Une fois n'est pas coutume nous allons parler d'un français. Et pas de n'importe lequel. Je vais m' enthousiasmer pour le grand disque français de ce début 2015. Titre honorifique partagé avec le retour de la géniale Collen avec son tout aussi envoutant "Captain of None". Le "Mane Thecel Phares" de Black Zone Myth Chant. Derrière ce pseudo tant symbolique de sa musique se cache High Wolf, grand amateur d' expérimentation et d'inconnu. Le bonhomme offre le disque français que je n'espérais plus. Piochant à la fois dans un lointain passé et dans les sonorités et styles contemporains futuristes il réussit à ne pas tomber dans le travers français habituel, copiage impersonnel. Il le transcende et délivre un disque prodigieux pouvant tenir aisément le rôle de jalon pour les autres artistes hexagonaux et ne souffrant pas d'un quelconque défaut face à la concurrence étrangère. En un seul titre vous allez comprendre pourquoi ce "Mane Thecel Phares" est si important. C'est "In the Arms of Parcae".
Il commence calmement par une sonorité basse répétitive puis c' est une nappe de synthé cher à Daniel Lopatin qui rapplique évoquant le courant moderne et nostalgique de la vaporwave, le clinquant du maximaliste et le choc avant-guardiste de l' Uk Bass. La modernité saute donc aux oreilles immédiatement mais la claque arrive juste après via la rythmique. On sait le type amoureux des polyrythmies africaines mais en une seconde nous ne sommes plus en Afrique, nous avons franchi l' océan et atterri à ...Chicago:!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Cette rythmique n' est rien d' autre que du footwork. Un footwork défoncé, enfumé, dénaturé comme si vous le dansiez sous l' eau. Sensation de lenteur ou d' engourdissement provoqué par la pression et la résistance du liquide.
Quand High Wolf à lancé son nouveau projet de Black Zone Myth Chant c'était avec "Straight Cassette". Une sorte de musique hybride malaxant beaucoup de hip hop à la manière du Chopped and screwed inventé par le regretté dj Screw. Ralentissement, son à la fois doux et pesant. L'influence de Screw avait déjà été abordé ici quand j' avais parlé de Tri Angle records et de la Witch House. De la Witch House BZMC en est très proche avec ses samples ralentis comportant des voix venues d' outre tombe ou plutot d' époque lointaine. Si la Witch House comme son nom l' indique se réfère aux sorcières du Moyen Age la musique de BZMC reluque plutot sur les rites africains et vaudou des Antilles et du sud des Etats Unis ainsi que la culture indienne chamanique . High Wolk s' affranchit des grands noms cités et des styles par le choix de ses samples et ce qu'il en fait. Sur ce deuxième album leur richesse et leur variété sont sans aucunes mesures avec ceux de "Straigh Cassette" et cela lui laisse le champ libre pour partir dans l' étrange et le jamais entendu. Nouveauté encore une fois et preuve d' ouverture d' esprit totale, l' électronique analogique qui rapplique dès que l'on n' attend pas. Cette dernière peut citer l' EDM et l'instant d' après vous voici face à de la Marimba. Bien évidemment entre ses influences de rites d'un autre âge et la présence électronique on ne peut que penser à l' afro-futurisme d'un Sun Ra ou d'un Herbie Hancock mais je le répette BZMC dépasse tout ça et évite la caricature. "Orbit Slut" avec son aspect brutale "indus" lorgnant sur Vatican Shadow finit sur une rythmique trans imprévisible. "Two Stars, no cross" lui succédant avec son africanisme plongée dans un futurisme dub va vous faire perdre la tête quand des déconstructions électroniques feront place à quelque chose d' à la fois asiatique et encore africain. Pour High Wolf tout est bon et il ne se refuse rien pour vous faire voyager vers les étoiles à la rencontre des esprits de nos lointains ancêtres. Liberté totale, liberté et imagination giga si absente dans l' hexagone.
Sur le plan national on peut aussi évoquer sa familiarité avec les territoires hypnagogique-pop d'un Cankun ou du goût affirmé pour les musique de trans des Marquises.
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