top of page

Search Results

458 éléments trouvés pour «  »

  • En passant: Laurel Halo? Un dancefloor hors du temps.

    Et revoilà Laurel Halo qui déboule avec son deuxième album pour le label Hyperdub et encore une fois, la belle américaine estomaque, envoute et nous peinons à trouver des éléments de réponse à sa sorcellerie. C'est aussi Hyperdub qui se voit récompensé une seconde fois ce mois-ci de son flaire et de son goût pour les territoires inconnus après le génial album "Double cup" de Dj Rashad. Toujours sous le charme de "Quarantine" plus d'un an après sa sortie voilà que nous tombe dessus "Chance of Rain" et encore et toujours les mêmes questions: D' où vient cette musique? Qui l' a faite? Comment fait-elle et où Laurel Halo nous emmène-t-elle? Nous avions bien réussi à trouver de maigres éléments de réponses dans "Quarantine" mais avec le dernier certains disparaissent et le mystère Halo demeure encore plus opaque et ...génial. Dans "Quarantine" nous naviguions sans cesse entre d'un coté la technologie et le virtuel, de l' autre, l' humain et le réel. Un voyage parmi une multitude de couches d' électronique planantes évoquant parfois la science-fiction, un voyage avec pour seul repère et guide la voix de Laurel Halo. La relation intime de l' homme avec la machine à l' époque d' internet. Dans ses entretiens elle nous parlait également d' épidémiologie. En pointant un point commun entre la machine(l'informatique) et l'homme, les virus du corps humain à ceux de l'informatique, elle nous démontrait que finalement l' humain était au coeur de tout. Laurel Halo bien plus que beaucoup d' autres artistes a pris en compte internet. Non seulement bien sûr à propos du changement des modes de diffusions de la musique mais également au sujet des conséquences dans notre relation au temps. Aux temps devrais-écrire. Temps informatique et temps humain et leurs différences. Selon certains fans de la belle Laurel sa musique et notamment "Chance of Rain" évoque énormément cela. Du temps version internet , un temps fait de plusieurs instantanés ou tranches de vie que l'on peut prendre séparément donc des éléments dénués de linéarités mais qui peuvent aussi le devenir à cause du flux et de la succession de tous ces instantanés. Et surtout avec la qualité notable de TOUT garder en mémoire. Face au temps internet il y a le temps humain qui est différent, lui aussi semble linaire mais un élément bouleverse tout cela. La mémoire humaine, elle ne retient pas tout et parfois peut même nous induire en erreur. La musique de Laurel Halo prend en compte ces trois notions de temps. Une multitude de couches sonores se superposent, des sons venus de nulle-part nous surprennent alors qu' au même moment s'installe un rythme en complet décalage. Des sonorités d'une époque localisés par votre mémoire se retrouve transposées dans le futur ou le présent. Un peu comme si vous vous retrouviez sur un dancefloor au beau milieu d'un océan. Vous voyez autour de vous une multitude de courants marins sinueux n' ayant pas la même vitesse à l' intérieur desquels vous apercevez des poissons se déplaçant/vivant soit au ralenti, soit en accéléré. Des poisson s' approchant de vous jusqu'à vous frôler pour finalement s' éloigner et disparaître dans les confins de l' océans. Je rappellais que dans "Quarantine" la voix d' Halo pouvait nous servir de guide. On pouvait aussi se raccrocher à certains tics de son art de la composition. Avec "Chance of Rain" oubliez la voix ,absente, et les tics identifiables car cet album est avant tout fruit de ses improvisations live retravaillés en studio donc totalement imprévisible même pour ses habitués. Et nous voilà encore plus perdus dans le monde mystérieux de Laurel Halo. Le seul élément tangible auquel se raccrocher est l' influence de la techno de Detroit. Il est vrai que les productions qui ont succédé à "Quarantine" lorgnent encore plus qu' auparavant en direction du dancefloor . Que ce soit sous son nom ("Behind the green door") comme sous le pseudo de King Félix (avec à noter ses petites tentatives réussies footwork). L' élément dancefloor peut parfois donner à "Chance of Rain" une petite touche d' espoir et d' euphorie. Des sentiments totalement absents sur "Quarantine" où régnait la tristesse et un sentiment de persécution. Par exemple le piano (déjà rencontré sur "Throw" dans "Behind the green door" et point commun avec sa copine Julia Holter) est très présent et apporte un certain confort face à autant d' étrangetés dues aux manipulations dont est victime les sons pourtant identifiés (donc apaisant) de la techno de Detroit. On l' oublie peut-être avec les années mais le piano était un élément important et primordial aux début du phénomène dancefloor et house. Laurel Halo ensorcelle et n' apporte que du bien à qui veut bien faire l'effort d'entrer dans son monde bizarre. Un monde où subitement de vastes et immenses paysages peuvent devenir stressant et oppressant. Une musique qui ne tranche jamais entre l' ambiant et la danse. Une musique mutante et non identifiable mais bel et bien touchante parce qu' elle est humaine. Je reconnais que rentrer dans ce disque n'est pas chose aisée. Il n'y rien de définitif et de prévisible. Son titre décrit cela très bien. "Chance of Rain" soit "Une chance qu'il pleuve". Allez-vous sortir? Prendrez-vous le risque d' affronter des éléments dont vous ignorez la nature? De nos jours la musique qui domine et que l'on nous sert à longueur de temps est une musique qui se veut rassurante et parfois trompeuse grace à certains maquillages imitant le réalisme et l'originalité. Une musique déjà connu, apprivoisée donc totalement inapte à développer l'imaginaire et le goût du changement. Une musique donc anesthésiante volontairement ou pas face à un monde imprévisible parce que nous avons l'impression qu'il est à la fois apathique et secoué de toutes part. Rien ne bouge, rien ne change et pourtant on a tous la sensation d' aller droit dans le mur à certains instants (11 Septembre, les rapports annuels sur le réchauffement climatique). Peut-être est-ce juste une question en rapport avec la notion du temps. Il s' accélère puis décélère pour stagner. Certains veulent la marche arrière. Faudra leur dire que c'est con et surtout ...impossible. Laurel Halo quant à elle réussit à accélérer le temps par son talent et ses expérimentations pour nous plonger dans un inconnu certes étrange mais définitivement ensorcelant.

  • En passant : DJ Rashad et l' ascenssion inéxorable du footwork qui démasque l' empereur Pitchfork.

    DWTN et le footwork avecDj Rashad c'est une longue et très intense passion. C'est ici, par là, ailleurs et dans ces alentours. Et plus encore, ici, ici avec son fameux top Footwork qu'il me faudra bientôt remettre à jour, et enfin ici. Entre autres... Alors le voilà le tant attendu "premier" album de Dj Rashad après deux ep géniaux pour le fabuleux et innovant label anglais Hyperdub (Burial, The Bug, Kode9,Zomby, Hype Williams et la grande Laurel Halo). Si je mets le mot premier entre guillemet ce n'est pas par hasard. Avant de signer chez Hyperdub et ainsi rencontrer une plus grande notoriété Dj Rashad c'est une multitude d' ep, 4 albums et d' innombrables présences dans des compilations. C'est enfin et surtout pour les fans de footwork comme Dancing With The Noise l'un des créateurs (avec Dj Spinn) du label phare de ce genre, Lit City Trax et sa prestigieuse collection Teklife. Je l' attendais ce putain d' album de Rashad. Le précédent "Welcome to chi" avait un peu souffert de la proximité chronologiquement du chef d' oeuvre de Traxman ("Da Mind of Traxman") et surtout d'une trop grande gourmandise de son auteur (trop de titres parfois anodins). Un disque difficile à digérer sur la longueur. Rashad était pour moi un génie mais un génie atteignant les sommets que sur court format (singles, ep). Curieusement, le tout frais "Double cup" avec son très grand nombre de collaborations (12 titres sur 14) fait à la fois preuve d' une forte cohésion et d'un intérêt constant sans tomber dans les travers ennuyeux de que "Welcome to chi". De plus si on se contente d' écouter les titres en aléatoire ils peuvent vous apparaître bien différents. Mieux vaut les découvrir dans l' ordre d' origine. Rashad du fait du nombre d'intervenants partirait-il trop dans tous les sens? Non ! La monotonie parfois présente dans "Welcome..." et le manque de cohésion disparaissent justement grace à une évolution linéaire et lente de titres en titres. Si le début de "Double cup" est très funky/soul et planant, petit à petit, les morceaux se transforment et deviennent plus rapide et l' électronique bien plus présente. Nous passons de l' héritage de la musique noire américaines des 60's/70's à celui des dancefloors de Chicago des 80's. Cette notion même de passage à travers plusieurs courants et époques est au coeur des raisons de la réussite de ce disque. Ce n'était pas si facile sur le papier mais Rashad et ses potes réussissent haut la main et la raison principale tient tout simplement en un seul mot. Footwork. Et oui, encore et toujours le Footwork. Ce fils putassié du hip hop et des musiques issues du dancefloor que certains s' échinent à traiter de sous-genre tout en expliquant sans même se rendre compte à quel point ce "sous-genre" est en train de bousculer tout sur son passage et ainsi développer une influence grandissante à l' échelon mondial. Allez lire la chronique illogique et carrément stupide des "frileux indie-popeux" de Pitchfork (ici). Les mêmes qui ont attendu bien trop longtemps pour attribuer le label "Best New music" et une réelle prise au sérieux à une production Footwork. Dédain ou manque de flaire et au final "arrivisme"? Ils n'ont même pas chroniqué une seule production du grand inventeur de la cause footwork/juke, Rp Boo. Le pire c'est que beaucoup dans le monde ne se basent que sur Pitchfork, d'où le mépris et la manque de connaissance de la presse française sur le sujet. (Pour plus d'info sur l'effet Pitchfork lisez cet article un peu léger mais tout de même instructif sur le site américains ici). Revenons à Rashad et le footwork en nous éloignons lentement du sujet Pitchfork. Après tout quand on regarde l' histoire de ce site, site créé par un fan indie-rock typique inconditionnel de Pavement, The Replacements et Sonic Youth, l' approche et le retard Pitchforkien est très symbolique du rapport d'une grande partie de l'indie avec les autres courants et notamment ceux en provenance des dancefloors. Ce phénomène a toujours existé mais l' attitude de Pitchfork face au Footwork en est un parfait révélateur. L'indie dans sa globalité n' en a pas fini en 2013 avec son complexe de supériorité avec les dancefloors et toutes sortes de techniques musicales autres que l'instrumentation "classique" rock (Basse, Guitare, Batterie et songwriting à l' ancienne). Pitchfork est symbolique de l'indie version outre-atlantique et il ne faut surtout pas oublier que pour eux le brassage Rock/Dance est plus récent que pour nous. Leur pays a vu l' éclosion de la culture dancefloor(Chicago et Detroit) mais cette culture ne vient que tout juste toucher un public plus large et surtout le public universitaire indie. Pour eux ce que nous avons vécu début 90's (explosion de l' acid-house et Madchester) n'a quasiment pas d' existence (rappelez-vous cette chose étrange arrivée à Coachella le printemps dernier dont je vous ai parlé à la fin de l' article sur Jagwar Ma et d'un probable revival Madchester). Ceci explique pourquoi Pitchfork avec d' autres sont si aptes à s' enthousiasmer pour de la pop ou du rock indie revivaliste façon Kurt Vile ou DIIV et passer complètement à coté ou en prenant avec des pincettes de toutes autres musiques trop éloignées du concept indie-rock des origines. Conclusion, à la fin c'est James Murphy et son brassage d'influences parfois trop voyantes mais bien rassurant qui remporte la première place du podium des musiques de danse. Mais là où Murphy nous pondait un magnifique résumé de tout ce qui s' était passé dans la copulation dancefloor/rock en Europe auparavant (alors quasiment inconnu pour les USA) Rashad et les autres du footwork après avoir adoptés la même démarche avec leur propre culture des dancefloors Chicagoans vont beaucoup plus loin et regarde vers le futur. Le Footwork c' est le fruit d'une lente macération de tout ce qui' s'est fait sur les dancefloor de Chicago. Les résultats d'un travail entrepris depuis longtemps. Un travail fait de multiples recherches, expérimentations et de pratiques. En somme, Rashad et ses potes de Chicago ont construit une énorme raffinerie musicale dans le but de produire le son le plus pure qu'il soit possible. Un son nouveau. Rashad et la clic de Lid City Trax ont beaucoup voyagé et de ces nombreuses tournées ils ont récupéré puis incorporé au footwork de "Double cup" une plus grande variété de rythmes. Le rythme originel du footwork a vu ses lignes de basses se polir sans perdre toute sa force d' attraction très sexy due à l'une de ses caractéristiques fondamentales, les bourrus BPM poussés à plus de 150-160. La raideur du footwork originel s'est assouplie au contact des éléments funk et soul bien plus présents comme d' autres genres, jungle, hip hop et house. Son minimalisme de façade a disparu. L' autre caractéristique du Footwork a aussi subi une mutation similaire. En plus de son rythme et sa rapidité, c'est l' art de la manipulation des partie vocales qui a changé. Les très courtes phrases présents dans les samples vocaux subissent un supplice moins intense qu' auparavant mais ces "bouts" de phrases par la manipulation qui en est faite confèrent toujours au Footwork son rôle de magnifique poésie urbaine novatrice. ("Feelin' " dans sa première version de "Welcome to shi". La version présente sur "Double cup" explique bien toute la mutation apporté dans cet album au footwork) Dj Rashad avec son "Double cup" atteint donc les sommets du footwork mais aussi par l' anti-académisme propre au genre dont il fait preuve sans cesse il nous offre un merveilleux monument musicale érigé en l' honneur de la liberté dans la création artistique. Dans sa chronique un brin "arriviste" (et pas vraiment consciente à vrai dire de ce qui est en train de se passer avec le Footwork et de ce qui y est écrit) Pitchfork a cependant juste sur deux choses. Primo: Dj Rashad et le footwork dans son ensemble sont l' exact équivalent dancefloor et black aux travaux innovateurs de déconstruction du rock opérés dans la région de Chicago par les grands Jim O'rourke (Gastr Del Sol) et Steve Albini (Big Black, Shellac). Deuxio: Rashad et le footwork peuvent être amenés dans un proche avenir à revêtir les apparats de génies révolutionnaires comme leur illustre prédécesseur de Chicago, le grand Franky Knuckles. Quand on sait l'importance du monsieur et des conséquence de son oeuvre on se rend compte à quel point la notation et la vision Pitchforkienne deviennent surréalistes et illogiques. Rashad et son footwork révolutionnaire 8,6. Devancés par les "passéistes" Disclosure (9,1) et "Random acces memories" 8,8 de qui vous savez. Et je ne vous parle même pas du 9,3 attribué au Vampire Weekend et les folkleux de Phosphorescent mieux notés que Rashad avec un surréaliste 8,8. Pitchfork serait-il réac ou populiste et manque-t-il cruellement de courage dans sa ligne éditorial? Et, est-ce que Pitchfork ne favorise-t-il la nostalgie et le phénomène rétro actuel?

