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- 48° 56' 88'' N , 1° 92' 57'' O. Troisième épisode. Route Du Rock 1998,des étoiles plein les yeux.
Le tournant pris en 1997 se confirma l' année suivante. Plus de musique électronique, moins d' indie à guitare. La programmation des débuts continue d' évoluer et les portes du fort s' ouvrent dorénavant à un public plus divers. Si 1998 restera dans nos souvenirs l' édition de deux majestueuses étoiles noires il faut aussi noter qu' elle fut également celle de l' apogée du Tirp Hop en terre bretonne. Ça commence mal pourtant, on apprend juste avant le festival qu' ils ont trouvé des explosifs datant de la seconde guerre mondiale. Le site est déplacé dans les champs avoisinant pour cause de déminage. Cela renforcera notre attachement au vieux fort. On sera nombreux comme jamais on ne l' a été. 22 000 spectateurs. Ils sont déjà loin les 4200 spectateurs et les malheureux 3 chiottes de 95. Le festival commence à se faire une réputation et le public se diversifie et c' est tant mieux. Je commence à voir des trucs bizarres pour la RDR. Des filles se maquillent dans les chiottes, ça parle chiffon et bronzage ou encore certains rouspètent à présent sur l' état des sanitaires. Le festivalier insouciant et désinvolte des débuts est devenu un consommateur comme ailleur. Faut bien reconnaitre que les infrastructures concernant l' hygiène étaient plutot rudimentaires mais pendant les premières éditions on s'en foutait pas mal et ça rajoutait une touche d' aventure et de cocasse aux expéditions annuelles. L' ambiance sur le site s' en trouve elle aussi transformée et la sage réunion de "puristes" attentifs à la moindre note devient plus festive et décousue . Le geek fan de musique indie n' est plus seul, de joyeux fêtard se mèlent à eux. C'est que depuis quelques temps d 'autres s' y sont aussi mis à cette musique "pas comme les autres". Le public s 'est vraiment éllargit apportant parfois son lot d' incompréhension. Des phrases inimaginables auparavant sont entendues. "C'est France Inter la radio des vieux qui les sponsorise? C' est bizarre!" ou "C'est qui Bernard Lanoire?" ou encore "Dommage qu'ils ont pas fait venir Offspring ou Green Day". Gloups! Le succés populaire de groupes indies (Oasis, Blur, Pulp, Placebo, Radiohead) y est pour quelque chose. L' underground est devenu overground . C' est nouveau et si ça commence à se voir à la route du rock ça l'est aussi dans les médias le reste de l' année. Les Inrocks sont passés hebdos et se vendent de plus en plus. Il faut lire les Inrocks pour être dorénavant cool alors qu' avant vous passiez pour élitiste , "intello" ou tout simplement un pauvre nase ennuyeux. On peut voir chez le buraliste le même type achetant simultanément L' Equipe et les Inrocks. Être fan de musique redevient hip et cool en société. Certains de nos artistes préférés passent même à la télé sur Canal + et l' incongrue utilisation de nos morceaux préférés dans les publicités devient fréquente. La Route du Rock se voit dorénavant diffusée via des redif de concerts sur Paris Première ce qui nous permet de tenir pendant les hivers rugueux. Alors bien sûr ces bouleversements changèrent un petit peu la donne. Ce qui avait été underground en devenant overground avait un peu perdu certaines de ses caractéristiques d' origine. L' intégrité des débuts se dilua un peu , l' expérimentation et l' innovation allaient perdre de leur importance en terme de critères dans les jugements et le simple besoin de se divertir prendre un plus d' ampleur. Devenions nous moins difficiles et plus naïfs ? Plus attirés par le passé et le rassurant, moins par des territoires inconnus et l' aventure ? Certainement et de plus en plus. Mais en 1998 on ne s' en rendait pas encore bien compte trop heureux que nous étions enfin de partager nos musiques préférées avec un plus grand nombre. Pluie d' étoiles sur la Route du Rock. Je suis devant la régie pour échapper à un pogo impromptu dans les premiers rangs. Il fait bon. Ni trop frais , ni trop chaud. La pluie à la Route du Rock ce sera toujours pas pour cette année-là. Je regarde le ciel étoilé de cette belle soirée d' août 98 et je me sens vivant comme jamais. La magie m' envelope. Elle est bien réelle . Elle est partout présente autour de nous . Il y a d' abord cette jeune fille du Dorset avec sa formidable musique noire et puis enfin cette non moins féerique pluie d' étoiles filante que l' on aperçoit au-dessus d' elle. C' est une de ces astres célestes qui après un long périple dans le cosmos a daigné s'arrêter sur la scène pour nous tous ce soir là . Cette étoile sera tout sauf filante, elle nous accompagne et nous guide encore de nos jours. Magnifique Polly Jean. Un auvergnat du nom de Jean Louis est aussi présent ce soir là devant le live de PJ Harvey. Lui aussi sera touché par ce spectacle. Il en fera une chanson. Je ne sais pas pour les autres mais je me souviens toujours particulièrement bien du premier concert de chaque édition. Peut-être à cause de la frustration et l' impatience accumulées depuis la fois précédente. Aussi parce que le public est encore peu nombreux pour les premiers groupes donc il est ainsi plus aisé d' être dans les premiers rangs. Au début le site faisait le plein dès la première note entendue. Depuis 1998 le flux d' entrée s' étend jusqu' à plus tard dans la soirée. Jamais auparavant on osait louper les premières prestations parfois synonyme de révélation. Cette année-là ce sont les revivalistes de Gomez qui entame le festival. Je me souviens comment ils étaient présentés par la presse de l' époque qui s' inquiétait alors du fait que ces mecs faisaient de la musique du passé comme si le punk n' était jamais arrivé. Curieux comment les objections des critiques pour Gomez ne seront pas reproduites pour certains revivalistes des 2000's ? La crise du disque avec l' arrivée du piratage sans doute ? Fallait bien vendre du disque pour que tout ce beau monde survive. Le compteur avec Gomez était resté bloqué à 1975. Mon intérêt pour eux a fait pareil, mais à Août 1998. Suivra sur la scène de ce premier jour et sans laisser beaucoup de traces dans mon esprit Sunhouse et son affreux guitariste échappé d'un groupe de hard rock; les gentillets Catchers avec qui on tentera de converser au camping l' année suivante malgré une gente féminine un peu trop omniprésente et un tout petit Tulliste pas vraiment doué pour les langues étrangères. Jay Jay Johanson rattrapera tout ça. Il faut faire preuve d'une sacrée mémoire et cela peut surprendre les plus jeunes mais ce mec à l' époque était doté d' une sacré cote de popularité auprès des fans d' indie musique en France . Sa notoriété et l' engouement que le crooner suédois suscitait était l' égale de Metronomy ou des Fleet Foxes de nos jours. Il venait de sortir son deuxième album et on commençait à peine à distinguer l' impasse musicale dans laquelle il allait s' enfermer plus tard. Malgré bon nombres de changements stylistiques osés, musicaux comme capillaires, il ne retrouvera jamais l' état de grâce de 96-98 qui fut le sien. La suite de la soirée fut tout autant passionnante et excitante avec ce que je considère comme l' une des rares rockstars charismatiques françaises. Rachid Taha ! Malgré chez lui un degré d' alcool dans le sang très élevée (selon la rumeur) son concert reste et restera pour moi l' un des meilleurs de l' époque à la RDR. Transglobal Underground n' aura plus qu' à nous finir malgré la vampirisation de leur prestation par Natacha Atlas en passe de conquérir le grand public avec une reprise dégoulinante du "Mon ami la rose" de Françoise Hardy. On avait découvert et tant aimé la dame grâce à Yves Tibord chez Lenoir mais depuis il faut bien avouer qu' elle nous a quelque peu agacé. Le lendemain on regarda et on oublia très vite la prestation de Six By Seven ( un peu bourrés à l' instar de Taha). Si je me souviens bien ils remplaçaient Cornershop. Ensuite on se réinjecta une nouvelle dose de trip hop avec The Aloof après celle fournie la veille par Johanson . L' année 98 à la Route du Rock a été celle du Trip Hop. Viendra ensuite le tour de la belle Heather Nova. Pour cette dernière et bien des années plus tard je me demande encore si son unique attrait n' était pas sa plastique impeccable. Ses mélodies malgré un habillage indie faisaientt parfois franchement preuve de facilité et de mièvrerie. Sinon y avait aussi le petit frangin de Tom Yorke avec son Unbelievable Truth. Anecdotique car beaucoup trop de ressemblance avec son aîné et concert franchement ennuyeux. Survint alors le deuxième gros truc de l' édition 98. Il était attendu mais malgré tout ce fut une claque énorme. Portishead live. Quoi dire de plus sur ce groupe qui n' a déjà été dit ? Rien à part le fait que Beth Gibbons est l' une des artistes les plus fragiles et troublantes qu'il m' a été donné de voir et ce malgré l' éloignement occasionné par une grande scène. Que le groupe était une monstrueuse machine à frisson capable de faire rentrer une foule entière dans un état de transe hypnotique. Que le buccolisme et l' aspect festif palpable dans tout bon festival d' été en plein air laissa en quelques seconde place à une émotion collective inimaginable et cent fois plus marquante au plus profond de chacun de nous. Je garde comme souvenir l' état du public juste après le concert. Un spectacle rarement vu à la route du rock. La grande migration vers le bar et le fond du site n' eut pas lieu. Les gens sont restés en grande partie sur place comme si il leur fallait un long instant pour se remettre de ce qu'ils avaient vécu ensemble. Ils se regardaient les uns et les autres dans les yeux pour vérifier que l' autre avait bien vécu le même moment. La même émotion. Que tout celà avait été bien réel. Qu'il ne s' agissait pas d'une hallucination ou d'une euphorie artificielle. Quel grand moment qu'observer cette masse de zombies déambulants ou pétrifiés sur place dans ce pré breton vers minuit un soir de l' été 98. Rien à voir avec la fausse illusion collective du 12 Juillet précédent. Yan Tiersen clôtura la journée en réussissant l' exploit de garder ce public encore en état de choc après Portishead avec une très belle prestation. Peut-être sa meilleur que j'ai vu . Le dimanche sera l'une des meilleurs journée de clôture de l' histoire du festival. Bien sûr que la Reine Polly y est pour beaucoup mais bon nombres des autres artistes de ce jour là furent à la hauteur. Mis à part la belle PJ ce sera une dimanche très très ...Hum ! Stupéfiant? Psychédélique? Enfumé? Peut-être que la soirée a été à l' image du parcourt de l' expérimentateur lambda des substances illicites. D' abord on commence par la fumette avec les géniaux Olivia Tremor Control. Leur set fut fabuleux comme l' étaient leurs disques. On ne parlait pas trop encore de néo-psychédélisme à l' époque mais je ne peux m' empêcher de vous relater le rapprochement que je fais souvent avec une autre formation adulée de nos jours. Quand j' écoute Animal Collective je me dis toujours que la bande de Will Cullen Hart leur avait bien préparé le terrain en remettant un certain psychédélisme et les harmonies vocales au goût du jour. Ils furent suivi par un groupe inconnu qui ne laissa pas une grande trace si ce n' est la présence de sa chanteuse . On considéra à l' époque The Audience comme les successeurs en dessous des groupes indies à chanteuses 90's, Salad, Echobelly, Sleeper ou Lush. On recroisera la petite Sophie Ellis-Bextor quelques année plus tard avec le hit planétaire moins fréquentable ," Murder on the dancefloor" . Perry Blake quant à lui ne sorti jamais de hit par contre il s'en tira bizarrement un peu mieux ce jour là malgré son trip hop (encore!) habillé de violon. Je n' ai jamais vraiment accroché à son oeuvre et comme la veille Portishead était passé par là il n' a pu que limiter les dégâts. Un brâve petit le Perry Blake mais un "petit" tout de même. Bon le truc avec la fumette c' est que ça retombe vite et les effets hallucinants sont rares si pas inexistant mais je me demande si j' ai pas été victime d' une vision ce jour là. Je vous jure qu'il m'a semblé apercevoir sur la scène de la Route Du Rock Liam Gallagher. Enfin...Je veux dire un Liam Gallagher obèse. Ou tout du moins un truc qui ressemblait à ça. Comme si le branleur de la fratrie mancunienne avait été victime de rétention de tout le houblon ingurgité depuis son plus jeune âge. On va cesser la moquerie pourrie à deux balles et je vais juste vous dire qu' Andrew "Tiny"Woods était l'un des personnages les plus attachants de la britpop avec sa coupe de cheveux typiquement mods et son physique tout en rondeur. Quant à la musique d' Ultrasound pas grand chose à retenir, de la Brit-pop classique pour public de stade qui reprend en choeur les refrains lyrique la pinte à la main. En résumé du sous Manic Street Preachers/Oasis avec une voix fragile digne d' Anthony & the Johnson apportant un peu de sensibilité dans cet univers de lads lecteurs du magazine beauf britanique Loaded. Que fait le type à qui ça ne suffit plus l' herbe et les amphétamines. Il se met à l' acid ou aux champignons. Ca tombe bien c' est le grand Jason Pierce échappé des Spacemen 3 avec son Spiritualized qui déboula à Saint Malo . Ce fut beau et planant comme toujours. Il venait de sortir son classique "Ladies & Gentlemen we are floating in the space"et j' eus moi aussi toutes les peines du monde à redescendre sur terre. C' est peut-être moins novateur et expérimental que le Spacemen 3 avec son pote "Sonic Boom" de la grande époque mais faut avouer que bon nombre de ses chansons sont des monuments du psychédélisme toutes époques confondues. Nous avons abordé toutes les drogues reste plus que celle apparu de mon temps. L' ecstasy. Pas de soucis. Juste le temps d'une prière pour Saint Shaun et Saint Bez et voilà l'un de mes plus beaux concerts de Route du Rock. Je ne ménageais pas mon corps en ces temps reculés et les dernier concerts de route du rock pouvaient parfois s' apparenter à une déroute parmi les troupes à cause de l' état physique largement entamé au bout de trois jours. Que neni pour 98. L' alliance de la branlitude mancunienne plus le bigbeat de Skint Records . Voilà le résumé du fabuleux concert des Lo Fidelity All Stars. Je revois le chanteur plus morveux que jamais attablé à une terrasse de St Malo un peu plus tôt dans la journée. La grande classe que seule la working class anglaise peut nous offrir.L ' arrogance élevé au rang d'un art. Bien sûr qu' avec Lo Fidelity on remuait du popotin comme c' est pas permis mais c' était pas tout. Si ce groupe pouvait vous donner envie de vous vautrer dans l' hédonisme à tout va il pouvait en un instant rendre l' atmosphère glaciale.On retrouvais ainsi le climat frigorifique de la trilogie de Cure (Faith, Seventeen seconds & Pornography). A l' époque leur génial "How to operate with a blow made" succédait souvent au "Mezzanine" de Massive Attack dans mon apartement d' étudiant. PS: Private joke. Si vous lisez ces quelques lignes et que vous êtes jeunes je veux rétablir une vérité historique. Les médias et les livres d' histoire vous ont menti. La plus grande victoire en 1998 n'a pas été obtenue au cours d' un stupide match de foot mais bel et bien pendant une bataille de pelochon devenue légendaire sur le trajet Limoges-Saint Malo dans les plaines de la Sarthe et plus précisément àu Mans. Ils étaient une dizaine et nous n'étions que deux ! Et on a gagné! Une alliance Corrèze-Pays Basque à ridiculisé une coalition de paltoquets venus de partout. Ce fut notre Austerlitz et pour eux Waterloo. Y a qu'un truc que j' ai pas compris? J' ai pas donné ni reçu un seul coup de pelochon. Très étranges. Les coups pleuvaient pourtant de toute part. On recensa des dents perdus, des larmes et du sang. Après le combat on a même été obligé de dés-encastrer d'une cloison un individu de très faible corpulence originaire d' Isle si je me souviens bien. Et moi rien. Que dal. Pas une égratignure. Peut-être que la raison était que je me sois juste contenté de m' abriter derrière un rocher Basque. Possible. J' ai bien eu des bleus mais seulement le lendemain matin. Le rocher basque ça peut être pratique en cas de conflit mais faut pas dormir dans le même lit. Surtout si vous ronflez. Si c'est pas le cas je vous le recommande. C' est très moelleux.
