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DANCING
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Nico

James Ferraro, ou la veste en jean qui révolutionne la musique


Si vous êtes observateur, vous avez probablement remarqué dans les articles de ce blog l'omniprésence du type à la veste en jean vestige des 80's. Mais aussi mon agacement des musiques nostalgiques faites de nos jours et mon obsession pour tout ce qui ressemble à un renouveau. Qu'il soit mondial ou régional.


Si John Maus, par sa personnalité et sa musique, fait s'emballer mon rythme cardiaque, que dire de l'effet de James Ferraro sur mes neurones? Si l'hypnagogique-pop est pour beaucoup dans la volonté de créer ce blog, alors faire un papier uniquement sur James Ferraro est une évidence. Une obligation. Parfois les évidences tardent à se dévoiler dans votre esprit. J'ai un bon outil de repérage pour savoir ce qui me passionne dans la musique, mes liens Facebook. James Ferraro, depuis 2009-2010, truste la tête du classement avec John Maus. Je n'ai reçu qu'une seule réaction en 2 ans. "C'est quoi? Une pub pour l'Ipad?". C'est vrai que la première rencontre avec lui peut désarçonner. Si je veux retrouver au fond de ma mémoire l'équivalent, il faut remonter à celles en 1990 avec My Bloody Valentine ou Autechre avec "Tri Repetae" vers 1995.

Le truc qui peut fausser votre jugement et faire passer à côté du caractère nouveau du machin, c'est l'utilisation de sons connotés d'une époque révolue. Petite différence avec MBV et Autechre. Leurs sons étaient neufs et porteurs d'une intense étrangeté. On les avait très peu entendus auparavant. Avec Ferraro, les sons sont connus mais l'étrangeté est toujours présente. C'est une vue d'ensemble qu'il faut adopter.

Un truc important concernant le frisé est à signaler: il n' utilise pas de sample piqué chez d'autres artistes. Il élabore lui-même les morceaux qu'il samplera et mélangera par la suite. La démarche est proche de celle de Kevin Shield qui passait des heures et des heures dans sa cave à expérimenter toutes sortes de nappes de sons avec sa guitare et ses pédales d'effets pour ensuite les incorporer dans ses chansons. On ne savait plus d'ailleurs si ses samples étaient de simples rajouts ou s'ils étaient à l'origine du morceau . Observez bien; c'est plutôt rare finalement. Le sampler est l'instrument roi dans tout ce qui se rapporte de près ou de loin à une évolution dans la musique depuis 20 ans. Quand les Animal Collective à la culture indie se décident à former un groupe, leur mot d'ordre est : "Faisons de la musique indie mais sans guitares", "Créons des morceaux en se servant du sampler comme Dylan & Wilson le faisaient avec leur guitare et leur piano". Ce jour-là, ils prirent une assurance tous risques contre un retour en arrière.


James Ferraro, à l'instar des Animal Collective et de Kevin Shields, ne pense qu'à une chose, faire de la musique. Encore et encore. Depuis le début, il travaille beaucoup sur le grain du son. Il déclare avoir été marqué à vie par celui que possédait le son d'un disque passant à une vitesse ralentie. Dans son processus créatif, apparaissent très vite l'utilisation et la maltraitance du matériel sonore provenant des vieilles cassettes audios et VHS. Les deux premières vidéos en sont le fruit.


En 2011 Ferraro sort "Far Side Virtual", et ce qui demeurait une interrogation à mes yeux est devenu un fait avéré, James Ferraro est un vrai génie. Que demande-t-on à un génie sinon d'accélérer le cours de l'histoire tout en nous poussant vers une remise en question salvatrice? Avec "Far Side...", il laisse un peu tomber les synthés 80's et s'empare des possibilités numériques des 90's (cf article sur Rustie).

Certains vont penser que Ferraro et la musique souvent mise en avant sur ce blog "c'est un peu chiant". Il faut qu'ils comprennent bien une chose. Je me répète mais je juge cela essentiel. Je veux porter le T-shirt qu'affichait Genesis P Orridge vers 1975 (!) , " Rock'n'roll is for arselickers", Le Rock'n'Roll c'est pour les lèche-culs". Celà ne m'empêche pas d'en écouter de temps en temps, mais se référer constamment à cette référence ferme des portes. Y a pas que le blues, le rythm&blues et la folk sur cette terre.

