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  • Logos et Mumdance ou : c' était mieux demain.

    Extrait du dossier de presse fourni par le label Tectonic pour l' album le plus attendu par votre serviteur en ce début d' année, l'immense "Proto" de Mumdance et Logos. Il y est dit que Mumdance et Logos voulaient retrouver "la très brève étincelle de l' innovation quand les nouvelles scènes/genre se forment et que leurs règles et leurs paradigmes sont encore zone grise/floues." Les deux gars précisent plus tard le fond de leur pensée: s'épancher sur les grands évènement de l'underground électro anglaise, par exemple "les premiers jours du Bleep (exemple 1 et exemple 2),quand les premiers imports techno américains ont commencé à être appropriés par le Royaume Uni" ou "la proto ère 93-94 quand la techno hardcore s'est transformée en jungle" (exemple 1 & exemple 2) et enfin lorsque "le son sombre de la Techstep a relevé mécaniquement sa tête dystopique" (exemple ultime). Comment voulez-vous devant de telles intentions DWTN ne craque pas? ET puis surtout, quand les intentions sont vraiment présentes sur le disque et dépassent même les espérances. Alors que bon nombre de musiquesproduites actuellement ne nous recrachent que du réchauffé sans saveur Logos et Mumdance avec "Proto" s'y prennent tout autrement. Ils laissent aux franchises de restaurations rapides spécialistes dans le revival tel Disclosure le maniement de l' odieux four micro-onde temporel. L' héritage dancefloor pour stade à la Chemical Brothers et Fatby Slim c'est pour le gentil mais chiantissime (artistiquement et digérable) Daniel Avery. Ce dernier à l'instar des deux frangins de Disclosure ne faisant pas non plus preuve d'imagination et de prise de risque. Plutot que de nous offrir du sans-saveur Logos et Mumdance s'y prennent avec toutes les références annoncées comme avec le grime depuis leurs débuts (cf les liens plus bas). On sort le vieux machin cryogénisé de son bocal et on vous le ressert tel quel. Enfin presque, juste le temps de balancer cette carotte de Permafrost enfermant des traces du passé à terre afin qu'elle se brise en mille morceaux. Morceaux rassemblés selon l' art et la perversion des deux génies. C'est à dire façon 21 ème siècle. Brutal, passant du coq à l' âne sans pour autant vous foutre la nausée et vous perdre, sans assaisonnement cache-misère et grand public. Parce qu' avec "Proto" ce qui n'est pas cité dans le dossier de presse c'est bien ça! La notion d' underground. Un truc nouveau, pas encore rentré dans le grand publique parce que totalement indigeste par ce dernier frileux et allergique à la nouveauté au goût trop inconnu et prononcé . Disclosure remplie les stades avec leur sucrerie pop et Avery va servir de musique publicitaire pour produit bobo et hipster faussement épicés et rebels. Pas sûr que "Proto" ne soit récupéré aussi facilement. Comme le footwork, l' hypnagogic pop ou la vaporwave sont passé symboliquement à la trappe chez Pitchfork. "Proto" est exactement le genre de disque que DWTN recherche. Il y a tant de chose en lui décrites, analysées, disséquées et espérées dans ce blog depuis ses débuts. Alors parce que je suis gentil et de bonne humeur je vous invite fortement à relire tout ces vieux articles publiés sur ce blog depuis ses débuts. Tous ont donc un rapport avec ce disque prodigieux qu'est "Proto". D'abord sur le génie de Logos ici. Mais aussi celui-ci (Jam City) ou celui-là concernant Rustie le précurseur du maximalisme en Angleterre et enfin le plus beau pour la fin, éloigné de la scène anglaise mais celui qui avait tout flairé avec son Far Side Virtual. On peut pour finir parler de cet autre génie ou évidemment parce que l'on est chez DWTN de l' autre musique novatrice venu de l' autre coté de l' Atlantique qui a également influencé Logos, Mumdance et leurs potes. Et puis tant qu'on y est il y a la belle Fatima qui fait parler d'elle avec son collectif Futur Brown sur Warp (disque légèrement en-dessous des oeuvres solo de la belle et ses collègues mais qui fera parler de lui parce que signé chez WARP et plus "accecible) et ARCA qui nous a refait le coup magistral de &&&&& avec sa dernière mixtape "Sheep (Hood by air FW15)". Quand l' auteur de l'un des albums les plus futuristes de 2013 bosse avec celui de l'un des meilleurs titres de 2014 alors fatalement ça ne peut que faire mal. Quand j'ai pris dans la gueule le "Cold Mission" de Logos à la fin 2013 (9 ème du top DWTN 2013) avec son grime/drum&bass mutant, ses recharges de Uzi s'incrustant dans une ambient métallique et glaciale, je n'en croyais pas mes oreilles. Qu'est-ce que c'était? A quoi ça peut bien ressembler? A rien à l' évidence. De la musique pour dancefloor ou pour l' écoute chez soi? Les deux mon général! La musique de Logos casse les mises en boites trop faciles d' autrefois parce qu'elle n' appartient ni au passé et presque plus au présent. Elle pique à chacune de ces époques pour sauter les frontières des règles et plonger dans l' étrange . Mumdance et son parfum grime plus accentué et reconnaissable avait pondu quant à lui l'un des plus grands et rafraîchissants titres de 2014 (classé 3ème ep chez DWTN). Et avec son pote Novelist , ils remettent ça en 2015 avec le Ep "1 sec". "Proto" est à l'image de leurs sets trouvables sur le net. Pas deux ne se ressemblent. Beaucoup avec leur pilotage automatique avec pour unique objectif la danse facile peuvent aller se recoucher. La nouvelle scène grime ou UK bass aime vous perturber sur un dancefloor quitte à rester underground et casser l' ambiance festive. Leurs manières d' attaquer leur mix par l' effroi et le complexe, lancer ensuite le uzi à beats grime fouteuses de bordel puis sans prévenir vous couper net dans votre montée par l'intrusion du vent glacial de paysages désolés. Le grime classique parasité par une ambient givrée et des détonations assourdissantes éparpillées dans le temps façon puzzle. Et encore, ça c'est quand le grime est encore reconnaissable. Il n'y a pas que Logos et Mumdance a faire avancer le schmilblik et faire mouiller les demandeurs d'inconnu et de surprises sur dancefloor. Le délicat et émouvant Visionnist (classé lui aussi dans le top ep 2014), Slackk et Mr Mitch coté grime, et que dire de M.E.S.H., Objekt et de Powell pour leurs idm et noise très proche. Ces mecs adorent vous tabasser pour ensuite vous passer du baume givré sur la peau. Logos et Mumdance alterne la sculpture de paysages sordides ("Border Drone","Bagleys","Proto") et les grandes heures du dancefloor underground cryogènisées puis cassées et destructurées comme je vous l'ai dit ("Dance Energy- 89 mix"). "Move your body" c'est "LFO" + le "Acid Traxx" de Phuture passé à la moulinette des 10's du footwork. Et oui que croyez-vous? Eux aussi se gavent de footwork, la plus belle chose révolutionnaire de la décennie actuelle. Tiens, ça me fait penser que lui aussi semble être réservé à l'underground aux yeux de certains journalistes (surtout français). Non seulement Logos et Mumdance nous offrent à leur tour une leçon d' histoire (ce ne sont pas les seuls) mais surtout un cours sur à quoi ressemblait et doit ressembler l'innovation, la pureté artistique et la prise de risque. Sans tricheries et prenant en compte une chose que le rock indie ou le garage par exemple oublient : le curseur synonyme d' intégrité et d' originalité se déplace toujours avec le temps. Ce qui est underground, vrai et original à une époque donnée ne peut plus l' être après. Ou alors il ne doit plus se ressembler à lui même dans sa forme et même son fond. Les Pixies en 90 c'était indie et neuf, en 2015 c'est d'une manière ou d'une autre mainstream et rébarbatif. Écouter les Rolling Stones en 65 ou le Velvet en 67, My Bloody Valentine vers 91 en société c'était "rebel" et original. En 2015 ce n'est juste que du simple divertissement assimilable par tous avec le logo "entendu à la télé". Oui oui même MBV ! Sinon Coldplay ne les auraient pas pillé sur certains titres. En citant les vrais coups d' accélérateurs créatifs du passé dancefloor, , "Proto" tape du poing sur la table en expliquant que c'est seulement, et depuis toujours, par une vision originale et totalement indépendante, donc par nature underground, que l' histoire s' écrit et progresse. No compromis. Si vous commencez à en faire c'est foutu. "Proto" se rappelle quand la musique était innovante, se l' accapare pour la modifier et la culbuter plus loin dans l'inconnu quand d' autre se contente de la garder tel quel.

  • En passant: Viet Cong ou, y'a-t-il une vie après Women

    On va pas y passer une heure mais l' histoire de Viet Cong en rappellera bien sûr une autre. Il était une fois un groupe au-dessus du lot dans le petit monde indie. Un groupe attachant et doué. Doué pour la musique comme pour les conneries. Tournée chaotique, promo ratée et presse pas toujours digne de leur talent. Le groupe avait aussi à affronter dans ses rangs bien des guerres de tranchée pas possibles entre ses membres. Particularité, le groupe contenait une fratrie, ce qui fout toujours un peu le bordel.Faut jamais de fratrie dans un groupe, surtout si le groupe est bon: Oasis, Kinks, Breeders. Je vous passe les détails des altercations et même des bastons sur scène. Et puis, alors que le groupe commençait à décoller la tuile arrive, un des membres meurt. Alors que faire quand cela arrive. Joy Division s' était muté en New Order en comprenant assez vite qu'il fallait tourner la page, s' affirmé malgré l'omniprésence fantômatique du "lacheur". Les ex Women (le bassiste Matt Flegel et le batteur Mick Wallace) ont donc fait le choix de changer de nom, de collègues et de direction artistique. Et comme leur glorieux aînés mancuniens, ça fait mouche! J'aimai bien Women. Premier album bordélique mais parfois intéressant puis le deuxième qui les avait placé par un grand bond sur le devant de la scène indie. A égalité des rares formations intéressantes de la fin 00's début 10's. No Age, Japandroids, Thses New Puritans, Deerhunter et les modèles absolus, Liars. Quand en 2012 Reimer disparaît on croit bien sûr que s'en était fini pour les types de Calgary. D' autres prirent leur place de groupe indie fortement post-punk. Et pas des moindres. Savages, Total Control, Iceage, Protomartyr. Et on concluait trop rapidement que "Public Strain" resterait à jamais comme un grand disque de sa décennie pour ses qualité sonores et de compositions mais aussi parce que il était stylistiquement porteur d'un intérêt particulier. C'était un disque annonciateur des formations qui suivraient. Cet album faisait office de lien ultime entre d' un coté toute cette vague de groupes (déjà cités) renouant avec les idéaux d'ouverture d' esprit et d' évolution du post-punk, et de l'autre, les groupes n'en finissant de creuser le sillon de l'indie music nostalgique 60's accrocs au classicisme pop et garage. Une sorte de The Horrors en version américaine, donc moins "artificiel". Moins groupe de synthèse absolue car franchement plus expérimental et courageux. Ce disque qui vous donnait envie d' écouter encore des guitares en ces temps de rétromania larguée et resuçage sans intéret. "Public Strain" était aussi l' archétype absolu de ces disques fourre-tout que j'ai appelé les montagnes russes de 2014. A la fois citation et pure invention. On passait d'une profonde émotivité à quelque chose de totalement impénétrable. L'abstrait et noisy alternaient avec de magnifiques mélodies à rendre jaloux les cul serrés et gnangnan fossoyeurs des 60's. L'introspection et le coté arty à la rencontre de choses plus terre à terre et physiques. On sortait de "Public Strain" désarçonné par son coté insaisissable, à la fois raide à l' approche et aussi vaporeux puis délicieux. Avec leur premier album éponyme les rescapés nous offre du Women mais en version bouillonnante, encore plus directe et bordélique. Pas de redite. La page est tournée sans que cela fasse trop artificiel. Le post-punk sert de file conducteur dans leur histoire et évolution. Oublié l' émotivité sixties ou Barrettienne de Wire et ses chants à la limite du gouffre. Bienvenue les expérimentions sonores de This Heat et 23 Skidoo. Bienvenue le coté affirmatif et brut de décoffrage de la fin 70's. Mais attention certains détails peuvent vous faire revenir un peu plus loin dans le temps. Qui dit Post-punk dit le dieu à tous les gosses de cette époque là. Que dis-je, de toutes les époques! Bowie. Il y a sur "Viet Cong" un putain de titre s' apparentant à une peinture de toute sa carrière. Le grand "Bunker Bunster". Il débute par une certaine austérité à la "Low", la voix de Flegel scande ses phrases comme le Bowie Berlinesque puis après un pont coupe jarret venu de nul-part ce dernier opte pour un chorus très glam. Le tout sur un fond de guitares qui s' aventurent dans tous les styles noisy des 4 dernières décenies pour ensuite voir le morceau se conclure par un son d' enregistrement défiguré. Des bidouillages sonores "dark" débutent souvent les titres en empruntant beaucoup à l'industriel et à ses percus pour laisser place à des structure rock plus classiques. Enfin "rock classique" est franchement exagéré comme le prouve "Newspaper Spoons" et sa fin aux synthés hallucinatoire . Comme avec Women les Viet Cong survolent bon nombres des formations indies contemporaine parce qu'une fois de plus, malgré d'immenses dispositions pour le songwritting classique, ils construisent leur titres comme d' autres s' amusent avec les textures ou avec les styles et leurs symbolisme. Ils édifient en démentelant les techniques conventionnelles. Dans un certain sens Viet Cong agit entre un Ariel Pink et un électronicien. On saute du coq à l' âne, passant du tubesque à quelque chose de totalement impromptu. Moins osé qu'un Pink faut bien admettre mais du coup moins caricatural et plus rentre dedans et addictif. Cette façon d' offrir un attrait pop qui touche sa cible tout en proposant son lot de surprises aventureuses inédite. "Continental Shelf" et ses couplets à la Liars noisy précédant les refrains à la Paul Banks. Ce titre est à faire écouter urgeament aux pépé d' Interpol bloqués depuis 14 ans en 2001. "Silhouettes", la chanson un rien faiblarde et attendue de l'album, est un peu le même titre mais ses synthés peuvent interpeller ceux de Total Control. La fin du disque rattrape largement le piétinement de "Silhouettes" avec les 11 minutes de l'immense et jouissif "Death" dont on se gardera bien d' analyser le titre au vue de l'histoire du groupe. Le morceau est à l'image de tout ce qui lui a précédé. Une véritable montagne russe post-punk avec changement de rythme, de style et de but. Si la voix à la Paul Banks des tubes débute c' est pour mieux nous perdre dans un feu d' artifice instrumental virevoltant qui ralentie sans crier gare pour une courte accalmie avant de repartir dans un tout autre registre proche d'un Bowie jammant avec Sonic Youth. Vous l'aurez compris, Viet Cong, sans refaire du Women, continue le chemin entamé et explore les cime autrefois espérés. Des cimes encore plus abruptes et imposants. LE disque "ROCK" de ce début d' année.