  • En passant: Circuit des yeux, beauté glaçante.

    C'est mon coup de coeur de la journée mais je sais déjà que cette histoire va durer. C'est d' abord une voix. Une voix déchirante et glaçante. Une voix qui peut évoquer un fantôme lors de la première rencontre. Celui d'une blonde allemande croisée il y a très longtemps du coté de la Factory de Warhol. A d' autres moments on pense à Scout Niblet ,Cat Power et PJ Harvey. Cette voix appartient à une toute fraîche diplômée de l' université d' Indiana. Haley Fohr, 23 ans à peine et 5 albums au compteur. La plus part sur le label porté sur l' expérimentation , De Stijl (Wolf Eyes). Ses premières oeuvres possédait le son crado du lo-fi. Mais attention ce n'était pas vraiment par manque de compétence. Juste une question de circonstance. C'est que la demoiselle en plus de son diplôme en ethnomusicologie possède un autre en ...enregistrement. Le 24 octobre sortira son dernier album, "Over Due". Pour ce dernier elle a tout simplement construit son propre studio avec l' aide de Cooper Crain . Si la production se fait un peu plus propre dans l' ensemble la musique de Circuit Des Yeux alterne toujours entre le doux et l' agressif. Elle peut passer en un instant d'une complainte folk à un drone bruitiste ou aux hurlements des riot girls. Moins expérimental que ses premières oeuvres ce disque réserve malgré tout bien des surprises et de l' inconnu. Il s'inscrit tout naturellement dans l' héritage du post-punk,de la no wave et de l'indie-rock. Sous l' étrange pseudo de "Circuit des Yeux", Haley Fohr délivre une musique intense et libre fruit selon ses dires de l' angoisse et du désespoir. Une chose est sûr l' auditeur au cours d' écoute solitaire d' "Overdue" ne ressentira pas ces deux émotions et ressentiments tellement cette musique fait du bien. A suivre donc de très très près!

  • En passant: Roly Porter nous parle des étoiles. Et de la vie.

    Par un curieux hasard l'ex membre du duo Ved'x et colègue de lbabel du génial Emptyset a toujours été associé à The Haxan Cloak dans mon esprit. Peut-être tout simplement parce que je les ai découvert à peu près à la même époque et que l'on peut sans trop exagérer coller l' étiquette Dark Ambient aux travaux de ces deux artistes. Le premier album de Roly Porter, "Aftertime", avait plus d'un point commun avec l' éponyme d' Haxan Cloak. Un gros travail sur les basse avec la présence de cordes (violon et contre-basse). Bref, un savant mélange de drone, de musique industriel avec un peu de dub. La découverte de ces deux artistes s'était apparentée à une grande et belle surprise. Après Haxan Cloak qui nous a illuminé le début d' année c'est au tour de son compatriote Porter de nous emmener très loin. Comme l'indique son titre, "Life cycle of a massive star", Porter a décidé de nous télétransporter dans l'espace à la découverte des étoiles afin de les observer. De leur naissance jusqu'à leur mort. Ce disque est donc conceptuel et peut aussi être défini comme une odyssée. Et si ce projet audacieux pouvait ressembler à un véritable piège sur le papier l' oeuvre finie est d' hors et déjà à classer comme l'une des réussites de cette année. Porter nous parle merveilleusement bien du cycle de la vie par le prisme de l'immensité, du néant et des forces en présence dans l'univers. Un peu comme ces documentaires utilisant l' imagerie 3D et la simulation notre périple alterne entre le vide interstellaire et la présence massive des astres quand Porter décide de s'y frotter. Entre moment d' accalmie et tempête. Les violons et les nappes synthétiques symbolisant notre traversée du vide et les drones accompagnés de détonations sourdes la proximité d' une étoile gigantesque. Parfois nous sommes dans le minimalisme puis progressivement la musique se fait symphonique. Une étoile ce n'est pas qu'une simple lumière dans le ciel. Ça craque, ça vibre et ça gronde. Un bruit métallique répétitif tournoie puis telle une éruption solaire le magma sonore emporte tout sur son passage pour finalement laisser la place à un silence lourd. Sur les 5 morceaux formant "Life cycle..." c'est bel et bien une musique cosmique comme il était fréquent de rencontrer dans les 70's (Tangerine Dream par exemple) mais dans une version plus réaliste. Moins utopiste et féerique. Plus du tout babacool en somme. Comme les hommes les étoiles naissent, vivent et meurent. Roly Porter les a touché.

  • Oneohtrix Point Never: Daniel Lopatin, pourquoi est-il si important?

