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DANCING
WITH
THE
NOISE

Nico

VESSEL, Musique de chambre pour club.


Sebastian Gainsborough aka Vessel passe avec maestria le difficile écueil du troisième album. "Queen of Golden Dogs" comme ses prédécesseurs constitue un tournant artistique totalement réussi. Il le réintroduit parfaitement dans la lignée de ces artistes de la décennie qui auront changé la donne pour le futur après qu'il ait choisi des chemins de traverses peu employés par les autres mais haut combien pertinent pour son oeuvre .

(Vessel dans DWTN ça a commencé par là et aussi ici. 16ème au top 2012, 5ème en 2014 et en 2018 ... ?)

Que ce "Queen of Golden Dogs" soit tout juste sorti deux semaines à peine après le "Aviary" de Julia Holter (voir urgemment ici) est tout sauf un heureux hasard. Il prouve qu' un petit nombre d' artistes tentent avec courage et une débauche hallucinante d' idées novatrices de faire avancer le schmilblick. De nous faire sortir de la rétromanie et des ghétoïsations stylistiques et sociales. Et que ce petit nombres de rénovateurs semblent s' agrandir et tisser des liens détonnant à travers tout le spectre musicale de l' avant garde. Holter avec son bagage universitaire ricain et ses fréquentation hypnagogic-pop ou autres avait à l' origine peu de point commun avec l' anglais et ses racines européenne et dancefloor. Le parcours artistique de Vessel n' était pas censé rejoindre et évoquer autant facilement celui d' Holter. Quel point commun entre son "Order and noise" avec son Dub minimaliste à base de House et de Techno déconstruite et les affinités pop partant dans tous les sens d' Holter (prog, ambient,art etc etc)? Et question instrumentation comment aurait-on pu imaginer l' utilisation commune de cordes franchement baroques quand l' anglais s' était mis à faire dans la danse rituelle avec des instruments faits maisons sortants de sa seule et unique imagination ("Punish Honey"). Sans parler de sa participation au collectif UK Bass de Bristol, Young Echo, face aux trop rares collaborations d' Holter avec le fruit des dancefloors, sa copine clubeuse Laurel Halo. Outre la présence de cordes issues du Baroque classique "Queen of Golden Dogs" se rapproche d' "Aviary" par ce qu'il contient de l' épopée et d' audace artistique en matière de diversité. Une épopée à la fois intime et expansive. Douce ou violente à l' image de l' utilisation des corde et des rythmes lourds qui traversent l' espace sonore tout au long du disque quand bon grès leur semble. Vessel illustre parfaitement ce qu'il veut dire de nos pensées connues ou inconnues qui mettent une sacrée zizanie dans nos petits cerveaux face à un monde cataclysmique. Une oeuvre gigantesque et aventureuse qui ose réconcilier l' irréconciliable dans les esprits étriqués. Tour à tour puissante et vulnérable ce disque propose sans cesse des mélanges stylistiques osés et ceux synthétiques de l'organique et du numérique. Vessel semble se rapprocher à nouveau d' artistes symboles de modernité sonore après le détour bricoleur de "Punish Honey". Les textures sonores ont autant à voir avec Oneohtrix Point Never ("Argo") ou Forest Swords qu' avec la bien plus sage Holter en terme de production et de traitement par l' électronique. On peut aisément placer Vessel au juste milieu entre Holter et un Tim Hecker. "Queen of Golden Dogs" marque un tournant réel également par la présence affirmée de la voix humaine débouchant sur une sensation étrange où se mêle pragmatisme et magie, ode aux femmes, dancefloor expérimental et spiritualité. Son côté dark voit ici apparaître par l' intermédiaire de la voix une douce lumière rarement croisée dans ses oeuvres antérieurs. Vessel quite à donner parfois le tourni en matière d' influences tisse une nouvelle fois des liens entre des précurseurs en apparence éloignés et Holter se retrouve ainsi associée à Arca ou Holly Herndon. Mieux en matière de brassage, "Zahir" par la voix d' Olivia Chaney sa collaboratrice fait rentrer la Soul dans le milieu symphonique. De la même manière les synthés et samplers de New Order ou Art Of Noise se retrouvent dopés au numérique du 21ème siècle et prennent une cure de jouvence que les revivalistes 80's n'oseraient jamais de par leur panurgisme et leur conformisme bourgeois.

On peut aller plus loin dans la recherche de similitudes avec de glorieux noms. Le mélange technologie et instrumentations organique, vieux et jeune styles, évoque inévitablement la Bjork de toujours et les tentatives des These New Puritans.L' aspect ritualisé présent chez Vessel depuis longtemps fera penser aux récents disque de James Holden mais aussi par sa noirceur aux glorieux aînés de Coil. L' alternance de calmes au classicisme affiché et de montées agressives à grand coup de technologie évoquera en loucedé une sorte de Godspeed You Black Emperor oubliant de son post-rock le deuxième terme mais promenant le premier dans l' univers électro et noïsi. "Queen of Golden Dogs" d'un abord déconcertant en premier lieu prouve une nouvelle fois l' écriture parfaite de Vessel et son sens inné de l' arrangement expérimental. Encore un disque de 2018 venant d'un artiste qui, après avoir quitter les sentiers battus, nous revient totalement revigoré et susceptible de renverser définitivement toutes les tables où d' autres après les avoir déposé et sacralisé se contentent de psalmodier les saintes écritures du passé vidées de toute leur puissance.


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