  • En passant : La belle et mystérieuse histoire du type au costard et à la Mercedes blanche

    Alors que 2014 a tiré sa révérence et que se profile la terrifiante 2015 dans ce monde devenu plus que jamais imprévisible voici le moment de vous raconter la plus belle histoire de 2014. Un feuilleton qui a tenu en haleine bon nombre de fans de musique pas comme les autres. Une sorte de conte des temps modernes ou les apparences s' avèrent trompeuses, un conte morale réconfortant dans cette société hyper capitaliste avec son culte de la célébrité, son carriérisme à outrance et son éternelle quête de rentabilité. Bref, un monde où la gratuité des actes est une vaine utopie. Les miracles ont lieu. Parfois. Il s'agit en effet d' un véritable conte musical sur lequel flotte en permanence un parfum Lynchien. Enfin et surtout une merveilleuse découverte musicale, que dis-je, une véritable claque venue du passé et considérée pendant longtemps comme venue de nul part au point que certains crièrent à l'imposture. La belle histoire commença comme le fantasme absolu de tout passionné. Les adeptes de bourses aux disques, les grands toxico du chinage aventureux et désespéré dans les endroits les plus insolites. Trouver dans un bac un disque qui d' abord les hypnotise par sa pochette singulière. Ils l' achetent en s' attendant au mieux par lucidité à une simple rencontre annecdoctique. Un vieux truc assez ringard au fort potentiel de divertissement pour que leurs amis rigolent un bon coup au moment d'un apéritif dînatoire. Mais en fait ce n' est qu'une excuse parce qu' aù fond de leur esprit malade se niche la chimère absolue de tout fan de musique. Trouver la pépite oubliée. Le trésor caché. Avec cette photo franchement kitch de ce jeune premier hollywoodien Jon Murphy a du y réfléchir à deux fois dans un marché aux puces d' Edmonton ( Canada). Un nom simple, "Lewis", un titre en français franchement romantique à deux balles pour un anglo-saxon. Et que dire des notes de pochette. Une dédicace à une top modèle réputées des 80's. Et puis, il l' écouta. Le choc vous l'éprouverez vous aussi. Ce disque enregistré vers 1983 est en totale décalage avec son époque comme avec sa pochette. Le tape à l'oeil des 80's s' évapore. Le beau gosse hollywoodiens se révèle être un maître du raffinement un brin lo-fi. Peu de moyen. Une guitare, un piano, un synthé et une voix. Une voix qui s' empare de vous sans en faire des tonnes. Un barython qui préfère murmurer que rouler des mécaniques. Un seul sujet, l' amour. Sujet de toujours. "L' amour" c'est un disque hors du temps comme il en existe si peu en fait. Le terme est tant usurpé de nos jours qu'il faut vraiment écouter ce disque pour avoir conscience ce que cela signifie. Combien de disques m'ont fait cet effet cette année. Le sensible Grouper et puis? Très peu en réalité. Inutile se savoir l'effet de ce disque en 83, en 2015 c'est le même. Et même plus, quand on regarde les circonstances de la découverte. Les titres sont déchirants de simplicité. Certains critiques ont parlé du "Nebraska" de Springsteen avec la production proprette typique 80's de "Tunel of Love". Le choc peut s'y apparenter. Mais pour moi un nom est à citer en priorité. Une évidences. Ces mélodies qui prennent leur temps, ces synthés qui s' évaporent et ce barython économe, Arthur Russel évidemment. Comment ne pas penser à ce génie trop rapidement parti. A son chef d' oeuvre absolu (l'un des 5 disques les plus importants de cette décennie), ce "World of echo" révolutionnaire qu'il faut avoir écouté au moins une fois dans sa vie pour ne pas la rater. Oui Lewis a écrit certes des chansons pop nonchalantes, nostalgiques, mais c' était au final une sorte d' ambient pop parfaite comme celle de Russel. Une musique totalement iconoclaste, inclassifiable. Le violon de Russel est remplacé par les synthés de Badalamenti ce qui rajoute encore à l' étrangeté éthérée et consolide l' ambiance proche des films de Lynch. Entre rêve et réalité. Mais quand il s' agit d'amour, ne rêve-t-on pas plus que nous le vivons? L' histoire aurait put s' arrêter là. Jon Murphy transmet alors sa découverte au label fossoyeur de trésors, Light In Attic. Ces derniers cherchèrent à en savoir plus dans le but d'une réédition. Les indices étaient rares. Les crédits photo attribués à Ed Colver, ceux de la production désignant Bob Kinsey et les synthés d'un Bob Kinsey inconnu au bataillon. Coup de bol Ed Colver était connu pour être le photographe attitré de la scène punk californienne de l'époque. Mais comme dans un film de Lynch quand vous croyez avoir percé le mystère tout devient encore plus flou et irréel en un claquement de doigt. Place à la légende. Colver se souvenait bien de ce type qui se faisait appeler Lewis. Un beau mec avec une Mercedes blanche et une femme magnifique à ses cotés. Un vrai cliché du Yuppie 80's. Il confirma que l'homme sur la photo était bel et bien l' auteur de ces chansons, il s' appelait Randall Wullf. Surtout ce dont il se souvenait le plus c'était d' abord que le dénommé Randall lui avait payé la séance photo par un chèque en bois avant de disparaître dans la nature. Bien sûr à la suite de ça la légende et les rumeurs les plus folles se propagèrent parallèlement au succès critique concernant ce disque ressorti des profondeurs. Escroc, dealer, trafiquant d' arme ou simple imposture de fan de musique. Le label retrouva les traces de Randall via un petit neveu du coté du Canada. Il creusa dans ses souvenirs pour nous expliquer que son oncle avait bel et bien existé, la top modèle aussi, et que petiot, il leur avait rendu visite dans leur appartement aux meubles exclusivement blancs. Détail rajoutant encore à l' aspect légendaire et hors normes du bonhomme. Et en plus, détail fabuleux pour tout amateur de musique, le fameux tonton avait enregistré d' autres disques décrits comme "religieux"! En ce qui concerne la Mercedes et les rumeurs sur sa profession le neveu expliqua que "tonton" Lewis avait été en fait un courtier en assurance à la fin des 70's. Cette dernière info rajoutait encore plus de décalage entre la musique et la personnalité de son auteur. Comment une sorte de jeune loup des affaires aurait pu pondre une musique si belle, simple et tout sauf arriviste et tape à l' oeil? Le Patrick Bateman de Bret Easton Ellis en mode chanteur solitaire après rédemption. Quelques semaines plus tard Light in Attic publia un deuxième disque encore plus étrange, encore plus Badalamenti et Lynchien. Plus, tout! "Romantic Times", si l'effet se surprise n'était plus là, les chansons se dévoilaient pourtant encore plus bizarroïdes, semblables à des maquette inabouties mais qui néanmoins reposaientt sur un travail de production hallucinant . Une production réellement audacieuse et singulière pour l' époque. Si parfois certains trouvent ce disque parfois ridicule pour ses titres hyper émotifs d' autres comme votre serviteur trouve l' ensemble, certes un rien kitch, mais totalement magique. Les synthés encore plus présent que sur le premier peuvent eux aussi être taxés de kitch mais comme ceux utilisés par Leonard Cohen pour son "I'm your man". L' aspect cinématographique de la musique qu' offre Lewis est encore plus prononcé. On est proche du music-hall 50's ou de l'entre deux guerres. Pour un français on ne peut que penser au Christophe des 70's et 80's. Ce mélange de nostalgie et de modernité. Le costard peut-être et le goût pour les belles bagnoles aussi. Et puis sur la pochette le visage de ce Lewis parait plus buriné. Ce n'est plus tout à fait le jeune premier du premier disque. Le Yuppie arriviste et charmeur. C'est le Depardieu de "Quand j' étais chanteur" et surtout celui de cette fabuleuse dernière scène au son des "Paradis Perdus" du même Christophe. Quand le héros se retrouve dans un bar préférant rester l' éternel chanteur de bal que d' entamer une brillante et pécuniairement enrichissante carrière dans la variétoche. Et vous allez voire plus loin que la fin de l'histoire est exactement cela. Dans "Romantic Times" le travail de production évoque les artistes récents de l' Hauntologie. Cette façon de faire entrer les vieilles musiques analogiques ou digitales en écho avec certaines émotions humaine. Il y a quelque chose de fanée dans cette musique. Un truc qui la rend encore plus émouvante, comme si on regardait le vieux bouquet en décomposition offert à votre belle pour la Saint Valentin . Ces fleurs qui squatte votre appartement depuis des jours. Personne n'ose le jeter malgré la puanteur qui commence à s'en dégager. Entre nostalgie du passé et usure du temps sur les styles musicaux abordés. Le premier titre "We Danced all night" se réapproprie "Stranger in the night" en jouant sur ce que représentais déjà ce titre de Sinatra dans les 80's. Un vieux truc music hall mille fois entendu, connu par coeur et pourtant toujours porteur de fraîcheur et de bonheur. Et tant pis pour si ça parait démodé. Un deuxième disque en quelques semaines. C' était trop beau et les amateurs de complot crièrent encore plus fort leur méfiance. Et comme cela ne suffisait pas deux autres firent leur apparition sur internet. En fin d' été c'est "Love ain't no mistery". Après l' amour et le bonheur place aux déceptions et à la séparation. Les synthés ont disparu, ne reste plus qu'une voix écorchée et une guitare squelettique qui s' étirent sur des titres qui ne finissent jamais. Toujours cette sensation que Lewis tente des choses tout en étant enregistré. Répétitif au premier abords les titres offrent de très légères mutation bluesy totalement originales. La fin d'année voit enfin arriver le quatrième disque de Lewis . Les synthés sont de nouveau présents avec des cuivres et le son de l'océan en prime. La voix commence a être cassée comme sur le précédent et on peut supposer qu'il a été fait entre "Romantic Times" et "Love ain't no mistery". Et Randall Aldon Wullf, aka Lewis, aka Randy Duke aka Lewis Ballou etc etc. Qu'est-il devenu? C'est-il expliqué , a-t-il donné des interviews à la suite du regain d' intéret pour ses oeuvres passées? Est-il en promo? Fait-il toujours cette magnifique musique désenchantée? Va-t-il, tel Sixto Rodriguez, être le sujet d'un documentaire à succés et entamer une tournée mondiale pathétique (ou pas) pour faire fructifier sa légende? Cette légende devient alors un conte avec une fin morale salvatrice pour notre époque. Repensez au Depardieu de "Quand j' étais chanteur". Ce type qui dit non à la richesse et à la célébrité pour pouvoir chanter dans les petits baloches de nos provinces. Les types de Light in Attic l'ont retrouvé notre fantome Lewis. Et de quelle façon! Accidentellement à une térrasse de café au Canada. Tout simplement. Il prenait le soleil vêtu naturellement de blanc de la tête aux pieds. Même coupe de cheveu, même presture d' acteur et dandysme qu iplus est renforcé par une canne suite à un petit accident sans conséquence. Il n' avait jamais quitté Vancouver et n'était même pas au courant de tout le buzz autour de lui. Le label voulait lui donner ses royalties provenant du succés des rééditions. Et qu'est-ce qu'il a dit le Lewis? Qu'il le leur laissait tout ce pognon. Il s'en fout. Il dit avoir tourné la page. Il fait toujours de la musique chez lui entre une amie et ses chats. Quand ils ont voulu lui offrir un exemplaire de son propre album il a refusé également. "Je vous souhaite les gars tout le meilleur du monde. Je ne suis pas du style à regarder en arrière." Bref pour lui pas de tournées rentables. Il est appaisé et ne semble nourrir aucune frustration. Le label décida de continuer à mettre sous séquestre l' argent et de ne plus rééditer jusqu'à changement d' avis de Randall. Et ils se quittèrent. Comme ça. Comme si il ne s' était rien passé. Et la légende n' en est que plus belle. Juste avant, les deux types du label prirent une photo qu'il floutèrent pour que l'on ne retrouve pas le lieu de vie de Randall et qu'il puisse vivre comme il le désire. Cette photo participe elle aussi à la légende en offrant tel une apparition, un rêve, le même type des pochettes, plus âgé, mais toujours séduisant, et, vêtu de blanc bien sûr.

  • Powell, Container et TCF ou Un p'tit génie, un précurseur et un matheux rèveur chez Liberation Tech.