    Début d' année 2013 alors que suis encore en train de fouiner sur le net à la recherche d'une trace de cet animal étrange et passionnant nommé le Lopatin Daniel je tombe sur cette info le concernant, le prochain Oneohtrix Point Never sera sur ...WARP. Première phrase prononcée par votre serviteur: "Il était temps !". Deuxième phrase, "tant mieux pour ce vieux label". Un peu comme Factory Floor pour DFA, Lopatin prenait les traits d'une bénédiction pour un label un peu trop devenu ronronnant. L' arrivée de Lopatin peut considérablement chambouler Warp et lui faire prendre de toutes nouvelles directions artistiques et rien que ça c'est déjà important. L'un des artistes les plus novateurs actuellement sort donc son dernier album sur le label qui dans les 90's symbolisait la modernité absolue (LFO, Autechre, Aphex Twin). Pas vraiment affilié à l' hypnagogic-pop quand cette dernière est apparue, Lopatin est finalement devenu un des plus parfaits représentant de ce style si vicieusement révolutionnaire. "Vicieusement révolutionnaire" l' hypnagogic-pop et Lopatin? Assurément parce que si à leurs débuts l'hypnagogic-pop et la musique de Lopatin pouvaient passer pour une simple relecture hypernostalgique du passé (pastiche?) très vite elles nous ont révélé qu'elle provenaient d'une quête absolue de modernité. Un art du détournement des musiques du passés et de ce qu'elles peuvent symboliser à nos mémoires pour arriver à tout autre chose plus près de nous chronologiquement. Ce qu' illustrèrent si magnifiquement les vidéos (ses premières oeuvres) postées à ses tout débuts par Lopatin sous divers pseudos sur youtube. Les fameuses et dorénavant légendaires "echo jams", ensembles visuels et sonores aux conséquences gigantesques dans l'underground. La vaporwave et sa constatation/critique du consumérisme triomphant pour ne citer qu'une d'entre elles. Quand je tente de chercher la modernité via la découverte de nouveaux artistes ou courants musicaux Lopatin n'est donc jamais très loin comme l' hypna. Récemment je me suis même aperçu qu'il s' agissait de l' artiste parmi les plus cités dans ce blog. Que je m'intéresse à James Ferraro, Ariel Pink, Holly Herndon, Laurel Halo, Julia Holter. Que je me plonge dans l'hypnagogic-pop, la vaporwave, que je me confronte au maximalism d'un Rustie, à Arca, à la musique guerrière d'une Fatima Al Quadiri, Lopatin est là. Même chez Demdike Stare, Haxan Cloak ou Vessel il rode dans les coins. Encore et toujours. Daniel Lopatin est devenu depuis 3 ans LE personnage central de tout ce qui peut s' apparenter à la confrontation d'une certaine avant-guarde avec les musiques dites plus populaires. Ce mec veut savoir à quoi va ressembler l'avenir en observant le présent et un passé récent (l'ère numérique) et rien que pour ça, c'est un artiste essentiel. Mais qui est donc ce type né le 25 Juillet 1982 dans le Massachusetts et domicilié à Brooklyn. J' écoute "R Plus Seven" depuis plus d'un mois et je dois vous avouer que je n'en ai toujours pas fait le tour. Le mystère règne tellement ce disque est étrange. L' étrangeté de la nouveauté. Cette sensation magique face à un disque récent était devenue si rare depuis 15 ans et depuis 5 ans elle devient quasiment systématique avec le barbu de Brooklyn. C'est ce pure frisson fait d' angoisse et de plaisir que j'ai toujours recherché dans ma quête de musiques "nouvelles" depuis mon adolescence. Tomber sur un "truc" qui interpelle, interroge et décontenance mais surtout le "truc" qui ensorcelle. Alors comment dois-je m' y prendre pour vous parler d'un disque qui échappe encore en grande partie à mes capacités d' analyse tellement il se révèle riche et complexe. Un disque qui me captive sans que je puisse expliquer correctement la raison. Reprenons depuis le début et jetons un bref regard sur sa jeune carrière (à peine 5 ans), une carrière qui ressemble à un grand coup d' accélérateur de l' histoire. Ce mec est à mes yeux un "sauveur" dans notre époque trop portée sur le rétro. A première vue Lopatin fait comme la plus part recherche dans le passé. Mais ce n'est surtout pas pour faire "comme dans le bon vieux temps". Comme les Ariel Pink et James Ferraro le bonhomme aime fouiller dans les poubelles de notre mémoire auditive afin de créer quelque chose de nouveau et pour cela il pose les bonnes questions. Ses premières oeuvres (regroupées dans la merveilleuse compilation "Rifts") paraissaient elles aussi étranges même si les territoires visités nous semblaient parfois familiers. Lopatin est l'un des grands artisans de ce retour sur l' avant scène du rétro-futurisme avec ses nappes de synthés planant fortement 70's et 80's. Une musique souvent répétitive et minimaliste complètement à contre courant des habitudes de la musique pop par sa sobriété. Des titres tout d' abord très étincelants et familiers au premier abord puis qui devenaient anormaux par la manie qu'avait Lopatin de les étirer à n'en plus finir. Progressivement Lopatin ne se contenta plus des synthés proche du Krautrock et d' Emeralds pour ,à l'instar d'un Ferraro, aller encore plus profondément dans les poubelles . Pub télé, B.O, bruit de la vie quotidienne, machin new age et musique du monde. Tout était utilisable pour lui dans les "archives" et aussi dans les outils technologiques fruits des progrès 70's et 80's trop rapidement laissés de coté et sacrifiés sur l' hôtel du consumérisme triomphant (CDR,VHS, et même les premiers synthés). On peut noter ainsi que Lopatin adoptait la même démarche fortement portée sur l' art du sample que celle des pionniers de l' Hauntologie (Dj Screw,Focus Group, Leyland Kirby, Stereolab). Il a aussi expliqué qu'il avait une fascination pour le flux sonores et le rythme des conversations et qu'il s'en inspirait pour construire ses morceaux. Merci de sa part pour nous livrer l'une des plus utiles clés pour aborder son oeuvres. Et les disques se succédèrent dans une sorte de marche en avant inexorable et conquérante vers le futur."Returnal" introduisait dans ses drones "synthétiques" du bruit et "Replica" offrait une musique plus accessible avec la prise de pouvoir définitive des ses samples provenant du passé. A chaque fois Lopatin et sa musique se pointaient dans notre quotidien et une grande partie de ce que l'on écoutait à ces moments-là prenait un sérieux coup de vieux. Nos vieilles certitudes et nos vieux modes de pensée sur la musique étaient à revoir et surtout beaucoup d'entre nous recommencèrent un travail de réflexion et critique laissé trop systématiquement sur le coté au cours de la première décennie de se siècle. Une décennie passée pour un grand nombre à réciter uniquement un savoir encyclopédique dénuée trop souvent de réflexion . Ce mec passe sa vie à ouvrir les livres d' histoires musicaux et pourtant, il n' apprend et ne récite pas par coeur, il l' analyse et mélange tout ça puis retire peu à peu le superflu et le reconnaissable pour nous donner les clés du futur. Petit à petit, en parallèle de ses sorties de disques l'homme se livrait en interview et on comprenait que l'on avait pas à faire à un fan de musique lambda coupé du monde faisant mumuse dans sa chambre . Le simple savoir encyclopédique du rock, très peu pour lui. C'est un type qui aime bien se tortiller les neurones en cherchant à comprendre comment les musiques sont apparue plutot que les énumérer bêtement et faire du copié-collé. Il se définit dans les entretiens comme un anthropologue musicale de la vie. Il nous a parlé du biomorphisme et d' art organique. Il nous a annoncé que si l'industrie de la musique était en crise ce n'était pas grave parce que l' essentiel, la musique, "y survivra"! Il nous parlait de liberté, de musique commerciale, d'intégrité et d' indépendance artistique. De la bulle capitaliste dans laquelle nous vivons : "aucun de nous n'a une culture libre et tous à un certain niveau, nous sommes condamnés à devoir s' approcher du populaire, que cela nous plaise ou non". L' énumération teintée de snobisme et de pédantisme des vieux noms et de références purement musicales très peu pour Lopatin et nous grace à lui justement. Petit clin d' oeil malicieux de ma part à certaines mauvaises habitudes des "fans" d'indie music. Avec Lopatin il faut réapprendre l'utilisation de conceptes issus d' autres univers. Les collaborations avec des grands noms de l' expérimental se succédèrent (Clinic, Tim Hecker), plus intéressantes les une que les autres. Il créa avec son pote Ford (de Ford & Lopatin) un des plus somptueux et passionnant label du moment, Software records(Autre Ne Veut,Ferraro,Slava). Les artistes de l'avant-garde récente qui se démarquaient de la masse se sont mis à se réclamer de plus en plus souvent de lui. Holly Herndon, Laurel Hallo, Stellar Om Source. Et nous voici à présent arrivé à aujourd' hui avec ce putain R Plus Seven. Ce monstre de modernisme et de liberté. De "jamais entendu". Ce disque est une nouvelle fois un changement de cap dans la carrière de Lopatin. En écoutant "Inside world" on peut par exemple dire qu'il a beaucoup travaillé sur les voix et qu'il n'est pas par hasard un très proche de Laurel Halo. Si Lopatin inspire ses successeurs il a aussi l' énorme qualité d' observer ses contemporains et tous les fans de James Ferraro, The Gatekeeper, Fatima Al Quadiri et de Vaporwave vont penser tout au long de R Plus Seven à l'immense "Far side Virtual" et sa critique du consumérisme . Tous ces artistes géniaux et novateurs tant de fois abordés ici, ces artistes qui osent en dissèquant la révolution numérique apparue depuis 15 ans à partir de moult expérimentations sur les sons de cette nouvelle culture. Sons informatiques, univers des jeux vidéos, notre relation au virtuel et sa confrontation à la réalité quotidienne, son utilisation par le consumérisme et la société du spectacle triomphante. Je vous racontais que Lopatin parlait souvent de liberté dans la bulle capitaliste, d' indépendance artistique et de sa volonté d' échapper à tout dictât stylistique. Ses actes suivent ses paroles et l'homme atteint ses objectifs en nous offrant un monument en l'honneur de ses valeurs, le gigantesque "Zebra". Les boucles et les motifs sonores arrivent de partout et bousculent sans cesse nos habitudes mais n'y voyait pas dans ce fait un truc gratuit tenant du hasard. Le travail de construction effectué par Lopatin sur R Plus Seven est considérable et marqué par le seau de la méticulosité. A grand coup de détournement de souvenirs des débuts informatiques et digitaux ("America") Lopatin nous offre des paysages sonores formidables et étranges dans lesquels la pop du futur ira piocher dans quelques temps. Sa palette de sons s' est encore plus diversifiée et elle aussi est un symbole de la révolution numérique et des possibilités offerte par un accés plus facile (internet) à toutes sortes de culture (les bienfaits de la mondialisation). Et si parfois des nappes de synthés nous rappelle ses débuts et un orgue d' église réapparaît souvent des "guitares" japonaises ou d' autres motifs tout autant surprenants font irruption en chamboulant les rares habitudes prises avec Oneohtrix. A d' autres moment je reconnais que c'est particulièrement complexe d'entrer dans ce "R plus Seven" et me vient cette vieille petite histoire de tonton Brian Eno qui va vous permettre de plus facilement entrer dedans et ainsi mieux apprécier la musique de l' américain Lopatin et de beaucoup d' autres abordés dans ce blog.. Par ailleurs Eno nous recommande de faire la même expérience que lui pour sortir des carcans de notre culture musicale écrite occidentale et rock'n'rolliennes . L'un des autres charmes majeurs de Lopatin fils spirituel d'un certain post-punk. Un jour, Brian Eno sort de chez lui et décide d'enregistrer les sons d'un parc près de son domicile. Tout y passe pendant une heure. Les chiens, les voitures, les gens. A son retour, lui vient cette idée incongrue. Et s'il ne gardait de son enregistrement que 3 minutes 30, soit la durée d'un single. Pas de problème, il réduit l' enregistrement par un fondu d'entrée puis un fondu de sortie au bout de la période désirée. Que fait-il par la suite? Très simple, il écoute sans cesse ce "morceau" comme s'il s' agissait d'une pop-song. Pendant ses trajets en voitures, ses loisirs, son travail. Au bout d' un moment, il fait ce que l'on fait consciemment ou pas avec une chanson. Il l'apprend par coeur. Cette musique produite par le hasard peut être apprise !? Premier scoop! Deuxième scoop, après un certain nombre d' heures d'écoute, il dit avoir imaginé que chaque élément avait été placés et coordonnés exprès. Comme s'il avait été écrit par un type. Le moteur de la voiture qui monte dans les tours et le chien qui aboie à ce moment là, "excellent!". Comme l'affirme Eno, on écoutera désormais la musique comme on se place pour apprécier une oeuvre d'art, plus uniquement sur le simple mode hédoniste adapté à notre humeur du moment. Tout est dit. Et la musique n'est plus un simple produit de consommation. Pour finir et faire simple : "R plus Seven" est-il un "bon disque"? Assurément. "R plus Seven" est-il un "grand disque" ? Assurément "R plus Seven" va-t-il "changer le monde"? En ce qui concerne les mondes de la musique électronique, d' une certaine pop plus aventurière et expérimentale c'est...déjà fait!

  • En passant : Tropic of Cancer enfin en grand format

    Cf précédemment ici Les vénérés Tropic of Cancer viennent enfin de nous balancer leur premier album et comme il était prévu, c'est une magnifique vague de froid glacial qui va prendre possession de tout votre corps . Pas de réelles surprises juste une confirmation. Camella Lobo et son pote Juan Mendez mérite amplement le culte dont bénéficiait leur formation grace à la floppée de ep parus depuis 2007. C'est toujours minimal, shoegaze, post-punk et parfois dronesque. Camella par sa voix nous ensorcelle en nous entraînant sur les terres désolées autrefois visitées. Mais attention, Tropic Of Cancer n'est pas un groupe revivaliste de plus. Bien sûr je vous vois venir. Vous allez me dire que ces sombres et lugubres paysages de landes où la pluie fouette vos visages de vieux routards ou de jeunes aventuriers éduqués ont déjà été visités. Darklands" des Jesus & Mary Chains, Wire, le "Closer" de Joy Division, Cocteau Twins, la trilogie séminale de Cure(Seventeen seconds, Faith & Pornography). Tentez l' expérience et vous verrez. A nouveau l' effroi ressenti il y de ça de nombreuses années va s' emparer de vous. Cet effroi que vous croyiez jusqu'à présent enfermé dans la boite à souvenir. Il est bel et bien encore vivant. Vos vieilles émotions vont resurgir. Tremblez brave gens. Revêtiez vos habits noirs de corbeaux parce que ce soir, cette vieille trouille enfantine face à ce toujours suffocant sentiment de solitude va reparaître comme pour la première fois. L' intensité sera la même. "Restless Idylls" nous offre à contempler des parcelles inconnus de ces territoires crépusculaires qui vous paraîtront bien moins familiers que ce que vous supposiez. Tremblez et réjouissez-vous braves gens. Vous n' êtes plus obligé de vous farcir une énième fois l' oeuvre du gros Robert Smith ou de vouer un culte ridicule au pendu de Manchester. L' effroi se conjugue à nouveau au présent et au futur.

  • En passant : Pete Swanson live, une certaine idée de l' apocalypse. Et aussi la dictature de l'image

