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458 éléments trouvés pour «  »

  • Carter Tutti Void, quand le terrifique devient un messie.

    Deux veilles légendes plus une jeunette révélation de ces dernières années. Tremblez messieurs et mesdames. Tremblez et dansez . De toute façon vous n'avez plus le choix. Carter Tutti Void revient pour son deuxième album de musique terrifique et libératrice. 40 ans après les débuts des deux plus vieux avec leur pote Genesis P Orridge au sein de l'une des plus importantes formations de tous les temps, Throbing Gristle, 5 ans après ceux passionnant de la gamine dans l'une des formations les plus intègres et persévérantes de notre époque, Factory Floor . Je ne vous présente plus ce trio intergénérationnel tellement ils sont présents dans ce blog depuis ses débuts. Et même sa genèse ! (cf par exemple ici ). Chris Carter & Cosey Fanni Tutti. Les Thurston Moore/Kim Gordon de l' indus et du noise. Nik Void, celle qui transforme en or brut tout ce qu'elle touche. Avec f(x) autant le dire tout de suite le trio nous a offert l'un des disques les plus salvateurs de l' année. Si son prédécesseur Transverse était le croquis tailladé sur une plaque de fer rouillée, f(x) est l' oeuvre finie à coup de fer à souder et de scalpel minutieux. Le premier était le résultat brut des prestations live, le deuxième est le fruit d'un passage en studio. On retrouve donc la rythmique industrielle carrément dansante par moment sous forme de répétition ad vitam eternam d'une seule et même boucle. Ca c'est l' armature de la statue, le corps quant à lui est fait de réverbération guitaristique et de synthés assassins. F(x) c'est un peu Steve Reich et Riley à la Factory. C'est Ian Curtis et Martin Hannett qui prennent les reines des platines de l' Haçienda pour les lendemains nauséeux de Madchester. Les variations sont méticuleuses et espiègles. Et quand des voix apparaissent ce n'est que cris et râles eux aussi soumis à la réverbération. Sur le papier, ces titres sous formes de formules matheuses artificielles avec une longueur minimum de 7 minutes et le passif noisy et indus des deux plus vieux membres ont de quoi rebuter les amateurs d' hypnose transcendantale. En réalité ce disque est totalement additif et jouissif et vous vous surprendrez à l' écouter plusieurs fois jusqu'au bout de la nuit. Une étrange et ,si rare de nos jours, sensation de liberté et d' évasion spirituelle va s'emparer de votre corps et de votre esprit. Sachez rompre avec la monotonie de notre société et d'une large partie des musiques actuelles trop peureuses à l'idée de caresser à contre sens. Ces sons apparemment agressifs, ces rythmiques martiales sans démagogie, ces voix d' outre-tombe, et cette façon totalement introspective de faire de la musique forment l'oeuvre musicale la plus émancipatrice de ces dernier mois. Carter, Tutti & Void nous offrent la rédemption suprême face à des musiques ennuyeuses et dénuées totalement d ' amour, de rêve, d' espoir et de passion. Des musiques le plus souvent rétro mais surtout toujours totalement nihiliste, des divertissements sans âmes ni saveur comme le dernier chiantissime disque de Jamie XX. Des disques d' ambiance, de la muzack pour jeunes gens pas foutu de regarder devant alors que le mur n'a jamais été si proche. Il y aura toujours plus d'amour et de tendresse dans ces sons industriels et artificiels que dans les vocalises pseudo authentiques des fossoyeurs du passé. Carter Tutti Void ? Merci papy , mamie et sœurette !

  • THIS IS GQOM ou, quand Durban maltraite la House pour la révolutionner.

    Regardez bien ce visage de gamin. Un petiot qui se la joue caillera? Il peut. Cet adolescent au physique encore tendrement imprégné de l'enfance révolutionne la musique. Lui et ses potes de Durban viennent tout simplement d'inventer une nouvelle musique. C'est plutot rare en ce moment et rien que ça c'est énorme. Cinq ans après le footwork de Chicago c' est une autre ville comportant une culture ghetto qui apporte la lumière sur le monde musicale empêtré dans la redite et le revival à tout va. Ras le cul de la House au kilomètre? Go to Durban, South Africa !!! Comme l'a dit si bien le monsieur en ouverture de la mixtape "INSERT" de Kolè le nom de cette fabuleuse nouveauté se prononce comme l' élément principal de notre Bibendum Clermontois, "GOMME". Le G de Gqom symbolise en zulu le claquement de la langue contre le palais. N'essayez pas je me suis fait une entorse très handicapante pour le roulage de patin. Question patin le Gqom ne les prends pas pour débouler sur le dancefloor. Ce style original est donc apparu depuis quelques mois à Durban. Musique au son très lourd et sous influence à la fois africaine et américaine. Cela ressemble à de la house, ça peut avoir le goût de la house mais c'est franchement différent. Le peu que l'on sait du pourquoi du comment c'est de la bouche de cette ribambelle de gamins sud-africain qui innovent comme d' autres jouent au foot ou à la bille. Selon eux le Gqom résulte du très bas débit internet sur Durban et du format MP3 pourri. Ce n'est pas la première fois que ce pays se fait remarqué sur les dancefloors. Les plus anciens se souviendront de la claque "Township funk" de Dj Mujava. Un truc venu de nul-part qui attira les regards électro sur ce pays sortant à peine de l' apartheid. Un soupçon de Kwaïto avec des synthés new wave flippant au possible. Robert Smith ou Joy Division chez les zulus pour la faire crétin. Malheureusement la belle histoire se termina en queue de poisson et le bonhomme ne donna plus de réels signes de vie autant boulerversant. Depuis 2008 l' Afrique du Sud était plus connue pour son Kwaïto mué en Bacardi House (Dj Spoko) pour le coté grosse rigolade et le Shangan (Nozinja) pour le coté danse endiablée et remuage de popotin en tout genre. Mais si dans chacun de ces deux styles cités on peut y trouver un certain plaisir, le Gqom a un truc indéfinissable et terriblement ensorcelant en plus. Peut-être son charme vient de son aspect inquiétant, voir brumeux. Une house au rythme concassé si ténébreuse que cela suffit pour la différencier des autres styles du genre. Une particularité en commun avec le hit de Dj Mujava qui empêche toutes caricatures simpliste que l'on attribue habituellement aux musiques en provenance de ce continent. C'est tellement fait avec sobriété que s'en est déconcertant de simplicité. Comment n'y a-t-on pas pensé plus tôt ??? Autre caractéristique plus technique musicalement, il n'y a quasiment pas de ligne de basse. Utilisation de sample vocaux maltraités, réduits au minimum pour jouer sur la répétition de ce que l'on peut rapprocher à des onomatopées. Point commun avec le footwork. Le Gqom garde la touche funk du kwaïto mais en isolant ses éléments de base. Il se rapproche aussi de l' Europe via un son gonflé et futuriste des beats façon UK Bass. Élément de modernité absolu. Autre point commun avec notre continent, ces fameuses ambiance anxiogènes et le ressenti d' être en apesanteur qu'il procure. On ne peut que se retourner vers le grime glacial de Logos ou de Mumdance. La première fois qu'il est apparu c'est évidemment au FWD de Londres. Ce club gigantesque, le plus révolutionnaire du monde (à égalité avec les repères de la clique Janus à Berlin). Club révolutionnaire par ses choix de ligne artistique plus porté sur le coté expérimental et avant-gardiste que sur la musique mille fois rabâchée au kilomètre. Les fans Londonniens s'empressèrent de nous offrir la première vraie sortie officielle. On remerciera jamais assez Moleskin pour la création du label Goon Club Allstars et avoir ainsi rendu plus accessible cette merveille rafraîchissante et jouissive qu'est le gqom. Avant cela, nos gamins sud-africain se contentait de balancer leurs pépites sur des plateformes mp3 avec juste un peu de promotion via facebook. Allez voir du côté de Kasimp3 et tapez Gqom. C'est une incroyable fourmilière de talent en tout genre. Ils sont combien à faire du gqom? Des dizaines ou des centaines? En tout cas la plus part, par leur talent, leur imagination et leur technique innovatrice écrasent beaucoup de dj européens mille fois plus médiatisés. Le premier disque Gqom de tous les temps? Une bombe offert par Goom All Stars en Juin 2015. Son nom: Rudeboyz ep. Ses auteurs : le fameux Rudeboyz et son compère Menchess. 4 titres. 4 merveilles. Juste après la sortie du ep Rudeboyz écoeure encore tout le monde avec une mixtape déjà culte. Deux mois plus tard un autre label fait parler de lui et ce coup-ci il est originaire de l' épicentre du cataclysme Gqom, Durban. Gqom Oh ! qu'il s'appelle. Encore une fois un ep et plusieurs artistes. "The sound of Durban" comporte des titres de Mafia Boyz, Cruel Boyz et surtout, du petit génie en photo sur cet article, Citizen Boy. La particularité de ce ep c'est que Gqom Oh! la joué plus prudent que Rudeboyz. Pour se faire accepter ils ont remixé à la sauce Durban des titres populaires hyper référencés. Un peu comme le footwork de Chicago à ses débuts. De toute façon l' effet reste le même face à autant de talent et d'originalités. Vous seriez surpris par exemple de la relecture prodigieuse qu'ils ont fait subir à la voix trop entendue d' Adele . Rythmique concassée typique et synthés oppressants plus un sample de l' anglaise maltraité jouant sur la répétition. Il n' en faut pas plus pour nous offrir une autre tuerie pour dancefloor. Gqom Oh ne s' arrêtera pas là en 2015. Ils annoncent une compilation avec la crème du mouvement. Compilation d' hors et déjà à ranger à coté des légendaires Bangs & Works de Planet Mu pour le footwork dans le rayon des compiles légendaires symbole d'un genre comme Nuggets , No Wave ou les Hitsville. En attendant ils nous régalent eux aussi de mixtape plus hallucinantes les unes que les autres comme celle qui est en lecture automatique plus haut et cette dernière produite pour le Unsound Festival. Si Rudeboyz a tapé très fort avec son titre Get Down dans la catégorie classique d'un genre le meilleur de Citizen Boy n'est pas encore sorti sur disque à ce jour mais il existe. Ce chef d' oeuvre Gqom se nomme "Deep Gqomu" et n'a absolument rien à envier au "Township funk" de Dj Mujava. Il est téléchargeable ici. Le Gqom ? La House du futur. On en reparlera à tous les coups dans quelques années.

  • Circuit des Yeux ou, THE VOICE

    On connaît tous cette petite complication de la vie. On veut rester soi-même mais comme disait les anciens "il faut savoir mettre de l' eau dans son vin". Le naturel et la liberté risque vous fâcher avec les habitudes et les frustrations des autres. Quel sont les limites du compromis. Mais est-ce justement toujours par un compromis mou qu'il faut en passer ? La musique comme toute autre forme d' art nous offre une autre solution. L' imagination. Cette dernière peut à la fois nous permettre d' être accepté ou du moins de rester nous même. Haley Fohr est revenu cette été pour enchanter nos chaudes et longues nuits étoilées. Son 5 ème album, "In plain speech", répond à toutes ces questions qu'elle a été amenée elle aussi à se poser. "In plain speech" marque son passage à l' âge adulte. Un passage surtout pas synonyme d' enfermement dans sa bulle comme cela peut arriver. L' affirmation d'un talent pure, d'une des plus grandes voix de la scène indie et d'une sensibilité rare. A la suite de son précédent album, "Overdue", Haley Fhor s'embarqua dans une tournée qui se révéla très difficile à supporter. Déçue et troublée qu'elle était par l' accueil et certaines réactions du publique indie américains, surtout au sujet de sa voix, la demoiselle avait donc pas trente six solutions. Soit miser sur une instrumentation plus riche et mettre moins en avant sa magnifique voix. Soit continuer par mépris pour la moquerie facile et l'incompréhension avec sa voix et un minimum d' instruments. Finalement la belle a fait le meilleur choix. Plutot que jouer l' artiste solitaire qui est le seul à comprendre son art elle décida d' entamer un vrai dialogue avec l' auditeur. Mais attention, pas de compromis, ni de démagogie, ni d' arrogance déplacée via une débauche de virtuosité vocale. Circuit des Yeux c' est l' anti-Anna Calvi par excellence. Sa voix est donc encore plus assumée sur son dernier "In plain speach", et en prime, c'est toute une tripotée de musiciens qui l' ont accompagné sur l' enregistrement. Résultat, moins revêche que "Overdue", ce dernier effort tient toutes les promesses que l'on espérait depuis 3 ans. Toujours incantatoire sans être barbant, expérimental sans perdre les amateurs de belles envolées lyriques et pop. Elle garde également ses belles pratiques bruitistes et dronesques. Circuits Des yeux comblera tout le monde. Elle qui nous offrait une musique de solitaire s'est donc mise à une sorte d' inter activité. Ils est courant tout au long de l' album de l'entendre s' adresser à nous directement. Elle explique qu'après des album quasiment fait en solo et une vie monacale d' étudiante en expérimentation. , le poids de la solitude était devenu après son diplôme et Overdue devenu trop lourd. Alors bien sûr la comparaison avec Nico va se pointer à nouveau. Mais un autre nom déboule dans nos penser face à son phrasé et son barython. Le Scott Walker de ces quinze dernières années. Peut être aussi les cordes bien plus présentes qu' autrefois. Si ce dernier parlait beaucoup de la maladie et de de la mort sur "Bish Bosh", comme à ses débuts, Circuit des Yeux nous emmène au fin fond des âmes sombres à la découverte des plus belles étincelles d' espoir en cette terrible année 2015.