    Depuis quelques temps je ne cesse de vous parler du retour à la mode en électro d'une musique plus physique qu' introspective. Certains parlent de Techno Martial. Bref, quelques petits morveux s' amusent avec talent et imagination à nous perturber les sens. D'où c'est parti, et vers quelles contrées cela nous mener? On peut répondre à ces deux question en observant simplement un seul label. Récemment je vous ai parlé du versant dansant et belliqueux. Les Perc, Untold et même Vessel. Il y a un an c' était tout autant avec fort impact physique mais moins remuant, plus traumatisant et glacial, les Vatican Shadows, Raime, Shackleton, Haxan Cloak. Je peux bien sûr en ce qui concerne l' agression sonore citer Pete Swanson et son espèce de noise pour dancefloor. Liberation Technologies, le label dont il va être question, est une filiale du légendaire Mute. Créé en 2012 il reflète bien l' évolution décrite, de choses plus spirituelles et contemplatives vers l' attaque corporelle et sensitive qui l' a emporté cette année. Première sortie du label en 2012, le side project de Laurel Halo sous le pseudo King Félix. La belle sur 4 titres nous offrait une relecture techno et ambient de vieille lubbies. Detroit, les rave brit 90's, le hip hop et notre cher Footwork. C'était planant, à la fois facile et mystérieux. Lui succéda la reformation d' anciens routard de la cause House un brin techno, donc un poil plus agressive, Regis et Surgeon avec leur BMB (British Murder Boys). Puis ce fut Bandshell et son "Caustic view" de prendre le relais et la légère courbe apparaissant pris la forme d'un brutal 90° . Malgré le trompeur "Perc" et son aspect léger les trois autres titres pouvaient réellement porter l' étiquette de Dark ou indus techno. Un vrai travail de démontage et de reconstruction accidentelle de la techno. Halo y allait avec délicatesse, lui c' était, nous avait-il semblé alors, au burin et à la ponceuse. Mais ça c' était avant les sorties de trois des meilleurs ep de 2014 et 2013. Tout label confondus. Trois fortes personnalités sur lesquels on peut miser pour l' avenir et Libération Technologies de dépasser le statut de simple filiale anecdotique. LE P'TIT GÉNIE: Oscar Powell. Londonniens. A peine 30 ans. Génie Post-punk électro. Une fois que l'on dit ça, y'a plus rien à rajouter. En à peine 5 ep, des mix disséminés un peu partout et deux Boiler Room fantastiques ce type est devenu le héros de la scène techno et des dancefloors londoniens. Unanimité critique autour de lui de la part de toutes les têtes chercheuses de ce petit monde. Oublié Factory Floor et tant d' autres adorés ici même. Créateur du label Diagonal avec son ami Jaime Williams le garçon est en progression systématique à chacune de ses sorties discographiques. Souvent cité dans ce blog au sujet ses compagnons de la nouvelle électro aux effets physiques dévastateurs, l' occasion est enfin venue de vous parler de sa musique si captivante à l' occasion de la sortie d'une essentielle compilation regroupant ses 5 ep sortis sur différents labels. Elle s' appelle "Powell 11-14" et si vous avez jamais entendu parlé de Powell vous allez la chérir un bon moment. Vraiment bonne idée que de rassembler ses travaux pour son label, The Death Label (potes de Modern Love), Diagonal et Liberation Technologie . Ils ne ressemblent à pas grand chose. Une sorte d' animal fruit d' expérimentation génétique qui n'en fait qu'à sa tête. Et bordel que sa tête et celle de son créateur sont bien remplies par dessus le marché. Si on cherche bien on trouve quelque références audibles. La motorick de Suicide semble la plus facilement détectable (Fizz) ainsi que bon nombre de sonorités et de semblants de rythmiques déjà croisés. Mais on peut pas vraiment trouver une référence absolue si ce n'est conceptuelle. Tout le monde s' accorde à dire que ce type s' appuie sur trente années d' électro en tout genre pour les confronter à la sauce post-punk, et même, pour son originalité et son irrespect des règles tacite du genre, à de la No-wave new yorkaise. Avec les moyens technologiques récents Powell retrouve l' énergie et la sauvagerie de ces deux courants pré-séquençage. Je le répète, pas au niveau des sonorités mais plutot dans l' état d'esprit, Powell peut s' apparenter à tous les fêlés du style Suicide donc mais aussi Yke Yard et Mars pour la No Wave, 23 Skidoo et DAF pour le post-punk et l' ebm. On peut rajouter en ce qui concerne la sauvagerie l' aspect primitif et instinctif en provenance de vieilles manières ancestrales. Un dosage parfait entre sens de l' improvisation et un contrôle absolu de ce qui va arriver. Sa musique n'est surtout pas le fruit d'un vol temporelle de chef d'oeuvre effectué par un idiot ignare. Powell est un fin connaisseur de la musique, fan du label Pan et pote de Raime. Il est capable de faire les liens entre certains styles en découvrant les tunnels les reliant à travers les âges. On parlait de l' ebm des DAF et du rythme motorick de Suicide et Powell avoue avoir grandi avec le grime. Dans certains de ses titres il les malaxe à sa sauce et atteint ainsi des territoires inexploités. Sur les trois tires de son ep "Body music" on ne sait plus si nous écoutons du noise, de la jungle ou de l' ebm. Sur les autres il tisse un lien invisible à l'oeil nu entre la no-wave et certaines choses électro des 90's via un minimalism glacial ou des percussions industriels. Les son sont métalliques au possible, brossés et poncés pour que la limaille de fer vous déchire les tympans. Avec son intégrité doublée d'une intelligence rarement vue il nous offre une musique vraiment originale, puissante et expérimentale. Coté dancefloor le bonhomme reste le même, son intégrité de producteur le fait devenir un dj provocant, ses sets sont déstabilisant mais à la fin ils ont tout emporté sur leur passage. Ce type est capable de vous faire hurler au ralenti le célèbre refrain du tube eurodance de 2 Unlimited "No limit" sans que vous n'y preniez garde (pour ceux qui ont échapper à 2 Limited voici un petit rappel ici). De vous glacer le sang pour ensuite vous faire fondre tel le magma d'un volcan en Islande saignant à vif un glacier. Ses deux boiler room sont déjà devenues légendaires et donc obli-ga-toi-re !!! Ce type est à suivre de très, très, près ! LE PRÉCURSEUR Si Powell est le génie malin et étrange passé chez Liberation Technologies il nous faut le Ramones de toute cette techno indus hyper physique et agressive. Le type qui peut être considéré comme l'un de ceux ayant remis le feu au poudre de la fusée Techno Indus. Les rares fans de Pete Swanson vont adorer ! Ceux de ses successeurs, Perc, Powell, Untold,Vessel et tant d'autres aussi logiquement! Container c'est déjà deux albums au compteurs et surtout un ep récent absolument jubilatoire et ...assourdissant! Ren Shofield est américain et nous vient de Nashville. Je ne sais pas si il porte des bottes mais on est très loin de la country vous vous en doutez bien. Plutot dans le brutal que le pépère nostalgique larmoyant. Le monsieur préfère le coup de poing direct aux caresses introspectives. Dès le premier disque il fait dans la pulvérisation linéaire en lieu et place d' un énième amoncellement progressif. Tout repose sur les rythmiques avec si possible la touche noisy cradingue qui fait mouche. Et même parfois, une association jubilatoire de martial, de noise et d' acid touch. Il explique avoir enregistrer volontairement cette techno en son mono pour pouvoir percer votre crane jusqu'à à atteindre le centre de votre cerveau. On peut pas être plus clair dans ses intentions. Avec son dernier ep, "Adhésif" il reprend ses manière motorick/kraut des deux premier albums comme son compère de label Powell. De plus ce dernier semble même avoir une certaine influence sur son aîné américain au niveau de la production. Au début vous dansez comme un vieux modèle de robot version Kraftwerk et au bout de trois minutes un sifflement puis un grincement métallique s'empare de tout votre corps. C'est juste votre tronc qui décolle et vous voilà à filer à la vitesse de la lumière parmi les étoiles et les galaxie jusqu'aux tréfonds de l'univers. Un trou noir? Et que dire de sa Boiler Room LE MATHEUX Les nombreuses attaques de notre système auditif viennent-t-ils tous de dancefloor plantés dans des usines sidérurgiques abandonnées? Pas sûr. A l'image de Swanson avec ses légendaires Yellow Swans, c' est peut être parti sur le mode ambient avec la case bouge ton cul et devient sourd. Depuis des années, sans remuer de la gambette systématiquement d' ailleurs, nous sommes nombreux à nous infliger de l' ambient noisy, du drone, Tim Hecker, Ben Frost, Roly Porter voir même, Fuck Buttons pour les résidus shoegaze électro. Et que dire des chocs digitaux et hyper modernistes made in Maximalism des Rustie, Gurl Unit, Zombie, de la grime futuriste version Logos , de la vaporwave de Fatima Al Qadiri, des labels Night Slugs (Jam City) et Fade To Mind (Nguzunguzu) et enfin du son clair mais perçant d' Arca récemment. Et bien imaginez mes enfants qu'un fan de math de Norvège va vous faire aimer cette matière pourtant synonyme de prise de tête et d'ennui de collégien. Ce scandinave a commencé à faire parler de lui avec son projet intitulé Cracksmurf, sorte de mash up digital hyper futuriste et passion d' Arca. Truc très proche du maximalism, la vaporwave, le dancefloor et rempli d'un culte surréaliste pour le grand schtoumpf. Pas étonnant non plus que bon nombre le compare à M.E.S.H (le producteur génial pas le groupe synthpop). Travaillant avec les logiciels les plus récents TCF prouve à son tour que la technologie n'est pas tueuse systématique d' émotion. Même si sa musique s' apparente elle aussi à une lessiveuse de l' esprit, si elle est expérimental, répétitive et ambiant par instant elle s' approche aussi de l' aspect pop de certains Fuck Buttons pour les ruptures et les élévations qu'elle contient. Il réussit aussi à produire un lien bizarre entre Emeralds et Roly Porter. Ce type nous raconte que sa musique est faite d' algorythme, un "flux crypté de données". Du coup parfois on peut se retrouver face à la conceptualisation instrumentale d' Oneohtrix Point Never mais en même temps on tombe aussi dans une certaine sensibilité accompagnée d'une sacrée imagination bien humaine. Sensibilité très Morricone comme nous le démontre son immense mixtape "YYAA002" de Février. Sa mixtape étant peut-être la plus belle de 2014, voici un trop court extrait