- En passant : Traxman
Cf http://dancingwiththenoise.blogspot.fr/2012/04/en-passant-addison-groove-et-le.html Le footwork est une musique faite pour danser. "C 'est l' objectif " dixit Dj Rashad. Malgré le fait que cette mouvance en provenance de Chicago était faite en priorité pour les dancefloors j' attendais depuis quelques mois l' occasion de pouvoir parler d' un disque ajusté à l' écoute solitaire chez soi sans que l ' esprit originel ne soit trahi. Qu' un artiste issu de cette scène décide d' aller voir ailleurs et ne se contente pas de nous faire remuer du popotin. J' oserai dire en faisant un rapprochement simpliste que je guettais vivement le "Tri Repetae" du footwork. Le footwork allait-il vivre lui aussi cet instant magique vécu par l' électro au début 90's quand certains (Aphex Twin, Autechre) ne se satisfaire plus de l' hédonisme des dancefloors. C' est chose faite. Je misais sur Dj Rashad et Dj Spin et c' est un autre vétéran de la scène Ghetto House qui nous pond la pépite, Cornelius Ferguson, aka Traxman. Ami des deux premiers. Bon nombre de styles de musiques centrés sur la danse sont apparus depuis des années mais leurs influences sur les autres courants n' ont pas toujours été très sensibles. Le truc qui fait que le footwork avait toute ses chances c' était la nature des samples utilisés et la manière avec laquelle ces Djs les incluaient à leur musique axée sur de puissant beats. Le contraste qui en découlait est fortement addictif et propice à l' expérimentation. "Da Mind" de Traxman c' est du footwork classique mais un footwork pas renfermé sur lui même et qui peut ainsi se révéler contemplatif et même psychédélique par des citations space-electro. Un disque hallucinant par la diversité de ses samples. Ici du jazz, par là ...Kraftwerk, ailleurs des percus électro rappelant les Caraïbes ou des relants d' Acid-house et même on discerne Prince qui pointe son nez. Comment décrire un titre classique de Traxman. Ca peut souvent commencer par une intro jazzy-soul, sample en provenance direct du hip-hop 80's et puis un beat déboule et ensuite Traxman maltraite le sample phare du titre. "Da Mind" sort chez Planet Mu et est d' hors et déjà à considérer comme l' un des disques les plus marquants de l' année. On attend la réponse avec impatience de Dj Rashad et encore plus les répercussions sur d' autres univers musicaux,.Ce qui ne saurait tarder.
- En Repassant : Laurel Halo est King Félix et très coquine
Laurel Halo est une petite coquine. N' y voyez là aucune allusion cochonne de ma part mais avouez tout de même que la copine de Daniel Lopatin joue un peu avec nos nerfs. Il y a un mois je vous parlais avec passion de la belle en regrettant de ne pas avoir de bonnes nouvelles à vous annoncer concernant une future sortie de disque. http://dancingwiththenoise.blogspot.fr/2012/03/en-passant-laurel-halo.html A peine l' article publié j' apprends la sortie prochaine de son vrai premier album pour Mai (le premier "Antena" en cassette uniquement est difficile à trouver). il se nommera "Quarantine" et sera publié chez Hyperdub (label de Burial). Et puis hier soir je tombe sur ça : L' artiste s' appelle King Félix comme le premier ep de Laurel Halo. Un petit tour sur les gros blocs musicaux et confirmation de ce que je soupçonnais. Il s' agit bien de la même personne qui sortira sous ce pseudo le ep "Spring" d' ici le 19 Mars. Il est intéressant de dire que ce sera la première référence du nouveau label Liberation Technologies créé par le légendaire Mute. J' y reviens plus tard. A l' écoute des 4 titres on peut déjà remarquer qu' elle continue d' évoluer. Les voix se font encore plus rares, changement déjà constaté entre "King Félix"(le ep ) et le très beau "Antenna". Pas une trace du songwriting pop pourtant présent au début. Elle largue les amarres et direction l' inconnu. Si il lui arrive de fréquenter encore les territoires des dancefloors c' est avec une certaine sensation d' étouffement. Cette sensation est omniprésente dans les travaux d' Halo depuis les débuts. C' est ce qui fait son charme. C' est parfois glauque et planant juste après. Il faut l' écouter attentivement pour repérer les changements de nuances. Le travail minutieux de l' artiste n' est jamais rentre-dedans et produit ainsi à mon avis un résultat très convainquant. Vivement l' album sous son vrai nom. Très bref retour sur Mute records afin de s' apercevoir comment tout était devenu possible à la suite du punk et de conter la belle petite histoire de Daniel Miller. Donc le grand label Mute vient de créer la filiale Liberation Technologies pour, d' après ses patrons, "mettre en avant des artistes innovant". Logique et bonne nouvelle quand on connaît l' histoire du label de Daniel Miller. Il fonde en 1978 sur les cendres du punk ce qui allait devenir une tête de pont du post-punk tendance électronique et l' un des tout premiers labels indépendants. A l' origine le label est juste né pour permettre à Miller de sortir une de ses lubies. Il a aimé le punk mais ce qu' il écoute en 1978 c' est aussi du krautrock. Neu!, Faust, Kraftwerk , Can et surtout Klaus Schulze(écoutez Klaus Schulze !). Bref de la musique qui sort du carcan rock et qui lorgne franchement vers l' expérimental. Il délaisse les guitares et préfère se passionner pour la face électro des teutons. Le punk a développé et propagé l' idée du Do It Yourself. A l' époque il faut bien comprendre qu' imaginer pouvoir produire un disque sans passer par une grosse maison de disque (donc pression et manque de liberté artistique) était tout simplement inconcevable et relevait d' un fantasme aux yeux de tous. Les premiers labels indépendants apparaissent à ce moment-là. Premier coup de canon : "Spinal Scrash" des Buzzcocks. En lisant les notes au dos de la pochette (une sorte de manifeste indie) du single légendaire et révolutionnaire du groupe situationniste(tout est politique je vous dis), les Desperate Bycicles, Miller se dit comme beaucoup d' autres, "pourquoi pas lui ?". Il achète un synthétiseur d' occase et s' y met. C'est juste un petit bricolage électronique fabriqué dans sa modeste chambre de bonne. Donc il fonde MuteRecords pour poivoir le sortir et via Rough Trade fait distribuer ce qui allait devenir l' un des morceaux les plus importants et précurseurs de l' époque. Le single est très vite épuisé et à sa grande surprise il reçoit d' un peu partout des cassettes de nouveaux groupes pas encore signés et adorant les nouveaux sons électros. Les allemands de Daf, les grands Fad Gadget, le groupe imaginaire Silicons Teens et Robert Rental seront les premières sorties. Et puis un beau jour il voit des jeunots sur scène et craque totalement pour eux. Un premier single puis un deuxième et le petit label indépendant et chancelant des débuts plus habitué au succès d' estime qu' aux grosses ventes va rentrer dans la cour des grands. Des très grands même. Le deuxième single qui a tout déclenché, le voici. Et oui, faut pas grand chose des fois. Mute délaissera à la suite l' expérimental pure pour une musique plus populaire, Yazoo& Erasure, mais n' oubliera pas non plus d' où il vient en récupérant certains trucs d' Einsturzend Neubaten ,les Birthday Party de Nick Cave. Le label héberge encore de nos jours l' Australien (avec les Bad Seeds ou sous le pseudo de Grinderman). On peut citer aussi d' autres trucs adorés par ici : Wire, Goldfrapp, M83, Anita Lane, Laibach, Holger Czukay, The Knife, The Warlocks etc etc... Prochaine sortie importante et attendue de Mute et pourtant pas si évidente à l' origine puis devenue logique vu l' évolution du groupe et le virage électronique pris.
- En passant : Addison Groove et le Footwork
Addison Groove sort son "Transistor Rhythm" le 30 Mars, c' est l' occasion de reparler d' un nouveau courant musical passionnant qui secoue la planète dancefloor depuis quelques années (2008?) et déjà abordé ici. Derrière le pseudo de' Addison Groove se cache Anthony Williams de Bristol déjà connu sous le nom de Headhunter. Le bonhomme fait donc dans le dubstep classique mais avec sa prochaine oeuvre sa musique subit fortement l' influence du Footwork en provenance de Chicago. Le Footwork quesaco ? L' appellation peut à la fois désigner une danse et une musique issues de la Ghetto House. En fait le but ultime de la musique est la danse du même nom. Petite précision importante. Le Footwork voit son influence en Europe grandir et représente une sérieuse alternative au dubstep qui commence à se répéter. Pour faire un rapide résumé on peut dire que le mouvement footwork c' est une sorte de tektonik version américaine. Mais la similitude s' arrête là. Les bpm sont poussés à 160 par minute et la rythmique part dans tous les sens. Le footwork est un dérivé de la juke bien qu'il ait abandonné le rythme 4/4 de cette dernière. Quand j' écoute du footwork j' éprouve la même sensation que celle éprouvée à ma découverte du shoegaze pourtant style très éloigné à première vue. Cette sensation provient de la mise en opposition au sein d'un même morceau d' éléments percutants (la rythmique) et de textures plus cools (les samples). Coté shoegaze c' était des mélodies pop confrontées aux bruits industriels provenant des guitares avec leurs pédales d' effet. Les pionniers du footwork proviennent pour la plus part de Chicago et de la scène Juke. Donc que des Djs. Dj Roc, Dj Killa E, Dj Spinn, Dj Rashad et probablement le créateur de ce nouveau genre, RP Boo. Tous présents sur cette compile que je vous conseille vivement. Cette musique de danse n' a pas fini d' influencer les dancefloors de tout les pays. Et peut-être d' autres courants ,pop, expé, rock et l'inévitable Tom Yorke ? Addison Groove en est la preuve et son dubstep d' origine s' en trouve considérablement transformé. L' album n' est pas la même claque ressentie à l' écoute de Bangs & Works mais demeure une phase de l' évolution fascinante du footwork et nous renseigne assez bien sur ce que ce genre va devenir après sa traversée de l' Atlantique. Les anciens se souviendront de la jungle et du breakbeat, vieilles lubies des 90's, mais il est sûr qu' avec le footwork la musique repasse la marche avant. Tiens ? C' est curieux que le label Warp toujours à la pointe soit passé à côté .Cela ne serait tarder. Si il faut trouver des affinités avec d' autres courants musicaux contemporains on peut se tourner une nouvelle fois vers l' endroit d' où très souvent TOUT vient. Le footwork est une musique des ghettos américains et avouez que parfois avec ses rythmiques concassées on peut penser très sérieusement à un autre genre issu des ghettos mais cette fois-ci d' Afrique, l' envoûtant coupé-décalé de Côte d' Ivoire popularisé en Europe par la diaspora de ce pays. Pour en savoir plus sur ce qui a poussé Addison Groove à faire évoluer son dubstep voici sa mixtape publiée par les essentiels Fact Magazine.