  • GIRL BAND, guitares pas comme les autres

    Dès sa sortie je me suis dessus jeté entre euphorie et craintes . "Holding Hands With Jamie" le premier album des inespérés Girl Hand allait-il nous emporter ou décevoir? C' est une claque monumentale. Je sais cette expression est agaçante tellement elle a été utilisée à tord ces dernières années. Combien de nouvelles formations annoncées comme des révolutionnaires de la guitare qui au final se sont révélées être de simples copieurs bien trop sage. Le premier album de Girl Band confirme toutes les attentes et bien plus. C' est une énorme surprise tellement en l' espace de 5 mois ces irlandais ont haussé le ton. J' avais adoré le Ep "The Early Years" mais il va falloir reconnaître qu' à côté de l' album il passe pour une ébauche maladroite mais agréable. En 9 titres Girl Band explose tout sur son passage et surtout 99% de la concurrence. Non seulement Girl Band ne ressemble à aucun de ses contemporains mais en plus utiliser des références ne va pas franchement aider à bien définir leur musique. Alors bien sûr le chant et les paroles évoquent Mark E Smith mais dans une version inédite à l' énergie sidérante. Ses textes parlent de dépression et de psychose d' une manière bien plus émouvantes que ceux de Smith. Bien sûr ces types ont écouté Liars et la scène Noise, il y a beaucoup de Post Punk dans leurs intentions et leur liberté, mais il devient ardu de les résumer à deux ou trois noms. Ils n' ont pas menti quand ils expliquaient vouloir jouer de la guitares comme s' ils faisaient de l' électro avec l' utilisation du sampler. Les promesses sont tenues quand chez d' autres ils ont été vite obliées. Les structures classiques de chanson volent en éclat mais si l' auditeur est perdu au début assez vite il va être ensorcelé par ce nouvel univers musical qui se crée sous ses yeux. Il y a une dynamique impressionnante et la tension et maintenue sur chacun des titres. Ce groupe est d' une homogénéité inouï. Le guitariste sort de son instrument des sonorités et des textures bluffantes, le bassiste m' épate par ses trajectoires aléatoires et imprévisibles qui font retomber toujours sur leurs pieds quant au batteur il est tout simplement bluffant. J' ai retrouvé le frisson ressenti pendant la Route Du Rock. Ce vieux frisson synonyme de découverte d' un univers musicale inédit qui transcende ce que l'on appelait juste avant de la musique.

  • GIRL BAND, des sauveurs pour les guitares?

    Sorti ce printemps j' ai enfin le temps de parler du premier Ep de Girl Band. Ces irlandais venus de nul part sont devenus depuis leur sensationnelle prestation à la Route du Rock (par là) mes chouchous du moment. Le ep m' avait tellement épaté que franchement je craignais une arnaque et attendait impatiemment de les voir en live pour définitivement craquer. Trop beau pour être vrai. Moi qui passe mon temps à pester au sujet de l' état pitoyable des guitares Indies j' attendai ces types depuis trop longtemps. "The Early Years" en a peine 5 titres, dont deux reprises, balance à la poubelle tout ce que les jeunes copieurs de l' âge d' or de la Dance Punk ont tenté de plagier bêtement. Peut être parce qu' ils en ont plus dans le ciboulot et que leur objectif n' est pas de faire danser les gogos nostalgiques en festival avec l' énergie du désespoir des types conscients de leur recette facile. Ces mecs sont un groupe de rock par leurs instruments mais font autre chose. Ils le disent eux même. Faire de la musique comme ceux l' électro. Donc toutes les traditions harmoniques et mélodiques rocks des suiveurs à la poubelles. Ces fans de Daft Punk sont capable en suivant les pas de leurs idoles françaises de reprendre les gentillets Beat Happening pour les sortir de la nunucherie Twee Pop dans laquelle les neuneus les ont enfermé à coup de reprises inutile pour les propulser chez Sonic Youth. Autre reprise, le monstrueux "Why they hide Their Bodies under my Garage", qui prouve que ce groupe n' a pas d' œillères, celle du duo Techno Industrielle Blawan. On pense à Liars mais il y a quelque chose en plus. Une personnalité, une production et probablement d' autres objectifs cachés parce que pas tout à fait les même influences. Girld Band semble suivre la mode mais avec des oreilles partout. "The Lawman" est une bombe à retardement. Tu as l' impression de l' avoir entendu mille fois et tu crains de te lasser mais très vite il va ailleurs et te propulse hors de ton confort. En fait il est devenu un classique instantanément dans ton esprit tant ce titre est prodigieux. Bonne nouvelle, ils annoncent pour la fin du mois leur premier album chez Rough Trade. Histoire de vérifier si le concert et cet Ep ne sont pas des mirages créés par notre soif de nouveauté chez les guitares.

  • ROUTE DU ROCK 2015. Comment quatre princesses s'emparèrent du trône abandonné par la reine mère