    Décembre approche à grand pas et quand il va falloir préparer les classements de fin d' année DWTN va avoir un sacré cas de conscience. Ou plutot une interrogation déjà apparue cet été à la sorti de l' hallucinante mixtape d' Arca (ici). Dois-je inclure dans le top album les mixtape et les live. Le questionnement concernant les mixtape flottait depuis pas mal d' année déjà mais depuis deux jours j' envisage sérieusement de classer cette année un live. Pete Swanson est encore une fois la cause de mon émois. Le site Boiler Room vient de rendre disponible le set qu'il avait donné le 5 juillet dernier à New York. Un live d' à peine une demie-heure mais suffisamment puissant pour tout dévaster sur son passage et vous amener à vous retrouver dans la même situation que Swanson sur la photo ci-dessus. Quand j' ai découvert ces "courtes" 30 minutes 12 cycloniques je n'ai pas pu m' empêcher de mettre en relation cette grosse claque musicale avec l' interview de l'important et tout simplement l' héroïque Robert Hampson dans le NoiseMagazine de cet été. Je vous conseille vivement de vous jeter sur cette entrevue tellement le parcours de l' anglais est fascinant, instructif et exemplaire. En bref si il a commencé par un rock indie fortement noisy et précurseur du shoegaze ( les géniaux Loop) il s'est apperçu que justement le rock s' avérait bien trop liberticide pour ses désirs de création . Du coup Hampton s'en est allé vers l' électronique et les musiques dites plus "savantes" et expérimentales avec Main. Trajectoire que bon nombre de fans et de groupes devraient suivre (même 20 ans après !) pour le renouvellement de la cause indie. Dans l' article Hampson aborde plein de sujets en rapport avec la prestation de Swanson , son incompréhension sur le retard pris par la sonorisation des concerts (simple son en façade) face aux technologies actuelles (comparé aux système de sonorisation des cinémas par exemple) , sa réflexion sur ce que recherche le public rock avec sa focalisation sur un type avec sa guitare sur scène et sur ces habitudes que ce public devrait apprendre à oublier. Il nous parle aussi du pouvoir de l'image (on y revient plus tard concernant ce même pouvoir, le désir d' archiver et de diffuser provenant des nouveaux outils technologiques). Hampson rajoute qu' à son avis les set de drone et de noise devraient être très court. Le set de Swanson ne dure donc que 30 minutes. Juste ce qu'il faut pour pénétrer l' univers de Swanson sans qu'il y est overdose de bruit. Si j' envisage à classer ce live (téléchargeable) c'est que Swanson délivre une musique quasiment inédite. Certains "tics" du bonhomme sont bien sûr présents et par exemple on pense beaucoup à son grand "Live Ends at 30". C' est aussi parce que je considère, et ceci est en rapport avec les propos d' Hampson, qu'il s' agit là de l'une des plus belles porte d' accès pour le public rock ou autre à la furieuse musique expérimentale du bonhomme. Ce boucan ,ne tenant absolument pas d' une fumisterie ou ne demandant pas non plus de prédispositions psychique jugée anormales par le commun des mortels, peut être apprécié comme un bon concert de feu Sonic Youth ou comme ceux de My Bloody Valentine. L' énergie dont fait preuve Swanson est exactement la même que celle recherchée par les "rockeurs". Musicalement c' est du Swanson tout craché, la confrontation réussie du Noise/Drone avec les rythme des dancefloors. J' ai maintes fois abordé le sujet et je ne vais pas trop y revenir mais sachez que ce live est encore une fois une réussite comme tout ce que fait son auteur . Non seulement Swanson nous démontre une nouvelle fois tout son talent et sa maîtrise mais l' intérêt de cette session de Boiler Room nous permet d' aborder un autre sujet plus général en lien avec la musique de 2013. Un sujet très discuté ces jours-ci, abordé également par Robert Hampson dans son interview pour Noise Mag et mis sur le devant de la scène par une décision prise par un festival de musique. Hampson nous parlait donc cet été du pouvoir de l' image et le fait qu'elle avait bien souvent pris le pas sur le son. L' image est résolument partout à l' heure d' internet et la "consommation" de la musique ( au détriment de cette dernière)passe de plus en plus par son biais. Nous découvrons bien souvent des morceaux ou des artistes via la vidéo. Pas un scoop depuis les 80's (MTV) mais cette façon de faire s' est considérablement augmenté avec internet (youtube) . D 'autres nouvelles pratiques se sont mises en place . En surfant sur le net ou en se rendant à des concerts on constate un très fort désir d' archiver. On télécharge jusqu'à en gaver nos disques durs, et surtout les téléphones portables sont devenus les incontournables des concerts. Certains groupes se sont offusqués de cette pratique en expliquant qu'il était à leurs yeux préférable de vivre l'instant présent (une prestation live en communauté), en ne se concentrant que sur la musique et ce qu'il se passait plutot que se laisser parasiter par des motivations comme le besoin de dire "que j'y étais" ou de garder à tout prix un souvenirs à des fins purement personnelle ou collectives(les effroyables vidéos pourris polluant Youtube). Par exemple Dominique A, Savages, Thurston Moore et beaucoup d' autres. Curieusement d' autres artistes adoptent une attitude inverse face aux portables. Après quelques réticences tenant plus de la défense de leurs intèrets et des droits d' auteur face aux piratage ils ont décidé de l' accepter, et même plus, d 'en jouer et de l' exploiter dans leur scénographie. Et très bizarrement( ironie de ma part) , ces artistes sont souvent des artistes dits ..."Mainstream". Le mp3 de la prestation de Swanson est accompagné d'une vidéo, techniquement plutot correcte. Et c 'est en visionnant cette dernière que l'on s' aperçoit d'une évidence trop souvent oubliée, l'image est une menteuse et déforme. Elle perturbe notre relation à la musique. L'image ne pourra jamais rendre les sensations aussi fortes que si on avait assisté au concert et leurs diffusions ne relèvent pas franchement d'un intérêt fort. J' ai téléchargé le fichier mp3 et je l'ai écouté tout de suite. Ce fut une claque. Plus tard j' ai visionné la vidéo et je me suis emmerdé. En constatant la différence entre les deux façons d' appréhender le set et les effets ressentis je me suis dis que j' avais bien de la chance de n'avoir pas commencé par youtube. Robert Hampson :"Contentez-vous d' écouter et faites abstraction de tout le reste". Ma concentration avec la version youtube n' était plus entièrement sur la musique et le spectacle d'un Swanson ,impressionnant tout de même, mais sur l' envirronement. Il jouait au milieu de hipster ne sachant pas trop pour certains cacher leur ennuie ou leur incompréhension devant ce set avait quelque chose de triste. D'autres savent qu'ils sont filmés et essaient en vain de faire bonne figure, de se montrer, de nous dire "putain c'est génial ici et le concert est trop coooool". Efforts vains parce qu'ils sont tellement concentrés sur leur "représentativité sociale" que du coup il apparaît évident qu'ils ne sont pas rentré dans l'univers Swanson. Leurs postures sonnent fausses. Et tout ça réuni peut être pris au mieux pour un spectacle comique, au pire pour une mascarade. Sauf Swanson qui se fout de ce qui l'entoure puisqu'il est dans son monde. Mais la grande perdante dans tout ça, c'est la musique. On se rappellera également de la fameuse compilation des moments pathétique et très drôle de Boiler Room avec mention spéciale pour Tom Yorke (à voir absolument ici). Cette représentativité sociale due à la présence de l' image(la caméra ou le téléphone) et faussant l' instant présent on la retrouve aussi dans les grands festivals d' été via les grands écrans de chaque coté des scènes. Cet été à la Route du rock la réalisation était l' oeuvre d'un type un brin obsédé sexuel. Le type ne cessait de nous balancer des plans de jeunes filles en fleur assistant aux concerts. Il y avait parfois dans ces images quelque chose de fort, de puissant, de vrai! Rien à voir avec le culte de la célébrité ou la manipulation de la caméra. Un truc que l'on peut voir que dans les archives des festivals 60's (Monterey, Woodstock ou Wight). En ces temps là les caméras étaient certes déjà présentes mais le public faisait preuve d' une certaine innocence à leurs contacts. C'est tout juste si il se rendait compte ou pressentait de leurs présence. A Saint Malo parfois l' attitude des spectatrices faisait vraie. Pas travaillée. C' était un vrai bonheur de voir ces être humains captés uniquement par la musique et la prestation scénique. Et puis le moment terrible arrivait. Un regard sur le grand écran ,d' elles ou de leurs proches, et la magie disparaissait. Certaines exprimaient la gène d' être montré au public dans un instant émotionnel fort et à présent perdu quand d' autres surjouaient et devenaient pathétiques. La communion (mélange d' intime et de collectif) entre ce public et les artistes via la musique avait cessé et nous étions dans le divertissement commun et le spectaculaire bas de gamme. Juste parce que la concentration nécessitée par un concert était parasitée voir impossible. Vous préférez que les festivals ressemble à quoi? La photo ci dessous ou cette archive d' Otis Reding à Monterey où une certaine innocence d'un autre âge? On en revient toujours aux même questions. La musique, les concerts ou mix, sont-ils devenu de banales produit de consommation interchangeable comme les couches culottes ou le PQ? Les organisateurs d'un festival vont tenter de répondre à cette question et faire prendre conscience de tout celà. Leur démarche est franchement bienvenue et est tout sauf un gadget pour faire le buzz. Il y a du fond derrière tout cela comme le montre le fort et magnifique texte (ici) sur leur site. Le beau Unsound festival de Kracovie. Le thème de l' édition 2013 est le Parasitage. Chaque année les organisateurs définissent un "concept de base" à partir duquel ils vont construire leur programmation. En gros le texte dit ceci: " En 2013, le thème de Unsound concerne les interférences.Qu' il s'agit de la physique du son, y compris la superposition d'ondes sonores variées et de rythmes, de la distorsion, les fréquences audios, la perturbation sonore, et l'acte d'obstruction ou d'entraver. Plus que jamais, ces éléments sont utilisés dans un large éventail de la musique contemporaine, de la scène noise en développement à la musique de club en constante évolution ". Bon déjà, arrivé ici, je reconnais que l' on a perdu les trois quart des festivaliers français, juste une question de manque d' éducation du public par les organisateurs dans leur ensemble et la presse musicales. Les plus fautifs ne sont pas les festivaliers justement qu'il faudrait cesser de prendre pour de simple vache à lait juste bonnes à écouter des musiques "faciles". La suite est encore plus intéressante et en rapport avec notre sujet du jour. "En outre, le thème sera exploré pour sa signification sociale et culturelle en s'interrogeant sur la signification du terme «underground» dans le monde en réseau d'aujourd'hui, fortement marchandisé et piloté par les données ." Et ça continue et là ça devient beau à en pleurer tellement c' est juste et c'est que l'on a envie d' entendre plus souvent par chez nous en France. "Le thème des Interférences va placer le festival Unsound de cette année, à la frontière entre le divertissement amorphe et l' expérience stimulante, souvent en jouant contre la consommation facile de la musique et en demandant un engagement du publics.Vous ne trouverez pas d'énormes têtes d'affiche. Il ne sera pas retransmis via l'Internet par liens vidéos faciles .Mais pendant une semaine le festival va créer une zone autonome temporaire unique pour le public et les artistes que vous sentirez comme nulle part ailleurs." Et c'est dans ce but qu' Unsound fait beaucoup parler de lui ces jours-ci. Le festival a tout simplement décidé de refuser les accréditations pour les photographes et les cameramans et invite cordialement le public à résister collectivement contre la tentation d' utiliser son portable de la même manière. Belle idée expliquée par ces mots :"Notre objectif est d'encourager notre public à se concentrer sur d'être dans l'instant, et pas détourner les autres de ce moment-là», explique le directeur artistique d' Unsound Mat Schulz. «Nous voulons remettre en question la tendance automatique à placer des photos et des vidéos de concerts en ligne, que ce soit sur les réseaux sociaux, les sites de musique ou des plateformes de streaming vidéo, de mettre un peu petit grain de sable dans le bombardement constant des images, principal outil actuel de communication. L'interdiction ne sera pas contrôlée par des gardes de sécurité, cela va être une action de la communauté - si vous voyez quelqu'un à côté de vous filmer, demander lui poliment de cesser ". Il est à noter que les plus importants médias musicaux mondiaux (presse écrite et sites) en ont parlé mais que cette information a été très peu relayée en France. Si pas du tout. Allez savoir pourquoi. Et si on s'attarde sur la superbe programmation 2013 (du 13 au 20 octobre) alors les fidèles de DWTN vont reconnaitre pas mal des noms et ceci n' est certainement pas le fruit d'un heureux hazard.2013: Rhys Chatham avec Charlemagne Palestine! Laurel Halo!!! Dean Blunt!Demdike Stare! Andy Stott!Forest Swords! James Ferraro!!! Jenny Hval! Julianna Barwick!!!Myckki Blanco! Pete Swanson!!! RP Boo!!!Stellar Om Source!!! et bien sûr Pete Swanson!!!!! Des artistes eux aussi rarement relayés en France et du coup très très râres . Pour en terminer avec l' épineux sujet lancé par Unsound concernant la dictature de l'image et son parasitage de la musique et des concerts je vous propose de découvrir cette vidéo posté sur youtube. Et là on se rend bien compte que l'on arrive à un no mansland de la réflexion et à la quintessence de la marchandisation et du consumérisme dans la culture populaire. Et pour être plus direct, la quintessence de la connerie humaine tout simplement. Un mec (ou une fille?) a filmé le beau Nick Cave pendant la RDR 2013. Enfin pas vraiment le Nick Cave qui était sur scène à 40 mètres de lui. Non. Il a filmé ...le Nick Cave du grand écran! Simple et belle envie de partage? Peut-être, mais sujet à questionnement malgré tout. J' allais publier cet article quand un ami facebookien publia une annonce de concert qui m' interpella puisqu' encore une fois Robert Hampson était à convoquer. Ce coup-ci c'était au sujet du mode de diffusion du son dans les salles de concerts. Hampson pestait du fait que malgré les progrès technologiques et leurs côuts financiers plus abordables, les système multi-canaux font toujours aussi peur et sont sous-utilisés dans les salles de concerts. La sonorisation en façade restant la norme avec ce qui va avec, le folklore rock'n'roll , formidable machine à héroïser n'importe quoi. Un comble pour Hampson et pour certains quand on pense aux systèmes de sonorisation des home-cinémas, des salles de ciné et même, des automobiles récentes. Le post de mon ami était une annonce pour un appel à participation via le site KissKissBankBank pour un projet de concert qui a le grand mérite d' apporter une petite réponse à Hampson.Allez y faire un petit tour c'est passonnant. http://www.kisskissbankbank.com/wilfried-matrice-dispositif-live-immersif PS: Loop et Main c' est ça:

  • En passant : The-Drum, une certaine idée du futur.