- En passant : Carter Tutti Void
Fixez bien cette image. N' avez-vous pas l' impression que le rond central bouge ? Écoutez la musique qui suit et continuez à vous concentrer sur cette pochette d' album. Si vous commencez à vous sentir mal à l' aise et qu' une petite sensation de malaise s' empare de vous n' ayez crainte. Il n' est pas question de sorcellerie ou que les voix que vous entendez vous parviennent du monde des morts. Illusions optiques et sonores tout simplement. Et enfin et surtout, une certaine idée de ce que doit être la liberté au moment de faire de la musique. Chris Carter et Cosey Fanni Tutti ont encore frappé. 36 ans après leurs premières fois. Dans le style on fait de la musique pour vous mettre mal à l' aise et même entraîner des troubles physiologiques c' est pas des novices. Leur casier judiciaire parle pour eux. Allez je lache le nom sous lequel on les connaît mieux. Throbbing Gristle. Les anciens comparses de Genesis P Orridge (cf moteur de recherche du blog) sont de retour avec leurs manipulations de vos sens. Sur ce sujet on peut constater que le temps passé les a un petit peu calmé. A la fin des 70's ils s' amusaient via des ultras sons à perturber le système urinal des spectateurs de leur concert. Bon, le problème, c' est qu' après il y avait la queue aux toilettes et plus personne dans la salle. Ils nous reviennent accompagnés cette fois-ci avec Nick Void (Factory Floor). Ce qu'ils font à présent est toujours cet attirant mélange de bruit industriel et de bidouillages électroniques qui pourrait s' apparenter à un résumé de leur longue et essentielle carrière. C' est aussi une nouvelle preuve des liens historiques ténus entre l'expérimentation (l' indus) et le dancefloor (synth-pop ou acid house). L' occasion de se replonger sur la fascinante mutation que Throbbing Gristle a subi après sa séparation au cours des 80's. Si j' aime un groupe comme Factory Floor c' est ainsi pour les similarités évidentes qu' il existe entre les parcours de l' ancienne formation (Trowbbing) et la nouvelle (Factory) . Mais aussi pour les ressemblance avec que ces deux groupes partagent avec l' évolution de la scène de Manchester entre 1977(punk) et l' explosion dancefloor début 90's. Chris Carter et Cosey Tutti me sont cher pour cela et demeurent l' une des influences majeurs pour beaucoup de musiques et artistes qui m'ont passionné par la suite. Des musiques sans limites issues d' une ouverture d' esprit totale, une vision à long terme, une perpétuelle remise en question et ce refus obtu de suivre les règles et tomber dans la facilité. Bref, tout ce qui explique qu'en cette période de constant retour en arrière le fait de se pencher sur l' après punk(77-85) reste curieusement et bizarrement le plus sûr moyen de ne pas piétiner et continuer la marche en avant. Parce qu'au moment où les gardiens du temple fêtent les 35 ans du punk il est logique et utile de constater que ce qu'il fallait sauver dans ce mouvement ce n' était pas lui et son folklore mais ce qui a suivi. Cette fantastique accélération et progression que fut le Post-punk !
- 48° 56' 88'' N , 1° 92' 57'' O Deuxième épisode. 1997 l' année du changement à la Route du Rock
1996 : Terrible drame à cause d'une poufiasse qui écoutait Ace of Base dans sa voiture! Qu'est ce qu'on est con quand on est jeune et "amoureux" ! 1997 : Que raconter sur ma deuxième Route Du Rock en 1997 ? Assurément ce fut selon moi l' une des plus importante de l' histoire du festival . Et puis il y a ce fameux 15 Août 1997 . Une grosse claque salvatrice et un tournant décisif ! Vécu personnellement comme une sorte de délivrance depuis la fin pathétique de Madchester. Danser avec le bruit. A nouveau. Je vais essayer de vous faire comprendre et revivre cette édition charnière. Comment résumer en deux titres le virage opéré par les organisateurs et le coming-out enfin assumé par ses spectateurs? Voilà ce que l' on écoutait en s' y rendant avec l' une des premières vidéos du festival dispo sur le net. L' autre à la fin. LE CONTEXTE: Je racontais précédemment à quel point la Britpop et sa vision étroite avait dominé l' édition 1995. Pour le meilleur et le pire. Elle et son folklore de la hype continuait à déferler dans le monde indie mais ça allait vite tourner au vinaigre. Juste après la RDR Oasis publiera son troisième album synonyme de redescente brutale sur le plancher des chèvres, The Verve délaissera le shoegaze pour choper au dernier moment le train du succés commercial . Les oubliables Mansun, les vétérans d' Ocean Color Scene et Gene nous avaient déjà franchement ennuyé et on commençait à se lasser grave de la 1589ème écoute du "Village Green" des Kinks. Les Charlatans n' avaient plus qu' à publier leur dernier effort captivant " Tellin stories". Fallait vite passer à autre chose. La première moitié de 97 fut marquée par quelques coups de canon symbolisant la fin d' une époque et ce qui allait nous tomber dessus. Janvier, les Daft Punk sortent leur "Homework". Je danse. Avril: "Dig your Hole" des Chemical Brothers consacre le bigbeat. Je redanse. Primal Scream revient en état de grace avec son "Vanishing point" et ...je reredanse. C' est qu' il faut préciser un truc. C' était plutot statique ma première route du rock et la britpop ne touchait que très peu à l' électronique et au dancefloor. Radiohead alors le vilain canard sort en Juin "Ok Computer" avec ses influences riches et variées et va ainsi s' emparer du trône pour pas mal de temps . Et puis que dire de Spiritualized, Super Furry Animals et enfin et surtout Portishead & le trip hop, Roni Size, la jungle, le breakbeat et la drum & bass . Les germes de ce qui allait devenir le Dubstep étaient déjà présents. Et c 'est pas tout. Nos regards n' étaient plus tournée exclusivement sur l' Angleterre. Si seulement ils l' avaient vraiment été en réalité. L' Amérique nous sauve une nouvelle fois. Pavement, Elliot Smith,Godspeed Yr Black Emperor, Granddaddy, Smog et j' en passe. Et puis n' oublions pas Bjork, la première a s' inquiéter publiquement et à critiquer ouvertement le coté réac de la britpop et le succés des Gallagher. Même les vieux sont présent dans nos playlists, Nick Cave et Robert Wyatt sont en grande forme. Blur avait vu venir la fin de la Britpop avec son album éponyme fortement influencé par Pavement. Damon Albarn ! Quel sacré blagueur. Il avait lancé le concept de la Britpop en réaction au succés du grunge et commençait maintenant à l' enterrer.Adieu Ray Davies et Fred Perry et place à ... ACDC et au look slacker. Voila pour le contexte. Il fallait que la RDR 97 soit raccord avec les goûts de son public et colle un peu plus à l' actualité en délaissant un peu la bulle du rock indie à guitare pour plus de diversité. Ce sera chose faite et de quelle manière! A cette époque pré-internet qu' avait-on à l' esprit en prenant la direction de la Bretagne? On avait des préférés sur lesquels portaient nos espoirs de passer un très bon moment. La route du Rock c' était l'une des rares occasions pour rencontrer nos "amours solitaires". Les tournées étaient moins nombreuses qu' aujourd' hui et quel plaisir de voir de visu ces artistes que nous étions alors peu nombreux à aduler. Les photos dans la presse spécialisée étaient encore plus rares et cette restriction créait un imaginaire chez le fan similaire à celui qu' un enfant entretient avec les contes. C' étaient des secrets. De toute façon les autres s' en foutaient dans la grosse majorité. Existaient-ils vraiment ces artistes ou était-ce juste le fruit de l' imagination d' un journaliste vicieux pour faire rèver son lectorat ? Et bien oui, ils étaient vraiment fait de chair et d'os et en plus on était plein à les aimer. C' était ça aussi l' un des intéret de la RDR, se sentir moins seul au pays de Johnny et de Patrick Bruel. REVUE D' EFFECTIF En 1997 les attentes et les rèves se portaient sur les Boo Radleys, Swell, les gentils Autour De Lucie, Dinosaur Jr, Placebo (arhg !), Eels. Mais l' effet de surprise était encore possible et même désiré. Nous n' avions pas accès facilement à une partie de la prog et les noms inconnus revêtaient les habits d' un passionnant mystère à percer absolument. Nous adorions ça. A présent quelques clics et on peut se faire un idée des choses qui nous attendent. Moins de surprises. Un bien pour un mal. En 1997 les nouvelles têtes firent même de bien meilleurs impressions que les connus et l' effet "claque" fonctionna à merveille. C' est bien simple je ne me rappelle même pas avoir vu Dinosaur Jr. Jay Mascis a-t-il seulement daigné dormir avec les chèvre? Et que dire de l' habituelle déception procurée par les Boo Radleys en live. Ils couraient après le succès d' Oasis délaissant ce qui faisait le charme de leur premiers efforts. Le groupe n' y survivra pas. Eels & Autour de Lucie ? Bien mais sans plus. Placebo se révélera enfin à nos yeux tel qu' il a toujours été. Du bluff. Je ne parle même pas de l' accident cette année-là qu' est demeurée la présence à Saint Père de Louise Attaque . On ne peut taxer les organisateurs d' opportunisme, le groupe décollait à peine dans les charts et en Août il n' était pas encore le phénomène populaire qu' il deviendra. La raison ? Peut-être le cousinage avec la musique des géniaux Violent Femmes et donc le point de rencontre qu' ils représentaient entre la chanson française et le rock indie. Bref, Dominique A en nettement moins bien. Les seuls a s' en sortir haut la main parmi les favoris seront Swell. Quel grand moment quand l' émotion s' empara du groupe américain sur scène devant l' accueil que le public malouin leur réserva. Rien à voir avec le mépris rencontré chez eux. Je revois encore cette banderole artisanale confectionnée par leurs fans. On se serait cru à un concert des 2Be3. Mais à la Route du Rock c' est bien connu que les losers de certains deviennent les idoles des autres. Cela augurera d' une certaine manière la relation que des groupes comme The National entretiendront avec le festival après leur explosion médiatique hors de la sphère indie. DANSER AVEC LE BRUIT (d' où qu' il vienne) A quel moment précis tout ceci bascula vers la folie ? Quand tout changea et la RDR cessa définitivement de ressembler vaguement à la caricature véhiculée par certains. C' est à dire un simple festival de popeux fermés d' esprit nostalgiques des Smith . Si je me souviens bien c' est le deuxième jour que le truc gigantesque se produisit." Retenez bien la date les petits enfants" , (faut bien coller à son image, lol). Le 15 Août 1997 aux alentours de 19 heures. Un cataclysme comme j' en ai peu connu dans le fort . 10 sur l' échelle de Richter. C' est bien simple j' ai bien cru que l' on allait voir débouler Haroun Taezief et Hubert Reeves dans les douves pour étudier le machin. Juste avant la tombé de la nuit et la traditionnelle galette-saucisse. Il faisait beau et chaud. Passablement enfumé , imbibé , le bob vissé sur ma tête je me rendis au point de rendez-vous. Mi-chemin scène-régie, à Droite . Le groupe d' ami se reforma, bavarda, et s' amusa innocemment. On se passa le mégot et les plus courageux s' occupèrent du ravitaillement en houblon des troupes. Et il le fallait ! Le son du dj interplateau diminua et les plus aventureux sans trop se douter de ce qui se passerait s' approchèrent de la scène. Le deuxième concert du jour allait commencer. Le premier? Oublié. Et puis d' un coup le public popeux malouin s' est rappelé de deux choses . Deux choses toute simples et si évidentes pourtant. Deux bidules que le rock indie avait eu lui aussi tendance à oublier en ces temps-là. Primo nous avions un corps. Secundo nous aimions danser. Nous avions grandi aux sons de l' acid-house, des raves, de l' hacienda, de Madchester. C' était inscrit dans nos gènes. Oublié les Smiths et leur maladroit "Hang the Dj". On s' est pas méfié quand les premiers signes de l' éruption volcanique apparurent sur scène. Et pourtant ! Ils venaient d' Islande terre réputée pour son activité tectonique. Comme Bjork. La démarche sautillante d' Hafdis Huld, la danse robotique du type de gauche, les spasmes du chanteur, les deux dj affairés derrière leurs machines. Pas une guitare sur scène et surtout pas de pause popeuse étudiée dans les archives de Top of The Pop. De l' hédonisme pure à 100 % . 