  • BEST OF 2014

    TOP ALBUM 2014 1. DEMDIKE STARE "Test Pressing #1,2,3,4,5 & 6" plus "Empirical Research" & "Post Collapse" 2. ARIEL PINK "Poom Poom" 3. GAZELLE TWIN "Unflesh" 4. HTRK Psychic 9-5 Club 5. VESSEL "Punish, honey" 6. ANDY STOTT "Faith in Strangers" 7. PERC "The power & the glory" 8. DEAN BLUNT "Black Metal" . 9. ARCA "Xen" 10. ICEAGE "Plowing into the field of love" 11. GROUPER "Ruins" 12. TOTAL CONTROL 13. OBJEKT "Flatland" 14. BEN FROST "AURORA" 15. BING & RUTH "Tomorrow was the golden age" 16. PROTOMARTYR "Under color of official right" 17. GRUMBLING FUR "Preternaturals" 18. RUN THE JEWELLS 19. LAWRENCE ENGLISH "Wilderness of mirrors" 20. E+E "The light that you gave me to see you" 21. CLAP ! CLAP! "Tayi beba"& 22. EAST INDIA YOUTH "Total strife forever" 23. LEE GAMBLE "Koch" 24. TRAXMAN "Da mind of tRAXMAN VOL.2" 25. FENNESZ "Bécs" 26. FKA TWIGS "LP1" 27. OUGHT "More than any over day" 28.TCF"415c47197f78e811feeb7862288306ec4137fd4ec3ded8b" 29. MILLIE & ANDREA "Drop the vowels" 30. NINOS DU BRASIL "Novos mistérios" 31. MR MITCH "Paralell memories" 32. THE BODY "I shall die here" 33. COPELAND "Because i'm worth it" 34. RUSTIE "Green language" 35. SHABAZZ PALACES "Lese majesty" 36. FATIMA AL QADIRI "Asiatish" 37. EOMAC "Spectre" 38. ACTRESS "Ghettoville" 39. KIAMOS "Kiasmos" 40. DJ TAYE "Overdose on teklife vol.2" 41. WILD BEASTS "Present tense" 42. CALL SUPER "Suzi ecto" 43. Sd LAÏKA "That's harakiri" 44. GIANT CLAW "Dark web" 45. SLEAFORD MODS "Divide and exit" 46. VLADISLAV DELAY "Visa" 47. THUG ENTRANCER "Death after life" 48. THE CYCLIST "Flourish" 49. SLACKK "Palm tree fire" 50. UNTOLD "Black light spiral" REMPLAÇANTS FLYING LOTUS "You're dead" JERRY PAPER "Big pop for chameleon world" CARIBOU "Our love"s à mettre TOP EP 1. POWELL "Club Music" & "Club Music (Remixes) 2. HOLLY HERNDON "Chorus", "Home" & "Body Sound" 3. MUMDANCE "Take Time" 4. ONEOHTRIX POINT NEVER "Commissions I" 5. CONTAINER "Adhesive" 6. SOPHIE "LEMONADE/HARD" 7. SUDANIM "Pleasure Flood" 8. VISIONNIST "I'm fine part two" 9. THE BUG Featuring LIZ HARRIS (GROUPER) "Exit" 10. JIRE "Kiowa Polytope" 11. BOOTHROYD "Idle Hours" 12. SHACKLETON "Freezing opening thawing" 13. XXXY "Goldflesh" 14. LYL JABBA "Gully" 15. PROSTITUTES "Nouveauree" 16. TIPLETRAIN "Lights of city" 17. LEE GAMBLE "Kuang" 18. BEATRICE DILLON "Blues Dances" 19. SEVENDEATH "Concreté Misery" 20. HELM "The Hollow Organ" 21. SCAMMERS "Songs of suspect origin" 22. DAT OVEN "Icy Lake" 23. ACRE "Icons" 24. MICKEY PEARCE "Instructions" 25. LEON VYNEHALL "Music for the uninvited" & EVIAN CHRIST "Whaterfall" TOP 10 MIXTAPES , CHOSES DIVERSES ET VARIÉES: 1. SUKI GIRLZ (JAMES FERRARO) "Suki girlz" mixtape La plus belle critique du consumérisme et de ses temples, les centres commerciaux de tout pays. 2. TCF "YYAAoo2" Mixtape Le ep de notre matheux norvégien est digne si ce n'est encore plus phénoménal que son récent album. 3. MICACHU "Feeling romantic Feeling tropical Feeling ill" & sa B.O "Undert the skin" Peu importe le genre, tout ce qu'elle touche se transforme en or. 4. LOTIC Damsel In Distress 5. PC Music - PC Music x DISown Radio 6. TASO Teklife till tha next life 7. PERC "Fact 426" 8. DEAN BLUNT "Skin fade" mixtape 9. HYPERDUB "Next life" compilation & 10.1,2,3 & 4 compilation Label boosté par ses signature footwork et grime. 10 EQ WHY Chitokyo mixtape Footwork forever ! ALBUM LIVE: Les albums live c'est souvent chiant au possible mais cette année cet exercice casse-gueule nous a offert des merveilles, que dis-je des claques monstrueuses.Et la plus belle, elle nous vient d' Egypte. Je vous conseille vivement d' aller voir les vidéos sur Youtube d' EEK, c'est absolument gigantesque. Certains vieux routiers de la critique rock n'ont pas hésité pour dire de ce disque live qu'il s' agit de l'un des meilleurs de TOUS LES TEMPS. 1. EEK "Live at the Cairo Hight Cinema Institute" 2. TONSTARTSSBANDHT "Overseas" pas toujours jubilatoire sur disque contrairement à leur putain de live à base d' improvisation. 3. KAREN GWYER "Saint John Sessions" La belle se livre peut être encore mieux ce soir-là que sur ses premiers disques. 4. THESE NEW PURITANS "Expanded" 5. JULIA HOLTER "Saint Sessions" & ONEOHTRIX POINT NEVER Boiler room No comment. TOP 15 LABEL: Et oui, Tri Angle, "le Factory Records des 10's" dixit DWTN est détrôné, mais cela n'est que très normal, que ce soit en musique comme en foot, à la fin c'est toujours MANCHESTER qui gagne la Coupe des Labels ! A peine 8 sorties en 2014 mais...6 classées dans le top album pour Modern Love! Qui dit mieux. 1. MODERN LOVE (Andy Stott, Demdike Stare, Stranger, Millie & Andrea, Miles) 2. TRI ANGLE (Vessel, Holy Other, Evian Christ,Balam Acab, Aluna George, Clams Casino) 3. DIAGONAL (Powell, The Skull Defekts, Prostitutes, Russel Haswell) 4. HYPERDUB ( Teklife, Laurel Halo, Burial, Fatima Al Qadiri, Dean Blunt ) 5. PAN (Lee Gamble, MESH, Helm, Valerio Tricoli, Objekt) 6. LIBERATION TECHNOLOGIES (TCF,Container, Powell, Vessel; King Félix, BMB) 7. TYPE (Pete Swanson, Zelienople,Vatican Shadow, Sylvain Chauveau) 8. SOFTWARE (Blanck Mass, Daniel Lopatin, Oneohtrix Point Never, Autre ne veut) 9. NIGHT SLUGS (Egyptrixxx, Jam City, Kingdom, Girl Unit, L-Vis 1990) et son cousin américain 10. FADE TO MIND (Kelela, Nguzunguzu, Fatima al Qadiri) 11. PLANET MU (Traxman, Mr Mitch, Hierogliyphic Being And The Conf.,Ital, DJ Nate, DJ Diamond) 12. RVNG Intl (Holly Herndon, Julia Holter(avant que Domino signe le chèque), Blondes, Sun Araw gendras & the Congos, la série FRKWYS) 13. HYPPOS IN TANKS (Gatekeeper, James Ferraro, Outer Limitz, Ngunzungu,Sleep Over) 14. HOSPITAL PRODUCTION(le label de Dominick Fernow aka Prurient & Vatican Shadow avec Helm, Violet Poison, Silent Servant, Ninos Du Brasil) ex aequo avec les cousins européens de BLACKEST EVER BLACK (Raime, Cut Hands, Tropic Of Cancer, Prurient, Regis, Pete Swanson) 15. NOT NOT FUN /100% Silk* (Sand Circle, Maria Minerva, LA Vampire,Rangers, Ensemble Economique, Holy Strays, Cankun) * Attention, Not Not Not Fun, à force de s' accrocher tout le temps à la même branche de l' hypnagogic pop, elle va finir par rompre. Surtout si Brit Brown s' évertue à balancer des conneries de gros réac sur les jeunes gens modernes et avant-gardistes comme sur le récent Arca. James Ferraro et Ariel Pink devraient lui causer. Maria Minerva et les autres ne pourront pas tout sauver. TOP 5 DES MONUMENTS HISTORIQUES: Aussi beaux que l' architecture moderne même si c'est pas toujours révolutionnaire. Mais! Ca tient et ça tiendra toujours la route. Surtout, que la jeunesse prenne garde de ne pas y squatter trop longtemps. Eux, ils savent faire, vous les jeun's, prenez modèle mais surtout surtout, NE PAS COPIER, ça ferait du Made in China pour nouveaux riches. 1. SCOTT WALKER + SUNN O))) "Soused" THE dream team ! 2. SUN KILL MOON "Benji" Mark Kozelek vient tout simplement de nous offrir son meilleur album depuis ... 21 ans!!!! 3. THE SWANS "To be kind" Leurs disques s' apparente de plus en plus à des marathons et pourtant, on va toujours au bout avec plaisir quite à se taper Nelson Monfort pour l' interview. 4. THE SOFT PINK TRUTH "Why do the heaven rage" Quand un Matmos, Drue Daniels (le beau gosse des deux), se décide à rendre hommage au Black Métal ça devient franchement intéressant, déconcertant et rigolo. 5. LIARS "Mess" & EARTH "Primitive & deadly" En électro, sur les dancefloor ou même en hip hop, l' humeur est Dark et au tribal dans ce qu'il se fait de généralement appétissant en ce moment. Ces deux groupes n' y sont certainement pas pour rien. TOP 10 DES FAILLES SPATIO-TEMPORELLES Ils sont jeunes (ou parfois vieux) et font de la musique d'une autre époque. C'est franchement bien foutu et même parfois prodigieux mais seulement voilà...Merde !!! On est en ... 2014 et on les aime non sans gène. Faut vivre avec le futur! 1. TEMPLES "Sun structures" Songwritters hallucinants ! 2. JENNY HVAL & SUZANNA "Meshes Of Voice" Ben oui, on peut faire dans l' expérimental d' un autre âge. 3. AMEN DUNES "Love" Damon McMahon en cherchant ses idoles d'un autre âge, Skip Spence et Robyn Hitchcock,il s'est encore perdu dans les époques mais comme d' hab il atteint les sommets. Moins rigolo que Mac DeMarco mais deux fois, oups, mille fois plus touchant. 4. TODD TERJE "It's album time" Le piège avec l' électro c'est que l'on a toujours l'impression que c'est un truc neuf et ainsi certains revival peuvent passer pour du modernisme. Terje n' invente rien mais sait parfaitement assaisonner les vieux plats jazzy space-disco et funk. Et même, même, les merdes 80's ! 5. APHEX TWIN "SYRO" Qui l' eut cru? Richard D James taxé de nostalgique? Et oui! Syro aurait pu être enregistré à la fin des 90's qu'on aurait vu que du feu tellement notre virtuose s'est coupé des sonorités actuelles. Un comble pour celui qui jadis avait le talent de sentir toutes les nouvelles tendances pour se les approprier avec un talent inégalable. Aphex Twin le "vrai" retour c'est pour quand? Wait & see... 6. CARLA BOZULICH "Boy" Peut-être l' auteur de l'une des chansons les plus déchirantes de 2014. Cette fan de country, de rock et de folk en mode expé , devrait plaire à tous les fans du grand Nick Cave 7. TY SEGALL "Manipulator" Il a beau varier les recettes éculées du garage et du psychédélisme rock, il stagne dans les tréfonds du passé glorieux de ses amours (60's, 70's). Gros gros gâchis pour le modernisme avec ce songwriter hors pair. 8. FUTURE ISLAND "Island" Cette sorte de synth-pop avec voix soul énorme peut sembler assez originale à première vue. A première vue uniquement. 9. THE HORRORS "Luminous" Le cas The Horrors. Ca l'avait toujours fait et puis et puis... Nos petits rats de discothèque ont-ils eut trop envie de reconnaissance d'un plus large public. La grande gigue de Faris ne veut plus de son petit statut de Boys Band éduqué de l'indie britannique? "Arrêtes-toi au début de Simple Minds , pas à la période Mandela Day et du Band Aid par pitié mon p'tit Faris! Réécoutes les Psychédélic Furs !" 10. ANGEL OLSEN "Burn your fire" Folk revival version nineties (Palace Brothers) et une léchée de la mère PJ. TOP 5 DES DÉCEPTIONS: SHARON VAN ETTEN "Are we there" Où est passé le frisson de "Love More" dans ce disque folk ronronnant? TV ON THE RADIO "Seeds" Il fut un temps où ce groupe était le plus aventureux et magique du monde. Mais c' était y' a très très longtemps.Remember ST VINCENT éponyme Je me souviens d'une jeune fille timide s'emparant par son talent et sa simplicité du fort Saint Père. Des disques fait de trois fois rien avec une imagination gigantesque. La petite fille rencontra la grosse fée Pitchfork qui en fit une Kate Bush pour hipsters et supermarchés. La pauvre est devenue beaucoup moins sensible et elle se répète en étant beaucoup plus tapageuse. HOOKWORMS "The Hum" On y a cru, peut -être juste le temps de ça sur le premier album FOXYGEN "...Star power" C' était bien parti, certains disaient qu'ils étaient plus talentueux que les Temples. D' autres y ont vu le "Nouvelle Ariel Pink rigolo". Au final ce sont juste des adolescents prenant des poses lascives devant le miroir de leur chambrette. Nostalgique, pastiche sans plus aucun intérêt et surtout, surtout, pas le dixième du talent de leurs idoles. N'est pas Ariel qui veut. Drôle et touchant au début puis vite chiant. TOP 5 DES VESSIES PASSÉES POUR DES LANTERNES (via une presse aux abois trop dépendante d'une industrie discographique has-been): + les traitements prescrits par docteur DWTN BLACK STROBE & ARNAUD REBOTINI: 15 ans! 15 ans que je supporte les dithyrambes sur le sieur Rebotini. 15 ans qu'un simple borgne règne au pays des aveugles. Ses disques ? je les ai tous écouté et pas un seul reste gravé dans ma mémoire. Des innovations? Jamais. De l' imagination? Nada. Encensé par une critique national cherchant en vain à trouver des "héros" pour sauver la balance commerciale intérieur et ainsi trouver d' autres nom que ceux de Garnier et les robots pour la case légende électro. Adoubé médiatiquement par un pauvre Bernard Lenoir qui avec tout le respect que je lui dois n' était pas vraiment une boussole en électro voilà ce grand gaillard qui passe pour une référence! En solo ce type a cartonné parce qu'il réutilisait l' analogique et que cela plaisait à nos réac de journaleux. Toujours ce fameux "besoin français" pour l' authenticité. Une stupide quête d' authenticité "rock" pour laquelle seuls les retardataires se sentent obligés d' en faire des tonnes (cf outre Manche et outre Rhin pour le contraire). Sa musique? Une vision caricaturale de l' électro, "faut pas trop que ce soit chiant" et surtout qu' à la fin tout le monde danse le verre à la main. Et un pillage hallucinant du passé sans même pas une once de réécriture et d' apport personnel. Ses lives? Vu trois fois et trois fois j'ai pleuré de peine devant des prestations démagogique sans aucunes finesses avec ses recettes ressassées depuis des lustres. Dans son dernier disque notre Dick Rivers électro s'est pas gêné pour aller taper dans le musée du rock, Bo Diddley et Johnny Cash en version électro. Et devinez quoi? Et bien c'est vide, les titres instrumentaux sont du niveau d'un brouillon et les reprises devraient le conduire tout droit à la prison de Folsom pour vol et recel de trésors. Nostalgie 80's électro + nostalgie 50's rock le gars connaît bien les goût réac de son pays mais ça suffit pas. Le chanteur ? A l'image du reste, un copieur qui n' arrive jamais à s' approprier les titres. Normal ! Ce mec finalement très petit met des costumes trois trop grand pour lui. Médicament: Quand des français font une vraie musique courageuse et aventurière sans voler au passé systématiquement, Les Marquises "Pensée magique" METRONOMY Oulala Metrononmy! Si tu vis en France et que ces anglais te gavent depuis les réussis "Night Out" et bien tu es très mal. En 2008 ça sonnait moderne cette putain d'indietronica. Une sorte de suite logique à Notwist et puis pfffffff. Un disque pilleur de référence pop 80's et 90's avec des emprunts un brin grossier ("The English Rivierra") et voilà qu' à débouler Love Letters. Vu à la télé et entendu dans tous les prisunic. Metronomy regarde encore plus dans le passé et réalise un truc pastiche sauvé que par un ou deux singles. Et encore, je suis gentil parce que niveau pillage les Metronomy ont encore fait leur Attila sur les singles. Exercice rétro avec gros sabots. Petite comparaison, voici le tube que tout le monde s'est tapé, penser Girls Group des 60's (Supremes, Ronettes) et écouter ce tube 70's . Ainsi, vous aurez tout compris au soi-disant talent créatif de Metronomy Remède: GAZELLE TWIN & FKA TWIGS ALT-J BRETON: Mes têtes de turc préférées selon la fâcheuse expression. Entre un pseudo groupe gnan-gnan expérimental et un groupe électro pour midinette bobo faites votre non choix. Le cap du deuxième album aura été rugueux pour ces deux hypes boursouflées. Alt-j commence sérieusement à devenir pesant pour ses défenseurs avec ses pseudos recherches qui finalement ne mènent à rien sauf à l'esbroufe. Breton ne sait toujours pas aligner deux titres correctes et en plus le chanteur plait de moins en moins aux filles et se répette dans son pseudo discours à la Bono du pauvre "mon groupe vient des squatt". Et pour finir beaucoup commencent à s' appercevoir que le rôle de sauveur de la cause indie british qu'on leur avait attribué était franchement démesuré si ce n'est pas une arnaque. Le seul unique intéret de leur mise en avant médiatique n'était que commercial et pour fortifier un copinage entre l' industrie discographique (maisons de disques, tourneurs et festivals) et la presse française, toutes aux abois en temps de crise éco et post-numérique. Alors, toujours l' éternel question? Pourquoi eux? Remède : Pourquoi allez chercher dans la deuxième division britanique quand il existe une première League audacieuse, avant-gardiste et tout autant jouissive THEE OH SEES, TY SEGALL ET LA SCENE GARAGE DANS SON ENSEMBLE: L' art de tourner en rond chez soi. Ah le garage rock et DWTN ! Sacrée relation. J'ai beaucoup pesté cette année sur son grand retour. Certains m'ont dit que je chipotais,les plus lucides dans un sens, parce qu' ils ne me contredisaient pas. D 'autres ont dit que c' était présomptueux et snob. J' avoue que j' ai pas trop compris. Et puis y' a enfin la majorité qui devant mes critiques assassines restèrent dubitatif ou n'ont surtout pas cherché à comprendre. Après tout, c'est juste un pauvre type renâclant sur un blog inconnu parmi tant d' autres. Alors ses élucubrations... Mais je ne suis pas le seul. Un journaliste a pondu l'une des chroniques les plus assassines et plus justes sur le sujet (elles sont de plus en plus nombreuses, signe d'un ras le bol croissant sur le garage rock). Une chronique musicale bien sûr, mais aussi sosiologique, artistique et même politique. Son nom Carl Craig. Son site, Spin magazine, donc pas un p'tit site anonyme. Voici un extrait qui va peut être faire réfléchir certains quand ils se retrouveront devant un groupe garage la bière à la main et en se prenant pour des rebels ouvert d' esprit: (les parties soulignées sont des apports de votre serviteur pour plus de compréhension) "Ty Segall a dit dans pitchfork: "Il y a tous ces enfants qui grandissent avec ​​Skrillex et toute cette musique numérique," "Qu'est-ce qu'ils vont penser quand ils vont entendre du rock'n'roll?" A l'âge du streaming où toutes les musiques du passé sont en ligne et disponible, cela semble être une présomption bizarre (comprenez un anachronisme ), mais ce qui est plus surprenant, c' est de trouver un musicien talentueux qui veulent faire une vertu d' avoir des goûts musicaux étroits. Les meilleures (exemple: Bowie, Eno,Ariel Pink et Daniel Lopatin entre autres)ont généralement d'énormes oreilles, prêtes à découvrir des idées n' importe où. Mais la scène garage-rock est souvent l'environnement le plus hostile à cette attitude. Ce n' est pas l'accent rétro qui me dérange, mais le fétiche d'authenticité qui l' accompagne souvent, comme si les rockers de garage ont découvert une certaine vérité essentielle du rock que les autres ne savent pas ou ont volontairement oublié.(Et comme si elle n'a pas été découvert mille fois avant.) Segall est plus curieux que cela, ou du moins il y arrive. "Manipulator"(son dernier lp) est un signe de bonne santé en allant au-delà des trois accords fondamentalistes, par ses sonorités glam et ses souches psychédéliques et enfin sa glorification de la maîtrise technique. Mais il rayonne encore un certain isolement. En fait, c'est un de ses thèmes préférés, dans de nombreux titres ressemblant à une forme de confinement il semble se méfier fortement des nouveaux moyens de communication et de la connectivité (on est loin de l' approche plus objective et optimiste de ces sujets par une Holly Herndon qui pourtant dans son derniers "Home" n'en est pas moins naïve sur les dérives policière) . En partie, c'est comme si Segall est en réaction contre ses origines. Il a grandi dans le riche comté d' Orange, à Laguna Beach. Donc banlieusard classe moyenne. Bien sûr, il détestait, position toute relative; Il est toujours surprenant de me souvenir que ce garage-rock est souvent la musique d'enfants privilégiés, parce qu'il sonne comme il était destiné pour les enfants pauvres, avec ses outils primitifs et fuzz éhontés. Mais, naturellement, c' était ça l' attraction pour ces jeunes, la rébellion via un encanaillement musicale. Alors qu'à ses origines, le terme "garage rock" impliquait que vous aviez au moins un garage - et donc que vous ne pouviez pas en faire dans un petit appartement de ville ou de cité. C'était une forme de la culture banlieusarde, celle née au début des années 60, le sommet de l'âge d' or des middle class américaine.(les centre-villes et leurs appartement étaient pour les classes pauvres justement). le remede de doc DWTN: Pendant que Thee oh Sees fanfaronnait sur la grande scène de la Route du Rock avec leur garage calibré pour festival et hipster en mal de légitimité rebelle, délivrant un set en roue libre sans réelle charge émotionnelle la Blogothèque filma une scène et nous offrit une vision plus réjouissante d'un certain garage rock. Pas un garage provenant de la middle class américaine mais une vision sans concession dans sa version working class anglaise. THE WAR ON DRUGS & MAC DEMARCO: Tout le gotha indie se lève unanimement pour faire une standing ovation aux deux disques de ces deux artistes. Ils vont squatter les premières places de tous les top de fin d' année. Plus ça va et plus je trouve que le public se revendiquant de l'indie ressemble à ça. Le même publique guindé et tiré à quatre épingle que celui de la musique classique, une sorte de caste sociale cloisonnée dans ses théatre , opéra et musées. Même culte pour son passé, même anthropomorphisme, même manque de curiosité pour les autres genre et un refus d' intéret pour le futur. Ses idoles en cette année 2014, The War on Drugs et leur comique troupier préféré, Mac Demarco. Leur point commun? Une musique hors d' âge, "cool", passe-partout et aceptisée comme de la muzack. Une musique d' avant le punk, Kraftwerk, le rap, la House etc etc. Une musique qui fait comme si ces trucs n'avaient jamais existaient. Une musique d'une époque ou tout paraissait plus simple. Une musique analogique avec instrumentation hyper classique. Une musique de confinement comme le garage rock. Une musique en refus ou craintive de tout progrès technologique. Cette année j'ai lu un truc génial sur le sujet. Je l' avais déjà publié mais je pense qu'une deuxième fois ne serait pas de trop. Par contre je n'ai toujours pas retrouver l' identité de son auteur. Voici ces quelques mot forts judicieux et très à propos du succés des War On Drugs et De Marco: " La bordélique et mièvre quête d' humanité du "do it yourself" d'une décennies de culture indie - à l'origine en réaction aux rock et à la pop artificiels et pompeux des années 70 et 80 - est à présent utilisée partout dans les médias pour proférer, vendre et servir de bande-son à un certain style de vie promulgué. Et c'est à présent un horrible mensonge, aussi odieux que les bobards sur lesquels les premiers punks crachaient. Comment faire de la musique dans un monde comme celui-ci? Ce qui doit être dit et comment le dire? Ce sont précisément pour répondre à ces questions que la musique du futur est explorée, surtout si les réponses actuelles sont loin d'être concluantes. Une chose est de plus en plus claire, les hommes blancs privilégiés grattant avec nostalgie les guitares ou tournant les mécaniques analogiques en évoquant le bon ancien temps ne sont pas seulement complaisants et ignorants en le privilégiant mais sont en plus une franche infamie face à ce monde de crise financière, de robotiques militaires , de montée de l'extrême droite, de surveillance par la NSA et des incessants avertissements des catastrophes à venir. La musique a besoin d'évoluer rapidement ou risque d' être obsolète et il lui faut donc se tourner vers la technologie et les connotations de la technologie pour ce faire, créer une sorte de course à l' armement face au monde qui l'entoure."Je suis papa depuis bientôt 2 ans. Si un jour mon gamin à ses 20 ans se pointe avec un T-shirt de My Bloody Valentine ou des Stone Roses en écoutant une musique vieille de trente ans, vous savez quoi. Je lui fouterai une grosse mandale et je m'en voudrai de lui avoir imposé MA Culture! Et Mac Demarco de faire son malin. Non tu n'es pas un malin, un juste un jeune vieux cons.

