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- VESSEL, Musique de chambre pour club.
Sebastian Gainsborough aka Vessel passe avec maestria le difficile écueil du troisième album. "Queen of Golden Dogs" comme ses prédécesseurs constitue un tournant artistique totalement réussi. Il le réintroduit parfaitement dans la lignée de ces artistes de la décennie qui auront changé la donne pour le futur après qu'il ait choisi des chemins de traverses peu employés par les autres mais haut combien pertinent pour son oeuvre . (Vessel dans DWTN ça a commencé par là et aussi ici. 16ème au top 2012, 5ème en 2014 et en 2018 ... ?) Que ce "Queen of Golden Dogs" soit tout juste sorti deux semaines à peine après le "Aviary" de Julia Holter (voir urgemment ici) est tout sauf un heureux hasard. Il prouve qu' un petit nombre d' artistes tentent avec courage et une débauche hallucinante d' idées novatrices de faire avancer le schmilblick. De nous faire sortir de la rétromanie et des ghétoïsations stylistiques et sociales. Et que ce petit nombres de rénovateurs semblent s' agrandir et tisser des liens détonnant à travers tout le spectre musicale de l' avant garde. Holter avec son bagage universitaire ricain et ses fréquentation hypnagogic-pop ou autres avait à l' origine peu de point commun avec l' anglais et ses racines européenne et dancefloor. Le parcours artistique de Vessel n' était pas censé rejoindre et évoquer autant facilement celui d' Holter. Quel point commun entre son "Order and noise" avec son Dub minimaliste à base de House et de Techno déconstruite et les affinités pop partant dans tous les sens d' Holter (prog, ambient,art etc etc)? Et question instrumentation comment aurait-on pu imaginer l' utilisation commune de cordes franchement baroques quand l' anglais s' était mis à faire dans la danse rituelle avec des instruments faits maisons sortants de sa seule et unique imagination ("Punish Honey"). Sans parler de sa participation au collectif UK Bass de Bristol, Young Echo, face aux trop rares collaborations d' Holter avec le fruit des dancefloors, sa copine clubeuse Laurel Halo. Outre la présence de cordes issues du Baroque classique "Queen of Golden Dogs" se rapproche d' "Aviary" par ce qu'il contient de l' épopée et d' audace artistique en matière de diversité. Une épopée à la fois intime et expansive. Douce ou violente à l' image de l' utilisation des corde et des rythmes lourds qui traversent l' espace sonore tout au long du disque quand bon grès leur semble. Vessel illustre parfaitement ce qu'il veut dire de nos pensées connues ou inconnues qui mettent une sacrée zizanie dans nos petits cerveaux face à un monde cataclysmique. Une oeuvre gigantesque et aventureuse qui ose réconcilier l' irréconciliable dans les esprits étriqués. Tour à tour puissante et vulnérable ce disque propose sans cesse des mélanges stylistiques osés et ceux synthétiques de l'organique et du numérique. Vessel semble se rapprocher à nouveau d' artistes symboles de modernité sonore après le détour bricoleur de "Punish Honey". Les textures sonores ont autant à voir avec Oneohtrix Point Never ("Argo") ou Forest Swords qu' avec la bien plus sage Holter en terme de production et de traitement par l' électronique. On peut aisément placer Vessel au juste milieu entre Holter et un Tim Hecker. "Queen of Golden Dogs" marque un tournant réel également par la présence affirmée de la voix humaine débouchant sur une sensation étrange où se mêle pragmatisme et magie, ode aux femmes, dancefloor expérimental et spiritualité. Son côté dark voit ici apparaître par l' intermédiaire de la voix une douce lumière rarement croisée dans ses oeuvres antérieurs. Vessel quite à donner parfois le tourni en matière d' influences tisse une nouvelle fois des liens entre des précurseurs en apparence éloignés et Holter se retrouve ainsi associée à Arca ou Holly Herndon. Mieux en matière de brassage, "Zahir" par la voix d' Olivia Chaney sa collaboratrice fait rentrer la Soul dans le milieu symphonique. De la même manière les synthés et samplers de New Order ou Art Of Noise se retrouvent dopés au numérique du 21ème siècle et prennent une cure de jouvence que les revivalistes 80's n'oseraient jamais de par leur panurgisme et leur conformisme bourgeois. On peut aller plus loin dans la recherche de similitudes avec de glorieux noms. Le mélange technologie et instrumentations organique, vieux et jeune styles, évoque inévitablement la Bjork de toujours et les tentatives des These New Puritans.L' aspect ritualisé présent chez Vessel depuis longtemps fera penser aux récents disque de James Holden mais aussi par sa noirceur aux glorieux aînés de Coil. L' alternance de calmes au classicisme affiché et de montées agressives à grand coup de technologie évoquera en loucedé une sorte de Godspeed You Black Emperor oubliant de son post-rock le deuxième terme mais promenant le premier dans l' univers électro et noïsi. "Queen of Golden Dogs" d'un abord déconcertant en premier lieu prouve une nouvelle fois l' écriture parfaite de Vessel et son sens inné de l' arrangement expérimental. Encore un disque de 2018 venant d'un artiste qui, après avoir quitter les sentiers battus, nous revient totalement revigoré et susceptible de renverser définitivement toutes les tables où d' autres après les avoir déposé et sacralisé se contentent de psalmodier les saintes écritures du passé vidées de toute leur puissance.
- RABIT, surréalisme et alchimie numérique.
L' un des artistes majeurs de la Deconstructed-Club ou Post-Club (voir par là) revient un an à peine après "Les fleurs du Mal" (voir ici). Troisième "vrai" album et troisième virage artistique. Peut être le plus réussi et abouti depuis les débuts d' une carrière déjà essentielle pour quiconque veut savoir de quoi le futur musical sera fait. Que pouvait-il bien faire Eric C Burton après "Communion" et la confrontation entre l' Indus expérimentale et les mouvements issus du Grime? Quelle trajectoire prendre une fois son "Les Fleurs du mal" paru avec son abstraction et son minimalisme forcené à force d' intense déconstruction de l' électro? Son parcours jusqu' à présent pouvait se résumer à la quête d'une dystopie toujours plus puissante, un désir de revenir à des choses plus primaires et élémentaires tout en adoptant la double posture d' un historiens expérimentateur . "Life after Death " est bel et bien un nouveau tournant dans la carrière de l' américain. Quoi de plus normal pour ce chantre de la Deconstructed-club, un genre qui a pour dogme de jamais faire du surplace et de ne cesser de réinventer. Rabit dit qu' il n' est pas satisfait quand il écoute de la musique censée se référer à l' occultisme, domaine qu' il semble de plus en plus apprécier. Il raconte aussi que "la recherche et la révision de genres dans la musique électronique étaient fétichistes et contraignantes et n’étaient pas le meilleur moyen pour moi de communiquer". En fait il semble avoir abandonner sa carrière de fossoyeur du passé et de réinventeur pour celle d' alchimiste du son. Ce qui n' était qu' une simple expérimentation sur des bases historiques devient effectivement un vrai travail spirituel et alchimiste sur le son en lui même et les styles musicaux. Il va plus loin dans l' expérimentation en surchargeant d' ingrédients qu 'il a réduit à la plus infime des particules à force de manipulations. La rythmique semble atteinte d' instabilité chronique et le bon vieux 4/4 passe à la moulinette. Les dancefloors des débuts sont très loin dorénavant. Les motifs incantatoires deviennent une habitude tout comme l' intrusion de bruits dans ses collages sonores. Une nouvelle fois la passion de Rabit pour les légendaires COIL se justifie même si le goût pour l' occultisme qu' il partagent avec les anglais se drape d' hypermodernisme et de futurisme numérique par les bruits qu' il injecte. Autre influence qui a aussi un rôle majeur dans la créativité de Rabit ce sont les techniques de Djing Chopped & Screwed du légendaire Dj Screw. Rabit nous d' ailleurs offert récemment deux mixtapes rendant hommage à cette technique. Les caractéristiques du genre qui sont un ralentissement du rythme, la répétition de certains passages et le rajout de scratch et d' effets sont encore plus flagrant sur "Life after Death". La musique de Rabit en devient plus psychédélique et introspective sans rien perdre de sa noirceur. Rabit délivre un psychédélisme que l'on peut franchement traiter à la fois de hanté et de subtil. Une sorte de musique kaléidoscopique théorisée. La parfaite bande-son pour ce monde qui semble s' effondrer un peu plus chaque jour. L' emploi des musiques de films d' actions comme celui des illustrations sonores des jeux vidéos amplifie la volonté de dramatisation et d' atteindre une forme nouvelle d' onirisme puissant. Alors qu 'une voix nous annonce la fin du monde prochaine ou la venue sur terre d'un futur Hitler l' américain dissèque et analyse les diverses mutations des relations humaines afin d' y déceler le moindre motif d' espoir pour l' avenir. Après avoir flirter avec le Grime Weightless et le dancefloor européen surtout anglais, Rabit semble revenir plus près des territoires foulés par ses comparses américains des débuts, Chino Amobi et surtout Elysia Crampton. Comme chez la dernière le psychédélisme se réinvente chez Rabit en empruntant autant à la modernité technologique qu' à l' occultisme et les cultures ancestrales. Chopped & Screwed tribute à Dj Screw et son Ses deux mixtapes
- TIM HECKER, les crissements célestes.
Souvent la rencontre avec la musique de Tim Hecker s' apparente à de la souffrance. Beaucoup n' y ont pas résisté. Pourtant derrière l' agression sonore c' est une sorte d' expérience céleste qui est offerte aux plus courageux. Cet aspect était clairement visible sur le dernier album du canadien, "Love Streams". Hecker toujours en quête de renouvellement était parti en Islande travailler avec des chorales du cru. Une étrange lumière tel celle traversant les vitraux des église semblait avoir frappé sa musique. Deux ans plus tard la même lumière réapparaît sur "Konoyo" et cette fois elle n' aveugle plus Hecker qui retrouve ainsi la force et la maîtrise de ses grands classique "Ravedeath 1972" et "Virgins". Comme le titre l' indique Hecker a quitté l' occident pour l'orient mais n' a pas pour autant abandonné les techniques utilisées en Islande. Plutot que les choeurs des églises il s' est acoquiné avec l' ensemble Tokyo Gakuso, un orchestre spécialisé dans la musique traditionnelle japonaise, le Gagaku. Il poursuit son travail de confrontation d'une spiritualité ancestrale rencontrant la dystopie et le modernisme contemporain. Par ses choix judicieux les samples d' éléments acoustiques qu' il enregistre, synthétise puis manipule, contredisent les caricatures du zen japonais qui dominent nos visions occidentales. Les grincements de cordes et leur pincement prennent une toute autre ampleur et puissance en évacuant l' apparence statique et inactif du zen. Il faut mener une sacré bataille avec son esprit pour pouvoir s' élever. Parti de l' ambiant et du Glitch Hecker s' est concentré depuis longtemps sur l' art du drone au point d' en maîtriser tous les aspects. "Konoyo" marque dans un sens un retour au source rafraîchissant pour l' art dronesque ambiant. L' un pape du genre, La Monte Young n' a jamais caché l' influence et le poids du Gakuso sur ses oeuvres. Et Hecker prouve une nouvelle fois la capacité des drones ont à la fois à apaiser par la consonance comme engendrer le malaise et la critique puis le réveil et le passage à l' acte par la dissonance. Le premier titre du disque est trompeur avec ses cordes qui vous agressent immédiatement et son semblant de claustrophobie. Hecker semble revenir à la violence, l' étouffement et l' intransigeance de "Ravendeath 1972" mais par la suite on s' aperçoit du chemin parcouru. "Konoyo" entre les moments rêveurs teinté de zénitude et ceux plus violents et remuants offre une diversité et une ouverture d' esprit dont "Love Streams" semble manquer depuis sa sortie malgré un trait commun. Ce trait commun c' est La lumière qui laissait entrevoir à l' auditeur/spectateur un espace insoupçonné et un mouvement invisible dans la musique d' Hecker auparavant. Celui que l'on croyait spécialisé dans le huis-clos devient un grand metteur en scène pour fresques poètico-religio-historico-philisophiques à la Terrence Malick. Tim Hecker semble lui aussi conscient du long voyage artistique qu'il entreprit à ses débuts. Nous avons l' impression curieuse de voir un type qui ne cesse d' aller dans son passé pour confronter ce qu' il en a appris et construit à ses dernières expériences et d' autres univers bien éloignés. Un peu à l' image d'un Japon capable d' effacer en un instant toute trace de son passé pour vénérer une modernité pas toujours synonyme d'un réel progrès pour mieux y revenir il semble que Tim Hecker nous parle plus particulièrement des rêves offerts par l' idée de mondialisation dans le passé. "Konoyo" évoque le fossé qui existe dorénavant avec la triste réalité et le rêve mondialiste salopé par le capitalisme tout en nous poussant à dépasser les aspects négatifs pour améliorer les positifs. Neuvième album et nouvelle réussite. Encore une fois les musiques expérimentales nommées bêtement comme "savantes" et perçues comme intimidante aux yeux des fans timorés de musiques "moins complexes"(indie, garage, électro dansante) dévoilent leurs aptitudes à capter notre époques et à nous donner la force d' y croire encore.