    Quoi de mieux pour le meilleurs festival rock d' été qu'une édition chaotique pour fêter sa 25 ème fois. En 20 ans je n' avais vécu une Route du Rock qui ressemblait émotionnellement autant à des montagnes russes. La joie, la déception, l' émotion la plus intense, les frustrations les plus rudes. La plénitude chassant l' angoisse à l'image de la météo. La pluie et le vent disparaissent en un claquement de doigt à l' ouverture des portes, quelques gouttes histoire de rappeler que dieu est indie mais que monsieur s'est bien amuser à taquiner les organisateurs et le public. Le cadeau de cette édition anniversaire, la reine mère islandaise, annule et nous interroge sur la définition du mot professionnalisme et son association au terme "Artiste", un groupe anglais autrefois adoré la remplace et manque d'annuler à son tour. Une bataille de paille magique, des lancés de boue via les gobelets recyclable, un site enfin bien agencé, des hippies entreprenantes et les légendaires chèvres toujours présentes. Du haut de ces remparts 25 ans de merveilles musicales et de chèvritude vous contemplent. Enfin et surtout la version 2015 sera à classer dans les grands crus par la grâce d'un seul concert. Dans mon panthéon personnel PJ Harvey et Portishead en 1998 (et 2014 pour les derniers) étaient inaccessibles en émotion. Il me venait toujours une excuse pour ne pas perturber ma hiérarchie. Nick Cave par exemple aurait pu mais (malhonnêtement ou judicieusement) je prétextais le fait qu'un Nick Cave plus jeune, ça aurait possédé plus de gueule et de pèche. Et puis un regard déjà croisé en 2012 revint transpercer nos âmes et nos coeurs. Un regard, un corps au pieds nus en équilibre sur une barrière, les abysses d'un coté, le paradis de l' autre. Cette édition chaotique commença bien malgré elle le 5 Août à 10 heure du matin. Bjork annule sa tournée européenne. La mémère islandaise par son geste amena moult réflexion dans la petite tête de votre serviteur. La colère et l' effroi laissèrent la place à bon nombres de questions que tout fan de musique devrait se poser. Selon la dame le sujet de son dernier album, la séparation, devenait trop lourd à présenter en public. Vrai ou fausse excuse, la réalité est toujours complexe, Bjork questionne surtout sur le lien entre oeuvre artistique et l' intime. Outre le débat du style Christine Angot qui est de savoir si exposer sa vie personnelle à travers son art est de l' exhibitionnisme déplacé, sa défection prouve que c' est avant tout une terrible prise de danger pour l'artiste lui même. Si notre époque voit les nouveaux groupes se succèder à un rythme frénétique elle dévoile aussi une sensation face à ce flux de formation qu'ils sont interchangeable et que finalement un manque de profondeur et d' âme apparait. Il est à s' interroger de savoir si l' épisode Bjork est un mal pour un bien salvateur. La chanteuse depuis ses débuts a sans cesse fait preuve d'un investissement hors norme et d'une honnêteté rare. C'est à cause de ça avec bien sûr son talent que Bjork possède la stature qui est la sienne. Un artiste est un professionnel comme un autre qui doit répondre à ses obligations? La réponse parait évidente mais ne l'oublie-ton pas pas trop souvent. Dans ce blog je passe mon temps a traiter de la musique populaire comme une forme d' art avec un fond et une forme plutot que comme un simple produit de consommation que l'on décrit par une énumération sans fin d' adjectifs. Je comprend la déception des fans mais ne devenons-nous pas de simple consommateur en réagissant violemment? N' adoptons-nous pas l' attitude infantile trop présente qui est "je paie donc j'ai tous les droits". Quelque soient les conséquences. Tu veux des "pros" sur scène, toujours présents, qui jouent malgré tout ce qu'une vie peut amener comme complication? Vas voir des robots tel U2 ou Beyonce et leur machinerie bien huilée et ne t'étonnes pas qu'il manque de l' âme. Y' a toujours un prix à payer. Un artiste doit-il être à votre service comme un commerçant de fruits et légumes? Alors faudra m' expliquer ce petit coté totalement humain que tout le monde raconte regretter chez Jim Morrisson bourré, Kurt Cobain déprimé, une Beth Gibons statique et la franchise de Mark E Smith. Pourquoi c'est quand il y a des couaques qu'une certaine magie opère. En fait je pense que le seul vrai tord accordable à Bjork n'est pas d' avoir poser un lapin à son public mais à une association à l'intégrité absolue qui lutte dans une industrie musicale devenue sans pitié face au consumérisme triomphant. Conclusion, RDR et Bjork : un simple rendez-vous logique mais manqué pour cause de Burn Out Artistique. Qu'est-ce qu'un disque culte ? Alors bien sûr le loupé islandais a servi les blagues sarcastiques de Mark Kozelek dès la soirée inaugurale à la Nouvelle Vague. Set maîtrisé laissant également une large place à l'impro, Sun Kill Moon en ouverture restera l'un des grands moment du festival. Kozelek a réglé le problème des portables et des photos en concert. Tu les fauches à leur proprio et tu te contentes de vivre l'instant présent. Ce qui est déjà un geste énorme contre l' image et le divertissement triomphant. Les chansons solides et un peu retravaillées issues de "Benji" ont une nouvelle fois prouvé qu' avec ce disque Kozelek est l'un des plus grands chanteurs/improvisateurs du moment et qu'il tient là son chef d' oeuvre absolu appelé à devenir culte. Et comme c'est un grand il se permis le luxe d'une reprise de Nick Cave en hommage au fils de ce dernier tragiquement disparu. Reprise à ranger d' office dans la catégorie très rare des cover réussies de l' australien. A propos de disque culte toujours les Notwist et Ride ont eux aussi amené à la réflexion. Au bout de 25 ans de passion musicale indie qui t'ont fait écouter tout ce qui a été enregistré ou au moins ce qui a compté tu te réveilles un bon matin et tu apprends que "Neon Golden" est devenu culte alors que "Nowhere" autrefois la risée d'une certaine presse y a enfin accédé plus lentement comme il se devait. "Neon Golden" ? Un disque parmi tant d' autres petites pépites de deuxième division indie dans ma collection. Avec le recule je pense que l' aspect culte est surtout venu du fait qu'il représentait à sa sortie la rencontre parfaite entre le coté pop indie sentimentaliste et le glitch électro tant appris chez Warp et autres. Un disque crossover entre deux mondes qui allaient s' éloigner après plusieurs rencontres fructueuses. Un disque qui avait avant tout la qualité d' exister si ce n'est de révolutionner son époque. Une époque où l'indie aventurière et innovatrice allait faire place au revivalisme ghettoïsant et nostalgique du renouveau rock (Strokes, White Stripes et les Libertines). Bien en dessous de la portée artistique, révolutionnaire et sentimentale du "Nowhere" des Ride présent le dernier soir. Les deux prestations allèrent dans le sens de ma pensée. Le set des allemands à malheureusement prouvé que, malgré un travail laissant place à une improvisation bien trop prévisible et mille fois vue, leur fameux disque était bien foutu mais franchement pas un "classique" ni une "claque". Je risquerai la caricature je dirai que Notwist m'a plus laissé l'impression d'une récitation très lèchée et disciplinée comme seules savent faire les allemands. Si il y avait de l'émotion et une certaine naïveté en 2001 je ne l'ai plus ressenti à la Nouvelle Vague. Pire, c'est un certain calcul froid qui m' a parfois sauté aux yeux. Certains disques vieillissent plus mal que d' autres. Ride quant à eux se sont juste contenter de répéter leur titres et ont encore une fois prouvé que le culte autour des formations shoegaze est mérité. Comment ne pas aimer cette alliance parfaite d'un songwritting indie pop classique et d'un amour immodéré pour le bruits et les textures sonores. Le choc ressenti en 1991 face à ces paroles et ces voix mélancoliques rencontrant la fureur bruitiste causés provenant des pédales d' effets. Ces coups de massue donnée par un batteur se lachant tel un Keith Moon et cette putain de basse lorgnant à la fois sur le post-punk et le funk de Madchester. Magistrale démonstration de la puissance britanique dans le monde indie du début 90's. Les déceptions et ceux qu'on oubliera tout simplement, prévisibles ou pas. Malheureusement c'est la vie. Tout ne peut pas être parfait. 2015 n'y a pas échapper. Certains concert vous laissent le goût amer de l'ennui totale. Vous y alliez sans conviction en espérant juste une bonne surprise mais elle n' arrivera pas. Ratatat me rappela qu'ils ont eux aussi pas sorti de "classique" à part peut-être leur LP éponyme mais c' était il y a ...11 ans. Depuis plus rien de passionnant. Donc sentiment d' avoir à faire à un radotage un peu trop tape à l' oeil à l' instar d' un aspect visuel via des vidéos lui aussi un brin m'as-tu vu et ringard. Dans le même style "on a adoré mais franchement là on a honte de s' afficher avec" je demande Lindstrom qui n' a gardé du space disco aventureux de son "Where you go i go too" de 2008 (7 ans déjà ) que le coté plan-plan du disco. La magie space a du restée à Oslo. Il y a ceux dont on attendait rien et dont il n'est rien venu justement. La blague indie de l' été Hinds. Pour le cas des ninas espagnoles ce n'est pas leur manque de professionnalisation qu'il faut blâmer, au contraire, je trouve ça rafraîchissant les voix qui déraille et les fausses notes, c'est plutot le manque total d' originalité et l' aspect rétro de l' ensemble. Tout comme Only Real qui après le peu que j'ai vu confirme son statut de Di Marco bis. C'est mimi, c'est bien fait, ça veut être fun mais franchement c'est que du pur divertissement. De la muzzack pour festival et apéro dînatoire. Quand on sait ce que DWTN pense du clown Di Marco c'est dire le désintérêt face à son suceur de roue british. Rone après un disque sans intérêt n'a pas pu caché trop longtemps ses grosse ficelles et sa non prise de risque si traditionnelle chez une majorité d' artistes français électro. Le jour où nos compatriotes vont découvrir des types comme Logos, Lotic, Powell ou Andy Stott avec leurs manière si bizarre de redéfinir ce que doit être la pratique du dancefloor et du mix, bref un endroit pas fait seulement pour remuer son joli corps bronzé, mais aussi pour avoir la peur, pleurer ou réfléchir. Jay Reatard après le psychédélisme assaisonnant cette vieille épave qu'est le garage s' est attaqué à Black Sabbath et des choses plus rude de sa collection de disque. J' avoue que Fuzz m' a un peu surpris dans le bon sens au début mais une fois mis de coté la supériorité du bonhomme sur une scène garage bornée et sans intérêt dans sa quête d' authenticité trompeuse l' ennui s'est vite pointé. Un hamburger fait maison sera toujours meilleurs que sa version mc Do mais n' aura jamais la classe d'un homard cuisiné originalement par un grand chef. Et puis surtout comment se laisser emporté par le garage omniprésent, cette anormalité temporelle ghettoïsant l' esprit. Jay a du talent, mais c'est un gâchis de passer sa à pasticher le passé. Et en plus les visages maquillés n' arrivent plus à cacher la lassitude du roi du garage. Je croyais que le garage était anti-artifice et pro-authenticité? Peut-être le miracle va avoir lieu et ce petit génie va laisser les copains dans le garage de popo-moman? Et parfois c'est plus de la déception, c'est de la colère. Dans le genre "faut qu'on m'explique" , que foutait sur la grande scène Timber Timbre? 10 ans d' existence, 5 albums et pas un seul truc jouissif. Un micro culte certes mais un micro culte quasi-exclusivement ...français. Ceci explique peut être celà mais aussi la disponibilité plus grande des groupes moins demandés à l' étranger (on se demande bien pourquoi ?) et le lobbiying Canadien en France. Je comprend que les junkies en manque de Tindersticks et Nick Cave puissent s'en contenter mais la méthadone ce ne sera jamais de l'opium. Songwritting se résumant à un malin assemblage de connaissance totalement dénué d'originalité et d'une personnalité forte. Ils jouent à faire comme , pas à être soi-même. Et en plus ils ont décidé de forcer sur le coté rock pour s' adapter au format festival. Pensée émues pour la première prestations sans compromis des Tindersticks dans le même lieu il y a si longtemps. Mais si comme je vous le disait précédemment 2015 restera l' année du concert gigantesque de ... bipp... que dire de l'une de mes plus grandes déceptions de 20 ans de RDR. En 2011 Dan Deacon fut un cataclysme au point que c'est à la suite de l' hystérie collective provoquée par le bonhomme que les organisateurs avaient décidé pour des raisons de sécu d'une deuxième scène bien plus grandes. Ses deux premiers albums avec leur électro furibarde et aventureuse m' avait tout bonnement mis à terre. Envolées lyrique, coté cartoon se disputant avec un bruitisme digne des Fuck Buttons ou Pete Swanson. 4 ans plus tard toujours pour des raison de " sécurité" mais cette fois de la sienne j' évitai soigneusement de croiser le même homme. Ses deux derniers disques avaient bien dévoilé un Deacon capable de grandiloquences gênantes ("America") et d'un retour à la normalité la plus chiante mais je rèvais de passer un putain de bon moment de jouissance musicale ou communautaire. Son concert 2015 me fit gerber. Le petit coté gentil animateur hippie lo-fi " tout le monde il est beau tout il est gentil "de 2011 à laisser la place à un espèce de clown du music hall qui s' auto caricature. John Lydon nous l' avait pourtant dit, y'a pas plus réac et tricheurs que les hippies et les babes. Un type qui veut votre bonheur quitte à interdire avec un humour pitoyable et un brin vulgaire un pogo . Monsieur Deacon si vous voulez la jouer peace & love n'oubliez pas aussi le concept "il est interdit d' interdire". Plutot que diaboliser et ridiculiser trois ou quatre gamin un brin enthousiasme ou neuneu j' aurai préféré vous voir plus porté sur le dialogue que sur le monologue. Vous avez confondu communion avec son public avec manipulation et spectacle. Ah au fait, à propos de dialogue, en France ça peut vous paraître bizarre mais peu de gens parlent anglais. Donc votre blabla à la manière des prédicateurs, ils comprennent rien les jeunes. Ce qui est con et franchement contradictoire quand dans certaines interviews et chansons vous vous faites l' ardent geek pourfendeur de l' impérialisme américains. En fait votre dernière prestation en était un exemple parfait. Terrible passage du second au premier degré. Coté musicale il n'y a plus rien si ce n'est de la redite, de la roue libre, ce que je croyais impossible chez le Deacon version 2011. Je reconnais que vous en avez converti de nouveaux fidèles avec votre force de conviction. Mais à part une ou deux exceptions ces gens n' étaient pas là en 2011 et ne vous connaissez pas. Quel va être leur fussoir quand ils vont découvrir votre discographie dans le sens chronologique. Vont-ils le faire justement? Je me demande justement si ça vous intéresse l' avis des autres. Les bon concerts attendus et les bonnes surprises. Foals après l' abandon de l' héritage post-punk (ou virage FM, c'est comme on veut) depuis deux lp ils remplacèrent donc au pied levé la mémère. N' attendant donc rien de tonitruant je misais sur leur qualité indéniable sur scène pour doper les morceaux récents un rien crispant sur disque et faire passer la dragée FM/stadium. Mission réussit malgré un bassiste remplaçant. Peut-être pas le frisson de leur deux premiers passages au fort mais loin d' être grossier le concert fut agréable et honnête. Foals? Un groupe que l'on a pas envie de détester. Wand et The district me surprirent eux aussi en se révélant parfois intriguant. Si n'est une reprise pitoyable des Doors pour les premiers. Et le père Thurston Moore me direz-vous? Parfait et toujours fringuant. Seul truc prévisible à déplorer. Le remplaçant de Steve Shelley n' était pas du même gabarit que son prédécesseur. Bien sûr le grand blond sans les autres membres de qui vous savez c'est pas pareil . Conclusion : y'en a avait pas un de remplaçable dans la formation et surtout l' alchimie au sein Sonic Youth était un cadeau béni des dieu et expliquait bien du miracle New Yorkais. Kiasmos a reçu un super accueil plus que mérité. Si leur musique se révélait profondément planante et introspective sur leur disque ils réussirent à bien sortir le public de sa torpeur estivale et transformer le fort en fjord nordique.Ce qui n' était pas gagné en passant en premier et sous le soleil d' aout. Cf par ici pour en savoir plus (http://dancingwiththenoise.blogspot.fr/2014/11/en-passant-kiasmos-du-violon-sur-le.html. Tout sauf une surprise. Comme Spectres et Viet Cong. Disques parfaits sortis en début d' année (voir ici et là pour les chroniques DWTN) et concert parfait. Avalanche sonore shoegaze et noisy pour Spectres, post-punk impeccable pour Viet Cong même si ce sont de vrai diésels avec début de set mou et la voix méconnaissable tellement devenue rocailleuse et éloignée de ses habituelles intonations à la Interpol. Daniel Avery avec sa relecture de 30 ans d' électro a réussi à me convaincre gentiment là où Disclosure m' avait agacé. Moins rentre dedans, démago et rat de discothèque comme sur son premier album il nous a finalement délivré un mix sobre et parfait même si c'était au risque de décevoir ceux qui attendaient une tornade façon Big Beat et Chemical Brothers. Les révélations et le top du top. Tout d' abord parlons du plus beau déhanché du festival. Father John Misty. Le bonhomme par sa prestation "spectaculaire" a soit agacé, soit charmé. C'est vrai que le bonhomme fait dans pas dans la demi-mesure mais la théâtralité ne m'a pas vraiment choqué personnellement. Un peu de sensualité mêlée à de la déconne ça fait pas de mal. Le personnage est attachant et sa prestation m' a apparu bien plus rafraichissante que celle si millimétrée et calculée du pathétique Dan Deacon ou de Fuzz. Mais revenons à l' essentiel, la musique. Quand son album est sorti en début d' année je l' ai tout de suite rangé dans la case "faille spatio-temporelle". Mais depuis je me suis surpris à y regoûter souvent et ce disque joli sans plus mais est devenu attachant . En se la jouant à fond l' ex des Fleet Foxes a finalement réussi ,dans un genre différent rétro, à prendre une place similaire que celles des Temples l' an dernier. Pas de réelle originalité mais un putain de songwritting au top teinté d'une vraie émotion et d'une critique sarcastique du temps présent. Il est le bon côté de la médaille partagée avec Timber Trimbre. Avalanche de références mais ce coup-ci portées par une vraie forte personnalité qui ne surjoue pas. Le Father peut faire son mariolle, sa musique et sa sincérité sont son gage. Ils étaient attendus comme les futurs Tv on The Radio version 2015 et les Algiers n'ont franchement pas déçu et la comparaison va devenir inutile et hors propos. Plus poignant encore que sur leur très beau premier album, plus sauvage et encore plus intrigant. Les influences indus/post-punks sont encore plus visibles en live et donnent à l' ensemble de l' originalité que l'on entrevoit sur disque. Son chanteur Franklin James Fisher (prof en Bretagne dans une autre vie) éclabousse tout sur son passage par sa force, sa sincérité et sa classe. Il m' a laissé une impression encore plus forte que Tunde Adebimpe avec les TV. Mais attention , je le répète, la comparaison entre les deux groupes s' arrête là même si la guitare reluque parfois dans les vapeurs sonores shoegaze ou noisy tant inspiratrices pour le David Sitek des débuts. Il y a un mystère Algiers. Comment font-ils pour nous envouter à ce point-là. Bien sûr phrasé gospelien mais combien nous ont fait le coup par le passé. Le mélange rare indus-gospel après Soft Moon la veille ça ne pouvait pas sur le papier être une réponse suffisante. Le contenu hautement politique tout sauf démago y est pour quelque chose. Peut être le choc antre l' atonalité musicale et les incantations du chanteur. Ils me font penser à un autre grand disque politique 2015 dans un style musicale éloigné, le merveilleux Jam City ou aussi à celui de Gazelle Twin de l'an dernier. Comme les deux cités Algiers nous pond une pop pas vintage pour deux sous. Une pop du présent si pas du futur, musicalement. A une époque où on peut pas vraiment dire que beaucoup de formation indie offre un contenu philosophique et politique solide tout en collant à leur époque Algiers avec une alchimie magnifique délivre de l' émotion pure, du fond et de la forme nouvelle. Et enfin et surtout, malgré les apparences, je le réitère, cette musique est bien plus révolutionnaire qu' elle ne l' est. Originales furent les Algiers, originales et avec encore moins de compromis furent les gamins de Dublin, Girl Band. Enorme coup pied bruitiste au cul . Si l' héritage Liars est visible les gosses offrent une musique bien différente. Si Liars s'est mis aux synthés et regarde du coté de l' électro avec un classicisme parfois trop sage dans la manière, les Girl Band offrent de l'inespéré ou tout du moins promettent ce que l'on attendait plus. La volonté de faire sonner et d' utiliser les guitares comme jamais autrefois. Comme Sonic Youth, MBV ou Main il y a bien longtemps. Leur son et surtout les textures sonores avaient plus à voir avec l' électro qu' avec le rock et son héritage country/blues. Question de technique. La technique oublie aussi les influences jazzy du post-rock et les vapeurs shoegaze de Mogwai. Ils utilisent les guitares comme un sampler ou un synthé. Des accords chez Girl Band, oui, mais comme chez Thurston Moore ils sont déchiquetés, maltraités, transformés. Le chanteur, ne calcule pas, si il ressemble physiquement à Kurt Cobain ce n'est que dans l' apparence au repos seulement. Il hurle, gémit et bouge différemment. Le travail de chaque membre est de toute façon à observer avec minutie comme il était chez ceux de Ride 25 ans plus tôt. Il se passe quelque chose de fort, nouveau et totalement jouissif. Le tout avec une franchise purificatrice face au garage rock et l'indie-pop puant de la chaussette. Une question me turlupinait. Soft Moon allait-il enfin être digne réellement de son premier et de son dernier disque. Allait-il offrir en prime des tueries electro pop noisy de son récent "Deeper" du boucan bien plus audacieux. Réponse positive. Bien sûr on est encore loin de l' effroi et de la stupeur de la nouvelle scène dark triomphant dans ce blog. Ce n'est pas Vatican Shadow question noirceur ou Perc pour le tabassage et encore moins la complexité d'un Powell mais ce type entrouvre sans compromis des portes que le public indie n' aurait jamais osé s'en approcher. Ainsi beaucoup ont enfin remarqué et apprécié le parti pris de chansons au format court s' arrêtant net et la non-systématisation du traditionnel schéma des lentes montées de lave sonore. Tu plonges direct dans son univers indus/noisy et sans passer par la case trempette de la nuque pour les frileux. Vous l' aurez compris, comme depuis quelques années sur disque, le style grand gagnant de la Route du Rock 2015 c'est tout ce qui touche de près ou de loin au Post-Punk. Ce sommet musicale de liberté artistique, de prise de position politique et de critique sociale triomphant entre 1977 et 1982. Une période égale au 60's. Et le grand moment de la Route du Rock 2015 ne fera pas exception. En 2012 DWTN écrivait ceci:" Les doutes ont été vite dissipés. Jenny Beth est l' antithèse de ceux que j' ai étripé précédemment. Il fallait voir ce putain de regard pour comprendre que tous les Alt J et Breton de la terre ne sont que du vide. Oui, elle ressemble à la fille cachée de Siouxie et Ian Curtis avec sa coupe de cheveux et sa gestuelle. Oui, sa musique ressemble fortement à tout ce que j' adore, Pop Group, Swell Maps, Raincoats, The Slits. Oui c' est du revivalisme. Mais un putain de revivalisme bien dans notre époque. Le post-punk joué et vécu comme ça aura toujours sa place dans toutes les époques de l' histoire".En 2015: le "putain de regard" était encore plus intense, Siouxie balancée aux oubliettes et Ian a enfin trouvé son équivalent frenchy. Comment décrire ce concert. Une semaine après les mots me manque. La musique? Je ne sais plus. La prestation scénique? Des bribes. Des bribes d'un magnifique rêve éveillé. Mais surtout le sentiment d' avoir subi un choc émotionnel intense. J' ai retrouvé les mêmes expressions dans une large partie du public que celles vues après les sets de PJ Harvey et Portishead. Des humains hébétés, les yeux brillants mais le regard dans le vide. Les gorges nouées de certains. Pas vraiment d' exclamations du style "c'est énorme" ou "claque". Les spécialistes du débriefing se révélèrent bien muets. Des ombres titubant retournant à leur quotidien de festivalier. Il s'est passé un truc. Ce qui me reste de lucidité peut juste me permettre de vous dire que le groupe a progressé sur scène, que Jenny se lache sur le coté show mais avec une classe magistrale sans tomber dans la vulgarité. Il se dégage de ce bout de femme une force et à la fois une sincérité hallucinante. Ses copines font bloc et surprennent à chaque instant. Les vieux titres sont retravaillés pour permettre la surprise inespérée. Les nouveaux semblent encore plus direct, brutaux et viscéraux. Un exemple de la grande classe de la grande dame, alors que d' autres se seraient empressés dans un but plus ou moins démago de nous raconter que ce festival est génial (comme certainement le font-ils à chaque festival) la Jenny a attendu d' avoir mis KO tout le monde et la fin du concert pour une touchante vérité. "La première fois que je suis venue j' avais 15 ans et j' étais là!" et de pointer du doigt le coté gauche de la scène. Quel plus beau cadeau que celui-ci pour la Route du Rock qui fêtait sa 25 ème fois. Bien entendu le prochain album nous éclaircira l' esprit sur le choc Savages de cet inoubliable soirée du Dimanche 16 Août. Mais si le miracle n' a pas lieu une nouvelle fois, si ce disque s' avère décevant, ce moment si fort alors encore inexplicable suffira à lui seul pour que Savages et cette éditions rentrent dans le panthéon des plus belle Route du Rock.