40 minutes d'une fusion de la glace et de la lave . Et c' était pas fini. On venait de se faire faucher par GusGus quand deux malfrats anglais décidèrent que cela ne suffisait pas. Qu' il fallait en remettre une couche. Double effet Kiskool pour tous! A peine le temps de choper une bière et rouler une cigarette que la voix samplée de Country Joe nous ordonnait de refoutre le bordel. Et toujours pas une guitare présente sauf dans les samples. Ils avaient un look britpopeux mais leur musique ne singeait plus les Kinks ou les Stone Roses séparément et exclusivement. Elle les malaxait sans distinction et nous rejetait à la face les évidences déjà écrites ultérieurement. Ne jamais oublier son corps ! Comment rendre palpables les sensations ressenties avec les claques GusGus et Death In Vegas de ce 15 Août 1997. Le Fort Saint Père n' était plus seulement un lieu de concert mais enfin un dancefloor à ciel ouvert. Vous n' aurez qu' un bref et trop sommaire aperçu avec ces deux vidéos mises bout à bout. Cessez la lecture et laissez-vous emportez. Pour en être encore plus proche de ce sentiment de fraîcheur écoutez juste avant le lourdaud "All i want to do is rock" des inégaux Travis présent également cet année-là. Mais je vous le jure ! Ce fut l' apocalypse ! Une délivrance. Ces deux groupes étaient en état de grâce cette année là. Si l' avenir sera plus dur et moins époustouflant pour les nordiques les deux anglais sauront évoluer magnifiquement. 1997 ne doit pas être résumé à ça. Un autre trait caractéristique est à garder en mémoire. L' arrivée en masse de nouveaux sons en provenance de contrées éloignées du simple rock indie. "Mondialisation" fut aussi le maître mot de la RDR 97 avant d' être synonyme de délocalisation & dérives libérales. Petit rappel politique, l 'année suivante sera créée Attac et l'achat des inrocks devenus hebdomadaire se doublait de celui de Charlie Hebdo. FunDaMental, Asian Dub Foundation et Natacha Atlas nous firent voyager et perdre les oeillères avec des prestations vraiment réussits. Je parlais de Trip hop tout à l' heure en évoquant Portishead. Un groupe se chargea de faire le lien entre ce courant et les cultures Rave et Lads. Un groupe sur la corde raide. On n' en reparla plus par la suite. Sont-ils tombés en enfer ? Probablement. Mais leur prestation schizophrène teintée de douce folie et d' un désespoir malsain me marqua à vif. J' avais aimé leur album avec son packaging ambigu et j' étais fin prêt pour être cueilli par les malsains mais salvateurs Monk & Canatela. CONNERIES DE 1997 Des souvenirs plus perso de l' édition 97 ? Ces trois jours là furent parmi les plus beaux de 1997. Les seuls à retenir en ce qui me concerne. Étudiant ne sachant que faire de son avenir je prenais la direction du mur qu' est le passage à l' âge adulte. En Mai-Juin la gauche molle venait de repasser au pouvoir grace à la connerie Chiraquienne (dissolution) et le soir de la victoire électorale de Jospin je ne trouvais pas mieux pour exprimer mon allégresse que de me passer en boucle le "Perfect Day" de Lou Reed. C 'est dire l' euphorie. Et en 2012 ? Hum... Heureusement que la RDR était là. Une inoubliable année artistique ne pouvait qu' être associée à un de ces faits d' armes de connerie majestueuse devenus légendaires. "Nous partîmes 50; mais par un prompt renfort Nous nous vîmes 200 en bouclant le 2ème tour des douves" Corneil JoJo(1997) Une manif improvisée je ne sais foutrement pas pourquoi dans les douves à 3 heures du mat avec pour slogan "Libérez les cochons du bassin d' Arcachon". Le tout derrière une banderole récupérée à la va-vite et tout aussi surprenante, Télérama !? Nous étions jeunes, cons et déjà sans trop d' illusions sur l' avenir de notre société. Alors tourner en dérision une potentielle arme politique était peut-être finalement un cri à peine masqué de désespoir . De nouvelles têtes apparaissent dans la transhumance annuelle du popeux limogeaud. Parmi lesquelles la toujours réconfortante présence à nos cotés d' une gamine pas encore majeur dont il a fallu convaincre ses parents pour qu' elle puisse elle aussi en profiter. Une autre dénommée bizarrement "Grouik-Grouik" (l' âge d' or des Guignols en est la raison) sera épatée par la plastique du guitariste de Sneaker Pimps. Ce dernier se fera connaître plus tard avec la BO du navet "Les Chevaliers du Ciel" avec Clovis Cornillac. Comme quoi, la Route du Rock mène à tout. Je crois bien aussi qu' une étrange silhouette de forte corpulence commençait à me devenir familière.La réunion dans un lit de la Corrèze et du Pays Basque avec moult détails ce sera ,je vous le promets, pour le prochain épisode. Et voici pour revenir sur ce tournant de 97 ce que l' on écouta après l' édition 97. Le single "High Noon" de Dj Shadows. En général on jumelait avec sa face B, le remix de "Organ Donor", déjà présent sur l' album de l' année précedente. Passé cette année-là je n' ai plus souvenir d' avoir entendu Shed 7 et Gene en soirée.
- 48° 56' 88'' N , 1° 92' 57'' O. Premier épisode, Route du Rock 1995.
Savait-il le gamin de 21 ans dans le train Limoges-Poitiers le 18 août 1995 que le voyage commencé allait se répéter de très nombreuses fois à l'avenir? Qu'il prendrait l'apparence aux yeux de son entourage d'une sorte de coutume et ce bien malgré lui et à tort? Avec cette dernière il peut arriver que l'on sache plus vraiment pourquoi on la pratique. Pour la RDR ce n'a jamais été le cas. Le même enthousiasme que pour la première fois. S'il se trouvait quelqu'un pour le lui prédire, je me demande bien ce qu'il aurait répondu le gamin? Il l'aurait très certainement renvoyé sur les roses le devin du jour. A cet âge on ne veut surtout pas ressembler à ses parents et leurs "ridicules" rituels annuels. Je vais bien sûr évoquer des souvenirs musicaux. L'évolution de la musique indie, des modes, du public, des styles, des courants. Vous comprendrez que ce qui pousse à faire le pèlerinage est principalement la passion. La passion pour la musique mais aussi des choix philosophiques, politiques et un besoin profond de se ressourcer au fil du temps. J' évoquerai aussi des trucs plus personnels. Il fait partie de nos vies, de notre histoire. Certains se rendent au stade tous les dimanches, d'autres c'est un bon restaurant mensuel ou la séance de ciné hebdomadaire. On se remémore les vacances et on tisse des liens avec l'histoire familiale. "La petite? Elle avait quel âge pour notre visite de Fort Boyard? Tu Te souviens? On l'avait perdue dans la foule. Oui parfaitement, c'était l'année du décès de la tante Simone. On avait du écourter notre séjour". Parfois, c'est juste une réunion de famille avec l'arrivée de nouvelles têtes et l'irrémédiable départ de certaines. Le temps s'écoule devant toujours les même endroits. Finalement, ils sont les seuls témoins qui peuvent raconter l'histoire dans son intégralité et les pierres du Fort Saint Père en ont des choses à raconter sur mon compte et sur d'autres. Pour moi c'est à la mi-août que ça se passe. Je vais à La Route du Rock à Saint Malo. J'ai vu évoluer la Route du Rock et la Route du Rock m'a vu grandir, changer, douter, pleurer, tomber amoureux et bien sûr vieillir. Et puis se rendre à un festival de musique c'est toujours mieux que passer tous ses étés dans de moches cités balnéaires du Roussillon. Surtout s'il s'agit DU festival "pas comme les autres". La première fois : Il a fallu que mon pote Seb me pousse à y aller. J'étais plutôt tenté par le soleil de la première édition du festival de Benicassim. Mes parents se rendant dans le Roussillon, il m'aurait été facile de prolonger jusqu'à la province de Castellòn. L'affiche espagnole était hallucinante: Jésus & Mary, Ride, The Charlatans, Carter Usm etc... Ne trouvant personne pour m'accompagner en terre espagnole, je décidai d'y aller à ce foutu festival Breton. De toutes façons je ne prenais pas trop de risques, Bernard Lenoir était de la partie. Si Dieu le père s'y rendait alors ses apôtres se devaient de le rejoindre. Vous êtes-vous déjà rendu compte à quel point certaines habitudes sont vite prises au cours des années? Premières foulées dans le fort et petite inquiétude des limogeauds loin de leurs terres. "Comment fait-on pour se retrouver? Et si on allait là sur la droite, à mi-chemin entre la scène et la régie? Ok !". Ainsi en 1995 pour la première fois et pas la dernière, je me suis également perdu dans Saint Malo, promené le long de la Chaussée du Sillon en me méfiant des mouettes (l'avenir me donnera raison), j'ai rouspété sur la horde de touristes avec leurs garnements dans Saint-Malo intra-muros, gueulé que les restos étaient trop couteux, pesté contre le lever tardif de mes compagnons, cherché Lenoir, trouvé Soulier, attendu devant chez Sanchez, glacier de son état. Et puis et surtout, mangé, brossé mes dents, acheté des bières, pissé et chié au Cora de Saint Jouan des Guérets. Bref, avec Seb, Magalie, Angeline, Stéf & le plus grand des "frères pétards", nous découvrions les jalons obligatoires de ce qui allait devenir un pèlerinage pour nous et bien d'autres. Je ne cite pas la séance de toilette collective dans le cimetière de Châteauneuf d'Ille & Vilaine, je n'ai jamais pu trouver par la suite des personnes tentées par l'expérience. Mais je vous la conseille. Premiers plantages de tentes dans les douves et première anecdote : - Seb : Je crois que Miossec commence. - votre serviteur : Non c'est pas lui; écoute bien il s'agit de son CD - Angeline: Tu as raison ça y ressemble comme deux gouttes d'eau. -Seb : C'est curieux tout de même ? -votre serviteur : Fumons ce que l'on a, buvons une bière et je fais le pari que c'est pas Miossec. - Seb : Ok Quand on entendit Miossec beugler "Salut" au bout d'une demi-heure et trois binouzes, nous comprîmes que le concert se finissait. C'est le meilleur concert de Miossec que j'aie jamais vu. Les moments forts de cette première Route du Rock ? Cette édition 95 a lieu en pleine Britpop et la programmation s'en ressentira. Pour le meilleur et pour le pire. A cette époque le festival sera souvent caricaturé. "Rassemblement de popeux refermés sur eux-mêmes et manquant sérieusement d'ouverture d' esprit" ai-je entendu. Mais aussi pêle-mêle: "élitisme", "intégrisme", "chiantissime", "festival de coincés" etc... L'évolution de la programmation contredira évidemment les ignorants. Mais il est clair que l'année 95 ne sera pas un grand cru artistique. A quoi peut bien ressembler un individu de très faible corpulence pris de son plein gré dans un pogo pendant Menswear? Très simple. Une boule de flipper. Grand souvenir de bousculade juvénile pendant leur concert. Et ce type qui ne cessait pas de brailler entre les morceaux: "Miossec au secours!". Il portait un t-shirt des Bérus. C'était le temps de la guéguerre Alternos contre Popeux indies. Le type n'a pas du revenir. Et puis il a perdu la guerre. Artistiquement, ouf ! Politiquement, merde ! Menswear, l'archétype du groupe porté aux nues par la presse britannique. La chute ne sera que plus dure. Et pour moi ce groupe et bien d'autres serviront de vaccin contre toutes formes de hype à l' avenir. Je crains que le destin d'une Lana Del Rey ne soit similaire à celui des Menswear. Etaient-ils bons les Menswear ? Un petit peu et c'est tout. Mais pas exécrables. Les seconds couteaux de la Brit Pop à l' instar de leur aînés de la mi-60's nous pondaient des singles très accrocheurs. Mais sur la longueur d'un album ça ne marchait plus. Et puis des gens comme moi étions à l'époque en pleine schizophrénie. Les vêtements évoquaient le nombrilisme et la nostalgie réac d'Oasis et Blur pour plaire à ces mesdemoiselles, mais seuls le soir dans nos chambres nous nous masturbions sur Aphex Twin, Autechre, Leftfield, Scott Walker avec son "Tilt", Bardo Pond, Goldie et le post-rock. D' autres souvenirs pêle-mêle ? La classe avec laquelle Marijne van der Vlugt de Salad sirotait du vin au goulot, ma montée d'hormones devant la chanteuse de Powder, le stage diving hallucinant du batteur de ces derniers pendant Supergrass, l'ennui et la déprime pendant le concert de Gene, la veste en cuir du chanteur de Marion, le saut dans la batterie de la chanteuse de Skunk Anansie qui avait été la révélation du festival. Merde! Pas ça! Moi j'avais préféré Dominique A, Supergrass malgré une petite forme due à leur tournée des festivals, et The Bluetones . J'assume pour ces derniers. Ecoutez leur superbe "Bluetonic" et vous discernerez l'énorme influence des La's et des Stone Roses sur la Brit Pop. Le festival ne durait que deux jours cette année-là. Les nuits dans les douves écrivaient alors leur légende. Nous avons découvert ces soirs-là toute la folie et