- GAZELLE TWIN dévoile les vrais visages que certains goût pour le vintage peuvent cacher. Et leurs da
Elizabeth Bernhoby aka Gazelle Twin n' a pas chômé ces 4 dernières années avec une multitudes de projets en tout genre. Mais il faut reconnaître que l' attente se faisait de plus en plus grande concernant un hypothétique album pur et dur. La dame maniant à merveille l' approche conceptuel on se demandait bien également ce qu' elle aurait à nous offrir comme sujet après son "Unflesh" de 2014. Ce dernier avait offert ses réflexions sur le corps et les horreurs qu' il peut faire naître d' une part, son influence et celles du capitalisme sur nos esprit d' autres part. Avec "Pastoral" elle aborde d' autres sujets, parfois en lien indirect avec les précédents, mais tout autant passionnants et surtout toujours aussi bien maîtrisés et preuve d' une lucidité exemplaire. Incapable de faire dans le surplace elle opère également quelques petits changements musicaux forts bienvenus tout en consolidant les bases solides apparus dans "Unflesh". Avec "Pastoral" nous retrouvons cette musique Post-industrielle à la fois agressive et troublante avec une capacité fortement abrasive au sens propre comme figuré sur les faux-semblants. Toujours si hypnotique et attractive par ses penchants Art-Pop avec ces mélodies si ensorceleuses qui faisait de "Unflesh" une arme à double détente. Une musique qui innove juste ce qu'il faut pour ne pas répéter bêtement et perdre de ses capacités contestataires et artistiques. Depuis "Unflesh" le Brexit s' est initié dans le quotidien de la belle comme dans celui de ses compatriotes. Mais plutot que pleurnicher sur le comment du pourquoi ses congénères seraient assez stupides pour avoir voter pour le pire avec la condescendance de celui qui croit savoir mais ne voit jamais rien venir (comprenez le politique et le journaliste de grands médias), Gazelle Twin tente de réellement comprendre pourquoi a-t-il eut lieu. Qu' est-ce qui l' a favorisé. Pour elle le racisme ou le repli sur soi étaient déjà présent auparavant et surtout, particulièrement bien cultivés volontairement ou pas dans les Mass-médias comme dans nos quotidiens ruraux avant le Brexit . Ce dernier ne les a pas lâcher dans la nature le temps d'une consultation électorale. Parfois certaines choses anodines recèlent en fait le terreau propice aux catastrophes. Parfois aussi nos méfiances, nos incompréhensions, nos avertissements sur ces adorateurs du bon vieux temps que je nomme ici par nostalgico-gaga sont ignorés ou taxés de snobisme, d' intolérance, de jeunisme, ou même d' intollérance au nom du sacro-saint "il en faut pour tout les goûts". "Intolérance" le fait de critiquer le recours systématique au passé? Un comble comme nous allons le voir plus bas. Gazelle Twin n' aime pas elle aussi ce goût hégémonique pour toutes sortes de nostalgies et leur diffusion ad nauseam actuelle. Cette passion du vintage totalement assumée qui sert de doudou sentimental aux résignés ou de cheval de Troie aux réacs et racistes de tout bord. Ce vintage qui sert également à certains de dénonciation du consumérisme à tout va et du capitalisme victorieux alors que ces derniers l' ont déjà récupéré et mis à leur profit en lui faisant perdre une bonne partie de son contenu contestataire et critique à leur encontre. Gazelle Twin a ainsi creusé derrière certaines images d' Epinal d' une Angleterre idéalisée pour y débusquer les dangers et les non-dits qu' elles cachent. Le beau tableau idyllique de la ruralité que certains dressent à longueur d' année en cachant à peine une larme de nostalgie pour le bon vieux temps. L' Angleterre pseudo éternelle des cottage avec leurs haies, leurs petit troupeau de mouton, les jolis petits village avec leur pub à l' ambiance chaleureuse et leurs fêtes annuelles. Petit rappel : pas besoin d' aller en Angleterre, en France c' est pareil et ça s' appelle Jean Pierre Pernaut et un certain culte de la ruralité et des coutumes développé depuis quelques temps . Gazelle Twin gratte, arrache et rappe la croûte du tableau pour mettre à jour la terreur, les plaies anciennes et certains règlements de compte qu' elle cachait. Sans vraiment vouloir diviser elle s' attaque par exemple au cas des Babyboomers. Ces grands férus justement de traditions rurales qui ne cessent de regretter le bon vieux temps sauf qu' ils oublient un peu vite que c' est bel et bien leur génération principalement qui délaissa ce qu' ils disent regretter en pliant sous le joug du consumérisme et du néolibéralisme par goût du confort individualiste. Gazelle Twin brasse cet amour passéiste avec le présent mondialisé et à la modernité quand certains ne cessent de les opposer binairement. La belle tradition pastorale avec ses clavecins et ses fluttes à bec se retrouvent maltraitée par l' électronique et des boucles sonores déformatrices. Des genres musicaux anciens, folkloriques, sont mélangés avec délectation par la belle à des courants bien plus récents et symptomatiques de la ville. Sa voix et son interprétation théâtrale renforce les non-dits ruraux des uns et la manipulation des extrémistes. Elle prend la madeleine de Proust des uns et la plonge dans le coca des autres. Elle ne dévoile pas non plus un modernisme extrémiste et naïf. Elle aime bien le bon vieux vinyl mais ... pour écouter de la nouvelle musique pas trop déconnectée du temps présent. Le goût en apparence sans danger cultivé un peu partout de nos jours pour le vintage et les traditions quels que soient les sujets révèlent ce qu' il cache comme attitudes passéistes, isolationnistes, infantiles, résignées et franchement totalement chimériques voir dangereuses. Les moqueries d' hier face à la quête désuètes de certains pour un passé éteints laissent place à l' effroi. Oui, il se pourrait bien comme le déclame Gazelle Twin qu' il y avait bien du racisme ou ce qui le favorise voir de la manipulation derrière quand on promeut la ruralité et son pseudo art de vivre avec sa prétendue solidarité idéalisée. Une façon de dénigrer les villes pour ses maux réels mais aussi ceux fantasmés tel leurs mixités ethniques et multiculturelles. Oui, quand on titille la fibre régionaliste ou stylistique en musique sur un mode nostalgique il se pourrait bien que la première conséquence soit un repli sur soi puis fatalement un isolement propice à bien d' autres maux. Communautarisme, ghettoïsation, haine ou incompréhension de l' autre...disparition? Oui encore, quand on se retrouve face à certaines émissions ou ouvrages pseudo-historique c' est bel et bien une nostalgie puante du féodalisme et de la monarchie qui est opposée bêtement aux méfaits de la mondialisation sur nos démocraties à l' agonie. Gazelle Twin ,tel l' illustre la couverture du disque, est devenu le bouffon qui met à jour la bêtise, les contradictions, les faux-semblants et les dangers des "gentillets" nostalgico-gaga de tout poil.
- BLISS SIGNAL, mariage de l' électro, du grime et du ...Métal.
Je vous parle souvent de ce qui me parait être à mes yeux le meilleur festival de musique du monde, le Unsound Festival de Cracovie. Chaque année je regrette de ne pouvoir m' y rendre tellement les artistes défendus dans ce blogs y sont régulièrement présents. Et ne parlons pas du nombre incalculable de fois où ce sont justement cette bande de polonais qui me les ont fait découvrir. Chaque année ce festival a la particularité de nous offrir des collaborations exclusives de multiples artistes. Bliss Signal est ainsi né à l' occasion pendant l' édition 2017 quand Jack Adams aka Mumdance s' associa avec James Kelly aka WIFE. Mumdance n' est bien sûr pas un inconnu dans ce blog tant je ne cesse de vous parler de son Grime Weightless et de son pote Logos avec lequel il a créé le label Different Circles. Un label où les oeillères sont interdites permettant ainsi de nous délecter d' hybridations de tout types à base de Grime, UK Bass, Indus, Techno, Post-Club, Dark Ambient etc etc. Récemment Different Circles nous a offert le merveilleux "Always Yours" de Chevel et un ep rafraîchissant de Raime. Jack Adams quant à lui avait été un peu abordé pour son travail électro pop sous le pseudo de WIFE pour Tri Angle Records. Déjà on avait constaté chez lui sa passion Black Métal provenant de son premier groupe de métalleux Altar Of Pragues. Après le ep "Drift" fort remarqué les voilà qui confirment sur le long format les promesses contenues par ce dernier. Premier album donc au titre éponyme sorti sur deux structures spécialisé dans l' expérimentation à tout va et surtout le Métal. Mais ce disque aurait pu sortir tout aussi bien sur Different Circles tant il n' aurait pas juré aux côté de Shapednoise et FIS présents par exemple sur la compilation essentielle parue en 2016 et défendue par ici ("Mumdance & Logos presents Different Circles"). Ce que "Drift" laissait entrevoir l' album confirme et perfectionne. Ce n' est pas la première fois que le Métal se confronte à la culture dancefloor/Rave et l' expérimentation mais avec ces deux artistes talentueux l' hybridation prend une nouvelle dimension. Le Métal et sa lourdeur se voit gonflé à l' hélium et décolle tel un immense Zeppelin. Il n' en perd pas pour autant sa force initiale et son intensité. Loin de là! Chacun amène son savoir faire, Kelly bien sûr son expérience dans le genre, mais probablement aussi les leçons retenues de WIFE. Mumdance n' a pas de mal à s 'initier dans la noirceur Métal tant son amour de la dystopie dans son Grime Weightless s' y apparente. Les rythmiques sont lourdes et hyper répétitives comme il se doit. Si leur rythme accéléré semblent évidemment flirter avec celui de l'indus ou du Noise on sent aussi que le traitement électronique et les manipulations de Mumdance les font se rapprocher de genre éloignés tel le Footwork. Mumdance est un artiste qui aime la notion de conception sonore et ici aussi cela s' applique parfaitement avec l' apport de mélodies instrumentales chatoyantes et scintillantes susceptibles de provenir de son bagage ambient. La légèreté qui se faufile entre les détonations de grosses caisses et de cymbale symptomatiques du Métal permet également d' évoquer la cousine Blackgaze mais aussi son grand père et son père, le bon vieux Shoegaze et le Post Rock. PS: L' affiche du Unsound Festival 2018 qui commence le Dimanche 7 Octobre ne déroge pas à la règle. Une tuerie et une offre rarissime pour les belles découvertes et les futurs grands noms. Je vous le redit, c' est le meilleur festival électro du monde. Berlin à côté avec son Atonal n' a pas à la ramener trop. Quant aux Nuits Sonores... pfffff! Rien qu 'énumérer les noms vous fait regretter de ne pas vivre dans ce pays pas vraiment synonyme de fun. Que du lourd, Sophie, Jlin, Lotic, Amnesia Scanner la légende himself Terry Riley (!!!), Sinjin Hawkes et Zora Jones, RP Boo, Sarah Davachi, Rian Treanor, Rabit, Objekt, Gabor Lazar, Marie Davidson, Nazar, Gaika, Huerco S, Bampa Pana, Dj Lag, Lilicox etc etc. Je sais, cette succession de noms, c' est exactement celle susceptible de figurer dans une playlist de Dancing With The Noise. Plus d'info ici. "Floodlight": Rythmique indus métaleuse, synthé planant, Blitz très "You made me realise" de qui vous savait et détonation Grime Weightless. Dystopie euphorique déjà parmi les titres de l' année.
- CHANNEL TRES, curieuse faille spatio-temporelle House & Hip-Hop.
Alors que certains s'engouffrent dans les profondeurs du passé en quête d' inspiration et s'y perdent, d' autres réussissent à délivrer un vague machin à la fois rétro et...original. Les manières de faire peuvent être multiples et variées mais si une se distingue c' est l' hybridation de deux genres anciens par le danger qu' elle comporte justement. Se dire, je vais prendre de ceci et mélanger avec cela parce que cela n' a jamais été fait et ça va le faire grâve peut se révéler totalement artificiel. Channel Tres passe au travers des cafouillages des uns et des maquillages trop voyant des autres. Elevé au son du funk et de la Soul de sa grande mémé, du jazz de son grand pépé et enfin du G-funk 90's de sa maman le petit a été plus malin que se vautrer dans un collage facile mais franchement risqué. Il lui manquait la clé entre ces différents courants afin d' éviter de mettre bout à bout toutes ces influences sans réellement de liant. Suffisait de regarder la frise historique musicale de son pays. Le petit machin si petit la-bas en terme de succès populaire, surtout face à celui des Snoop Doggy Dog et Doctor Dre et leur G-Funk, et si grand par son poids historique en Europe. L' illumination lui est venu en écoutant un titre du gentillet mais parfois franchement nunuche, Drake. Le canadien y avait glissé un sample de Moodymann l' un des champions incontestés de la Deep House, cette House devenue pépère par ses BPM ralentis. Sur son premier ep éponyme la délicieuse et hypnotique voix grave de Channel Tres débite son héritage hip hop/G-Funk californien en plein milieu des dancefloors dorés de la grande époque House de Chicago et Detroit. Un Snoop Doggy Dog toujours cool mais exposant plus facilement sa fragilité blablate sur un Mr Fingers assuré. Plus les titres défilent et plus l' amour récent de Tres pour la House semble prendre le dessus et effectuer ainsi le classique pèlerinage initiatique allant de Chicago vers Détroit que tout bon apôtre de la culture Dancefloor doit effectuer une fois dans sa vie. Souvent tenté par le passé la petite recette de Channel Tres semble réussir entre les mains de ce producteurs qui avait déjà bossé avec des cadors. En attendant de savoir si ça tiendra sur la longueur d'un album dégustons cette petite hybridation un brin passéiste.