  • Black Zone Myth Chant ou, un chaman moderne.

    Une fois n'est pas coutume nous allons parler d'un français. Et pas de n'importe lequel. Je vais m' enthousiasmer pour le grand disque français de ce début 2015. Titre honorifique partagé avec le retour de la géniale Collen avec son tout aussi envoutant "Captain of None". Le "Mane Thecel Phares" de Black Zone Myth Chant. Derrière ce pseudo tant symbolique de sa musique se cache High Wolf, grand amateur d' expérimentation et d'inconnu. Le bonhomme offre le disque français que je n'espérais plus. Piochant à la fois dans un lointain passé et dans les sonorités et styles contemporains futuristes il réussit à ne pas tomber dans le travers français habituel, copiage impersonnel. Il le transcende et délivre un disque prodigieux pouvant tenir aisément le rôle de jalon pour les autres artistes hexagonaux et ne souffrant pas d'un quelconque défaut face à la concurrence étrangère. En un seul titre vous allez comprendre pourquoi ce "Mane Thecel Phares" est si important. C'est "In the Arms of Parcae". Il commence calmement par une sonorité basse répétitive puis c' est une nappe de synthé cher à Daniel Lopatin qui rapplique évoquant le courant moderne et nostalgique de la vaporwave, le clinquant du maximaliste et le choc avant-guardiste de l' Uk Bass. La modernité saute donc aux oreilles immédiatement mais la claque arrive juste après via la rythmique. On sait le type amoureux des polyrythmies africaines mais en une seconde nous ne sommes plus en Afrique, nous avons franchi l' océan et atterri à ...Chicago:!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Cette rythmique n' est rien d' autre que du footwork. Un footwork défoncé, enfumé, dénaturé comme si vous le dansiez sous l' eau. Sensation de lenteur ou d' engourdissement provoqué par la pression et la résistance du liquide. Quand High Wolf à lancé son nouveau projet de Black Zone Myth Chant c'était avec "Straight Cassette". Une sorte de musique hybride malaxant beaucoup de hip hop à la manière du Chopped and screwed inventé par le regretté dj Screw. Ralentissement, son à la fois doux et pesant. L'influence de Screw avait déjà été abordé ici quand j' avais parlé de Tri Angle records et de la Witch House. De la Witch House BZMC en est très proche avec ses samples ralentis comportant des voix venues d' outre tombe ou plutot d' époque lointaine. Si la Witch House comme son nom l' indique se réfère aux sorcières du Moyen Age la musique de BZMC reluque plutot sur les rites africains et vaudou des Antilles et du sud des Etats Unis ainsi que la culture indienne chamanique . High Wolk s' affranchit des grands noms cités et des styles par le choix de ses samples et ce qu'il en fait. Sur ce deuxième album leur richesse et leur variété sont sans aucunes mesures avec ceux de "Straigh Cassette" et cela lui laisse le champ libre pour partir dans l' étrange et le jamais entendu. Nouveauté encore une fois et preuve d' ouverture d' esprit totale, l' électronique analogique qui rapplique dès que l'on n' attend pas. Cette dernière peut citer l' EDM et l'instant d' après vous voici face à de la Marimba. Bien évidemment entre ses influences de rites d'un autre âge et la présence électronique on ne peut que penser à l' afro-futurisme d'un Sun Ra ou d'un Herbie Hancock mais je le répette BZMC dépasse tout ça et évite la caricature. "Orbit Slut" avec son aspect brutale "indus" lorgnant sur Vatican Shadow finit sur une rythmique trans imprévisible. "Two Stars, no cross" lui succédant avec son africanisme plongée dans un futurisme dub va vous faire perdre la tête quand des déconstructions électroniques feront place à quelque chose d' à la fois asiatique et encore africain. Pour High Wolf tout est bon et il ne se refuse rien pour vous faire voyager vers les étoiles à la rencontre des esprits de nos lointains ancêtres. Liberté totale, liberté et imagination giga si absente dans l' hexagone. Sur le plan national on peut aussi évoquer sa familiarité avec les territoires hypnagogique-pop d'un Cankun ou du goût affirmé pour les musique de trans des Marquises.

  • Spectres ou, shoegaze dark contemporain.

    Les hasards du calendrier des sorties de disques peuvent se révéler absolument dégueulasse. Surtout pour certains. A Place To Bury Strangers sort son 4 ème disque, "Transfixiation". Pas mauvais mais pas génial non plus. Surcharge de bruit et mélodies mille fois connues etc etc. Malheureusement toujours ce soupçon de déjà vu. Là où le moment choisi pour un 4ème album un brin répétitif peut s' avérer donc si terrible c'est si des jeunes pousses décident au même moment de balancer à la face des vieux une leçon de fougue, de renouveau et d' inventivité. Pour APTBS ce qui ne devait s' apparenter qu' à un accueil poli et gentil par respect de leurs lointaines grandes heures va se transformer en inévitable comparaison assassine. Tout bon fan de noise-shoegaze se devaient de fermer les yeux mais cette fois c'est fini, on oublie et on passe à Spectres. Spectres ? L' antidote suprême aux déboires des Place . Spectres offre à la planète noisy-shoegaze une bien belle surprise. "Dying". Dès le titre on comprend que l'on va pas se retrouver chez les bisounours nostalgiques des 90's tant chéries chez Pitchfork. Le shoegaze et le bruitisme retrouvent l' aspect étrange, hérétique et puissant de leurs origines. On peut dire que Spectres aime l' expérimental, les limites du supportable mais se serait restrictif. Derrière le boucan, les drones, les aigues il y a les mélodies. Des mélodies plus si fréquentes chez leurs aîné de New York. Sur ce point, de mémoire de shoegazer, il y a bien longtemps qu'un tel niveau n' avait pas été repéré chez des suiveurs de MBV. Spectres a oublié le copiage simpliste en s' appuyant sur le mots Bloody. On plane chez eux mais alors en mode étouffant à vous faire saigner des oreilles et du nez pour cause de pression atmosphérique insupportable. Sombre aussi. Les textes parlent de mort, d' alcoolisme et de maladie évitant les clichés du style, solitude, adolescence, pluie et brouillard au son de la voix de Liz Phraser dans le cocon chauffé de votre chambre. On est pas nostalgique ici, juste objectif devant un présent abominable. Les Spectres sont allés chercher non seulement les racines shoegaze british, le songwritting pop et l' art de faire cohabiter le bruit et les mélodies pop (Jesus & Mary Chain) , mais aussi le savoir faire des influences américaine et leur quête d' expérimentation, Dinosaur Jr et Sonic Youth comme le démontre "Family". Dans ce titre Thurston Moore semble hésiter entre indie-pop et post-punk. Mais pas seulement. Dès l' attaque du disque on pige que ces anglais appartiennent à la même époque que la scène dark ambient électro de leur pays. Leur guitare ont un étrange parfum de ressemblances avec les bidouillage électroniques d'un Powell, "Sink" et "Lump" avec leur chant incantatoire peuvent évoquer aussi bien les Liars que les récents Paper Dollhouse, Demdike Stare ou même James Holden pour le coté trivial/ethnique. L' aspect sombre est encore plus prononcé que chez les Cocteau ou les Jésus de "Darcklands". Plus Haxan Cloak et Vatican Shadows. Si on doit trouver la preuve que ce disque et le groupe ont réellement quelque chose à dire contrairement à beaucoup d' autres formation c' est vraiment sur ce gôut épicé et prononcé de l' anormalité qu'il faut s' arrêter. Goût que depuis longtemps on ne retrouve plus chez bon nombres.Cela vient de cette volonté farouche et fcourageuse de plonger un peu plus dans la double genèse du genre sans s' attarder sur son apogée. De se souvenir que le rock-noisy et le shoegaze étaient des genres underground et méfiés plutot que ce qu'il est devenu, un style digéré, mâché et recraché de temps en temps dans les festivals d' été. D' aller au-delà des chemins foulés et des habitudes. D'un coté la culture noise et indus avec son agressivité et sa volonté du zéro compromis issue du punk, de l' autre la passion pour les refrains qui font mouche du psychédélisme, les mélodies ensorcelantes d'une dream-pop plus sage. Le tout enveloppé dans des nappes sonores brumeuses et expérimentales maîtrisées comme rarement. Et encore un disque shoegaze merveilleux en 2015 depuis Paper Dollhouse, Pinkshinyultrablast, Kairon ! IRSE, et même le Cabtu-Ledesma.