  • En passant : Kiasmos , du violon sur le dancefloor au fond d'un fjord.

    Récemment j'ai écrit que beaucoup d' artistes électro se tournaient vers une musique plus physique, moins introspective. Quand on affirme ce genre de chose il y a toujours le petit grain de sable qui se pointe. Le disque qui va à contre-courant du phénomène décrit mais qui fait tout le charme du suivi de l' actualité musicale. Ne jamais se borner à une seule direction. Òlafur Arnalds et Janus Rasmussen sont le grain de sable et il s'appelle Kiasmos. Ces deux scandinaves en provenance des lointaines Islande et des Îles Féroée ne s' adressent pas à vos tripes quand un bon nombre de leurs contemporains vous assènent drone, percussions et noise jouissifs à la limite du supportable (Perc, Untold,Vessel). Arnalds est un compositeur de musique classique, ou plus précisément de néo-classique comme disent les saxons. Rasmussen quant à lui a débuté au sein d'une formation synthpop. Alors quand les deux s'unissent ça peut le faire. Comme ça ne peut pas le faire. Par le passé, on dira les 90's, pas mal ont voulu allier le classique et son instrumentation avec l' électro. Et ça la franchement pas fait systématiquement, soit on se retrouvait face à une espèce de prog électro où le musicien classique nous balançait au visage sa virtuosité technique comme les guitaristes prog des 70's en oubliant l' essentiel. Soit une tentative de faire passer au grand public la pilule de" cette nouvelle musique avec quelques réminiscence classique qu'il connaissait déjà . Avec Kiasmos c'est une réussite totale. Cet album éponyme est parfait, inlassable et sans aucune faute de goût. L' ennuie est absent. Si à votre première écoute il se pointe rappelez-vous la grande leçon zen de papi John Cage: "If something is boring after two minutes, try it for four. If still boring, then eight. Then sixteen. Then thirty-two. Eventually one discovers that it is not boring at all."(Dans "Silence"1970). Et si une chose est vraie c'est bien le fait qu'au début ce disque peut sembler avoir été entendu mille fois. Peut-être parce qu' il suit une recette sommaire faite d' ingrédients sûr sans chichi. Des percussions élégantes, des sons électro digitaux mystérieux et un piano accoustique modeste qui la ramène pas. Les cordes et ce dernier sont aux ordres de la house tout comme les samples qui font également preuve de discrétion. Ici pas de déballage tape à l' oeil sonore ou lyrique . Le piano rappellera bien sûr celui de Jon Hopkins. Cette façon de débouler une fois que le titre a atteint son potentiel euphorique dans cette courbe théâtrale qui sert aussi d' ossature aux titres chez Hopkins. La petite différence est que nos deux scandinaves nous laissent bien plus d' indépendance pour imaginer ces paysages porteurs d'une certaine spiritualité. Vous êtes bien dans un fjord, dansant sur techno minimale magistrale avec tout autour de vous, ce panorama typique scandinave sur lequel flotte les contes et légendes de la mythologie nordique. Ces montagnes qui ont observé les péripéties dramatiques des dieux avec les humains où bien, ces forêt épaisses et obscure où rodent des animaux fabuleux. On peut aussi penser à Nicolas Jaar en solo. On ne peut pas les accuser de suiveurs d' Hopkins et Jaar, ce disque est le fruit d'un travail méticuleux entrepris depuis 7 ans. Ils avaient sorti un premier ep un poil plus percutant par ses rythmiques glaciales mais à présent ils nous offrent leurs terres natales au printemps, pas en hiver. Kiasmos est la divine surprise techno ambient de cette fin d' année. Année faite de très nombreuses réussites rentre dedans, où la montagne russe et la dichotomie ont été les lignes directrice avec le coq à l' âne stylistique en mode opératoire mais qui se clôture par un beau disque mélancolique, homogène et s'apparentant à une plongée intime dans notre imagination.

  • En passant : Arca fait chier les réacs ou, la technologie au secours de la complexité humaine.

    Alors que je peinais à me motiver pour écrire cette chronique sur le premier album officiel d' Arca, le vénézuélien Alejandro Ghersi dans le civil, une vieille connaissance de ce blog s'est chargé de me mettre en colère au sujet de ce "Xen". Ma paresse ne venait pas du fait que ce disque était une déception, loin de là, mais parce que j'estimais avoir tout dit sur le bonhomme au sujet de son essentiel mixtape &&&&& (cf ici). De plus le vénézuélien bénéficiait depuis quelques semaines d'une plus grande notoriété pour ses collaborations passées avec Kanye West ou avec la très cotée FK Twigs, Kelela, Mickky Blanco et senfin pour es travaux future, Bjork. Et puis ce satané Britt Brown (co-patron de Not Not Fun, rappel ici) a mis les pieds dans le plat. Mais d' abord, le "crime" que Brown reproche à Arca. Alors qu'une certaine indie music nous gave avec des polémiques plus ou moins sans intérêts ou même absurde, l' électronique amène quant à elle aussi son lot de controverses mais au moins ces dernières reposent sur des questionnements autrement plus intéressants. Plus essentiels que celles présentant un Ariel Pink soit disant misogyne pour la naïve Grimes et depuis caricaturé en Dieudonné de l'humour indie par bon nombre, ou encore on peut citer la guéguerre War On Drugs vs Mark Kozelec. Cette vieille fripouille de Britt Brown, donc patron d'un des étendards de l' hypnagogic-pop (Not Not Fun), s'est fendu d'une putain de chronique de "Xen" dans Wire Magazine qui est en train de le faire passer tout simplement pour le Erik Zemmour du genre. Si d' abord cette chronique m'a mis hors de moi elle a au moins eut le mérite de remettre sur la table bon nombres de thématiques omniprésentes dans ce blog. Le passéisme et la nostalgie en musique, le débat entre vieille et récentes technologies via la quête d' authenticité, l' hypnagogic pop est-elle synonyme de progression ou de régression artistique et cerise sur le gâteau, internet c'est caca ou pas caca et les jeunes, ce sont tous des cons débiles? Si on suit la logique de Brown je suis obligé de vous annoncer que l'on ne peut pas écouter à la fois Rustie, Arca ou Jam City d' une part, et Maria Minerva, John Maus ou Ariel Pink de l' autre. Soit on est analogique soit digital. En bref, Dancing With The Noise est dans une merde pas possible et je vais devoir faire un choix. Je déteste ces types qui veulent vous faire prendre des décisions stupides en montant les gens les uns contre les autres. Ces types pour qui le monde est soit blanc, soit noir. Brown nous explique qu'Arca en solo ne vaut pas un pet de mouche tant qu'il n'est pas accompagné d' artiste pop et de leur talent en songwritting. Que ce type qui avait sorti les disques des bruitistes Yellow Swans (Pete Swanson), ne veut en fait qu'une musique ayant pour but de faire danser ou passer à la radio via le format pop me laisse carrément pantois. Bref ce con en 1975 vous aurait annoncé que les disques ambient de Brian Eno ne servent à rien puisqu'ils ne rentre pas dans ces deux catégories. Je sais, c'est grossier de ma part mais c'est bel et bien ce recèle la chronique du gars au sujet de "Xen". Et ses autres arguments on les a déjà croisé par le passé. Pour Brown la musique d' Arca est "vide de sens", Alejandro Ghersi ne serait qu'un geek trop amoureux de ses machines, un simple démonstrateur des nouvelles technologies chez Darty , un artiste raté passant du coq à l' âne en zappant et au final, un artiste incapable d' aller au bout de ses idées à l'image de sa génération soûlée d' informations via les possibilités du vilain net. Pauvre vieux con que ce Brown. De toute façon le bonhomme ne laissera pas une grande trace dans l' histoire de l'hypnagogic pop si ce n'est le fait d' avoir croisé sa compagne la vénérable Amanda Brown pour créer Not Not Fun et LA Vampire. Le génie c'est elle et les artistes du label. Le vieux balbutiant ses certitudes dans son fauteuil devant Jean Pierre Pernod, c'est lui! Oui le disque d' Arca passe du coq à l' âne stylistiquement au point de perturber les vieux cons préférant les cloisonnements. Mais franchement ce zapping ne perd pas l' auditeur et laisse même entrevoir une certaine homogénéité . Le disque prend en compte notre époque avec son réservoir haut débit d' informations riches et variées sans le rejeter en s'enfermant dans un passé obsolète et dangereux. Les dysfonctionnements digitaux du Glitch, les fantômes des caractéristiques de la pop et du hip hop sont invités. A noter que le hip hop se voit un peu moins présent qu'il ne l'était sur les premiers ep (la série Skretch) et sur la fantastique mixtape &&&&&. Si l' agressivité UK Bass futuriste d' Objekt et de Logos sont toujours d' actualité, le vénézuéliens vit dorénavant à Londres, Arca nous offre cette fois-ci une palette d' émotions humaines bien plus variées. Le début du disque très lent se veut même carrément éthéré.Du digital éthérée, il avait pas pensé à ça pépé Brown trop obnubilé qu'il est par ses synthés analogique, ses guitares vintage et ses bandes de VHS détériorées. Et le déchirant piano trafiqué par un logiciel de "Held Apart",vous ne trouvez pas monsieur Brown qu'il est autant émouvant que celui du dernier Grouper. "Xen" n'est pas qu'une démonstration des opportunités des nouveaux logiciels, c'est aussi une oeuvre fruit d'une psychanalyse personnel. Ghersi explique que le dénommé "Xen" n'est juste que son alter égo féminin. Réflexion et interrogation sur la sexualité. Moins violent que &&&&& ce disque est réellement émouvant, intriguant, parfois angoissant ou apaisé et hyper sensuel. Il nous offre une vision captivante de notre monde sous une forme bien plus complexe que celle provenant de caricature et des a priori dans lesquels certains veulent nous enfermer. Les contraires se confrontent, se regardent en chien de faïence pour ensuite s'unirent et se mélanger.

  • En passant, ANDY STOTT retour gagnant

    Deux après la claque gigantesque "Luxury Problems" que pouvait-il bien faire le gars de Manchester? Allait-il poursuivre sa course folle vers les territoires vierges foulés en 2012 et précédemment avec le duo de ep "Passed Me By" et "We stay Together"? Autant vous le dire tout de suite Stott semble avoir un peu freiner ses velléités d' innovation mais pour mieux approfondir celles déjà apparues. "Faith In Strangers" est le petit frère de "Luxury Problems" mais on ne peut pas vraiment dire non plus qu' il ne s' agisse de jumeaux. Par son mode de production le dernier Stott diffère de son prédécesseur. Le mancunien a définitivement quitté le numérique pour l' analogique pour offrir à sa musique une impression Hi-Tech d' un nouveau genre. Les sons cassants s' entrelacent ou alternent avec d' autres plus doux. Les nuances sonores sont encore plus claires et l' ensemble s' enrichit de nouvelles textures. L' auditeur de "Luxury Problems" continue de découvrir de l'inédit mais ce coup-ci avec un léger goût familier. Sa manière de tisser ses titres semble avoir connu de nouvelles façon et Stott continue de développer des idées originales dans les détails. Si on veut vraiment chercher une franche évolution c' est dans au niveau des voix que ça se passe. Élément englobé parmi les autres autrefois elles acquièrent une importance plus grande et les titres de se rapprocher un peu plus de la formule "chanson". Une fois encore c' est Alison Skidmore, la prof de musique de Stott, qui s' y colle et continue de tutoyer les sommets. Une autre évolution notable c' est certains reliquats Jungle ou Hardcore Break métamorphosés que l' on peut sous toute vraisemblance mettre au profit de la collaboration récente de Stott avec Miles Whittaker des Demdike Stare sous les pseudos Millie & Andrea donnant le génial "Drop The Vowels". Disque lui aussi fortement conseillé. "Faith In Strangers" n' a pas l' élément de surprise qu' avait son tonitruant prédécesseur mais confirme tout le talent et le goût de l' aventure de son auteur. Certains moments sont sidérant de beauté glacial et ce disque comme "Luxury Problems" a toute sa place dans la longue liste des monuments musicaux Mancuniens. Perfection totale!

  • En passant : Vessel réinvente l' analogique et retrouve l' identité anglaise.