l'humour du breton imbibé. Ainsi un petit type que je n'ai jamais revu se chargea de l'animation devant les campeurs réunis autour d'un unique feu de camp. Prenant sa bière pour un micro, je dois avouer qu'il nous fit une bien meilleure prestation que celle donnée par son compatriote de Brest quelques heures plus tôt. Sa copine, un peu fâchée, décida qu'était peut-être venu le moment de planter la tente et lui tendit la perche servant habituellement à soutenir la toile. "Prends cette perche et aide-moi à monter la tente au lieu de raconter des conneries". Éclat de rire général. Le petit homme la pris au mot et, s'emparant de la perche, s'élança en criant "Bubka me voilà!". Je ne sais pas quelle hauteur atteignit notre athlète d'un soir, mais une chose est sûre, depuis ce formidable saut j'ai compris pourquoi mieux vaut un matelas pour la réception qu'un feu de bois. Plus tard, nous croisâmes un type de Limoges que nous ne connaissions pas. C'était pas la première fois. Par timidité, nous ne lui avions pas adressé la parole. Ce mec demeura une énigme et une légende pendant des années. Qui pouvait bien être le mystérieux "mec au T-shirt des Boo Radleys" de Limoges que l'on ne croisait que dans les bons concerts? On a mené notre enquête. Fait intervenir les RG, le Mi5, la CIA. Sans résultats. Fallait nous comprendre. Les mecs qui écoutaient de la musique pas comme les autres n'étaient pas légion sur Limoges. Ni ailleurs non plus. C'était ça aussi l'importance d'aller à la Route Du Rock. Le seul festival qui programmait des trucs que l'on adorait. On y allait confiants. Si nous ne connaissions pas tous les groupes, on ne risquait pas de trop grosses déceptions. C'était un emblème. Un signe de reconnaissance. En 1995, si tu lisais les inrocks, la presse anglo-saxonne, et que Bernard Lenoir était ton sauveur des ondes radios, tu te devais d'en faire partie. De toutes façons nous n'avions pas trop le choix. Fouillez dans les archives et listez la prog des autres festivals en cette année 95. Y avait des pépites mais enfouies dans la vase d'un rock plus mainstream ou caricatural. Le courant indie était très peu représenté. Avec le recul, il est à présent facile de dire que la prog de Saint-Malo suivait ou précédait parfois les évolutions et les changements importants de ces 20 dernières années dans la musique. Elle collait à l'actualité et tenait largement son rôle de défricheuse. A l'époque, on s'en rendait même pas compte. Quoique... Je vous le répète. Se rendre à la Route du Rock ça signifiait quelque chose. Et pas uniquement en rapport direct avec la musique. 16 ans après. Printemps 2011. Concert des Crocodiles à la Fourmi. Il est là! Devant moi! LE type. "T-shirt Boo Radleys RDR 95". Le vrai. En chair et en os. Et en plus il est avec un pote à moi. Je l'agresse direct. Moi : "Tu serais pas le T-shirt des Boo Radleys à la route du Rock 95 ? Lui : "Ben ouais". Les autres : hallucination collective ! Le dimanche fut moins drôle pour moi. Il faisait beau et chaud . Malgré cela j'étais vêtu du pull d'une amie. Le climat de 1995 avait transformé le Fort Saint Père en un vaste désert de poussière. Tu rajoutais la sueur et les jets d'eau pour rafraîchir les troupes, et les t-shirts blancs devenaient marron et immettables sous peine de passer pour Gérard Holtz après le Dakar. Les plus jeunes risquent de ne pas me croire mais c'est vrai. Un t-shirt et un pull léger suffisaient pour nos soirées malouïnes. N'ayant pas donné signe de vie depuis un bon bout de temps, je me décidai enfin à reprendre contact avec mes procréateurs. La conversation fut glaciale et coupa net l'euphorie que cette première édition avait suscité en moi. Nous repartîmes de Bretagne et tout au long du trajet la phrase de ma mère me revenait à l' esprit."Ta grand mère ça ne va pas. Il faut que tu reviennes le plus vite possible". La pierre angulaire de mon enfance commençait ce que l'on appelle une lente et douloureuse fin de vie au moment même ou un autre repère apparaissait dans mon existence. Comme une sorte de passation de pouvoir sur ma destinée. J'y repense à chaque fois que je "monte" à la Route du Rock. Première fois et déjà le hasard faisait que ce festival et mon histoire personnelle s'entrelaçaient solidement. Je revois encore les images du retour, le défilé du paysage et ces deux morceaux en boucle dans le walkman sony offert par la petite dame en noir. Gene s'avéra utile ce jour-là et la suivante piquée chez Lenoir quelques semaines plus tôt annonçait un disque que nous allions tous écouter en boucle par la suite.
- James Ferraro, ou la veste en jean qui révolutionne la musique
Si vous êtes observateur, vous avez probablement remarqué dans les articles de ce blog l'omniprésence du type à la veste en jean vestige des 80's. Mais aussi mon agacement des musiques nostalgiques faites de nos jours et mon obsession pour tout ce qui ressemble à un renouveau. Qu'il soit mondial ou régional. Si John Maus, par sa personnalité et sa musique, fait s'emballer mon rythme cardiaque, que dire de l'effet de James Ferraro sur mes neurones? Si l'hypnagogique-pop est pour beaucoup dans la volonté de créer ce blog, alors faire un papier uniquement sur James Ferraro est une évidence. Une obligation. Parfois les évidences tardent à se dévoiler dans votre esprit. J'ai un bon outil de repérage pour savoir ce qui me passionne dans la musique, mes liens Facebook. James Ferraro, depuis 2009-2010, truste la tête du classement avec John Maus. Je n'ai reçu qu'une seule réaction en 2 ans. "C'est quoi? Une pub pour l'Ipad?". C'est vrai que la première rencontre avec lui peut désarçonner. Si je veux retrouver au fond de ma mémoire l'équivalent, il faut remonter à celles en 1990 avec My Bloody Valentine ou Autechre avec "Tri Repetae" vers 1995. Le truc qui peut fausser votre jugement et faire passer à côté du caractère nouveau du machin, c'est l'utilisation de sons connotés d'une époque révolue. Petite différence avec MBV et Autechre. Leurs sons étaient neufs et porteurs d'une intense étrangeté. On les avait très peu entendus auparavant. Avec Ferraro, les sons sont connus mais l'étrangeté est toujours présente. C'est une vue d'ensemble qu'il faut adopter. Un truc important concernant le frisé est à signaler: il n' utilise pas de sample piqué chez d'autres artistes. Il élabore lui-même les morceaux qu'il samplera et mélangera par la suite. La démarche est proche de celle de Kevin Shield qui passait des heures et des heures dans sa cave à expérimenter toutes sortes de nappes de sons avec sa guitare et ses pédales d'effets pour ensuite les incorporer dans ses chansons. On ne savait plus d'ailleurs si ses samples étaient de simples rajouts ou s'ils étaient à l'origine du morceau . Observez bien; c'est plutôt rare finalement. Le sampler est l'instrument roi dans tout ce qui se rapporte de près ou de loin à une évolution dans la musique depuis 20 ans. Quand les Animal Collective à la culture indie se décident à former un groupe, leur mot d'ordre est : "Faisons de la musique indie mais sans guitares", "Créons des morceaux en se servant du sampler comme Dylan & Wilson le faisaient avec leur guitare et leur piano". Ce jour-là, ils prirent une assurance tous risques contre un retour en arrière. James Ferraro, à l'instar des Animal Collective et de Kevin Shields, ne pense qu'à une chose, faire de la musique. Encore et encore. Depuis le début, il travaille beaucoup sur le grain du son. Il déclare avoir été marqué à vie par celui que possédait le son d'un disque passant à une vitesse ralentie. Dans son processus créatif, apparaissent très vite l'utilisation et la maltraitance du matériel sonore provenant des vieilles cassettes audios et VHS. Les deux premières vidéos en sont le fruit. En 2011 Ferraro sort "Far Side Virtual", et ce qui demeurait une interrogation à mes yeux est devenu un fait avéré, James Ferraro est un vrai génie. Que demande-t-on à un génie sinon d'accélérer le cours de l'histoire tout en nous poussant vers une remise en question salvatrice? Avec "Far Side...", il laisse un peu tomber les synthés 80's et s'empare des possibilités numériques des 90's (cf article sur Rustie). Certains vont penser que Ferraro et la musique souvent mise en avant sur ce blog "c'est un peu chiant". Il faut qu'ils comprennent bien une chose. Je me répète mais je juge cela essentiel. Je veux porter le T-shirt qu'affichait Genesis P Orridge vers 1975 (!) , " Rock'n'roll is for arselickers", Le Rock'n'Roll c'est pour les lèche-culs". Celà ne m'empêche pas d'en écouter de temps en temps, mais se référer constamment à cette référence ferme des portes. Y a pas que le blues, le rythm&blues et la folk sur cette terre. Y a une semaine on me demandait mon avis sur Trailer Trash Tracys, groupe dream-pop shoegaze un peu trop light. Je n'osai pas faire part de mon ressenti complet par peur de passer pour un éternel grincheux et je me contentai de dire que le seul morceau du groupe qui me passionnait réellement était le remix effectué par Ferraro de l'un des titres des Trailer Trash. Écoutez l'original, meilleur morceau de l'album qui plus est, passez ensuite au remix de Ferraro, et vous comprendrez que ce dernier vit dans le futur, contrairement aux Trailer. Il est ailleurs. Le fossé qui s'est creusé entre certains fans et groupes de musique s'affiche clairement ici. La musique fait trop dans le recyclage et elle s'est perdue. L'essentiel n'est plus vraiment là. Elle est à l'image du personnage de la photo de fond de Dancing In The Noise. A la croisée des chemins. Lequel prendre. Pour affronter l'inconnu, pouvoir faire un choix et se repérer, il n'a pas beaucoup de solution. Et il a abusé d'une. Le rétroviseur, l'autre photo du blog. Avouez que pour la conduite ça devient risqué. Amusez-vous à ne regarder qu'en arrière sur l'autoroute. Le rail de sécurité ou le 3 tonnes vont vous stopper net si vous n'avez pas le bon réflexe, mais même dans ce cas-là votre vitesse va considérablement ralentir et votre marche en avant cesser. Et la musique se retrouve à l'arrêt, plantée au beau milieu d'un désert. Qu'est-ce qui est en jeu ? Le rôle que la musique doit tenir dans nos vie tout simplement. Doit-elle n'être qu'un simple divertissement et servir juste d'illustration vaguement raccord à nos vies, ou être une extension de ce que l'on est. De ce que l'on ressent, de nos rêves, nos dégoûts. La musique doit-elle simplement être un moyen de fermer les yeux devant le monde ou devenir une aide et surtout un moyen de changer les choses? J'ai fait mon choix depuis des années. James Ferraro et John Maus sont là pour ne pas le regretter. Il m'arrive de fantasmer sur d'improbables soirées. James Ferraro, John Maus, Ariel Pink et leurs copains refont la musique et ainsi le monde jusqu'à pas d'heure tout en se demandant comment changer le cours des choses. Un peu comme auparavant d'autres vénéraient cette fameuse photo représentant les papas du punk, du post-punk et de la New Wave. Ou encore cet autre instant saisi au cours de l'enregistrement de la plus novatrice et importante trilogie de tous les temps. Les deux photos étaient sur les murs de ma chambre d'étudiant, à côté de celle de Nirvana. Le choix à faire sur un mur. Devinez laquelle des trois sauterait si je redevenais cet adolescent. En 2001, un disque pourtant revivaliste se révéla un énième électrochoc dans ma passion. Eh oui, quand c'est vraiment bon c'est possible. Je me suis souvenu de la Brit-pop des 90's. J'en ai gardé l'envie et la curiosité pour la musique qu'elle déclencha en 1993, mais j'ai bien fait attention à délaisser son égocentrisme et son étroitesse d'esprit et de goût. Je voulais que la musique me serve pour exprimer ce que je ressentais. Et que ce soit toujours raccord. Le groupe de 2001 continua sa carrière, et ce qui était en 2001 le symbole de la passion, de l'émotion, de la manière d'aborder la vie, est devenu plus connu. Mais la musique avait perdu tout l'esprit révolutionnaire, et servait à présent ce que nous voulions foutre en l' air. La "bonne" musique ne doit être utile qu'à vendre, pas à changer le cours des choses. Voilà le message de cette pub. Ils prennent ce qui est un éventuel danger, et en le détournant retournent l'arme contre ses créateurs, l'ennemi. Et l'ennemi, c'est nous et notre désir de changement. Pas sûr que ça marche avec James ferraro. J'espère... Tomber sur ça après Fukushima, avouez que ça fait fussoir. En écoutant les Strokes en 2001 je ne pensais pas devenir pro-nucléaire.
