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DANCING
WITH
THE
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Trish Keenan, Broadcast

PATTEN joue avec le réel et ses symboles


Mais que ça fait du bien de retrouver Patten (Patten dans DWTN c' est par là)après s' être infligé le collage pataud de La Femme. Rien n' est identifiable et la surprise peut se faire délicate et non simplement tape-à- l'oeil. Patten demeure un mystère. Et son deuxième album pour WARP va pas éclaircir le sujet. Déjà l' identité. A présent ils sont deux et depuis 3 mois le membre original et la maison de disque ont oublié de nous le dire. Un truc à vous faire douter. Ils étaient deux et con comme on est on avait pas vu? Je rassure. Patten a toujours été une personne jusqu' à ce nouvel album nommé Ψ . Enfin, on croit... Mais c'est pas très grave. Patten on l' aime pour ça parce que sa musique est du même acabit. Indéchiffrables et au moment où les certitudes de certains gênent le décryptage d'un monde complexe, un peu de flou permet de faire le point et d' imaginer.

Patten ne colle pas les époques et ne cherche pas à les rendre identifiables. Il est les époques. les genres ont formé un tout. Pas un domine et pas un ne précède systématiquement. Il conjugue à tous les modes. Passé, futur et bien sûr présent. Il parle bien des langues. Et plusieurs dans la même phrase. Trouve-t-il ça plus efficace. Ses précédents albums ou mixtapes démontraient déjà ça. On identifiait à peine et Patten jouait avec les symboliques. Ce mot revient sans cesse depuis toujours dans ses interviews. Ainsi après s' être présenté comme une seule personne "D" Patten se révèle être à présent un duo avec l' apparition d'une "A". "D" est suivi par "A" contrairement à l' alphabet. Etrange. Et "D" nous affirme que d' autres collaborateurs étaient présents sans qu'il ne juge opportun de l' annoncer. Flou identitaire. Flou stylistique. Dans son interrogation du ou des symbolismes et de leur force c' est bien sûr l' identité et des significations que l'on a attribue trop rapidement aux choses qui sont au coeur de ce gros bordel. Ce type, et sa collaboratrice, peuvent vous offrir de l' épique et l' instant d' après l' abstraction la plus froide.

Un titre comme "Locq" est un exemple parfait. Est-on dans du glitch et quelque chose d' obédience r'n'b/rap ? Des émotions pas du tout associées à ses genres sont pourtant ressenties. Le suivant "Sonne" avec son coté trap voit nos certitudes et habitudes troublées par la voix parlé franchement symbolique de choses plus proche du post-punk et de l'industriel. Les deux sont perçus comme des genre rugueux et associables tous les deux dans la famille "musique agressive". Mais Patten en les mariant nous démontre que l'on ne peut pas les rejeter dans une même et seule boite. Trop différentes. Un peu comme chez Factory Floor disséquant le dancefloor avec leurs manies provenant des deux genres cités en dernier. La dissécation amène bien des surprises et casse les certitudes. Sauf qu' avec Patten on découvrirait un Factory Floor cessant de jouer avec ses machines et passant au software . Pour les fans il est assez évident que l' étrangeté de Patten a changée sans perdre de sa puissance. C' est peut être encore plus évident et fortement, "étrange". L' utilisation d'une multitude de sons disposés par couche donnant l' impression de brouillard léger est terminée en partie. On est face à quelque chose de plus tranchant en profondeur. Plus technologique. La chaleur fait place à la glaciation de la technologie. Mais qu'en apparence, parce qu' encore une fois la musique de Patten démontre que rien n'est vraiment simple. Ainsi il tire le même constat que des Holly Herndon ou Arca. La technologie dans les main humaines ne nous fait pas devenir pour autant des machines à simplification. La complexité demeure. L' humanité persiste. Avec ses qualités et ses travers qu'il faut dénoncer. Patten a toujours été très politique.

Comme dans ses mixtapes passant du coq à l' ane sans que l'on ne sache plus trop qui est l' âne et le coq on trouve beaucoup de choses. Passé, présent et futur. IDM façon footwork ou footwork façon IDM. Ψ se fait plus dancefloor que les précédents mais c' est pour mieux défaire les codes de la musique dancefloor. "Doit-on danser?". Patten poursuit les travaux du Post-club ou d'un Lee Gamble. Son disque fait aussi penser à la récente collaboration d' Oneohtrix Point Never avec la clique footwork par le fait que lui comme Lopatin n' avait pas trop fait mumuse avec les dancefloor. Mais Patten fait subir au dancefloor ce qu'il avait fait au shoegaze ou à l'indie rock la plus identifiables et institutionnalisée. Rappelez-vous la relecture des Pixies et de Joy Division dans les mixtapes. Si Motion Graphics est un marche-pied de la coutume pop 80's analogique vers l' hyper-réalité et les software de post-internet alors Patten l' est pour celui de l' IDM 90's au même monde actuel. Ils sont beaucoup à avoir pris ce chemin et si certains peuvent le regretter et crier à l' effet mode en ne voulant pas voir l' évidente nouveauté alors on ne peut que se dire que certains naviguent franchement à contre-courant et deviennent gênant (cf article sur La Femme). Curieux de découvrir leur réaction face à ce virage formel de Patten. Alors comme d' habitude avec Patten, seul ou accompagné, on peut avoir le sentiment qu'il s' est perdu et qu'il ne sait pas trop ou il va. Mais est-ce nécessaire? N' était-ce pas si logiquement le prix à payer pour s' offrir la liberté qu'il nous offre? Liberté d' échapper aux évidences du symbolisme. Encore une fois l' appréciation d'un disque de Patten échappe à toute sentence définitive et simpliste. A tout symbolisme. Et c'est pour ça qu'on l'aime.


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