    Rappel: ici pour Vessel et par là pour le grand label Tri Angle. Sebastian Gainsborough alias Vessel revient enfin après ses excursions en compagnie du prometteur collectif Bristolien Young Echo (le passionnant "Nexus" de l' an dernier). Accrochez-vous bien bande de branleurs parce que vos vieilles carcasses de petits occidentaux nostalgiques vont être ébranlées une nouvelle fois par le talent de cet artiste d' avant garde. Avec son deuxième album, "Punish, honey", Vessel largue encore plus les amarres et n' appartient plus au commun des mortels. Le petit monde de l' électro s' efface derrière lui et après bien avoir observer le passé, les yeux rivés sur l' horizon, Vessel met définitivement le cap sur le futur. Tout d' abord Gainsborough avec cet album nous balance une salvatrice leçon d' histoire de la musique populaire en ces temps dominés par la technologie informatique. Alors que l'on croyait que le numérique était le meilleur outil pour l'innovation selon le vieil adage, progrès technologique = innovation artistique, le natif de Bristol nous prouve encore une fois qu'il n' est pas nécessaire d' attendre de nouveaux logiciels, des puces encore plus puissantes ou que sais-je encore. L'innovation peut venir simplement de la façon d' utiliser les outils déjà à disposition, peu importe leur ancienneté. Et que ces outils soit des instruments répertoriés "classiques" de musique ou toute autres ustensiles détournés de la vie courante. Pour les neuneux reclus de l'indie rock des 80's & 90's Vessel fait subir à l' électro ce que Sonic Youth et My Bloody Valentine ont asséné au rock en ces temps reculés (25 ans!). Pour les zombies encore plus fossilisés du post-punk ou de l' indus des débuts 80's cette fois-ci on leur rappellera juste le souvenir d' Einstürzen Neubauten et de Coil. Pour les fans de garage rock et bien ...Non ! Rien pour eux si ce n'est qu'ils y reste dans leur putain de garage. Bye bye les puces et les logiciels, bonjour les casseroles, les plaques de ferraille rouillée et un inconcevable vélo en guise de guitare. Et je ne parle pas des instruments tombés en désuétude depuis longtemps et ressortis du musée par cet aventurier sonore. Adieu le digital rebonjour l' analogique. Gainsborough affirme que son choix d' abandonner les machines et les logiciels lui a apporté une plus grande liberté dans l' expérimentation. C'est bien possible mais il faut bien faire attention à une certaine dérive. Ce qui est valable pour l' anglais sur ce "Punish, honey" ne l' est pas pour tout le monde. Revenir aux façons d' autrefois et claquer la porte aux nez des technologies modernes peut vite s' apparenter à ce trop répertoriés actuellement acte anti-progressiste et vain par sa quête d' authenticité au travers d'un âge d'or fantasmé. Le dernier Daft Punk ou le garage rock actuel. Vessel parle de liberté d' expérimenter et s'en sort merveilleusement en créant du neuf parce que dans son esprit un retour à l' analogique ne signifie absolument pas à subir les dictâtes du classicisme et du passé. Vessel ne reprend que les ingrédients des anciens, pas les recettes qu'il interprète à sa façon en collant à son époque. Il est à ce propos saisissant que Vessel ait sorti ce disque organique chez les amoureux du digital et moderniste Tri Angle records( vous savez les vrais héritiers contemporains de Factory Records mais ça je crois que l' avoir dit déjà mille fois vieux con que je suis). Gainsborough n' est pas parti à l' abordage simplement muni de son talent (immense). D' abord "Punish honey" s' appuie beaucoup sur sa culture indus/dark et expérimental des 80's jusqu'à nos jours mais aussi sur les fondations solides laissées par l' électro-acoustique et la musique concrète. Fondations gage de liberté créatrice totale et déjà influences majeurs chez les copains allemands de Blixa Bargeld (héritage musical national oblige, cf Stockhausen ). L' autre grand machin à retenir de "Punish, honey" c'est que ce disque reflète bien ce qui est en train de se passer en électro depuis quelques temps. Bon nombre de producteurs ont décidé de revenir à une musique plus physique en délaissant l' exploration psychologique enivrante alors la norme (Jon Hopkins). Vessel est un grand artiste parce qu'il devance ou tout simplement accompagne l' air du temps. Condition qu' un certain monsieur Richard D James a totalement oublié avec Syro en prouvant que coupé des autres et de l'époque la virtuosité ne suffit pas toujours pour être pertinent à 100%. Le maximalism de Rustie, Pete Swanson, Haxan Cloak, Ben Frost, le retour du grime via les Logos et autre Slackk, la techno agressive de Perc, sans parler des deux jeunots géniaux Powell et Container ou d'une façon plus cool en passant par le tribal léché, James Holden et les Demdike Stare. Gainsborough pousse très loin sur l' impact physique. Il dit à ce propos avoir choisi "Punish, honey" ("Douleur, miel") comme titre pas par hasard. Il explique s' être interroger sur l' étrange relation que nous avions avec les musique à fort retentissement physique. Ces musiques provenant d'une maltraitance (celle des instruments et des matériaux, on pense jamais assez à ce que on leur fait subir à ces pauvres malheureux), ces même musiques fruits de tortures qui nous agressent à notre tour ("Punish"), mais qui aussi bizarrement que cela puisse paraître, nous donne du plaisir, "honey". Gainsborough à l' époque de son premier album parlait déjà des effets de la musique en des termes proches du milieu médicale évoquant ou étant synonyme de douleur, "virus", "maladie". Certains critiques avaient également évoqué le "mal des transport" au sujet de sa techno complètement déstructurée. Pas étonnant donc qu' au détour d'un " Anima" on se retrouve nez à nez avec la musique aliénante et brutale de Suicide et les motifs synthés tout autant perturbant croisés chez Throwbing Gristle. Deux grandes formations spécialiste du sado-masochisme auditif. Beaucoup ont aussi évoqué le "She lost control" de Joy Division au sujet du titre récent "Red Sex", c'est franchement pas faux tellement la rythmique évoque le matraquage mécanique de Stephen Morris. Mais alors dans ce cas doit-on plutot que parler des crispations musculaires dues aux crises épileptiques et aux amphètes gobés par qui vous savez, signaler que "Red Sex" est un "She's lost control" sous mélange de barbiturique et d' alcool. Bref, un Ian Curtis titubant qui gerbe plutot que l' image d' épinal maintefois plagiée par l'indie rock, tremblote à la parkinson et mâchoire crispée. Pour en finir sur avec la thématique musique/corps/maladie chez Vessel il est obligatoire de citer le "Bish Bosh" de Scott Walker avec ses bruits organique issu de la maladie et la vieillesse. Sebastian Gainsborough, toujours très disserte sur son art, invoque à propos de son travail la volonté de trouver un certain âme de la musique anglaise. Ou plus exactement "Qu'est- ce qu' être anglais" signifie dans la musique?" Alors bien sûr faut trouver les racines et rien de mieux que de piocher dans le folklore anglais. Le gars remonte ainsi très loin avec l apparition d'une vielle ou d'un orgue d' église (vielle qui évoque au corrézien que je suis les attachants Claudie Gurdy tullistes). De même cette façon d'utiliser des objets du quotidien à des fins musicales a été de tout temps et pas seulement en Angleterre une habitude dans les musiques dites folkloriques (éléments de base de l'identité nationale quoi qu'on en pense). L' "anglitude" recherchée passe également chez Vessel par un regard sur toute l' histoire de son pays avec ses faîts sociaux les plus marquants. Les percussions métalliques de "Euoi" évoque la révolution industrielle du 19ème, tout comme le titre "Kin to Koal" (Koal= charbon) qui peut tout aussi bien symboliser à nouveau le 19ème siècle et les débuts de industrialisation forcenée que sa triste fin avec la saloperie Tatchérienne envers les mineurs à la fin 70's. Tiens tiens... Restons sur les 70's, le charbon et ce que ça signifie être anglais en musique selon Vessel parce que la réponse à sa question tient en une pochette d'indie music des 90's. Un vieil amour qui par son titre représente ce qu'à voulu chercher Gainsborough, "England made Me". Et bien Vessel en cherchant cette "anglitude" s'est lui aussi intéressé au glam rock comme Luke Haines pour la pochette du premier album de ses Black Box Recorder. On est très proche de cette photo évoquant le paradoxe et la complexité anglaise d'une certaine époque. Opposition des conditions de vie difficiles des mineurs face aux clinquant des stars glam. Truc encore plus bizarroïde et significative de l' identité anglaise quand on pense au glam rock en lui même. D'un coté les lads de Slade et Gary Glitter qui offrait un un boogie rock avec ses chants pour les pub et les kops des stades tout en s' habillant en tenue ambiguë sexuellement. Bref, des gros beaufs hétéros adorant le kroll . Et de l' autres, les raffinés et érudit Roxy Music et Bowie. Roxy Music venaient des fameuses écoles d' arts anglaises où ils avaient pris connaissance des conceptes d' arts les plus avant gardistes et les réinjectaient dans la musique populaire. Truc presque exclusivement anglais. A noter également qu'à l'instar des autres stars glam Roxy Music Gainsborough est allé pioché dans l' instrumentation classique en provenance d'un lointain passé (plutot le baroque avec le hautbois). Pour revenir à "Punish honey", ce disque a vraiment un petit coté glitter dans la sonorité, ce truc "clinquant" dans certains titres que l'on retrouve pas toujours chez les autres artistes dark ambient. J'en avais déjà parler au sujet du dernier Holden. Le glam rock pouvait certes apparaître comme une sorte de retour au source rock'n'roll par la simplicité et la tribalité des rythmes, un retour aux racines rock teinté du folklore (identité anglaise) mais aussi de modernité via la production (Eno et ses machines sur scène, Tony Visconti). Le rock star posant aux cotés d'un mineur symbole de la working class n' était pas une abérration sociale mais tout simplement le dépositaire des troubadours du Moyen âge, des types s' habillant de couleurs tape à l'oeil pour amuser le bon peuple comme les nobles. Comme Bowie et Marc Bolan en 1971. Sebastian Gainsborough réussit à atteindre tous ses objectifs avec "Punish, honey". Il nous offre un grand disque à la fois d' avant garde et profondément ancré dans le présent et significatif du monde (de son pays) qui l'a vu naître. A l' heure ou nos sociétés occidentales sont devenues des prestataires de service en remisant au placard avec violence plus d'un siècle de culture ouvrière il nous démontre qu'il en reste encore des traces et que cette mutation a un prix que nos sociétés n'ont pas fini de payer. Les traders de la city planqués derrière leurs ordinateurs se voit rappeler par ce disque toute la souffrance provoquée par leur idéologie et le décalage qu'il existe par delà les fenêtres de leur petit bureau et le son des pianotages sur leur clavier. L' humain et la vie ne sont pas dans ces quatre murs. D' autres sons les symbolisant existent ou ont existé. Des sons susceptibles de provoquer sur le corps humains des sensations terrifiantes et jouissantes, des effets de bien être et de mal être. Alors que d' autres artistes nous alertent sur les mensonges du libéralisme économique et du monde virtuel par le détournement des outils numériques (Ferraro, Oneohtrix Point Never et la vaporwave) Vessel offre une alternative encore plus crue en utilisant l' analogique et son immense imagination. C'est peut-être bien là toute la fortune de Vessel et la force de ce disque étonnamment futuriste. Sans passer (ou se reposer) par la technologie moderne il s'est interroger et a fait mouche avec un talent hallucinant. PS: Complexité anglaise dans la musique populaire en deux vidéos et une émissions emblématique: Slade et Roxy Music à Top the Pop. Des gros bourrins ancêtres d' Oasis fringué en fille face à des "intellos/arty" fringué de la même manière draguant avec succès les même gonzesses. Et puis tant que j' y suis comment ne pas mettre ce putain de grand morceau visionnaire des Roxy, ce truc vieux de 42 ans qui va foutre à terre tous les fans de Zombie Zombie ou de James Holden. Ce machin immense qui commence comme une BO de science fiction, surprend par son phrasé évoquant de vieux chants gallois, vire bluesy et espagnolade (castagnette). Cette machine à remonter le temps et à explorer le futur, passant des rites du baroque XVI ème aux raves 90's en à peine 6 minutes, LADYTRON !!! L' identité anglaise dans les 90's version Luke Haines

  • En passant: L'insaisisable Dean Blunt a encore fait un chef-d'oeuvre.

    Précédemment: Ici et là Dans la vie rien n'est clair. Tout n'est pas blanc ou noir. Prenons Dean Blunt par exemple. Un coup il peut apparaître comme un putain de pseudo artiste arty poseur et franchement amateur du foutage de gueule et l' instant d' après, on découvre un type tout simple, hypersensible au monde qui l' entoure, un petit artisan qui creuse son petit sillon dans son coin pour faire pousser de merveilleuse fleures vénéneuses. Mais en ce qui concerne le mystère qui entoure cet artiste une seule évidence demeure depuis ses débuts. Ce type est un génie. Un vrai ! Et il vient de nous offrir encore une fois un chef-d' oeuvre. "Black métal". Dean Blunt vient-il alors de nous offrir son disque le plus abouti avec son dernier "Black Métal"? La question prend une importance considérable quand on connaît le bonhomme et ses œuvres précédentes. Pour ceux qui ont loupé les épisodes précédents je peux juste vous dire que ce mec chamboule tout sur son passage depuis 2010. Que ce soit sous le pseudo Hype Williams ("One Nation",2011), en collaboration avec la complexe Inga Copeland ("Black is beautifull"2012) ou en solo avec les essentiels "The Redeemer" & "Stone Island" l' an passé. A chaque fois il squatte mes tops annuels (discrètement ici, puis à fond ici & là ) et monte dans la hiérarchie. Ce touche à tout s' est attaqué à bon nombre des marottes DWTN. Hypnagogique pop (ici), R&B, ambient, footwork avec le grand "12" (ici), synth pop et dub , crooner urbain (ici) et enfin une réappropriation du Badalamenti qui s' est révélée avec le temps la plus réussie face à la myriade de pilleurs des oeuvre du pote de David Lynch (ici). Qu'allait-il nous offrir après son expédition lo-fi russe qu' était "Stone Island" (enregistrée dans un hotel moscovite et uniquement dispo à l'origine que sur un site inconnu du même pays). Et bien sachez brave gens que Blunt a décidé de nous offrir le plus beau et étonnant album d' indie-pop 2014. Rien de moins. Enfin, "Black Métal" est un album indie-pop qu' à moitié. On est chez Dean Blunt, l' empêcheur de tourner en rond (alors que la majorité des groupes indies ne font plus que ça et devrait se pencher sur son cas histoire de prendre une leçon). A l'instar de bon nombres des grands disques 2014 cet album est encore un truc porté sur la dichotomie. Comme le Iceage, le Protomartyr, East India Youth, Rustie, le futur Arca ou encore le Total Control. A partir du 7 ème titre, "Forever" nous quittons les territoires Twee-pop et ses guitares jangly à la Felt ou Durutti Column pour les dancefloors enfumés de dub pouvant évoquer une descente difficile de fin de soirée en compagnie des Happy Mondays dans l' Haçienda désertée. Factory Records quand tu nous tient. Et le tout avec un tonitruant et languissant saxo qui dicte sa loi. La première partie est donc constituée d' espèces de chansons pop pas vraiment construites sur l' ossature classique du genre. Des sortes de motifs répétitifs où apparaissent tour à tour la voix baryton de l'homme et celle de sa copine Joanna Robertson. Une nouvelle fois la voix de Blunt et son phrasé vont être propice à la blague douteuse de "l'inédit de Bill Callahan" tant elles se ressemblent. Celle de Robertson par ses intervention ce sera plutot le souvenir du grand classique de Felt et Liz Frazer (Cocteau Twins) , génial "Primitive Painters" sur lequel lorgne "50cent". Sauf que loin de l'univers indie-gothic-adolescent 80's Blunt nous parle répression policière et criminalité en taclant le rappeur amateur d' hormone de croissance (attention le cancer des testicules te guette 50 Cent). Dean Blunt nous prévient gentiment que va y avoir le changement de cap "Forever" avec le court "Heavy" par sa cascade répétitive de synthés et ses boites à rythme typique 80's mais le salopard laisse encore planer le doute indie-pop le temps d'un "Molly & Aquifina" somptueux. A partir donc de "Forever" et de "X" (encore une preuve de sa passion pour Badalamenti) nous quittons les structures carrées de la pop ou du folk pour l' expérimentation dub, noisy et jazzy accompagnée d' un énorme travail d' altération de la source sonore. Il fait comme toujours preuve d'une farouche et courageuse volonté à construire avec l' étrange comme matériau de base. D' ailleurs en parlant de source sonore l'un des mystère du charme de la musique de Blunt vient du fait que l'on sait jamais trop vraiment si il s' agit d' échantillons piqués chez d' autres ou de l' authentique création musicale. "Black Métal" est aussi teinté de dichotomie dans ses humeurs et ce que Blunt nous offre de sa personnalité. Tour à tour triste et optimiste, simple et arrogant, arty et terre à terre, résigné et combatif. Bref, le mystère Dean Blunt n' est pas prêt d' être levé au terme de ce grand disque mais comme au début de cette chronique subsistera une seule certitude après l' écoute du disque. Ce type est un pure génie artistique et vient de nous offrir l'un des plus beaux disques de 2014.

  • En passant : Grouper, la beauté des ruines.