- KODE9 & BURIAL fabriclive100, la bonne mondialisation en un mix
Est-il utile de présenter les deux compères auteurs de ce mix? Qui de mieux le légendaire club Fabric bien pouvait aller chercher afin de fêter la 100 ème sortie de la prestigieuse série Fabriclive? A ma gauche, Steve Goodman aka Kode 9 , légende vivante du Dubstep et d' à peu près tout ce qui touche de près ou de loin à la culture dancefloor british de ces 15 dernières années. Personnage omniprésent dans ce blog via son label Hyperdub et sa passion pour certaines musiques. Lee Gamble, Dj Rashad, Laurel Halo, Doon Kanda, Proc Fiskal, Dj Taye, Jessi Lanza, Fatima Al Qadiri, Hype Williams (Dean Blunt & Inga Copeland etc etc. A ma droite, Burial, rien de moins que l' auteur du plus grand disque électro des 00's ("Untrue"). Lui aussi un monument. Ce dernier, fidèle à sa légende, est du style discret. Pas de live et très peu de mix. Quand c' est le cas Kode 9 est souvent à l' initiative. Déjà sa seule présence au crédit de ce mix est un événement en soi. Avec ces deux vieux routiers on pouvait s' attendre à un mix un tantinet récapitulatif avec les yeux dans le rétroviseur pour cet album anniversaire d' autant plus que les 20 ans de ce club haut lieu de la culture dancefloor approchent également. C' est un petit peu le cas. Vous y retrouverez du Grime, de la jungle, de la drum&bass, du hardcore et bien sûr du Dubstep des origines. Des vieilleries qui ont marqués les esprits à jamais. Des vieux noms souvent proche de la galaxie Hyperdub. Mais pas seulement. En 2018 comme en 2008 Kode 9 avec Burial désirent et réussissent encore à pointer du doigt le futur et ainsi demeurer les guides suprêmes des chemins de traverse débouchant souvent sur les cités du futur. Ils continuent à regarder, scruter, guetter partout dans le monde ce qui va compter. Leur démarche est encrée dans le Passé ET le présent. Ce mix est donc tout sauf passéiste. Il tisse les liens entre les époques. Ce disque est également tout sauf nombriliste. Il va plus bien plus loin que l' Angleterre. La construction du mix est aussi remarquable et symbolique d'une certaine ouverture d' esprit. L' impression de passer d'un chapitre bien distinct à un autre, parfois dansant, parfois calme et ambient. Le diktat de la montée et de la danse à tout prix est oublié. A d' autres moment ces chapitres se chevauchent et offrent des trésors d' hybridations impensables mais totalement jouissifs. La première partie du mix semble clairement être l' oeuvre de Burial. On notera l' apparition de la géniale Klein (récente signature d' Hyperdub à voir ici) vite suivie par une autre vieille connaissance du label avec Cooly G. Puis première surprise qui n'en est pas vraiment une tant on connait les goûts curieux et sans bornes de Burial. La légende nous offre une bonne dose de Gqom avec trois artistes parmi les meilleurs représentants de ce genre Sud-Africain dont je ne cesse de vanter les mérites (voir ici et là). A peine fini la section africaine, Burial prend la direction des pays latin avec un inédit de NAZAR qui reluque autant le label Principe de Lisbonne (on en parle ici) que la clique Mexicaine de NAAFI (voir là) et le Bala Club (ici). Après cela le mix semble regarder un peu dans le passé et surtout l' Angleterre quand un vieux titre électropop de Luke Slater enclenche la vitesse supérieur en terme de Bpm avec tout ce qu'il faut par la suite de Hardcore et de Jungle pour ravir les nostalgico-gaga de service. Clairement, c' est Kode 9 qui vient de prendre la main tandis que Burial se charge de certains intermèdes. On pense que ce dernier va reprendre la main quand un Vladislav Delay ambiant met fin à la furie précédentes mais il semble que Kode 9 surenchérit et nous offre l' une des passions qu' il possède en commun avec votre serviteur, le Footwork. Bien sûr il y aura l' homage inévitable à Dj Rashad mais aussi quelques inédits de Dj Spinn et de celui que l'on avait perdu de vue, Dj Tre. La suite confrontera encore le footwork avec tout ce qui peut passer sur les platines des deux génies. Ben Frost maltraité par Jlin se voit taquiner par Dj Taye et le renouveau du Grime de Proc Fiskal précède un feu d' artifice Chicagoans avec le maître RP Boo et Dj Chap. Bref, en un peu plus d' une heure ces deux grands bonhommes vous délivre une véritable leçon en matière de Dj set. Diversité, richesse et refus de tout diktat. DWTN vous recommande fortement son écoute tant Burial et Kode 9 s' inscrivent dans la ligne éditoriale de ce blog. Dansons avec tous les bruits, d' où qu'ils viennent et qu' ils ne soient surtout pas déjà entendus mille fois.
- Post-Club/Deconstructed Club, musique révolutionnaire pour dystopie contemporaine.
De gauche à droite: Jam City, M.E.S.H., Total Freedom et Lotic. En cette année 2018 le Post-Club est au centre de l' actualité en ce qui se fait de plus avant-gardiste en électro. De plus rafraîchissant. Mais comme bien souvent l' étiquette même de Post-Club peut paraître si flou que certains arrivistes qui ont par exemple découvert Lotic cette année sont susceptibles d' y mettre un peu tout ce qui y ressemble. SOPHIE a-t-elle à voir par exemple avec les Lotic et autres pensionnaire du club Janus? Bref on peut s' attendre à un peu tout et n' importe quoi d' ici peu. Surtout que le mot n' est pas encore réellement sur toute les lèvres et sous les plumes. Comme d' habitude les artistes eux-même y sont pour quelques choses à force de ne vouloir pas être affiliés à un machin réducteur et d' y perdre ainsi un peu de leur singularité. Souvenir d'un interview franchouillarde bâclée où Lotic suite à un quiproquos sur le terme expliquait à quel point il voulait justement rester dans le club. Post ne désigne évidemment pas la sortie du club mais bel et bien d' y incorporer de nouvelles visions musicales. On peut parfois également retrouver les même artistes sous l' appellation de Deconstructed-Club. Cette dernière est revenue sans cesse tout au long de l' histoire pour des scènes et artistes bien éloignés du sujet du jour (voir idm). Bref, c' est pas clair cette affaire et ce dernier terme risque d' en perdre plus d'un tant Deconstructed-Club peut désigner uniquement une simple technique de création musicale. Lee Gamble ou Lorenzo Senni ne font que ça et pourtant. Partagent-ils plus avec un M.E.S.H. ? On peut s' interroger si derrière ces deux désignations il existe une véritable cohésion justifiant sa légitimité. Si ce n' est pas une invention journalistique pour définir un machin qui a justement semblé pendant très longtemps échapper à la presse musicale. Ce n' est pas faute de vous avoir tenu au courant des liens tissés et des affinités régulièrement dans ce blog tant les principaux acteurs de cette scène y sont présents. Les M.E.S.H., Lotic, Amnesia Scanner, Rabit, NON Worlwide et compagnie. Il est donc venu le temps de faire le point sur le sujet. Une récapitulation haut combien nécessaire tant le sujet est flou mais aussi et surtout parce que tous ces artistes sont en train de booster les musiques dites électroniques. Yves Tumor vient d' écraser la rentrée avec son album et je peux vous affirmer que si ça ne saute pas aux oreilles le type a bien plus de point commun avec le Post-Club qu' avec la pluspart de ses collègues de WARP. LES ORIGINES DE LA DECONSTRUCTED CLUB: Venus aux platines des mythiques GHE20GOTH1C Au début de la deuxième décennie du siècle dans les bas-fonds de New York certains se sont mis à tout casser à grand coup de marteau-piqueurs informatiques, de croisements de looks et d' innovation en matière de DJing. Que ce soit les barrières musicales comme celles de goûts sexuels et des origines sociales et raciales. L' épicentre se trouvait vers Brooklyn au cours des soirées mythiques GHE20GOTH1K ("Ghetto Gothic") organisées par Venus X. Elles rencontrèrent un très gros succès mais surtout une certaine reconnaissance même en France via le monde de la mode (Rihanna s' en inspira ou plutôt pilla provoquant la colère de Venus X).Très vite des mecs comme Total Freedom firent parler d' eux tant leur approche révolutionnait un peu le milieu musicale en voie de patinage nostalgico-gaga. D' une certaine manière ils étaient le pendent dancefloor et festif à l' hypnagogic-pop. D 'autres artistes éloignés de New York apparurent immédiatement dans la lignée. Chino Amobi aka Diamond Black Hearted Boy (voir ici), Elysia Crampton aka E+E (voir par là)et Eric Burton aka Rabit partageait en commun avec Total Freedom un goût prononcé pour une sorte de collage sonore épique à fortes résonances conceptuelles et proche des arts visuels . Très vite ils oublièrent les règles du dancefloor et le dogmatique rythme 4/4 pour créer un tout nouveau vocabulaire musical dans lequel on pouvait également retrouver beaucoup d' éléments anthropologiques. Leurs travaux abordaient beaucoup de sujets politiques, il y était souvent question de la culture Queer, de féminisme et du genre, d' internet et de ses effets sur les relations humaines, des relations inter-raciale et des méfaits de la mondialisation via une certaine colonisation toujours présente comme passée. D 'autres favorisaient également une approche conceptuelle plus accentuée sur la technologie et le futurisme. Bref une musique réellement protestataire le regard vers le futur plutot que le passé et qui commença sérieusement à me titiller les oreilles vers 2013-14 (ici). Musique donc épique où opérait un certain détournement où la culture pop et dancefloor passée et présente y subissaient de violentes attaques sonores provenant aussi bien des sons préhistoriques informatiques que d'une indus abrasive. S' opérait une réel et riche brassage stylistique menant à de nouvelles formes d' hybridation. D' autres sur la côte Ouest des USA et d' un petit peu partout (Koweit!) se joignirent à leur petite révolution. Derrière la bannière du label Fade To Mind des gens comme Kingdom, Nguzunguzu et Fatima Al Qadiri venu du monde artistique commencèrent à faire parler d' eux et à fréquenter la clique d' origine. Encore plus vite le phénomène est apparu quasi simultanément de l' autre côté de l' océan. La vitesse de l' épidémie s' explique par les réseaux numériques au centre de toute cette histoire récentes. Cette scène est en effet un pure produit de la culture dancefloor passée et propagée par internet via les soundcloud et autres bandcamp. En Angleterre donc, puisqu' il ne pouvait s' agir que d' elle, Jam City et le label Night Slugs fondé par L-Vis 1990 avec leur grosse culture UK Bass s' inscrivirent dans la même démarche à leurs manières bien british. D' autres en Europe se firent tout autant prompt à suivre un mouvement qui n' en était qu'à ses balbutiement. TCF pour la Norvège avec sa cassette YYAA (voir ici) et Why Be au Danemark. Immédiatement cette scène se distingua par son hétérogénéité. Sociale, raciale et sexuelle. A LA CONQUÊTE DU MONDE Comme souvent ce sont les versions les plus faciles et aguicheuses de Fade To Mind et Night Slugs qui firent leur apparitions dans la presse pour recueillir un succès d' estime vers 2012-13. Pour DWTN c' était par-là et ici et j' y tissais déjà un lien toujours d' actualité entre Jam City qui venait de sortir le véritable premier album du genre ("Classical Curves") et les deux labels (Fade To Mind & Night Slugs) avec le renouveau instrumental du Grime souvent nommé Weightless, bref les Logos, Mumdance et Visionnist. Internet et le système Néo-libéral avec son emprise sur la mondialisation étant au coeur de leurs préoccupations on peut aussi évoquer un certain cousinage avec la Vaporwave bien plus calme mais tout autant provocatrice. James Ferraro est un exemple parfait à l' époque de son tournant opéré entre "Far Side Virtual" et "Sushi". Si Total Freedom trouva une solide reconnaissance avec des titres plus percutants et dansants sur les dancefloors Chino Amobi et Elysia Crampton consolidaient dans l'ombre des autres leurs conceptes et technicités pour aller encore plus loin quite à définitivement oublier la volonté de danser. Amobi en profita pour créer avec Angel-Ho NON Worldwide et offrit à cette Deconstructed-club une première plaque tournante mondiale par sa nature de rassembleuse d'une certaine diaspora et ses visées politiques et sociétales. Ce collectif bientôt label met la main sur des gens passionnant comme Mhysa, Dedekind Cut, Why Be, Klein, les Faka avec d' autres artistes Gqom et Yves Tumor. Rabit quant à lui créa la deuxième plaque tournante avec son label Halcyon Veil et continua à porter une attention particulière sur ce qui faisait en Europe que ce soit à Lisbonne et le label Principe comme Berlin. Surtout Berlin, parce que c' est dans la capitale de l' Allemagne et de la culture dancefloor continentale que le terme Post-Club trouve son origine.Bien sûr que toute cette clique n' était pas seule au monde dans sa volonté de faire bouger les choses. Eloignés dans un premier temps de cette galaxie deux autres artistes omniprésent dans ce blog montrèrent leurs bouts du nez et révélèrent de vraie similitudes dans leurs sales manières déconstructivistes et visées conceptuels. D' abord une jeune femme américaine mais passé par Berlin partageait avec eux un intérêt assumé pour la technologie et des vues futuristes. Plus proche de l'expérimentale que des soirées GhettoGohtic New Yorkaises Holly Herndon (ici) peut être désignée comme une cousine. L' autre est un garçon originaire du Venezuela qui montra son bout du nez discrètement d' abord puis de plus en plus lyriquement. Lui aussi faisait dans la déconstruction tarabiscotée. On évoqua immédiatement sa proximité sonore avec Total Freedom et Kingdom mais avec des petites touches R'n'B et Hip Hop plus accentuée. Son nom, Arca(ici), et chez lui aussi il y était beaucoup question du genre, du corps et de sexualité sur un fond sonore épique aux senteurs futuristes et modernes. LE POST-CLUB et BERLIN En 2012 l' effervescence noctambule et électro de Berlin voit débouler de nouveaux venus avec la création du Club Janus (ici) par Dan Denorch et Michael Ladner. Immédiatement des ricains y prirent leurs