- EN PASSANT: RUSTIE, la déflagration sonore
Rustie est écossais et son "Glass Words" est sorti l'an dernier. Si son côté "j' en fais des tonnes" m'a dans un premier temps refroidi, je m'y replonge assez souvent depuis. Quasi ignoré chez nous, ce musicien issu du Dubstep brasse son style de prédilection avec d'autres, souvent un hip-hop imprégné de synth-funk cher à Prince et Bootsy Collins. Le jeune Rustie se passionne également pour les sons numériques créés par ordinateur et provenant parfois des jeux vidéos. Tiens tiens, ça me rappelle quelqu'un que ce blog adore. Celui qui est pour moi l'un des génies cachés de la musique actuelle. Finalement, Rustie et ses copains m'amènent à la question suivante: a-t-on réellement pris conscience de l'influence des progrès technologiques de ces 20 dernières années? De la multiplicité des moyens offerts pour faire du neuf en musique? A-t-on aussi compris que la façon d'apprécier la chose musicale s'en trouvait radicalement chamboulée? C'est qu'il va falloir perdre de vieux réflexes et s'aérer l'esprit pour certains. A force de le rabâcher, de le lire partout comme une évidence, avons-nous vraiment pris le temps de regarder les conséquences réelles du phénomène et des opportunités dorénavant offertes? Tous les musiciens au moment de la création et leurs fans quand ils écoutent leurs disques s'en rendent-ils compte? Y a les Rustie et les James Ferraro. Puis y a les autres. Et encore d'autres qui sont entre les deux.Tout ce beau monde devrait se mélanger, non? Pas sûr que tout le monde le pense réellement. Quand on tombe par exemple sur des gens consensuels comme Anna Calvi ou Kurt Vile et leurs fans. Surtout les fans. Ils font ou écoutent une musique du passé (certes bonne parfois) sans oser vraiment s'emparer des nouvelles capacités techniques et artistiques offertes. Je trouve ça triste. Des idiots feront preuve de fatalisme, "pourquoi tu vénères pas comme moi tel ou tel artiste. C'est parce que ça a déjà été fait ? Mais bon tu reconnaîtras que la musique fait plus vraiment dans l'innovation de nos jours". Alors c'est sûr que si on cherche pas, on trouve pas. Surtout si on est d'une nature peureuse. Ces gens disent peut-être le faire mais au final écoutent très peu de musique expérimentale ou vraiment nouvelle. Sauf si cette dernière a un rapport évident avec un de leurs artistes cultes. Un bon vieux songwriter sera éternellement à leurs yeux l'archétype du type à vénérer. Un type derrière un ordinateur jamais. Anna Calvi et Kurt Vile consensuels? Oui, parce qu'ils font une musique déjà connue. Et ce qui est connu est rassurant, donc consensuel. Revenons à Rustie. Les structures de ses morceaux sont bien évidemment très syncopées façon Dubstep, mais il m'arrive parfois de penser à l'IDM d'Autechre, Aphex Twin et même Boards Of Canada.. C'est surtout assez tape-à-l'oeil. Mais d'où vient cette superposition de sons qui vous explose à la tronche? Les spécialistes expliquent que cela est le fruit de l'usage du son numérique et de ses possibilités bien plus grandes que celles offertes par l'analogique. Ce dernier ne peut pas mémoriser les informations, et les traitements des signaux sont donc limités (merci wiki). Cette façon de faire de la musique est très proche de celle de types comme Thundercat ou DJ Rashad avec sa Footwork qui est un style musical où les beats ont une puissance décuplée, toujours grâce à l'utilisation du numérique. Oups, j'oublie Evian Christ. Un gros truc à venir. Ce mélange de funk, d'électro et parfois de jazz présent chez Rustie et Thundercat, c'est l'occasion d'écouter le grand "Sextant" d'Herbie Hancock comme l'a si justement signalé The Wire. Son meilleur album à mes yeux. Faire de la musique grâce au numérique et donc internet permet des choses inimaginables y'a 20 ans. On surcharge le son. Sa nature est modifiée et les possibilités ne sont plus réservées aux heureux utilisateurs de studios hi-tech onéreux. Démocratisation des moyens. Démocratisation aussi de l'accès au catalogue des oeuvres passées. Le gamin de Guéret a de nos jours la possibilité de rencontrer Brian Eno plus tôt dans son vécu. En 1989, il fallait appartenir à un réseau. L'isolement géographique ou social se voit lui aussi effacé. Les sources de sons justement deviennent illimitées. On peut utiliser n'importe quel instrument sans même chercher le musicien qui va avec. Et oui, le numérique, c'est aussi la fin de la suprématie du musicien au sens premier. Plus besoin de passer des heures de sueurs et d'apprentissage afin d'atteindre la virtuosité ou juste le minimum de maîtrise pour obtenir ce que l'on a en tête. Finie l'époque où un groupe passait son temps à chercher le violoniste ou le batteur qui lui manquait. Internet est là. Gain de temps pour travailler. Si on diversifie les instruments disponibles et les capacités de traitement du son, et bien on multiplie automatiquement les possibilités d'expérimentations. Donc l'innovation. Et comme toutes les musiques sont devenues disponibles, le métissage devient encore plus envisageable.Tout est permis. Si je vous dis enthousiaste que dans le Rustie des solos de guitare dégoulinante sont mélangés à une musique dansante et électronique, et bien certains esprits aux oreilles bouchées le traduiront par "c'est pourri", "faute de goût". Nous voilà repartis pour encore 50 ans de retours en arrière incessants . Ça vous dit rien? Du bon avec du mauvais? J'affine. Mélanger deux styles très différents. Deux mondes parallèles. Tenter l'irraisonnable . En 1989, c'était pas possible. Un groupe électro avait peu de chances de trouver un virtuose adepte de Van Halen dans son bled qui accepte de jouer avec lui pour voir ce que ce mélange détonnant pourrait donner. Et si c'était le cas, il n'en aurait fait qu'à sa tête le Satriani de Mufflin-les-Ecoutilles. L'ouverture d'esprit nécessaire à tout mélange des genres n'était pas toujours présente. Elle aussi bénéficie de l'ère numérique. Un fan de la production disco de Chic pouvait-il imposer sa passion dans son groupe de potes spécialisé dans les reprises de Sonic Youth? Pas sûr. Maintenant, il peut le faire tout seul. En 2001, le sampler apportait un début de solution. Le gosse pouvait par exemple s'amuser avec sa guitare sur une boucle de basse des géniaux américains. Le sampler permettait d'expérimenter et ainsi on pouvait voir apparaître une musique parfois issue d'un mélange de bons et mauvais goûts qui donnait un truc jamais écouté. Un truc novateur. La façon de faire de la musique subissait une vraie révolution. Celle de l'analyser aussi, déjà, suis-je tenté de dire. Un solo de guitare-héro était mal vu en 1977, car souvent jugé tape-à-l'oeil. S'il n'avait à l' époque que pour but de mettre en valeur le bagage technique du musicien au détriment de l'artistique, le même solo incorporé différemment dans une nouvelle oeuvre d'aujourd'hui peut devenir pertinent. "Tout est bon dans le cochon". Faut juste savoir le cuisiner. Et donc voici un vrai titre révolutionnaire. En avait-on vraiment conscience à l'époque? Peut-être certains réacs ont négligé l'évolution, choqués qu'ils étaient par le fait que ce groupe utilise un truc catalogué de "mauvais goût". On pourra bien sûr, à l'écoute de Rustie, citer Justice, Mondkopf, Jakson etc. Bref, les suceurs de roue des Daft punk. Mais reconnaissez que sa musique tape-à-l'oeil fait étonnamment preuve d'une finesse dans sa mise en forme, alors que celle des rentiers de la musique électronique française en est dépourvue. A chaque écoute on remarque un détail qui tue. Je parlais récemment à propos de la novatrice et essentielle hypnagogic-pop du fait que dorénavant il devenait nécessaire de ne pas hésiter à piocher dans le bon du passé, mais aussi et surtout dans le mauvais. Et ce pour ne pas tomber dans un revivalisme infécond. Daft Punk étaient des précurseurs avec leur sample de solo de guitare dit de "mauvais goût". Les cartes étaient redistribuées. Et le réac de se perdre en conjectures. C'est l'ensemble qui compte, et lui ne s'attache bien souvent qu'à des détails, ses horribles petites habitudes d'écoute. Il a appris par coeur le manuel "Le Rock Indie pour les nuls". Il sait les noms qu'il faut dire et ceux qu'il ne faut pas dire. Si pendant des années il ne s'est fié qu'aux bonnes vieilles valeurs par crainte de l'inconnu, il va plus rien comprendre aux nouvelles musiques. Il risque d'être démasqué et de se couper encore plus de ce "décadent" monde qui l' entoure. Fantasmons pour conclure. Et si un jour les futurs Animal Collective révolutionnaient la musique après s'être inspirés de Jean Ségurel, accordéoniste folklorique? Ce serait cocasse mais plus du tout surprenant. Tout redevient possible.
- Triangle Records
Triangle est un label situé à Brooklyn et créé par un certain Robin Carolan. Tout ce qui sort de sa maison de disques est à écouter en urgence. Les amours du monsieur, c'est beaucoup de Witch House. Mais la Witch House, quésaco? Ce terme désigne parfois tout et n'importe quoi. Réfuté par des initiateurs du genre comme Pictureplane ou oOoOO, on peut toutefois trouver certains dénominateurs communs présents chez les artistes associés à ce genre. Par exemple par des racines communes tel l' influence du Chopped & Screwed Certains reconnaissent en DJ Screw une sorte de pionnier pour sa technique de mix et les samples utilisés dès la fin des 90's. Il ralentissait les morceaux et développait ainsi des ambiances lourdes et sinistres. Autre influence majeur souvent citée, la darkwave, et plus précisément Dead Can Dance. Mais on peut rajouter la mouvance gothique et le drone. Bref, souvent une musique claustrophobe. Si c'est le fun que vous recherchez, passez votre chemin. Si beaucoup de ces artistes utilisent des recettes du Drone, il est à noter qu'encore une fois le shoegaze est présent, ce qui est tout à fait normal vu que la nouvelle scène Witch House était ancrée dans la chillwave. Donc qui dit Chillwave (Memory Tapes, Neon Indian, Washed Out) dit automatiquement Hypnagogic-Pop bien sûr. Rapide raccourci j'admets mais qui se justifie amplement.. Les Stars du genre: Salem bien sûr. A présent que la Witch House ne vous est plus une énigme, parlons de Triangle qui la conjugue sur tous les modes. Les variations peuvent être multiples. Fait rare, je craque pour la quasi intégralité du catalogue de ce label. Ils sont pas nombreux, mais quand vous allez découvrir la concentration d'autant de talents dans un si petit label, vous allez être subjugué. Verrouillez la porte, fermez les volets, fermez les yeux, et en avant pour le grand frisson. Triangle fait pas dans l'hédonisme à outrance, mais se laisser happer par ses productions se révèle une expérience passionnante. Première signature et première claque. Balam Acab. Après un très bon ep en 2010, il confirme en 2011 avec Wander/Wonder. On y entend très souvent le bruit de l'eau. J'adore l'eau. Rappelez-vous ce que je racontais dans un précédent post. La première musique perçue est celle du ventre de votre mère, les bruits provenant du liquide amniotique . Balam Acab s'en est souvenu. Ensuite, revenons à une Witch House encore plus flippée, donc très proche de Salem. Le groupe porte l' un des noms les plus étonnants de toute l' histoire, !!! est battu. Voici oOoOO. Prochain album en Avril. Mais si il y a un tube parmi les sorties Triangle, c'est avec les prometteurs Holy Other et leur glacial ep, "With U", l'une des claques de 2011. Le fantastique Yr Love. Passons à d'autres plus connus. How To Dress Well qui vient tout juste de signer chez Triangle et Clams Casinos Les dernières signatures en date, Ayshay , Water Borders et l'énigmatique Lie avec son ep en Mars. Je me préparais à publier mon article sur Triangle quand j'appris que Robin Colan venait de signer la dernière sensation qui a fait frémir la blogosphère à la fin 2011. La dernière semaine de décembre, un inconnu publia une série de morceaux sur youtube et provoqua une petite onde de choc ressentie jusqu'ici. Son nom? Evian Christ. Un type adepte du Footwork et du dubstep qui sample la magnifique musique du Grouper de Liz Harris ne peut pas finalement être mauvais. Comme bien souvent chez Dance With The Noise, on va se référer à une mixtape sortie chez Fact, la Fact 191 préparée par le label. http://www.mixcloud.com/FACTMixArchive/fact-mix-191-tri-angle/ On notera également que les artistes du label avaient sorti un étonnant album hommage sur Lindsay Lohan .
- 48° 56' 88'' N , 1° 92' 57'' O . Préambule sur la Route du Rock
Le ciel est assombri par de gros et menaçants nuages. La campagne est vallonnée et le vert omniprésent dans les champs en plein été saute aux yeux. Va-t-il pleuvoir ? Ce n'est plus la même appréhension qu'autrefois. Et puis tant pis si la flotte est au rendez-vous. On a l'habitude. Ça fait partie du charme et ça deviendra une énième histoire à raconter. La circulation est fluide. On va arriver à l'horaire prévu. On écoute Pulp et toutes les têtes bougent en rythme. "Do you remember the first time" qu' il demande le Jarvis. Oh que oui on s'en souvient de la première fois. Et de toutes les autres. Après une courbe vers la droite et une légère descente, une petite colline se présente devant nous. Elle est recouverte de bois. On discerne des affiches sur ses flancs. Il va falloir quitter la quatre voies et prendre la D74 pour la contourner. Passer devant le petit resto synonyme de lendemains difficiles. Petit coup d'oeil sur la gauche pour observer les vilains camping-cars présents depuis toujours. Le carrefour approche et il va falloir faire demi-tour.On maugrée sur cet obligatoire retour sur nos pas. Comme à chaque fois. La croix elle aussi est toujours là. Après cela, au bout d'un kilomètre il faudra dévier sur la droite. Ralentir pour éviter les marcheurs courbés sous le poids de leur attirail de camping. Un pré bosselé accueillera le véhicule. En face un autre champ similaire mais porteur d'un souvenir très fort au point que mon épiderme réagit à sa vue. Il était question d'une longue quête solitaire sous un orage dévastateur. J'étais perdu, mon corps et mes vêtement ruisselaient, les pieds pataugeant dans la boue et les éclairs qui cisaillent la nuit . Et enfin la foudre qui choisit de tomber dans un bois voisin me pétrifiant sur place. Inoubliable. Nous sommes à présent à pied et entamons à notre tour la longue marche. Il y a du vent. La mer n'est pas loin . Peut-être aura-t-on droit au survol du site par une montgolfière encore une fois ? L'odeur maritime mêlée à celles de la terre et de la verdure nous attaque les narines. D'autres senteurs connues viendront plus tard, la sueur, les parfums féminins, la saucisse grillée ou encore les fumées illicites. Et comment ne pas oublier le houblon. Et sous toutes ses formes le houblon. Nous foulons à présent un chemin de terre. On longe le bois aperçu tout à l'heure et on se souvient à nouveau. Cette fois-ci il s'agit d'une pathétique tentative de traversée en cherchant un raccourci qui tenait beaucoup plus du parcours du combattant. Un bruit sourd se fait de plus en plus entendre. Un groupe effectue ses balances. On essaie d' identifier les types. Comme à chaque fois. Un autre virage à droite et le voilà enfin le but de ce long voyage! Le putain d'endroit tant espéré. Le centre du monde est-on tenté d'exagérer. Le même depuis 17 ans. A suivre ...