    Il est tellement question de Liz Harris (Grouper) dans DWTN depuis les débuts du blog au point que je vous déconseille fortement de taper son nom dans le moteur de recherche du blog, gros risque de bug interminable. Imaginez que par une sombre journée de novembre vous décidez de prendre un bain en écoutant un de ces merveilleux disques étiquetés comme tristes mais qui ont la qualité contradictoire essentielle au final de vous apporter un parfait bien être. Ces musiques mélancoliques qui rendent heureux à l'image de la musique de Nick Drake, "La" pierres angulaire du genre. Imaginez qu' en plus vous venez d'installer dans votre baignoire un système sonore permettant l' écoute du dit disque au fond de l' eau. Comme une sorte de bain de jouvence dans le liquide amniotique de votre mère après les moult blessures que la vie cette salope vous a offert depuis votre naissance. Alors peut-être, peut- être vous aurez alors toutes les clés pour entrer dans la musique de Liz Harris (Grouper). Et vous aussi vous vous sentirez paradoxalement et merveilleusement bien lové dans le spleen . Depuis ma découverte de Liz Harris avec "Way they crept" en 2005, disque incomplet mais troublant, album surtout grand annonciateur des beautés qui allaient suivre, l'immense "Dragging a dead up a hill" en 2008 et la magistrale paire "AIA" ("Alien observer" et "Dream Loss") de 2011 j' attendaiss sans cesse de ses nouvelles en craignant que la grâce qu'elle nous offre s' effondre sous le poids de l' accoutumance. Il s' est passé un peu de cela l' an dernier quand elle décida de nous refiler certains titres laissés de coté au cours de sa passionnante carrière avec "The man who died in his boat". Mais après un temps de déception et le sentiment de déjà vu cet album s'est mis à briller de mille feux face à la concurrence de 2013. La vieille copine du fêlé bruitiste Pete Swanson revient et va encore marquer au plus profond nos âmes et l' actualité musicale. Et ce, après ses prodigieuses escapades avec l' autre amateur de boucan et d' hypnose Jefre Cantu-Ledesma (Raum) , sans oublier non plus parmi ses nombreux projets l' ambient-pop de Mirrorring en compagnie de Tyni Vipers. Ce "Ruins" est le grand disque de replie tant espéré en 2014 face à la profusion et le battage sonore offert par notre monde. Une oeuvre qui permet un retrait salvateur sans tomber dans le renfermement définitif. Le genre de disque qu'il vous faut pour affronter l' extérieur avec assurance. Une pause sous forme de promenade contemplative. Une flânerie dans nos souvenirs qui permet de se sentir mieux. Le titre résume tout Liz Harris depuis ses débuts. Elle nous propose encore de visiter les ruines de nos sentiments à travers celles de sa musique ambient. "Ruins" enfonce le clou en accentuant l' aspect désertique. L' amoncellement d' immeubles détruits et abandonnés introduit par les nombreuse nappes sonores citadines d' autrefois ont fait place à celles du petit village portugais qu'elle visitait au cours de l' enregistrement en 2011 de ce disque dans le sud du pays. Fini donc les drones shoegaze. C'est presque uniquement un piano droit solitaire qui prend le relais pour accompagner son chant de sirène. J' ai bien dit "presque" parce que Liz Harris a retenu la grande leçon du révolutionnaire 4' de John Cage. Écouter toujours ce qui a autour. La musique est partout pour qui veut bien se donner la peine d' accepter ce fait. Alors les bruits de fonds ont une place essentielle dans son dernier disque. Qu'il soient symbole de la nature et de ses promenades dans la campagne lusitanaise comme du peu de modernité que recelait sa bâtisse, un micro onde. L' écho du piano droit et ces bruits remplacent donc les réverbération des guitares, géniale trouvaille. Le souffle de silence omniprésent renforce l' éternité porté par son enregistrement lo-fi. Liz Harris se penche sur le passé. C'est certes de la nostalgie (trop présente de nos jours) mais une nostalgie qui ne réécrit pas le passé. Qui ne veut pas le faire revivre coûte que coûte. Ses chansons nous disent simplement ceci, "ça s'est fait et c' est comme ça, nous n'y pouvons plus rien". Observons nos souvenirs mais laissons les où ils sont. Comme à chaque disque elle ensoleille notre spleen en verbalisant et en mettant en musique nos regrets. Pour cela Harris fait appel à sa culture minimaliste, Arvo Part et comme le piano est son actuel instrument de prédilection certaines choses vous évoqueront Satie, grand amateur du sentiment de nostalgie. Le rachitisme de l' enveloppe donne encore plus de sens à ses paroles enfin plus compréhensibles. En ouverture de l' album et le titre qui le conclue Liz Harris se permet des instrumentaux qui lorgne bien plus sur l' ambient et le drone que sur les chansons classiques d'inspiration folk qu'il encadre (mais si ces dernières peuvent aussi être étiquetées du même terme). Comme si "Ruins" était bel et bien un énième à-coté dans la carrière de l' américaine qui compte tellement de collaborations mais cette fois-ci un à-coté en solo. Peut-être que ce disque représente une parenthèse dans son oeuvre mais une chose est sûr,Grouper vient de franchir un autre palier et d' entrer définitivement dans le club très sélect de ces fameux "disques tristes qui rendent heureux", entre les Nick Drake et le premier This Mortal Coil .

  • En passant: Et Iceage nous offre le grand disque rock 2014. Plus, Lower et Lust For Youth.

    Nous sommes le 15 Août 2013, 20 heure, grande scène du Fort Saint Père, Saint Malo. Une horde d' adolescents nordiques viennent de balancer une série de cocktail molotov punk hardocre à nos faces de vieilles fripouilles d' indie boys & girls. La foule n' était pas immense mais nous venions de voir l'un des meilleurs concerts de cette édition. Une grande formation avec un putain de chanteur au charisme impressionnant et à l' assurance digne d'un Liam Gallagher. Des gamins nous balançant avec la grande classe des dandys les tripes et boyaux putréfiés de leur génération perdue, elle-aussi. Succès mitigé autour de moi mais les raisons ne venaient pas des danois déjà si adorés dans ce blog (cf ici ). J' écrivis quelques jours après mon ressenti face à ce rendez-vous manqué avec une grande partie du public : "La petite scène à une heure avancée de la nuit quand l' euphorie fait place à la déprime et à la gueule de bois aurait été préférable à la grande scène sous un soleil de plomb. Le message a eut du mal à passer, dommage"(cf ici). Et je pensai sans l' écrire (on devrait toujours écrire ce qui nous passe par la tête quand on chronique ) que leur place aurait dû être avant ou juste après le grand concert de ce soir-là, Nick Cave & The Bad Seeds. Qu'il y avait quelque chose en commun entre les jeunots et l' australien, le son abstrait du hardcord punk une fois évacué laissant sa place aux climat sombres et désespérés que les deux concerts avaient en commun. Octobre 2014. Iceage sort son 3ème album et pour l' annoncer nous a balancé depuis 3 titres confirmant mon intuition/évidence d'un an auparavant. Ces types sont bien des conteurs de notre époque comme d' autres auparavant. Ils s'inscrivent dans la grande tradition des prêcheurs foutraques que le rock ne nous avait plus offert depuis le grand Nick. Ce groupe est gigantesque. Alors bien sûr l' aficionados de la RDR peut se la raconter en balançant que la rencontre des chansons orchestrée du Nick avec la fiévreuse jeunesse danoise date de cette édition mais le phénoménal virage artistique avait déjà été repéré dans le précédent "You're nothing" avec l'apparition d'un piano dans le punk-blues "Morals". Piano peu fréquent dans le hardcore punk ce qui m'avait amené à parler de post-punk pour cette liberté prise avec les codes du genre. De plus Ronnefelt racontait s' être inspiré pour cette chanson d'une vieille balade 60's de Mina Mazzini. Nous n' avions pas à faire à des gamins post internet à oeillères comme tant d' autres actuellement. Plus tard Iceage sortait un single nommé "To The Commerade" très hardore sur la face A mais qui avait la particularité d' offrir une reprise en face B, et quelle surprenante reprise, le "Jackie" de Sinéad O'Connor. Pas celui de Brel. Quoique. Il va être question de notre Belge plus tard. Une chanson belle et à la fois hargneuse avec derrière l' irlandaise le soutient d'un ex Japan, un ex Adam & The Ant et Marco Pironi des Banshees. Les liens et la bonne connaissance des Iceage pour la diversité post-punk (new romantic, gothic & punk-blues à la Birthday Party/Gun Club) se confirmaient. Immanquablement la figure du grand Nick devenait omniprésente. Il ne manquait plus que l' amour affiché du chanteur Ronnefelt pour le cinéma de Herzog et les musique de Morricone et la gamme artistique du groupe ne pouvait que s' étendre considérablement à l' avenir. Ainsi les danois avaient toutes les armes en mains pour s' attaquait à cet écueil qu'est un troisième album. Tant de groupes se sont échoués sur ce fameux "3ème album". Par exemple Ride et leur virage raté britpop ou Interpol bafouillant en choisissant de répéter vitae éternam la même formule et enfin Oasis sombrant dans la coke et leur boogie gros sabot plus Statu-co/Slade que le coup de génie du Nono qu'était "les Sex Pistols reprennent les Beatles" de leur grande époque. Tiens ! Oasis encore une fois alors que je parle de Iceage, groupe danois post-punk-hardore ... Vous allez voir on n' a pas fini d' être surpris d'ici la fin de cet article. Donc c' était clair Iceage choisirait un éventail plus large en terme de style et d' instrumentation. Bonjour donc le piano, mais aussi les altos, la mandoline et les trompette western/latine à la Morricone et Love (grand amour de Nono Gallagher, Oasis 3 ème!). Mais ça fait pas tout la forme, faut du fond. De plus le format des chansons subit aussi une mutation importante. Le 2ème album c'est 12 titres en 28 minutes chrono. Punk. Avec ce tout frais "Plowing into the field of love" c'est 12 titres mais en 47 minute, donc titres d' environ 5 minutes durant lesquels il faut tenir. Réussite totale! Iceage est capable en un seul morceau de vous faire tomber dans les enfers puis remonter jusqu'aux cieux, ces montagne russes permettent de garder l' énergie présente sur les deux premiers albums sans sombrer dans l' ennuie. La haine et la puissance sonore vous sautent à la gueule avec accélération du tempo sans que l' aviez prévu tellement titubant que vous étiez par le chant d' alcoolique dandy rigolard du chanteur juste avant. On est passé des petits cocktails molotov aux armes chimiques de destruction massive. Ce disque est angoissant et monumental, une tragédie sociale et intime. Les paroles de Ronnefelt n' épargnent personne par leurs rages et violences. Se réservant d' ailleurs les plus vives saignées à lui même. Du Brel faisant un doigt aù monde comme on peut penser quand on entend ces putains de paroles "Whatever I do, I don't repent, I keep pissing against the moon". Les marins d' Amsterdam ont fait des bâtards dans les ports danois. Enregistré en Suède on ressent les ambiances glauques et obscures du Millénium de Stieg Larson et des Kurt Wallander de Hennig Mankell, romans policier si prennant également en version télé nordique. C'est tout ça ce disque. Et même plus. Du Sonic Youth sur les titres plus classiquement Iceage des débuts, de la country parfois, et même des excursions dans le boogie et les choeurs Britpop pour stade. Si si ! Quitte a se torchait la gueule par désespoir et beuglait de toutes ses tripes on peut aussi le faire dans un stade avec nos congénères que dans une ruelle désertée par une flippante et glaciale nuit nordique. "Abundant living" c'est du boogie à la Noel Gallagher qui a torché son abruti de frère pour sonner comme Shen Mc Gowan. Et l'intro du dernier titre, "Plowing into the field of love", "Supernova" ou "Life Forever" réécrit par Brel. C'est plus "Champagne supernova" mais un "10/10 supernova" en tachant de bien uriner pour que ça atteigne ces salopes d' étoiles qui narguent sans cesse les pauvres et misérables humains fétides que nous sommes. Et pour finir et enfin se vautrer à terre et comater il nous faut une chanson. Une grande chanson définitive. Le machin qui dit tout en moins de 5 minute. Une chanson qui est la vie à elle toute seule. Je croyais que Iceage l' avait déjà avec "Ecstasy" . Et bien Iceage en a deux des "Classiques" absolus. Je vous laisse avec "Forever", le troisième single, et si vous ne chialez ou ne beugler pas, c'est que vous êtes sourd ou inhumain. PS: Irrésistible Danemark Quoi de neuf chez les copains danois d' Iceage dont je vous avais déjà parlé?(cf lien plus haut) Les Lower continuent leur petit bonhomme de chemin post-punk toujours très Dead Kennedy/Wire/Joy avec un album nommé "Seek Warmer Climes". Un bon petit disque qui casse pas trois pattes à un canard mais qui a le mérite d' être honnête et très agréable. Les suédois émigré à Copenhague de Lust For Youth (cf ici) quant à eux continue leur mutation synthpop passionnante. Sur leur troisième album il délaissent l' approche post-punk de Joy Division et la production bordélique lo-fi symbole de fin de soirée désespérée et alcoolisée mais toujours avec ses voix lointaines (évoquant les délires de Shaun Rider des Happy Mondays). En faît depuis ses débuts Hanns Norvide décale le moment pour écouter ses oeuvre dans la soirée. Le premier était fait pour le petit matin quand il n'y a plus personne parce qu'il se retrouve seul dans sa chambre avec ses petits moyens instrumentaux, le deuxième vers 3-4 heures pour les endurants à 4 grammes et celui-ci ce sera pour le coup de feu de minuit, heure à laquelle le public plus large veut du facile pas trop glauque. Bienvenue chez les Pet Shop Boy, Depeche Mode et New Order version Ibiza avec une production plus lèchée et des titres beaucoup plus simples dans leur construction. Certaines petites touches baggy-madchester-Screamadelica sont également visibles et on comprend que ces suédois continue à reluquer le Manchester de toutes les époques. Il y a même un titre qui m' évoque...(attention prenez votre respiration), notre Désireless nationale, mais en mieux je vous rassure. Bref peut-être moins sous le charme que pour leur précédent et gavé par leur coté rétro ce dernier disque m' a tout de même charmé vu le nombre de fois où je me suis surpris à l' écouter pour danser avec fiston. Toujours mieux que les incompréhensivement surestimé en France, Whomadewho. Une énigme pour moi tant leur musique est ennuyeuse. La tuerie baggy/madchester 2014! La tuerie Désireless 2014 Et la tuerie New Order/Depeche Mode 2014