  • Paper Dollhouse ou, les sylvidres sont revenues pour vous hanter.

    Il y a parfois des disques qui, par leur simple beauté, et sans aucune considération artistique réfléchies, vous propulsent aux plus profonds de vous même à la rencontre de puissantes émotions du passé. Des disque qui saisissent par le bras l' adulte que vous êtes devenu et vous prouvent que dans votre passion pour la musique, sans parler de nostalgie abêtissante , vous avez peut être toujours rechercher ce frisson bien précis, une sensation grisante et ambiguë datant de votre enfance. La sensation originel. Hier soir j' ai écouté un disque. Un disque glaçant, magnifique. J' étais allongé dans mon lit. Seul. Mon amour étant auprès de mon autre petit amour. Le casque sur les oreilles, dans l' obscurité, j' ai fermé les yeux. J' ai senti peu à peu mon âme d' enfant reprendre le pouvoir, oublier un instant ma coquille charnelle d' adulte pour affronter un imaginaire longtemps disparu de mon quotidien. Un univers froid, désert, lugubre et à la fois attirant. Des territoires chimériques où des êtres angéliques, vénéneuses et envoûtantes à la fois, me charmaient autant qu'elles me terrorisaient. Entre femmes fatales et mères aimantes. J' ai flirté avec des peurs et des plaisirs ancestraux de mon histoire de vie par la simple grâce d'un disque. A un instant j' ai senti une joie intense et une frayeur mille fois recherchée. Un souffle glacé sur mon cou. C' était bien celui de très vielles connaissances perdues de vue. Elles étaient revenues. Les sylvidres de mon enfance. Paper Dollouse est entré dans ma vie comme ça. Provocant cette évocation de ma jeunesse télévisuelle. Et oui que voulez-vous, les conteurs d' autrefois, les tenanciers de l' art oral avec leurs légendes et leurs histoires du passé avaient déjà laissé leurs place au coin du feu à la modernité médiatique. Ces femmes végétales dangereuses venant des tréfonds de l' espace. Belles et perfides. Perfides quand elles anéantissaient et trompaient la race humaine et pourtant si belles quand elles apparaissaient et mouraient. Ces êtres à la peau blafarde qui prenaient feu laissant entrevoir leur corps somptueux quand les flammes vertes et bleues avaient eu raison de leurs vêtements. J' en ai fait des cauchemars de ces créatures. Ou étaient-ce des rêves érotiques ou des évocations maternels? Astrud Steehouder et Nina Bosnic nous viennent de Londres, copine d' Andy Votel, elles se propulsent avec leur " Aeonflower" au panthéon des beautés givrées et intouchables découvertes ces dernières années. Quand certaines chanteuses prennent l' apparence sonoresde mes "Sylvidres" de l' enfance. Ces voix angéliques évocatrices tour à tour de la richesse de la vie et de la naissance puis, de la mort et la désolation. Les Julia Holter, Julianna Barwick, Zola Jesus, Liz Harris (Grouper, Mirroring, Ruins), Group Rhoda, Camella Lobo de Tropic du Cancer. Parfois c'était même des hommes, James Blake et Bryan Pile d' Ensemble Economique. Des Sylvidres déguisées pour mieux nous tromper? Les deux anges de Paper Dollhouse s' étaient fait connaître il y 4 ans avec un disque folk très beau et intriguant par ses emprunts aux manières de la musique hauntologique. Ainsi l'on pouvait reconnaître des références appuyées à la pop 60's, Scott Walker et France Gall, voir plus proche dans le temps, l' inévitable Arthur Russel. Un disque où le classicisme folk/lo-fi se mêlaient à la modernité des techniques issues de l' ambient, pédales d' effets, sample de sons du quotidien ou issus d' expérimentations électronique. Avec "Aeonflower" la chaleur du folk et du son lo-fi a disparu laissant la place à des bourrasques polaires venant de la Dark Ambient si ce n'est pas de l'Indus. Trajet inverse à celui de leur soeur Liz Harris. Bien évidemment les plus anciens retrouveront des paysages désolés approchés par Cure, Joy Division ou Magazine. Mais attention, Paper Dollhouse ne sont pas de simples fossoyeuses du gothic et de la New Wave du début 80's. Elles leur offrent la modernité dark contemporaine tant défendues par ici. Le grand Dominick Fernow (Prurient/Vatican Shadow) voit ici la production s'inspirer de ses rythmique martiales et lentes. Certains effets sonores offrant un aspect lourd et oppressant ont déjà été croisés ou énoncés chez Raime, Silant Servant et la clique Modern Love (Andy Stott & Demdike Stare. Je pense par exemple au croisement de la musique lugubre de "Silence" avec des voix proche des chant ethniques ou des sorcières du Moyen Âge provenant d' époque lointaine (Demdike Stare des débuts). L' occultisme post-punk à l' origine du gothic des Throwbing Gristle et de Current 93. Ce disque est profondément une oeuvre ambient parce que les deux jeunes femmes refusent tout schéma pop classiques. "Hélios" qui fait figure de single n'est juste qu'une répétition de deux voix au phrasé parlé se répondant sur fond de synthés funestes et d'une rythmique industrielle hésitant entre "Forest" et "Closer". "Psyche" suit avec du drone bruitiste sur lequel se posent des voix lointaines de sirènes et un phrasé une nouvelle fois parlé (sample hauntologique?). Le tout avec l'intervention d'une guitare noisy/shoegaze. Les mots sont rares et répétés sans cesse sur l' ensemble du disque. Tout n' est qu' incantation cryptique et mélancolie ici. La démarche des Paper Dollhouse qui est de retourner aux origines de leur cultures convoque à mon esprit le dernier Vessel et un peu James Holden. Mais un Vessel où les rythmique ont laissé leur trône aux voix féeriques et déchirantes d' Astrud Steehouder et Nina Bosnic dans les déserts post-industriels de l' Angleterre du 21 ème siècle. Ce disque est beau, viscérale, vital et mortel comme les Sylvidres de mon enfance pendant leurs morts atroces et obsédantes. Essentiel et inoubliable. PS: Ce qui a fait le lien dans mon cerveau malade. Plusieurs fois un synthé écrasant fait son apparition, début de "Diane", c'est ce synthé qui a fait office de révélateur mémoriel à votre serviteur épris des Sylvidres dans les aventures d' Albator. Cette nappe de synthé étouffante s' invitant dans ma chambre dans la pénombre, je la chérissais tant au cours de mes soirée solitaire d' enfant. Quand j' écoutais pour la dix mille sept cent huitième fois l'un des rares disques de ma collection. La face B du générique du héros télévisuel Albator était plus flippante, plus étrange et bien plus évocatrice que la face a chantée par le Peter de Peter & Sloane trop entendus par la suite. Ce titre malgré son développement un brin balourd m' a hanté très longtemps avec son intro maléfique.

  • JEFRE CANTU-LEDESMA ou, dreaming with the noise

    Il fallait au moins qu' une fois DWTN aborde le cas Cantu-Ledesma. Le contraire aurait été une totale ineptie! Pourquoi? Juste parce qu'un mec faisant dans le noise et le drone, fan du shoegaze originel et très marqué de sa sensibilité , dépositaire de l' héritage Spacemen 3 via son groupe Alps, pote de "Maître du boucan" Pete Swanson , collaborateur de Liz Harris(Grouper) au sein de Raum, co-fondateur du label Root Strata qui a vu passé dans ses rangs Oneohtrix Point Never , Zeliennople et Barn Owl ne pouvait pas ne pas avoir son quart d' heure de gloire dans ce blog. Blog où ces artistes sont présents à longueur d' année. Le monde est petit et tout naturellement bon nombres d' autres de mes artistes préférés coté Europe citent également ce vétéran américain. Seulement voilà, le bonhomme avec ses multiples projets, ses disques LP et Ep quasiment introuvables, n' avait pas offert un vrai album depuis son magique "Love is a Stream" en 2010 (avant la création de DWTN). Son ep "Devotion" (2013) nous l' avait rappelé à notre bon souvenir et il fallait repartir de bon pied dans notre relation passionnelle avec du plus lourds que 4 malheureux titres. "A year with 13 moons" arrive à point. Ce disque au nom en référence à Fassbinder est à l' oeuvre solo de Jefre Cantu-Ledesma ce que représenta "A man with potential" pour celle de Pete Swanson. Un virage Pop! J' exagère comme toujours mais faut reconnaître que le dernier disque de ce spécialiste en drone bruitiste et rêveur est le plus facile d' accès. Il dit lui même avoir été encouragé dans cette démarche par Swanson face au complexe de l' expérimentateur désirant être plus expressif des sentiments humains mais craignant perdre de son originalité expérimentale. Comme chez Swanson ça passe par l' apparition de beats plus accentués. Si la boite à rythme tape dorénavant l'incruste entre les habituels joujou de l'homme, synthés modulaires, kilomètres de bandes magnétiques maltraitées, via des bobines ou des cassettes, un autres instrument se dévoile beaucoup plus. La guitare devient plus reconnaissable par une utilisation plus "classique". Cette guitare est une composante primordial du virage "pop". Cet élément emprunte énormément aux amour de jeunesse de Cantu-Ledesma, le shoegaze. S' il dit avoir aimé Slowdive son jeu très introverti et arabesque des 6 cordes évoque sans contestation possible l'indie-pop 80's de Felt, des Cocteau Twins mais aussi et surtout Durutti Column. Du Durutti Column noyé dans les delays et les grincements magnétiques, bref du Rangers de Joe Knight, donc de l'hypnagogic-pop. J' avais déjà parler du lien via les sons et l' aspect nostalgique et sentimental reliant le shoegaze et ce genre pour le décrire au début de DWTN. Les titres majoritairement courts de "A year with 13 moons" nous offrent donc une confrontation passionnante entre plusieurs genres pas toujours facilement associables. Les explosions et les bleep magnétiques du noise et du drone (énorme clin d' oeil aux regrettés Yellow Swans de Swanson) encadrent des thèmes émouvants plus pénétrant sentimentalement que corporellement. Entre abrasions sonores dignes d'une confrontation et méditation en léthargie. Mais après tout, la léthargie pour rêver, n'est-elle pas la même que celle éprouvée après un choc comme celui ressenti pendant l' écoute de drone noisy? Si le premier titre fait huit minutes (dans la moyenne pour un artiste drone), le deuxième descend à 4 et les suivant n' excèdent pas les 3 minutes. On a l'impression face à la succession de ces titres courts d' écouter plutot une mixtape qu'un album. L' effet est désiré et ce qui pourrait ne ressembler qu'à une suite de morceaux inachevés mis bout à bout sans logique devient une collection de cartes postales sonores avec la cohésion et le développement d'une histoire proche du roman ou du film. Ledesma parle au sujet de ce disque d' amour perdu (il vient de se séparer) et de nostalgie. Cette dernière est encore une fois un lien évident avec les Lopatin, Ferraro et Pink. On est nostalgique mais plutot que de reprendre texto les titres de l' époque regrettée on leur fait subir moult tortures pour évoquer l' usure du temps et la déformation des faits dans nos souvenirs par notre vicieuse mémoire. Disque essentiel pour ceux ayant été bercé par l'indie-pop et le shoegaze mais encore un peu hésitant à l'idée de submerger dans les longueurs du drone et la violence du noise. PS: Du Rangers, Yellow Swans et du Durutti Column

  • Quand une petite souris islandaise fricotte avec Tri Angle records, dépaysement garanti!

