le reste de "All Caps" quand "Keep Demag" poursuit ce chemin en poussant à nouveau le Footwork encore plus loin. "Bro!(Love it)" cloture le disque avec un humour typique chez Zuli quand une nouvelle fois il pourfend l' exotisation de la musique. Ce titre, une parfaite attaque drôlissime contre les Afro-fétichistes. Il débute par des rythmes Breakbeat défigurés et des manières IDM bien éloignées de la culture égyptienne pour ensuite taquiner justement ces fétichistes rois des préjugés et la caricature en basculant vers une Electro-Chaabi typique pour le cueillir en balançant le sample d'une caricature justement d' hipster/snobinard condescendant américain polluant notre trip musicale par ces mots mille fois entendus: "Oh mon dieu, il y a de la musique égyptienne partout! J'adore la fusion arabe, mon frère!".
Zuli tel son boss du label UIQ Lee Gamble opère un savant et furieux travail de déconstruction du dancefloor pour nous projeter vers l' inconnu et tutoyer les sommets. Plus extrémiste encore que certains artistes défendus dans ce blog en cherchant à s' échapper le maximun des attendus et des préjugés occidentaux, Zuli depuis belle lurette vole au dessus de tout, des niches stylistiques, des frontières culturelles et des a-prioris. Jubilatoire !
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