  • En passant : Grumbling Fur, des druides pour notre époque

    Je sais les enfants. Ce monde est un gros ramassis d' immondices qui fonce droit dans le mur en nous emportant de gré ou de force avec lui . Réchauffement climatique, extrémisme crétin de tout poil comme seul réponse à notre crise de civilisation, capitalisme libéral triomphant à deux doigts d' écrabouiller son trône doré fait à la sueur des peuples. Des peuples qui se soulèvent par de vif accès de violence et de délires incontrôlés quand ils se abrutissent pas devant une putain de partie de baballe. On a envie de s' enfermer dans sa coquille en croyant que ça ira mieux. Et si une solution existait à l'image de tout ces citadins occidentaux effectuant un retour à la ruralité, à mère nature et nos vieilles croyances occultes. Imaginez. Par une belle nuit étoilé, vous et quelques uns êtes regroupés dans une clairière d'une forêt inconnue. Le feu au milieu du groupe crépite et réchauffe vos coeurs et vos âme. Ce même feu qui inévitablement évoque les brasiers fruit d' émeutes qui envahissent toutes les cités modernes de notre monde. Ces brasiers que l'on peut percevoir de votre lieu d' exile bucolique. Et pour encore mieux oublier sans toutefois renier ce qui arrive à votre ancienne civilisation vous avez quis l' aide de deux druides au savoir gigantesque et possédant la sagesse de ceux qui ont exploré les tréfonds de l' âme humaine. Et autour de ce feux ils vous ont concocté des mixture faite de ce que nous a offert Mère Nature pour aider à aller mieux et ainsi, trouver une solution. Une potion magique aux effets hallucinogènes garantis. Ces druides ce sont les Grumbling Fur, anglais auteurs de l'un des plus bel album psychédélique de cette année. La résurgence de musique psychédélique bat son plein depuis quelques années. Tame Impala en grands ordonnateurs et une multitude de groupe garage et/ou indie qui suivent avec plus ou moins de réussite. Mais il ne faut surtout pas classé à la va vite les Grumbling Fur à leurs coté. Enfant d'une très vieille tradition psyché britanique (Folk ou pop buccolique à la XTC ou Syd Barrett fin de carrière) ils délaissent volontiers les grosses guitares avec leurs pédales de distorsion et évitent le rentre-dedans nostalgique rock. Leur truc c' est plutot une musique psychédélique plus sophistiqué et délicate. Guitares absentes, en lieu et place nappe de synthés, cordes et chants grégoriens teintés de chamanisme. Ils n'ont pas oubliez non plus que le psychédélisme est un voyage à travers l' âme humaine. Un voyage au cours duquel il n'est pas seulement question d' hallucination multicolore où les fraises volent et les éléphants sont roses. Un périple narcotique dans les tréfonds de l'âme, le bien comme le mauvais. Entre vision paradisiaque et cauchemardesque. Accepter les deux faces pour une renaissance. La différence du projet de ce duo constitué d' Alexander Tucker et de Daniel O'Sullivan peut s' expliquer en grande partie par leur parcours. Fans de hardcore métal à l' origine, ils ont goûté à tout. Jazz, musique expérimentale, post-rock, doom métal et drone. Ils ont même collaboré avec les grands Sunn o))). Au tout début Grumbling Fur n' était pas résumé qu'à ces deux gugus. D' autres se joignaient à eux pour des improvisations live bien éloignées des aspiration pop du nouvel album ("Preternatural") et de son prédécésseur ("Glynnaestra"). On peut d' ailleurs découvrir à quoi ressemblait la musique première période de Grumbling Fur sur leur premier long format, "Furrier". "Furrier" est constitué en grande partie de pastilles dronesques contemplatives faites de son électro glitch et d'autres acoustiques pastoraux . Une fois enfin seul, Tucker et O'Sullivan continuent leurs aventures en prenant un virage résolument plus pop tout en gardant ce qui faisait la singularité et l' aspect mystérieux de leur musique. Ma découvert en début d' année leur "Glynnestrea" sorti en 2013 fut une claque. Leur assemblage sonore lorgnaient donc plus vers le psychédélisme pop que ses prédécésseurs plus expérimentaux et m' évoquait parfois le savoureux souvenir des légendaires Beta Band tant adulé par ici. Notamment avec ces deux pépites pop psyché, le rêve éveillé "The Ballad of Roy Batti" avec ses claquements de mains et l' électropop "Protogenesis" avec son petit coté post baggy/madchester qu' avait aussi les écossais du Beta. Mais attention. Le psychédélisme à la Madchester était produit bien souvent à des fins purement hédonistes. Les gamins recherchaient l' extase dans les nouveaux sons électro (l' acid house) tout en se référant à l' histoire du rock via le psychédélisme heureux de la fin des 60's. The Stone Roses avaient beau inclure dans la fiesta des éléments sociaux, Shaun Ryder par sa poésie spéciale nous faire entr'apercevoir indirectement l' aspect glauque c'était l' euphorie qui régnait. Avec "Preternatural" les Grumbling continuent leur rencontre avec la beauté et les tréfonds de l' âme. Et le tout en prenant un virage encore plus pop. Comment est-ce possible? D'abord l'intro du disque. Ce "Neil Ferguson Fanclub" qui commence par le grincement d'une porte, des cliquetis aigus évoquant des talismans de sorcelleries suspendus aux branches d'une foret lugubre puis des rires terrifiants féminins. Hommage parfait au fameux Ferguson que tous les aventuriers musicaux et artistiques connaissent sous le pseudo de Génésis P Orridge (Throwbbing Gristle, Psychic TV). L' instrumental se clôture à nouveau par cette porte qui se referme. Et ...bang! Décollage pour les étoiles avec cette merveilleuse pop-song "All The Rays". Comment passer de la foret du "Projet Blair Witch" à la fumette dans un pré fleuri par un doux et beau mois de Mars. Mais attention, les voix sortis d'on ne sait quels tréfonds clôturent le titre. Et l' aller retour entre espoir et frayeur reprend de plus bel avec l' autre tube, "Lightinisters", collaboration avec le Dorian Grey de l'indie-music britanique, l' éternel beau gosse rescapé de Madchester et de la Britpop, TIM BURGESS ! 47 ans au compteur et je connais plus d'une jeunette qui en ferait son 4 heures. Les Grumbling Furs nous expliquent avoir enregistrer leur disque dans une maison Victorienne pourvue d'un magnifique jardin située à Tottenham, banlieue Londonienne marqué fortement par les émeutes d' Aout 2011. Entre buccolisme et émeutes sociales. Ce lieu équivalait à leurs yeux à une sorte d' îlot paradisiaque. Et pour l' étrange dans leur paradis les Grumbling nous précise que la fameuse maison est décoré d'une grande collection des oeuvres du peintre spécialiste de l' occulte Austin Osman Spare. Spare était aussi magicien à ses heures perdues. Leurs chansons prennent donc des apparences paradisiaques et très simplistes avec ce virage pop mais le truc est bien plus subtile en fait. Leurs entraînantes chansonnettes pop à deux voix atteignent toujours à un moment où la mélodie semble s' écrouler et se briser en mille morceaux. Cette pop fragile par instant est entourée de pastille abstraites plus complexes en ligne directe avec leurs débuts. On peut voir dans les deux derniers disques des Grumbling Furs le lien entre deux mouvements très présents et intéressant en ce moment. Le psychédélisme donc,Temples, Jagwar Ma, Tame Imapla, Jacco Gardner , et, le coté obscure et sombre de la Dark Ambient souvent teinté d' occulte des Demdike Stare, d' Haxan Cloak, Vessel et Raime entre autres. Le spectre de Génésis P Orridge est omniprésent, par conséquent celui aussi d'un autre grand aventurier des tréfonds de l' âme humaines sous psychotropes et autres substances risquées. William S Burrought. Beaucoup moins fun que les éléphants roses. Ce mélange de facilité d' accès et d' étrangeté m' évoque un autre grand disque de 2014 déjà abordé ici, le pourtant éloigné "Typical Controle" de Total Control. Pas si éloigné que ça d' ailleurs, puisque à l' instar des Australiens fans de post-punk nos deux druides britanique tapent allègrement dans la Kosmiche Music (Harmonia,Cluster, Neu!) depuis leurs débuts. Saint Brian Eno doit approuver les pastilles ambient du disque. "Preternatural" se termine par l' entraînant et flippant "Pluriforms" avec encore ces voix venus d' outre-tombe au contact des chants spacieux et angéliques de Tucker et O'Sullivan. "Pluriforms" résume bien les messages de ce magnifique disque. On peut à la fois expérimenter en recherchant l' étrange sans pour autant ne faire que dans le sombre. Il faut laisser une place à l' optimisme sans tomber dans la béatitude non plus, se confronter à l' inexplicable et l'inconnu, devenu trop souvent synonyme de nos jours de peur et de pessimisme. Merci les druides.

  • En passant : Total Control, le post-punk à l' australienne

    Total Control m'avait déjà estomaqué avec leur premier album "Hunge Beat". Admiration partagées dans ce blog par ici . Leur suivant, "Typical System" sorti en plein pendant les congés de DWTN en a remis une couche. Suffisamment pour que j' éprouve encore l' envie féroce d'en parler 3 mois après sa sortie. Tout l' été ce disque fut mon compagnon. Une véritable drogue. Mais tout d' abord, avant le blabla, voici LA raison de ma dépendance à cette tribut australienne. Tout simplement le "tube" indie de 2014. Si vous ne craquez pas ou si vous faites preuve de réticences c'est à s' inquiéter grave de votre système auditif parce que des titres comme ça, y' en a pas 10 par décennie. Avec le premier album on pouvait encore taxer Total Control de revivaliste post-punk ou pire, de tribute band à Wire tant l'influence du groupe british transpirait par tous les pores de ces types de Melbourne. A la longue ça en devenait presque gênant mais un fait était clair, rarement on avait vu des suiveurs le faire aussi bien. "Hunge beat" était envoûtant mais pouvait également un simple pastiche d'une unique formation du passé si on ne prenais pas le temps de bien écouter avec plus d' attention que ce genre de disque nécessite en temps normal. Il y avait bien ces petites intrusions électro bordéliques à la Suicide ou synth pop glacée de Gary Numan mais l' ennuie se pointait parfois. Manquait un truc et l' idée d'un deuxième album prenait les apparence d'un sacré pari, bref ça passait ou ça cassait. La solution la plus simple à prévoir pour leur salut était qu'il sorte de l'emprise unique des Wire pour aller titiller des formations fortement post-punk de leur époque (Iceage ou Savages à l' époque, Ought et Protomartyr à présent). Devinez ce qu'ils ont fait? Ils ont enfoncé le clou mais ces gars là sont particulièrement malins et ne sont absolument pas les pasticheurs/copieurs que l'on pouvait être amené à croire. Du Wire sur ce "Typical system"? Bien sur qu'il y en a musicalement mais c' est surtout l' état d' esprit des anglais artistique et politique qui est d'avantage marqué. Les Wire c'était une déclaration de libertés, politiques et stylistiques (s'inspirer de Syd Barrett donc de Pink Floyd tant honni par les punks juste après 1977 n'était pas chose aisée et même un truc révolutionnaire). Comment s'y sont-ils pris et d' où vient leur talent pour relever ce défi? Tout d' abord il faut découvrir ce qu'est Total Control. Qui sont ces membres par exemple. Déjà une caractéristique saute aux yeux. Ce n'est pas un groupe précisément comme on l' entend mais plutot un collectifs d' artistes aux parcours et aux cultutres diverses et variées.Certains viennent de l' électronica, d' autres du hardcore et du psychédélisme. Il y en a même qui ont bossé (quelle drôle d' idée) avec les chiantissimes Thee oh Sees. Le chanteur est un étudiant en philo et peut faire office de producteur chez DFA(Lace Curtain). Ce ne sont pas de simples perdreaux indie bavant devant les tops historiques de Pitchfork et du NME. Plutot des gars qui en ont dans la caboche, cherchant non pas à faire du Wire pour faire du Wire mais qui préfèrent retenir la mentalité Wire pour faire une musique certes ressemblante mais plus en adéquation avec leur présent. Leur truc à eux avec Wire et l'idéologie post-punk en simple maître à penser, pas à copier. Post-punk ils le sont avec leur immense liberté stylistique absolue (truc que bon nombre de copistes sont incapable). Post-punk dit politique, ils le sont aussi. Volonté de foutre le bordel pour voir ce qu'il adviendra parce que de toute façon "ça ne peut plus durer". Désir délibéré de confusion par justement une alternance de titres très différents les uns aux autres. Chose déjà entr'aperçue chez les Protomartyr de Detroit depuis. L' entame du disque annonce cette alternance anti-confort indie. D'abord "Glass", très planant, motorick et Gary Numan/Ultravox(John Foxx) , puis cette fameuse alternance diabolique, des Buzzcocks avec accélération et ralentissement déboulent avec "Expensive Dogs" et enfin on se retrouve face à l'ogre "Flesh War". Cette batterie Joy Divisionnesque qui martèle son rythme martial puis cette nappe de synthé cinématographique échappée de chez Magazine (Howard Devotto est omniprésent sur ce disque en plus des Wire) et enfin le refrain magistral New Romantic/Synth pop Ultravox . Il y a tout dans ce monstre de "Flesh War" et même même, une certaine idée iconoclasse de New Order!!! La boucle Manchester est bouclée. Et que font Total Control après cette tuerie pop, ben "Systematical Fuck", du post-punk bien bourrin à la "Pink Flag" et à la Swell Maps. Ce coq à l' âne est jouissif et vous ballotte jusqu'à la fin du disque. L'ennuie est congédié face cette dichotomie, ce disque à la fois bizarre et accueillant. Chaque titre , je dis bien chaque titre de ce disque ne peut pas passer inaperçus dans le flot des productions actuelle. Ils sont tous porteur d' une force, une puissance et une évidence qui croient à chaque écoute. Le faussement pépère "Liberal Party" très Devotto donc très Bowie via un saxophone bienvenu, la montagne russe "Two less Jacks" alternant ses violents virages cachés, ses descentes endiablées et ses montées angoissantes. Vous êtes à peine descendu du manège que vous voilà embarqués dans le pétaradant et endurant "Black Spring". Et que dire de ce "The Ferryman" que renierait pas la belle Group Rhoda ou encore ce "Hunter" à faire aller se coucher les Lust For Youth de honte. 3Safety net" peut bien clôturer l' ensemble une seule envie vous prend: RE-COM-MEN-CER !

  • En passant: Clap! Clap! Italia ! Deuxième partie

    Après les tifosis de la musique brésilienne, Ninos du Brasil, passons à l' autre grand disque italien de 2014. Si les Ninos sont allés explorer les terres de l' autre coté de l' Atlantique, Christiano Crisci, aka Clap! Clap!, s' est contenté de traverser la Méditerranée. Mais, à la différence de beaucoup de faux explorateurs, il ne s'est pas arrêté sur les côtes déjà mille fois fouillées. Lui est allé au plus profond de la culture musicale africaine. Il s' est enfoncé dans les territoires les plus reculés. Bien sûr je vois déjà les culs-bénis se rappliquer et nous balancer leur cynique et réac sentence. "Colonialisme musicale". Truc déjà apparu au sujet de Cut Hands, artiste abordé dans le premier épisode d' "Italia !". "Truc" si hypocrite par rapport à l' histoire du rock que ça ne vaut même pas la peine de s'y attarder. Le seul fait sur lequel on peut s' attarder dans le domaine pillage culturel c'est que Clap! Clap! ne s'est pas accommodé simplement de la version "Graceland" de Paul Simon de l' Afro-pop. Non, son truc à lui ce sont tous les ingrédients. Pas de reliftage pour que ça passe partout. A l'instar de son ep "Tambacouda" Crisci réussit avec son album "Tayi Bebba" une synthèse virevoltante sonnant tout sauf "trop" artificielle. Il y a bien trop d' amour irraisonné derrière tout ça. Avant tout, ce qui le sauve c' est cet énorme travail hauntologique à l'origine de sa musique. L' italien ne s' arrête pas sur une seule culture africaine, sur une seule région géographique, sur une seule époque. Il a pris son temps et est allé au fond des choses. Pas de snobisme reposant sur presque rien et on rêve aller fouiller dans sa collection à la recherche d' ensorcelant trésors. C'est une musique d' avant garde qu' il nous offre. Entre simple travail d' archéologue et d' anthropologue toujours connecté au présent. Ainsi, il lui arrive dans certains titres de nous désigner les résurgences du passé africain dans notre présent. Toutes les polytrythmies issues de la ruralité africaine sont passées à la moulinette de la musique urbaine occidentale. A certains instants un fait nous saute aux yeux. La musique urbaine occidentale et plus particulièrement celle issues de "ghetto" est elle aussi fille de l' afrique. Et peu importe que Crisci tape dans le hip hop, le jazz, la jungle, la culture dancefloor ou autre. Le disque commence par des chants sur fond d'un rythme aquatique (enregistrement d' une lessive collective au bord d'un cours d' eau ?) puis un beat issu d'une boite à rythme moderne prend le relais avec des sonorités électros démultipliant les effets hypnotiques dont étaient pourvues ces polyrythmies à l' origine. Le mariage des deux parait tellement naturel et évident, que jamais, le mot anachronisme traverse votre esprit. Plutot une simple évidence je vous répète. Par exemple certains samples issus du quotidien africain remplacent très logiquement le son de l' armement des uzis symbolique du grime quand Clap! Clap! flirte justement avec ce style à nouveau sur le devant de la scène dans une version futuriste (Logos,Visionnist, Mumdance et Slackk). Clap! Clap! donne une grande leçon d' histoire, musicale, sociale et politique. On doit tant à ce continent. L' écueil du pillage colonialiste est envolé. Et devinez quoi? Quel autre style urbain se retrouve confronté à ses origines africaines? On est chez DWTN alors... Footwork et sa mère putassière, la juke !!! Évidemment. Comment Crisci pourrait faire autrement. C'est aussi un album concept rafraîchissant et surtout pas prétentieux. Le disque est accompagné d'un livret où chaque titre est expliqué avec la carte de cette île déserte imaginaire que l'italien nous propose de visiter, Tayi Bebba. Un titres illustre soit un endroit, un rites ou un évènement de cette île voyageuse qui ne cesse ses allés et venues entre les continents, le passé, le présent et au final, le future. A noter pour les chanceux que Ninos du Brasil et Clap! Clap! seront à l' affiche des Trans musicales de Rennes.

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