    Quand Robyn Carolan boss du Factory des 10's , Tri Angle records , passe aux platine sur Rinse FM c'est toujours un plaisir pour les aventuriers préférant aller hors des sentiers battus. Mais quand en plus du fidèle Holy Other il convie sa toute nouvelle copine, une certaine petite souris islandaise capable de faire rouler les R là il n'y en a pas, alors fatalement, on reste scotché pendant deux heures. Pas un seul titre n'est à jeter. D' après Carolan bon nombres de morceaux présents faisaient parti de leur correspondance entre lui et Bjork pendant l' enregistrement du merveilleux "Vulnicura". Quelques nouveauté s'y sont glissées et pas des moindres, un remix de la souris par le prometteur Lotic, le dernier Blank Mass (une tuerie), le dernier titre d' Holly Herndon (Bjork+Herndon à l' avenir?, sûrement!) et un hommage à Mark Bell (LFO). Un Sakamoto venant de nul-part, beaucoup d' autres pépites asiatiques, les violons omniprésents de "Vulnicura" trouvent leur explication la passion de l' islandaise pour Pawell Miyata. Les géniaux Giant Claw (certainement pote lui aussi avec ARCA), Death Grips et le drone-ambient de Wanda Group. Bref, une magnifique mixtape commenté par l'une des plus belle et réconfortante voix du monde.

  • DJ Clent ou, last bus for the footwork's paradise. Plus: Pourquoi la France s'en fout du footwork ?

    En matière de footwork si un album était attendu depuis longtemps c' était bien celui de DJ Clent. Et pour cause, les deux précédents date de plus de 5 ans et n'ont pas bénéficié d'une diffusion satisfaisante. Question potentiel légendaire, celui-là, il peut aisément se poster à coté de RP Boo. Peut-être pas l'inventeur officiel comme le vieux mais toujours fringuant Boo mais l'un des "orignels" dans l' univers footwork. Dj Clent nous vient de la Ghetto-house comme pas mal des collègues chicagoans. Pilier de la scène Clent n' a qu'un seul défaut, la discrétion. Au point d' être souvent oublié, grillé par l' aimant médiatique Teklife, crew génial auquel il n' appartient pas. Récemment Machinedrum lui a piqué un sample tellement génial qu'il était l' oeuvre de DJ Rashad d' où polémique sur les droits. Et pourtant. Ce monsieur dont vous avez sans doute jamais entendu parlé était autrefois signé sur ...DANCE MANIA !!!! "Dance Mania quesaco?" demande le petiot fan de Daft Punk et LCD Soundsystem tout juste sorti de ses couches. Simplement l'un des labels fondateurs du courant House, rien que ça. Et plus précisément celui qui pris le relais de Traxx et DJ International quand ces derniers voyaient leur house délicate devenir trop rébarbatives. Dance Mania c'est le berceau de la ghetto-house, plus grossière et violente que sa génitrice, la House. Beaucoup moins commerciale et connue en France malgré l' amour que lui portaient les Daft Punk. Le lien entre Marshall Jefferson et le Juke et le Footwork. Dj Clent en était donc. Avec Rp Boo et Dj Milton. Et lui aussi a participé à l' aventure juke et donc footwork. Avec "Last bus to Lake Park" il remet les pendules à l' heure. A l' heure de l'invasion mondiale par cette musique née à Chicago il se pose définitivement comme un Maestro es Footwork à égalité des Traxman, Boo et Rashad. Ce disque est l'un des meilleurs et plus pertinant du genre sortis en long format. 14 titres sur lesquels la patte singulière de Clent explose tout sur son passage et offre une véritable leçon. Avec le recule on s' aperçoit à quel point il a influencé tous les autres, de Spinn en passant par Young Smoke. Comme ce dernier Clent emprunte énormément au jazz et plus précisément à l' afro-futurisme via l'utilisation constante de synthés. S'il a d' abord été connu par la ghetto-house chicagoane c'était aussi un grand défenseur de la fille putassière que cette dernière avait engendré en baisant avec les sons électro de la techno from Detroit, la ghettotech. La première partie du disque voit l' omniprésence de sons et de techniques symbolique du RollandTB 303 et de ses soeurs la TR 808 et 909. Les armes ultimes de la techno et la house dans les 80's. Avec une variété épatante de gimmicks et surtout la fluidité avec laquelle Clent les fait se rencontrer on constate petit à petit que ce disque est non seulement un super dopant pour danser mais qu'en plus l' écoute à pied reposé j' oserai dire s' avère envoûtante. Si plus tardivement dans ce disque le lien évident entre le footwork et le jazz dans l' art de l'improvisation saute comme jamais aux oreilles, la triplette "The Wicknedness"-"Hyper Feet 2"-"Sublyfe" est une merveille de footwork sur le mode acid. Peut-être l' enchaînement à passer en priorité pour charmer l' amateur européen d' électro hallucinogène et nostalgique de l' acid-house mais trop souvent réticent aux musiques saccadées donc trop marqué "ghetto" . Plus tard les samples haletants et les phrasés cycliques rappelle le footwork des tout débuts mais avec une production plus soignée donc moins lo-fi. Ces changement avait aussi été repérés chez les voisins de Teklife mais avec une dérive plus funk et soul. Chez Clent le clinquant de certains sons analogiques électro peuvent être apparentés à ceux du maximalisme digital d'un Rustie ou du Grime actuel et de la clique Fade To Mind et Night Slugs. L' improvisation issu du jazz est la particularité absolue de Clent face aux autres. Son coté dancefloor à la fois techno et vaporeux aussi. Alors qu' un Traxman opère un travail de méticulosité et de dissction sur le moindre son tout au long d'un titre, en gardant malgré tout l' objectif de danser symbolique du footwork, Clent préfèrent la profusion et la diversification rapide et alléatoire comme je vous l' ai dit et l' écoute au casque dans son canapé s' avère aussi passionnant que des rêveries sur fond de Jon Hopkins et d'IDM ambient. Avec Clent on plane sans agiter les pieds dans tous les sens. RP Boo fait un passage remarqué ainsi que DJ Milton mais c' est avec Majik Mike que Clent reluque enfin à l' instar des Teklife le funk et la soul pour 7 minutes d'un ensorcelant, sensuel et en même temps très techno, ""Low Lyfe". Une tuerie dont on ne sais plus trop si il est fait pour danser, écouter ou baiser. Le disque est d' abord sorti chez le nouveau label Duck'n'covers, spécialisé dans le footwork uniquement sur vinyl. Label Suisse dois-je préciser pour faire remarquer que ce courant musicale reclus trop longtemps à Chicago continue à étendre son emprise mondial. Après les version japonaises, mexicaines, russes même le pays des exilés fiscaux s'y met. Ne parlons pas non plus de Feloneezy, Jackie Dagger et leur collectif Mystic Stylez, big boss du footwork made in ...Serbie! Quant à la France... A si juste une chose à dire sur la France. Avec du recule et alors que le footwork est visible comme jamais, que la mort de Dj Rashad a malheureusement braqué les projecteurs sur le courant, que son influence sur plein de courant et d' artistes reconnus s' affirme (récemment Bjork), j' ai constaté un truc qui m'a fait replonger dans mes souvenirs. Pourquoi la presse française , je sais c'est franchement une tarte à la crème, n' est pas la plus curieuse et même la spécialiste mondiale des loupés, pourquoi passe-t-elle à coté ou ne juge pas ce style pouvant faire des émules en France? Pourquoi emploie-t-elle ce stigmatisant et parfois péjoratifs terme de "sous-genre" sur toute chose n' ayant pas de débouchées commerciales. Il n'y pas de sous-genre en musique si on se base sur l' artistique et quant aux sous-genre en matière d' influence c'est le temps qui est seul maître. Le footwork en apportera la preuve évidente. Je me suis alors souvenu que l' histoire c'était déjà produites. Rappelez-vous l' accueil fait à la jungle, au grime ou encore au dubstep naissant. Même retard, même dénie ou curiosité teintée d' exotisme douteux (colonialisme et mépris pour l' étranger)pendant trop longtemps pour ces genres underground provenant tous des ghetto. Point commun entre toutes ces musiques assez pertinent je trouves quand on sait les origines sociales de nos chers journalistes et du publique rock/électro frenchy. Finalement on ne voit que leur arrivisme et leur retard traditionnel gerbant quand les débouchés commerciaux se firent plus certains. C'est parce que Goldie traînait avec Bjork que l'on a appris son existence et alors que le grime cartonnait depuis des moiset il aura fallu la tornade dans les charts britaniques d'un Dizze Rascal dans sa version lyrics (à l' origine c'était un truc purement instru) pour que l'on nous en parle. Pour le dubstep laissez tomber Burial. C'est suite et via XX et son Jamie que la presse a finalement bien voulu se pencher dessus. Qu'en sera-t-il pour le footwork? Je n'en sais rien tellement son absence dans la presse hexagonale(papier ou net) apporte la preuve évidente que notre industrie musicale est l'une des plus frileuse, notre presse l'une des moins cultivée et curieuse du monde et par conséquent à cause de (je lui laisse le bénéfice du doute), notre public le plus étroit d' esprit.Que ce soit le mainstream comme ce qui est censé être l' underground d' avant-garde. Ce pays où on a décoré Lou Reed et Bowie de toutes les breloques à la con n'aime pas, ne comprend pas, passera toujours à coté de ce que ces deux types ont apporté au rock comme leçon. Toujours aller voir l' underground, c'est là qu'est la solution. Que Michel Drucker ou De Caunes passe à coté c'est une chose, logique, que la presse spécialisé le fasse c'est une honte. Alors plutot que de repleurer sur notre triste sort de fan de musique dans l' hexagone, reécoutons encore une fois ce magistral "Last bus for Lake Park" et le somptueux ep "Hyper Feet" ou plongeons-nous dans cette géniale mixtape pondue par DJ Taye où est amassés le best de Teklife en 2015. Si vous voulez une mise à niveau sur le footwork malgré tous les articles publiés dans DWTN Dj Clent s'est attaché à nous offrir un somptueux cours d' histoire avec cette mixtape. Et en deux volumes monseigneur!

