C'est le premier article que j' écris sur une oeuvre de Roy Blunt aka Dean Blunt. L 'oeuvre en question c'est l' intriguant et réussi "The Reedemer", son premier projet solo et réellement assumé en tant que tel. C' est le successeur de ses multiples collaborations avec la prometteuse Inga Coppeland (sous leur propre nom ou sous celui de Hype Williams). J' avais été emballé par leur très marquant "Black is beautiful" de 2012, lui aussi particulièrement indéfinissable et classé que 9ème dans mon top de fin d' année.
Je n' avais pas parlé de leur disque pour la bonne et simple raison que cela m' était impossible. Dès que Roy Blunt fait de la musique je suis bouleversé et à la fois totalement incapable de l' expliquer tellement ses disques aux charmes dévastateurs possèdent une forte étrangeté.
"Black is beautiful" était une oeuvre fortement urbaine et expérimentale où ses éléments (bon nombres de genres et d'influences) étaient facilement identifiables séparément mais une fois associées par le duo l'ensemble apparaissait comme une profonde plongée dans l'inconnu.
"The Reedemer" est moins atmosphérique et plus frontal mais il nous entraîne encore sur les mêmes chemins inconnus. Du jazz par ci, de la soul par là. Intrusion de collage sonore évoquant aussi bien les zones urbaines que la nature(la mer). De vrai chansons de trois minutes rongées et espacées parfois par des vignettes instrumentales quand elles ne sont pas tout simplement réunis ensembles. On est a nouveau charmé par la fantastique voix de crooner du bonhomme qui peut parfois servir de bouée de sauvetages à laquelle on est souvent tenté de s' agripper pour naviguer à la surface des eaux troubles de la pensée du bonhomme.
Mais attention, avec Blunt quand il nous semble que tout devient clair et limpide l' étrange n' est jamais très loin. Le titre 'Papi" par exemple. Ça commence comme une ballade en territoire connu à la Tindersticks avec Bill Callahan au chant, une ballade qui tente bizarrement à se répéter pour être finalement stoppée net par le son de la gigantesque cloche de "MMIX". Avant c' était le bruit zen des vagues d'une mer calme accompagné par une guitare new age ("Seven seals") parasité en un instant par l' angoissant synthé de Badalamenti pour Twin Peaks ("Walls of jericho").
Certains motifs rappellent d' autres entendus dans les titres précédents, ainsi certains morceaux se répondent entre eux tout au long de l' album dans un hypnotique dialogue pour lequel Dean Blunt n' a pas jugé utile de nous donner la traduction.
Peut-être plus abouti que ses prédécesseurs mais toujours autant énigmatique "The Reedemer" confirme tout le talent de Blunt et nous les rend, lui et sa musique, encore plus essentielles qu' auparavant.
PS: Petit retour sur le merveilleux "The narcissist" issu du "Black is beautiful" de 2012 et des oeuvres solo de la russe Inga Copeland qui m' évoque beaucoup l' autre fille géniale venu de l' est, l' estonienne Maria Minerva.
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