Y a une semaine on me demandait mon avis sur Trailer Trash Tracys, groupe dream-pop shoegaze un peu trop light.

Je n'osai pas faire part de mon ressenti complet par peur de passer pour un éternel grincheux et je me contentai de dire que le seul morceau du groupe qui me passionnait réellement était le remix effectué par Ferraro de l'un des titres des Trailer Trash. Écoutez l'original, meilleur morceau de l'album qui plus est, passez ensuite au remix de Ferraro, et vous comprendrez que ce dernier vit dans le futur, contrairement aux Trailer. Il est ailleurs. Le fossé qui s'est creusé entre certains fans et groupes de musique s'affiche clairement ici.


La musique fait trop dans le recyclage et elle s'est perdue. L'essentiel n'est plus vraiment là. Elle est à l'image du personnage de la photo de fond de Dancing In The Noise. A la croisée des chemins. Lequel prendre. Pour affronter l'inconnu, pouvoir faire un choix et se repérer, il n'a pas beaucoup de solution. Et il a abusé d'une. Le rétroviseur, l'autre photo du blog. Avouez que pour la conduite ça devient risqué. Amusez-vous à ne regarder qu'en arrière sur l'autoroute. Le rail de sécurité ou le 3 tonnes vont vous stopper net si vous n'avez pas le bon réflexe, mais même dans ce cas-là votre vitesse va considérablement ralentir et votre marche en avant cesser. Et la musique se retrouve à l'arrêt, plantée au beau milieu d'un désert.

Qu'est-ce qui est en jeu ?

Le rôle que la musique doit tenir dans nos vie tout simplement. Doit-elle n'être qu'un simple divertissement et servir juste d'illustration vaguement raccord à nos vies, ou être une extension de ce que l'on est. De ce que l'on ressent, de nos rêves, nos dégoûts. La musique doit-elle simplement être un moyen de fermer les yeux devant le monde ou devenir une aide et surtout un moyen de changer les choses?


J'ai fait mon choix depuis des années. James Ferraro et John Maus sont là pour ne pas le regretter.

Il m'arrive de fantasmer sur d'improbables soirées. James Ferraro, John Maus, Ariel Pink et leurs copains refont la musique et ainsi le monde jusqu'à pas d'heure tout en se demandant comment changer le cours des choses. Un peu comme auparavant d'autres vénéraient cette fameuse photo représentant les papas du punk, du post-punk et de la New Wave. Ou encore cet autre instant saisi au cours de l'enregistrement de la plus novatrice et importante trilogie de tous les temps. Les deux photos étaient sur les murs de ma chambre d'étudiant, à côté de celle de Nirvana. Le choix à faire sur un mur. Devinez laquelle des trois sauterait si je redevenais cet adolescent.



En 2001, un disque pourtant revivaliste se révéla un énième électrochoc dans ma passion. Eh oui, quand c'est vraiment bon c'est possible. Je me suis souvenu de la Brit-pop des 90's. J'en ai gardé l'envie et la curiosité pour la musique qu'elle déclencha en 1993, mais j'ai bien fait attention à délaisser son égocentrisme et son étroitesse d'esprit et de goût.

Je voulais que la musique me serve pour exprimer ce que je ressentais. Et que ce soit toujours raccord. Le groupe de 2001 continua sa carrière, et ce qui était en 2001 le symbole de la passion, de l'émotion, de la manière d'aborder la vie, est devenu plus connu. Mais la musique avait perdu tout l'esprit révolutionnaire, et servait à présent ce que nous voulions foutre en l' air. La "bonne" musique ne doit être utile qu'à vendre, pas à changer le cours des choses. Voilà le message de cette pub. Ils prennent ce qui est un éventuel danger, et en le détournant retournent l'arme contre ses créateurs, l'ennemi. Et l'ennemi, c'est nous et notre désir de changement. Pas sûr que ça marche avec James ferraro. J'espère...

Tomber sur ça après Fukushima, avouez que ça fait fussoir. En écoutant les Strokes en 2001 je ne pensais pas devenir pro-nucléaire.


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