    DWTN ne pouvait pas passer à coté de ce disque. Parfois des groupes que tout oppose choisissent des pseudos se ressemblant et si cela peut entraîner de sacrés quiproquos il se peut aussi que ce rapprochement du au hazard nous révèle beaucoup de chose sur nous même et sur la musique actuelle. Les fans d'indie-music connaissent probablement The Drums. Formation new yorkaise qui a eu son petit succès en malaxant la jangle pop british (The Smiths,Orange Juice) et sa cousine la surf-pop américaine (Beach Boys). En 1993 ans j'aurai adoré The Drums, en 2013 ils m'ont depuis longtemps lassé avec leur formule mainte fois entendue. Une formule bloquée sur le passé et ne piochant que dans "L'histoire de l'indie-music pour les Nuls". Non, en 2013 messieurs et mesdames c'est pour The-Drum que DWTN s' excite. The-Drum (n' oubliez pas le tiré) c'est Jeremiah Chrome et Brandon Boom, deux garçons de Chicago. Chicago? Ne voyez-vous pas venir la lubbie made in Chicago de DWTN avec ses gros sabots? De toute façon il va n' être question que de lubbies DWTN. Continuons. Nos deux gars à la très grande différence de leur presque homonyme New Yorkais ne vouent pas un culte à pépé Morissey, loin de là. Si vous leur parlez musique anglaise ils vont vous répondre Art Of Noise et pas guitare et indie. Art of Noise? J'en ai déjà souvent parlé (Vessel et Jam City entre autres) et curieusement le nom de cette formation 80's comme celui de Talk Talk (pour These New Puritans et Julia Holter) est devenu un leitmotiv en 2013. Je disais donc qu'ils nous venait de Chicago et qu'ils ont pris dans mon coeur la place due à The Drums. Là encore une énorme différence entre ces deux formations saute aux yeux. The Drums (NY) ne regarde musicalement que dans le passé, ils vivent dans une bulle. The-Drum ne se contentent pas de fouiner dans les archives, ils ne sont pas hermétique aux musique de leur époque, au présent. Non seulement ils écoutent ce qu'il se fait de neuf depuis 4-5 ans, mais en plus leurs goûts sont bien plus diversifiés et enfin, si ils sont nostalgiques ce n'est pas d'un style musical lui aussi nostalgique d'une certaine époque mais d'une musique qui voulait en son temps évoquer le futur. Approche que l'on nomme le "Rétro-futurism". Grosse, très grosse tendance que le rétro-futurisme en 2013. Le rétro-futurism c' est comme Talk Talk et Art of Noise, DWTN en a beaucoup parlé (Ariel Pink, l' hypnagogic pop, Gatekeeper, Space Dimension controller, Flying Lotus, Daniel Lopatin etc etc). Alors que certains ne vont y voir dans la résurgence de ce style qu'une mode revival de plus (les menteurs!ou ...les idiots! c'est au choix) il convient surtout d' essayer de comprendre le pourquoi du comment. Très simple. En 2013 beaucoup (dont votre serviteur) en ont ras la casquette de tous ces revivals et veulent le futur et rien de mieux dans ce but que d' aller voir dans le passé la musique des aînés ayant eu les même aspirations. Une preuve flagrante est le succès rencontré par de la réédition de la BO de "Blade Runner" par de Vangelis. Il y a de ça quelques années c'était ringard et sans intéret d' écouter Vangelis. Limite considéré comme une attitude de vieux cons nostalgique de son enfance. En 2013 ce serait pas plutot l' indie rock nostalgique des 80's&90's qui est en passe de devenir réac?(là je vais me faire des amis). The-Drums annoncent la couleur dès le premier titre par ces rares paroles"Cela se passe dans le futur, ou peut-être dans l'espace" et embraye avec un sample du légendaire "Moment in love" d' Art Of Noise. Simple copiage non innovant? Non! Parce que comme je l' écrivais les deux chicagoans écoutent la musique novatrice de maintenant ou au moins en sont imbibés. Hypna-pop, Vaporwave (j'en reparle bientôt dans DWTN) et j'en passe. Si ils utilisent les synthé 80's c'est accompagné d' une palette sonore bien différente de l'époque. Les sons digitaux métalliques, le pillage et l'utilisation hors contexte de l'univers sonore des premiers logiciels Windows, la texture particulière des VHS. Toutes ces choses elles aussi maintes fois abordées dans DWTN. Quand on écoute ce disque une évidence nous saute à la gueule sous la forme d'un simple nom, James Ferraro (ici) par exemple et n'utilisez pas le moteur de recherche du blog, votre ordi va sérieusement ramer tellement je suis obnubilé). "Contact" surprend et déroute pour le non initié. Un peu à l'image de ce que le futur et réussit Oneohtrix Point Never va produire chez pour les aficionados de Warp qui croient encore que ce label est en tête de l' avant guarde (j'en reparle à l'occasion d'une spécial Lopatin). La modernité et l' intérêt de The-drum ne vient pas seulement du fait qu'ils ne font pas preuve d' arrivisme en se drapant des habits Hypnago-Vaporwave pour se la jouer tendance, ils ont bien digéré toutes ces influences, mais qu' aussi ils osent le confronter à d' autres choses éloignées et novatrice elles aussi. Et c'est ici que le moment est venu de vous faire écouter ce qui est d' hors et déjà considéré comme l'un des titres de 2013. Le beau et révolutionnaire "Narco"! Une sorte d' hymne pour DWTN. Le morceau commence doucement, c'est en apparence froid. Nous sommes bien sur les même territoires le "Far side Virtual" de Ferraro ou chez Lopatin. Un slap de basse et l'utilisation de sample venant de nulle part et c'est Art of Noise. La musique remplie peu à peu l'espace et comme chez Andy Stott ou Laurel Halo l'utilisation de la voix humaines tient le role de la rythmique . Et puis. Et puis un beat sourd et tarabiscoté entre en jeu à mi-chemin de la version longue. Bon dieu! Mais c'est du ... "Bon sang mais c'est bien sûr!" The-Drum nous vient de Chicago, et qui dit Chicago dit FOOTWORK!!!! Le footwork conjugué à la sauce rétro-futuriste c'est pas nouveau ,le "2020" de Dj Spinn (présent dans la compile estivale de DWTN ici) ou, les oeuvres du jeune Young Smoke (par là). C'est pas un scoop mais cela prouve encore une fois que cette musique sortie tout droit des ghettos de Chicago n' a pas fini de s'initier partout et de voire son influence grandir mondialement. The-Drum utilise le footwork parfaitement sans en rajouter et "Narco" peut ainsi décoller pour la stratosphère. Il faut préciser que The-Drum ne peut réellement être affilié à la clique Hypnagogic-pop du fait qu'ils viennent d'un tout autre univers. Ces deux dj des dancefloor de Chicago officiait plutot dans la wonky music, entre le dubstep et le hip hop . Une sorte de version américaine de Rustie toujours en mode rétro-futuriste mais à la sauce Flying Lotus cette fois-ci. Si en plus on écoute les premiers ep des deux gars on tombe sur des choses évoquant la Witchhouse tant évoquée ici aussi avec le label Tri-angle et Salem ce qui amène la conclusion suivante. The-Drum est une formation importante parce que, fait très rare, ils se retrouve au confluent de tout ce qui se fait de moderne et de novateur en 2013. Et c'est peut-être ça le truc qu'il manque tant aux The Drums New Yorkais et autres formations de l'indie-music. Ouvrir les fenêtres de leurs vieilles chambres d' étudiant pour l' aérer, parce que le poster de Morissey piqué dans un vieux numéro du NME tombe en lambeaux et commence franchement à sentir la moisissure. Une dernière chose sur le "Contact" de The-Drum. Avec les références qui sont faite dans cet article vous pouvez être amené à imaginer une musique dansante, agressive et parfois imperméable car trop complexe ou froide. Détrompez-vous. "Contact" est un véritable trip hypnotique au même titre que certains disques psychédéliques ou prog-rock. Un voyage à travers le temps et les territoires sans œillères. Passé, présent et futur.

  • Route du Rock 2013, des jeunes dansant sur une musique de vieux et un vieux s' éclatant devant des

