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DANCING
WITH
THE
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Nico

FOR THOSE I LOVE, premier album surchargé d' émotion.


Des disque bouleversants comme celui-ci il y en a peu. Depuis une semaine il ne cesse de me hanter. Outre Manche le premier album au titre éponyme de David Balfe sous le pseudo de For Those I Love reçoit un accueil critique dithyrambique comme rarement. De ce côté-ci du Channel c' est silence radio. Ce n' est peut être pas une révolution musicale mais ce disque mérite de par les réactions critiques mais aussi et surtout, ce qu' il contient et véhicule, que l' on prenne le temps de s' y pencher.


Jusqu' en 2018 la vie semblait aller d' elle même pour ce Dublinois à la mâchoire carré, corps d' athlète et au total look urbain tatouage, survêt et basket. Une espèce de caillera qui semble s' être échappé d'une salle de muscu puant la testostérone, les anabolisant et les séances de UV pour bien coller aux dictats à la mode et de la virilité. Mais attention, l' image de ce jeune homme et les clichés qui y sont liés vont en prendre un sacré coup. Depuis la découverte choc du visage buriné et marqué d' Elliot Smith après avoir écouté sa voix si fragile et si douce je crois bien que la rencontre avec la sensibilité de For Those I Love en inadéquation total avec son image risque aussi d' en bousculer plus d'un voir carrément changer bien des idées reçues comme ce fut le cas avec le songwriter américain.

David Balfe jouait dans un groupe Hardcore avec son meilleur ami Paul Curran mais tout bascula dans la vie de Balfe quand Curran mis fin à ses jours. Le lent et difficile travail de deuil commença et la musique suivit:


«Cela a fini par être cette fusion d'archives et de lettre de remerciement à l'amour que j'avais pour mes amis et ma famille; spécifiquement pour Paul et les remerciements que j'avais pour ce qui nous avait été donné et les sacrifices qui avaient été faits et la survie collective qui en découlait »


Balfe se lance donc à corps perdu dans ce douloureux et salvateur travail allant jusqu' a composer près de 70 titres. Le confinement passant par là, l' irlandais se décida au bout de 2 ans de faire un tri drastique et le résultat nous offre aujourd' hui huit titres puissant sans le moindre déchet . Entre déchirements et activité mémoriel Balfe nous parle des personnes et des endroits qui l'ont forgé.


Ce qui happe d' abord l' auditeur c' est la voix de Harper qui oscille entre spoken word et rap. Cette voix à elle seule plante littéralement le décor des souvenirs et de la vie sentimentale ou sociale du bonhomme avec son accent typiquement irlandais. Les paysages sont rigoureux et spartiates , qu 'ils soient urbains avec leurs zones industrielles en friches urbaines ou les landes désolées et les trous paumés ruraux. Par certaines remarques ou sujets abordés vous vous prenez également le chômage, les désillusions d' une génération, le capitalisme, la lutte des classes et l' échec de l' art:

« ce sont des chiffres et des statistiques, jusqu'à ce que ce soit votre vie » « il semble parfois que l'amour dans ces chansons ne suffit pas - parce que le monde est foutu ».


Et comme si ça ne suffisait pas, ces déchirantes paroles, déclenchées par une perte et propageant de l' émotion jusqu' à aboutir à une sorte de catharcie d' espoir, sont accompagnées par une musique à la fois déconcertante, parfois attendue pour mieux vous cueillir par surprise, souvent intrigante, piquante et bien plus riche qu' il n' y parait. La surprise vous guette donc à chaque titre et plus les écoutes se multiplie et plus on s' aperçoit que ce disque n' est pas une simple version irlandaise et intergénérationnelle des Sleaford Mods ou de The Streets. Contrairement au dernier la palette stylistique s' avère bien plus grande et à la différence des premiers certains titres recèlent de profonds changements de cap, coupures ou développement insoupçonnables. " I Have a love" avec son piano plante le décor et quand la lassitude risque apparaître chez les impatients ou les allergiques au spoken Word c' est un beat rave qui déboule. Et le lyrisme sous-jacent de monter encore plus jusqu' à vous emporter très loin dans les tréfonds de l' âme humaine. Le suivant, le très Liefield Techno et New Rave"You Stayed / To Live" confirme les penchants dancefloors et évoque par son entame les virées en bagnole du samedi soir avec son pote quand une fin à la voix déformée évoque un lointain Burial venu de nul part. Cela peut paraître évident que ce disque imprégnée de nostalgie de par son origine foule les us et coutume de Burial et évoque Mount Kimbie mais en regardant dans le rétroviseur peu d' artiste ont entamé cette démarche si ce n' est ceux issus de l' Hypnagogique Pop. Balfe navigue dans un no man's land familier qu' en apparence, entre Post Rave et Post Dubstep. Beaucoup évoquent et à juste raison une allégorie reliant les tristes lendemains de rave euphorique terminée ou de concerts endiablés et la perte imprévisible et définitive d' un être cher. La marche arrière est impossible et il faudra faire avec.


"Top scheme" débute par une conversation portant sur le punk et Joe Strummer accompagnées de surprenantes sonorités transe dignes de Lorenzo Senni. L' ouverture d' esprit musicale totale post internet tant espérée aux débuts du net est enfin palpable. Pas d' œillère pour Balf. Entre une évocation hommage évidente à The Street et ses souvenirs Rave/Dubstep ce fan d' Hardcore peut citer Joy Division sans que cela ne fasse toc dans "You Live/No One Like You" et sur des chœurs encore une fois Burialesques. Plus tard "Birthday/The Pain" allège le propos en appelant aux Avalanches australiens. Beaucoup de titres se voient contenir des enregistrements provenant de la vie et du quotidien de Balfe. Extraits de délires et blagues avec son pote disparu ou ses autres proches, des rumeurs et chants du stade de foot, le son de la nature et des villes irlandaises. L' auditeur quel qu' il soit, à un moment ou un autre, va être touché tellement l' identification est systématique avec ce disque ancré fondamentalement dans le réel.


Je vous avais déjà évoquait que l' Irlande musicale vivait un âge d' or via ses guitares avec Girl Band puis le post-punk des Fontaines DC et The Murder Capital entre autres choses mais avec For Those I Love c' est une toutes autre aventure stylistique même si le constat sur ce pays durement touché depuis 2008 demeure le même qu' avec ses compatriotes. For Those I Love sans réellement tout révolutionner est un bol d' air en matière de chronique sociale et poétique dominée par le Post Post Punk. L' une des plus belles découvertes en provenance d' Outre Manche depuis longtemps. Ce qui par chez nous virerait au cliché lacrymo à la Grand Corps Malade devient là-bas une magnifique éloge funèbre doublé d' un message d' espoir et d' euphorie. Une grande leçon de vie et de ...musique.



For those I Love avait sorti un truc se rapprochant de la mixtape dès 2020. Encore sous le choc de l' album je n' ai pas eu le temps de trop m'y pencher mais cela semble tout autant intéressant et puissant.


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