  • Kairon;IRSE! Le post-rock s' offre une cure de jouvence

    Dans mon dernier article sur le dernier album des russes de Pinkshinyultrablast je revenais sur la longue et cahotique histoire du shoegaze et de sa bonne santé actuelle. Je tissais les liens évidents entre le shoegaze et une grande partie du post-punk. Les grandes formations de ce dernier courant avaient beaucoup en elle du shoegaze de My Bloody Valentine, Ride, Slowdive, Lush et autres. Même si à vrai dire, ce n'était pas toujours si évident. Godspeed You ! Black Emperor, Mogwai, Sigur Ròs, Bark Psychosis et Explosion in The Sky pour ne citer que les plus grands avaient de forts relents shoegaze. Lift to Experience aussi mais d'une façon plus portée sur les schéma pop-song plus porté. L'âge d'or du post-punk c'était la fin 90's début 00's. Plus de 10 ans à présent. Ça commence à faire un p'tit peu non? J' expliquai toujours dans cette article qu'après le post rock un autre courant s' empara du shoegaze vers 2001-2002, beaucoup des formations provenant du Black Métal pourtant assez éloignées de l'indie rock & pop, le berceau du shoegaze. Jésu, Alcest, Deafheaven firent parler très fortement d'eux. Ces derniers par exemple tapent aussi allègrement dans le post rock tendance shoegaze de Mogwai et portent bien haut l' étendart de ce que l'on nomma le blackgaze et le post-métal. Citons actuellement Woods of Desolation ou Nadja plus tôt. Au final on pouvait être amené vers l' aune des années 10's à se demander pourquoi aucune formation n' avait décidé de se repencher sur les liens reliant cette trilogie, Shoegaze originel-Post Punk-Blackgaze. Une formation creusant au plus profond de chaque style pour nous offrir une relecture totalement innovante. Bref, nous étonner encore une fois. Retrouver le frisson de l' étrangeté des grands brassages musicaux que furent les grands disques Post Rock/shoegaze. La tendance post-rock au final n' était-elle pas la cocue de l' histoire depuis quelques temps? Elle si génial en 2000, depuis combien de temps elle nous avait offert la fraîcheur de nouvelles têtes autres que les anciens combattants? Le post-rock genre toujours puissant dans les coeurs mais dorénavant au point mort, réservé aux vieilles gloire et spécialement dépourvu de réelles grandes surprises. Et bien braves gens sachez que ce doux rêve est à présent réalité et qu'il prend la forme du PLUS GRAND disque Post-rock shoegaze apparu depuis 10 ans. Du post-rock shoegaze mais pas seulement tellement le spectre de ce courant à l'instar du post-punk est large. Du post-rock tapant dans le jazz, le dark métal, le progrock, bref, partout ! Mesdames et messieurs, voici Kairon; IRSE! Débuter un album de 6 longs titres par ça! Ce monstrueux , titanesque, cyclonique "Valorian" ! Il en faut. D' abord cette démoniaque attaque assassine de batterie ne pouvant être qu'un hommage à celle d' "Only shallow" de My Bloody Valentine. Et immédiatement, à l' image de tout ce qu'il va vous faire monter au ciel, un saxophone venu de nul-part (ou peut-être de chez Bowie?). Un saxo désarçonnant pour les shoegazer mais enfin et surtout, un saxo salvateur. Purificateur. Énergisant. La petite touche qui en enfonçant le clou va nous éviter le déjà vu. Le son "Loveless" ils l'ont! Le son "isn't anything"...ils l'ont! "You made me realise"? Itou ! Ils vont les garder! Le saisissement terrifique de ces trois disques ils l'ont. Mais aussi celui des claques des grands nom post-rock cités plus haut. Je sais. Vous allez être tenté de remettre à nouveau "Valorian". Encore et encore. Jusqu'à la fin du jour. Jusqu'à plus soif. Mais si cette envie si compréhensible vous prend, résistez ! La suite ne sera qu'encore plus belle et ahurissante . Laissez "Tsar Morei" s' emparer de vous à son tour. Encore une attaque digne du passé, plus précisément des pages les plus brutales des chef-d' oeuvres de Mowai. La voix "féminine" est remplacée par un falssetto typique du Métal. Loin de tomber dans la caricature, Kairon;IRSE! va donc s' approprier des références post-rock ultimes et si familières mais sans que ce soit éventé. Dérive annihilée grace à leur identité scandinave et donc, métalleuse selon une certaine caricature. Doomesque donc et même parfois, par le trop plein de virtuosité du guitariste, démonstrative flirtant sans tomber dans accablant, symbole aussi du genre. Mais on en est pas encore là avec "Tsar Morei". Les accalmies avec chant si représentatives encadrent le son plus lourd provenant des explosion post-rock. En quelque secondes on se retrouve chez Tortoise et Godspeed. Tricotage répétitif avec nappe de synthés précédant l' explosion prévisible. Elle va avoir bien lieu mais pas comme on le croit. Si ces finlandais ,notez qu'il y a aussi du russe dedans, ces "finois"(?) donc offrent un disque post-rock tant réussi en 2014-15 c'est que la surprise est continuelle. A coup de fuzz et de deelay nous quittons les 90's américaines et les terres québécoises pour la chaleur psychédélique de l' Australie. Z'ont du écouter Tame Impala et tout le revival psy. "Amsterdam" sera le troisième titre et une sorte d' affirmation identitaire de leur différence. Ce titre porte haut l' oriflamme et de la culture métalleuse nordique. Falsetto et mélodrame accentués. Lyrisme total. Une guitare solo en rajoute mais une nouvelle fois on est ébahi. L' urticaire provenant de l' allergie aux vicissitudes métal n'est pas très fort et même, même ça devient agréable de se gratouiller là où ça démange. De toute façon, ce lyrisme mélo-dramatique avec falsetto, les Sigur Ròs nous y avait déjà préparé. Ce post-rock comme chez les islandais porte ainsi en lui une sorte d' exotisme scandinave particulièrement gouleyant et rafraîchissant. "Amsterdam" peut servir de transition avant l' autre grand monument de "Ujubasajuba". Le déchirant, "Swarm". Avec "Swams" nos nouveaux amis scandinaves embrayent en douceur pour une fois. Mais bien sûr avec ces vicieux, ce n'est qu'une duperie de plus. Arrive les fameuse vraies /fausses annonces d' orages québécois ou écossais (surtout Godspeed et Mogwai). Roulement de batterie annonciateur de pluies torrentielles nous amenant sur un faux départ une première fois. Mais c'est pour mieux apprécié notre envolée dans les cieux. Roulement une deuxième fois et boum! Un synthé venu encore une fois de nul-part vous arrache le peu de lucidité qu'il vous restait. La fin est encore construite sur une fausse piste juste histoire de voir si vous êtes encore ...debout! Ce disque est puissant et réveil ce bon vieux post-rock par sa fougue juvénile. Pas uniquement. Ces types avec leur état d' esprit et leurs oreilles ouvertes à tout vent venu d' ailleurs nous libère 40 ans d' histoire du post rock dans la face. J'ai bien dit 40 ans. Avant Tortoise, Godspeed ou Mogwai, avant MBV et le shoegaze, il y a avait un avant. Il y a toujours un avant. Ils donnent la leçon à ceux qui ont oublié ce qu'était réellement le post-rock. Pas seulement les groupes cités. Les deux derniers titres vont servir d' exemple pour la définition fondatrice, re-fondatrice?, du terme "Post-rock". "l' utilisation de l' instrumentation rock à des fins non-rock, des guitares en tant que facilitateurs de timbres et textures plutôt que des riffs et accords de puissance." Eux ils travaillent plus sur les timbres que d' élaborer méthodiquement et lentement d'infimes et précieux changements les texture. Leur approche plus directe me ferait même dire un truc totalement incohérent et drôle. Kairon; IRSE! nous offrent-ils du post-rock... rock!!!!??? Rigolez pas mais les quatre premiers titres peuvent donner cette impression. Quand survient "Rulons" une injustice va enfin êtreréparée. Ou tout du moins, une précision importante va apparaître sur le terme post-rock. Un des groupes souvent oublié dans les anthologies du genre est cité: Talk Talk ! Si une influence est trop souvent oubliée c'est bien celle de la bande à Mark Hollis. Ce facétieux mélange de cool-jazz et de Free débuté avec "Spirit of Eden" et "Laughing Stock". "Rulons" voit le retour du saxo et des ambiance apaisées mais propice aux surprises noisy free de "Laughing Stock". C'est aussi Le choc de deux disques fondateurs du genre, "Laughing..." face à ..."Spiderland" de Slint évidemment. Enfin nous arrivons au dernier titre. "Less, moh y gribi". L'influence assumée post-métal toujours là ("ça va les popeux?"). Et surtout deux autre influences souvent cachées (de honte?) par la presse et certains fans. Le Space-rock et le Prog. Comment ne pas se souvenir de la guitare et de la production de Robert Fripp avec King Crimson mais aussi de Hawkwind et Gong. Kairon; IRSE! a tout bouffer pour mieux nous le ressortir comme jamais auparavant. Voilà. Le disque est fini. Vivant? Le caleçon de fan de post-rock pas trop taché? Alors pour conclure s' impose quelques remarques et une question. Ce disque hallucinant nous vient de 2014. Uniquement dispo sur Bandcamp depuis Août on ne peut s' évertuer à chercher des chroniques dans la presse écrite et "officielle" du net, quasi rien.Tout juste un article français retrouvé en préparant cet article chez les XSilence souvent pertinent. Mais énorme cote sur les forums de fans indie et métalleux. Franchement on se demande si leurs origines russes et finnoises n'y sont pas pour quelque chose. La presse rock/indie fait une nouvelle fois preuve de son étroitesse d'esprit et de son manque de curiosité en dehors des sentiers battus des labels et des promotion. Certain qu' américains la pieuvre Pitchfork nous aurait offert un plan buzz infernal pour nos Kairon; IRSE! Au sujet des influences post-rock il est à noter que l' électro, le krautrock, l' ambient sont absents. On ne peut pas vraiment dire que les Seefeel, Main ou Stars of the Lid ne doivent pas être leur tasse de thé. Pas plus que la folie et le situationnisme de Disco Pop. Par contre un autre groupe souvent négligé dans les liste de post-rock apparaît dans mon esprit pour définir Kairo et sa musique. Stereolab. Et oui! Il faut se souvenir que Stereolab était classé post-rock justement parce que c'était en utilisant une instrumentation classique rock/pop qui ils opéraient un détournement en piochant dans le passé (lounge, pop 60's, kraut). Les premiers artiste hauntologique dans l'indie-pop au même titre que Pulp. Entre "bon" et "mauvais" goût et même, Pop "Marxist"( sic ) pour certains anglo-saxons. Leur espèce de post-rock rétro au final plus proche de la pop par ses structures simplistee et sans chichi sur les textures est l' ancêtre de celui des finois. Kairon;IRSE! offre lui aussi une simplicité absolument imparable pour charmer rapidement. Sauf que la pop so 60's british a été remplacée par le métal et la mélancolie des paysages nordiques. Sauf aussi et surtout, l'aspect kitch est moindre. C'est un véritable travail hauntologique de production, des sonorités et des motifs symptomatiques d'une époque qui nous est délivré. Moins kitch donc parce que le genre musicale du passée accaparée par les Kairon n'est pas encore synonyme de "trop vieillot" dans les esprits. C'est juste le post-punk des années 90 et 2000. Déjà plus de 20 ans.

  • Pinkshinyultrablast ou, le soleil se lève à l' Est pour le shoegaze .