quartiers et les liens avec la Deconstructed Club ricaine et anglaise s' établirent. James Whipple aka M.E.S.H. et J'Kerian Morgan aka Lotic commencent ainsi à faire parler d' eux. A ces deux nouveaux une vieille tête apparu dès les débuts se joint pour repousser les limites de ce que doit être la musique de club, Why Be. Un troisième ricain originaire de Miami et passé par l' Italie se pointe aussi et celui-là aussi va bientôt faire parler de lui. Dans un premier temps il mixera sous le pseudo de Bekélé Berhanu et sortira une mixtape très remarquée en 2015 sur le label du collectif. Son nom dans le civile selon ses dires, Sean Lee Bowie, mais son pseudo le plus connu, Yves Tumor (ici). Les visées conceptuelles, politiques, sociétales et musicales sont les mêmes que chez NON Worlwide et Halcyon Vieil . Au point de voir les Janus sortir des disques et collaborer avec les deux (Yves Tumor). Les velléités de réécrire les règles et casser les coutumes du dancefloor aussi au point de très vite les faire remarquer dans la cité allemande et de tisser le lien avec le Grime Weightless britannique de Logos et Visionist. Internet une nouvelle fois offre ses capacités en matière de propagation et d' amplification et le label Tri Angle s' empresse de mettre la main sur Lotic et Rabit. Signant par la même occasion un autre américain proche de tout ce petit monde, SD Laïka. M.E.S.H. signera chez les allemands de PAN Records confirmant par là les ponts entre ce nouveau dancefloor et des choses plus expérimentales et extrêmes présente sur cet important label en matière d' avant-garde. Bill Kouligas le créateur de PAN a très vite compris l' importance de la scène Deconstructed Club bientôt renommé en Europe Post-Club et son label vite devenir une autre plaque tournante pour ce mouvement. La place prépondérante de Berlin dans les musiques électro en tout genre faisant d' elle un vrai aimant une pelleté d' autres artistes rejoignent les troupes Janus au point parfois d' effectuer des virages artistiques plus ou moins serrés. Un grand contingent nordique se faufile sur les traces de Why Be. Les Finlandais Amnésia Scanner délaissent leur Tech-House faite sous le nom de Renaissance Man pour plus de sauvagerie technologique et politique. La suédoise Kablam ramène son bagage de Body-Music à la scandinave sans les connotations masculines et faschistes. Le danois Dj Hvad apporte quant à lui une pincée de culture Pendjab (Inde). PANDEMIE MONDIALE ET STYLISTIQUE Mexique 2015 Vous l' aurez compris derrière une simple homogénéité stylistique se cache en fait un puissant courant artistique aux revendications sociétales, raciales et modernistes très fortes. Revendications communes avec d' autres styles. Je parlais de la Vaporwave mais très vite une autre scène par ces accointances est à rapprocher de la Deconstructed-Floor ou Post-Club. Internet étant au coeur de son existence il apparaît très clair qu' avec son esthétique post-internet, certaines revendications féministes ou LGBT et son inscription dans le présent mondialisé via le net la clique de PC Music allait reluquer de plus près ce qui se faisait chez Janus, Halcyon ou NON Worldwide. En 2018 avec sa composante Bubblegum Bass agressive faite sur les bases d'un sérieux travail de déconstruction et d' hybridation moderniste , l' album "Oil Of Every Pearl's Un-Insides" de SOPHIE, ainsi que la personnalité de son auteur, font de lui un album très proche du "Power" de Lotic ou du "Another Life" des Amnésia Scanner. L' influence très puissante et l' ouverture d' esprit de cette scène font que partout à travers le monde de nouveaux venus peuvent facilement se revendiquer en être les enfants. La côte Ouest américaine a vu apparaître après Fade To Mind de nouvelles soirées aux cours desquels une nouvelle génération de producteurs et Dj, souvent eux aussi issus de diasporas et de minorités, firent leurs armes. On peut citer le Club Chai avec Foozool et 8unlentina. De l' autre côté de la frontière mexicaine c' est le collectif NAAFI avec Embaci, Imaabs et DEBIT au point de sortir en collaboration des disques avec NON Worldwide au sein desquels on croise certains Janus. En Angleterre c' est une nouvelle fois dans la diaspora latine qu'il faut chercher et surtout chez le Bala Club avec Kamixlo, Endgame et l' étonnante présence de la belge Sky H1. Les Sud Africains de Faka avec leur déconstruction du Gqom et leur revendication sont aussi un peu de la partie. On peut encore retrouver des liens avec les portugais de Principe Records. Plus proche dans l' esthétique et les orientations portant sur la technologie et la politique des gens comme Antwood au Canada, Brood Ma toujours en Angleterre, CECILIA et Chevel (ce dernier retisse le lien avec la Weightless Grime) en Italie, CONCLUSION: LE CHANGEMENT C' EST MAINTENANT Que l'on appelle ça Deconstruted Club ou Post-Club, ou qu' également on opère une scission entre les deux termes, il apparaît de plus en plus évident que les artistes regroupés derrières ces mots sont en train de changer la donne. Si pour le moment, on le constatera dans les bilans annuels, le tout-venant des sites et médias sous domination blanche et indie les rangent rapido dans la case fourre-tout et bien vague Avant-garde électro, les tops annuels par la présence des SOPHIE, Yves TUMOR, Lotic et d' autres vont dévoiler un peu plus l' importance du bidule pour le futur. L' éternel histoire de l'underground méprisé qui s'infiltre partout pour tout changer, recommence une fois de plus. Déjà les compiles Club Chai et NAAFI, auxquels il faut rapprocher aussi la clique Fractal Fantasy (certes un brin éloignée stylistiquement mais tout autant moderniste), sont souvent avancées par les têtes chercheuses des dancefloors comme étant les plus en avance. Des icônes et de parfait radars à Next Big Thing tel Bjork ou Aphex Twin, Daniel Lopatin et James Ferraro ne cessent de tourner autour. L' hypnagogic-Pop, la Vaporwave et le Footwork avait déjà secoué ce putain de monde devenu nostalgico-gaga. La deconstructed-Club et/ou le Post-Club avec leurs cousines la Bubblegum Bass, le Grime Weightless, la Batida portugaise et toutes autres formes de musiques à base d' hybridations et de déconstructions issues de minorités (Gqom, Singeli), sont susceptibles voir assurées, de foutre tout en l' air et devenir des influences majeurs à l' avenir. Ne loupez pas le train. SELECTION L' axe Fade To mind & Night Slugs NGUZUNGUZU,TOTAL FREEDOM & KINGDOM The Claw JAM CITY Classical Curves NGUZUNGUZU Skycell FATIMA AL QADIRI Desert Strikes KINGDOM Dreama L' axe Halcyon Veil-NON E+E The Light That you Gave Me To See You DIAMOND BLACK HEARTED BOY Father, Protect Me ELYSIAN CRAMPTON American Drift CHINO AMOBI Paradiso RABIT Baptizm RABIT Communion RABIT & CHINO AMOBI The Great Game: Freedom From Mental Poisoning MISTRESS Hollygrove NON WORLDWIDE Compilation, Vol.1& Trilogy MHYSA Fantasii LES COUSINS ELOIGNES & GRIME WEIGHTLESS HOLLY HERNDON Platform ARCA Mutant LOGOS Cold Mission VISIONIST Safe MUMDANCE & LOGOS Present Different Circles JANUS & LES NORDIQUES M.E.S.H. Piteous Gate M.E.S.H. Damaged Mec LOTIC Heterocetera LOTIC Power BEKELE BERHANU Untitled KABLAM Furiosa WHY BE Snipestreet AMNESIA SCANNER As AMNESIA SCANNER Another Life HVAD Hvad PANDEMIE MONDIALE & STYLISTIQUE SOPHIE Oil Of Every Pearl's Un Insides SD LAÏKA That's Harakiri WWWINGS Phoenixxx AÏSHA DEVI DNA Feelings ZIÙR U Feel Anything? CLUB CHAI Vol.1 N.A.A.F.I Pirata 2 BROOD MA Daze ANTWOOD Virtuous S.C.R. BALA CLUB Bala Comp Vol.1 TOXE Muscle Memory FAKA Bottoms Revenge LANARK ARTEFAX Whities 011 ENDGAME Savage DEBIT Animus PLAYLIST plus ou moins dans l' ordre de l' article
- DEBIT et NAAFI, vers un futur castagneur, ambient et latin.
Pour une fois on ne va pas parler de la diaspora africaine regroupée dans le collectif NON Worldwide, quoique. Ici il va toujours être question de diaspora mais ce coup-ci sa version latine. Je sais qu' il y a bien quelques latins chez NON (Elysia Crampton par exemple) et que ces derniers ouvrent souvent leurs portes à quiconque en a un peu ras le bol de l' égèmonie blanche occidentale et de ses sales manies et mensonges d' anciens colonisateurs. Vous allez vous apercevoir aussi qu' en matière d' héritage Sud Américains musicale Arca et Elysia Crampton ne sont que les deux arbres qui cachent une forêt à la densité et à la richesse typiquement amazonienne. Il y a un autre point commun en terme d' attraction entre NON et l' artiste et son collectif dont il va être question et vous allez vite comprendre pourquoi chez DWTN on préfère surveiller de près ces collectifs venus d' ailleurs plutot que les bégayeurs blancs adeptes du mensonge indie music et revivalistes. Le futur est la-bas! La vrai vie avec ce qu'elle peut avoir de plus moche comme le plus enthousiasmant est AUSSI la-bas! Où ça va me demander goguenard le crétin fan de Garage? La-bas! A Mexico. Et plus précisément à Oaxaca sur la côte. Et malheureusement pour lui pas une guitare en vue. Comme à Durban (Gqom), Chicago (Footwork), Londres (Néo-grime), Berlin (Post-dancefloor), à Lisbonne (et sa batada mutante), à San Francisco à Mexico et Oaxaca il s' en passe de belle sur les dancefloors. On y danse, on y baise, et pas seulement! On y revendique, on y lutte. Parfois même, on n'y danse pas du tout ! On y fait...autre chose. On cherche à illustrer ce monde si triste, hypocrite et violent où les vieilles habitudes de la colonisations persistent derrière les oripeaux d'un autre système d' exploitation de l'humain, le néo-libéralisme. NAAFI tente de rédéfinir l' underground et le dancefloot via unemusique parfaite pour illustrer une dystopie devenue réalité. On y consomme pas de la posture sociale bourgeoise passéiste avec dégustation de pinard sur fond de musiques pseudo branchouilles et "alternatives" tellement vieillotte et rébarbatives. NAAFI est une espèce de collectif latin sur lequel repose les bases d'un label appelé à devenir important ces prochains mois. Basé à Mexico City il fait de plus en plus parler de lui. Eduqués dans les rave sauvage organisées dans les entrepôts désafectés de la capital mexicaine, et oui il y a aussi des raves sauvages ailleurs que chez les blancs européens, NAAFI sort le premier album d'une artiste parmi les plus prometteuses. Ces gamins se revendiquent Punk et ils le peuvent. Il y a bien longtemps que cette vieille marotte occidentale s' est muée en une chose bien plus passionnante et vivante que la caricature que l'on nous offre par ici. A leurs débuts proches du binôme Fade To Mind/Night Slugs ils se sont rapprochés de la clique du Club Chai de San Francisco (via Zutzut) et parfois d' autres liens apparaissent avec le Bala Club londoniens (Kamixlo) et évidemment, parce que le monde avant gardiste est petit, NON Worldwide. Le son des artistes NAAFi est à base d'un brassage intense de leur culture propre et de tout ce qu'il s' est fait ou peut de faire en électronique. Et surtout ce que l'on apprécie par ici c 'est que leurs sources d' inspirations alternent sans arrêt et pince-nez entre musique "populaire" et d' avant-garde. Ce son est autant arrogant et tabasseur qu' intriguant quand il décide de planer ou de faire peur. Les NAAFI nous viennent du dancefloor mais n' hésitent pas à désobéir aux dogmes dancefloor. Les oreilles grandes ouvertes sur le monde, le passé, le présent et le futur, les NAAFI questionnent aussi leur identité latine sans se ghettoïser. NAAFI comme NON Worldwide c' est le début de la mondialisation heureuse par la critique acerbe de la mondialisation malheureuse. Pas étonnant donc qu'il y a quelques mois les deux collectifs se soient associés pour nous offrir une compilation et des mixtapes collectives. Chez NAAFI on peut croiser une version latine de l'UK Bass et du Grime sous les doigts agiles de Omaar et de Lato, un funk Carioca surprenant du brésilien MC Bin Laden, un Reggaeton latinos teinté d' indus de Imaabs à faire pâlir les grands manitous du métissage british. NAAFI nous offre donc le premier album de la mexicaine récemment installée à New York, Delia Beatriz aka Debit. Cette proche d' Arca a beaucoup traîné sur les dancefloor mais offre sur "Animus" une version personnelle qui en rappellera tant d' autres. Une musique franchement post-dancefloor à force de lorgner sur l' ambient et de ne pas rechercher systématiquement l' objectif dansant. Comme avec un Dedekind Cut certaines habitudes des pistes de danse sont certes identifiables mais très vite on se retrouve face à de la vraie ambient un brin agressive et flippante. A la différence du dernier Dedekind Cut et de ses tentations post-New Age réussies par un virage à 180° Delit garde en elle la violence et l' agressivité des dancehall qui l'on vut mûrir. Les couches de réverbération sont taillées au scalpel, elles lorgne souvent sur l'indus et les voix semblent à la fois angéliques ou diaboliques. Les synthés filent la pétoche et rajoutent aux ambiances insolites et préoccupantes de ce disque tout autant cultivées par l'usage récurent de rythmiques tribales. Souvent le reggaeton sert de fil d' ariane puis parfois nous quittons les ambiances agressives et claustrophobes pour une ambient toujours sombre mais également expansive susceptible de surprendre par ses capacités d' élévation et d' espoir. Comme avec beaucoup d' autres productions facilement affiliées au terme post-dancefloor, M.E.S.H. ou Rabit et Chino Amobi, Debit réussit à offrir un paysage sonore riche susceptible d' éviter la monotonie musicale actuelle. Chez elle aussi les questionnements sur le genre, le sexe et le corps s' habillent de revendications sociales et politiques et de questionnement sur nos inconscients refoulés. Evidemment la dystopie n' est jamais loin et la démarche de l' artiste mexicaine évoque ainsi encore plus sa filiation avec la clique de Different Circles (Logos, Mumdance). Si la clique fait déjà parler d' elle depuis deux ans un palier semble avoir été franchi en maturité artistique et en qualité avec le dernier Debit qui est d' hors déjà l'un des grands disques d'une année pas encore à sa moitié.