    Le moment clé du festival 2013. Je suis en retrait de la grande scène pendant le set de Hot Chip. Entre moi et le gros de la foule une bande de jeunes dansent comme des fous sur la musique 80's à peine reliftée 00's de quadras un peu trop nostalgique d'une pop vieille de près de 30 ans. Un malaise profond s'installe en moi. Un malaise maintes fois abordé dans ce blog. Mais malgré cela, cette danse improvisée avait quelque chose en elle que je n'avais plus retrouvé depuis bien longtemps dans le fort Saint Père. Quelque chose d'indéfinissable. Un truc entre-aperçue pendant certains concerts.Un parfum d'espoir comme si, après quelques années de cynisme et de jachère, la loupe qu'est la Route du Rock nous dévoilait des terres ,connues ou inconnues, fertiles pour la musique, les idées et surtout à un certains état d' esprit teinté d'espoir en l' avenir. Entre passéisme et modernisme il faudra un jour choisir. Il faudra aussi se demander si la musique est devenue aux yeux d'une large majorité un simple produit de consommation comme les autres. Si peut-on se contenter de parler de musique comme d'autres parlent d'un match de foot ou du feu d' artifice du 14 juillet. Mais plutot que la déprime parlons tout de suite des motifs d' espoir en l' avenir. Les rois et reines de cette édition 2013. Julia Holter, Fuck Buttons, Cankun, Iceage et TNGHT dans une moindre mesure pour l'aspect modernisme. Nick Cave, Godspeedyou Black Emperor, Clinic et certains autres pour expliquer que la seule façon de faire dans le passéisme sans pour autant devenir une autruche et un radoteur, c'est d'avoir un vrai talent de créateur et/ou une très forte personnalité. Que dire encore sur Julia Holter qu'il n'a pas encore été écrit dans ce blog. Rien sauf qu'elle a survolé les débats. Je n'ai pas encore chroniquer le Fuck Buttons par manque de temps mais aussi parce que je savais que le concert de la RDR serait plein d' enseignements entre-aperçus sur leur magnifique dernier disque. Elle va venir mais une chose est sûr, Fuck Buttons a été le pendant bruitiste de la belle Julia en matière de musique novatrice et originale, l' autre grande claque pressentie et avérée de ce festival. Dans la même optique TNGHT et sa Trap-wonky music m'a beaucoup plus et j'ai été bien emmerdé pour expliquer à mes camarades festivalier que non, ce n'est pas du dubstep, mais plutot une belle évolution de ce style. Une sorte de mutation passionnante semblable par son maximalisme assumé à Rustie déjà défendu dans ce blog. Seul problème, tout comme Rustie, TNGHT est plus a classé comme des producteurs dj que comme des artistes de scènes selon les critères classique du rock ou de la pop. Beaucoup de musique enregistrée et une réelle envie de foutre le feu mais une quantité de travail de musiciens live quasi-inexistant (simple version cd de leur collaboration avec Kany West sans le moindre mixage). Ces mecs sont avant tout des djs en live, pas des musiciens. Je n'ai pas trop vu ni trop entendu Cankun , mais lui aussi regarde l' avenir plutot que le passé avec sa musique très hypnagogic-pop. On arrive enfin au cas Iceage. Pour eux ce n'est pas par le son à proprement parlé que le modernisme passe. Un punk hardcore sans compromis et rien que cela , ça fait du bien. Non le vrai truc d' Iceage c'est le choc devant l'urgence et la férocité de ces jeunes danois. Ils font peut-être une musique déjà vieille de trente ans mais ils nous parlent de leur époque, notre présent. Et ça fait mal, très mal. Le monde va mal et pour le savoir et connaître l' état d'esprit d'une certaine jeunesse laissez tomber les reportages caricaturaux des journaux télévisés, c'est Iceage qu'il vous faut. Encore plus d'urgence et de virulence (si cela était encore possible) que Savages l'an dernier. La petite scène à une heure avancée de la nuit quand l' euphorie fait place à la déprime et à la gueule de bois aurait été préférable à la grande scène sous un soleil de plomb. Le message a eut du mal à passer, dommage. Ensuite on va parler bien sûr de Nick Cave. Le grand concert "classique" de la RDR 2013. Nick Cave ne nous a peut être pas raconté 2013 en détail mais le prédicateur australien porteur de l' héritage d'un certain âge d'or du Rock nous a parlé comme personne d' un truc important et intemporelle, l' humain ! Le bien, le mal, l'amour, la haine, le sang, la rage. Sur les grands écrans encadrant la scène l'image est passé très symboliquement le temps de sa prestation de la couleur au noir et blanc. Parfois la réalisation et le grain de l'image évoquait cette vidéo des tournées Stax Records en Europe traînant sur youtube. Nick Cave appartient bien à cette petite caste d' artistes intemporels et inimitables. Après le passage de l' australien tous les jeunots un peu trop portés sur le passé passent inévitablement pour moins transcendant et paraissent même incongru. Il manque le "Truc". Malgré des concerts plus ou moins réussis les Bass Drum Of Deaf , Allah-Las et autres Parquet Courts ne m'ont finalement apporté qu'une chose, le désir de la nouveauté et de tourner la page du livre d' histoire. A trop rester enfermé dans son garage et ses cours du rock version youtube on ne voit plus le monde tourner et ça se ressent trop malgré toute l' énergie la volonté dont sont capables les grands solitaires. Une musique de solitaire coupé des autres. C'est bien ça qu'est devenu le garage rock. Dommage. Autre époque (les 90's) et du coup une autre vision de ce que doit être le rock, Godspeedyou Black Emperor et Clinic. Moins de blues plus de post-punk. Les grands défenseurs en 2013 de la cause indie ce sont eux. Intégrité, volonté de toujours évoluer, refus du compromis, bref : INDEPENDANCE. Le passage dans un festival estival et sa grande scène a été difficile mais GSYBE reste GSPYBE et malgré un son trop faible leur concert a été parfait. Pas leur meilleur non plus mais largement au dessus du lot. Et ce qu'il devait se passer s'est passé. Les canadiens ont encore une fois scindé le public en deux. Je répète ma question du début : "Il faudra aussi se demander si la musique est devenue un simple produit de consommation comme les autres?". Clinic quant à eux ont assuré comme toujours et nous ont annoncé deux jours avant ce qu'allait être la prestation des surestimés Suuns. Un groupe de lycéens trop influencés par leurs idoles(les clinics) juste bon pour la fête de la musique. Un reliftage de la musique des types de Liverpool fait de grosses ficelles et à travers le maquillage waterproof post-LCD Soundsystem on distingue un arrivisme et un manque de personnalité consternant. Voici l'instant coup de gueule: Il faudra un jour que la presse et l'industrie musicale française comprennent que le Made in Canada n'est pas gage de qualité surtout quand, comme me l'a confirmé un français exilé à Québec pendant un an, on ne présente que la version aseptisée de la scène canadienne. Il faudra aussi s'interroger sur les liens étroits entre un certain faux festival de ce pays (M pour Montréal) et certains rocks critiques français qui devraient apprendre dans le dico la définition du mot déontologie. Les mêmes devraient également apprendre a éviter les hypes en en faisant trop. Porter aux nues des formations sous de faux prétextes qualitatifs (fréquemment une musique "légère") alors que la vrai raison est ECONOMIQUE ! Il est souvent question tout simplement d' artistes plus facilement exploitable par l'industrie musicale française (labels, tourneurs, concerts, journalistes). Deux raisons. Soit parce que plus proches géographiquement (les français,Woodkid par ex) ou soit parce que ne bénéficiant pas franchement d'une forte cote de popularité et reconnaissance critique à l' étranger (Suuns, Hanni El Kathib) et du coup plus abordables pour notre pays(principe de l'offre et de la demande). En résumé on nous parle de Dacia en nous promettant la lune alors qu'à coté d' autres se passionnent ou roulent en Ferrari. Et comme une preuve de tout ce que je viens de dire ne suffisait pas la Julie Pietry de la synthpop a enfoncé le clou, Austra canadienne elle aussi et défendu à corps et à cri par les mêmes. Pose arty à deux balles (après Julia Holter fallait oser) et musique encore plus inoffensive que sur disque pour la démagogie. Pathétique. Pathétique comme Effterklang qui en un temps lointain (les deux premiers albums) nous offrait quelque chose d'intéressant. A présent on est plus proche du pire de Roxy Music 80's que des promesses d' autrefois. Et autant en finir avec les rares fautes de goût du festival malouins, les futurs animateurs d'anniversaires de vos chères têtes blondes au Quick de Caen, les Concrete Knive. Les enfants adorent, les autres beaucoup moins. Musique festive sans relief et fond d' où rien ne ressortait à part peut-être les dents longues de la chanteuse qui va vite laisser tomber ses petits camarades de boum. Parlons à présent des satisfactions toutes simples qui furent majoritaires comme toujours parce que la Route du Rock reste tout simplement le meilleur des festivals. Je parlais du retour d'un certain état d'esprit "Route du Rock" ressenti par votre serviteur à certains moment. Ce fut notamment le cas pendant la belle faille spatio temporelle Jacco Gardner, les toujours justes Woods, les !!! étonnant malgré l'absence de l' effet claque de 2005, Windowspeak et sa très belle reprise de Chris Isaack, Junip par instant, et les prestations honnêtes de Moon Duo et Disclosure qui n'inventent rien mais qui tiennent leur rang sans pour autant donner l'envie de se plonger sur leurs disques. Local Natives,Orval Carlos Sibelius et Jackson Scott quant à eux sont à mettre à part. Pas vraiment mauvais voir même plutot honnêtes et intéressants ces derniers sont surtout les victimes des dommages collatéraux engendrés par les faiseurs de hype. Impossibilité totale de porter un jugement objectif sans faire abstraction du battage médiatique. Scott vu mille fois, Orval Carlos trop d'idées à la fois d'où une certaine confusion, et Local Natives et bien on connait déjà l' axe Foals/Fleet Foxes/Grizzly Bear. Et pour conclure abordons les cas Hot Chip et certainement le plus bizarre (quoique?), l' énigme Tame Impala. Énigme pas si difficile que ça à résoudre quand on y repense. Mais que ce concert des compatriotes de Nick Cave fut bizarre. Un début gâché par un son pourri à cause du vent, un alignement de 4-5 chansons hallucinantes et un soufflé qui retombe très vite sans que l'on comprenne trop pourquoi. Que c'est-il passé? Très simple. On a eut la confirmation de ce que je pensais depuis leur premier album. Il s' agit bien d'une faille spatio temporelle comme tant d'autres, un très bon groupe un poil au dessus des autres avec un leader aux idées larges, mais l'aspect novateur par rapport à leurs influences provient surtout de la production de leurs disques, lo-fi des oo's pour le premier et la touche magique de Dave Fridman pour "Lonerism". Les effets de studio ne sont pas toujours faciles à reproduire en live et c'est cela qui a pu laisser sur leur faim certains. Mais grand groupe tout de même et le fameux état d' esprit RDR réapparaissait dans toute sa splendeur quand la musique de Kevin Parker se faisaient plus dansante en lorgnant sur ses copains de Jagwar Ma avec une électronique plus présente sur certains titres. Donc fatalement un petit rappel d' une certaine scène mancunienne fortement présente dans la génétique de la Route Du Rock, soit Madchester et les productions d' Andrew Weatherall. Et Hot Chip dans tout ça? Je n'ai jamais aimé Hot Chip et le concert fut un parfait révélateur des raisons. Dès l' entrée sur scène j' ai compris tout de suite ce qui me déplaisait en Hot Chip. Mis à part le simple coté revival et ses conséquences déjà abordés en début d' article il y a une petite précision à apporter concernant mon aversion pour eux. Et pour ça il va falloir vous parler Histoire et curieusement des ...Smiths et d'une bonne partie des raisons et causes de l'indie music apparue dans les 80's (Jesus & Mary Chains, C86, MBV, Sonic Youth etc etc). Courant musical par lequel je me suis ouvert à la musique. C' était quoi les Smiths et les noms cités. Pour la faire vite ( et très vite même j' admet), le rock et la pop indie 80's était une réaction à la musique mainstream dominant alors les tops mondiaux , une musique majoritaire très lisse , souvent dansante, avec un son propret souvent à base de synthétiseurs. Morissey et compagnie adoptèrent donc le songwritting étiqueté 60's (époque à leurs yeux porteuses d' une innocence corrompus par l'industrie musicale des 80's), son crystallin et/ou, le son crasseux et agressif de la lo-fi ou de la musique industrielle et du punk. Alors quand Hot Chip déboule sur scène au son de Prince tout est dit. Prince, l' épine dans le pied des fans de musique indie un peu trop bornés. Tout n'était pas non plus mauvais dans la synth-pop et le mainstream des 80's. Le problème d' Hot Chip c'est qu'ils n'ont pas seulement écouté Prince, Talk Talk, Prefab Sprout, Soft Cell, New Order et tant d' autres. Ce soir-là dans le fort Saint Père nous avons eut aussi droit à des relents d' Elton John, du funk finissant produit aux kilomètres au débuts 80's, à Phil Collins se la jouant James Murphy, les géniaux Pet Shop Boys ayant trop abusé du K2R et du poppers ou que sais-je encore. C'est peut-être efficace, c'est parfois bien fait, mais faut avouer que parfois ça sentait franchement le renfermé, même pour celui qui place Mark Hollis sur un même pied d' estale que Kevin Schields. Et là me reviennent encore mes deux interrogations du début. Deux questions à propos desquelles la Route du Rock joue son rôle admirablement en y répondant toujours parfaitement depuis plus de 20 ans et demeure le Meilleur festival de France: "Entre passéisme et modernisme il faudra un jour choisir" " Il faudra aussi se demander si la musique doit devenir un simple produit de consommation comme les autres ".

  • En passant : Fatima Al Qadiri

    Souvenez-vous de la guerre du Golf? Cette putain de guerre (1990-1991) qui opposa une grande partie du monde à l' Irak de Saddam Hussein quand ce dernier envahit l' Émirat du Koweït. Si cette guerre a été horrible comme toutes les guerres elle a aussi marqué profondément les gens de ma génération parce que nous l' avons vécu par l' intermédiaire de la télévision en quasi direct. Cela devenait un grand spectacle audiovisuel avec toutes les déviances de l'info en temps réel devenus aujourd' hui la norme. Pour l' ado que j' étais les images ressemblaient à un triste son et lumière aseptisant l' horreur de toutes les guerres. On a vu très peu de cadavre ou de sang mais par contre nous étions chaque soir hypnotisés par les images en direct des bombardements de Bagdad filmées par les caméras de CNN et commentées approximativement par ce diable de Guillaume Durant et une armée de "Spécialistes" pas encore nommés "consultants". Et je ne vous parle même pas de la désinformation et des manipulations. Mais pourquoi je vous parle de ça? Quel rapport avec la musique? Parce que sous ce déluge de sons et de lumières il y a avait des humains. Ce n' était pas un simple jeu pour Playstation. Ça l' est pourtant devenu très vite juste après, il s' appelait Desert Storm et fit un carton dès 1992. Fatima Al Qadiri est née au Sénégal. Cette artiste multimédia résidant actuellement à Brooklyn l' a vécu cette saloperie de guerre, mais pas au travers de la petite lucarne. Elle vivait au Koweït pendant l' opération "Tempête du Désert", nom très cinématographique donné à cette guerre par l' armée Américaine. Ces jours-ci elle sort un ep intitulé "Desert Strike" où il est beaucoup question de ce que je viens de parler. Plus précisément cette artiste nous balance à la gueule une vérité crue. Notre vérité de petits occidentaux. C'est une critique de la société du spectacle décrite et annoncée par ce bon vieux Guy Debord. Elle confronte notre vision défini en partie par le divertissement marchand (télévisuel et vidéo) à la sienne, souvenir des bombardements et des souffrances humaines bien réelles qu'ils ont engendré. Pour cela elle utilise les même sons digitaux que ceux des jeux vidéos des 90's. Ces fameux sons digitaux issus de l' informatique déjà entendus chez le James Ferraro de "Far side Virtual". Des sons fabriqués pour nous apporté une sentiment de douceur et de calme qui chez Qadiri sont mélangés à des détonations de bruit blanc et glacial. Des "déchirures". Ses clips sont à l'image de tout cela, un mix de jeux et de CNN. Ils se rapprochent beaucoup du travail de Tobar Roback pour Gatekeeper dont je vous ai tant parlé (ici). Musicalement l' imagerie militaire et et l' ambiance tribale évoque bien sûr Vatican Shadows(ici) et beaucoup Nguzunguzu. Cet ep m' apparaît bien plus convaincant, autant par ses qualités artistiques que par le sujet abordé, que celui sorti sous le pseudo Ayshay chez les géniaux Tri Angle Records. Fatima Al Qadiri, à suivre de très près!