- John Maus va sauver le monde mais il m' a gâché la Route du rock.
Avertissement à l' attention du lecteur : Cet article provient d'une personne victime de troubles psychiatriques et neurologiques graves. L'article en question concerne également un artiste victime des mêmes maux. Donc Prenez garde! vous risquez vous aussi de devenir un MALADE infecté par la Folie Maussienne. Je vais essayer de vous décrire par une petite anecdote l'effet que le garçon me procure.Cela se passe à la Route du Rock 2011, mais avant cela je vais vous expliquer pourquoi je me suis cru malade depuis 2010. J'étais devenu accro depuis ma première rencontre avec Maus vers la fin 2010. Mon état se détériorait de plus en plus. Des symptômes apparurent. Des dizaines de liens publiés sur Facebook. 15 plus précisément de janvier à Octobre 2011, et ce sans savoir communiquer mon engouement. J'ai mis en place des ruses machiavéliques imaginables que par l'esprit perturbé d'un schizophrène pour toucher la communauté facebookienne. Certains me reprochèrent même d'en faire trop! Je ne suis pas un adepte de la fan attitude, mais j' avoue que l'indifférence rencontrée m'entraînait dans le fanatisme. Des jours entiers à éplucher le net pour en savoir plus. A traduire ses interviews ou tout ce qui se rapportait de près ou de loin au bonhomme. Que ce soit en anglais, en espagnol ou en estonien . Des heures et des heures de monologues et de délires analytiques sur le sujet. Fallait voir les yeux au plafond de ma bien-aimée quand j'abordais le sujet une énième fois en plein milieu du repas. Heureusement elle comprenait un peu. C'est que elle aussi est atteinte d'un virus. La grippe A, enfin La Grippe Dominique A. John Maus n'avait pas l'air de déclencher la même passion chez les autres et cela créait en moi un terrible sentiment d' injustice. Mais on est en France, et en France on est toujours un peu plus lent à la détente. Les médias étaient trop occupés à glorifier Anna Calvi et Metronomy. Qu' il soit désigné disque du mois de juin chez Magic n'y changea rien. Tout au juste ça sauva l'honneur de la mère Patrie. Le doute s'empara de moi. Et si John Maus n'était que le fruit de mon imagination? Mon système auditif serait-il devenu défaillant au point de ne plus faire la différence entre un truc pourri et un truc génial. Horreur! Et si en fait John Maus était Christophe Maé? Mon système cérébral défaillant me faisant croire à un Bordeaux grand cru alors que j'avalais de la soupe Leader Price pour midinette. Et puis ouf! En 2012, le nom de John Maus apparaît dans les conversations mondaines. Je n'étais plus malade. Le pic de la maladie était passé mais des séquelles persistaient. Le traumatisme subi était tellement puissant que j'eus recours à une cellule psychologique pendant des mois. C'était le 14 Août 2011 à 17h45 et ce fut terrible. Pire que les 8 secondes de Laurent Fignon. Pire que Glasgow 1976 ou Séville 82. Pendant les trois jours et même après l'édition RDR 2011, il se passa un truc horrible dans ma petite tête.Quelque chose de totalement inédit. Un manque terrible. Pas aussi puissant que l'éloignement de l'être aimé mais son équivalant en matière musicale. Ce n'était plus arrivé depuis fort longtemps. Un sentiment de frustration latent m'a accompagné tout au long du festival. C'est venu progressivement pour atteindre des sommets à la fin du festival. A peine si j'identifiai sa cause. Les moyens de substitution ne manquaient pourtant pas. Dan Deacon, monstrueux. Dirty Beaches, intense. Fleet Foxes, Electrelane, Kills,Mogwai, Low, etc etc... C'est sûr que certains tueraient pour voir un seul de ces artistes. En dernier secours, tel de la méthadone, il me restait ma clef usb pour les trajets routiers reliant St Malo au Fort Saint Père. Mais je ne pouvais écouter comme il se doit mon gourou, trop perturbé par les vociférations de mon ami basque qui goûte peu mon art de la conduite. Ce n'est que le troisième jour que j'ai enfin pu identifier la raison de ce vide. Et je ne pouvais pas partager mon désarroi. Nous étions sur la plage pendant un concert d' un intérêt secondaire. Au moment de quitter le sable breton, je croisai ce type. Rien de spécial à première vue.Un peu le genre de ces amateurs de musique indie qui se contrefoutent de leur look. Le mec passerait plus facilement pour un geek que pour un fan des libertines. Plus Décathlon-polaire quéchua que veste en cuir et jeans slim. Certainement un garçon trop timide et complexé pour afficher ses passions musicales au grand jour. A la Route du Rock on en croise plein. A peine si on les voit. Pas des quéquets comme votre serviteur avec qui on sait tout de suite qu'on va pas parler du catalogue la Redoute ou des Aaron. L'unique différence entre eux et moi est dans le comportement face au monde qui nous entoure. Ils se recroquevillent quand d'autres affrontent le monde extérieur avec arrogance et fierté mal placée. C'est tout juste si on sait ce qu'ils aiment ces types là . Mais pour une fois, peut-être la première fois de sa vie, il avait osé. Il affichait clairement ses amours. Que dis-je! Sa prétention! Sa fierté! Quand nos regards se croisèrent il baissa le sien. L'habitude qu'il a certainement face aux branleurs. Et pourtant. Entre lui et moi comme je l' expliquais juste avant, il y a finalement très peu de différences . Si seulement il avait su la timidité et le malaise qui s'étaient emparés de moi en sa présence. A-t-il vu seulement que j'avais mouillé mon pantalon? C'était la posture très mâle d'un lads Mancunien à la Ian Brown qu'il aurait du adopter. Le torse bombé, oscillation de bas en haut de la tête, jambes écartées. Pourquoi cette fébrilité et cette honte de ma part? Cet apocalypse interne. Très simple. Sur son t-shirt était écrit : "I SAW ... JOHN MAUS". Donc, "J'ai vu machin" était écrit sur un t-shirt. Y a pas plus prétentieux tout de même. Fierté mal placée? Bien sûr! Mais parfois on peut en faire preuve. Je n'aurais jamais osé pensais-je. Et puis, si! John Maus a la capacité de faire de vous un fanatique hystérique prêt à tout pour votre sauveur. Bref vous devenez une Nadine Morano ou un terroriste kamikaze. Sauf que moi, misérable vermisseau, petit cancrelat du trou du cul de la campagne française, je ne l'ai pas vu le John Maus en concert. Mais qu' a-t-il pu bien voir ce geek timide & complexé pour devenir ce mec arrogant et prétentieux? Ce jeune éphèbe boutonneux a du vivre une expérience sensationnelle pensez-vous. Un trip sous LSD? Une nuit avec Kate Moss défoncé à la coke. Aurait-il vu dieu?. Les petits hommes verts? Andy Shleck courir intelligemment et gagner le Tour de France? Gérard Depardieu devenir végétarien? OUI & NON. Et finalement, un peu de tout cela en fait. Une sorte de voyage dans la folie. Il s'est retrouvé dans une situation irrationnelle. Les vidéos sur youtube de John Maus ont une telle force d'attraction que ses concerts en live doivent être monstrueux. On a goûté très certainement à quelque chose qu'y s'en rapproche au cours des sets de Dan Deacon, Dirty Beaches, Aphex Twin durant la Route du Rock 2011. Mais à la vue des extraits, il faut ces concerts réunis pour les égaler en intensité. Je rajouterai en prime la frénésie véhiculée par Jarvis Coker, la promenade au bord du gouffre offerte par une Cat Power, et cette intuition que l'on a face à Pete Doherty que toute cette histoire va très mal et sordidement se finir dans un caniveau de Londres. J'ai lu un peu partout que citer Scott Walker au sujet de John Maus était envisageable. C'est une idée très juste. Dans la famille je fais de la pop mais j'ai un cerveau en ébullition et je nourris l'espoir de révolutionner cet art, il peut bel et bien faire figure de fils spirituel pour Scott Walker. Son pote Ariel Pink tiendra le rôle du grand frère. Pour Maus, le petit truc baroque en plus que possédait le grand Scott. Ariel Pink est trop occupé à fouiller les archives de Brian Wilson enterrées dans le bac à sable du piano du Beach Boys. Si je cite Walker en référence, c'est surtout à propos du fond, les motivations d'un type au moment de la création d'une oeuvre de musique populaire. Si les travaux du bonhomme vous font dire "rien de neuf & c'est inoffensif", je vous conseille chaudement d'aller voir ses interviews sur le net et vous comprendrez que les enjeux ici dépassent largement le cadre étriqué d'une simple nostalgie synthpop 80's et qu'il cherche vraiment de quoi sera fait la musique des années à venir. Duo Ariel Pink & John Maus John Maus et son copain Ariel me font vraiment espérer une progression et ne représentent pas un autre retour en arrière improductif. (cf l' article sur l' Hypnagogic-pop) Le fait que le bonhomme ait travaillé avec les Animal Collective et ait également fréquenté les amphis de la California Institute of the Arts, représente un réel gage en matière de recherche et d'innovation. Y a de la pensée derrière tout ça. Du neurone en ébullition. Des questionnements sur l'avenir de la musique. Que doit être la pop musique? Quels sont les objectifs au moment de sa création. Qu'est-ce qu'une chanson et son but en 2012 ? L'expérimentation sans concessions, c'est à dire créer une oeuvre forte & souvent difficile d'accès ne nous mène-t-elle pas droit dans le mur en se coupant de l'essentiel ? On est pas ici dans la consommation d'un simple produit culturel comme malheureusement c'est souvent le cas de nos jours. Plus proche du mc-do que de l'art. Qu'il soit majeur ou mineur. Y a t-il une solution alternative au choix trop simpliste: Autechre d'un côté, Coldplay de l'autre ? Quand on écoute Maus, on doit chercher à savoir ce qui se déroule sous nos yeux. C'est qu'il se passe enfin quelque chose avec ce type. Peut-être une sorte de ces remises en question et de ces coups d'accélérateur qui boostent l' histoire. Un "truc" équivalent à ceux de cette trop rapide énumération qui suit. Le Velvet Underground avait fait rentrer l'art dans le rock et la pop musique. Miles Davis nous a expliqué la musique modale. Quand Eno, avec l'aide des allemands, crée l'ambient, on n'écouta plus, on se laissa envelopper. On ne s'intéressait plus seulement à l'artiste mais autant à la façon d'écouter son oeuvre. Kraftwerk a confirmé ce que l'on commençait à deviner : toute évolution technique apporte un changement dans la façon de composer et d'apprécier la musique. La machine n'est pas toujours l'ennemi de l'homme. Et que dire du punk et de la démocratisation du sampler. Ne plus croire certains musiciens réactionnaires: la technique et la virtuosité ne sont pas essentielles à la création. Elles seraient même parfois un rempart à l'innovation. Je cite les punks mais d'autres sont allés encore plus loin. Les Punks: "n 'apprenons que 3 accords et montons un groupe". Génésis P-Orridge de Throbbing Gristle: "Pourquoi diable? Ce sont encore trois de trop". Un artiste se doit-il de jouer live de son instrument? La musique enregistrée en tant qu'instrument a-t-elle enfin gagné sa légitimité? Une simple bande magnétique et la voix ne suffisent-elles pas donner de l' émotion ? Y a tout ça dans le discours et la musique de John Maus. Quand le bonhomme est en interview et qu'il cite une multitude de références philosophique (Badiou!) , serait-ce poudre au yeux pseudo intellectuelle? Peut-être. C'est l'avenir qui nous le dira. Au moins celui-là il a le mérite de nous faire réfléchir sur notre passion. Pour qui veut bien s'en donner la peine, bien sûr. Revenons à mon anecdote malouinne. Le mec de la plage s'éloigna accompagné de ses trois copains. Geeks eux aussi. Ça marche toujours par 3 ou 4 ces machins-là. La tête basse comme d'hab et pas de présence féminines autour. Y a rarement des filles avec ces types-là. Que voulez-vous messieurs-dames. Les filles ont mauvais goût. C'est la vie. Certainement sont-ils passé par un Casino acheter des chips et du Nuttela. A leur âge votre serviteur ne se serait pas contenté de ça pour débuter sa soirée. Jamais au cours des précédentes Routes du Rock je n'ai ressenti cette telle sensation de manque à mon retour de Saint-Malo. Je loupais un truc énorme. C'était sûr! Il avait manqué l'essentiel. Je n'oublierai jamais cet instant précis sur la plage. Le jour ou je croisai ce "pauv type" qui n'aura jamais sa rolex avant ses 50 ans mais qui un beau jour avait vu... John Maus. Et pour conclure ce message et exprimer publiquement toute la jalousie et la frustration qui est en moi 5 mois après je citerai une énième fois cet idiot de Thierry Rolland: "Monsieur le Geek binoclard de la plage de Saint-Malo avec votre t-shirt "I saw John Maus", vous êtes un SALOP !"