- LOW, les vétérans qui rénovent l' indie.
A quoi peut-on voir qu'un mouvement musicale piétine. Qu'il part dans une mauvaise direction fatale pour lui? Que le renouvellement ne se fait pas? Peut être quand un de ses vétérans offre un disque qui fout la honte à tous les jeunots par ce qu'il comporte. Innovation, remise en question, surprise et courage artistique. Quand il révèle ce qu'il manque aux autres. Est-ce qu'un jour LOW a sorti un mauvais disque? Jamais. Est-ce qu'un jour LOW a ennuyé? Jamais. Mais est-ce que LOW pouvait encore nous étonner après 25 ans de carrière plutot que simplement réconforter nos nostalgies? Et bien oui! Après Slowdive au sujet du shoeagze c' est au tour de LOW de remettre les points sur les i. Comment vous expliquer en quoi le dernier LOW, leur 13ème album, peut s' apparenter une réel cure de jouvence pour la scène dite indie/alternative à laquelle ce groupe unique appartient. Comment il va bousculer les "vieux cons" et jeunes cons. Par exemple un Dj malicieux pourrait très bien glisser au cours de l'un de ces mix qui ont la côte en ce moment , soit souvent un brassage de techno indus et de Dark Ambient pour le peloton et du post-club pour les échappées, le titre qui entame le dernier Low , "Quorum". Si le jeune ou le vieux-jeune appréciant déjà le mix va flipper mais étrangement se sentir bien face à leur exploration des tréfonds humains comme il se doit avec Low, pour le vieux quadra ou d' autres jeunes déjà vieux qui ne cesse de les cultifier au nom de leur nostalgie-gaga ça risque devenir gênant. Bref l' étroitesse d' esprit et de curiosité des uns va leur exploser à la gueule. Ces derniers vont quant à eux après avoir écouter le mix des pincettes sur le nez faisant bonne figure pour cacher leur désintérêt si ce n'est leur mépris pour ces musique trop modernes pour eux, vont éprouver un profond malaise quand le nom de la formation leur sera dévoilé. Si au moins ils reconnaissent. Ou on peut être vicieux et si par de miraculeuse circonstance ils ont eut vent du nom d' Andy Stott leur mentir en attribuant à l' anglais ce titre qu' il aurait fait pour une voix féminine inconnue. "Double Negative" est leur disque le plus réussi depuis très longtemps. Un des plus beaux joyaux de leur couronne indie. Inespéré aux regards d' autres vieilles formations indie (Flaming Lips, Granddaddy par exemple) mais totalement prévisible tant ce groupe s' avère l'un des plus endurant et capable de réelles remise en question. Il leur redonne une seconde jeunesse qu'ils n' avaient jamais réellement perdu. Plus décapant et culotté que les précédent cet album s' avère surtout le plus énergique et violent mais il garde cependant leurs légendaire obscurités et sérénités en guise d' arme massive contre le renoncement et la démission. L' apathie des émotions et des idées. On en ressort plus fort et rempli d'optimisme ce qui continuera d' étonner encore plus d' un néophyte. "Comment une musique triste peut rendre heureux?". Réponse LOW, Nick Drake, Joy Division etc etc etc. Comment Low réussit ce miracle? Savant mélange de vieilles méthodes avec des outils récents et des références originale et neuves. Ils avaient déjà bosser avec B.J. Burton en tant que producteur pour le précédent mais ce coup-ci ils l'ont fait à la l' ancienne en lui laissant une plus grande liberté. Débarquement en studio avec des croquis sous les bras et totale confiance à ce jeunot de Burton dans son rôle de tuteur si ce n' est de guide. Plus d'un vieux ou jeune borné indie ne sait plus faire ça se contentant d' ordonner au type derrière la vitre à quel vieille référence leur musique doit ressembler pile poil. Burton connu et respecté pour ces travaux avec James Blake et Bon Iver apporte sa touche moderniste et aventureuse. Et ça passe par son goût pour l' électro dans ses formes les plus expérimentales et ses coup d' oeil lointains à la scène des dancefloors. Bref, Low fricote avec bien autre chose et sort une nouvelle fois de la niniche des chiens indie. Je ne pensai pas l' écrire un jour mais LOW vient de nous offrir son "Kid A", LE Radiohead révolutionnaire. Ici aussi on retrouve des touches glitchy, un enrobage électro pas artificiel hantant et propulsant la musique du groupe hors de ses terres dans le futur. La production est donc primordiale par l' importance nouvelle des textures et du grain. Si la Touch Dubstep présente chez James Blake est aussi présente les Low laissent leur producteur les rapprocher de gens très éloignés et intransigeant comme Basinsky, Tim Hecker ou GAS. Que les vieux se rassurent, les harmonies divine de Sparhawk et de sa femme Mimi sont toujours la caractéristique principale de leur musique. Mais parfois elles sont noyées, maltraitées voir impossible à identifier. Les fameuses mélodies et crochets qui nous chopent sans prévenir depuis 25 ans pendant leur lente divagation introspectives faussement monotones dévoilent elles aussi un sacré coup de jeune. Les oreilles bouchées vont encore à ce propos nous parler d' ennuie face à leur aspect "monotone" amplifié ici par de plus fort et assumé drone mais c' est qu 'ils ne comprendront toujours pas une chose évidente depuis toujours. Une de ces incompréhensions qui fait louper tant de choses à certains esprits légers. A quel point ce groupe dit "Slowcore" et indie ont toujours fait vogué leur héritage rock, dreampop voir post-rock sur la rivière de l' ambient et ses affluents proche. A quel point également derrière le ressenti de calme et parfois de lassitude ce nichait dans leurs albums une diversité et une richesse insoupçonnée. En temps normal un disque de LOW serait classé à la fin d' année dans le top des monuments historiques. Cette fameuse petite séparation que j' opère entre les disques réussis par les jeunots et ceux par les "vieux". Ces derniers dévoilant un peu trop l' âge des auteurs et de leur style musical parfois un brin déconnecté du présent. Low n' a pas leur place chez les vieux tant leur musique dans "Double Negative" se révèlent bien plus qu'une canne pour traverser notre époque puante, mais une arme surpuissante susceptible de changer profondément vos aspirations musicales ou autres. Comme quoi, les vieux ont toujours un avenir et ça passe par la fréquentation des jeunes pluto que l' ehpad indie. PS: Euh ...comme Low est allé cherché le jeune Burton, c' est quand que Yves Tumor s' occupe de Siritualized parce que là, Papy Jason Pierce, il commence sérieux et réutiliser toujours la même came
- IDLES, les gentillets soubresauts des guitares à l' agonie.
Depuis la création de ce blog je ne cesse d' avancer cette constatation, le salut du rock et plus particulièrement celui de ses guitares passe par le post-punk entre autres choses. Mais alors que Idles balance son deuxième album et rencontre un succès critique et "populaire" hallucinant, tout deux mérités, un goût amer reste dans le gosier. "Dans un premier temps !" aurais-je du écrire plus souvent et d' autres de l' affirmer plus clairement en ce qui concerne le salut. Parce que tout réussit qu'il est le IDLES s'il affiche une volonté de changer les choses ne va pas pour autant tuer les poisons actuels de la scène rock actuelle et d'une partie de son publique, leur cynisme et cette horrible ironie de gens bien retranchés dans le passé et leur petit monde. Ce post-punk est semble-t-il le courant qui subit le moins les affres du revivalisme. Celui que la patine du temps néo-libérale n' arrive jamais tout à fait à édulcorer ou rendre totalement inoffensif par l' effet gentillet du vintage nostalgique(cf le garage pour ça). Mais attention ce processus est inévitable et comme il est déjà en cours il deviendra fatalement problématique. N' est-ce pas déjà le cas et ce qui justifie cette chronique de IDLES. C' était dans ses gènes au post-punk de tenir le route encore un temps tant l' aspect politique a toujours été prédominant. Mais pas seulement. Et le début du problème des IDLES commence ici. Le post-punk signifie pour une personne comme moi bien autre chose que guitares énervées et paroles politiques et sociétales. Par la variétés de ses formes et esthétiques ce courant avait également une approche artistique franchement diversifiée à la vision très large. Pour les héros des origines la forme devait elle aussi à l' instar du fond nécessiter une accroche dans le présent et si possible dans le futur afin l' anticiper si ce n'est de le provoquer. Une esthétique vieillotte rendait toujours selon eux le message moins clair voir totalement infertile. Parti des guitares punk il s' est aventuré très loin et ,tel le parcours des Raincoats, jusqu' à les rendre méconnaissables ou carrément les abandonner. Public Image Limited avec "Metal Box" et "The Flowers of Romance" était et reste une ligne directrice. Incorporation d' autres influences, expérimentation et enfin une plus grande attention sur les ambiances. Le Post-punk est, et doit rester, la sortie de secours de toutes salles de rocks et bar quand ces derniers deviennent des ghettos sociaux et stylistiques. Le Post-Punk n' a pas échappé au revivalisme vintage à l' orée des 00's. The Strokes, Interpol et LCD Soundsystem (pour la version dansante) portaient en eux le germe mais tous ces groupes mettait l' attention sur les aspects pop et indie rock "classiques". Petites trahisons que l'on pardonna un temps jusqu'à ce qu' elles se révèlent être un retour en arrière sans grande réflexion teinté de cynisme et d'ironie parfois. Le volet politique se fit de plus en plus franchement en roue libre et finit même parfois par disparaître. Succès publique assuré mais lifting consumériste le rendant franchement inoffensif malgré les volontés affichés de ses acteurs que l'on se contentera de nommer de "doux naïfs". Ou de pointer du doigt leur origine sociale et celle d'une partie du publique. Dès 2010 le politique et une version plus abrupte, souvent aussi plus prolo pour les origines de ses artistes, mais reluquant toujours les origines rocks et punks émergea et DWTN vous en parla avec Iceage, Savages, Ought, Total Control, Viet Cong (Preoccupations), Protomartyr, The Fat White Family dans un sens, Shame etc etc. Mais à côtés de ce nouveau revival le blog aborda, bien plus souvent, une multitude d' artiste et courants en apparence éloignés mais qui portaient très haut l' étendard et la volonté de changement autrefois détenu par le post-punk. Not Waving en électro, Carla Dal Forno et tant d' autres. Même la démarche critique et expérimentale d' un James Ferraro, d' une Holly Herndon ou d'un Daniel Lopatin comporte l' héritage post-punk originel . Donc voici IDLES qui débarque toutes guitare hurlantes et décapantes. Première remarque, ce retour d'un post-punk plus "underground" et politisé n' est plus autant tonitruant qu' à l' époque des premiers Iceage, Savages ou Women. La nouveauté a disparu et IDLES s' inscrit en queue d'une liste déjà longue appelant à la lassitude. Ce qui les sauvent du tout-venant c' est malgré celà le sentiment éprouvé à leur découverte d'une certaine fraîcheur. Les voir en live ne peut laisser indifférent et faire bailler. Puissance et vitalité exemplaires. Ils possèdent également une assez forte personnalité pour sortir du peloton de revivalistes. Le look n' est pas un copié-collé de Mark E Smith, Tom Verlaine ou Ian Curtis comme ceux des 00's. Les postures des guitaristes expliquent bien à elles seules que IDLES a su intégrer des choses apparu après l' âge d' or. Lookés 10's respirant une certaine envie de s' éclater malgré tout (oui je sais,du revival 80's quand même). On semble ainsi par instant retrouver chez IDLES ce penchant assumé pour un certain hédonisme traduit en vêtement et résolument engagé sur le fond que d' autres prolo anglais affectionnaient à la fin des 80's. Les Stone Roses en tête et les mouvements baggy et Acid quand la morosité et le côté cul-bénit d' un Morrissey commençait à dévoiler son isolationnisme. IDLES rvendique ouvertement leurs volontés optimistes et rien que ça c' est déjà un bonus comparé aux James Murphy de tout poil. Le post-hardcore de Fugazi ou Hüsker Dü et la Math-rock de Shellac sont d' évidentes influences vu la hauteur des guitares. Un chanteur qui déambule en permanence de long en large de la scène tel un MC du Rap prêt à affronter le public ça nous change des piquets 00's coincés derrière leur pied de micro. C 'est bien un type qui est apparu après et qui a intégré dans sa culture perso le hip-hop et tout ce qui en a découlé. Il se proclame fan de Kanye West et de Grime. Et puis il y a la voix du bonhomme. Celle de Joe Talbot. Leader charismatique dans la plus pure tradition post-punk des Lydon et Smiths. Intelligent et fin observateur à la volonté affichée d' en découdre il apporte une certaine sensibilité touchante. Dans le premier album paru en 2017 un titre m' avait ému tout en remuant ma fibre politique. Son "Mother" était un hommage