    Après la reformation des Slowdive en 2014 et l' album inespéré des My Bloody Valentine en 2013 l' année 2015 shoegaze sera marquée quant à elle par le retour des autres grands ténors du genre, Ride. J' ose espérer au sujet de ces derniers qu' Andy Bell a oublié ses mauvaises habitudes Britpop/Oasis/Beady Eye parce que... Si pépère revient pour nous refourguer les trahisons que furent "Carnaval of Light" et l' odieux et indigne de leur génie "Tarantula" , alors "pépé", il se fout les pédales d' effets franchement dans le nez et je lui fait bouffer sa collection de Black Crowes et de Lenny Kravitz. Plus important. Avec le retour des originaux on peut être amené à se demander si les nouvelles formations spécialisées dans le "shoegaze" ne vont pas tout simplement passer à la trappe face aux vieux champions du début 90's. Le talent et l' expérience scéniques de ces derniers et le manque de pertinence accompagnant l' acte de faire une musique vieille de 20 ans ne vont-ils pas accabler les petits nouveaux. Y' a-t-il encore quelque chose à tirer du shoegaze? En attendant que 2016 voit Chapterhouse sortir un disque et 2017 les Pale Saints jouer live "in ribbons" dans son intégralité on est forcé de constater que faire du shoegaze se révèle encore plein d' à-propos en 2015. Comme en 1991. Les 5 Pinkshinyultrablast nous viennent de Russie et plus précisément de la Venise du nord, Saint-Pétersbourg. Le nom si étrange de cette formation n'est rien d' autre qu' une référence à une formation américaine shoegaze que seuls les aficianados pouvaient repérer dans les 00's, les vénérables Astrobrite. Pinkshinyultrablast s' était déjà fait remarquer avec son ep "Happy song for happy Zombies" mais depuis plus grand chose à se mettre sous les dents. "Everything elses matters" déboule ces jour-ci et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il s'incruste d' office dans la précieuse liste des formations et artistes qui ont donné un sérieux coup de jeune au shoegaze depuis quelques années. A la différence d' autres genres musicaux liés au rock et à la pop ce dernier ne cesse de dévoiler encore de nos jours de très nombreuses possibilités et variantes. Le shoegaze pète le feu et s' offre une santé éclatante lui permettant d' échapper à l' ennuie de la redite et du revival trop facile dont un bon nombre de genre musicaux issus du rock souffrent (garage, indie pop 80's, indie rock 90's). Il y a une explication et elle a à voir avec les origines et l' histoire mouvementé du genre. 20 ans après, on peut se souvenir que le premier âge d' or shoegaze n'a duré qu'à peine 4 ans et qu'il s'agissait d'un courant assez critiqué si ce n'est pas mis à l' écart. Si MBV et un peu Ride avaient bien réussi à passer entre les foudres de certains critiques rock sourds et d'un public lui préférant la testostérone et le "m'as-tu vu" Britpop et les gémissements grunge d' autres, s'en sont pas remis. On en a eut la preuve flagrante avec l' effet de surprise de bon nombres ne connaissant pas vraiment Slowdive avant sa reformation et ses live l'an passé. "Ben oui! Le shoegaze ce n'était pas que MBV et Ride et un peloton de suiveur peu inspirés". La scène était plus riche et plus complexe que l'on a voulu faire croire. Dès 1991 j'en ai lu et entendu des horreurs sur le shoegaze. Entre la fameuse et vicieuse mention "cette scène qui se célèbre", les adjectifs du style "endives bruitistes", "musique naïve", "lassante", "musique de bourges dépressifs" ou que sais-je encore. Et c'est peut-être bien là où se situe l' explication de la bonne santé actuelle et des réussites tardives dans le temps de Pinkshinyultrablast et d'autres en matière de shoegaze. Ce style n'a pas pu évoluer naturellement et offrir de nouvelles pistes en 1992 comme c'est généralement le cas. Plus précisément il a été obligé de laisser de coté certaines de ses composantes trop stigmatisées et en totale inadéquation avec l'ère du temps d' alors. Les formations originelles ont ainsi soit été forcées par la vox populi à faire autre chose (virage britpop des Boo Radleys, Ride et Lush) ou purement et simplement capituler (MBV, Slowdive). Et on s'est retrouvé avec un genre qui n'avait finalement pas terminé sa croissance et donner tout ce qu'il avait dans les tripes. Un genre mis au banc de la société et placé sous formol tel les corps difformes que l'on peut trouver dans les laboratoires des instituts de médecine. Slowdive avait bien commencé le travail avec son "Pygmalion" en 95 mais il était trop tard et même leur label Creation leur fit comprendre que l'on ne voulait plus entendre parler de leur lamentations sonore. Pour Alan McGee(patron du label) les recherches électro et shoegaze c'était ringard, place aux coquelets de stade Gallagher, terminé les yeux rivés sur ses pieds pendant les concerts, la tête haute, le buste bien droit à la braneuse mancunienne et tout le monde devait suivre. Faut dire pour expliquer le retournement de veste du roux que le trou creusé dans les caisses du label par Kevin Shields pour l' enregistrement de "Loveless" avait du le refroidir et lui faire préférer la rentabilité Britpop. Ride vira donc Black Crowes, les Boo Radleys Nothern Soul ("Wake up"), Verve récupéra le "The" rock'n'roll pour son nom et s'en alla reluquer du coté des Stones et Lush trusta les charts en mixant Elastica à Blondie. Creation par ses disques et les changements de cap de ses artiste en est la preuve evidente. Ce label autrefois si hospitalier pour le style décida à l'image de toute l'industrie musicale qu'il était persona non grata. Le coup dans le dos fut fatal. Et je me souviendrai toujours de l'interview de Justin Frichman dans les inrocks bavant sur la scène shoegaze "chiantissime" en expliquant qu'elle et Brett Anderson la conchiaient. Le shoegaze originel et son aspect jugé trop mélancolique et dark n'avait plus droit de citer mais son influence souterraine commença aussitôt à se faire sentir. Le post-rock et sa recherche des textures et des timbres s' inspira largement du "mur du son" shoegaze tant la parenté génétique entre les deux était forte. Godspeed You Black Emperor, Sigur Ros, Mogwai et Labradford récupérèrent les orphelins du shoegaze. Même au delà du rock le fantôme planait. Boards of Canada, Seefeel, Gas et Main ont tous un petit quelque chose shoegaze et les fans des uns étaient bien souvent ceux des premiers. Il aura fallu attendre la fin des 90's pour que l' amour du shoegaze originel ne soit plus honteux en publique. Et encore. Si l' aspect bruitiste planant fut aussitôt récupéré un des gènes fondateurs mis beaucoup plus de temps a être admis. Le coté éthéré, froid, , limite gothique, synthétique, mélancolique et surtout bien moins "noisy" et "industriel" eut bien plus de difficultés. Bref, le poids de l'influence des Cocteau Twins/This Mortal Coil s'est vu souvent occulté et moins visible. Parallèlement le retour en grâce nous vint d' Amérique et d' Europe. Bref de partout sauf de son pays natal, l' Angleterre. Deerhunter, M83, Blonde Redhead et Radio Dept. sont à citer pour les sauveurs . Dans les 00's justement le penchant shoegaze s'est vu donc bien plus assumé et les mutations directe ont enfin put voir le jour. On parla de Nu-gaze mais pas seulement, par exemple le Black Métal s'en donna à coeur joie, le Blackgaze d' Alcest et Deafheaven. L' aspect mélancolique était soit exaspéré soit remplacé par une rage rage rock ou une euphorie pop. Mais ce n'est que vraiment au début des années 10 que le coming up fut digéré et accepté par tous. Si A Place to Bury Strangers et Serena Manish en passèrent encore par un maquillage noisy des formations reprenaient les mutations du style originel là où les autres les avaient laissé. Et donc, les racines Cocteau Twins/4AD. Merci à des groupes comme No Joy, Nothing, Tamaryn, Weekend, Whirr, White Poppy, A Sunny day in Glasgow, Echo Lak, Still Corners entre autres pour le versant pop. Et que dire des Slaves, Cheatas, The KVB, The History of Apple Pie, etc etc. Internet est aussi à citer comme grand défenseur du shoegaze originel et voilà comment on se retrouve face à un genre autrefois moqué et maudit qui de nos jours pullule partout. Chili, Israël et à présent avec Pinkshinyultrablast la Russie. On sait bien que tous les genres du passé par le net retrouvent une seconde jeunesse et que l'on peut y faire son marché facilement mais quand on cherche du shoegaze originel alors la claque par le nombre et la richesse artistique de la scène est sans commune mesure. Une nouvelle génération s' empara du style 90's sans les a-priori de ses prédécesseuses. Les racines Cocteau Twins/4AD sont plus assumées et l' aspect calme et mélancolique enfin sur le devant de la scène. En parlant avec cette générations et en leur racontant tout ce que les formations shoegaze ont pris dans 90's leur étonnement me surprend toujours. L' histoire n' avait donc pas été aussi linéaire et le compromis affiché par le revival enclenché vers 2008 qu'une façade. Le shoegaze n' avait pas toujours bien aimé et respecté. Le terme Shoegaze redevint "hype" mais fut aussi accolé à pas mal de chose sans vraiment de lien affirmé et direct. Certaines pilules furent dure à digérer pour les fans de la première heure et parfois les formations mises en avant par les médias semblaient n' être que de pâles copies. Les plus intéressantes restaient dans l'underground du net et c'est justement là que le shoegaze à fort héritage Cocteau est le plus présent. Pinkshinyultrablast en fait partie. Ce qui frappe avant tout et qui place nos amis russes c'est l' assurance et la mise au premier plan des vocalises éthérées à la Liz Fraser de Lyubov Solaveve leur chanteuse. Son chant est digne des autres héritières contemporaines provenant d' autres univers tel Julianna Barwick, Laurel Halo ou Grouper. Ensuite "Everything else matters" ressemble dans sa structure aux disques des écossais de 4AD. Ce n'est ni un disque continuellement lent ou un simple mur de son s' étalant du début à la fin. Ce n'est pas du shoegaze caricatural tel cette sorte de fois gras industriel que l'on étale lamentablement sur une tranche de pain. Non c'est de l' original, du vrai. On le découpe et on le pose délicatement sur un toast grillé pour le laissé rebondir et exploser dans votre palais. La succession de rythmes différents rende ce disque tout sauf ennuyeux. Alternant le rapide et le lent les russes maîtrisent toutes les variantes. "Holly Forest" et "Ravestar supreme" avec leur panache sautillant vont préservent de la nostalgie léthargique. "Wish we were" avec son intro surprenante est d'hors et déjà à classer dans les classiques du genre depuis ses débuts. Ailleurs Pinkshinyultrablast évite la surcharge avec des emprunts minimalistes déjà entr-aperçus chez les Cocteau. Terry Riley et Steve reich traînent dans les parages. Le drone n'est pas obligatoirement bruitiste. Si Pinkshinyultrablast sonne si originel c'est qu'en plus des Cocteau il évoque irrémédiablement le spectre des Lush. Si Slowdive avait vu ces derniers temps son culte exploser sur le net les Lush n'ont pour le moment toujours le même statut et c'est une parfaite injustice. Ils sont encore plus reconnu pour le britpopeux "Lovelife" que pour les sommets shoegaziens mélancoliques que sont les album "Spooky" et "Split". Pinkshinyultrablast ont en commun avec le Lush des débuts cette capacité formidable d' innover et d' exceller dans le mariage de l'expérimentation sonore et des structures pop plus classique. Offrir une rêverie hésitant entre la tristesse et l' étincelle optimiste. Pinkshinyultrablast se sauve aussi de la simple redite en citant et en digérant des influences étrangères au shoegaze et à la fois proche dans le temps. Stars of The lid, Gaz pour l' ambient mais aussi le Autechre d' "Incunabila" et d' "Amber". A première vue "Everything else matters" et son shoegaze semble pas vraiment neuf, mais plus on s'y immerge, plus les trouvailles russes vous épatent et le disque devient addictif et bien plus intéressants que bon nombre de disque revival que nous allons encore nous farcir en 2015. Le shoegaze en 2015...à suivre très prochainement dans DWTN avec une claque absolue post-rock shoegaze. PS: Deux dernières pépittes oubliées de Lush pour la route

  • En passant : Jlin ou, le coté dark du Footwork. Plus:Bjork branchée footwork?

    Je viens d' apprendre la nouvelle et je ne m'en remets toujours pas ! Je ne vais pas cesser de trépigner d'impatience d'ici Mars. C'est LA grande nouvelle footwork pour 2015. Jlin refait parler d'elle. Elle va enfin sortir un album chez Planet Mu. Si vous suivez l' actualité footwork depuis peu ce nom ne vous dira peut-être rien mais pour tous ceux ayant découvert la révolution footwork avec les fameuses compilations "Bangs & worksvol.1(2010) et vol.2"(2011) le nom de Jlin était devenus à nos yeux le synonyme d'une multitude de termes précédents ou suivant son nom du style: "p'tite génie","claque","disparition","gâchis?", "c'est la seule", "c'est LA Reine!!!", "que fait-elle????". Et même parfois certains, dont votre serviteur ont osé des sacrilèges footworkien: "Jlin ? Elle fout sa branlée à Rashad" , "Dj Taye et Young Smoke le futur? Ah si seulement Jlin réapparaissait", "Spinn,Nate, Manny et compagnie? Tout ça c'est de la crotte de vieux mâles à coté de la Jlin". Et même, même! L' hérésie ultime! Le père à tous en prenait pour son grade:"sur Bangs & Works Vol.2 la mère Jlin envoie RP"P" Boo à la maison de retraite". Rien que ça! Et Pourtant. Face à surproduction de titres par les Teklife et consorts il n' existait que trois titres dispos sur le net. 3 petit titres mais quel putains de titres. "Erotic heat" et "Asylum". Ses deux premiers titres apparus sur le Bangs vol.2 ont fait figure d' une claque gigantesque, ils étaient à la fois absolument étranges et fascinants face aux autres protagonistes. Sa production paraissait mille fois plus sophistiquée, ses samples mille fois plus originaux (parce que faits maison), d'une autre planète. D'une autre époque. Ses beats s'appropriaient l'espace sonore dans son intégralité, jouant sans arrêt avec la stéréo et surtout, surtout, ils faisaient baisser la température en dessous du zéro. Du footwork glacial et flippant à la fois. La petite chouchou de Dj Roc, en 2011, c'était réellement le plus beau diamant brut du footwork. Et puis...Plus rien. Disparu des radars elle ne fit sa réapparition que deux ans plus tard sur une compile quasi introuvable avec "Battle track". Mais il n'y avait pas que le petit monde footwork à être resté marqué au fer rouge par "Erotic heat". Et contre toute attente le nom de Jlin refait surface au cours d'un défilé de mode à Paris de Rick Owens via un mix de Jeff Judd. Owens (celui qui vient de faire scandale avec les quéquettes à l'air de ses top modèles hommes) titilla donc nos oreilles adeptes de footwork en balançant comme musique de fond Jlin mais aussi 'Heavy Heat' and 'Off Da Hook' du vénérable RP Boo. Et puis il y a trois jours la rumeur commence à se propager sur le net. La "gamine" de Bangs& Work va sortir un album chez Planet Mu. Bang !!! dans la cabesa. Tout émoustillé je creusai pour en savoir plus et la : re-BANG !!! une deuxième fois. Non seulement c' était vrai mais en plus il y avait un inédit. Et un inédit fruit d' une collaboration. On savait que Jlin bossait avec des samples fabriqués par elle même mais ce coup-ci une artiste était venu lui offrir sa voix. Et là, troisième BANG!!! pour DWTN. La featuring n'était autre que l' un des amours de ce blog, HOLLY HERNDON ! La Holly Herndon championne de l'innovation dans la travail sur les voix. La Holly de "Chorus", ep 2014 pour DWTN! Alors quand une génie de l' électro expérimentale s' acoquine avec une génie du footwork fatalement, ça ne peut que faire mal. Très mal! Du footwork futuriste, expérimental comment rarement entendu, en provenance direct des tréfonds de l'âme et du corps humains en passant par les territoires désolés et glacials de l' Arctique. PS: Je savais bien que si un artiste confirmé avait le flaire et tout le talent nécessaire pour puiser dans les possibilité musicales gigantesques du footwork et en plus, les réinterpréter d'une façon originale et d'avant-guarde , il y avait 8 chance sur dix pour que ce soit...BJORK !!!! C'est chose faite . Le footwork version Bjork, c'est discret! Ça ne saute pas aux oreilles. Les grosses basses ne sont que des sous-entendues mais quand on écoute du footwork à longueur de temps l' évidence vous gifle le visage. "Quicksand" est à l'origine le titre "Apologies" des prometteurs Spaces. Avec la reine Islandaise ils ont retravaillé la rythmique très drill'n'bass de l'idm-électronica à la Squarepusher et Aphex dans la première version et arrive à quelque choses de très footwork sans les grosses basses donc mais avec des sons plus stridents et moins lourds, mais des sons qui les remplacent strictement aux mêmes moments et dans un rythme quasi similaire. Le résultat est époustouflant de beauté et de fragilité comme tout le reste de "Vulnicura". Ce dernier étant son meilleur album depuis le novateur "Medulla" tant de fois cité dans ce blog comme le footwork(cf moteur de recherche).

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