  • En passant : Miles, un Demdike Stare en solo

    Miles Whittaker a sorti deux merveilles d' électro-ambient cette année, le ep "Unsecured" et le grand album "Faint Hearted". Deux pépites qui peuvent servir d' accès à l' univers de la formation phare Mancunienne, Demdike Stare. Être fan des Demdike Stare c'est pas une sinécure. Avec eux on est loin de l' allure de sénateur des formations indies rock et des autres genres, on se contente pas d'un album tous les deux ans. Entre Demdike Stare et leurs divers pseudo et collaborations les productions se suivent à un rythme effrénés. Comprenez un truc nouveau tous les trois mois et le plus beau dans tout cela c'est que leur inspiration ne s'épuise jamais et qu'aucune de leurs productions ne pourrait s' apparenter à une simple redite ou à un travail anecdotique. Tout ce qui touche à Demdike Stare est passionnant par définition. 2013 a vu la sortie d'une série de trois singles sous l' appellation "Testpressing" et de la belle mixtape "The Weight of Culture", à chaque fois, le résultat est passionnant. Je reconnais que l' univers et la musique de cette formation n' est pas toujours très facile d' accès, par exemple il faut un certain temps pour prendre l' habitude de leurs ambiances pas franchement joyeuses et entraînante aux premiers abords (le truc sorcellerie déjà évoqué dans ce blog). De plus maîtriser les subtilités de leur Dark-Ambient et l' apprécier à sa juste mesure est loin d' être évident. Les incursions d' Hauntology dans ce dub minimaliste peuvent tout autant troubler que passer inaperçues. Mais seulement voilà, Demdike Stare est l'une des formations les plus importantes ces temps-ci et ce fait est vérifiable rien que par leur énorme influence sur les autres. La liste des formations se revendiquant des Demdike Stare s' allonge de jours en jours et de plus elle brille par la qualité des noms, Raime et Haxan Cloak par exemple. En solo Miles Whittaker nous offre sous le pseudo simpliste de Miles une musique bien plus épurée et limpide que celle qu'il concocte avec son confrère des Demdike, Sean Canty. Le rythme peut même parfois s' avérer dévastateur sur une piste car parfois plus marqué que celui des productions Demdike et évoquer encore plus celles de leur génial voisin Andy Stott ou comme sur ce "Infinite Jest" le bon Pete Swanson. Ces deux particularités du travail de Whittaker font que ,malgré une ambiance toujours plus proche des entrepôts industriels désaffectés et non du monde des bisounours, "Faint Hearted" et "Unsecured" se révèlent être des bandes sons idéales pour notre présent complexe et aussi pour entrer dans l'univers passionnant de Demdike Stare.

  • En passant : Factory Floor, ils vont vous rendre autiste.

    Mais putain! Que cette année 2013 est belle ! Comment bien décrire la gigantesque capacité de Factory Floor a vous enfermer systématiquement dans une bulle malgré un environnement envahissant? Une petite anecdote. Novembre 2010 dans une petite salle dite "de musiques actuelles". On m' a fort gentiment convié à assurer les "inter-plateaux" pour une superbe affiche du festival O Les Choeurs, Elysian Fields & Tindersticks. Les deux concerts venaient de se terminer et il était temps pour votre pitoyable apprenti dj d'un soir de balancer une musique un peu moins posée. Bref d' envoyer le bousin. Après un traditionnel Primal Scream de bon aloi c' était le moment pour faire découvrir ce groupe anglais qui venait tout juste de sortir son premier vrai-faux album et au propos duquel les superlatifs employés par la presse anglaise étaient loin d' être injustifiés. De plus je savais que dans le publique des Tindersticks/Elysian Fields la fibre mancunienne/Factory Records allait fatalement réagir. Quoi de mieux que leur génial "Lying". Le morceau commence et me voilà envahi de tout mon corps et mon âme par cette tuerie. La voix de Nic Void(Colk), les déflagrations de la guitare et ce putain de rythme hypnotique. Les secondes et les minutes défilent sans même que je rende compte. Je devrais mais pourtant je suis en lévitation jusqu'à ce que... Jusqu'à ce que le morceau de termine et un blanc de quelques secondes interminables prenne le pouvoir. En levant les yeux je perçois les quelques regards suspicieux et emplis d'une certaine pitié lancés sur moi. Pris par la machine Factory Floor j' avais oublier d' enchaîner et pire, de prévoir le titre suivant. Grand moment de solitude mais heureusement que l' alcool avait fait diminuer le degré d' attention de la plus part. Ce soir-là ce qu'il m' était arrivé n' avait rien d' étonnant quand on lit ce que racontait le batteur du groupe Gabe Gurnsay sur leur processus créatif près d'un an plus tard quand l' empire Pitchfork se décida enfin à s 'intéresser à cette formation déjà active depuis 2006."Nous perdons tous sens de la réalité" Factory Floor sort enfin son deuxième album la semaine prochaine et malgré l' attente interminable et les changements stylistiques (déjà abordé ici) l' effet est demeuré le même. Alors ? Ce putain d' album? Une réussite absolue. Qu' attendre d' autre de toute façon de l'une des meilleurs formation britanniques de ces 10 dernières années. Dès "Turn it down" ,morceau pourtant pas le plus franchement accessible, on est rassuré et on retrouve tout ce qui fait la première accroche de FF, leur son énorme et glacial . Et voilà l' auditeur emporté dans la tempête, tous ses repères sensoriels sont foutus en l' air par le fabuleux pouvoir d' asservissement de ce groupe. Et c'est ça la première des principales qualités de Factory Floor. Alors que d' autres pour les même objectifs tomberaient dans les travers de la surenchère les trois anglais misent sur le minimalisme et la répétition . Ce qui est encore plus frappant c' est qu'ils n'utilisent pas des sons que l'on pourrait appeler "nouveau". La recette est autant simplissime que le talent et le travail de précision des anglais est énorme. Des boucles rythmique d'une vieille Roland 808, la voix si intense de Nic Void , cette sorte de broderie des synthés relevant de la plus haute précision et tous ces ingrédients rassemblées avec une grande maestria teinté d'une sacrée malice. Une fantastique musique hypnotique qui allant crescendo nous dévoile l' autre qualité des FF, ce minimalisme à l' aspect répétitif pourrait vite devenir lassant et trop froid sauf qu' avec eux on assiste à une progression à peine perceptible au début des titres puis de plus en plus importante pour finalement aboutir à une explosion frénétique et inouïe dans votre ciboulot. La musique de Factory Floor opère un étrange charme. Elle nous enferme dans une bulle, nous devenons rapidement de vrais autistes à son contact, coupé du reste du monde, les yeux clos, et quand dans une dernière tentative de socialisation nous les rouvrons on constate alors dans un miroir que notre visage offre le spectacle de l' euphorie et non pas celui du retrait et de la solitude. Nouveauté sur cette album, de très petites pastilles instrumentales, loin de tenir le simple rôle de pause et d' oxygénation entre les morceaux toujours très longs de FF, elles nous rappellent que ce groupe est aussi et surtout un groupe adorant l' improvisation et la recherche sonore sans bornes. Une expérimentation pas systématiquement dansante. Par exemple celle intitulée "Two" avec sa guitare ( instrument devenue rare chez eux) se révèle finalement bien trop courte et nous amène a en réclamer plus en se remémorant les "Solid sound" et "16-16-9-20-1-14-9-7" d' antan. On peut certes regretter qu'une fois enlevé les trois singles et les trois pastilles cet album ne nous offre que "seulement" 4 vrais inédits. Aux accusations de fainéantise je répondrai qu'ils sont très rares les groupes capable de se renouveler sur scène comme le font Factory Floor avec leur volonté d' improviser. Pas deux sets ne se ressemblent comme le prouvent ceux que l'on peut glaner sur le web. Et les 4 uniques inédits se suffisent à eux seuls tellement ils atteignent les sommets des précédents singles tel Turn it Up, Two different Ways et Fall Back. Manque à l' appel le merveilleux et gigantesque "Reallove" déjà maintes fois lui aussi abordé ici. Les Factory Floors peuvent être définis comme de laborieux alchimistes mais certainement pas être traités de paresseux fumistes. La comparaison avec certaines formations vues à Saint Malo cet été est sans appel à leur avantage. C'est peut-être pas toujours facile de rentrer dans l'univers de Factory Floor contrairement à certaines jeunes formations (Disclosure) mais une fois que c'est fait, ça vole franchement plus haut. J' ai lu il y a quelques mois le message d'un type qui se réjouissait pour Factory Floor qu'ils aient eu la chance de signer sur DFA. Euh ... C'est pas Factory les chanceux. Ce sont DFA ! Parce que depuis la fin d' LCD Soundsystem on peut pas vraiment dire ,à part le grand Eric Copeland dans un tout autre registre, que les rares sorties DFA nous ait franchement rendu gaga. Avec cet album Factory Floor confirme le rapprochement stylistique perçu depuis leur changement avec DFA en incorporant à ce qui faisait la touch dudit label( mix de funk et de punk) une touche drone et un soupçon d' industriel. Ils prennent le gros James Murphy et en le faisant danser frénétiquement jusqu'à évanouissement ils vont nous le rendre tout beau et svelte comme en 2001 et DFA redeviendra ainsi sexy. C'est vrai qu'un léger embonpoint pouvait se discerner chez l' américain sur le dernier LCD et les dernière production du label. Juste retour des choses version anglaise. Murphy avait lorgner sérieusement sur un infime partie du post-punk anglais pour nous faire danser ne gardant bien souvent que le coté propret. Factory Floor lui rappelle ses omissions , la partie de la scène post-punk la plus expérimentale , elle aussi influencée par le prog-rock, le krautrock, et l'industriel mais en plus crasseux et agressif. Plus This Heat/Throbbing Gristtle/23 Skidoo que l'axe New Order/The Fall/Bowie version funk/disco du bon James. Et c'est peut être ça qui fout un bon coup de pied au cul des DFA, la façon Factory Floor qui me parait bien plus futuriste et courageuse que LCD en son temps. Même si , et c'est pour préserver ma santé physique face aux fans, je reconnais que LCD demeure l'une des plus grandes formations apparus dans les 00's. Juste un peu trop parfois revival avec le recule.