vibrant à sa mère infirmière récemment décédée doublé d' un violent manifeste contre les politiques néo-libérales qui détruisent les système de santé et leur personnel. Un aide-soignant en Ehpad ne peut que lui dire merci tant le sujet ne semble pas réellement intéresser ses congénères. Dans le tout récent "Joy as an act of resistance" on retrouve tout cela et plus. Des thématiques bien encrées dans l' époque tel l' immigration, le brexit mais aussi le retour flippant d'une certaine virilité masculine, les éternels souhaits des parents jugées parfois réac ou trop conforme au dogme néo-libéral. Il identifie très bien et met en avant certains maux et danger sociétaux pour l' avenir tel l' agonie des centre villes tout comme certains comportements héroïques dans le quotidien et ce en échos à "Mother" sur les soignants. Talbot à la suite de Jason Williamson décrit particulièrement bien aussi la diabolisation rampante de la classe ouvrière et d'une grande partie de la population dans les médias et ailleurs. A ce sujet de la diabolisation du "peuple", dans le ailleurs, ne faut-il pas aussi un peu observer un peu plus le comportement de la faune des salles et festivals de rock? Certaines attitudes élitistes, snobinardes, postures sociales et isolationnistes? Même chez certains fans des Idles . Encore ces espèces de quiproquos, ambiguïtés voir petits arrangements bien visible en France qui me rappelle ceux constatés au sujet d' un Ariel Pink Et John Maus. Quand le côté vintage masquait au regard de certains nostalgico-gaga ghétoïsés la démarche Hauntologique. Mais seulement voilà. Si ce disque des IDLES est totalement réussi par instant, il n' en demeure pas moins qu' il possède malgré de grands moments des tares à l' image de l' ennui qui peut s' emparer de l' auditeur sur la longueur d'un album. Curieusement, ou peut-être pas, c' est quand ils abandonnent la frénésie Hard-Core et Math-Rock qu' ils accèdent à une nouvelle dimension. Quand un certain post-punk kiffant l' ambiant refait surface accidentellement. Quand la vitesse ralentie un peu quelque chose de bien plus rafraîchissant se dévoile mais c' est rare et la vitalité du reste peine à voiler une certaine répétitions stylistiques du passé. Leurs versions du rockab ou du revival Mods des 70's font franchement trop garage revival à la Thee Oh Sees pour être passionnant et portent en elles tout ce qui peut attirer les cyniques en tout genre jouant le double-jeu. Il y a donc bien un truc qui coince. Stylistiquement malgré l' amour pour le hip hop ou le grime, leur ville d' origine Bristol et son passé de brassage de style et le fond politique actualisé pertinent, leur musique sonne résolument trop vintage et raccroche Idles vers le passé et la niche sociale et stylistique du petit monde du rock à guitare contemporain. Parce que IDLES lorgne fondamentalement dans le passé musicalement les visées futuristes de prise de conscience puis de marche en avant de la lutte ont quelques peu du plomb dans l' aile. Ils luttent réellement, ne font pas semblant, ont bien identifié l' ennemi mais se sont totalement plantés sur le choix des armes qui se retournent contre eux. Si ils sont lucides sur bien des choses on ne peut s' empêcher de constater une certaine naïveté franchement embarrassante. La technologie moderne n' est pas abordée par exemple ou si c' est le cas c' est d'une manière un peu "nez pincé". Absente dans le son, le choix des armes disais-je, comme dans les paroles. Alors qu' ils le veulent ou non, elle a un impact considérable sur notre quotidien, pour le meilleur comme pour le pire et surtout pour les musiciens qu'ils sont, c' est l' un des outils essentiels pour pouvoir moderniser leurs armes. C' est une tare récurrente du vintage, soit réfractaire ou soit coupé du monde en ce domaine terriblement important. Après il y a aussi qu' arrivé au deuxième album les IDLES commence déjà à se répéter musicalement quand ce n' est pas Talbot qui donne des signes de facilité par l' usage de banalités. Franchement le coup du "ce flocon de neige va devenir une avalanche", c' est carrément du niveau d' un Jean Jacque Goldman des restos du coeur qui ferait simplement gausser Brigitte Macron et Stéphane Bern autour d'une tisanne. Trop bisounours pour correspondre à la réalité et être réellement productif. Convertit que les convaincus et Williamson des Sleaford Mods de régner sur le trone du songwriting post-punk et de la poésie prolo pour un bon moment. Bref vous l' aurez compris, j' adore les Idles, leur disque est à écouter et j' ai un respect totale pour eux mais seulement voilà! Ce que j' attendais du post-punk à guitare sur le retour c' était qu'il permette qu'on sorte définitivement de la spirale revivaliste et de la niche stylistique et sociétale dans lequel le rock indie s' est enfermé depuis les Strokes. Que les guitares se remettent à expérimenter à nouveau afin d' innover et trouver un vocabulaire pertinent pour notre époque. Qu' elles échappent à leur passé. Kevin Shields a 55 ans et Thurston Moore vient de fêter son soixantième anniversaire et depuis leur heure de gloire les guitares n' inventent plus. IDLES a raison sur le fond mais son choix esthétique s' avère totalement inopérant si ce n'est pas être un cul de sac créatif. Non, IDLES ne va rien changer avec son Post-punk si ce n' est que rendre hommage et perpétuer une déjà trop longue tradition. Par contre, les Lotic, Arca, Amnesia Scanner, Yves Tumor, Rabit, Non Worldwide et tant d' autres, tous ces gens dont je parle sans cesse, eux, ils ont effectué le bon choix des armes. Ils parlent des même sujet que Joe Talbot, mais en plus précis, et vont même bien plus loin. Il a raison Talbot quand il enfonce les portes ouvertes avec "je mets les homophobes dans des cercueils" et les racistes c' est des méchants parce que l'on est tous pareil. Mais franchement, les réflexions d' un Lotic ou Arca sur le genre, celles d'un Tumor ou de NON Worldwide sur la colonisation et les races, ça vole franchement plus haut et se révèle bien moins facile à caricaturer et à réfuter par les salops. Et que dire du fait que IDLES comme tous les autres groupes à guitares se refuse à toucher là où ça fait mal, les visées passéistes du genre. Ariel Pink, Maus et Lopatin pour l' électronique ont bien su trouver le chemin du questionnement et le courage pour tenter de trouver des solutions. Pourquoi cette obstination et cet aveuglement? Pourquoi cette course folle contre le mur de la redite de la part des amoureux de cet instrument?
- TIRZAH, grand retour pour un titre en attendant mieux.
Trois ans sans nouvelles de la révélation 2018 ça commençait à faire long. Hier Tirzah Mastin a enfin donné de ses nouvelles et comme d' habitude elle nous a cueilli comme ce le fut avec son irréel et sublime "Devotion". Un seul titre pour l'instant et pas de dates prévues pour un futur album mais ce "Send Me" suffira à ravir la petite fanbase et les autres de la grande copine de la reine Lo-fi experimental Mica Lévi. Bien sûr cette dernière est présente sur un titre qui peut surprendre les fans de Tirzah un brin distraits et peu curieux par sa fin. Fin typique des derniers et époustouflants travaux de Lévi. Tirzah aborde les même thèmes que sur "Devotion", la convalescence, le fait d' être une artiste, l' amour maternelle et une nouvelle fois, le charme opère.
- TIRZAH, pop intime du futur. (Et Mica levi est encore dans le coup)
C' est un de ces disques étranges au charme langoureux au sujet desquels il faut prendre son temps pour écrire. "Devotion" est sorti en juillet et il est rapidement devenu le disque le plus écouté du moment. Plaisir hautement addictif. Plus l' évidence qu'il fallait parler de cette beauté devenait forte plus je reculais le passage à l' acte. C 'est que l' adorable Tirzah avait touché au plus intime jusqu'à ce que son disque deviennent mon navire ultime pour dériver tout au long de cet été caniculaire. Ce n' était pas réellement une inconnue, juste une vieille connaissance perdue de vue qui revenait de manière éblouïssante. Je n' ai jamais été fan des Hot Chip de Jo Goddart. Souvenir tenace d'un concert de Route Du Rock où l' anti-revivaliste que je suis a subit l' un de ses pires excès de rage tant le spectacle de leur live plan-plan et des gamins dansant sur une musique si passéiste et sans originalité paraissait totalement ridicule et anachronique. Si je vous parle de Jo Goddart alors que le sujet est tout autre, voir à l' opposé dans un sens, ce n' est pas par hasard. Le monsieur a monté il y a de ça quelques années un label répondant au nom Greco-Roman. Et si ça suffisait pas il a signé les pilleurs débiles de Disclosure. Casier judiciaire lourd mais en 2013 il signe la débutante Tirzah pour un ep inaugural. Grosse claque et surprise tant le type ne nous avait pas habitué à autant de courage et de bon goût. Le ep s' intitulait "I'm not dancing" et si il partageait avec Goddart un goût commun pour le dancefloor et plus particulièrement la House il avait déjà le petit quelque chose en plus. Ou du moins une particularité tant en faît la caractéristique de cette dernière était un certain minimalisme, une intimité touchante et une étrangeté dont ses collègues du label manquaient cruellement. C' est que Tirzah n' était seule. Elle a peut être fait une mauvaise rencontre avec Goddart mais par contre depuis son enfance elle avait une chouette copine dans son entourage. Le genre de rencontre qui change tout. Une copine que vous connaissez fatalement si vous êtes un habitué de ce blog. Tirzah traîne sans arrêts avec Mica Levi (Micachu & The Shapes) depuis les bancs de l' école jusqu' aux dancefloor avide de leur multiples passions communes tel le Dubstep,le Grime et le Garage (l' électro pas le vieux truc à guitare). Elles décidèrent donc de continuer leurs jeux dans les Home-studios ce qui donna "I'm not dancing". Et puis...plus rien. Quasiment pas de trace sur le net de cette énigmatique Tirzah que j' avais classé dans le top ep de 2013. Ses sorties suivantes manquaient cruellement d' appuie par son label et Goddart semblait ne pas réellement prendre conscience de la pépite qu'il avait déniché. 2018, alors que Jo Goddart doit encore se pincer en se remémorant la surestimation exagérée de sa formation franchement ennuyeuse Tirzah quant à elle vient tout simplement de nous offrir le grand disque Pop de l' année avec une plus grande visibilité depuis sa signature chez Domino. Entre-temps on l' avait à nouveau recroisé sur un magnifique ep de sa cop's classé par ici en 2016 ("Taz and May Vids") et une étrange pépite Hypnagogic-pop ("Time Moves Slow Rench It") s' était glissé vers nous via soundcloud. Elle a donc pris son temps, une maternité expliquant aussi ce laps de temps, mais l' attente est amplement justifiée. Sa musique à l'image de ses sorties discographiques semble aussi avoir tendance à se ralentir tout en gardant sa fluidité. L' aspect House a quasi disparu au profit de ses amours R'n'b et Soul. Mais attention ici pas de vernis FM et clinquant. Un R'n'b dont les couleurs se font moins tape à l' oeil, la production bombant moins le torse tant elle parait chétive. Ce qu'il demeure des premiers ep c' est peut être ce qui touche le plus vite car elle ne joue pas à cache-cache, sa voix! Une magnifique voix à la fois forte, puissante et aussi susceptible de se briser à chaque instant. Elle et Mica Levi ont encore plus expérimenté que par le passé. Elles sont parties très loin à l' aventure en quête de nouveaux sons dans une multitude de contrées musicales. Les textures s' en ressentent par leur diversité même si la personnalité musicale de Tirzah semblent inchangée. Toujours cette voix puissante positionnée devant un décor dont il semble émaner des vibrations vaporeuses. Une production aux apparences Lo-Fi qui rajoute à l' aspect déchirant de sa musique. Si elles ont oublié la House et le dancefloor vieillot de Goddart elles ont par contre bien capté celui de l' époque avec ses samples de boites à rythme compressés. Si sa voix est cajolée Tirzah n' hésite pas à effectuer un gros travail sur les autres. Les synthés sont bancales et non proprets et à un instant c' est une guitare bien indie qui nous cueille à l' entame d'un titre. En onze titres Tirzah et Mica Levi redéfinissent le R'n'b pour le projeter vers un avenir radieux et hypnotique. Entre leurs mains les références et les courants peuvent assurément être affublés du qualicatif de Post tant le travail effectué n' est pas un simple copiage remis au goût du jour. Alors que bon nombre confonde authenticité et nostalgie, Tirzah touche au plus profond de nous avec un disque détaché du passé et du présent, une oeuvre qui ne parle que d' amour, celui pour les autres et pour toutes les musiques et surtout celles que l'on ne connait pas encore. Et Mica Levi de consolider encore une fois son rôle de génie underground de la décénnie.