- Not Not Fun & 100% Silk
Not Not Fun a déjà été abordé dans l'article concernant Maria Minerva et L'hypnagogic-pop,http://dancingwiththenoise.blogspot.com/2012/01/belles-du-seigneur-l-hypnagogic-pop.html. et dans celui concernant U.S girls.http://dancingwiththenoise.blogspot.com/2012/01/ma-us-girls-preferee-n-est-pas-lana-del.html) Bref, vous l'aurez compris, j'adore le label californien créé par le couple Britt et Amanda Brown en 2004. Depuis 3-4 ans, il arrive souvent que mes coups de coeur soient estampillés Not Not Fun. Normal pour un type comme moi fasciné par tout ce qui se rapporte de près ou de loin au courant hypnagogic-pop. Ce qui est le cas ici. On ne va pas trop y revenir mais je veux juste signaler une terrible omission de ma part concernant les origines du courant en question. J'expliquais qu'il subissait l'influence notable de l'univers New Age et de l'Hauntology music. Les deux machins sont très proches grâce à l'utilisation commune des musiques ethniques, folkloriques et tribales du monde entier. Et la question qu'il faut se poser est la suivante: qui a bien pu relancer l' intérêt pour ces sons-là? Cherchez plus. Il s'agit tout simplement du groupe le plus important des année 2000. Comment ai-je pu les oublier quand j'abordais l'hypnagogic, alors que leur magnétisme sur cette dernière est flagrant. Animal Collective. Explication en musique : Le fameux passage de la flûte de Pan. Je dis fameux parce que certains ont beaucoup glosé sur ce bidule-là. Moi j'ai adoré cet emprunt à la musique traditionnelle roumaine de Gheorghe Zamfir. Un jour un type me comparait ce sample à une faute de goût de la part des Animal Collective. Pauvre garçon, ce qu'il appelle faute de goût, je nomme ça largeur d'esprit et fenêtre ouverte sur le monde. Faudrait qu' il pense à aérer sa chambre, ça commence à puer chez lui. Souvent dans les musiques tribales ou traditionnelles, l'art de l'incantation est présent. Et bien quand on pense à Not Not Fun, il faut garder cela en pensée. De là à se promener tout nu dans les bois, à bouffer toutes sortes de champignons et à se caresser les uns et les autres, on y est pas encore. Quoique... Ses artistes font un choix finalement très rare et courageux: ils essaient de rompre avec le lourd héritage Rock'n'roll & Rythm&Blues des 50's et 60's, et d'aller ainsi voir ce qui se passe ailleurs. Ils aèrent la chambre du fan de rock indie précocement devenu vieux et réac. Donc pas vraiment de songwriting classique chez eux. On est plus près de l'expérimentation sous influence de substances bizarroïdes. Ce sont tous des enfants du post-punk et du psychédélisme. Dans les locaux de Not Not Fun, la bande-son doit contenir pas mal du psychédélisme, du drone, du disco, du krautrock et de l'ambient. Ne pas se fier à l' imagerie 80's qui pourrait faire penser à un revivalisme gratuit et stérile, comme chez John Maus ou Ariel Pink, c'est un leurre. Amanda Brown, avant de diriger ce label et de sortir des disque sous le pseudo LA Vampire, était présente dans l'une des première signatures du label, Pocahaunted. Je parlais de disco tout à l'heure, c'est que Amanda Brown aime aussi danser. Un sous-label De Not Not spécialisé dans l' électro et la culture dancefloor a vu le jour en 2011, 100% Silk. Et voici Innergaze & Ital. Revenons au catalogue du Not Not Fun original. On y trouve beaucoup de trucs passionnants, et je vous invite tous à découvrir la diversité de ce génial label. Eternal Tapestry, Ensemble Economique, Sun Araw, Barn Owl, NASA, Abe Vigoda, Maria Minerva, US Girls, Peaking Lights, Deep Magic, Rangers, Magic Lantern. Petite sélection de tubes de la maison. Depuis 2011, Not Not Fun s'est rapproché du très intéressant français Hands in the Dark. Tout à fait logique quand on connaît les similitudes dans l'approche de la musique des deux maisons de disques. Donc si vous aimez NNF, penchez-vous sur le cas Hands in the Dark, et plus particulièrement sur le cas du génial Cankun (Vincent Caylet), signé chez les deux labels. https://handsinthedarkrecords.bandcamp.com/
- En passant : Total Control
Maintenant que le quota de mecs à moitié à poil c'est fait, passons aux présentations. Total Control nous vient d'Australie et, en ce début d'année, c'est l' album qui repasse le plus souvent à la maison. Léger décalage horaire, il est sorti en 2011 chez eux, mais le temps que ça franchisse la distance, fallait bien attendre. 2012 commence pas vraiment sur les chapeaux de roue niveau sortie de disques, alors retournons à l'essentiel, et l'essentiel c'est le post-punk! Si vous n'êtes pas d'accord, sortez tout de suite. Mais un mouvement qui avait aussi bien digéré ses influences pour nous proposer de formidables paysages sonores d'une rare diversité et enfin influencer la musique, jusqu'à nos jours y'en a pas eu beaucoup. Quand vous vous sentez tout mou, rien ne vaut une bonne rasade de post-punk et donc cette tuerie sous haute influence Wire/Pink Flag. Pour le quota fan des Liars/Wire, c'est fait. A noter que leur "Med II" aurait pu très bien faire l'affaire . Passons au quota Joy/Warsaw. Pour encore respecter un autre quota et vexer personne , le quota Wire époque ChairMissing/154 Pour le quota Wire/Gary Numan. Et enfin on finit les vidéos avec le quota Wire/Suicide. Malheureusement, à la vision des finances de Dancing With The Noise, je ne suis pas en mesure de partir pour le pays des stupides bestiaux qui sautent en l'air tout le temps comme des cons, et pouvoir ainsi interviewer les Total Control. C'est couillon, j'avais une super question, et comme les rares news qui nous arrivent d'Australie ne concernent que la chose rugbystique, le théâtre de Sydney le jour de l'an et parfois une invasion de criquets ou d'une toute autre espèce de bestiole bizarroïde, je ne saurai jamais. La question? Euh... Une question façon chroniqueur du grand journal: "Bonjour les Total Control, je me suis laissé dire que vous étiez des fans de Wire. Est-ce vrai? "
- Pete Swanson & Yellow Swans.
Pourquoi ce nom pour mon blog, "Dancing with the noise"? Il correspond à une sorte de fantasme déjà décrit ici régulièrement. Danser avec du bruit. Pas nécessairement exécuter une danse au son de, sur le rythme de, aux ordres de... Le terme important à mes yeux est "avec". Se laisser happer, être englobé, traversé par une ambiance. Le "bruit" peut désigner des choses très diverses dans leur nature. Agressives, légères, vaporeuses, inaudibles, aquatiques, répétitives, etc.. L'important, c'est la musique bien sûr, mais également de quelle manière l'écouter. Désirez-vous regarder une piscine et dire,"oh mon dieu, qu'elle est belle" ou, tout naturellement, plonger et vous baigner dans son eau? Les deux choix sont possibles! Existe-il un morceau qui peut représenter la synthèse absolue de mon fantasme? Oui plusieurs. Mais si on doit n'en garder qu'un seul, ce sera lui, ce TRUC! Ce machin. Cette chose d'une durée de 7 Minutes 45 secondes. Je rêve de le passer dans une soirée, au cours d'un interplateau, dans un véhicule à l'occasion d'un long trajet, dans un centre commercial le jour des soldes. Qu'il se pointe là. Maintenant. Vous fauche. Qu'il vous surprenne. Vous glace le sang pour ensuite le reliquéfier. Que vous soyez bousculé dans vos certitudes et vos sales habitudes. Ce morceau est une merveille. Danser avec le bruit. La première musique que vous avez entendue n'est pas une chanson de variété ou de rock, un grand songwriter sachant chanter, une nana avec une "belle voix", une comptine pour enfant, le son de la voix de vos parents vous parlant d'un au-delà pas encore découvert. Non, ce sont les sons biologiques du ventre de votre mère. Voici la bombe. Pete Swanson. Membre fondateur des Yellow Swans. Mais c'était quoi Yellow Swans? Du bruit, du son. Bref, de La Musique. Une avalanche de sons qui vous tombent sur la tête, qui vous cognent. Puis... Puis vous vous y sentez bien. C'est du drone. Ne cherchez pas avec du drone le même plaisir qu'avec une pop song. C'est autre chose. Un autre plaisir. Avec la chanson, c'est comme avec un film. Faut être au début pour comprendre la fin. Avec le drone, ce serait plutôt un paysage. Vous ne faites que passer. Vous vous asseyez dans l'herbe et vous vous laissez aller. C'était là avant vous et ce le sera après votre départ. Une fois que vous avez compris cela, vous allez évacuer les habitudes acquises avec la pop music. C'est qu'elles sont tenaces. Mais ça vaut le coup, le drone est tout autant jouissif. Je pense que si beaucoup goûtent peu des plaisirs issus de l'imaginaire des gars comme La Monte Young, c'est juste le résultat d'une incompréhension. Faut pas culpabiliser non plus. Vous n'êtes pas handicapé. Les amateurs de drone ne sont pas non plus dotés d'une intelligence supérieur. Il n'est pas nécessaire d'avoir reçu un apprentissage comme cela peut être le cas avec les arts majeurs (peinture, musique classique). Avec le drone on prend notre temps. Vaut mieux, ça peut durer des heures, des jours. La Monte Young faisait dans la répétition d'un seul accord, parfois d'une unique note, jouée ad vitam eternam. Et bien vous savez quoi? On s'est aperçu que notre cerveau provoquait des variations selon notre état physique ou psychique. Houla ! Je vais trop loin. Revenons à Swanson et à son précédent groupe. Yellow Swans. Ce noise peut devenir très jouissif. Il m'arrive même d'être pris par une sensation de liberté extrême pendant une écoute. Une sensation pas si présente que ça dans la pop music, le rock, etc. Liberté pour l'auditeur parce que l'on ressent également la liberté totale des créateurs. Le drone est de l'ambient et aussi des sensations ressenties avec le psychédélisme. Il était présent chez Yellow Swans. Un psychédélisme noisy. Fan de Mogwai & Godspeedyou! BlackEmperor, écoutez "Mass Mirage" de l'album "At all Ends" de 2007. Les productions de Pete Swanson avec son défunt groupe ou en solo sont innombrables. Je n'ai pas tout écouté mais à chaque fois c'est différent. C'est un nouveau voyage. La principale évolution du travail de Swanson avec son album "Man with Potentiel" est l'apparition des beats. Il y en avait avant mais ils étaient perdus au loin. Mais pourtant ils étaient bien là. On savait qu'ils allaient se pointer. Des battements marquant le rythme dans la musique dite "expérimentale", c'est pas si fréquent que ça quand on y repense. Dorénavant, on peut danser sur ces grincements, ces bourdonnements soniques. Ils nous accompagnent. Le mec a bossé avec les Skaters de James Ferraro. Encore James Ferraro. Swanson ne cesse de travailler. En 2011, il a sorti un autre album, "I don't rock at all". L'électronique maltraitée est moins présente, les guitares sont revenues. Maltraitées également. C'est plus calme, les Bpm ne sont pas aux alentours de 150. Mais bon, y a toujours un grésillement en quelque part. On décolle de chez Vini Reilly et son Durutti Column pour voguer vers Mogwai. Une anecdote: par une belle après-midi, je me baignais dans Yellow Swans. Malencontreusement j'avais laissé Facebook ouvert. Le bruit signifiant que je venais de recevoir un message m'extirpa de mon voyage. Et je tombe sur: "Eh jojo! T'en penses quoi du dernier Belle & Sebastian?" Et en plus en le lisant j'imaginais la voix assez caractéristique du type, un grand amateur de vin au demeurant. Et bien la sensation éprouvée était certainement la même que celle que vous risquez de ressentir en écoutant Swanson et Yellow Swans pour la première fois. C'est juste pour vous dire que ce jour-là mon ami était dans une pièce et moi dans une autre. Mais dans la même maison. Et le couloir nous séparant n'est finalement pas très long, et peut assez vite être dégagé des objets encombrants (les habitudes). Alors n'hésitez pas à changer de pièce. Cela peut valoir le coup. Cadeau pour finir. Le lieu saint des amateurs de drone. La légendaire Dream House de La Monte Young. Occasionnellement dans le musée Guggheneim de New York. Sinon l'adresse de l'installation est celle de la MELA Foundation et elle est en fonctionnement non stop depuis ...1993. Parfois, des expos itinérantes la font voyager et passent par la France. Si ça vous dit, bien sûr.