  • Méditation tordue(1913-2013):The Knife, Igor Stravinsky&Malcolm McLaren ou "Dansons dans les bois"

    Parfois certains événements de notre temps rappellent d' autres du passé et il est très tentant et facile de tisser des liens entre deux époques différentes. Exercice plus qu' hasardeux voir même risqué parce que fait trop rapidement il peut fausser son objectif caché. Le décryptage via le passé de l' actualité pour au final tenter de voir de quoi notre avenir sera fait. Qu'est ce qui nous attend après 2013. Mon esprit malade par l' intermédiaire de la musique , j' admet aussi peut être sous l' effet des fortes chaleurs de ce mois de juillet 2013, m' a amené à succomber à cet exercice dangereux. 2013 s' est mise à ressembler tristement à 1913. Quand on sait ce qui a suivi à 1913 il y a de quoi flipper. Remarquez avant même cela, ne vous arrive-t-il pas de flipper déjà pour l'avenir? Printemps 2013, un groupe suédois sort un disque sublime que l'on peut aisément qualifier de tarabiscoté et brut de décoffrage face à la majorité des productions contemporaines écoutées par la plus part. Un morceau difficile d' accès de près de 20 minute glissé au milieu du disque en atteste. L' ambiance faite de sons modernes provenant de la technologie de 2013 mêlés et des rythmes parfois tribaux et polyrythmiques évoque une étrange confrontation entre le passé et le futur. Notre civilisation face à celles de nos lointains ancêtres. Notre société connue dite "plus évoluées" et complexe face à la leur, jugée souvent plus "grégaire" , "sauvage" et "obscure". A ce propos, pourquoi ce disque plaît autant à moi et à d' autres? D' autres disques sorti en 2013 n'ont-ils pas aussi dans leur contenu des évocations "tribales" ? Pourquoi ce fréquent retour aux sources de nos civilisations via la musique? C' est peut-être bien aussi parce que justement dans notre époque si difficile à décrypter et face à un avenir plus qu' incertain nous avons besoin de revenir à la simplicité qu' évoque le mode de vie de nos ancêtres. Le groupe dont il question est The Knife. Groupe phare depuis une dizaine d' années. Toujours au cours de ce printemps 2013 ils ont entamé une tournée à travers le monde pour promouvoir le si justement nommé "Shaking the habitual". Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils en ont bousculé des habitudes. Ils ont tout simplement foutu un sacré bordel. Leurs prestations ont provoqué moult réactions violentes, apporté l' incompréhension et jeté le trouble dans l'esprit étriqué de bon nombre. Leurs concerts (ici) ne ressemblaient justement pas à des concerts. Peu de musique jouée "live" et surtout un énorme travail de chorégraphie beaucoup plus proche d'une performance complexe issue de l' art contemporain et de rites païens obscures que de l' héroïsme facile et démago des prestations rock. Quelques jours après je regarde sur Arte un programme qui était très loin d' être susceptible d' évoquer le groupe suédois synth-pop à ses débuts. Et d'un coup mon cerveau fait big bang et une étonnante association par l' intermédiaire des mots voit le jour dans mon esprit à travers différents genres musicaux et leurs époques . Spectacle, musique, scandale, révolutionnaire, tribal, ethnique, rites païens, polyrythmie... 2013 égale...1913§ The Knife et ... Le Sacre du Printemps de Stravinsky!!! Cette soirée célébrait un triple anniversaire , le centenaire du théâtre des Champs Elysées et ceux d' une chorégraphie de Nijinsky et du "Sacre du printemps" d' Igor Stravinsky, oeuvres créées pour l'occasion. En regardant ces deux vidéos il n'apparaît plus aussi tordu de rapprocher l' oeuvre en son temps scandaleuse et novatrice de Stravinsky (ici) et le dernier Knife et la tournée qui suivi. Mais pour être encore plus complet , entre Le Sacre Du Printemps et le dernier disque des Knife bon nombres de choses dans l' histoire du rock ont évoqué la tribalité via leur rythmique. Souvent il était question d'un désir de retour aux sources guidé par la nostalgie de temps prétendus meilleurs . Une sorte d' alternative à ce que le triste présent offrait et cela entraînait régulièrement le scandale. Pour certains ces oeuvres étaient choquantes car considérées comme un exemple de régression de la civilisation. Et pourtant, à l'image du ballet de Stravinsky inspiré du folklore russe, certains retours en arrière via des emprunts aux musique tribales ou à leur imagerie jugées primitives par l' occident (amérindiennes ou africaines) se sont révéler être le terreau d' innovations sans précédents amenant une nouvelle forme de liberté artistique. N'y voyez de ma part aucunes allusions volontaires et malencontreuses entre les horreurs de Gary Glitter (ici) et le sujet du Sacre du Printemps qui avait lui aussi fait scandale en 1913 (rite païen consistant en un sacrifice d'une jeune fille en fleur). Ce titre de John Congo de 1971 a été repris et adapté par ...les Happy Mondays! Remarquez que Shaun Ryder et ses acolytes des Mondays s'inspirent de ce titre et ses percussions tribales de l'introduction c'est pas si étonnant que ça. Bez n' était-il pas tout simplement le chamane du village préparant un breuvage hallucinogène afin que les guerriers de la cause Madchester puissent pour effectuer leurs rites initiatiques et voyager au pays des esprits???? Et que dire de la pochette du premier Slits. Et c'est là que mon esprit tordu (ou on dira plus honnêtement ...lettré) a tissé des liens avec le vilain petit canard roi dans l' art de foutre le bordel, Sir Malcolm McLaren. Mais que vient faire le manager des Sex Pistols dans un post sur Stavinsky, The Knife et la tribalité en musique? C'est que la rouquin avait après le punk a continué son rôle de manager anarchiste-situationniste et tenta à nouveau via un autre retour aux sources du rock de changer son époque et l'industrie du disque. Mais cette fois-ci il alla encore plus loin que son époque préférée ,le rocks des 50's. Il décida de se détacher de l'influence jugée dorénavant "nocive" américaine (car trop assimilable au capitalisme) pour aller chercher encore plus profondément dans les origines. Sa démarche lui fit rencontrer le piratage et l' Afrique. Il se passionna d' abord pour ça: Et il décida de l'utiliser pour pervertir la pop mainstream et ça donna ça! Après s' être engueulé avec le fameux Adam (le titre précédent influencé par les idées de McLaren a été écrit après leur séparation), ce petit renard rouquin de McLaren garda les musiciens d' origine et décida donc de promulguer la piratage de la musique en faisant la publicité des cassettes audio vierges le permettant. Et comme il était pervers ce diable de Malcolm, il remplaça le beau Adam par tout aussi belle mineur de 14 ans(!) Annabella Lwin qu'il tenta de faire dépuceler par un des membres du groupe dans un but de cohésion pour le groupe (encore (!) un truc proche inspiré des sacrifice païens ). Heureusement sans succès je vous rassure. Je sais que McLaren peut paraître un sacré manipulateur doublé d'une belle petite ordure mais c' était aussi un sacré génie en avance sur son temps comme l'illustre ce clip. Le titre s' appelle "C30, C60,C90 go!" du nom des cassettes vierges en hommage au récent piratage qu'elles permettaient. (Pour les plus jeunes ces chiffres indiquaient leur durée). L' autre élément de la vidéo indiquant l' aspect visionnaire du bonhomme c' était la deuxième nouveauté qu'offrait la cassette. Avant, l' écoute d'un disque était réservée au foyer à cause de l' encombrement occasionné par une platine. McLaren avait compris avant beaucoup d' autres que la mobilité offerte par les cassettes allait changer à jamais le mode d' écoute de la musique et par conséquence, la façon de faire de la musique, la vendre et la musique en elle même. Quelques mois avant le walkman et près de trente ans avant le format MP3 McLaren nous avait annoncé le Ipod. Laissons de coté McLaren et finissons-en avec les rythmes tribaux. La démarche de The Knife n' est pas isolée en 2013 comme l' attestent ces trois morceaux aux fortes consonances tribales. Ce sont-ils tous passé le mot? Je ne sais pas mais une chose est sûr, les musiques qui marquent profondément le sont justement parce que souvent elle porte en elle l' air du temps qui les a vu naître et qu' également elle transcende leur époque via parfois l' emprunt aux musiques du passés. Après cette petite digression il apparaît évident et troublant qu'entre la démarche d'un Stravinsky en 1913 et celles des Knife et des autres, les liens sont plus étroits qu'il n'y parait à première vue. 2013 ressemble-t-il tant que ça à 1913, l' année précédente de ce que vous savez? Brrrrr... De là à danser autour d'un feu dans les bois dans la tenue d' Adam peinturluré de piments naturels pour repartir sur de bonne base et partir en guerre contre notre triste et oppressant monde actuel ... Alors si il y en a qui ont fait dans le tribal et que la mode New Age des rites s'est du coup rappliquée c'est bien eux !

  • En passant : Arca & Twigs

    Si vous êtes comme moi en constante recherche de la musique du futur alors c'est Arca (Alejandro Ghersi) qu'il vous faut. Ce producteur Vénézuélien vivant aux States vient de balancer sur la toile une mixtape en téléchargement libre qui est tout simplement l'une des bombes de cet été. Si n'est la Mixtape de l' année tant qu'à faire. On le pressentait à l' écoute de son ep de 2012, "Scretch 2" (voir ici), mais cette fois c'est sûr, Arca nous propulse dans le futur et ringardise une grande partie de ses contemporains. Écouter les 14 titres de cette mixtape à l' étrangeté hypnotique d' à peine 25 minutes produit la forte sensation d'une tornade vous emportant dans l' inconnu et les époques à venir. "Scretch" avait permis d' identifier plus ou moins via des rapprochements les composantes qui faisaient une partie de la nouveauté chez lui. Tout comme beaucoup d' artistes aimés dans ce blog il nous prouve qu'il a correctement et totalement digéré internet et tout ce que ce dernier a apporté comme changements dans le mode de consommation de la musique et les comportements sociaux. Avec l'utilisation de sons digitaux fortement inspirés de l' univers sonore des ordinateurs (musique des lociel windows) on ne peut que penser au "Far side virtual" de Ferraro, grand disque s'il en est. Mais également sont évoqués chez lui des gens comme Fatima Al Quadiri, Rustie et son maximalism ou Gatekeeper par instant. Si on peut aussi retrouver des bases Hip Hop il s' agit par contre d'un Hip Hop mutant revenu du futur foutre le bordel. Les étiquettes dont les blogs défricheurs le taxent donne qu'une envie, en savoir plus, "Glitchy Digitalism", "Hyper-futur", "futur-hip hop". Quasi impossibilité de pouvoir se référer à un artiste du passé. Arca depuis deux ans est le producteur le plus coté chez les artistes qui veulent aller au delà du présent et de la norme. Collaboration avec le fou furieux Mikky Blanco, participation à l' essentiel "Yeesus" de Kanye West et sa présence est encore remarquée chez la prometteuse et énigmatique anglaise Twigs. Tout ce que ce type touche se transforme en or et on attend déjà 2014 pour la sortie de son premier album officiel.

  • En passant : Lust for Youth

    La scène pourrait sembler pathétique aux regards de certains mais pourtant le garçon s' y trouves bien et le sentiment d' être dans le vrai effleure son esprit embrouillé par les vapeurs d' alcool. C 'est évident que le voire danser avec à peine deux autres rescapés titubants dans cette sinistre salle polyvalente de campagne peut passer facilement pour un spectacle sordide. La plus part des gens dit "responsable" sont partis depuis longtemps à part quelques corps étendus sur les cotés de la salle. Les plus prévoyant sont cachés dans des duvets, les plus largués et innocents sont à même le sol. Sordide sa danse désespérée à 6 heures du mat ? Ridicule et pathétique ? Non parce que danser sur le dernier Lust For Youth est plus que justifié. C'est même vital. Désespéré le garçon? Non bien au contraire. Le suédois Hannes Norrvide et son compère Loke Rahbek nous reviennent avec leur troisième Lp, "Perfect view", et font mouche . Le précédent "Growing seeds" était déjà remarquable mais celui-ci est encore mieux. Si il est plus attrayant Lust For Youth avec ce disque prouve qu'il a toujours le cul entre deux chaises . Entre la volonté de faire une musique pop jouissive et un goût prononcé pour le réalisme du dark. Entre New Order et Throbbing Gristle. Entre réalisme et idéalisme. Ecouter "Perfect view" revient à dire : "les temps sont dure alors dansons pour changer tout ça". Désespéré mais aussi rempli d' espoir. Il y a dix ans on dansait/titubait sur Arab Strap, il y a 20 ans c' était au son de la voix de Shaun Ryder des Mondays et à présent ça va être sur Lust For Youth. La pochette du disque évoque bien le look scallies des mancuniens habitués à la Haçienda. Dans le petit monde musical de DWTN le disque évoque bien sûr de vieilles gloires New Wave , post-punk et synth-pop mais aussi des choses plus récentes allant de la géniale Group Rhoda à l' électro-rétrofuturiste lo-fi de Sand Circle en passant par la froideur Vatican Shadow et Iceage. Ce n' est pas si surprenant et inapproprié que ça de citer le groupe punk Danois et leur pédigré punk. Les Lust For Youth ont quitté leur Suède natale pour rejoindre Copenhague et la clique des Iceage dont DWTN vous avait déjà parlé. Loke Rahbek est à ce propos devenu le chanteur des V°r. C'est souvent par sa voix lointaine et découragée que le désespoir se pointe au milieu des morceaux dansants comme par exemple sur le très acid-house "Another Day" . "Perfect view", le disque désespéré sur lequel on risque danser et s' éclater au cours des prochaines fins de soirée tristounettes.

bottom of page