- ROY MONTGOMERY, guitares aventureuses avec le haut du pavé des chanteuses contemporaines. Et piqure
Ici on aime le présent, sa belle musique et ses grandes chanteuses entre mille autres choses. Le passé, même si il a laissé des traces indélébiles, on préfère le laisser au musée histoire de ne pas trop polluer les jeunes esprits et bloquer le futur. Mais seulement voilà, il arrive, parfois, que le passé fricotte avec le présent pour le meilleur. En cette rentrée 2018 un nom quasi perdu de vue revient et accompagné de la plus belle façon. Roy Montgomery. Qui se souvient de lui? Je vous le dis tout de suite ils sont peu. Anglais de père Allemand (dans les 50's c' était encore osé), fils d' une maman travaillant pour les service d' informations militaire(leurs BBC en quelque sorte), il quitta la perfide Albion pour passer quelques années à Cologne puis partir loin. Très loin. La Nouvelle Zélande le voit débarquer à 5 ans et il y restera définitivement. Guitariste au sein de ses premières formation le bonhomme va très vite se faire remarquer en participant à l' aventure Flying Nun. La légende indie du bout du monde. Si vous n' avez pas non plus entendu parlé de ce label rendez-vous à la fin de la chronique. Le son de Flying Nun c' est en grande partie grace à Montgomery. Cette expérimentateur entame une carrière discographique en solo dans les 90's et tutoie les sommets. Avec une vision d' avant-garde il malaxe la lo-fi Indie, le post-rock naissant et le folk pour offrir une musique ambient fortement atmosphérique et très cinématique. Avec lui les guitares retrouvent systématiquement une seconde jeunesse et oubliaient le petit côté vintage et 60's de ses collègues de l' ère Flying Nun. Bien évidemment sa terre d' accueil avec ses somptueux paysages variés et désolés n' y était pas pour rien. Opérant souvent par le Drone et l' échos il est rapidement devenu un expert et un virtuose de la superposition de couches sonores sibyllines. "Temple IV", "And Now The Rains Sounds like life is falling down throught it" et plus récemment "RMHQ: Headquarters " sont absolument essentiels et il faut les avoir écouter au moins une fois dans sa vie si on apprécie le psychédélisme, le post-rock et le shoegaze sous toutes leurs formes. Alors qu' il poursuit une carrière de conférencier à Christchurch et s' est spécialisé en gestion de l' environnement à l' université Lincoln ce brâve homme poursuit sa carrière. Mais seulement voilà, il a un problème, il n' aime pas sa voix. Ce solitaire a décidé de franchir le pas et s' est donc mis en quête de belles voix. Il aurait pu manquer de flaire mais c' est tout le contraire qui s' est produit. On retrouve sur son tout récent "Suffuse" les grands noms féminin de notre époque. Des noms souvent acclamés dans ce blog. Haley Fohr (Circuit des Yeux et Jackie Lynn), Julianna Barwick et cerise sur le gâteau, Liz Harris (Grouper) ! S ' y rajoute des connaissances déjà croisées ou des inconnues tel She Keeps Bees, Katie Von Schleicher et Purple Pillgrims. Sur le papier ça s' annonçait grandiose et le passage à la pratique bluffe encore plus. Les voix de ces belle se marie parfaitement à la musique du bonhomme. Venant d' horizons multiples et variés ses collaboratrices apportent fortement leur touche personnelle permettant à cet album d 'être à la fois uni et de partir dans plusieurs directions. Les six titres de "Suffuse" porte la marque de fabrique dont Montgomery est coutumier avec ses titres longs usant de la répétition de motifs mélodiques statiques. Mais l' apport des étrangères dans son petit monde offre à la musique de Montgomery un parfum pop à sa vision cinéphile. C 'est une réussite totale qui conviendra parfaitement aux fans des Grouper, Circuits des Yeux ou Barwick. L' apport d' artiste pop ou proche du genre dans l' expérimentation est souvent frustrant face au résultat mais ici tout semble couler de source et offre en prime une curieuse réflexion sur les questions de genre et d' humanité sur fond de questionnement écologique. FLYING NUN, la boite à trésor Néo-Zélandaise ! C 'est une véritable institution et légende que ce label du bout du monde. Si vous vous dites fan de musique pas comme les autres vous ne pouvez pas ne pas plonger dans son catalogue. Créé en 1981 cet enfant du post-punk britannique débarqué sur les rivages de cette île lointaine va très vite devenir une usine à tube indie pendant deux décennies. Un secret bien gardé qui aurait mérité de s' afficher plus pleinement sur le podium aux côtés des institutions britanniques tel Creation, Mute, Rough Trade, Sarah Records etc etc. Chez Flying Nun on pouvait y trouver de tout, du minimalisme, de l' expérimentation, du brutal, de l' indus, de la pop, des enfants putassiers du Velvet et même du brassage rock-électro. Mais surtout ce label fut le berceau du fameux Dunedin Sound aux fantastiques répercutions mondiales sur la scène indie jusqu' à un très proche passé. La Jangle Pop y vit une grande partie de ses lettres de noblesse s' inscrire en or sur les murs du label. Souvent lo-fi, les guitares carillonnantes accompagnée de basses rachitiques et de claviers trouvés on ne sait dans quelle brocante offrirent des pépites et une vision totalement originale. Si vous êtes fan des Pavement, Galaxie 500 ou Yo La Tengo sachez juste que ces ricains étaient fan absolu du label et de ses artistes et que ça se sentait dans leur musique. Dorénavant les Real Estate, Vivian Girls, Woods ou Crystal Stylts surfe sur l' héritage de Flying Nun mais avec cependant beaucoup moins de réussite et d' originalité que leurs aïeux. Raison de plus pour préférer l' original à la copie du 21ème siècle. Dresser la liste de ses signatures est susceptible de mettre la larme à l'oeil aux connaisseurs tout comme dresser le poil aux néophytes à leur découvertes. Kris Knox, The Verlaines, The Chills, The Bats, Garageland, The Clean et la formation de Roy Montgomery The Pin Group. Sans parler des géniaux The Dead C. Que du lourd. La catalogue Flying Nun est une obligation dans le parcours d'un fan d' indie surtout en ces tristes temps où les guitares ne se conjuguent plus qu' au passé et le garage monopolise la place avec ses caricatures et ses visions basses. Je le redis, préférer les originaux aux pâles copies et découvrez cette institution avec ses démonstrations d' authenticité et de songwritting intelligent. Voici la dernière compilation en date sur le label qui vous offre un trop bref aperçu et je vous invite donc fortement à creuser plus comme par exemple en allant voir les clips produits par le label où un véritable ras de marée d' autres pépites vous attendent. Vous ne vous en remettrez pas ! https://www.youtube.com/playlist?list=PLfmR2Qm9-yv0pEWwxVe6Dr6DqpBKvWSMc
- 1988, ANNEE GIGANTESQUE.
Je ne voulais pas le faire. Quand j' ai entrepris en ce début d' année de fêter à ma manière les 20 ans de 1998 une autre année s' est initié dans mon esprit jusqu'à ne plus me lacher. Bien plus qu' une simple histoire de chiffre. Mais seulement voilà. Dans ce blog la nostalgie est proscrite un maximun et si le passé musical ressurgit ce ne doit être que pour mieux expliquer le présent et imaginer le futur. Alors, même si un grand pan de ma culture musicale, de mon approche, s' est construit autour de 1988 je me disait qu'il fallait pas trop la jouer vieux cons déblatérant ses souvenirs. Quel intérêt? 98 ce justifiait en 2018 car elle marquait un tournant dont nous subissons encore les effets (voir par ici). Et 88 dans tout ça. "Non!" voulais-je crier. Revendiquer. Et puis un soir je me suis revautré dans les archives du net, dans les banques de données discographique et ce qui devait arriver, arriva. Les souvenirs ressurgirent. Souvenirs gluants accompagnés d'une évidence absolument sidérante. 1988 est elle aussi un tournant. Un bouleversement. Un bouleversement tel qu' en 2018 nous ne désirons qu' une chose, le revivre sous une autre forme. Et c'est bel et bien ça la seule raison de cet article. Nous souvenir à quoi ressemble à une putain de bonne année musicale. La liste de disques sortis cette année-là donne le tourni. Déjà la liste d' album est l' une des plus belles pour une seule année mais si on s' attarde sur les autres formats alors on frise l' apoplexie face à autant de "classiques". Mais pas seulement. Nous ne sommes plus dans un simple exercice de top chronologique de statisticien curateur un brin cultivé comme nous en rencontrons tant de nos jours. Mieux! Une décennie qui a vu le toc et le clinquant le plus pervers l' emporter va voir apparaître une multitude de mouvement sociétaux, de remises en questions en tout genre, souvent liés à la musique, exploser un peu partout. Cet ensemble de pensées et d' arts musicaux nouveaux vont conquérir les pensées et les oreilles mondiales. Un mouvement sociétal intrinsèquement lié à la musique tel que malheureusement on peut se demander si il y a eut d' autres d' une même ampleur par la suite. Ce sont bel et bien de nouvelles formes musicales qui explosent quite à changer les vies d'un très grand nombre. Comme si un iceberg tournait sur lui-même et que sa plus grande partie, celle immergée, apparaissait aux yeux d'un vieux monde qui une fois de plus n' avait rien vu venir. Commençons par ces petits détails oubliés qui disent tout. Un groupe à lui seul symbolise cette année 88 et ses changements, ses utopies, ses miracles et ses échecs. Un groupe qui ouvre des brèches dans toutes les chapelles, musicales et raciales. Un duo qui préfigure la révolution à venir et le grand mélange crossover de la décénnie suivante. Un "vrai" groupe maudit. AR Kane. Les trop facilement nommés "Jesus & Mary Chain black" qui gardèrent leur âme Soul et leurs influences black , les trempèrent dans la culture blanche via le rock blanc le plus bruitiste et expérimental sur "69". les même qui optèrent ensuite (et malheureusement pour eux) vers une synth-pop devenue étrangement anachronique mais qui (heureusement pour nous), offriront juste avant avec leurs potes de Colour Box l'un des titres parmi les plus important de l' histoire. L' adolescent encore enfant perdu dans trou corrézien avec pour seule boussole musicale son poste de télé se rappellera toute sa vie de leur cadeau de la fin d' année 87. Une bouffée d' air frais futuriste apparue dans un déjà bien moribond top 50 et qui le squatta tout le début 88. Le machin avait un nom, la House, il allait pas tarder à s' acidifier. Passons à l' un des deux courants musicaux qui marqua le plus les esprits et domina les années suivantes sur le mainstream mondiale. Le deuxième viendra plus tard. Un machin encore un peu méprisé malgré ses débuts tonitruant fin 70's début 80's prit en quelques mois une dimension encore plus grandes jusqu'à vivre en 88 son premier âge d' or tout en se voyant déjà se profiler des mutations. Le Hip Hop offre en cette année 88 une pelleté de ses plus grands classiques et on commence à voir apparaître une scission, les troupes hip hop arrivent à un carrefour symbolisé par la virulence politique de Public Ennemy. Au choix, prendre l' option hardcore et gangsta avec N.W.A. et/ou, opter pour le "conscious" et offrir une version plus alternative quite à regarder ce qu'il se passe sur les dancefloor (Jungle Brothers). Les 80's s' éteignent et avec elles ses grandes marottes comme une certaine pop léchée, intimiste et nostalgique qui offre ses derniers soubresauts (Prefab Sprout, Morrissey, The Church) . On a même droit à une bizarrerie jugée trop vite comme simplement anecdotique et exotique. Un groupe islandais (!!!) nommé Sugarcubes faisait parler de lui. En son sein, une petite souris qui deviendra contre toutes attentes alors, une reine! Bjork. L' indie rock après n' avoir vu que par les guitares carillonnantes 60's pour lutter contre le mainstream très synthétique, petite victoire politique mais défaite esthétique 30 ans après, commence enfin à relever la tête. Son âge d' or arrive à grand pas et une reconnaissance populaire plus "grande" avec. Les guitares se font beaucoup plus agressives et tonitruantes et réapprennent à bomber le torse. La modestie TeePop/C86 laisse place à un peu plus d' assurance. Les Pixies offrent leur premier album. La cuculterie qui les entoure dorénavant n' est pas encore là et ce rock est pour le moment symbole de fraîcheur et de renouveau. Avec ses attraits pop leur musique capable de mieux séduire les filles du lycée que celui de Fugazi ou des suivants se révélera la porte d' accès la plus grande pour l' arrivée d'un nouveau public au sein de l'indie . Mais...Y' a Mieux! Les guitares chez d' autres recommencent à innover de nouveau et à s' inspirer d'un référenciel bien plus élargie. Sonic Youth tiennent d' abord à enterrer les 80's avec la reprise perverse de l'un de ses hymnes et de ses emblèmes (sous pseudo Ciccone Youth) pour ensuite réenclencher la marche avant du rock en un album gigantesque à grand coup d' emprunt au free jazz, à l' indus, au noise, au drone et bien d' autres genres. Des styles parfois en maturation depuis longtemps apparaissent enfin au grand jour (Shoegaze ) pendant que d' autres n' en sont qu'à leur balbutiement tel le Post-rock. My Bloody Valentine après quelques années d' errements et d' hésitation ont enfin leur déclic en tombant sur une grande gigue bizarre alors en tournée en Angleterre (Dinosaur Jr). La bande à Kevin Schields attaque enfin les choses sérieuses avec un titre appelé lui aussi à devenir emblématique ("You made me realise"). Le Shoegaze est à peine né officiellement que déjà des batards tel les Pale Saints lorgne sur l' héritage avec classe. Les Talk Talk d' une manière similaire aux Sonic Youth sape la décénnie de leur succès et font un gros doigt au mainstream en optant pour des idéaux proches de ceux indie et en laissant la synth-pop et l' instrumentation rock classique de côté pour des couleurs jazzy. Bref, les bases du post-rock. Plus discret, House of Love fera office de rampe d' accès parfaite entre le passé et le futur des guitares. Entre la coutume et la modernité. Guy Chadwick deviendra un de ces nombreux héros indie pour les années à venir (bizarrement sous-estimé de nos jours) face aux monstruosités du rock fm de l' époque (Guns'n roses). Si vous voulez la version américaine allez voir du côté des Galaxie 500. De toute façon à chaque fois c' est l' héritage du Velvet Underground qui l'emporte. House of Love succèdent un temps dans les coeurs aux Jesus et Mary Chain (qui vont pas tarder à perdre de leur mordant) aidé en cela par le même rouquin écossais. Un junkie à la fois réac et visionnaire qui va faire passer plus tard l' underground à l'overground avec son label Creation. L' indie affiche encore une fois au grand jour son ambiguïté qu 'elle cultive depuis les débuts. Progressiste politiquement mais parfois franchement réac stylistiquement et dans son esthétique. Désir de changer le monde mais parfois un peu trop qu' avec les outils des anciens. Un autre titre légendaire sorti une première fois en 88 et lui aussi appelé à devenir l' une des pierres angulaire de l'indie symbolise cette vision bornée mais encore pertinente pour un temps. Le "There she goes" des La's préfigure le nombrilisme Britpop et ses penchant revivaliste avec l' attention porté par leur leader Lee Marvers pour les studios et le matériel estampillé 60's. Quite à s'y perdre... Si l' Angleterre et les States donne le La il s' en passe aussi de bien bonne à Berlin. Le classicisme rock et blues va s'y regénérer (une dernière fois?) au contact de son avant garde et voir ainsi son plus grand espoir devenir une légende et une icone à tout jamais. Il est australien et délaisse enfin la seringue pour l'une des plumes les plus belles du rock depuis Lou Reed et Leonard Cohen. Nick Cave offre l'un de ses plus fameux classiques intemporels, "The Mersey Seat". Oups ! "The Mercy Seat" , simple lapsus écrit, je suis déjà à la suite. Parce que tout Nick Cave qu' il est, et même si ce titre a un petit quelque chose d' un titre conçu pour les dancefloors, 88 voit enfin la balance indie pencher fortement dans l' autre sens que celui du simple retour en arrière pour mieux rebondir. Et ce au grand dam d'un Morrissey déjà trop occupé à cultiver son propre culte. Les frictions vont être terribles. Certains vont se sentir obligés de choisir bêtement leur camp quand d' autres ne cesseront les allés-retours. C' est en ses propres terres que l' ex Smiths, auteur des fameux vers "Burn The disco, Hang the blessed Dj" , va voir les jeunots saccager ses visions un brin fermées et larmoyantes. Des jeunots tel le combatif Ian Brown (Stone Roses) et la crapule Shaun Ryder des Happy Mondays qui lui, ne se pinçait pas le nez quand il se postait dans les couloirs de boite entre les pistes funk/disco et celles plus pop/Rock. Pour des raisons d' éducation et d' ouverture musicale comme professionnelle (toujours pour une question de nez d' ailleurs). Des jeunots qui ont dorénavant envie de faire la fête plutot que de pleurnicher sur leur nombril et la tombe d' une autre légende du village pendu trop tôt et dont le fantôme étouffa un peu trop les successeurs au cours des 80's. Certains vont leur reprocher leur hédonisme, leur semblant de dépolitisation. Que diraient-ils de l' hédonisme purement consumériste de 2018 qui sagement organise des fêtes avec accord préfectoral, municipal, policier si pas également celui de Maman? N' ont-ils pas vu ou déjà oublié ces braves gens que cet hédonisme avait quelque chose de franchement contestataire et alternatif avec l' apparition des raves sauvages. C' est qu' au nord de l' Angleterre un grand cataclysme culturel et musical se prépare et va déferler sur le petit monde indie des guitares et tout le reste. Et pour cela, il faut une nouvelle musique! Pas un revival copieur! Les gamins de 88 auront bien en tête 67 mais plutot que faire comme Hendrix et compagnie avec des guitares ils vont aller voir du côté de Chicago et de Détroit un truc tout neuf, au délicat et doux parfum psychédélique d' autrefois mais au goût délicieusement acidulé du futur. Rien n'est le fruit du hasard. Et surtout pas que Manchester devienne un phare en matière de progressisme musical. Finalement, on peut se demander si les Smiths n' étaient pas qu'un bref intermède passéiste au milieu d' une histoire en perpétuelle évolution? Un intermède certes glorieux mais un brin trompeur sur l' héritage mancunien et franchement devenu une bien facile excuse pour les fainéants revivalistes qui suivront . Personnellement je me le demande plus depuis longtemps. Manchester sera bel et bien l' épicentre du "second summer of love" qui durera 2 ans. C 'est là-bas que la vague acid et la culture indie à guitare se marieront le plus et saurons le mieux capter l' éclairage médiatique naissant. Le son baggy malgré les moqueries va jouer un rôle primordial tout au long de la décennie suivante. Ces morveux vont remettre dans leur groove une fluidité longtemps perdue. Si les Stone Roses sont si adulés encore de nos jours c' est en grande partie grace à leur section rythmique. "Mani" et "Reni" avec leur basse et leur batterie vont combler le putain de fossé qui s' était creusé entre dancefloor et les petits blancs indie. Ce deuxième été de l' amour aura son temple l' Haçienda, avant de laisser la place à la culture Rave. En 88 si certains persistent à croire encore dans les bons vieux parchemins rock et ses us et coutumes il ne faut pas oublier que cette visions fut fortement décriés plus tôt par le post-punk. Le retour en arrière peut faire revenir à l' essentiel mais il a toujours ses limites. Le post punk l' avait bien compris et ce machin multiforme était né en grande partie à Manchester. Manchester est aussi un port et en ces temps reculés pré-internet c' est par les ports que passait souvent la nouveauté musicale en provenance des States. Manchester qui avait depuis toujours le goût du métissage et souvent ça se passait sur ses dancefloors. Et à toutes les époque (cf la Northern Soul). Bien sûr les grognons me diront que le courant acid était également apparu à Londres ou Berlin et que les "galettes" de Trax Records n' arrivaient pas que dans les ports du "North". Il n' y a pas que la-bas que ce que les médias et une large partie du publique américains avaient loupé s' est trouvé des oreilles beaucoup plus à l' écoute. Bien sûr que le Shoom ou le Trip existaient . Bien sûr que The KLF ou S' Express ne venaient pas de la-bas. Bien sûr tout ne s'est pas joué qu'à Manchester mais c' est bel bien cette ville qui a vu la plus grande partouze se produire, les chapelles s' effondrer le plus redoutablement et les looks se définirent jusqu'à dépasser les frontières du Mersey. Ne pas oublier non plus l' autre grande boite de Manchester, The Thunderdome, qui a vu les 808 State avec A Guy Called Gerald encore en leur sein débuter. The Thunderdome, temple acid légendaire lui aussi et coupe-gorge réputé tant la pègre de Salford y avait ses habitudes. Je racontais plus haut à quel point 88 marque un moment majeur du rôle sociétal de la musique. C 'est à Manchester qu'un un métissage racial et social s'' opéra au son de l' acid house et de la techno de Detroit. Autres petit détails qui en disent long et que certains passent sous silence. Les Londoniens en goguette sur Manchester s' étonnèrent d' abord qu' à l' entrée de l' Haçienda tout les looks étaient acceptés. On pouvait rentrer en basket et tant pis si les pantalons traînaient par terre et avaient la fâcheuse tendance à s' élargir. D' abord au bas comme les bons vieux patte d' éléphant puis sur toute la longueur. Même les bobs avaient droit à se montrer et ne parlons pas des sifflets et des cornes de brume. Du coup un vrai métissage social et racial s' opérait. Un petit miracle à l' anglaise venant de leur bagage Post-Punk à mettre aussi au profit de la relecture situationniste de la clique de Factory Records. Factory à la fois largué au tout début mais très vite à la pointe de l' attaque. Les proprets étudiants aux looks rockabilly et travaillés fans des Smiths et des Cure laissèrent la place aux noirs fans d' hip hop et aux scallies échappés des stades avec leurs fringue casual et adeptes de la toute récente House et du bon vieux funk. Les concerts alors majoritaires firent de même laissant les soirées plus dansantes devenir la norme suite au succès des soirées Nude de Max Pickering. Pour le live et l' indie rock plus classique l' International prendra le relais. Un groupe aura connu les deux époques de gloire du bled et les changements de l' Haçienda. Faut dire qu' ils étaient proprios et épongeaient les dettes un peu à leur insu. Magouille typiquement Wilsonienne (Tony Wilson). Un groupe qui a traversé le punk avec son post puis Madchester. Un vrai groupe moderne, plus important que les Smiths parce que contrairement à ces derniers, ils nous ont apporté le futur. New Order. Pas un hasard donc que ces grands curieux après avoir explorer le New York dansant et bigarré du début 80's et sentant la montée acide venir décident en 1988 de ressortir leur titre révolutionnaire vieux de 5 ans sous une forme nouvelle, "Blue Monday 88". L' art du remix prend également de l' ampleur en 88. Faut dire qu' ils ont été bien aidés en celà par un dénommé Bez fortiche en chimie (quand lui décerne-ton le prix Nobel?). Les New Order passeront une partie de 88 à Ibiza, y croiseront une icone velvetienne en passe de mourir, se gaveront de tout ce qui passera sous leurs nez et pondront leur album le plus acide et réussit, "Technique". "Fine Time" avec sa pochette si caractéristique de l'instant clôturera l"' année. Et pour conclure avec Madchester imaginez ce que cette ville de province qui avait déjà tant offert en musique fut capable de lacher à la face d'un pays et d'une capitale qui la méprisait depuis trop longtemps. Trois singles légendaires aux énormes conséquences à long terme, "Elephant Stone" des Stones Roses , "Wrote for the luck" des Happy Mondays et "Voodoo Ray" de A Guy Called Gerald échappé des 808 State. L' acid house va être sur toutes les langues. Sens propre comme figuré. Il a même un visage ce truc-là, un visage jaune et souriant. Très vite il va se retrouver dans la rue. Dans toutes les cours de lycée. L' évolution stylistique de ces musiques issues du disco semble subir une fantastique accélération. Le "Move your body" de Frankie Knuckles n'a pas un an que déjà sa House se voit virer acide sous les mains de Dj Pierre pour l' essentiel "Acid Tracks". Les Rolland TB 808 et 303 seront les équivalents des guitares 60's pour la fin 80's et les débuts 90's. Si en 1988 ce visage se contente des "petits" formats, single et maxi 45 tours son influence va dépasser sa petite sphère. Les noms des Mr Fingers (Larry Heard), Armando, Maurice, Black Riot etc etc vont devenir des références absolues jusqu' à présent. Les disques Trax Records seront des sésames et en quelques semaine Chicago et Detroit n' auront plus le monopole mondiale de la création en musique "électro". The KLF balance la première version de son "What Time Is Love", S'Express va succéder à M/A/R/R/S . L' indie britannique va donc se souvenir après la Mancunienne qu' elle est née sur les cendres d' un post punk grand amateur du mélange stylistique et de la danse. La "blanchiment" du rythme venu avec les Smiths cessa un instant. On se retrouva le goût de danser. Un vieux grigou "post tout" justement l' avait repéré le machin qui monte, un grigou bien plus visionnaire que l'autre andouille, Genesis P Orridge avec ses Psychic TV (Jack The Tab). Evidemment ça finira avec une grande gueule de bois. Toujours mieux que la lobotomie actuelle. L'une des première rave organisées sur Manchester filmée par Tony Wilson himself...une liste d' invités ...irréelle. Un document historique! C'est quoi une mixité dans un club? C'est quoi quand il se passe un truc énorme? Ben ça! L' un des premiers raportage sur l' Haçienda et A guy Called Gerald. Malgré la vidéo pourri on sent immédiatement le frisson que peinent à rendre tous les live dispos des festivals d' été actuels. C' était le bon vieux temps où les musiques populaires jouaient un bien plus grand rôle dans nos sociétés. Pas un simple divertissement dénué de fond et de revendications. Un déguisement culturel à peu de frais. TOP ALBUM 1988 1. SONIC YOUTH Daydream Nation 2. PUBLIC ENNEMY It's take a nation of millions to hold us back 3. NICK CAVE & THE BAD SEEDS Tender prey 4. 808 STATE Newbuild 5. MY BLOODY VALENTINE Isn't Anything 6.TALK TALK Spirit Of Eden 7. MR FINGERS Amnesia 8. THE HOUSE OF LOVE The House Of Love 9. HAPPY MONDAYS Bummed 10. N.W.A Straight Outta Compton 11. PIXIES Surfer Rosa 12. JACK THE TAB Acid Tablets Vol1 13. LEONARD COHEN I'm your man 14. MORRISSEY Viva Hate 15. DINOSAUR JR Bug 16. JUNGLE BROTHERS Straight Out Of Jungle 17. THE GO BETWEENS 16 Lovers Lane 18. GALAXIE 500 Today 19. THE SUGARCUBES Life's to Good 20. ULTRAMAGNETIC MC'S Critical Beatdown 21. A.R. KANE 69 22. RAPEMAN Two Nuns And A Pack Mule 23. THE CHURCH Starfish 24. PREFAB SPROUT From Langley Park To Menphis 25. COCTEAU TWINS Blue Bell Knoll UN LABEL A SON APOGEE TRAX RECORDS LA REPRISE MEILLEUR QUE L' ORIGINAL CICCONE YOUTH Into The Groove(Y) TOP EP & SINGLES 1. MY BLOODY VALENTINE You Made Me Realise 2. THE KLF What Time Is Love (Pure Trance 1) 3. THE LA'S THERE SHE GOES 4. A GUY CALLED GERALD Voodoo Ray 5. THE STONE ROSES Elephant Stone 6.FINGERS INC. Can You Feel It 7. HAPPY MONDAYS Wrote For The Luck 8. NEW ORDER Fine Time 9. MAURICE This Is Acid (A new dance craze) 10. PALE SAINTS Barging into the presence of god 11. PHUTURE We Are Phuture 12. THE FALL Big New Prinz 13. BLACK RIOT A Day In The Life 14. HUMANOID Stakker Humanoid 15. Ex aequo S EXPRESS Theme From S Express ARMANDO Confusion's revenge MONUMENT HISTORIQUE Quand un ange déchu refait surface. On le disait cinglé, fini, foutu et laissé pour mort dans les bras d'un docteur maboul. Les trois premières constatations étaient quasiment justifiées mais la dernière ne pouvait que se révéler fausse. Les anges sont immortels. La voix est cassée, approximative, larguée parfois. La production? Du n'importe quoi. Seulement voilà, quand on s' appelle Brian Wilson, même dans un état pitoyable, on reste un génie. "Melt Away" est beau à chialer malgré tous ses défauts et rejoint "Still i dream of it" au panthéon Wilsonien des diamants non policés. Il y a parfois de ces disques que l'on affectionne que pour une seul et unique chanson. BRIAN WILSON Brian Wilson fRENCHY BUT CHIC Et la France dans tout ça? Comme d' hab, larguée. Engluée dans son "rock alternatif" Seul rayon de soleil: MANO NEGRA Patchanka BONUS 1988 a lancé Madchester et le son baggy, cette réappropriation du groove par des petits blancs guitareux. Deuxième Playlist spéciale Madchester/Baggy avec les classiques du genre. Beaucoup des groupes issus de Manchester ou sa proche banlieue mais pas que, ce son influença des cadors venu de bien loin (Blur, My Bloody Valentine, Primal Scream, Saint Etienne etc etc).